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Les chemins de la connaissance

Avant 1600

Les premières formes de connaissance sont largement, mais sans doute pas exclusivement, liées à la survie et aux besoins pratiques-: la connaissance des cycles saisonniers pour l'agriculture, des propriétés des plantes pour la médecine ou la nourriture, des mouvements des animaux pour la chasse, et des corps célestes pour la mesure du temps et l'orientation. Ces savoirs se transmettent initialement par voie orale, intégrés dans des mythes, des rituels et des traditions.

L'Orient ancien.
Avec l'émergence des premières civilisations dans les vallées fluviales (Mésopotamie, Égypte, vallée de l'Indus, Chine), l'écriture a révolutionné la conservation et la transmission des connaissances. En Mésopotamie, les tablettes d'argile cunéiformes enregistrent des observations astronomiques précises, des calculs mathématiques complexes (système sexagésimal), des lois et des récits épiques qui témoignent d'une réflexion sur la condition humaine. Les Égyptiens développent un système d'écriture hiéroglyphique, une architecture monumentale exigeant des connaissances en géométrie et en organisation, et une médecine basée sur l'observation et la pratique, documentée dans des papyrus.

En Chine ancienne, dès les dynasties Shang et Zhou, on trouve des traces de calendriers sophistiqués basés sur l'astronomie, des systèmes d'écriture complexes, et les premières ébauches de pensée philosophique et politique avec des figures comme Confucius et Lao Tseu, qui influencent durablement la compréhension de la société humaine, de la morale et du cosmos dans une perspective harmonieuse. L'Inde ancienne développe également des systèmes de pensée philosophique profonds (Upanishads, Bouddhisme), des mathématiques avancées (le concept du zéro, le système décimal, la trigonométrie) et une médecine traditionnelle (Ayurveda) basée sur une compréhension de l'équilibre corporel.

L'Antiquité classique.
C'est cependant dans la Grèce antique que l'on voit émerger une approche plus systématique et rationnelle de la connaissance, cherchant à expliquer le monde par la logique plutôt que par le mythe. Les philosophes présocratiques s'interrogent sur la substance fondamentale de l'univers. Pythagore voit les nombres comme l'essence de la réalité. Hippocrate fonde la médecine sur l'observation clinique et la théorie des humeurs. Platon développe une théorie des Idées et une vision de la cité idéale. Aristote crée un système philosophique et scientifique englobant la logique, la métaphysique, l'éthique, la politique, la biologie et la physique, cherchant à classer et comprendre le monde sensible par l'observation et la raison. Euclide systématise la géométrie. Ératosthène calcule la circonférence de la Terre avec une précision remarquable. Aristarque de Samos propose un modèle héliocentrique, bien que le modèle géocentrique de Ptolémée, combinant observations et géométrie, devienne prédominant pour l'astronomie et la géographie pendant plus d'un millénaire.

L'Empire Romain hérite d'une grande partie de ce savoir grec, l'adapte et l'enrichit, particulièrement dans des domaines pratiques comme l'ingénierie (aqueducs, routes, bâtiments), le droit et l'administration. Des historiens comme Tite-Live et Tacite écrivent des récits détaillés du passé humain. Galien systématise la médecine et l'anatomie, dominant le domaine pendant des siècles. La vaste étendue de l'empire permet une diffusion de ces connaissances, mais aussi la confrontation avec d'autres cultures et savoirs.

Le Moyen âge.
La Chine.
Pendant ce temps, en Chine, les connaissances continuent de s'accumuler. Des innovations majeures comme l'imprimerie (xylographie, puis caractères mobiles), la poudre à canon, la boussole magnétique et le papier se perfectionnent et se diffusent. Des encyclopédies massives sont compilées, rassemblant des savoirs sur l'agriculture, la médecine, l'astronomie, l'ingénierie et l'histoire. La bureaucratie impériale nécessite et produit d'immenses quantités de documents historiques et administratifs. Les voyages maritimes, comme ceux de Zheng He au début du XVe siècle, témoignent de compétences avancées en navigation et en cartographie.

L'espace arabo musulman.
Après le déclin de l'Empire Romain d'Occident, une partie de ces connaissances est préservée dans les monastères en Europe, mais le savoir grec et romain est massivement repris, traduit et développé dans le monde arabo-musulman à partir du VIIe siècle. L'Âge d'or de cette civilisation est une période d'intense activité intellectuelle. Des Maisons de la Sagesse (comme à Bagdad) rassemblent des savants de diverses origines. Les textes grecs (Aristote, Platon, Euclide, Ptolémée, Galien) sont traduits en arabe, étudiés, critiqués et intégrés à de nouvelles recherches. Les mathématiciens musulmans développent l'algèbre (Al-Khwarizmi, dont le nom a donné algorithme), la trigonométrie, et perfectionnent le système numérique indien (chiffres arabes, zéro) qui est ensuite transmis à l'Europe. Les astronomes construisent des observatoires, raffinent les instruments, et améliorent les modèles planétaires, bien que restant majoritairement géocentriques. En médecine, des figures comme Al-Razi (Rhazès) et Ibn Sina (Avicenne), dont le Canon de la médecine devient l'ouvrage de référence mondial pendant des siècles, font progresser la compréhension du corps humain et des maladies. Les géographes (Al-Idrisi) cartographient le monde connu avec une grande précision grâce aux récits de voyageurs (comme Ibn Battuta) et aux données astronomiques. La philosophie arabe (avec des figures comme Al-Kindi, Al-Farabi, Ibn Sina, Ibn Rushd - Averroès) dialogue avec l'héritage grec et les questions théologiques, influençant la pensée européenne médiévale.

L'Europe latine.
En Europe médiévale, le XIIe siècle marque un renouveau intellectuel avec la "redécouverte" des textes grecs et arabo-musulmans, souvent traduits de l'arabe en latin, notamment en Espagne (Tolède) et en Sicile. Cela stimule la création des premières universités (Bologne, Paris, Oxford) qui devinrent des centres de savoir, organisant l'étude de la théologie, de la philosophie, du droit, de la médecine et des arts libéraux. La philosophie scolastique, illustrée par Thomas d'Aquin, cherche à synthétiser la raison aristotélicienne et la foi chrétienne. Des progrès limités mais réels fsont faits en optique, mécanique et dans l'étude du mouvement. La cartographie s'améliore, notamment avec le développement des cartes portulans pour la navigation maritime.

La Renaissance.
La Renaissance, débutant en Italie aux XIVe-XVe siècles et se répandant ensuite en Europe, est marquée par un retour aux sources classiques (l'Humanisme), mais aussi par un nouvel intérêt pour l'observation directe et l'expérience. L'anatomie est révolutionnée par des artistes-scientifiques comme Léonard de Vinci et des médecins comme André Vésale (dont l'ouvrage De Humani Corporis Fabrica, publié en 1543, corrige de nombreuses erreurs galéniques). L'astronomie est bouleversée par Nicolas Copernic qui, dans son livre publié également en 1543, proposa un modèle héliocentrique du système solaire, défiant le modèle géocentrique établi depuis Ptolémée. Bien que lentement acceptée, cette idée va être l'un des points de départ de la Révolution Scientifique. L'invention ou, plus précisément, la perfection et la diffusion de l'imprimerie à caractères mobiles par Gutenberg vers 1440 est un événement capital, permettant la reproduction rapide et à grande échelle des textes, facilitant la diffusion des idées et réduisant le coût du savoir.

L'époque des Grandes Découvertes (fin XVe, XVIe siècle) transforme radicalement la connaissance géographique du monde. Les voyages d'exploration (Colomb, Vasco de Gama, Magellan) révélent de nouveaux continents (les Amériques), de nouvelles routes maritimes vers l'Asie, et prouvent la sphéricité de la Terre (le premier tour du monde s'acheven 1522). La cartographie devient une discipline essentielle et évolue rapidement pour intégrer ces nouvelles informations, défiant les cartes antiques. La rencontre avec des civilisations, des peuples, des faunes et des flores inconnues pour les Européens (et inversement) élargit considérablement l'horizon des connaissances, mais aussi soulève de nouvelles questions sur la nature humaine, les origines et la diversité des cultures. Les connaissances autochtones des Amériques, bien que souvent détruites ou ignorées par les conquérants (comme les codex mayas ou aztèques), comprennent des systèmes sophistiqués (calendriers mayas, agriculture incas, savoirs botaniques et médicinaux aztèques).

Au seuil de l'année 1600, la connaissance du monde et des humains est donc ainsi un patchwork de traditions anciennes, d'innovations récentes et d'informations nouvelles provenant des explorations. Le modèle cosmologique de Ptolémée coexistait avec l'hypothèse copernicienne, encore minoritaire mais discutée. L'anatomie a fait des pas de géant grâce à Vésale. La géographie mondiale, bien que toujours incomplète, est infiniment plus précise qu'un siècle auparavant. La transmission du savoir est révolutionnée par l'imprimerie. Les systèmes de pensée philosophiques, médicaux et mathématiques hérités de l'Antiquité et du monde arabe sont toujours étudiés mais aussi contestés par de nouvelles observations et approches. Le monde, perçu à travers les yeux des différentes civilisations connectées par les échanges, est devenu un objet d'étude de plus en plus vaste et complexe, posant les bases des grandes avancées scientifiques et intellectuelles des siècles suivants. William Gilbert publie en 1600 son De Magnete, qui marque une étape importante dans la science de l'électricité et du magnétisme basée sur l'expérimentation. Giordano Bruno fut brûlé vif en 1600 pour ses idées cosmologiques et philosophiques, symbolise les tensions entre les nouvelles connaissances et les cadres de pensée établis. 

