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La
psychanalyse
est une théorie psychologique élaborée par Sigmund
Freud au tournant du XIXe et du début
du XXe siècle. Elle repose sur l'idée
centrale que la majeure partie de notre activité mentale est inconsciente,
et que ces contenus refoulés (pensées, désirs, souvenirs) influent de
manière souvent involontaire sur nos comportements, émotions et pensées.
L'inconcient joue ainsi un rôle fondamental dans la formation de notre
personnalité et de notre comportement.
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Sigmund
Freud (1856-1939).
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L'appareil psychique.
Freud a utilisé
le concept d'un appareil psychique pour expliquer comment les pensées,
les émotions, les désirs
et les processus mentaux sont organisés et interagissent. Ce concept repose
sur l'idée que les pensées et les émotions sont souvent en conflit,
et que de nombreux processus mentaux se déroulent en dehors de la conscience
immédiate. Il est composé de trois parties principales : le conscient,
le préconscient et l'inconscient.
Le
conscient.
Le conscient est
la partie de l'esprit qui contientdes émotions, des sensations et des
perceptions qui sont accessibles à la conscience à un moment donné.
En d'autres termes, c'est ce dont une personne est directement consciente
à un moment précis.
Le
préconscient.
Le préconscient
se situe juste en dessous du niveau de conscience immédiate. Il contient
des informations qui ne sont pas actuellement dans la conscience, mais
qui peuvent être rappelées et rendues conscientes avec un peu d'effort.
Le préconscient englobe des souvenirs, des connaissances, des pensées
et des informations qui ne sont pas à l'avant-plan de la conscience, mais
qui peuvent être rappelés volontairement.
Freud
a décrit le conscient comme la partie la plus restreinte de l'esprit,
tandis que le préconscient est pour lui une sorte de zone tampon entre
le conscient et l'inconscient. Les pensées et les informations du préconscient
peuvent passer à tout moment dans la conscience.
L'inconscient.
L'inconscient est
la partie la plus profonde de l'appareil psychique. Il contient des pensées,
des désirs, des souvenirs,
des émotions et des pulsions qui ne sont pas directement accessibles Ã
la conscience de l'individu. Il est
le réservoir de nos expériences passées,
de nos impulsions primaires et de nos désirs refoulés, qui le sont en
raison de leur nature conflictuelle, traumatique ou socialement inacceptable.
Il influence considérablement notre comportement, nos émotions et nos
pensées, sans que nous soyons capables de mesurer l'impact de cette influence.
• L'inconscient
collectif est une notion qui n'appartient pas à la psychanalyse freudienne,
qui se concentre sur l'inconscient individuel. Elle a été introduite
par Carl Gustav Jung selon qui l'inconscient contient une dimension collective
partagée par l'ensemble de l'humanité. L'inconscient collectif représente
un réservoir de connaissances, de symboles
et d'archétypes partagés qui influencent le comportement, les croyances
et les expériences humaines. Au cœur de la théorie de l'inconscient
collectif se trouvent les archétypes, qui sont des structures mentales
innées et universelles. Ce sont des formes primordiales qui se manifestent
sous forme de symboles, de schémas de comportement et de motifs récurrents
dans les mythes, les contes
de fées, les rêves et les oeuvres d'art.
Principe de plaisir
et principe de réalité.
Les notions de principe de réalité
et de principe de plaisir correspondent chez Freud à deux forces
qui influencent la psyché humaine et qui
sont au centre de la dynamique de la pensée et du comportement. La manière
dont ces deux forces sont équilibrées aura un impact sur le comportement
et le bien-être mental. Les mécanismes de défense (répression,
la sublimation, le déplacement et la rationnalisation),
sont également étudiés par Freud en relation avec ces principes pour
comprendre comment les individus gèrent leurs conflits internes.
Le
principe de plaisir.
Le principe de plaisir est la tendance
innée de l'individu à rechercher le plaisir immédiat, à éviter la
douleur et à satisfaire ses désirs et ses pulsions sans tenir compte
des contraintes de la réalité. Selon le principe de plaisir, l'individu
cherche constamment à maximiser la satisfaction de ses besoins et de ses
désirs, tout en minimisant l'inconfort et la douleur.
Cela peut entraîner un comportement impulsif et irrationnel. Les processus
mentaux gouvernés par le principe de plaisir sont généralement inconscients,
car ils sont influencés par les pulsions instinctuelles, telles que la
libido et l'agressivité.
