|
. |
|
Hérodote
est un historien grec, né à Halicarnasse
vers 480 av. J.-C., mort à Thuries vers 425. Il appartenait à une famille
illustre et avait pour oncle le poète épique Panyasis,
à l'influence duquel il dut, sans doute, son goût pour la lecture des
poèmes, sa curiosité des antiques histoires et son amour des voyages.
Il fut mêlé aux luttes politiques, car il était, avec Panyasis, du parti
national, qui, après la mort d'Artémise, se souleva contre le tyran Lygdamis.
Panyasis fut tué; Hérodote, forcé de se réfugier à Samos,
ne put rentrer dans sa cité qu'après la bataille de l'Eurymédon.
Obligé de s'exiler de nouveau, on ne sait à la suite de quels événements, il devint, vers 444, citoyen de Thuries, fondée par les Athéniens, dans la Grande-Grèce, sur l'emplacement de Sybaris. Il fit, aux diverses époques de sa vie, de nombreux voyages, en Médie, en Perse, en Assyrie, en Egypte, où il remonta le Nil jusqu'à Eléphantine, à Cyrène, dans le Pont-Euxin, dans la Grande-Grèce, dans la Grèce, et en particulier à Athènes, où il fut lié avec Périclès et Sophocle. La légende, rapportée par Thucydide, affirme qu'il lut le commencement de cet ouvrage aux Grecs assemblés aux jeux olympiques (456 av. J.-C.), et qu'il excita un enthousiasme universel... Douze ans après il lut l'ouvrage entier, à la fête des Panathénées, et reçut des Athéniens en récompense une somme de 10 talents. L'Histoire
d'Hérodote forme 9 livres dont chacun porte le nom d'une Muse;
mais cette division, d'ailleurs tout artificielle, est certainement postérieure.
Il est probable que l'oeuvre est restée inachevée, car les guerres médiques
n'ont pas été terminées par la prise de Sestos, à laquelle s'arrête
le récit. Le livre n'en a pas moins une incontestable unité, car tout
y gravite autour de la lutte entre les
Grecs et les Perses, qui en est le véritable sujet. Crésus
étant le premier prince d'Asie qui ait attaqué les Grecs, Hérodote établit
sa généalogie, raconte sa grandeur et sa décadence ; puis, comme les
Lydiens ont été asservis par Cyrus,
roi des Perses, qui s'étaient élevés en enlevant l'empire aux Mèdes,
il narre l'histoire de ces derniers. Après la mort de Cyrus dans l'expédition
contre les Massagètes, le royaume passe à Cambyse,
qui fait la conquête de l'Egypte : l'historien
est ainsi amené à décrire ce pays. La tentative du faux Smerdis échoue;
Darius, le royaume divisé en satrapies et le pouvoir organisé, s'efforce
vainement de soumettre la Scythie; il se
tourne alors vers la Thrace, où il pénètre,
va réduire la Libye, puis reprend la lutte
contre les Grecs, qui sont vainqueurs de Datis et d'Artapherne à Marathon.
Pour les venger, Xerxès prépare une nouvelle
L'unité de son livre distingue déjÃ
Hérodote des logographes, comme Cadmus de Milet et Charon
de Lampsaque, ou des nomenclateurs comme Hécatée.
De plus, il a l'esprit critique : son ouvrage est l'exposé de ses recherches;
il est vraiment historien, quelles que puissent être sa crédulité et
son ignorance des langues, des inscriptions, des méthodes scientifiques.
Sa curiosité, sa sincérité, sa prudence et sa raison donnent presque
toujours une grande autorité à ses jugements. Il est moraliste. car il
veut sauver de l'oubli les belles actions des hommes et les proposer en
exemple à la postérité; il est philosophe, car il croit que les événements
du monde sont dirigés par la divinité qui frappe tous ceux qui prétendent
s'élever au-dessus de la condition humaine.