De 1600 à 1900

Le XVIIe siècle.
L'histoire des connaissances à partir du XVIIe siècle a été caractérisée par une transformation profonde, passant d'un cadre dominé par l'autorité des textes anciens et religieux et la philosophie scolastique à une ère caractérisée par l'observation systématique, l'expérimentation, la raison critique et la spécialisation croissante des savoirs. Ce processus, souvent appelé la Révolution Scientifique puis les Lumières, a jeté les bases de la science moderne et des sciences humaines.

Au début du XVIIe siècle, les connaissances sur le monde physique reposent encore largement sur le modèle aristotélicien et la cosmologie ptoléméenne, bien que des fissures apparaissent déjà. L'astronomie est en pleine effervescence : les observations de Galilée avec sa lunette perfectionnée (les lunes de Jupiter, les phases de Vénus, les taches solaires) apportent des preuves empiriques en faveur du modèle héliocentrique de Copernic, et défient directement l'image établie du cosmos. Johannes Kepler formule ses lois décrivant le mouvement des planètes sur des ellipses, basées sur les données précises collectées par Tycho Brahe. En physique, Galilée jette es bases de la cinématique et de la dynamique par ses expériences sur la chute des corps et le mouvement des projectiles, et insiste sur l'importance de la mesure et des mathématiques pour décrire le monde naturel.

Parallèlement, une nouvelle philosophie de la connaissance se développe. Francis Bacon promeut l'empirisme et la méthode inductive; il prône l'observation attentive de la nature et l'expérimentation pour construire le savoir, plutôt que de partir de principes a priori. René Descartes, de son côté, met l'accent sur la raison (rationalisme) comme source première de connaissance certaine; il cherche à fonder la science sur des bases indubitables via le doute méthodique et la déduction mathématique. Bien que distinctes, ces approches partagent un rejet croissant de l'autorité traditionnelle et une confiance renouvelée dans les capacités de l'esprit humain à comprendre le monde. Les sociétés savantes, comme l'Académie des Sciences de Paris (1666) et la Royal Society de Londres (1660), jouent un rôle déterminant en offrant des lieux d'échange, de validation et de diffusion des nouvelles découvertes, publiées dans des journaux scientifiques.

La fin du XVIIe siècle est dominée par la figure d'Isaac Newton, dont les travaux synthétisent et font avancer considérablement la physique et l'astronomie. Ses Principia Mathematica (1687) formulent les lois universelles du mouvement et de la gravitation, expliquant aussi bien la chute d'une pomme que le mouvement des planètes. Il développe le calcul infinitésimal (indépendamment de Leibniz) comme un outil puissant pour la résolution de problèmes physiques et fait des contributions fondamentales à l'optique. La loi de l'attraction universelle devient l'archétype de la loi scientifique : une relation mathématique simple capable d'expliquer une vaste gamme de phénomènes, qui inspire la recherche de lois similaires dans d'autres domaines.

Concernant les humains et leur place dans le monde, le XVIIe siècle voit également d'importants développements. En philosophie, Thomas Hobbes et John Locke s'intéressent à la nature du gouvernement et de la société, et posent les jalons de la philosophie politique moderne. Locke, en particulier, dans son Essai sur l'entendement humain (1689), développe une théorie empiriste de l'esprit, affirmant que toutes nos idées proviennent de l'expérience sensorielle ou de la réflexion sur cette expérience, rejetant l'idée d'idées innées et considérant l'esprit comme une "table rase" à la naissance. Cette approche aura une influence considérable sur la pensée ultérieure sur la nature humaine et l'apprentissage. En anatomie et physiologie, des progrès significatifs sont réalisés, notamment la découverte de la circulation sanguine par William Harvey (1628), qui remet en question les théories antiques (Galien).

Le XVIIIe siècle.
Le XVIIIe siècle, ou Siècle des Lumières, est l'ère de l'application et de l'expansion des principes de la Révolution Scientifique à tous les domaines du savoir et de l'activité humaine. La raison, la liberté de pensée et le progrès deviennent des maîtres mots. Les philosophes des Lumières, comme Voltaire, Rousseau, Montesquieu, Diderot et d'Alembert, cherchent à éclairer le monde en diffusant le savoir et en critiquant les superstitions, l'ignorance et l'injustice. L'Encyclopédie, dirigée par Diderot et d'Alembert, est un projet monumental visant à compiler et organiser toutes les connaissances disponibles, représentant l'esprit systématique et critique de l'époque.

Dans les sciences naturelles, les explorations maritimes et l'expansion coloniale fournissent un afflux massif de nouvelles données sur la diversité de la vie et des paysages terrestres. Les naturalistes s'attelèrent à classer ce monde nouveau. Carl Linné développe un système de classification binomiale pour les plantes et les animaux (Système de la Nature, 1735), qui devient la norme et facilite l'organisation et la communication des connaissances biologiques. Buffon, dans son Histoire Naturelle, décrit une vaste collection d'espèces et spécule sur l'histoire de la Terre et l'origine de la vie, suggérant l'idée de transformations des espèces au fil du temps.

En chimie, Antoine Lavoisier révolutionne le domaine en introduisant la notion d'élément chimique moderne, en systématisant la nomenclature chimique et en formulant la loi de conservation de la masse. Ses travaux sur la combustion et la respiration, impliquant l'oxygène, marquent le passage de l'alchimie à la chimie quantitative.

L'étude des humains devient également plus systématique. Les idées de Locke sur l'esprit influencent le développement de la psychologie empirique. Des penseurs comme David Hume poussent l'empirisme à ses limites, en analysant les mécanismes de l'association des idées et en remettant en question les bases de la connaissance causale. En économie, Adam Smith, dans La Richesse des Nations (1776), analyse les mécanismes du marché et de la division du travail, posant les fondements de l'économie politique classique. Les explorations et le commerce permettent par ailleurs d'accumuler des connaissances géographiques et ethnographiques sur des cultures non européennes, bien que souvent interprétées à travers un prisme eurocentrique. L'idée de progrès commence à structurer la compréhension de l'histoire humaine.

Le XIXe siècle.
Le tournant du XIXe siècle est marqué par les révolutions politiques (française, américaine) et le début de la Révolution Industrielle, qui ont eu un impact profond sur la société et, par conséquent, sur les questions que se posent les penseurs. Emmanuel Kant cherche à synthétiser rationalisme et empirisme; il onde les limites de la connaissance humaine dans ses Critiques, et influence profondément la philosophie et la pensée sur la nature de la science et de la morale.

Le XIXe siècle est l'âge d'or de la science spécialisée et de son institutionnalisation dans les universités et les laboratoires de recherche. La physique voit le développement de la thermodynamique, de l'électromagnétisme (Faraday, Maxwell) et des prémices de la physique atomique. La chimie se développe considérablement avec l'organisation des éléments (Mendeleïev) et la naissance de la chimie organique.

En biologie, l'idée d'évolution prend de l'ampleur, et culmine avec la théorie de la sélection naturelle de Charles Darwin (L'Origine des espèces, 1859). Cette théorie, qui explique la diversité et l'adaptation de la vie sans recourir à une intervention divine directe, a un impact colossal non seulement sur la biologie mais sur la vision même de l'humanité, la plaçant dans la continuité du règne animal. Parallèlement, la microbiologie émerge avec les travaux de Louis Pasteur et Robert Koch, qui identifient les agents pathogènes et révolutionnent la médecine et l'hygiène. La génétique commence à prendre forme avec les expériences de Gregor Mendel sur l'hérédité (bien que celles-ci devront attendre le XXe siècle pour être redécouvertes).

Les sciences humaines et sociales se constituent en disciplines distinctes et professionnalisées. L'histoire devient une discipline scientifique, en insistant sur la critique des sources et la recherche d'objectivité (méthode historique allemande, Ranke). La sociologie apparaît avec Auguste Comte (qui prône le positivisme, une philosophie affirmant que seule la connaissance dérivée de l'expérience est valide) et se développe avec Herbert Spencer, Émile Durkheim et Max Weber, qui cherchent à étudier la société de manière scientifique. La psychologie se détache de la philosophie et de la physiologie, avec la création du premier laboratoire de psychologie expérimentale par Wilhelm Wundt en 1879. L'anthropologie se développe, souvent liée aux entreprises coloniales, collectant et classifiant les cultures humaines, initialement dominée par des théories évolutionnistes unilinéaires. La linguistique devient une science comparative, et étudie l'évolution des langues. L'économie se diversifie, avec le développement des théories marginalistes et l'émergence du marxisme comme critique radicale du capitalisme industriel.

L'exploration du globe continue et s'intensifie. Les vastes zones inexplorées ou mal connues (Afrique intérieure, régions polaires) sont cartographiées et étudiées, souvent dans un contexte de rivalités impériales. La géographie devient une discipline universitaire.

Ainsi, à la fin du XIXe siècle, le paysage des connaissances est-il radicalement différent de celui de 1600. Le savoir est fragmenté en disciplines spécialisées, chacune avec ses méthodes, ses revues, ses sociétés savantes. Les méthodes empiriques et rationnelles sont devenues la norme dans la plupart des domaines. L'idée de progrès, bien que parfois remise en question, reste une force motrice. Les connaissances sur le monde physique ont atteint un niveau de détail et de prédiction sans précédent, tandis que les sciences humaines et sociales commencent seulement à construire leurs cadres théoriques et méthodologiques pour comprendre la complexité de l'individu et de la société. Cette période a jetté les bases des avancées scientifiques et des débats intellectuels qui vont marquer le XXe siècle.

Depuis 1900

A partir de 1900, le monde connaît une accélération sans précédent dans l'acquisition de connaissances, transformant radicalement nos perspectives et nos capacités. Notre vision du cosmos, de la matière, de la vie et de nous-mêmes a été radicalement changée. Les connaissances acquises pendant cette période nous ont donné des outils pour manipuler le monde à des échelles jamais imaginées, mais ont aussi révélé la complexité et l'interconnexion des systèmes naturels et humains, soulignant la nécessité d'une approche interdisciplinaire et globale pour relever les défis du siècle présent. Cette histoire est celle d'une fragmentation croissante en disciplines de plus en plus spécialisées, mais aussi, paradoxalement, d'une convergence croissante des méthodes et des concepts face à des questions de plus en plus complexes et globales.

