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Le structuralisme
est un courant de pensée et une méthode d'analyse qui se développent
principalement dans les sciences humaines et sociales. Il se concentre
sur les structures sous-jacentes qui gouvernent les
phénomènes culturels, sociaux, linguistiques et psychologiques. Le structuralisme,
avec la boîte à outil conceptuelle nouvelle qu'il met à disposition,
a révolutionné de nombreuses disciplines en introduisant une nouvelle
façon de penser les phénomènes culturels et sociaux comme des systèmes
de relations. En insistant sur les structures communes à différents
domaines, le structuralisme a aussi favorisé une approche plus interdisciplinaire
des sciences humaines.
Le structuralisme
soutient que les structures sont fondamentales pour comprendre les phénomènes.
Une structure est un ensemble de relations invariantes et régulières
entre les éléments d'un système. L'une des idées centrales du structuralisme
est que la réalité sociale, culturelle, linguistique, psychologique peut
être comprise en analysant les structures sous-jacentes qui organisent
et donnent sens à cette réalité. Les structuralistes soutiennent que
ces structures sont indépendantes des individus et qu'elles exercent une
influence sur leurs comportements, leurs pensées et leurs interactions.
Ces structures peuvent être des systèmes
de relations et de règles qui ne sont pas immédiatement visibles mais
qui déterminent les comportements et les significations.
Les structuralistes cherchent à identifier les structures invariantes
qui sous-tendent la diversité apparente des phénomènes culturels et
sociaux. Cela les conduit à se concentrer sur l'analyse les relations
entre éléments isolés plutôt que sur ces éléments eux-même. Par
exemple, en linguistique, il s'agit de comprendre comment les mots se rapportent
les uns aux autres dans un système de langage.
La méthode principale
du structuralisme est l'analyse structurale, qui cherche à révéler les
structures sous-jacentes d'un phénomène donné, qu'il s'agisse d'un texte
littéraire, d'un mythe ou d'un système de parenté. Cette méthode est
comparative pour identifier les structures communes entre différentes
langues, cultures ou phénomènes sociaux, mettant en évidence des motifs
et des régularités. Le structuralisme recourt aussi à l'analyse binaire
basée sur les oppositions entre concepts, qui leur sert souvent de mode
de définition (par exemple, bien/mal, chaud/froid) : ces oppositions structurent
la signification. Le structuralisme s'intéresse à l'analyse synchronique,
c'est-à -dire l'étude des structures à un moment donné, plutôt que
diachronique, qui s'intéresse aux changements au fil du temps.
Une approche synchronique qui a été critiquée
dans le structuralisme, car elle conduit à ignorer l'histoire et
le changement. Le structuralisme a aussi été critiqué pour son caractère
parfois déterministe et formel. Son attention portée
aux structures plutôt qu'aux individus a fait qu'on lui a reproché encore
son universalisme et son manque d'intérêt pour les aspects dynamiques
et contingents des phénomènes étudiés. Le post-structuralisme
et d'autres courants ont émergé pour adresser ces critiques, en mettant
l'accent sur la déconstruction des structures et sur le rôle de l'individu
et du contexte historique.
-
Ferdinand
de Saussure.
Son
ouvrage Cours de linguistique générale (publié posthumément
en 1916) a introduit des concepts fondamentaux comme la distinction entre
le signifiant et le signifié, et l'idée que les signes linguistiques
sont arbitraires et relationnels. |
Roland
Barthes.
Roland
Barthes, un des principaux théoriciens structuralistes littéraires, a
appliqué les idées structuralistes à l'analyse des textes littéraires.
Dans S/Z (1970), il décompose un texte de Balzac pour révéler
ses structures sous-jacentes. |
Claude
Lévi-Srauss.
Il
a appliqué les idées de Saussure à l'anthropologie. Dans Les Structures
élémentaires de la parenté (1949) et La Pensée sauvage (1962),
il a montré comment les cultures humaines peuvent être étudiées
en termes structuraux. |
Les territoires du
structuralisme
Parmi les domaines auxquels
l'approche structuraliste peut être appliquée, les principaux sont les
suivants :
La linguistique
et la sémiologie.
Le structuralisme
en linguistique a été largement développé par Ferdinand de Saussure.
Saussure a introduit l'idée que la langue (langue) est un système de
signes où chaque signe est constitué d'un signifiant (la forme sonore
ou graphique) et d'un signifié (le concept). Les relations entre les signes
sont fondamentales pour comprendre la langue. Il a mis l'accent sur la
structure sous-jacente des langues et sur le fait que les significations
des mots découlent de leurs relations avec d'autres mots dans le système
linguistique, plutôt que de leurs référents extérieurs. L'approche
structuraliste a transformé la linguistique en une discipline plus scientifique
et systématique. En mettant l'accent sur la structure des systèmes linguistiques
et les relations entre les éléments, elle a fourni des outils conceptuels
et méthodologiques qui restent essentiels pour les linguistes aujourd'hui.
