| Sir Walter Scott est un écrivain né à Édimbourg le 15 août 1771, mort à Abbotsford le 21 septembre 1832. D'une très vieille famille écossaise, dont un des membres, le capitaine Walter Scott de Satchells (1614-94) a écrit la généalogie, il témoigna dès son enfance une intelligence remarquable, unie à un caractère turbulent. Il lisait beaucoup et compléta lui-même une instruction assez désordonnée. A seize ans, son père le prit comme employé dans ses bureaux de writer to the signet. Après avoir copié, assez mal, force pièces légales, Walter, dégoûté de cette profession, voulut devenir avocat et se fit inscrire au barreau d'Édimbourg en 1792. Il plaida peu et s'amusa beaucoup. Gai compagnon, beau convive, conteur spirituel, il était le bienvenu dans toutes les sociétés. Il faisait aussi de longues excursions dans toutes les parties de l'Écosse, recueillant le plus qu'il pouvait de légendes romantiques et apprenant, avec facilité, tous les dialectes locaux. Puis il apprit l'allemand. La Révolution française le jeta dans une crise de patriotique enthousiasme. Pour en combattre la répercussion sur l'Angleterre, il organisa un corps de cavalerie (1797) qui, du reste, n'entra jamais en campagne. Le 24 décembre 1797, il épousait, à Carlisle, Charlotte-Mary Carpenter, fille d'un réfugié français, Jean Charpentier, qu'il avait rencontrée au cours d'une promenade aux poétiques lacs anglais. Bien qu'il obtînt, malgré tout, des succès au barreau, il se sentait irrésistiblement attiré vers la littérature, et il s'y consacra presque exclusivement à partir de 1799. Du reste, il avait déjà débuté par des traductions ou des imitations de ballades germaniques et de curieux essais sur le système féodal et sur les coutumes des peuples du Nord. Il commença par publier, avec l'aide de Ballantyne, un recueil de transpositions de vieilles ballades écossaises, Border Minstrelsy (1802-3, 3 vol.) qui attira l'attention et The Lay of the last minstrel (1805), qui le mit tout à fait en lumière. Ses succès littéraires ne le grisaient pas, et, par prudence, il s'était réservé un revenu assuré en se faisant nommer d'abord vice-shérif (1799), puis clerc de session (1806). Comme le fut Honoré de Balzac, Walter Scott était travaillé de toutes sortes d'idées de spéculations grandioses. Un moment il se lança dans la politique et se montra tory renforcé (Tories et Whigs). Il s'associait avec des imprimeurs et des éditeurs, gagnait de l'argent avec ses oeuvres, et en perdait en faisant éditer par ses associés celles de ses amis. En 1808, il quitta l'Edinburgh Review pour faire le succès de la Quarterly Review que Murray venait de fonder; il publia les oeuvres complètes de Dryden en 18 volumes, entreprit l'Edinburgh Annual Register; il voulut ensuite créer une grande maison d'édition pour concurrencer celle de Constable, prit une part dans la direction du théâtre d'Édimbourg, etc. - WalterScott. La publication de son poème The lady of the Lake (1810) lui valut un surcroît de réputation, mais ses affaires de librairie traversèrent une crise si grave qu'il se trouva fort heureux de se réconcilier avec Constable qui les arrangea tant bien que mal. Au milieu de toutes ces difficultés pécuniaires, il achetait une propriété, Abbotsford, plantait, bâtissait, arrondissait ses terres et formait une collection d'anciennes armures! Comme il cherchait le moyen de se tirer des embarras qu'il avait accumulés comme à plaisir, il mit un jour la main sur un manuscrit qu'il avait depuis longtemps perdu de vue, le retapa et le publia. C'était Waverley (1814)! Walter Scott avait trouvé sa véritable voie. Pendant dix ans, il donne successivement tous ces romans historiques, vivement écrits, pleins de fraîches descriptions d'un pays pittoresque où revivent toutes les anciennes coutumes, tous les aspects héroïques, toutes les traditions poétiques, toutes les légendes naïves de la vieille Écosse : Guy Mannering (1815); The Antiquary (1815); Rob Roy (1817); The Bride af Lammermoor (1819), etc. Puis vint : Ivanhoé (1819), qui marque une nouvelle manière; l'auteur quittant la vie réelle, l'observation personnelle, le portrait, se lance à corps perdu dans la fantaisie, et si, au point de vue historique, le récit se charge d'anachronismes et d'hérésies véritables, au point de vue dramatique il gagne une