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Dynasties des Han

Cinq dynasties chinoises portent le nom de Han : les Han occidentaux ou Han antérieurs (206 av. J.-C.- 8 ap. J.-C.), les Han orientaux ou Han postérieurs (25-220), les Han du pays de Chou (221-264), la petite dynastie Han ou Han postérieurs (936-950), les Han du Nord (951-979). Les deux premières dynasties Han sont au nombre des plus illustres que la Chine ait eues; elles tinrent en grand honneur les arts et les lettres; elles fondèrent et maintinrent un empire dont les frontières ne différaient pas sensiblement de celles qui délimitent aujourd'hui la Chine. Cela explique pourquoi les Chinois se réclament d'elles en s'appelant les fils des Han

A l'époque des Han occidentaux, le pouvoir est consolidé; les livres classiques sont reconstitués et les livres bouddhiques apportés de l'Inde officiellement traduits. On assiste, pour la première fois, à une grande floraison littéraire. Enfin, l'Empire sort de son isolement. Le sixième souverain de cette famille, Ou-ti (Wou Ti), sut, au cours d'un long règne (140-86), fortifier le gouvernement affaibli et doubler le territoire de l'Empire. Il éloigna de la cour les seigneurs féodaux, dont il fit contrôler les actes. Avec son règne, grâce aux grands voyages de Tchang K'ien, commencent réellement les relations de la Chine avec les pays étrangers et le sud de l'Empire.

Les Yue-tche, qui occupaient dans le nord-ouest à peu près la province actuelle de Kan-sou, furent chassés de leur territoire, en 165, par les Hiong-nou (Les Huns), et se transportèrent dans la région de l'Ili. Désireux de s'appuyer sur les Yue-tche contre les Hiong-nou Wou Ti leur envoya un officier, nommé Tchang K'ien; pour leur proposer une alliance (139 av. J.-C.). Celui-ci, prisonnier des Hiong-nou, put s'enfuir après une dizaine d'années de captivité continua sa route et rejoignit les continua sa route et rejoignit les Yue-tche, qui avaient envahi le Ferghana et occupé le Tokharestan; mais les Yue-tche avaient oublié leurs démêlés avec les Hiong-nou et refusèrent l'alliance de la Chine. Tchang K'ien, lors de son voyage de retour, fut de nouveau fait prisonnier; il réussit à s'évader et rentra enfin dans son pays (125), d'où il était absent depuis quatorze ans. Ce voyage eut une importance capitale.

Tchang K'ien, bon observateur, avait remarqué dans le Tokharestan et le Ferghana des bambous et des étoffes de provenance chinoise : il ne fut pas médiocrement surpris d'apprendre que ces marchandises arrivaient du Sseu-tch'ouan et du Yun-nan par l'Inde, au lieu de passer par le pays des Hiong-nou (Les Huns); d'ailleurs, ces derniers étaient constamment défaits par les troupes chinoises, commandées par le général Ho K'iu-ping, dont on a conservé le monument funéraire, dans la vallée de la Wei. En 115, Tchang K'ien fut une seconde fois envoyé vers l'ouest; il fut bien accueilli par le chef des Wou-souen, libre du joug des Hiong-nou, qui lui conseilla de dépêcher des agents au Ferghana et dans les pays de l'ouest (Si Yu), où l'on parvenait soit par Tourfan et le nord du désert de Gobi, soit par le sud. Un autre résultat des voyages de Tchang K'ien fut l'extension de la puissance impériale vers le sud et la conquête du Tonkin (Kiao-tche) , qui, à partir du IIe siècle av. J.-C., fut réduit en province chinoise.

Le temps des Han orientaux est marqué, quant à lui, par la conquête des pays de l'ouest et les exploits du général Pan Tch'ao, qui, maître du Si Yu, chercha à nouer des relations avec le Ta Tsin (Empire romain d'Orient). Rome importait déjà les soies de Chine par la Sérinde (Kashgarie) : en 166 après J.-C., sous l'empereur Houan (Hoan-ti), une mission venue de l'ouest, conduite sans doute par quelque trafiquant syrien, arriva en Chine par le Tonkin et fut conduite à la capitale. Mais la vraie « route de la soie » resta celle qui, des capitales chinoises d'une part, d'Antioche et d'Alexandrie d'autre part, aboutissait à la Tour de pierre, au voisinage du plateau de Pamir. Peut-être les intermédiaires parthes et bactriens s'employèrent-ils à contrarier l'établissement de communications dont la régularité eût été défavorable à leurs intérêts et qui, en fait, ne prirent jamais une réelle importance.