Les concepts élaborés
dans le cadre de la linguistique (économie du signe restreint à la langue)
ont trouvé une application dans le cadre de la sémiologie (économie
du signe en général) et, par là , à l'étude de divers systèmes de
communication et de signification (dans des cadres qui vont de l'anthropologie,
avec Claude Lévi-Strauss, à la critique littéraire, avec Roland Barthes
et Gérard Genette, en passant par la psychologie ou la philosophie, avec
des penseurs comme Michel Foucault). Roland Barthes, par exemple, appliqué
le structuralisme pour analyser les systèmes de signes culturels, comme
la mode, la publicité et les médias. Il a montré comment les objets
culturels peuvent être décomposés en unités de base de signification
et étudiés à travers leurs relations et fonctions au sein d'un système
culturel. L'approche structuraliste a ainsi transformé la sémiologie
en une discipline rigoureuse, capable d'analyser les systèmes de signes
de manière systématique et méthodique.
Systèmes
de signes. Signifiant et signifié.
Saussure distingue
la langue (le système abstrait de signes partagés par une communauté
linguistique) de la parole (l'utilisation individuelle de ce système).
Cette distinction permet de focaliser l'analyse linguistique sur le système
lui-même plutôt que sur ses manifestations individuelles. Le signe linguistique,
explique encore Saussure, est composé de deux éléments indissociables
: le signifiant (la forme sonore ou graphique) et le signifié (le concept
ou l'idée). La relation entre signifiant et signifié est arbitraire,
et traduit le fait que les langues sont des systèmes de conventions sociales
plutôt que des reflets directs de la réalité. La reconnaissance de cette
dualité et du caractère arbitraire (conventionnel) du lien qui existe
entre les deux éléments a été fondamentale pour l'étude des signes
au-delà de la linguistique. Elle permet d'analyser comment les significations
sont construites et interprétées dans différents systèmes sémiotiques.
Tout système de signes, comme la mode, la cuisine, ou les rituels sociaux,
peut ainsi être analysé de manière structurale.
Les
relations syntagmatiques et paradigmatiques.
Saussure propose
que la manière dont les unités linguistiques sont combinées et organisées
dans le discours peut être être analysés selon deux types de relations,
les relations syntagmatiques et paradigmatiques, identifiées
comme des concepts permettant de comprendre la structure du langage en
examinant à la fois l'ordre séquentiel des éléments et leurs associations
sémantiques ou structurelles.
• Les
relations syntagmatiques se réfèrent aux relations linéaires ou
séquentielles entre les éléments qui se présentent ensemble dans une
séquence donnée, et se combinent pour former des structures plus
larges, par exemple, les mots dans une phrase, les scènes dans un film,
ou les éléments visuels dans une image. Ces relations sont basées sur
l'ordre dans lequel les éléments apparaissent dans une séquence et sur
leur combinaison pour former des unités syntaxiques plus larges. Par exemple,
dans la phrase « le chat noir dort paisiblement », les mots sont disposés
dans un ordre spécifique qui donne un sens à la phrase.
• Les relations
paradigmatiques correspondent aux relations associatives entre les
éléments linguistiques qui partagent des propriétés similaires et qui
pourraient potentiellement se substituer les uns aux autres dans une même
position syntaxique. Ces relations sont basées sur la similarité sémantique
ou structurelle entre les éléments et impliquent souvent qu'ils soient
choisis parmi un ensemble d'alternatives possibles, par exemple, le choix
d'une couleur dans une palette pour un design ou le choix d'un mot parmi
plusieurs synonymes. Ainsi, dans la phrase « le chat noir dort paisiblement
», le mot « chat » peut être remplacé par des mots différenets mais
qui qui partagent des caractéristiques similaires (par exemple «-chien
»
ou « oiseau »), formant ainsi un ensemble de substitutions possibles.
L'analyse
synchronique et diachronique.
L'approche structuraliste,
telle qu'elle est initiée par Saussure, se
concentre sur l'analyse synchronique du phénomène étudié (en linguistique,
l'étude des langues à un moment donné) par opposition à l'analyse diachronique,
qui est l'étude de son évolution des langues à travers le temps. Cette
perspective a permis de mieux comprendre les structures linguistiques en
elles-mêmes, sans toujours les lier à leur évolution historique.
La
phonologie structurale.
Ajoutons que les
travaux de Saussure ont fourni un socle à ceux de linguistes tels que
Roman
Jakobson et Nikolai Trubetzkoy pour développer la phonologie structurale,
cette branche de la linguistique qui étudie les systèmes phonétiques
des langues en termes de phonèmes et de leurs oppositions afin d'analyser
systématiquement et formellement des sons de la parole.
La
sémiologie.
La sémiotique,
ou l'étude des signes et des systèmes de signification, a été profondément
influencée par le structuralisme. Les travaux de Saussure ont posé les
bases pour la sémiotique, qui a été développée par des penseurs comme
Charles Sanders Peirce, Umberto Eco et Algirdas
Julien Greimas. La sémiotique a été appliquée de nombreux phénomènes
culturels, des textes littéraires aux pratiques sociales. Les travaux
de Roland Barthes et d'autres ont aussi été étendus à l'analyse des
images et des arts visuels. En appliquant les concepts de signifiant et
de signifié, ainsi que les relations syntagmatiques et paradigmatiques,
les chercheurs ont pu décomposer et comprendre les messages visuels dans
des contextes variés, de l'art classique à la publicité contemporaine.