Le XXe siècle.
Au début du XXe siècle, la physique classique, héritée de Newton, domine encore la compréhension de l'univers, mais les premières anomalies expérimentales laissent entrevoir des limites. La génétique, redécouverte avec les travaux de Mendel, pose les bases de la compréhension de l'hérédité, tandis que la psychologie, sous l'impulsion naissante de la psychanalyse de Freud, commence à explorer les profondeurs de l'inconscient. Les sciences sociales et humaines sont encore largement descriptives et nationales, tentant de systématiser l'étude des sociétés et des cultures souvent dans une perspective évolutionniste ou coloniale. L'exploration géographique physique touche à sa fin, mais l'exploration scientifique du globe (géologie, océanographie naissante) se poursuit.

La première moitié du siècle est marquée par des révolutions conceptuelles majeures. En physique, la théorie de la relativité restreinte (1905) et générale (1915) d'Einstein bouleverse les notions d'espace, de temps et de gravitation, tandis que le développement de la mécanique quantique (Planck, Bohr, Heisenberg, Schrödinger, Dirac) révèle le comportement fondamental de la matière et de l'énergie à l'échelle atomique et subatomique, introduisant l'indéterminisme et la dualité onde-corpuscule. Ces deux piliers, la relativité et la mécanique quantique, deviennent les fondations de la physique moderne. En parallèle, la chimie se dote d'une base quantique, permettant une meilleure compréhension des liaisons chimiques et ouvrant la voie à la chimie de synthèse.

La biologie voit la génétique se structurer, identifiant les chromosomes comme supports de l'information héréditaire et les mutations comme moteur de l'évolution. L'écologie émerge en tant que discipline,; elle étudie les interactions entre organismes et leur environnement. La médecine fait des progrès significatifs dans la compréhension des maladies infectieuses, avec des découvertes comme celle de la pénicilline par Fleming (1928) et le développement des premiers antibiotiques et vaccins à grande échelle.

Les sciences humaines et sociales évoluent également. La sociologie et l'anthropologie développent des approches plus structurées (structuralisme, fonctionnalisme), s'intéressant davantage aux systèmes sociaux et culturels dans leur diversité, bien que toujours influencées par le contexte géopolitique de l'époque. L'histoire s'ouvre à de nouvelles méthodes et sources (histoire économique, sociale, École des Annales). La psychologie voit l'essor du behaviorisme, axé sur l'étude du comportement observable, en réaction ou en complément à la psychanalyse. L'économie est  profondément marquée par la crise de 1929 et les théories keynésiennes qui ont proposé une nouvelle approche de l'intervention de l'État.

La Seconde Guerre mondiale agit comme un catalyseur pour la recherche scientifique, notamment en physique (projet Manhattan) et en informatique (les premiers ordinateurs, l'étude des systèmes complexes, la cybernétique naissante). L'immédiat après-guerre et la Guerre Froide conduisent à des investissements massifs dans la recherche fondamentale et appliquée, particulièrement dans le bloc occidental et soviétique. C'est l'ère de la big science.

La biologie vit sa révolution moléculaire avec la découverte de la structure en double hélice de l'ADN par Watson, Crick et Franklin (1953), déverrouillant le secret du support génétique. Cela mène rapidement à la compréhension du code génétique et à la naissance de la biologie moléculaire moderne, ouvrant la voie au génie génétique. En physique, le modèle standard des particules élémentaires se consolide, et la cosmologie trouve des preuves observationnelles majeures du big bang (découverte du  fond diffus cosmologique en 1965). Les sciences de la Terre connaissent une unification majeure avec l'acceptation de la théorie de la tectonique des plaques dans les années 1960, expliquant de manière cohérente la dérive des continents, les séismes et le volcanisme.

Les sciences cognitives émergent dans les années 1950 et 1960, intégrant psychologie, linguistique (avec l'essor de la grammaire générative de Chomsky), informatique, neurosciences et philosophie pour étudier l'esprit et ses processus (perception, mémoire, langage, raisonnement). Cette approche représente un tournant par rapport au behaviorisme. Les sciences sociales sont influencées par les mouvements de décolonisation et la montée des études post-coloniales, ainsi que par le développement de méthodes quantitatives sophistiquées et l'analyse de données à grande échelle, notamment avec l'aide croissante des ordinateurs. L'étude des systèmes sociaux et économiques devient plus globale, face à l'interdépendance croissante des pays et cultures. La psychologie sociale explore les dynamiques de groupe et les attitudes, tandis que la psychologie clinique continue à développer diverses approches thérapeutiques au-delà de la seule psychanalyse.

La fin du XXe siècle voitune consolidation et une expansion des connaissances. Le projet Génome humain, lancé dans les années 1990, symbolise la capacité à cartographier l'intégralité de l'information génétique d'une espèce, ouvrant des perspectives immenses pour la médecine personnalisée et la compréhension de l'évolution. Les neurosciences progressent grâce à l'imagerie cérébrale (IRMf) et aux techniques électrophysiologiques, permettant d'étudier le cerveau en action et de mieux comprendre la base biologique des fonctions cognitives et des maladies mentales. L'astronomie, grâce aux télescopes spatiaux (Hubble) et aux observatoires terrestres, révèle la présence de planètes extrasolaires et affine notre compréhension de la formation des galaxies et de la structure à grande échelle de l'univers, tout en mettant en évidence l'existence d'une matière noire et d'une énergie noire énigmatiques.

La prise de conscience des enjeux environnementaux, notamment le changement climatique anthropique, conduit au développement rapide des sciences du climat et des systèmes terrestres, qui intègrent la météorologie, l'océanographie, la glaciologie, l'écologie et les sciences sociales pour modéliser et comprendre les impacts humains sur la planète. L'avènement de l'Internet et du World Wide Web (WWW) dans les années 1990 transforme radicalement l'accès, le partage et la production de la connaissance, facilitant les collaborations globales et rendant l'information plus accessible que jamais, tout en posant de nouveaux défis (surcharge informationnelle, désinformation).

Le premier quart du XXIe siècle.
Les premières décennies du XXIe siècle inaugurent l'ère du big data et de l'intelligence artificielle. L'IA, notamment l'apprentissage automatique (machine learning) et le deep learning, devient un outil puissant pour l'analyse de données complexes et la découverte de nouvelles connaissances dans presque tous les domaines scientifiques, de la génomique à la physique des particules, de la climatologie aux sciences sociales. Les neurosciences continuent d'étudier les mécanismes complexes du cerveau avec une résolution toujours plus fine. La biologie s'oriente vers la biologie de synthèse, capable de concevoir et de construire de nouveaux systèmes biologiques. La médecine bénéficie des avancées en génomique, protéomique et IA pour développer des thérapies ciblées et personnaliser les traitements.

Dans les sciences humaines et sociales, le numérique a donné naissance aux humanités numériques (digital humanities), qui appliquent des méthodes computationnelles à l'étude de la culture, de l'histoire et de la littérature. L'étude de la mondialisation et des réseaux sociaux (au sens large et numérique) est devenue centrale pour comprendre les dynamiques humaines contemporaines. La psychologie intègre de plus en plus les apports des neurosciences et des sciences computationnelles. Les défis globaux comme les pandémies (covid-19) ont souligné l'importance des connaissances en épidémiologie, virologie, santé publique et des sciences sociales pour comprendre les comportements et les impacts sociétaux.
 

Les chemins de la création

Avant 1600

La Préhistoire.
Aux temps préhistoriques, bien avant l'invention de l'écriture, l'art prend la forme de peintures pariétales, comme celles de Chauvet, Lascaux ou Altamira, représentant animaux, scènes de chasse, ou symboles abstraits, manifestant une conscience esthétique, peut-être rituelle ou narrative. Des objets sculptés, comme les Vénus paléolithiques, témoignent d'une appréhension du corps et de la fertilité. Dans les grottes du Sahara ou d'Indonésie, des mains anonymes tracent les premiers signes, peignent des scènes de chasse, des figures animales, des symboles, saisissant le monde et l'inscrivant sur la roche, première forme d'art visuel, première tentative de récit. La littérature est encore seulement orale, mais des mythes, légendes et récits sont transmis oralement, formant le socle des futures épopées. 

La musique, langage universel des émotions et des cultures, naît sans doute avec l'humanité elle-même. La voix est certainement le premier instrument, modulée pour le chant, les cris, les imitations. Des objets rudimentaires deviennent percussions : pierres frappées, bâtons, tambours faits de peaux tendues. Des sifflets en os ou en argile marquent l'apparition des premiers instruments à vent. Ces sons accompagnent les rituels, la chasse, la communication, tissant un lien indissoluble entre musique, religiosité et vie quotidienne.

L'Orient ancien.
Avec l'avènement des premières civilisations sédentaires en Mésopotamie et en Égypte, l'écriture fait son apparition, d'abord sous forme de pictogrammes puis de cunéiformes et de hiéroglyphes. Cette invention révolutionne la création littéraire et permet la conservation des textes. L'art de ces civilisations est intrinsèquement lié au pouvoir politique et religieux : pyramides, ziggourats, temples colossaux, statues de divinités et de souverains, bas-reliefs narrant des événements historiques ou mythologiques. L'artisanat d'art, la joaillerie, la céramique se développent également, démontrant une maîtrise technique remarquable et un sens esthétique raffiné.