Han occidentaux.
La dynastie dynastie des Han occidentaux eut sa capitale à Tch'ang-ngan (auj. Si-ngan fou, dans le Chen-si), tandis que la dynastie suivante résida à Lo-yang (province de Ho-nan); c'est pourquoi on les distingue l'une de l'autre en appelant la première « dynastie des Han occidentaux » et la seconde « dynastie des Han orientaux ». Elles avaient toutes deux pour nom de famille Lieou.

Kao-tsou (206-194) triomphe définitivement de son rival Hiang-yu en 202 av. J.-C. Il attaque les Hiong-nou (Les Huns) en l'an 200, mais est cerné par eux et ne se sauve qu'en gagnant par des présents la femme du chef ennemi. Jusqu'à la fin de son règne il doit lutter contre des rébellions et c'est dans une expédition militaire qu'il reçoit une blessure mortelle.

Hoei-ti (194-187), fils du précédent, n'exerce que nominalement le pouvoir; il est entièrement sous la dépendance de sa mère, l'impératrice Lu, qui, à sa mort, prend en main le gouvernement.

Lu-heou (187-179), femme intrigante et cruelle, cherche à mettre sa propre famille sur le trône au détriment de la famille Lieou. Mais, au moment ou elle expire, les principaux ministres font un complot et réussissent à massacrer tous les membres de la famille Lu; ils donnent le pouvoir à tin frère cadet de Hoei-ti; ce fut Wen-ti.

Wen-ti (179-156) se fait remarquer par une sage administration; il permet qu'on lui adresse les critiques qu'on peut avoir à formuler contre le gouvernement; il établit des colonies militaires pour la garde de la Grande muraille; il supprime les mutilations qui avaient été jusqu'alors des châtiments légaux. Sous son règne et par son ordre on cherche à reconstituer les livres classiques qu'avait tenté de faire disparaître Ts'in Che Houang-ti (Qin Shi Huang); Fou-cheng remet au jour 29 chapitres du Chou-king.

King-ti (156-141), fils du précédent, doit lutter contre la rébellion de sept rois, ses parents, dont le premier ministre Tch'ao Ts'o avait voulu diminuer le pouvoir. Il triomphe d'eux et fortifie le pouvoir central. Vers l'an 153, on découvre, en démolissant une maison où Confucius passait pour avoir vécu, des textes de plusieurs classiques.

Ou-ti ou Wou-ti (140-86), fils de King-ti, lui succède et commence un règne qui devait durer cinquante-quatre ans et compter parmi les plus brillants qu'il y eut jamais en Chine. Il envoie l'ambassadeur Tchang K'ien jusque dans la Bactriane pour s'allier avec cet État contre les Hiong-nou (Les Huns). De 111 à 108 av. J.-C., il détruit le royaume de Nan-yue qui avait sa capitale à Canton et subsistait depuis un siècle il soumet les principautés indépendantes qui s'étaient établies dans les provinces du Ngan-hoei, du Yunnan et du Se-Tch'oan; il triomphe du roi de Tch'ao-sien, en Corée; il tient en respect les Hiong-nou. Sous son règne, Se-ma Ts'ien écrit ses mémoires historiques; Se-ma Siang-jou compose ses poésies; K'ong Ngan-kouo déchiffre l'ancien texte du Chou-king; une grande impulsion est donnée aux études littéraires. Ou-ti se montre très superstitieux; il accorde une grande faveur à des charlatans qui lui promettent l'immortalité. Les dernières années de son règne sont attristées par le complot de quelques favoris qui réussissent à lui faire décider la mort de l'héritier présomptif.

Tchao-ti (86-73) n'a que dix ans lorsqu'il succède à son père. L'empire est en réalité gouverné par le général Ho Kouang. Tchao-ti meurt sans enfants.