Le structuralisme a particulièrement influencé l'analyse des films et
des médias, avec Christian Metz (1931-1993), par exemple. Dans son travail,
celui-ci (également inspiré par Jacques Lacan) a analysé la manière
les films utilisent des codes et des conventions pour produire des significations
narratives et symboliques, ce qui a débouché sur une sémiologie du cinéma.
La critique littéraire.
L'approche structuraliste
a révolutionné l'étude de la littérature en fournissant des outils
théoriques et méthodologiques pour analyser les structures narratives
et textuelles profondes des oeuvres littéraires. Roland Barthes, Gérard
Genette et Tzvetan Todorov ont été des figures majeures dans ce domaine.
Ils ont étudié comment les textes littéraires fonctionnent comme des
systèmes de signes et comment les structures narratives, les genres et
les motifs peuvent être étudiés pour révéler les conventions et les
codes sous-jacents. Par exemple, Barthes a étudié le concept de texte
comme un tissu de citations et de références intertextuelles, mettant
l'accent sur les structures et les systèmes de signification plutôt que
sur l'auteur ou l'intention.
L'analyse
des structures narratives.
Les structuralistes
se sont attachés à étudier la forme et la structure des textes
plutôt que leur contenu ou leur signification immédiate. En se concentrant
sur les relations entre les éléments du texte, ils ont montré que la
signification émerge des structures formelles et des conventions littéraires.
Claude Lévi-Strauss a appliqué les concepts structuraux à l'analyse
des mythes, identifiant des structures communes à travers différentes
cultures. Vladimir Propp, dans son étude des contes russes, a identifié
des fonctions narratives récurrentes et a démontré que les histoires
peuvent être décomposées en unités narratives fondamentales.
La
théorie des codes narratifs.
Roland
Barthes, dans son essai S/Z, publié en 1970, propose une analyse
structurale de la narration à travers l'étude de la nouvelle Sarrasine
d'Honoré de Balzac. A cette occasion, il introduit
la notion de codes narratifs pour analyser les textes littéraires,
et identifie cinq codes principaux (herméneutique, proaïrétique,
sémique, symbolique, et référentiel) pour décoder les significations
multiples et les structures cachées dans un texte. Ensemble, ces cinq
codes permettent de décomposer et d'analyser les multiples dimensions
d'un texte narratif, en mettant en lumière les mécanismes complexes qui
rendent la lecture riche et significative.
• Le
code herméneutique (ou énigmatique) concerne les éléments du récit
qui suscitent des questions, des mystères ou des énigmes pour le lecteur.
Il est lié à l'attente de réponses et de résolutions dans le déroulement
de l'histoire. Par exemple, un meurtre au début d'un roman qui intrigue
le lecteur sur l'identité du coupable ou les motivations du crime.
• Le code proaïrétique
(ou d'action) est lié aux actions et aux événements qui composent
la trame narrative. Il s'agit des séquences d'actions qui mènent le récit
en avant. Par exemple, une poursuite, une dispute, ou un voyage sont des
éléments proaïrétiques qui constituent la dynamique du récit.
• Le code sémique
renvoie aux significations et les connotations associées aux personnages,
aux objets et aux lieux dans le récit. Il traite des associations symboliques
et des traits caractéristiques qui donnent une profondeur psychologique
et thématique aux éléments du récit. Par exemple, un personnage peut
être décrit avec des traits qui le font apparaître immédiatement comme
un héros ou un traître.
• Le code symbolique
concerne les oppositions binaires et les tensions symboliques qui sous-tendent
le texte. Il analyse les niveaux plus profonds de signification, souvent
en relation avec les thèmes universels comme le bien et le mal, la vie
et la mort, ou la nature et la culture. Par exemple, l'opposition entre
la lumière et l'obscurité dans une oeuvre peut symboliser des notions
plus abstraites comme la connaissance et l'ignorance.
• Le code référentiel
(ou culturel) fait référence à des connaissances culturelles, scientifiques,
historiques ou littéraires extérieures au texte qui sont nécessaires
pour comprendre pleinement certains aspects du récit. Il s'appuie sur
des références et des savoirs partagés par une communauté de lecteurs.
Par exemple, une allusion à un événement historique ou à une oeuvre
d'art célèbre qui enrichit le texte de significations supplémentaires.
La
sémiotique littéraire.
En appliquant les
concepts de la sémiotique à la littérature, les structuralistes ont
étudié comment les textes littéraires fonctionnent comme des systèmes
de signes. Ils ont analysé la manière dont les signes littéraires (mots,
images, symboles) interagissent pour produire des significations complexes.
Le concept d'intertextualité,
développé par Julia Kristeva, a été influencé par ces études. L'intertextualité
étudie les relations entre les textes, montrant comment ils se référent
et se répondent les uns aux autres. Cette perspective a enrichi l'analyse
littéraire en soulignant la nature dialogique de la littérature.
Gérard Genette,
de son côté, a développé une théorie structurale de la narration,
connue sous le nom de narratologie. Il a
introduit des concepts clés comme la distinction entre histoire et discours,
les niveaux de narration, et les modalités narratives (temps, mode, et
voix). Ces outils ont permis une analyse plus précise et systématique
des techniques narratives utilisées dans les textes littéraires.