L'Egypte antique.
En Afrique du Nord-Est, le long du Nil, la civilisation égyptienne érige des monuments colossaux : pyramides, temples, obélisques, chefs-d'oeuvre d'architecture et de sculpture, conçus pour l'éternité et peuplés de hiéroglyphes, cette écriture sacrée qui orne les murs et les papyrus. Les Textes des Pyramides, le Livre des Morts égyptien, sont parmi les premiers monuments de la littérature écrite. L'art égyptien, hiératique et symbolique, sert le pharaon et les dieux, tandis que la littérature, des textes funéraires aux hymnes et aux récits comme celui de Sinhoué, explore la vie, la mort et la morale. L'Égypte pharaonique utilise la musique lors des cérémonies religieuses, des processions, des banquets; flûtes, harpes, luths et percussions résonnent dans les temples et les palais. 

La Mésopotamie.
Plus à l'est, en Mésopotamie, sur les terres fertiles entre le Tigre et l'Euphrate, l'écriture cunéiforme naît sur des tablettes d'argile. Elle fixe les lois (Le Code d'Hammourabi), les comptes, mais aussi les mythes et les épopées, dont la plus célèbre est L'épopée de Gilgamesh, première grande oeuvre littéraire connue, récit universel sur l'amitié, la quête de l'immortalité et la condition humaine. L'art mésopotamien s'exprime dans les ziggourats, les bas-reliefs narrant les conquêtes et les rites, les sceaux-cylindres minutieusement gravés. Des hymnes religieux sont gravés, des instruments comme la lyre et la harpe apparaissent, des tentatives de notation rudimentaire émergent.

Le monde indien.
Le long de l'Indus, une civilisation urbaine développe un art raffiné, visible dans ses poteries, ses figurines et ses sceaux énigmatiques, dont le système d'écriture reste encore à déchiffrer, témoignant d'une culture riche dont les fondements littéraires nous échappent en grande partie aujourd'hui.

En Inde, la tradition orale des Védas est transmise de génération en génération avant d'être fixée par écrit. L'ère védique puis post-védique voit naître les grandes épopées, le Mahabharata et le Ramayana, vastes réservoirs de récits, de philosophie et de morale, ainsi que les Upanishads, textes mystiques fondamentaux. Le drame sanscrit, avec des auteurs comme Kalidasa, connaît son âge d'or. L'art religieux s'épanouit avec le bouddhisme et l'hindouisme : stupas imposants, grottes sculptées (Ajanta, Ellora), statues du Bouddha ou des divinités hindoues d'une grande sensualité et symbolique. L'architecture des temples, qu'ils soient rupestres ou bâtis (comme à Khajuraho ou Tanjore), devient un art majeur. La musique est une voie spirituelle. Le système des ragas (mélodies modales) et des talas (cycles rythmiques) se complexifie, permettant une exploration infinie des émotions et des états de conscience, jouée sur des instruments comme la Vînâ ou la flûte Bansuri.

La Chine.
En Chine, les Shang gravent leurs questions sur des os oraculaires, et jettent ainsi les bases de l'écriture chinoise. La littérature ancienne se développe avec les Classiques, compilés plus tard sous les Zhou puis les Qin et les Han : le Yijing (Livre des Mutations), les annales, les textes philosophiques de Confucius, Laozi, Zhuangzi, qui façonnent la pensée et l'esthétique pour des millénaires. La calligraphie devient un art majeur, indissociable de la peinture et de la poésie. L'art du bronze atteint une perfection inégalée, créant des récipients rituels d'une grande complexité. La musique est intimement liée à la philosophie, à l'ordre cosmique et à la cour impériale. Les instruments comme le Qin (cithare) sont révérés, et la théorie musicale étudie les relations entre les notes (basées sur la gamme pentatonique), les saisons, les éléments. 

Le long de la Route de la Soie, les influences circulent : l'art hellénistique rencontre l'art indien dans le Gandhara, donnant naissance à de nouvelles représentations du Bouddha. L'art perse s'inspire de diverses cultures, créant des palais somptueux comme à Persépolis avec leurs bas-reliefs et leurs sculptures.

L'Antiquité classique.
Le monde antique classique, dominé par la Grèce puis Rome, voit un épanouissement sans précédent des arts et des lettres. 

La Grèce.
En Grèce, la littérature atteint des sommets avec l'épopée homérique (Iliade, Odyssée), la poésie lyrique (Sappho), le théâtre tragique (Eschyle, Sophocle, Euripide) et comique (Aristophane), la philosophie (Platon, Aristote), l'histoire (Hérodote, Thucydide). 

L'art grec, d'abord influencé par l'Égypte et le Proche-Orient, développe un idéal de beauté fondé sur l'harmonie, la proportion et la représentation idéalisée du corps humain. La sculpture, passant des kouroi archaïques au classicisme de Phidias ou Praxitèle, cherche la perfection formelle. L'architecture, avec ses ordres dorique, ionique et corinthien, atteint un équilibre remarquable (Parthénon). La céramique, notamment à figures noires puis rouges, est un support artistique et narratif essentiel. 

C'est en Grèce antique que la réflexion théorique sur la musique prend son essor : Pythagore étudie les rapports mathématiques des sons, Platon et Aristote discutent de l'éthos de la musique, de son influence sur l'âme et la cité. Les modes musicaux (dorien, phrygien...) sont définis, liés à différents sentiments. La musique est omniprésente dans le théâtre, la poésie chantée, les concours.

Rome.
Rome hérite et adapte l'héritage grec. Sa littérature est marquée par l'épopée (Virgile, Énéide), la poésie (Ovide, Horace), le théâtre, l'histoire (Tite-Live, Tacite) et l'éloquence (Cicéron). L'art romain se distingue par son pragmatisme et sa monumentalité. Les Romains excellent dans l'architecture civile (aqueducs, temples, amphithéâtres, thermes) et l'ingénierie. La sculpture romaine développe le portrait réaliste et le relief historique narratif (colonne Trajane). Les mosaïques et les fresques décorent les villas et les édifices publics. Pour ce qui est de la musique, ici encore, Rome hérite largement de la tradition grecque, l'utilisant dans les spectacles, les triomphes militaires, les cérémonies publiques, avec l'importance de la fanfare et de l'orgue hydraulique.

Le Moyen âge.
L'Europe latine.
Avec la fin de l'Empire romain et l'avènement du Moyen Âge, l'art et la littérature en Europe sont profondément marqués par le christianisme. L'art byzantin, avec ses icônes, ses mosaïques d'or et ses églises aux coupoles imposantes, développe un style hiératique et symbolique. En Occident, les monastères deviennent des centres de production culturelle, copiant et enluminant des manuscrits (livres comme le Livre de Kells), préservant ainsi le savoir antique et religieux. L'art carolingien et ottonien voit un renouveau impérial dans l'architecture et les arts précieux. La littérature médiévale, souvent anonyme, est dominée par les textes religieux, les vies de saints, mais aussi par les épopées germaniques (Beowulf, la Chanson des Nibelungen) et les chansons de geste françaises (Chanson de Roland) qui célèbrent les héros et la religion. L'amour courtois inspire la poésie des troubadours et trouvères et les romans arthuriens (Chrétien de Troyes). Le théâtre renaît avec les mystères et moralités joués sur les parvis des églises. 

L'art roman (XIe-XIIe siècles) se caractérise par son architecture massive aux voûtes en pierre et ses sculptures des tympans et chapiteaux, souvent didactiques et terrifiantes. L'art gothique (XIIe-XVe siècles) érige des cathédrales vertigineuses, rendues possibles par l'arc brisé et les arcs-boutants, inondées de lumière grâce aux vitraux et ornées de sculptures plus naturalistes et expressives (Chartres, Notre-Dame, Reims). À la fin du Moyen Âge, des figures littéraires majeures émergent en langue vernaculaire : Dante Alighieri avec sa Divine Comédie, Francesco Pétrarque avec ses sonnets, Giovanni Boccace avec le Décaméron en Italie, Geoffrey Chaucer avec les Contes de Canterbury en Angleterre, François Villon en France.

Au Moyen Âge, l'Église chrétienne est le principal foyer de développement musical. Le chant grégorien, un chant monodique, sans accompagnement, sert la liturgie. Sa codification et sa transmission rendent nécessaire l'invention de la notation musicale, qui passe des neumes (indications approximatives de hauteur) à la portée à lignes, permettant une précision accrue. La polyphonie, l'art de combiner plusieurs mélodies indépendantes, naît et se développe d'abord modestement avec l'organum (ajout d'une voix parallèle), puis s'enrichit à l'école de Notre-Dame à Paris. Parallèlement, une musique profane voit le jour avec les troubadours et trouvères (dans le sud et le nord de la France) et les Minnesänger (en Allemagne), qui chantent l'amour courtois, l'épopée, la satire, s'accompagnant de la vièle ou du luth. L'Ars Nova, au XIVe siècle (Machaut), apporte une complexité rythmique nouvelle. 

L'Afrique et le Moyen-Orient.
En Afrique subsaharienne, bien avant la documentation écrite généralisée, des formes d'art majeures se développent. La culture Nok au Nigeria crée des sculptures en terre cuite remarquables dès le premier millénaire de notre ère. Les bronzes et terres cuites d'Ife et de Benin, d'un réalisme saisissant ou d'une grande puissance expressive, témoignent de civilisations organisées et d'une maîtrise technique exceptionnelle. L'architecture de terre, comme les mosquées de Djenné au Mali, atteint une monumentalité impressionnante. Surtout, les traditions orales, portées par les griots en Afrique de l'Ouest, constituent une littérature vivante, transmettant l'histoire, les mythes, les épopées et la sagesse populaire à travers le chant et la parole, accompagnés souvent de musique (kora, balafon). Masques et statues sont sculptés, non seulement comme objets esthétiques, mais surtout comme supports rituels, chargés de sens et d'énergie, utilisés dans les cérémonies, les initiations, les cultes des ancêtres.