Hiuen-ti (73-48) lui succède : il était petit-fils de Ou-ti. En 59 av. J.-C., Tcheng Ki est nommé gouverneur du Turkestan oriental, et l'autorité de la Chine s'établit ainsi pour la première fois dans ces régions. En 51, le chef (Chen-yu) des Hiong-nou (Les Huns), Hou-han-sié, vient en personne rendre hommage à l'empereur.

Yuen-ti (48-32), fils du précédent.

Tcheng-ti (32-6), fils du précédent.

Ngai-ti (6 av. J.-C.-4 ap. J.-C.), petit-fils de Yuen-ti et neveu de Tcheng-ti. En l'an 2 av. J.-C., I-ts'oen, envoyé du roi des Ta-yue-tche, apporte pour la première fois en Chine l'enseignement oral des livres bouddhiques.

Ping-ti (1-6), son cousin, lui succède à l'âge de neuf ans. Un parent de la mère de Tcheng-ti, Wang-Mang, exerce la régence; il empoisonne le jeune roi et met sur le trône un enfant de deux ans, Jou-tse-yng; en l'an 9, il supprime ce dernier semblant de royauté légitime, se déclare lui-même empereur et prétend fonder une nouvelle dynastie à laquelle il donne le nom de Sin. Ainsi prend fin la dynastie des Han occidentaux.

En l'an 23 de notre ère, Wang Mang est vaincu et tué par des rebelles; un autre usurpateur, connu dans l'histoire sous le nom de Hoai-yang-wang, occupe le trône pendant deux ans. Enfin un descendant de la famille Lieou reprend le pouvoir et fonde la dynastie des Han orientaux.

Han orientaux.
Koang ou ti (25-58) consacre les premières années de son règne à triompher de tous les révoltés. Son général Ma Yuan est célèbre par ses succès contre les T'ou-fan (Tibétains) en l'an 36 et par la conquête du Tonkin en l'an 41.

Ming-ti (38-76), fils du précédent. Son règne marque l'entrée définitive du bouddhisme en Chine : Yng, roi de Tch'ou, frère de Ming-ti, s'en déclare le fervent adhérent; l'empereur, à la suite d'un songe qu'il fit en l'année 61, envoie des gens chercher en Inde des livres et des docteurs de la loi; les émissaires reviennent en l'an 67, ramenant avec eux les çramanas Kacyamâtanga et Dharmaraksha.

Tchang-ti (76-89), fils de Ming-ti, lui succède. En l'an 79, il réunit une commission de lettrés dans la salle du tigre blanc (po hou) pour discuter des questions littéraires; les résultats de leurs recherches ont été en partie consignés par Pan Kou dans son Po hou t'ong. Pan Kou rédige aussi l'histoire des premiers Han qui avait été commencée par son père Pan Piao et qui fut terminée par sa soeur Pan Tchao.

Ho-ti (89-105), fils du précédent. Sous son règne, le général Pan Tch'ao, frère cadet de Pan Kou, étend la domination impériale dans l'Ouest jusqu'aux confins de l'empire parthe (L'Iran antique); il envoie en mission un de ses officiers, Kan Yng, qui atteint les rives d'une mer qu'on a cru longtemps être la Méditerranée, mais que Hirth (China and Roman Orient, pp. 165 et suiv.) a identifiée avec le golfe Persique.

Chang-ti (106), est âgé de quatre mois lorsqu'il devient empereur et ne vit qu'un an.

Ngan-ti (107-126), petit-fils de Tchang-ti, monte sur le trône à l'âge de douze ans. La régence est exercée par la femme du défunt empereur Ho-ti, l'impératrice Teng, jusqu'en l'an 122. Ngan-ti a été blâmé par les historiens chinois pour avoir confié les postes les plus importants du gouvernement à des eunuques.

Choen-ti (126-445), fils du précédent, a un règne paisible; il encourage les lettres.

Tchong-ti (145), fils du précédent, âgé de deux ans, ne règne qu'un an.

Tche-ti (146).