Ils ont ouvert Ã
une compréhension plus systématique des genres littéraires, comme en
ont fait, par exemple, la démonstration les travaux de Tzvetan
Todorov consacrés au genre fantastique et aux genres qui lui sont
connexes. L'identification des conventions et des structures récurrentes
au sein de différents genres, permet de révéler la manière dont
les genres fonctionnent comme des systèmes de règles et de codes qui
guident la production et l'interprétation des textes.
L'anthropologie.
L'approche structuraliste
en anthropologie, en mettant l'accent sur les structures universelles de
la pensée humaine, les oppositions binaires et les relations entre les
éléments culturels, a offert une perspective nouvelle et puissante pour
comprendre la diversité et la complexité des cultures humaines.
La
recherche de structures culturelles universelles.
Claude
Lévi-Strauss est l'initiateur et le principal représentant du structuralisme
en anthropologie. On lui doit l'idée que les cultures humaines peuvent
être analysées de la même manière que les langues, en identifiant les
relations et les oppositions fondamentales qui structurent les mythes,
les systèmes de parenté et les rituels. Il a mis en évidence des structures
universelles dans les cultures humaines qui sont des réflexions des structures
de l'esprit humain.
Contrairement Ã
l'approche diachronique (historique) qui se concentre sur l'évolution
des cultures dans le temps, l'approche structuraliste se concentre sur
l'analyse synchronique, c'est-à -dire l'étude des cultures à un moment
donné. L'approche structuraliste a favorisé une méthode comparative
en anthropologie. En identifiant des structures universelles et des modèles
récurrents dans différentes cultures, les anthropologues peuvent comparer
et contraster des sociétés pour révéler les principes fondamentaux
de la cognition et de l'organisation sociale.
Lévi-Strauss a proposé
que les structures de la pensée humaine sont universelles et se reflètent
dans les cultures du monde entier. Pour lui, les structures profondes de
la cognition humaine sont les mêmes, quelles que soient les différences
culturelles superficielles. Cette idée a permis de chercher des universaux
culturels et des modèles communs dans des sociétés très diverses. En
se concentrant sur les structures sous-jacentes et universelles, le structuralisme
a contribué à une critique de l'ethnocentrisme dans l'anthropologie.
Il a encouragé les chercheurs à reconnaître les similitudes fondamentales
entre les cultures, plutôt que de se concentrer uniquement sur les différences.
Théorie
des oppositions binaires.
L'approche structuraliste
met en évidence l'importance des oppositions binaires dans la pensée
humaine. Selon Claude Lévi-Strauss, les humains ont tendance à structurer
leur compréhension du monde à travers des oppositions binaires, dont
certaines sont ditesfondamentales fondamentales et universelles parce qu'elles
sont présentes dans toutes les cultures humaines. Lévi-Strauss les considère
comme des structures profondes de l'esprit humain. Par exemple, la vie
par rapport à la mort, l'ordre par rapport au chaos, la lumière par rapport
à l'obscurité, etc. D'autres oppositions peuvent avoir un statut, une
expression ou une importance différents selon les cultures, comme le bien
par rapport au mal, le masculin par rapport au féminin, la nature par
rapport à la culture, le sacré et le profane, le cru et le cuit, etc.
Lévi-Strauss s'intéresse
donc à la manière dont les sociétés humaines utilisent ces oppositions
pour élaborer des systèmes symboliques spécifiques à leur culture tout
en partageant des structures cognitives communes. Il montre comment ces
oppositions sont des outils puissants pour construire du sens. Non seulement,
elles fournissent un cadre conceptuel qui éclaire notre expérience en
organisant notre pensée et nos représentations symboliques, mais elle
elles permettent aussi de différencier et de classer les éléments du
monde, de définir des identités et des relations, et de formuler des
normes et des valeurs. Par exemple, en opposant le pur et l'impur, une
société peut établir des règles de comportement.
Étude
des mythes.
L'application de
l'approche structuraliste à l'étude des mythes a été particulièrement
fructueuse. En les analysant comme des structures narratives plutôt que
comme des récits historiques ou littéraires, Lévi-Strauss a montré
que les mythes de différentes cultures partagent des structures communes
et peuvent être décomposés en unités élémentaires appelées mythèmes.
La comparaison des mythèmes entre eux, leurs occurences diverses dans
les différentes variantes d'un même mythe, permet de révéler des modèles
de pensée sous-jacents qui sont au coeur de la construction mythologique.
Au-delà de leur contenu narratif, les mythes structurent et expriment
des préoccupations humaines fondamentales par le biais de structures profondes
et d'oppositions binaires. Cette approche permet de comprendre les mythes
comme des réflexions symboliques des tensions et contradictions universelles
de la condition humaine.
Une
lecture structuraliste simplifiée du mythe d'Oedipe
Mythe |
Oedipe, roi de Thèbes,
est célèbre pour avoir résolu l'énigme du Sphinx et pour sa tragique
destinée : il tue son père Laïos sans le savoir et épouse sa mère
Jocaste, ce qui conduit à une série de catastrophes pour lui et sa famille. |
Décomposition
en unités mythiques (mythèmes) |
La prophétie initiale
selon laquelle Oedipe tuera son père et épousera sa mère.
