| Chems Eddin-Mohammed, surnommé Hafiz, c.-à-d. qui sait réciter le Coran par coeur) est l'un des poètes les plus célèbres et les plus populaires de l'Iran. Les débuts de sa vie comme la date de sa naissance sont incertains : on sait toutefois qu'il naquit à Chirâz dans le premier quart du XIVe siècle. Il étudia dans sa ville natale la poésie et la jurisprudence musulmane; pauvre il se vantait d'être, et pauvre il voulut toujours rester, se contentant de son titre de derviche. La Perse n'avait pas encore recouvré son indépendance nationale : la dynastie des Mozafférides (1318-1393) régnait dans le Farsistan. Sept de ces princes le protégèrent pendant sa vie. Ses poésies, qu'il publia séparément, lui valurent une grande réputation dans l'islam oriental : mais en vain les Ikhanides de Bagdad, le prince indien Mahmoud Shah Bahmani et d'autres l'invitèrent à leur cour : Hafiz refusa de quitter Chirâz, où Djelâl-ed-Dîn Shah, et Shah Mansour le comblèrent de faveurs. Un an avant sa mort parut à Chirâz le terrible Tamerlan; il traita avec distinction le grand poète. On prétend que le conquérant mongol lui reprocha deux vers célèbres : « Si ce Turk de Chirâz voulait accepter mon coeur, je donnerais pour le grain de beauté de sa joue Samarkand et Bokhara. » La première de ces villes était la capitale de Tamerlan. Hafiz mourut l'année suivante (1389). Sa tombe est aujourd'hui le but de pieux pèlerinages. Les poésies de Hafiz célèbrent avec une grande verve le vin, amour et le bien-être matériel. Comme la pauvreté voulue de Hafiz semble en contradiction avec l'esprit qui émane de ses poèmes quasi épicuriens, on a vu de bonne heure, dans les oeuvres de Hafiz, un sens mystique et philosophique, qui a été développé par ses commentateurs Schemi, Sorouri et autres. Le divan de Hafiz, contenant 700 pièces, ne fut recueilli qu 'après sa mort par son ami Mohammed Gulandam. Ce divan a été imprimé pour la première fois à Calcutta en 1791; depuis ce temps, il a été souvent réédité en Inde et en Iran, en Turquie et en Egypte (1840, 3 vol.). En Europe, Hermann Brockhaus s'est spécialement consacré à l'édition critique du poète (Leipzig, 1854-1864, 3 vol.). L'éditeur allemand a ajouté au texte le commentaire en langue turque de Soudi qui avait déjà paru séparément au Caire en 1834. Par la suite les oeuvres de Hafiz ont été traduites dans les diverses langues de l'Europe. (J. Oppert). | |