• La
libido correspond à l'énergie sexuelle ou à la force de désir qui
anime les individus. Elle joue un rôle fondamental dans le développement
de la personnalité et dans la formation des névroses. Le principe de
plaisir meut la sexualité humaine, mais la libido ne se limite pas seulement
à la sexualité au sens étroit, elle englobe une énergie psychique générale
qui sous-tend divers désirs, passions et émotions. La libido est considérée
comme un moteur fondamental de la vie psychique. Les conflits liés Ã
la libido sont au coeur de la théorie freudienne des névroses. Freud
soutient que lorsque des désirs sexuels ou des pulsions sont en conflit
avec les normes sociales ou les interdictions parentales, ils peuvent être
refoulés dans l'inconscient. Ce refoulement peut entraîner divers troubles
psychologiques.
Selon Freud, les rêves
sont principalement gouvernés par le principe de plaisir. Dans les rêves,
les désirs et les souhaits refoulés peuvent être exprimés librement,
sans les contraintes du principe de réalité.
Les rêves visent à satisfaire des désirs inconscients et à réduire
la tension psychique. Les actes manqués, tels que les lapsus, les oublis,
et les actes manqués de mémoire, sont également influencés par le principe
de plaisir. Freud croyait que ces erreurs pouvaient révéler des désirs
inconscients ou des pensées refoulées.
Le
principe de réalité.
Le principe de réalité est en quelque
sorte le contrepoids du principe de plaisir et du désir immédiat de gratification.
Il représente la prise en compte des contraintes et des réalités du
monde extérieur (exigences sociales, limites imposées par la réalité
objective). La maturation psychologique d'une personne est en partie le
résultat du passage du principe de plaisir au principe de réalité, ce
qui permet à l'individu de s'adapter aux exigences de la société et
de fonctionner de manière plus rationnelle.
Le principe de réalité
implique la capacité à différer la satisfaction pour tenir compte des
contraintes et des exigences imposées par le réel et les réalités pratiques.
L'individu évalue les avantages et les inconvénients de différentes
options avant de choisir la meilleure action à entreprendre. Il est capable
de de différer la gratification et de faire des choix qui tiennent compte
des conséquences à long terme; il peut tolérer la frustration temporaire
pour atteindre des objectifs lointains. Lorsque l'anxiété survient en
réponse à des menaces ou des situations stressantes, le principe de réalité
peut aider l'individu à élaborer des stratégies d'adaptation et à faire
face aux problèmes plutôt que de chercher simplement à éviter l'anxiété
par la gratification immédiate. Les processus mentaux liés au principe
de réalité aident l'individu à s'adapter aux normes, aux valeurs et
aux attentes de la société.
Les mécanismes
de défense psychologique.
La psychanalyse
identifie plusieurs mécanismes de défense servent à expliquer comment
les individus gèrent les conflits internes, les émotions difficiles et
les désirs inconscients. Il sont gouvernés par le principe de plaisir
qui pousse les individus à éviter les situations, les pensées ou les
émotions qui provoquent de l'anxiété.
La
répression.
La répression consiste
à refouler ou à se détourner des pensées, des émotions, des désirs
ou des souvenirs inconscients qui sont considérés comme inacceptables
ou perturbateurs. Lorsque ces contenus psychiques sont repoussés dans
l'inconscient, ils sont souvent oubliés consciemment, mais continuent
à influencer le comportement de la personne de manière indirecte. La
répression englobe divers mécanismes de défense :
• Le
refoulement est souvent déclenché par l'anxiété qu'il aide à minimiser
et par lequel des pensées, des émotions, des désirs ou des souvenirs
inconfortables ou inacceptables pour la conscience sont repoussés hors
de la conscience, et stockés dans l'inconscient. Ces contenus refoulés
continuent cependant d'influencer notre ressenti et notre comportement
de manière indirecte. Ils sont maintenus dans l'inconscient par un mécanisme
dit de censure, mais ils peuvent se manifesterà travers des rêves, des
actes manqués (lapsus), des phobies, des symptômes physiques et d'autres
comportements. Le refoulement apparaît ainsi, selon la psychanalyse, comme
un mécanisme central dans la formation de la personnalité et dans la
compréhension des dynamiques psychiques. Selon Freud, des désirs sexuels
et des fantasmes sexuels de l'enfance peuvent être refoulés, car ils
sont considérés comme inacceptables socialement ou par la personne elle-même.
Il en va de même de souvenirs traumatisants qui peuvent être refoulés
pour éviter la douleur et l'anxiété associées à ces expériences.