L'abandon d'Oedipe
sur une montagne par ses parents pour éviter la réalisation de la prophétie.
L'adoption d'Oedipe
par un autre roi et reine.
Oedipe tue un homme
sur la route (son père, sans le savoir).
Oedipe résout l'énigme
du Sphinx.
Oedipe devient roi
de Thèbes et épouse sa mère.
La découverte de
la vérité et les conséquences tragiques (suicide de Jocaste, cécité
d'Oedipe). |
Analyse
des oppositions binaires fondamentales dans les mythèmes |
Nature vs. Culture.
- Le fait que Oedipe soit abandonné dans la nature mais soit adopté par
une famille royale (culture).
Connaissance vs.
Ignorance. - Oedipe résout l'énigme du Sphinx (connaissance) mais reste
ignorant de sa propre identité et de ses actes (ignorance).
Vie vs. Mort. - L'abandon
d'Oedipe (risque de mort) et sa survie et ascension au trône (vie). |
Structure
profonde sous-jacente au mythe. (Selon
le postulat que que les mythes servent à résoudre des contradictions
inhérentes à la condition humaine en les exprimant et les réconciliant
de manière symbolique). |
Le mythe d'Oedipe,
peut être interprété comme une manière de traiter les tensions entre-:
+ Le destin
(les prophéties) et le libre arbitre (les actions de Oedipe),
+ Entre
les relations familiales naturelles (les liens de sang) et les structures
sociales (mariage et royauté).
|
Signification
universelle |
Abord de thèmes
tels que le destin, la quête d'identité, la connaissance et les relations
familiales. |
L'analyse
des systèmes de parenté.
Lévi-Strauss a
insisté sur le fait que les cultures doivent être comprises comme des
systèmes de relations entre leurs éléments constitutifs. Il a analysé
des aspects comme les rituels, les coutumes alimentaires, et les systèmes
de croyances, en montrant comment ces éléments sont interconnectés et
forment une structure cohérente.
Cette cohérence
apparaît aussi clairement lorsqu'on applique l'approche structuraliste
à l'étude des systèmes de parenté. Lévi-Strauss a analysé en particulier
les règles de mariage, les systèmes de classification des parents, et
les structures de parenté en termes de relations et d'échanges. Sa théorie
de l'échange réciproque, qui suggère que les relations de parenté sont
basées sur des échanges symboliques et matériels, a eu un écho important.
En identifiant et
en analysant les éléments structuraux et les oppositions binaires qui
articulent les systèmes de parenté, il est possible de mieux comprendre
comment ces systèmes assurent la cohésion sociale, régulent les comportements,
et transmettent les valeurs culturelles. Donnons ici sommairement les éléments
à partir desquels les tructuralistes mettent en en lumière les universaux
et les particularités des structures de parenté à travers les cultures
:
Éléments
d'une analyse structuraliste d'un système de parenté
Identification
des éléments
structuraux |
Types de parenté.
- Tribu, clan, lignée, famille nucléaire.
Rôles et relations.
- Les relations de parenté sont classées par catégories spécifiques,
telles que père, mère, frère, soeur, etc., mais aussi par des termes
spécifiques pour oncles, tantes, cousins, etc. (La terminologie de parenté
peut être basée sur des oppositions binaires telles que "parent" vs.
"enfant", "frère" vs. "soeur", "oncle" vs. "tante", etc. Il peut exister
des termes distincts pour désigner les membres de la famille de la lignée
maternelle et ceux de la lignée paternelle).
Filiation. - La filiation,
qui correspond aux règles qui définissent la translmission de la parenté,
peut être unilinéaire (patrilinéaire ou matrilinéaire), bilinéaire
ou indifférenciée. Dans la filiation, par exemple, l'individu est affilié
à la fois à sa lignée maternelle et à sa lignée paternelle. Les enfants
sont considérés comme appartenant aux deux côtés de la famille de manière
égale.
Systèmes de mariage.
- Exogamie (mariage en dehors du clan ou de la lignée), règles spécifiques
de mariage croisé. Les mariages sont souvent arrangés par les familles
et servent souvent à renforcer les liens entre les groupes familiaux.
L'endodamie (mariage à l'intérieur u groupe) ne concerne pas la famille
proprement dite, mais peut exister dans un groupe social plus large (classe
sociale, communauté religieuse, etc.). |
Analyse
des oppositions
binaires |
Exogamie/Endogamie.
- La règle de l'exogamie oblige les membres d'un clan à se marier en
dehors de leur propre clan, ce qui renforce les liens entre différents
clans et évite l'inceste.
Parenté par le sang/Parenté
par alliance. - Les relations de parenté incluent à la fois celles fondées
sur la consanguinité (liens de sang) et celles établies par le mariage
(alliances).
Rôles de genre.
- Les rôles assignés aux hommes et aux femmes dans le contexte des relations
de parenté et des systèmes de mariage, avec des attentes culturelles
spécifiques pour chaque genre. |
Fonction
des structures de parenté dans la culture |
Régulation sociale.