Il écrit dans le dialecte ionien, naturellement doux et gracieux. Son vocabulaire, emprunté à la langue courante, est simple et clair, souvent relevé par des expressions religieuses et poétiques. Sa phrase n'est encore ni nouée, ni ponctuée; la période n'y apparaît pas, même dans les discours. Le style ne se présente pas comme un organisme logique; il est flottant, facile et familier, capable d'ailleurs d'élévation et de grandeur. La vraie prose est désormais créée; car, si elle doit montrer, après Hérodote, plus de mouvement, de force et de grandeur, elle n'aura jamais plus d'agrément ni de charme. (Médéric Dufour). |
||
Le monde d'HérodoteTrois ou quatre siècles s'étaient écoulés depuis Homère. Les poètes tels qu'Hésiode, Pindare, Eschyle; les historiens et les philosophes tels qu'Hécatée de Milet (Ve siècle), qui rédigea le premier traité de géographie; Anaximandre, qui dessina la première carte géographique (cinquième siècle), avaient ajouté quelques données à celles que l'on possédait. Le voyage de Skylax, de Kariandre, en Asie, par ordre de Dariéouche (Darius Ier), les reconnaissances hydrographiques des Carthaginois Himilcon et Hannon (Périple de Hannon) sur les côtes occidentales d'Europe et d'Afrique, appartenaient aussi à cette période; mais les résultats n'en furent connus que plus tard. Au total, la géographie générale avait fait peu de progrès, lorsqu'Hérodote vint lire ses histoires à la Grèce assemblée pour les fêtes de la 81e olympiade (456 ans avant J.-C.). On sait de quelles acclamations fut saluée cette lecture, qui, recommencée dix ans après (444), valut à son auteur un don public de dix talents - une fortune!Les opinions géographiques d'Hérodote ne forment pas un tout unique et complet; il ne les expose que lorsque sa méthode de raconter l'exige, et sa méthode est de ne jamais séparer la géographie de l'histoire, la scène de l'action : elles sont donc éparses dans toutes les parties de ces admirables livres associés par l'enthousiasme de tout un peuple aux noms des neuf Muses. Nous allons les en extraire, afin de les présenter dans leur ensemble. "Pour moi, dit-il, je ne puis m'empêcher de rire quand je vois quelques gens qui ont donné des descriptions de la circonférence de la Terre prétendre, sans se laisser guider par la raison, que la terre est ronde comme si elle eût été travaillée au tour, que l'océan l'environne de toutes parts, et que l'Asie est égale à l'Europe. Mais je vais montrer en peu de mots la grandeur de chacune de ces deux parties du monde et en décrire la figure.Nous avons reproduit ces passages en entier : il est réellement curieux d'y suivre la marche des idées, et des opinions, en même temps que celle des découvertes. Nous venons de voir quelles sont les idées générales d'Hérodote sur le monde; il les complète, toutes les fois que l'occasion s'en présente, par des détails que nous allons grouper autour des noms des trois parties de la Terre. Europe.
Une exploration complète du bassin de l'Istres (le Danube) lui a permis non seulement de décrire tous les affluents de ce fleuve, mais encore elle lui a fait connaître les Keltes (les Gaulois), les derniers peuples de l'Europe du côté du couchant, si l'on excepte les Kynètes (les habitants de l'AIgarves, Portugal). Ce qu'il dit de la Skythie est très complet. C'est un pays plat, abondant en pâturages, et qui est coupé d'innombrables rivières, dont il décrit avec détail les principales. "Le pays au-delà du Tanaïs n'appartient pas à la Skythie. Il se partage en plusieurs contrées : la première est aux Sauromates, qui occupent l'extrémité du Palus-Maiotide; la seconde, aux Boudines, qui se peignent le corps en bleu et en rouge; au-delà est un, désert. Après ce désert, en appuyant vers l'est, on trouve les Tyssaghètes (une des tribus du grand peuple Gheate ou les Gètes), qui, ainsi que leurs voisins les Iyrques, ne vivent que de gibier. Au-delà des Iyrques, à l'est, on trouve d'autres Skythes; puis, plus loin, au pied de hautes montagnes, les Argippéens, peuples chauves qui n'ont aucune arme offensive, et que, pour cette raison, leurs voisins regardent comme sacrés. Les Argippéens racontent que les montagnes au nord de leur pays (les monts de l'Oural) sont habitées par des Aegipodes ou hommes aux pieds de chèvre; mais cela ne me paraît mériter aucune sorte de croyance. Ils ajoutent aussi que, si l'on avance plus loin, on trouve d'autres peuples qui dorment six mois de l'année. Pour moi, je ne puis absolument le croire. On sait que le pays à l'est des Argippéens est occupé