| Franz Peter Schubert est un compositeur né à Vienne le 31 janvier 1797, mort à Vienne le 19 novembre 1828. Cet artiste dut le jour à un pauvre maître d'école passionné pour la musique, assez bon musicien lui-même. Sous sa direction, Schubert et son frère, son aîné de trois ans et qui fut lui-même un compositeur de talent, commencèrent leurs premières études musicales, qu'ils continuèrent plus tard avec Michel Holzer. - Franz Schubert (1797-1828). Franz Schubert avait une fort jolie voix de soprano; il fut bientôt admis dans la maîtrise de la chapelle impériale. Tout en remplissant ses fonctions, il étudiait le piano et le violon et acquerrait un beau talent sur ces deux instruments. Aussi, quand la mue de sa voix l'obligea à quitter la chapelle, il put se créer quelques ressources, que la pauvreté de sa famille lui rendait fort nécessaires, en tenant la partie de premier violon dans plusieurs orchestres. Il se perfectionnait en même temps dans l'harmonie et le contrepoint, sous la direction de L'organiste de la cour, tandis que Salieri, fort admiré alors à Vienne, lui donnait des conseils pour l'art du chant et la composition dramatique. A cette époque de sa jeunesse, il était surtout attiré par la musique instrumentale; il composa alors un grand nombre de pièces, pour la chambre ou l'orchestre, dont beaucoup n'ont pas été conservées. II donnait en même temps, pour vivre, des leçons de piano et de chant. Peu après, il eut l'idée de mettre en musique des ballades et des chansons, et c'est cette part de son oeuvre qui lui permit d'affirmer le mieux son talent et de devenir assez promptement populaire. Ces petites compositions, destinées tout d'abord à l''intimité, se répandirent très vite dans le monde musical. Leur extrême originalité, la couleur et l'expression de la mélodie, l'ingéniosité et la recherche pittoresque de l'accompagnement en faisaient en effet des oeuvres tout à fait à part, bien différentes des airs et des romances que l'on écrivait alors pour la voix soutenue d'un simple accompagnement de piano. Beaucoup d'autres compositeurs imitèrent dès lors les mélodies de Schubert, sans qu'aucun ait réussi à le surpasser ni même, pendant longtemps, à l'égaler. Toutefois, la vogue de ces petits chefs-d'oeuvre ne réussit pas à tirer leur auteur de son obscurité, non plus qu'à lui assurer la fortune. Schubert semble avoir été assez peu soucieux de sa réputation, encore moins de ses intérêts. Jusqu'à sa mort, il a vécu dans un état voisin de la gêne, et apprécié seulement d'un petit cercle d'intimes. Sa fécondité n'était cependant pas moins remarquable que son génie. Car, outre près de trois cents lieder à voix seule, il écrivit toute sa vie beaucoup de musique de chambre et d'orchestre pour le concert, plusieurs messes et différentes grandes oeuvres pour l'église, des pièces de piano dans tous les genres, des choeurs, etc. Il s'est essayé également au théâtre, mais avec moins de succès. On lui doit cependant plusieurs opéras et ballets, dont quelques-uns renferment de grandes beautés, sans qu'aucun néanmoins ait vraiment réussi à s'imposer au répertoire des grandes scènes allemandes. Cette oeuvre prodigieuse représente le travail de quelques années seulement. Car la santé de Schubert avait toujours été des plus précaires, et cet artiste admirable, sans avoir donné certainement sa mesure tout entière, s'est éteint des suites d'une maladie de langueur, à trente ans à peine, l'âge où tant d'autres ont tout au plus commencé à produire leurs oeuvres importantes. Il laissait en manuscrits plusieurs compositions de longue haleine, six messes notamment et sept symphonies, dont une inachevée. Toutes ces oeuvres n'ont été connues qu'après sa mort. Schubert est un musicien qui a tardé à être connu et estimé à sa juste valeur en France. Il est bien vrai qu'une collection de quarante de ses mélodies a été publiée en France, l'année même de sa mort (Paris, 1828) et que la vogue de ce recueil fut immédiatement considérable. Ce mince volume a suffi à le classer à côté des plus grands maîtres les plus populaires de ces mélodies : l'Adieu, la Sérénade, les Plaintes de la jeune fille, le Roi des Aulnes, le Voyageur, l'Attente, Marguerite, etc., chantent encore dans toutes les mémoires. D'autres recueils, plus complets, ont été publiés depuis avec le même succès. Sa musique de chambre, ainsi que quelques-unes de ses pièces d'orchestre ont été aussi exécutés dans les concerts. Malgré ces auditions, Schubert reste, pour presque tous les Français, un admirable compositeur de mélodies, mais de mélodies seulement, encore que l'admiration des artistes pour celles de Schumann, plus affinées, plus recherchées, plus pénétrantes que les siennes sans avoir leur simplicité ni leur franchise, n'ait pas été sans lui faire quelque tort. Sa musique d'orchestre, de chambre ou de piano mériterait cependant d'être mieux appréciée. Les quatuors en ré mineur, en la majeur, le quintette en ut majeur, la symphonie en si mineur sont des oeuvres du tout premier ordre. Les fantaisies en ut et en sol pour le piano, les impromptus, les sonates semblant avoir préparé l'évolution de la musique de piano depuis Beethoven. La liberté de forme est remarquable dans ces compositions. Peut-être y pourrait-on trouver à reprendre un développement souvent un peu lâché, quelques passages vides ou languissants; mais ces défauts sont amplement rachetés par la noblesse des idées, l'heureuse audace de la conception et de la mise en oeuvre. En d'autres pays, en Angleterre notamment, Schubert est plus populaire et mieux estimé des artistes. Liszt et Rubinstein ont d'ailleurs beaucoup fait pour qu'il lui soit accordé le rang auquel il a droit. Ce dernier notamment l'a, dans un de ses ouvrages, classé à côté de Bach et de Beethoven, au nombre des génies de premier ordre dont s'honore la musique. (H. Quittard). Vidéos Youtube. Cliquez sur les images pour afficher les vidéos. | | | Le Roi des aulnes (par Anne Sofie von Otter; 3 mn 55 s). | La Sérénade ( 4 mn 08 s). | Ave Maria (par Helene Fischer; 4 mn 26 s). | | |