- Les structures de parenté régulent les relations sociales, dictant
avec qui l'on peut se marier, comment les biens sont transmis, et comment
les obligations sociales sont réparties.
Transmission des
connaissances et des biens. - Les règles de parenté déterminent la transmission
des savoirs traditionnels, des rites et des biens matériels d'une génération
à l'autre.
Cohésion et identité
de groupe. - Les structures de parenté jouent un rôle crucial dans la
cohésion des groupes sociaux et dans la construction de l'identité collective. |
Interprétations
et implications |
Équilibre des alliances.
- Les règles de mariage exogame assurent un équilibre des alliances entre
les clans, ce qui est essentiel pour la paix et la coopération interclaniques.
Complexité et variation.
- Bien que les principes sous-jacents puissent être universels (comme
l'exogamie pour éviter l'inceste), les manifestations spécifiques des
structures de parenté varient énormément d'une culture à l'autre.
Évolution et adaptation.
- Les structures de parenté ne sont pas statiques; elles évoluent et
s'adaptent aux changements sociaux, économiques et environnementaux. |
La psychologie
On pourrait définir
la psychologie structuraliste comme une approche de la psychologie qui
cherche à analyser l'esprit humain et ses structures en décomposant les
expériences conscientes en leurs éléments constitutifs fondamentaux.
Inspirés par les travaux de Saussure en linguistique, les psychologues
structuraux examinent comment les unités de pensée (concepts, idées)
sont structurées et interconnectées. Mais la psychologie est aussi l'une
des sciences humaines sociales pour lesquelles l'importance accordée au
concept de structure n'est pas nécessairement l'expression d'un structuralisme
qui s'inscrirait dans la lignée de celui initié par Saussure et Lévi-Strauss.
Pjaget.
Psychologie cognitive.
Le structuralisme
a trouvé une expression dans les travaux de Jean Piaget et dans la psychologie
cognitive. Piaget a proposé que le développement cognitif des enfants
se déroule par étapes structurées et universelles, avec chaque étape
représentant une structure cognitive spécifique.
Le concept de schéma,
développé par Piaget et plus tard par les psychologues cognitifs comme
Frederic Bartlett, peut également être lié à des idées structuralistes.
Les schémas sont des structures mentales qui organisent les connaissances
et guident la perception, la mémoire et le comportement. La psychologie
cognitive a développé l'idée, qui lui est centrale, que la cognition
humaine peut y être comprise en termes de structures et de processus systématiques.
Les concepts de Saussure,
notamment la distinction entre signifiant et signifié, ont été appliqués
à la psychologie pour comprendre comment les structures linguistiques
influencent la cognition et la perception. Cela a conduit à l'émergence
de la psycholinguistique, qui s'intéresse à la relation entre les structures
linguistiques et les processus psychologiques, comme la compréhension
et la production du langage.
Jacques
Lacan = Freud + Saussure.
Lacan a réinterprété
la psychanalyse freudienne à travers le prisme de la linguistique structurale.
Il a appliqué les concepts saussuriens à l'étude des structures
mentales, défendant l'idée que l'insconscient est structuré Ã
la manière du langage. Cela a permis de comprendre comment les catégories
linguistiques façonnent la perception et la cognition.
Une
autre tradition structuraliste : Wundt et Titchener.
Une tradition structuraliste
distincte peut ainsi être associée à Wilhelm Wundt,
un des pères de la psychologie expérimentale, et à son élève Edward
B. Titchener, qui a popularisé le terme structuralisme en psychologie.
Le structuralisme, tel que promu par eux, se concentre sur l'analyse des
structures mentales fondamentales et des processus psychologiques élémentaires.
Il cherche à décomposer les expériences perceptuelles et cognitives
en éléments plus simples, similaires aux éléments chimiques (plutôt
qu'à la manière dont la langue peut être décomposée en phonèmes).
Ces pyschologues ont identifié des sensations, des images et des affections
comme les composants de base de la conscience, qu'ils considéraient reliés
entre eux par des lois d'association, formant des structures plus complexes
de pensée et de perception. Ils utilisaient des expériences rigoureusement
contrôlées pour isoler et identifier les éléments de la conscience.
Au lieu de chercher à expliquer pourquoi les phénomènes se produisent,
les structuralistes se concentraient sur la description précise de l'expérience
consciente. En insistant sur l'importance de la méthode scientifique et
expérimentale, les psychologues qui inscrivaient leurs recherches dans
un structuralisme ainsi entendu ont établi des bases solides pour la psychologie
en tant que science. Leurs recherches ont conduit à la création de catalogues
détaillés des sensations et des perceptions et ont contribué Ã
une compréhension plus fine des processus mentaux.
L'histoire et
la philosophie.
Comme pour la psychologie,
dans le cas de l'histoire et de la philosophie, le concept de structure
- pas forcément les concepts liés au structuralisme de Saussure et Lévi-Strauss
- à infusé dans ses disciplines de diverses façons.
L'histoire.
Le
structuraliste en histoire est une approche qui vise à comprendre les
événements historiques en termes de structures sous-jacentes qui influencent
et façonnent ces événements, plutôt que de se concentrer uniquement
sur les actions individuelles et les chronologies. Cette approche est largement
inspirée par le structuralisme en anthropologie, linguistique et sociologie.