par les Issédons; mais celui qui est au-dessus, du côté du nord, n'est connu ni des uns ni des autres, qui n'en disent que ce que je viens d'en rapporter. Quant au pays en arrière des Issédons, il est habité, disent-ils, par les Arimaspes, hommes qui n'ont qu'un oeil, et par des Gryphons, qui gardent l'or."Deux assertions dont Hérodote rit dédaigneusement, tout en admettant l'abondance de l'or dans cette région de l'Europe, abondance mise hors de doute, aujourd'hui que la Russie tire de l'Oural 3 à 4000 kilogrammes d'or annuellement. Au midi des Issédons il place les Massaghètes (grande tribu des Ghêates), dans une plaine immense et à perte de vue, qui bornait la mer Caspienne à l'est. Cette mer a pour lui autant de longueur qu'un vaisseau qui va à la rame peut faire de chemin en quinze jours, et, dans sa plus grande largeur, autant qu'il en peut faire en huit. Elle est dominée à l'occident par le Caucase. "C'est la plus grande de toutes les montagnes, tant par son étendue que par sa hauteur. " Des observations personnelles lui avaient d'ailleurs permis de reconnaître les dimensions du Pont-Euxin, du Bosphore de Thrace, de la Propontide (mer de Marmara) et de l'Hellespont (Dardanelles), "lequel communique à une mer d'une vaste étendue qu'on appelle la mer d'Aighaié". Dans cette narration si développée, si animée des guerres médiques, après vous avoir fait assister au passage en Europe des innombrables armées de Dariéouche fils de Gouchtaspe, et de Kcherchès (Darius ler et Xerxès), il vous conduit jusqu'aux Thermopyles par le pays des Thrakes et la Thessalie, en décrivant avec un soin minutieux tous les objets remarquables, toutes les tribus. II est peu de relations aussi remplies d'intérêt. Il parle également, mais avec moins de détails, de l'Illyrie et de l'Epire (Albanie), et des Venètes, dont la brillante Venise a perpétué le nom à travers les âges. Grec et parlant à des Grecs, Hérodote ne devait pas décrire la Grèce; mais la manière dont il en parle montre assez combien il la connaissait. Asie.
Sous Dariéouche fils de Gouchtape, l'empire persan, fondé par Kourousch-le-Grand (Cyrus), était à son apogée; il embrassait presque toute l'Asie alors connue; les îles de la mer Aighaié et le Sind (Indus), Babylone et l'Araxe oriental, étaient ses bornes extrêmes. Hérodote le vit encore dans cet état de grandeur sous Kcherkhès, et il nous a donné le tableau détaillé de la division de cette vaste monarchie en vingt-deux satrapies. Quelques unes des contrées placées dans ces divisions politiques ont même été de sa part l'objet d'études particulières : l'Assyrie, la Babylonie, la Médie, l'Asie-Mineure. En parlant des pays tributaires des grands rois, il rapporte quelques faits curieux de certains peuples de l'Inde. Ses connaissances sur cette région sont d'ailleurs peu étendues. Du côté du midi, l'Arabie est, pour lui, le dernier des pays habités. "C'est aussi le seul où l'on trouve l'encens, la myrrhe, la cannelle, le cinnamome, le lédanone. Les Arabes recueillent toutes ces choses avec beaucoup de peine, excepté la myrrhe." Suit le détail des procédés employés pour la récolte. C'est à peu près là tout ce qu'il sait de l'Arabie. Les anciens, ne considérant avec raison le golfe Arabique que comme un fleuve-golfe, une rivière de mer, étendaient l'Arabie sur l'un et l'autre de ses bords : aussi la rive orientale du Nil en était-elle, selon une expression encore employée aujourd'hui, la rive arabique. Libye ou Afrique.
L'écrivain grec a consacré tout son second
livre et une petite partie du troisième à la description et à l'histoire
de l'Égypte. Il en recueillit les détails pendant le long séjour qu'il
y fit. Le Nil fixa surtout son attention, et il examine une à une les
diverses opinions émises sur l'origine de sa crue annuelle. Quant aux
sources du fleuve, il poussa les recherches à ce sujet aussi loin qu'il
put, et il parvint enfin à connaître son cours jusqu'à quatre mois de
navigation au-dessus de l'Égypte. Le Nil, traversant le pays des Aithiopiens,
passait à Méroé,
leur capitale, puis chez les Automoles, colons égyptiens : on savait seulement
que, plus loin, il coulait vers l'ouest. Des Cyrénéens lui dirent que
l'étéark, ou chef de l'oasis d'Ammon,
conjecturait qu'un fleuve découvert par des Nasamons, au-delà des déserts
de l'intérieur, était le Nil; et "la raison, ajoute Hérodote, le veut
ainsi, car le Nil vient de la Libye et la coupe par le milieu, comme le
Danube fait de l'Europe." Mais l'étéark et lui se trompaient, car ce
fleuve de Noirs était le Niger.