Avec l'avènement de l'Islam au VIIe siècle, une nouvelle ère artistique et littéraire s'ouvre, unifiant un vaste territoire de l'Afrique du Nord à l'Asie centrale et à l'Inde. L'architecture des mosquées, avec ses coupoles, ses minarets et ses arcs, devient emblématique. L'art de la calligraphie est poussé à son paroxysme, considérant l'écriture comme l'art suprême car liée à la parole divine. L'art de la miniature, né en Perse, se développe pour illustrer les manuscrits, épiques, poétiques ou scientifiques. La littérature arabe classique, portée par la poésie pré-islamique et l'essor de la prose avec les Mille et Une Nuits, les récits de voyage et l'historiographie, rayonne. Des poètes persans comme Roumi, Hafiz, Omar Khayyam, ou arabes comme Al-Mutanabbi, abordent l'amour, la mystique, la condition humaine avec une profondeur inégalée. L'art arabo-musulman évite la figuration humaine à grande échelle dans les lieux de culte, privilégiant les motifs géométriques complexes, les arabesques et les motifs végétaux, créant des décors d'une beauté abstraite et mathématique. Des figures comme Al-Fârâbî, développent des théories musicales sophistiquées et perfectionne des instruments comme l'oud, dont dérive le luth européen. 

L'Asie.
Au Japon, l'art et la littérature sont marqués par l'influence chinoise puis développent leurs voies propres. L'époque Heian voit l'essor de la littérature de cour avec Le Dit du Genji de Murasaki Shikibu, premier roman psychologique. L'art yamato-e se distingue de l'art chinois par ses couleurs vives et ses thèmes narratifs japonais. L'époque d'Edo est celle des estampes ukiyo-e, images du monde flottant, capturant la vie urbaine, les acteurs de kabuki, les courtisanes, les paysages (Hokusai, Hiroshige), et l'âge d'or du haïku avec Bashō. Le théâtre nō et kabuki codifie les formes spectaculaires.

En Asie du Sud-Est, les grands empires comme Angkor (Khmer) ou Majapahit (Javanais) développent des architectures religieuses monumentales (Angkor Vat, Borobudur) inspirées de l'Inde mais avec des adaptations locales, et intègrent les épopées indiennes dans leurs bas-reliefs et leurs théâtres d'ombres.

Les XVe et XVIe siècles voient l'arrivée des Européens et le début d'une interaction qui va profondément modifier les formes de création. Le commerce maritime favorise les échanges (céramiques chinoises et japonaises en Europe, influence des gravures européennes sur les estampes japonaises tardives).

L'Amérique précolombienne.
Dans l'Amérique précolombienne, les arts plastiques étaient omniprésents, notamment dans les sculptures en pierre, les céramiques et les peintures murales. Les civilisations comme les Mayas, les Aztèques et les Incas utilisaient ces formes d'expression pour représenter leurs dieux, leurs mythes et leurs rituels. Les temples et autres structures architecturales étaient souvent décorés de fresques complexes, illustrant des scènes cosmologiques ou historiques. La précision des motifs géométriques et les couleurs vives témoignaient de l'importance accordée à la beauté et à la symétrie.

La musique est également un élément central de la vie quotidienne et rituelle. Elle utilise des tambours, des flûtes, des ocarinas et des instruments à cordes. Chaque instrument avait son propre rôle dans les cérémonies religieuses, les festivités et les moments de détente. Les chants et les percussions sont souvent synchronisés pour créer des rythmes puissants et hypnotiques, renforçant l'expérience collective lors des rituels.

Quant à la littérature, elle essentiellement était transmise oralement par des poètes, conteurs et prêtres. Les récits évoquaient des mythes fondateurs, des légendes héroïques et des enseignements moraux. Ces histoires étaient associées aux cycles agricoles, aux phénomènes naturels et aux interactions avec les esprits. 

La Renaissance.
En Europe, le XVe siècle marque en Italie le début de la Renaissance, un mouvement qui puise son inspiration dans l'Antiquité classique et place l'humain au centre des préoccupations (Humanisme). Le développement de l'imprimerie vers 1450 est une révolution majeure qui permet la diffusion massive des textes et contribue à l'essor de la littérature et de l'érudition. Les artistes redécouvrent la perspective (Brunelleschi, Alberti), l'anatomie, le clair-obscur. La peinture à l'huile permet de nouveaux effets de matière et de lumière. Léonard de Vinci, Michel-Ange, Raphaël, Botticelli, Titien transfigurent la peinture, la sculpture et l'architecture. Les mécènes, comme les Médicis, jouent un rôle crucial. La littérature de la Renaissance aborde de nouvelles formes et thèmes. En Italie, l'Arioste et Le Tasse donnent leurs grandes épopées de chevalerie. En France, Rabelais et Montaigne expérimentent de nouvelles formes narratives et l'essai philosophique. En Espagne, l'époque voit l'émergence de figures comme Cervantès avec son Don Quichotte produit une œuvre qui interroge la frontière entre réalité et fantaisie. En Angleterre, la fin du XVIe siècle est l'âge d'or de la littérature élisabéthaine, avec des dramaturges comme Christopher Marlowe et surtout William Shakespeare, ainsi que des poètes comme Edmund Spenser. L'art de la Renaissance se diffuse dans toute l'Europe (Renaissance nordique) avec des maîtres comme Albrecht Dürer, Hans Holbein, les frères Van Eyck, Jérôme Bosch et Pieter Bruegel l'Ancien, souvent avec un réalisme plus poussé et un intérêt pour les scènes de genre et les paysages.

Vers la fin du XVIe siècle, le style maniériste en art (Pontormo, Parmigianino, El Greco) s'éloigne des canons classiques pour rechercher l'expressivité, la tension et la virtuosité, annonçant les prémices du Baroque. Dans la littérature, les formes et les thèmes continuent d'évoluer, posant les jalons des siècles suivants.

Dans la musique, l'époque est celle de l'apogée de la polyphonie vocale. La messe et le motet sont les formes sacrées majeures (Dufay, Josquin des Prez, Palestrina, Lassus). La musique profane prend une importance croissante avec le madrigal en Italie et en Angleterre, qui exprime les textes poétiques avec raffinement et expressivité. L'imprimerie musicale, inventée au début du XVIe siècle, facilite la diffusion de la musique. Les instruments se développent (familles de flûtes à bec, de violes, de luths) et la musique instrumentale gagne en autonomie, avec des formes comme la pavane ou la gaillarde.

De 1600 à 1900

Le XVIIe siècle.
Le début du XVIIe siècle voit l'émergence du Baroque. En peinture, des artistes comme Le Caravage en Italie, Rubens dans les Flandres, ou Artemisia Gentileschi explorent le mouvement, la tension, le contraste violent entre ombre et lumière (le clair-obscur), et une expressivité émotionnelle intense. L'architecture baroque, incarnée par des maîtres comme Le Bernin ou Borromini, vise à impressionner, à émouvoir, utilisant des formes dynamiques, des courbes, des ornements abondants pour créer des espaces spectaculaires, souvent au service de la Contre-Réforme catholique ou des monarchies absolues. En littérature, le Baroque se manifeste par une recherche de l'éblouissement, une complexité formelle, l'exploration des thèmes de l'illusion, de l'instabilité, de la mort et de la métamorphose. En Espagne, le "Siglo de Oro" voit, outre Cervantès, l'apparition de la poésie baroque (Góngora, Quevedo) joue sur les figures de style et la densité sémantique. En France, la préciosité manifeste un raffinement formel et une exploration des sentiments.

Pour la musique, l'ère baroque correspond à l'apparition et le développement d'un nouveau style, la monodie accompagnée, qui permet une expression dramatique plus directe, qui donne naissance à l'opéra en Italie (Peri, Monteverdi). La tonalité (système majeur/mineur) s'affirme comme le fondement de l'harmonie. Les formes instrumentales se codifient : le concerto (pour soliste(s) et orchestre), la suite (succession de danses), la fugue (écriture contrapuntique complexe). L'orchestre se constitue, centré autour des instruments à cordes. Des figures monumentales dominent la scène européenne : Bach, Haendel, Vivaldi, Purcell. La musique baroque parcourt les contrastes, l'ornementation, l'affect.

Parallèlement au Baroque ou en réaction à son exubérance, particulièrement en France sous le règne de Louis XIV, se développe le Classicisme au milieu du XVIIe siècle. Guidé par les principes de la raison, de l'ordre, de la clarté et de l'équilibre, le Classicisme s'appuie sur l'imitation des modèles antiques, non pas pour les copier servilement, mais pour en extraire les règles universelles de la beauté et de la morale. En peinture, Poussin et Claude Lorrain recherchent l'idéal, la composition structurée, la noblesse des sujets (mythologie, histoire). L'architecture classique (Hardouin-Mansart, Le Vau, Le Nôtre pour les jardins) prône la symétrie, la monumentalité mesurée et la célébration du pouvoir royal (Versailles). En littérature, c'est l'âge d'or du théâtre français avec Corneille, Racine et Molière, qui respectent la règle des trois unités (temps, lieu, action) et explorent la psychologie humaine et les ressorts sociaux avec une grande maîtrise de la langue. La poésie (Boileau) se veut didactique et codifiée, la prose (La Fontaine, La Bruyère, Mme de Sévigné) atteint une grande élégance et une finesse d'observation. Ailleurs en Europe, on trouve des figures singulières comme Rembrandt aux Pays-Bas, dont l'oeuvre mêle réalisme, introspection et maîtrise inégalée de la lumière, ou John Milton en Angleterre, dont le poème épique Le Paradis perdu s'inscrit dans une tradition humaniste et baroque.

Le XVIIIe siècle.
Le début du XVIIIe siècle, après la mort de Louis XIV, voit s'adoucir les rigueurs du Classicisme pour laisser place au Rococo, surtout en France et en Allemagne. Ce style, plus léger, gracieux et intimiste, se manifeste dans la décoration intérieure, le mobilier, les arts décoratifs, et en peinture avec des artistes comme Watteau, Boucher, ou Fragonard, qui représentent des scènes galantes, des fêtes champêtres, des portraits élégants dans des tons pastels. C'est un art lié à l'aristocratie et aux salons, privilégiant le plaisir et la frivolité.