L'une des principales influences de l'histoire structuraliste provient
de l'École des Annales, fondée en France
par Marc Bloch et Lucien Febvre,
et plus tard développée notamment par Fernand Braudel. Cette école
mettait l'accent sur les structures sociales et économiques à long terme
(la longue durée de Braudel) plutôt
que sur les événements individuels. Les historiens structuralistes utilisent
des méthodes systémiques pour comprendre comment les différentes structures
interagissent et influencent les événements historiques (analyse des
relations économiques, sociales et politiques). Ils utilisent des comparaisons
entre différentes sociétés et périodes pour identifier des structures
similaires et comprendre comment elles influencent les événements historiques
de manière différente.
Le mouvement de la
Nouvelle Histoire, influencé par l'École des Annales, a encouragé une
approche plus holistique de l'étude de l'histoire, en mettant l'accent
sur les structures sociales et économiques à long terme et en intégrant
des perspectives interdisciplinaires. L'approche structuraliste a influencé
l'émergence de l'histoire globale, qui examine les structures et les processus
transnationaux et transrégionaux sur de longues périodes de temps. L'histoire
structuraliste a aussi contribué à une réévaluation de la manière
dont l'histoire est écrite et étudiée, en soulignant l'importance des
structures sous-jacentes et des processus à long terme.
Philosophie.
Le structuralisme
a profondément influencé la philosophie en redéfinissant la manière
dont nous comprenons le langage, les structures sociales et culturelles,
et le sujet humain. Il a offert de nouvelles perspectives et méthodologies
pour comprendre divers aspects de la réalité humaine, des systèmes de
signes et des structures sociales. Le structuralisme a révolutionné la
façon dont la langue est perçue dans la philosophie. Ferdinand de Saussure,
avec sa théorie des signes linguistiques (signifiant et signifié), a
influencé la philosophie du langage en révélant sur le caractère arbitraire
et relationnel des signes. Cela a mené à une compréhension plus profonde
de la façon dont les significations sont construites et interprétées.
Le structuralisme
a contribué à une décentration du sujet dans la philosophie, remettant
en question l'idée de l'individu comme centre de l'analyse. Claude Lévi-Strauss,
par exemple, a montré que les structures culturelles et sociales influencent
profondément les comportements individuels, minimisant ainsi l'importance
de l'intentionnalité individuelle. Cette approche a élargi les perspectives
philosophiques sur la nature des sociétés humaines et des relations sociales.
Barthes en appliqué
les idées structuralistes à la critique littéraire, a développé des
concepts comme la mort de l'auteur (les textes littéraires étant
vus comme des systèmes de signes). Son travail a influencé la philosophie
de l'interprétation, soulignant l'autonomie du texte par rapport à l'intention
de l'auteur. L'analyse critique des systèmes de signes a influencé la
philosophie de la communication et la théorie de la signification. Cette
critique a permis de mieux comprendre comment les systèmes de signes façonnent
notre perception de la réalité.
Michel Foucault a
été profondément influencé par le structuralisme dans ses premières
oeuvres. Il a étudié les structures de pouvoir et de connaissance dans
les sociétés humaines, montrant comment ces structures construisent les
sujets et les vérités sociales.
Critiques du structuralisme
Le structuralisme, bien
qu'influant de manière significative sur diverses disciplines, a fait
l'objet de nombreuses critiques. Les principaux reproches let les réponses
qui y ont été faites sont listés dans le tableau suivant :
-
Reproche
|
Réponse
|
Déterminisme
excessif. - Le structuralisme est accusé de réduire les individus
à de simples produits des structures sociales et culturelles, négligeant
ainsi la capacité des agents à agir de manière autonome et à influencer
les structures. |
Les
structuralistes mettent en avant que leur objectif est de révéler les
structures sous-jacentes qui influencent les comportements, sans pour autant
nier totalement l'agentivité des individus. |
Manque
de dynamisme. - Les critiques reprochent au structuralisme de présenter
les structures comme statiques et invariantes, ce qui rend difficile
l'explication des changements sociaux et culturels au fil du temps. |
Certains
structuralistes, comme Claude Lévi-Strauss, ont tenté d'intégrer des
aspects de transformation et de variation dans leurs analyses, mais ces
efforts sont souvent considérés comme insuffisants. |
Abstraction
et complexité. - Les approches structuralistes sont souvent perçues
comme trop abstraites et complexes, éloignées des réalités concrètes
et empiriques. Cette abstraction rend les théories difficiles à appliquer
de manière pratique. |
Les
structuralistes défendent l'importance de comprendre les structures profondes
qui, bien que complexes et abstraites, ont des implications concrètes
sur les réalités sociales. |
Négligence
de l'histoire. - Le structuralisme tend à ignorer les contextes
historiques spécifiques, privilégiant des structures universelles
et intemporelles. Cela peut conduire à une compréhension limitée des
phénomènes historiques. |
L'objet
premier du structuralisme n'est pas l'histoire. De plus, certains historiens,