• Le
déni consiste en le refus conscient ou inconscient de reconnaître
une réalité ou une vérité afin de protéger la psyché de la confrontation
avec des informations, des émotions ou des désirs qui sont en conflit
avec les normes, les valeurs ou les attentes personnelles. Il permet de
maintenir une image de soi ou une perception du monde qui est plus acceptable
et moins angoissante. Cependant, il peut également avoir des conséquences
négatives en empêchant la personne de faire face à des problèmes, de
reconnaître des besoins émotionnels ou de prendre des mesures pour résoudre
des situations difficiles. Le déni peut être celui de la réalité externe,
où une personne refuse de reconnaître un événement ou une situation
objective, ou celui de la réalité interne, où une personne refuse de
reconnaître ses propres émotions, désirs ou pensées, ou encore celui
de la réalité morale, où une personne nie la nature morale ou éthique
de ses actions.
• La suppression
consiste en un effort pour repousser ou ignorer des pensées, des émotions,
des souvenirs ou des désirs perturbants. Contrairement au déni, où la
personne peut ne pas être consciente de sa réaction de refus, la suppression
implique une connaissance consciente de l'information ou du contenu refoulé.
La suppression vise à garder ces éléments hors de la conscience pour
éviter l'anxiété ou le malaise. (Par exemple, lorsque quelqu'un se sent
en colère envers une personne mais choisit de ne pas exprimer cette colère
ou de ne pas y penser pour éviter des conflits). Cela peut aider à maintenir
un équilibre psychologique en évitant la confrontation directe avec des
pensées ou des émotions difficiles, mais celles-ci peuvent aussi ressurgir
à tout moment.
La
sublimation.
La sublimation est
un autre mécanisme de défense, mais celui-ci implique la transformation
des désirs ou des pulsions inacceptables en des activités socialement
acceptables et productives. Plutôt que de réprimer complètement un désir
ou une pulsion, la sublimation permet à l'individu de canaliser ces énergies
vers des objectifs créatifs ou socialement valorisés. Par exemple, un
individu qui ressent des pulsions agressives peut les sublimer en devenant
un boxeur ou un activiste politique. La sublimation est vue comme un mécanisme
de défense plus adaptatif, car elle permet de transformer des émotions
négatives en comportements constructifs.
Le
déplacement.
Le déplacement
consiste à transférer des émotions, des désirs ou des sentiments d'un
objet ou d'une personne vers un autre objet ou une autre personne. Cela
se fait souvent pour éviter de faire face à des émotions conflictuelles
ou menaçantes en les dirigeant vers une cible plus sûre ou socialement
acceptable. Par exemple, une personne peut être en colère
contre son patron, mais au lieu d'exprimer cette colère au travail, elle
la déplace sur un membre de sa famille, avec des effets qui peuvent être
encore plus dommageables. Le déplacement permet de soulager temporairement
la tension émotionnelle, mais il ne résout pas le problème sous-jacent.
La
rationalisation.
La rationalisation,
enfin, consiste à justifier ou à expliquer de manière logique (ou apparemment
logique) et socialement acceptable un comportement, un désir ou un événement
qui, en réalité, est motivé par des raisons moins avouables ou des émotions
perturbantes. Ce mécanisme de défense permet à l'individu de minimiser
la culpabilité, l'anxiété ou la dissonance
cognitive associée à ses actes ou à ses pensées. Parmi les exemples
de rationalisation, on peut mentionner : justifier une tricherie
à un examen en disant que tout le monde le fait, excuser un achat impulsif
en prétendant qu'il était nécessaire, ou expliquer une mauvaise action
en prétendant qu'elle était nécessaire pour une raison supérieure.
La rationalisation est souvent un mécanisme de défense inconscient :
la personne peut ne pas être pleinement consciente de l'aspect réel de
son comportement ou de ses motivations.
Structure de la
personnalité.
Freud a élaboré
une théorie tripartite de la personnalité
dont les composantes fondamentales : le ça (instincts
et pulsions), le moi (fonctions cognitives et perceptives) et le surmoi
(normes et valeurs internalisées). Ce sont
ces trois instances qui, en interagissant les unes avec les autres, influant
sur le comportement, les pensées et les émotions d'un individu, structurent
la personnalité. Les conflits et les négociations entre ces instances
contribuent à la complexité et à la diversité du comportement humain.
Le
ça.