Sur le plan intellectuel et littéraire, le XVIIIe siècle est dominé par les Lumières. La raison, la science, la critique des institutions établies (monarchie absolue, Église) sont au coeur des préoccupations. Les philosophes comme Voltaire, Diderot, Rousseau, Montesquieu, ou Kant en Allemagne, et les écrivains comme Swift, Pope, ou Johnson en Angleterre, utilisent la littérature (essais, contes philosophiques, romans épistolaires, satires) comme un outil de diffusion des idées et de combat pour la tolérance, la justice et la liberté. Le roman prend son essor, explorant la psychologie individuelle (Richardson), la société et les mœurs (Fielding, Defoe avec Robinson Crusoé). L'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert symbolise cette volonté de rassembler et de diffuser le savoir.

Vers la fin du XVIIIe siècle, un retour aux modèles antiques se manifeste sous le nom de Néoclassicisme, nourri par les découvertes archéologiques (Pompéi, Herculanum) et l'idéal de vertu civique associé à la République romaine ou à la Grèce antique. En peinture, David devient le chef de file, prônant la clarté de la ligne, la composition rigoureuse, et des sujets héroïques ou moraux (Le Serment des Horaces). L'architecture néoclassique recherche la sobriété, la symétrie et la monumentalité inspirée des temples grecs ou romains (le Panthéon à Paris). En littérature, certains auteurs cherchent également une forme d'épuration, bien que le courant dominant de la fin du siècle soit déjà marqué par des prémices nouvelles.

En effet, parallèlement ou en réaction au culte de la raison et de l'ordre néoclassique, des voix commencent à exprimer une sensibilité nouvelle, privilégiant l'émotion, la nature sauvage, l'individu et ses passions. C'est le Pré-romantisme ou le Sturm und Drang (Tempête et Passion) en Allemagne. Rousseau, dans ses Rêveries du promeneur solitaire ou La Nouvelle Héloïse, célèbre le sentiment, la solitude et la communion avec la nature. Goethe, avec Les Souffrances du jeune Werther, exprime le mal de vivre et la passion malheureuse qui mènent au suicide. Blake en Angleterre mêle mysticisme, poésie et gravure.

En musique, le milieu du XVIIIe siècle voit l'émergence du style Classique, qui privilégie la clarté, l'équilibre, la symétrie des formes. La mélodie est primordiale, soutenue par une harmonie plus simple. Les formes comme la symphonie, la sonate, le quatuor à cordes atteignent leur maturité. Le piano-forte remplace progressivement le clavecin. Haydn, Mozart, puis le jeune Beethoven sont les maîtres de cette période. Ils incarnent un idéal d'ordre et de beauté formelle.

Le XIXe siècle.
Le début du XIXe siècle voit l'épanouissement du Romantisme, un mouvement d'une immense portée et d'une grande diversité à travers l'Europe. Refusant les contraintes du Classicisme et l'aridité perçue des Lumières, les artistes et les écrivains romantiques mettent l'accent sur l'imagination, la subjectivité, l'expression des sentiments personnels, souvent excessifs. La nature n'est plus un simple décor ordonné mais une force puissante, sublime, le miroir des émotions ou un refuge. L'histoire, particulièrement le Moyen Âge, est redécouverte et idéalisée. L'exotisme, le rêve, le fantastique, le surnaturel, le mal du siècle (la mélancolie, le désenchantement) sont des thèmes centraux. En littérature, on trouve des figures majeures comme Wordsworth, Coleridge, Byron, Shelley, Keats en Angleterre; Victor Hugo, Lamartine, Vigny, Musset en France; Goethe (la seconde partie de Faust), Schiller, Novalis, Hoffmann en Allemagne; Pouchkine, Lermontov en Russie; Poe, Hawthorne aux États-Unis. Les genres s'entremêlent, la poésie lyrique atteint des sommets, le drame s'affranchit des règles, le roman historique (Walter Scott, Hugo) et le roman introspectif se développent. En peinture, Géricault (Le Radeau de la Méduse) et Delacroix (La Liberté guidant le peuple) incarnent le dynamisme, la passion, l'engagement et l'exploration des sujets contemporains ou historiques dramatiques. Constable et Turner en Angleterre révolutionnent la représentation du paysage, anticipant la modernité. Caspar David Friedrich en Allemagne explore la dimension mystique et solitaire face à l'immensité de la nature. Goya en Espagne, précurseur inclassable, témoigne des horreurs de la guerre et explore les recoins sombres de l'âme.

Vers le milieu du XIXe siècle, en réaction à l'idéalisme et à l'évasion du Romantisme, et sous l'impulsion des changements sociaux (industrialisation, essor de la bourgeoisie, émergence de la classe ouvrière), naît le Réalisme. Ce mouvement vise à représenter le monde tel qu'il est, sans fard ni idéalisation, en se concentrant sur la vie quotidienne, les milieux sociaux (la ville, la campagne, le monde du travail), et les problèmes de l'époque. L'observation précise et la documentation deviennent essentielles. En littérature, des romanciers comme Balzac (La Comédie humaine), Stendhal (Le Rouge et le Noir), Flaubert (Madame Bovary), Dickens (Oliver Twist), Thackeray, George Eliot en Angleterre, Tolstoï, Dostoïevski, Tourgueniev en Russie, dépeignent la société contemporaine avec une minutie et une profondeur psychologique remarquables, analysant les ambitions, les frustrations, les hypocrisies. En peinture, Courbet (L'Enterrement à Ornans) choisit de représenter la vie rurale et les gens ordinaires à une échelle monumentale, provoquant le scandale. Millet peint le travail paysan, Daumier croque la vie urbaine et la justice. Manet, figure de transition, commence à peindre la vie moderne d'une manière qui anticipe déjà l'Impressionnisme.

Le Réalisme se radicalise en Naturalisme dans les dernières décennies du siècle, principalement en France avec Émile Zola. Influencé par les sciences (médecine, physiologie) et le déterminisme, le Naturalisme considère l'homme comme un produit de son hérédité et de son milieu social, et cherche à appliquer une méthode "expérimentale" au roman pour étudier scientifiquement les tares et les mécanismes sociaux (Les Rougon-Macquart). Maupassant développe un art de la nouvelle et du roman d'une grande acuité psychologique et sociale, souvent pessimiste.

La fin du siècle est marquée par une fragmentation des styles et l'émergence de mouvements qui s'éloignent soit du Réalisme/Naturalisme, soit des conventions académiques. En peinture, l'Impressionnisme (Monet, Renoir, Degas, Pissarro) révolutionne la perception en cherchant à capter l'instant fugitif, les variations de la lumière et de la couleur, peignant en plein air et rejetant les sujets historiques ou mythologiques au profit de paysages, de scènes de la vie moderne, de portraits. C'est une révolution dans la manière de voir et de traduire le monde visible.

Parallèlement, en réaction au matérialisme du Réalisme et à la focalisation de l'Impressionnisme sur le monde extérieur, naît le Symbolisme, un mouvement qui affecte à la fois la littérature et l'art. Le Symbolisme privilégie la suggestion sur la description, l'exploration du monde intérieur, du rêve, du mythe, du mystère. Le symbole devient le moyen d'accéder à une réalité supérieure, souvent ineffable. En poésie, Baudelaire (Les Fleurs du Mal) est un précurseur fondamental, explorant la modernité, la mélancolie et la correspondance entre les sens. Verlaine, Rimbaud, Mallarmé poussent plus loin l'exploration de la musicalité du vers, la rupture avec la rhétorique traditionnelle et l'hermétisme. En art, des peintres comme Gustave Moreau, Odilon Redon, ou Gauguin (souvent rattaché au Post-Impressionnisme mais aux préoccupations symbolistes) créent des œuvres chargées de sens caché, de figures mythologiques ou allégoriques, explorant l'imaginaire et le subjectif. Le courant de la Décadence, souvent lié au Symbolisme, exprime le raffinement extrême, la lassitude, la fascination pour l'artificiel et le morbide (Huysmans, Wilde).

Enfin, les dernières années du siècle voient des artistes comme Cézanne, Van Gogh, Gauguin (souvent regroupés sous le terme de Post-Impressionnisme) s'émanciper de l'Impressionnisme pour explorer de nouvelles voies : Cézanne interroge la structure de la forme, Van Gogh exprime l'émotion brute à travers la couleur et la touche, Gauguin recherche le primitivisme et le symbolisme de la couleur. Ces recherches ouvrent la voie aux avant-gardes du XXe siècle. L'Art Nouveau tente de son côté une synthèse des arts, appliquant des formes organiques et des motifs végétaux à l'architecture, la décoration et les arts appliqués, cherchant à créer un style total et moderne, en rupture avec les imitations historiques.

La musique, en s'inscrivant dans le mouvement romantique, cherche désormais à exprimer les émotions intenses, l'individualité, le sublime. La mélodie est lyrique, l'harmonie s'enrichit, l'orchestre s'agrandit considérablement. La musique à programme (qui raconte une histoire ou dépeint des scènes) est populaire. Le nationalisme musical voit des compositeurs (Chopin en Pologne, Liszt en Hongrie, Grieg en Norvège, Dvořák en Bohême, Moussorgski en Russie) puiser dans les folklores de leur pays. L'opéra italien (Rossini, Verdi, Puccini) et allemand (Wagner) atteint des sommets dramatiques et musicaux. Le piano devient l'instrument roi des salons et des concerts virtuoses (Chopin, Liszt). Des symphonistes majeurs comme Beethoven (dans sa maturité), Schubert, Schumann, Brahms, Tchaïkovski, Mahler explorent de nouvelles profondeurs expressives.