vigueur magnifique et une intensité de couleur jusqu'alors inconnue. Chose singulière, Walter Scott exigea que ses chefs-oeuvre, les Waverley Novels, fussent publiés sous le voile de l'anonyme. Il aimait mieux qu'on le considérât comme un gentilhomme, comme le seigneur d'Abbotsford, que comme un auteur! mais les critiques percèrent bientôt ce secret. Abbotsford devint un lieu de pèlerinage pour les admirateurs du romancier, qui appartenaient à tous les rangs de la société et à tous les pays. On y vit défiler de longues théories de touristes et presque toutes les célébrités du temps. Walter Scott fut créé baronnet (1820). Il continua à dépenser sans compter pour l'embellissement de sa propriété, qu'il fit reconstruire et décorer en 1824. Il voyagea en Irlande avec un train de grand seigneur. Comme Balzac toujours, il se surmenait pour combler le déficit, toujours croissant, et qu'il ne put jamais combler, malgré le succès colossal de ses romans. Kenilworth et The Pirate parurent en 1821; Peveril of the Peak et Quentin Durward en 1823; The Tales of the Crusaders en 1815, sans compter d'autres productions moins connues, sans compter des travaux de librairie comme une édition de Shakespeare (1822), qui, du reste, fut vendue aux vieux papiers. Ses éditeurs se ruinèrent : il leur demandait de continuelles avances, et ses combinaisons financières avec eux finirent par le lier complètement. Il écrit : Je veux être leur vassal, ma vie durant, et creuser dans la mine de mon imagination pour découvrir des diamants afin de faire honneur à mes engagements et non pour m'enrichir. Ses amis vinrent à son secours, et l'on paya les créanciers les plus exigeants. Là-dessus Walter Scott perdit sa femme (1826), fut accablé de maladies et, pendant un moment, fut presque incapable d'écrire. Il ne pouvait s'arrêter et, après une Vie de Napoléon (1827, 9 vol.), il entreprit une histoire d'Écosse à l'usage des enfants qui parut sous le titre de Tales of a Grand-father (1827-29, 3 vol.), puis une réédition de ses oeuvres, avec préfaces autobiographiques; puis, d'autres romans, dont un seul, The Fair maid of Perth (1828), rappelle son ancienne vigueur.
En 1830, il fut frappé d'apoplexie; une nouvelle attaque, en 1834, l'affaiblit beaucoup. Un voyage en Italie (1832) ne le remit pas. Une troisième attaque à Nimègue, pendant son retour, ne le terrassa pas encore : il put gagner Abbotsford où il mourut doucement. Il laissait plus d'un million de dettes. Coeur excellent, Walter Scott fut aimé par tous ceux qui l'approchèrent, idolâtré par ses enfants, ses parents, ses serviteurs. Ce charme personnel s'est exercé à travers ses oeuvres, sur ses innombrables lecteurs. On a de nombreux portraits de lui, dont les meilleurs sont ceux de Raeburn (1808), de J.-W. Gordon (1820), de Thomas Lawrence (1822). Un monument à sa mémoire a été érigé à Édimbourg en 1846. (René Samuel).
| En bibliothèque - Citons encore parmi ses écrits : Marmion (1808); The Lady of the Lake (1810); Vision of don Roderick (1811); The Lord of the Isles (1815); The Field of Waterloo (1815); Paul 's letters to his kinsfolk (1815); Tales of my Landlord (1817-19, 8 vol. in-12); Harold the dauntless (1817); The search after happiness (1817); The Visionary (1819); The Monastery (1820, 3 vol. in-8); The Abbot (1820, 3 vol. in-8); Halidon Hill (1822); The Fortunes of Nigel (1822, 3 vol. in-8); Ronan Well (1824, 3 vol. m-8); Redgauntlet (1824, 3 vol. in-8); Woodstock (1826, 3 vol. in-8); Chronicles of the Canongate (1827 et suiv.); My Aunt Margaret Mirror (1828); Anne of Geierstein (1829, 3 vol. in-8); Letters on demonology (1830); Count Robert of Paris (1832). Ses poésies ont été réunies (1820, 12 vol. in-12 et 1834,19 vol. in-8). Ses romans, qui ont été traduits dans toutes les langues et dont l'influence sur le développement de l'école romantique, en France, est bien connue, ont eu en Angleterre de très nombreuses éditions collectives dont les plus intéressantes sont : celle que Cadell publia, avec les notes de l'auteur, de 1829 à 1833 (48 vol.); celle de Black (1852-54, 25 vol. in-8); celle de Dryburgh (1892-94, 25 vol. in-8); enfin, celle qu'a donnée Andrew Lang, l'érudit littérateur (1892-94, 48 vol. in-4). David Douglas a publié le dernier Journal de Walter Scott, en 1890, et ses Lettres familières en 1891. | | |