comme ceux de l'École des Annales, ont cherché à intégrer des perspectives
structuralistes tout en mettant l'accent sur les contextes historiques
spécifiques. |
Élitisme
et hermétisme. - Le langage utilisé par les structuralistes est souvent
considéré comme
ésotérique et inaccessible, ce qui limite la
compréhension et l'application de leurs idées à un public restreint. |
Les
structuralistes estiment qu'un langage précis est nécessaire pour exprimer
des concepts sophistiqués. Toutes les disciplines ayant cet objectif sont
passibles du même reproche. |
Critique
politique et éthique. - Certains critiques, notamment les post-structuralistes,
ont reproché au structuralisme de ne pas suffisamment critiquer les
structures de pouvoir et de domination, se contentant de les décrire. |
Le
projet du structuralisme est la connaissance et non la praxis. La compréhension
des structures est une étape préalable nécessaire pour toute critique
et transformation sociale. |
Critique
concernant la subjectivité. - En mettant l'accent sur les structures,
le structuralisme est accusé de dépersonnaliser et de déshumaniser
les expériences individuelles. |
Les
structuralistes affirment que leur approche vise à révéler les forces
invisibles qui façonnent les expériences individuelles, plutôt qu'Ã
nier la subjectivité humaine. |
Critique
de l'universalisme. - Bien qu'influencés par le structuralisme, les
post-structuralistes l'ont critiqué pour son prétendu universalisme et
son manque de prise en compte des différences et des spécificités locales
et historiques. |
Ces
critiques ont conduit à une évolution des idées structuralistes vers
des approches plus flexibles et nuancées, intégrant des perspectives
de changement et de diversité. |
La plupart des reproches
se fondent sur une méconnaissance du structuralisme auquel on a prêté
des perspectives analogues à d'autres approches en sciences sociales (le
marxisme, par exemple) et avec lesquelles, justement, il est en rupture.
Quand ils sont justifiés, les réponses qui leur sont apportées ont conduit
à l'émergence du post-structuralisme
(représenté par des figures telles que Michel
Foucault, Jacques Derrida et Gilles
Deleuze) qui met l'accent sur la fluidité des structures, les relations
de pouvoir et la déconstruction des oppositions binaires.
Quelques noms associés
au structuralisme
Voici quelques-uns des
principaux noms associés au structuralisme (certains d'entre eux ne reconnaissaient
pas leur affiliation à ce courant, mais au moins des aspects de leur pensée
peuvent-ils y être rattachés) :
-
•
Ferdinand
de Saussure (1857-1913). - Considéré comme le fondateur
du structuralisme, Saussure a posé les bases de l'analyse structurale
du langage et a distingué le signifiant du signifié, jetant les fondements
de la linguistique moderne. (Linguistique).
• Claude
Lévi-Strauss (1908-2009). - Lévi-Strauss est considéré comme
l'un des fondateurs de l'anthropologie structurale. Cherchant à identifier
les modèles fondamentaux qui régissent les interactions sociales et les
institutions, il a appliqué les méthodes et concepts du structuralisme
à l'étude des cultures et des sociétés humaines, en mettant l'accent
sur les structures sous-jacentes des systèmes symboliques. (Anthropologie).
• Roman
Jakobson (1896-1982). - Jakobson a contribué à la linguistique
structurale et à la sémiologie, en s'inspirant des idées de Saussure.
Il a notamment travaillé sur les fonctions du langage et les rapports
entre les éléments du langage. (Linguistique
et sémiologie).
• Noam
Chomsky (né en 1928). - Il a abordé l'idée d'une grammaire
universelle sous-jacente à toutes les langues humaines, suggérant que
la structure du langage est innée. (Linguistique).
•
Roland
Barthes (1915-1980). - Il a appliqué les concepts structuralistes
à l'analyse littéraire. Il s'est intéressé à la sémiologie des textes,
la mythologie et l'étude des signes dans la société. (Littérature,
sémiologie et culture). |
•
Louis
Althusser (1918-1990). - Il a développé une approche structuraliste
du marxisme pour aborder l'appareil idéologique
d'État et la structure des formations sociales. (Philosophie).
• Tzvetan
Todorov (1939-2017). - Il a appliqué les méthodes structuralistes
à l'analyse littéraire, en étudiant les structures narratives et les
motifs récurrents dans les récits.
• Wilhelm
Wundt (1832-1920). - Fondateur du premier laboratoire de psychologie
expérimentale à Leipzig en 1879, Wundt a développé une méthode scientifique
pour étudier la structure de l'esprit. Il a cherché à mesurer et Ã
cataloguer les composants de la conscience humaine.
• Edward
B. Titchener (1867-1927). -: Élève de Wundt, Titchener a introduit
et développé une forme de structuralisme aux États-Unis. Il a défini
la psychologie structuraliste comme l'étude des éléments de l'expérience
consciente.
• Jean
Piaget (1896-1980). - Associé en premier lieu à la psychologie
génétique, il a aussi apporté des contributions au structuralisme dans
ses études sur le développement cognitif des enfants. (Psychologie)
• Michel
Foucault (1926-1984). - Généralement associé au post-structuralisme,
il se rattache au structuralisme dans son analyse des structures de pouvoir
et de savoir, en particulier dans Surveiller et punir et Les
Mots et les Choses. (Philosophie,
histoire,
sciences sociales). |
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