Depuis 1900

Le XXe siècle.
L'aube du XXe siècle marque un tournant radical dans l'histoire de la création artistique et littéraire. Après les académismes du XIXe siècle et l'essor du Symbolisme qui avait déjà commencé à explorer les voies de la suggestion et de l'intériorité, les premières années de 1900 voient l'émergence de mouvements qui rompent violemment avec les traditions. La montée des tensions politiques, les bouleversements sociaux, les progrès technologiques (l'automobile, l'avion, le cinéma) et la remise en question des certitudes scientifiques (relativité, psychanalyse) créent un terreau fertile pour l'expérimentation et la subversion des formes établies.

Dans le domaine des arts visuels, le Fauvisme, éphémère mais détonnant, libère la couleur de sa fonction descriptive, l'utilisant pour sa puissance expressive pure sous l'impulsion de Matisse et Derain. Presque simultanément, le Cubisme, mené par Picasso et Braque, révolutionne la représentation en fragmentant les objets et en les montrant sous de multiples facettes simultanément, remettant en cause la perspective classique et ouvrant la voie à l'abstraction. L'Expressionnisme, né en Allemagne avec des groupes comme Die Brücke et Der Blaue Reiter (Kirchner, Kandinsky, Nolde, Marc), privilégie l'expression intense des émotions et des états intérieurs, souvent teintés d'angoisse face au monde moderne, utilisant des couleurs vives et des formes distordues. Le Futurisme, initié par Marinetti en Italie, célèbre la vitesse, la machine, la violence et le dynamisme du monde moderne, cherchant à transposer le mouvement et le chaos des villes industrielles dans l'art et la littérature. L'abstraction, qu'elle soit lyrique chez Kandinsky ou géométrique chez Malevitch (Suprématisme), se développe comme une quête d'un langage visuel universel affranchi de la réalité visible.

La Première Guerre Mondiale, par son absurdité et sa violence inouïe, engendre le mouvement Dada à Zurich, un mouvement anti-art par excellence, né du dégoût pour une civilisation qui a mené à un tel carnage. Dada rejette la logique, la raison, la beauté et toutes les conventions, prônant le chaos, le hasard, l'irrationnel et la provocation à travers le collage, l'assemblage, la poésie sonore et les performances. Si Dada est une révolte contre la guerre, il s'éteint en tant que mouvement structuré peu après, mais son esprit contestataire et expérimental infuse les décennies suivantes.

L'entre-deux-guerres est marqué par l'essor du Surréalisme. Issu de Dada et théorisé par André Breton, le Surréalisme plonge dans l'inconscient, les rêves, l'automatisme psychique, influencé par les travaux de Freud. Il s'étend à la peinture (Dalí, Magritte, Miró, Ernst), à la littérature (Aragon, Éluard, Desnos) et au cinéma, cherchant à libérer l'imagination et à transformer la vie. C'est une période d'intense bouillonnement également avec le développement de l'Art Déco, du Constructivisme en Russie (Rodchenko, Lissitzky), de De Stijl aux Pays-Bas (Mondrian), du Bauhaus en Allemagne (Gropius, Klee, Kandinsky), qui intègrent l'art dans l'architecture et le design, et de la Nouvelle Objectivité en Allemagne (Dix, Grosz) qui porte un regard critique et souvent acerbe sur la société d'après-guerre.

En littérature, les premières décennies voient également des ruptures majeures. Si le Symbolisme persiste, des figures comme Gide explorent la psychologie et la morale dans des formes nouvelles. Marcel Proust entame la publication de À la recherche du temps perdu, une oeuvre monumentale qui révolutionne la perception du temps, de la mémoire et de la conscience. Les Manifestes futuristes de Marinetti appellent à une nouvelle poésie libérée de la syntaxe. Le Dadaïsme produit des textes déconstruits, des poèmes "simultanéistes" et des manifestations provocatrices. Le Surréalisme littéraire explore l'écriture automatique, le cadavre exquis, le collage verbal, cherchant à capter la pensée avant qu'elle ne soit organisée par la raison. Des auteurs comme James Joyce repoussent les limites de la langue et de la narration avec Ulysse, utilisant le flux de conscience et une érudition complexe pour explorer la journée d'un homme ordinaire. Kafka dépeint des univers cauchemardesques et absurdes qui préfigurent les angoisses du siècle. La "Génération perdue" américaine (Hemingway, Fitzgerald) capte le désenchantement de l'après-guerre. Le théâtre de l'Absurde, bien que plus tardif, trouve ses prémisses dans les remises en cause des conventions dramatiques.

Après la Seconde Guerre Mondiale, l'épicentre de l'art se déplace en partie vers New York. L'Expressionnisme Abstrait (Pollock, Rothko, de Kooning) devient le premier mouvement américain à acquérir une reconnaissance mondiale, explorant l'acte de peindre lui-même et les émotions brutes, souvent à grande échelle. En Europe, l'Art Informel et le Tachisme (Fautrier, Dubuffet, Wols) suivent des voies similaires d'abstraction gestuelle ou matiériste en réaction aux traumatismes de la guerre. Le Pop Art (Warhol, Lichtenstein, Oldenburg) émerge dans les années 1950-1960 en réaction à l'abstraction et en dialogue avec la culture de masse, les objets du quotidien, la publicité, les icônes médiatiques, brouillant les frontières entre art "noble" et culture populaire. Le Nouveau Réalisme en France (Klein, Arman, Tinguely) s'approprie également le réel. Le Minimalisme (Judd, Serra) cherche une pureté formelle et une objectivité, réduisant l'œuvre à ses éléments essentiels et interrogeant l'espace d'exposition. L'Art Conceptuel (Kosuth) pousse cette logique à l'extrême, où l'idée ou le concept prime sur la réalisation matérielle de l'œuvre. Les années 1960-1970 voient aussi l'essor de la Performance Art, du Land Art, de l'Art Vidéo, et du mouvement Fluxus qui prône l'interdisciplinarité et l'intégration de l'art dans la vie.

La littérature d'après-guerre est profondément marquée par l'Existentialisme (Sartre, Camus, Beauvoir), qui interroge la liberté, la responsabilité et l'absurdité de la condition humaine dans un monde sans Dieu. Le Nouveau Roman français (Robbe-Grillet, Sarraute, Simon) remet en question les conventions narratives traditionnelles (personnages, intrigue, psychologie) pour se concentrer sur la description objective, les sensations ou le monologue intérieur fragmenté, explorant les limites du langage et de la perception. La littérature postcoloniale prend son essor avec des voix issues des pays anciennement colonisés (Césaire, Fanon, Achebe, Naipaul, plus tard Soyinka, Rushdie), explorant les questions d'identité, d'histoire et de domination. Le réalisme magique émerge en Amérique Latine (Borges, García Márquez), mêlant le quotidien au fantastique, le mythe à l'histoire, pour dépeindre des réalités complexes. Le théâtre de l'Absurde (Beckett, Ionesco) exprime l'angoisse et le non-sens de l'existence à travers des dialogues décousus et des situations illogiques. La Beat Generation américaine (Kerouac, Ginsberg) exprime une rébellion contre le conformisme social à travers une écriture spontanée et une exploration des marges de la société.

Musique.
Les compositeurs s'engagent dans de nouvelles voies, remettant en cause la tonalité : l'Impressionnisme (Debussy, Ravel) aborde les timbres et les couleurs sonores; l'Expressionnisme (Schoenberg, Berg, Webern) plonge dans les tourments intérieurs, développant l'atonalité puis le dodécaphonisme (série de douze sons). D'autres reviennent à des formes plus classiques (Stravinsky dans sa période néoclassique) ou expérimentent de nouvelles échelles (Messiaen). Parallèlement, la technologie transforme radicalement la production et la diffusion musicale : l'invention du phonographe et du disque permet d'enregistrer et d'écouter la musique hors du concert. La radio la diffuse à grande échelle. Les instruments électroniques (ondes Martenot, synthétiseurs) ouvrent de nouvelles possibilités sonores.

Surtout, le XXe siècle voit l'explosion des musiques populaires, portées par l'industrie du disque et les médias. Le Jazz, né dans la population afro-américaine aux États-Unis au tournant du siècle (Nouvelle-Orléans, swing, bebop, cool jazz, free jazz), devient une force mondiale d'innovation rythmique et harmonique, basée sur l'improvisation. Le Blues, issu des chants de travail et des negro-spirituals, exprime la souffrance et la résilience, influençant presque toutes les musiques populaires ultérieures. Le Rock and Roll émerge dans les années 1950, fusionnant blues, country et rhythm and blues, et se diversifie en une multitude de genres (rock psychédélique, hard rock, punk, heavy metal, rock alternatif...). La musique Pop, plus accessible, domine les hit-parades, tandis que la Country, le Folk, le Reggae, la Salsa et d'autres styles régionaux ou nationaux gagnent en popularité et s'influencent mutuellement.

L'Afrique et l'Asie pendant la période coloniale.
En Afrique et en Asie, la période coloniale (XIXe-XXe siècles) impose de nouvelles structures, de nouvelles langues (anglais, français, portugais) et de nouvelles formes littéraires (roman, essai) et artistiques (peinture de chevalet, sculpture "académique"). Pendant que les collectionneurs occidentaux pillent et étudient l'art traditionnel africain et asiatique, l'utilisant comme source d'inspiration pour l'art moderne européen (Picasso, Matisse), les artistes et écrivains locaux se confrontent à cette domination. Certains adaptent les formes occidentales pour exprimer leur identité et résister à l'oppression, d'autres s'efforcent de préserver et de revitaliser les traditions. La littérature devient un outil majeur de la lutte pour l'indépendance, explorant les thèmes de l'aliénation, de l'identité perdue et retrouvée, de la critique sociale et politique (Senghor, Césaire - bien que des Antilles, très lié au mouvement de la Négritude qui influence l'Afrique, Fanon, Achebe, Ngugi wa Thiong'o en Afrique; Tagore, Premchand en Inde; Lu Xun en Chine, Mishima au Japon).