Hoan-ti (147-168) monte sur le trône à l'âge de quinze ans. L'impératrice Leang, femme du défunt empereur Choen-ti, continue à exercer la régence qu'elle avait assumée depuis la mort de son mari; elle meurt en 150. Un taoïste nommé Tchang Tch'eng prend une grande influence sur l'empereur et des persécutions sont dirigées contre les principaux lettrés. En 166, des envoyés du royaume de Ta Ts'in, se disant ambassadeurs de leur souverain, An-toun, arrivent à la capitale de la Chine; on a identifié cet Antoun avec Marc-Aurèle (Marcus Aurelius Antoninus); la guerre contre les Parthes (L'Iran antique) (162-165) devait en effet avoir rendu le nom de l'empereur romain célèbre dans l'Asie centrale; mais il est douteux que les marchands qui vinrent en Chine fussent des Romains et plus douteux encore qu'ils fussent officiellement envoyés par Marc-Aurèle; ils étaient, selon toute vraisemblance, de simples commerçants syriens qui se réclamaient de l'empereur romain pour se donner plus d'importance (Hirth, China and Roman Orient, pp. 175-176). Les bas-reliefs des tombes de la famille Ou, dans le Chan-tong, ont été sculptés sous le règne de Hoan-ti.

Ling-ti (168-489), arrière-petit-fils de Tchang-ti. En 175, on grave sur pierre, par ordre impérial, le texte des ouvrages classiques.

Chao-ti, fils du précédent, monte à l'âge de quatorze ans sur le trône, mais il n'y reste que quelques mois. La toute-puissance des eunuques indigne les principaux officiers de la cour; Tong Tcho se met à la tête de la rébellion, dépose et tue Chao-ti et donne le pouvoir à son frère cadet qui reçut le titre posthume de Hien-ti.

Hien-ti (490-220) est un empereur faible et incapable. Dans la lutte qu'il soutient contre la révolte des « bonnets jaunes », il perd tout pouvoir et avec lui finit la dynastie des Han orientaux.

Après la période de troubles qui signale les dernières années de Hien-ti, trois royaumes distincts se constituent: celui de Wei, celui de Ou et celui de Han. Nous n'avons à parler ici que de ce dernier qui a été regardé par quelques historiens chinois comme le seul légitime parce que son fondateur fut un certain Lieou Pei, membre de l'ancienne famille impériale. La dynastie dont il fut le premier souverain s'appelle dynastie des Han de Chou; elle était établie en effet dans le pays de Chou qui correspond à la province actuelle de Se-Tch'oan.

Han du pays de Chou.

Tchao-lié-ti (221-223) est le titre posthume qui fut décerné à Lieou Pei; cet empereur avait dû en grande partie son succès à la fidélité de Koan-Yu (qui a été déifié en 1594 sous le nom de Koan-ti, dieu de la guerre) et de Tchou-ko Leang dont la bravoure et la sagesse sont restées légendaires.

Heou-tchou (223-263), fils du précédent, voit le début de son règne illustré par les conquêtes de Tchou-ko Leang dans le Yun-nan; ce général meurt en 234 dans la campagne qu'il dirigeait contre l'État rival de Wei. En 263, Heou-tchou se soumet à Se-ma Tchao, général et premier ministre du royaume de Wei; Se-ma Tchao fonde la dynastie des Tsin occidentaux; l'empire cesse alors d'être divisé et les trois royaumes de Han, de Wei et de Ou disparaissent de la scène de l'histoire. Nous retrouvons, lors du démembrement de l'empire qui suivit la chute de la dynastie T'ang, deux petites dynasties du nom de Han; elles n'eurent qu'une durée éphémère et leur autorité ne s'étendit que sur un territoire fort restreint.

Les Han postérieurs.
Les Han postérieurs sont représentés par deux empereurs, Kao-tsou (947-948) et Yu-ti (948-951).

Les Han du Nord.
Les Han du Nord eurent pour premier souverain un certain Lieou Tchong, oncle de Yu-ti, qui prit le pouvoir en 951. Il eut pour successeur Tch'eng-keou qui meurt en 968. Après le règne de deux mois de Ki Ngen, Ki Yuen exerce le pouvoir pendant onze années. Il est vaincu en 979 par le premier empereur de la dynastie Song qui, depuis dix-neuf ans déjà, était maître de la plus grande partie de l'empire. Rappelons enfin que les chefs d'une horde turque qui fut un moment très puissante prirent, de 304 à 330 de notre ère, le titre de dynastie Han (De Guignes, Histoire des Huns, livre 2). (Ed. Chavannes).

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