Entre cette longue ligne et la Méditerranée habitent les Libyens, qu'il divise en Libyens nomades (Berbères de l'est) et Libyens laboureurs (Berbères de l'ouest, Kabayles et Ch'louhs), dont la limite respective est formée par le lac et le fleuve Triton, aujourd'hui représentés par la grande lagune marécageuse de Melghrighr et l'Ighrer-en-Idjidi, le fleuve du Sable (Algérie et Tunisie). Des Libyens laboureurs il ne paraît avoir eu qu'une connaissance générale; mais il donne les noms de toutes les tribus des Libyens nomades et le trait caractéristique de leurs moeurs. La région la plus reculée de l'Afrique pour Hérodote est l'Aithiopie (la Nigritie centrale), qui s'étend au couchant de l'Arabie, mais en tirant vers le midi. Tel est le monde d'Hérodote. Le cercle des connaissances positives y a mille kilomètres ou deux cents lieues de rayon; celui des idées moins positives, environ deux mille kilomètres. Ce grand progrès est dû a ses seuls efforts, a son jugement exquis, à sa vaste intelligence. Il voyagea beaucoup; mais, comme il ne pouvait tout voir, cela le mit à même de beaucoup recueillir, et ce fut ainsi qu'il acheva son oeuvre. La postérité l'a surnommé le père de l'histoire; le premier aussi il a compris l'influence puissante de la terre sur la vie des sociétés humaines. (MP). |
|
Editions anciennes. - Les principales éditions d'Hérodote sont l'édition Princeps publiée en 1474 à Venise par Laurent Valla, grec-latin.; celles de Wesseling, Amst. 1763. in-fol.; de Schweighæuser, Strasb., 1816, 12 vol. in 8; de Bæhr, Leipz, 1835 et 1857, 4 vol. in-8, et de G. Dindorf, 1844 (dans la Bibl. grec. de Didot). L'Hist. d'Hérodote a été trad. en français par Saliat, Paris, 1575; par Larcher, 1786, 7 vol.; par Miot de Melito, 1822, 3 vol. in-8, et par Giguet, 1860, in-12. M. Bouchot a donné des Récits tirés de ses histoires, 1860. On attribue à Hérodote une vie d'Homèrequi ne paraît pas être de lui, mais qui est cependant d'une haute antiquité. En librairie - Hérodote, L'Égypte, Les Belles Lettres, 1997; Hérodote, Histoires, Les Belles Lettres (série grecque), une dizaine de volumes; Thucydide, Hérodote, Oeuvres complètes, Gallimard (La Pléiade), 1964. J. Lacarrière, En cheminant avec Hérodote, Nil éditions, 2003; Lachenaud, L'arc-en-ciel et l'archer, récits et philosophie de l'histoire chez Hérodote, Presses universitaires de Limoges, 2003; François Hartog, Le miroir d'Hérodote, Gallimard (Folio Histoire), 2001; P. Payen, Les îles nomades (Conquérir et résister dans l'Enquête d'Hérodote), EHESS, 1997. |
Hérodote est un philosophe grec, disciple d'Epicure. Tout ce que nous savons de ce philosophe, c'est qu'il avait composé un livre sur la Jeunesse d'Epicure (Diogène Laërce, X, 34). C'est à lui qu'est adressée la longue lettre d'Epicure (Diog., X, 34), où le maître expose sa théorie de la connaissance. (V. Br.). | ||
Hérodote
est un philosophe grec, de l'école sceptique.
Tout ce que nous savons de ce philosophe, c'est qu'il était né à Tarse,
qu'il fut disciple de Ménodote de Nicomédie, qu'il lui succéda dans
la direction de l'école sceptique et qu'il fut le maître de Sextus Empiricus.
C'est une question de savoir si cet Hérodote est le même qu'un médecin cité par Galien et qui vécut à Rome : ce médecin appartenait à l'école pneumatique et non à l'école empirique, avec laquelle le scepticisme avait plus d'affinités. Toutefois, ce n'est pas une raison décisive pour affirmer qu'Hérodote le sceptique et Hérodote le médecin n'étaient pas un seul et même personnage. Hérodote le sceptique vécut vers 150-180 après J.-C. Galien nous apprend que, selon le procédé familier aux sceptiques, il aimait à montrer les contradictions des sens : ainsi les substances les plus douces, comme les plus amères, ont le même pouvoir astringent. (V. Br.). |
. |
|
|
|||||||||||||||||||||||||||||||
|