Après les indépendances, l'effervescence créatrice s'intensifie. Les écrivains post-coloniaux explorent les complexités des nouvelles nations, les traumas du passé, le dialogue entre tradition et modernité, l'exil, les dictatures. Leurs oeuvres atteignent une reconnaissance mondiale (Soyinka, Mahfouz - prix Nobel, Gordimer - Afrique du Sud, Rushdie, Ondaatje - Sri Lanka/Canada, Mo Yan - Chine, Pamuk - Turquie, Adichie - Nigeria). Les langues locales retrouvent une vigueur littéraire aux côtés des langues coloniales réappropriées.

Dans les arts visuels, les artistes s'emparent de techniques occidentales (peinture à l'huile, installations, vidéo) tout en puisant dans leur héritage culturel (motifs traditionnels, matériaux locaux, références aux arts anciens et rituels). Des scènes artistiques dynamiques émergent dans les grandes villes (Lagos, Dakar, Johannesburg, Le Caire, Beyrouth, Bombay, Pékin, Tokyo). L'art contemporain d'Asie et d'Afrique dialogue de plus en plus avec la scène globale, interrogeant l'histoire, la politique, l'environnement, les identités multiples (El Anatsui avec ses sculptures textiles en capsules de bouteilles, Chéri Samba et sa peinture populaire engagée, William Kentridge et ses animations, Ai Weiwei et son activisme, Takashi Murakami et le Superflat, Wangechi Mutu et ses collages sur l'identité féminine africaine).

Le théâtre, la danse, le cinéma connaissent également un essor considérable, racontant des histoires locales avec une portée universelle. Les traditions orales continuent d'exister, souvent réinventées ou enregistrées, trouvant de nouveaux publics grâce aux médias modernes.

Aujourd'hui, la création artistique et littéraire en Asie et en Afrique est d'une richesse et d'une diversité immenses, un foisonnement d'expressions qui puisent dans des histoires millénaires tout en se projetant vers l'avenir, un dialogue constant entre le local et le global, le passé et le présent, témoignant de la vitalité inépuisable de ces continents.

Epoque contemporaine.
Arts plastiques et littérature.
Les dernières décennies du XXe siècle et le début du XXIe sont souvent caractérisés par le Postmodernisme, qui se manifeste par un scepticisme envers les "grands récits" (histoire, progrès, idéologie), un jeu avec les styles et les références (pastiche, appropriation), un effacement des hiérarchies entre "grand art" et culture populaire, et une conscience de la construction et de la relativité de la réalité. Dans l'art, cela se traduit par un retour à la figuration (Néo-Expressionnisme), le développement de l'Installation Art, de l'Art Vidéo, l'émergence du Street Art (Basquiat, Haring), la montée en puissance du marché de l'art et une globalisation accrue avec l'essor des biennales internationales. Des artistes comme Jeff Koons ou Damien Hirst jouent avec les codes de la consommation et de la célébrité. L'art devient de plus en plus diversifié, explorant des thématiques liées à l'identité (genre, ethnicité), la politique, l'environnement.

En littérature, le Postmodernisme se retrouve dans la métafiction (romans qui réfléchissent sur leur propre processus d'écriture), la fragmentation narrative, l'intertextualité (dialogue avec d'autres textes), le mélange des genres. Des auteurs comme Italo Calvino, Umberto Eco ou Thomas Pynchon en sont des figures emblématiques. L'autofiction, brouillant les frontières entre roman et autobiographie, prend de l'importance en France (Annie Ernaux, Christine Angot). La littérature devient de plus en plus globale, avec une diffusion et une traduction croissante des oeuvres du monde entier. Les voix minoritaires (femmes, communautés LGBTQ+, diverses ethnies) gagnent en visibilité. L'essor d'internet et des technologies numériques à la fin du XXe siècle et au début du XXIe commence à influencer la création, avec l'émergence de la littérature numérique, des formes courtes adaptées aux nouveaux médias, et un rapport différent à la diffusion et à l'interactivité.

Aujourd'hui, la création artistique et littéraire se caractérise par une diversité foisonnante, une absence de mouvement dominant unique, une interconnexion globale facilitée par le numérique, une porosité accrue entre les disciplines et un dialogue constant, parfois critique, avec la société contemporaine, ses enjeux politiques, environnementaux et technologiques. Les frontières entre les arts visuels, la performance, la musique, la littérature, le cinéma et les formes numériques continuent de s'estomper, témoignant d'une vitalité et d'une capacité d'adaptation perpétuelles de la création face aux défis et aux mutations du monde.

Musique.
La fin du XXesiècle et le début du XXIe sont caractérisés par la mondialisation et la numérisation. Les musiques du monde entier (musique africaine, latino-américaine, asiatique) deviennent plus accessibles et influencent les musiques occidentales, donnant naissance au concept de world music et à de nombreuses fusions. Internet et le streaming révolutionnent la distribution et l'accès à la musique. Les logiciels de production musicale permettent à chacun de composer et d'enregistrer. De nouveaux genres apparaissent ou se développent massivement, comme la musique électronique sous toutes ses formes (techno, house, EDM...) et le Hip-Hop (rap, DJing, breakdance, graffiti), qui devient un phénomène culturel planétaire.

Aujourd'hui, le paysage musical est d'une diversité sidérante. Les frontières entre genres s'estompent, les collaborations internationales sont monnaie courante. La musique savante contemporaine continue d'explorer des territoires sonores (musique spectrale, musique minimaliste, électronique expérimentale), tandis que les musiques populaires se fragmentent en niches innombrables, accessibles instantanément via les plateformes numériques. La musique est partout, plus accessible que jamais, témoignant de la créativité inépuisable de l'humanité, capable d'exprimer l'infinie palette de ses expériences, de ses rêves et de ses émotions à travers l'art des sons, un art qui ne cesse de se transformer depuis les premiers rythmes frappés sur la terre ancestrale.



Jean-François Mongibeaux, Explorations : 1860-1930, Editions Place des Victoires, 2010. - La Royal Geographical Society détient une inestimable documentation, qui constitue des archives passionnantes, non seulement pour l'histoire de la photographie et de l'exploration, mais aussi pour celle de l'ethnologie et de l'anthropologie. Cet ouvrage propose une sélection de plus de 400 photographies, qui, de 1860 à 1930 environ, nous conduisent de l'Afrique à l'Everest, en passant par l'Amérique du Nord, l'Asie et le Moyen-Orient et nous offrent un aperçu fascinant des paysages, habitats, peuples et coutumes de l'époque. Au fil des pages, chacun de ces auteurs, photographes, explorateurs avides de sensations ou militaires en mission officielle nous invitent à des découvertes étonnantes à travers le monde. Témoignage iconographique irremplaçable d'une époque, cet ouvrage nous offre un superbe périple et nous donne à découvrir des personnalités hors du commun. (couv.). 

Michel Le Bris, Alain Bouldouyre, Dictionnaire amoureux des explorateurs, Plon, 2010. Que cherchaient-ils, ceux là, qui, au fil des siècles, se risquèrent par-delà l'horizon? Face à l'inconnu, il est deux attitudes qui séparent ceux que l'on rassemble sous le seul nom d'explorateurs : ceux qui le traquent pour l'éradiquer, comme s'ils lui en voulaient, et devant l'obscur d'une forê tcalculent déjà les stères de bois qu'ils y débiteront, et puis ceux qui s'y enfoncent dans l'espoir de s'y perdre et que « l'ailleurs » promis ne se transforme pas en un nouvel « ici ». On aura compris vers lesquels vont mes préférences... Voici donc quelques-uns des songe-creux, forbans, risque-tout, rêveurs de royaumes, escrocs chimériques qui m'ont accompagnés depuis l'enfance, porteurs d'histoire héroïques, bouleversantes, hilarantes - comme Rob Roy MacGregor qui réussit l'exploit de descendre le canal de Suez en canoë un an avant qu'il soit ouvert, Mary Kingsley, tenante du « christianisme athlétique » qui attaquait les crocodiles à coup d'ombrelle, James Holman et Jacques Arago, assurément les plus grands voyageurs aveugles, Percy Fawcett traquant le secret des Atlantes en pleine Amazonie, ou l'immense Richard Burton, dont le rire satanique nous fascine encore... (couv.).

Vincent Jullien, L'histoire des sciences pour les nuls,  Editions Générales First, 2009. - Pythagore, Aristote, Archimède, Ptolémée, Avicenne, Léonard de Vinci, Copernic, Galilée, Descartes, Pascal, Newton, Buffon, Franklin,Darwin, Pasteur, Einstein, Watson... Qu'ont-ils imaginé, découvert, inventé? Des mathématiques à la physique en passant par la biologie et les sciences de la Terre, ce livre retrace l'évolution des grandes disciplines depuis l'Antiquité. Comme vous le découvrirez, cette histoire n'est pas faite que de systèmes et de calculs abstraits; c'est d'abord une formidable aventure humaine, et cet ouvrage fait la part belle à l'anecdote biographique. Ainsi, le théologien et médecin Michel Servet, qui découvrit la façon dont le sang passe dans les poumons pour s'oxygéner et qui fut brûlé vif pour hérésie sur ordre du Grand Conseil de Genève; ou encore, plus près de nous, Marie Curie, la seule femme à avoir reçu deux prix Nobel pour ses travaux sur la radioactivité... mais qui ne fut jamais admise à l'Académie! Bref, ce livre fait le pari que, sans être astronome, naturaliste ou physicien, vous pouvez comprendre le mouvement des planètes, les lois de l'évolution des espèces ou la théorie de la relativité.  (couv.).

Arkan Simaan, L'image du monde depuis Newton, Vuibert, 2005.

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