Le ça est la partie
la plus primitive et innée de la personnalité. Il est présent dès la
naissance et est entièrement inconscient. C'est le réservoir des instincts
et des pulsions fondamentales de l'individu. Selon la théorie des pulsions
développée par Freud, il est est alimenté principalement l'Éros
(pulsion de vie) et le Thanatos (pulsion de mort). Le ça ne connaît
ni le bien ni le mal, il agit
sans considération pour les réalités externes, des conséquences ou
les normes sociales. Il fonctionne selon le principe de plaisir
et vise à satisfaire les besoins et les désirs immédiats (la faim, la
soif, le sexe et l'agressivité, etc.).
• La
pulsion de vie (Eros), postulée par Freud est associée Ã
la recherche du plaisir, de la satisfaction et
à la préservation de la vie. Elle est le moteur de désirs tels que l'amour
ou le le désir sexuel, de l'affection et de la créativité. L'Eros pousse
les individus à rechercher des expériences agréables et à créer des
liens sociaux.
• La pulsion
de mort (Thanatos) est liée, quant à elle, à l'instinct de
destruction, au désir de retourner à un état inorganique et de mettre
fin à la souffrance. La pulsion de mort est considérée comme une force
qui s'oppose à la pulsion de vie et qui peut se manifester sous forme
de comportements autodestructeurs ou agressifs.
Selon Freud, ces pulsions
coexistent en chacun de nous, créant un équilibre dynamique. Le conflit
entre ces deux types de pulsions est au coeur de nombreux processus psychiques
et de comportements humains.
Le
moi.
Le moi émerge dans
l'enfance pour réguler les impulsions du ça, et représente la partie
de la personnalité en contact avec le monde extérieur. Il est principalement
conscient et a pour rôle d'équilibrer les exigences du ça et du surmoi.
Il fonctionne selon le principe de réalité, prenant en considération
les contraintes de l'environnement et les normes sociales. Le moi a des
fonctions cognitives, perceptives et de décision. Il essaie de répondre
aux besoins du ça tout en tenant compte des conséquences de ses actions.
Il utilise des mécanismes de défense pour faire face aux conflits entre
les pulsions du ça, les demandes du surmoi et les contraintes du monde
extérieur. Il utilise divers mécanismes de défense pour gérer les conflits
entre les demandes du ça, les réalités de l'environnement et les valeurs
du surmoi. C'est le moi, par exemple, qui planifie, juge, prend des décisions
et cherche à trouver des solutions pragmatiques aux désirs du ça dans
le monde réel.
Le
surmoi.
Le surmoi représente
la moralité internalisée et les normes (normes sociales, valeurs parentales
et idéaux culturels) que l'individu a intériorisées. Le surmoi se forme
à partir des enseignements, des influences et des modèles parentaux et
sociaux. Il incarne ce que la société considère comme bien et mal. Le
surmoi agit comme une instance morale et éthique de la personnalité,
guidant le comportement et jugeant de sa conformité aux normes sociales
et aux idéaux. Il peut générer des sentiments de culpabilité en cas
de transgression des règles éthiques internalisées, ou, à l'inverse,
génère des sentiments de fierté. La psychanalyse comprend l'anxiété
comme un conflit entre le surmoi et le ça.
Stades de développement
psychosexuels.
La théorie des
stades de développement psychosexuels est un concept clé de la psychanalyse
proposé par Freud. Selon lui, le développement de la personnalité se
produit à travers cinq stades (oral, anal, phallique, latent et génital),
chacun étant caractérisé par une zone érogène prédominante où les
pulsions sexuelles et les besoins sont particulièrement actifs. Chaque
stade du développement est caractérisé par un accent particulier
sur la satisfaction des pulsions sexuelles et agressives. Ces stades sont
associés à des défis spécifiques et jouent un rôle crucial dans la
formation de la personnalité et des fixations à des stades précoces
peuvent avoir un impact durable sur la personnalité et le comportement
ultérieurs, influençant ainsi les relations et les ajustements psychologiques
à l'âge adulte.
Stade
oral (0-18 mois).
La bouche, les lèvres
et la langue sont les zones érogènes dominantes. L'enfant cherche la
satisfaction à travers la succion, le mordillement, etc. Une fixation
à ce stade peut se manifester plus tard par des comportements excessifs
comme le tabagisme ou l'excès de parole.
Stade
anal (18 mois - 3 ans).
L'anus et la région
périanale sont les zones érogènes dominantes. L'enfant s'engage dans
le contrôle des sphincters. La propreté et l'ordre sont des aspects importants
de cette phase. La fixation à ce stade peut entraîner un comportement
obsessionnel.
Stade
phallique (3-6 ans).
Les organes génitaux
deviennent la zone érogène dominante. L'enfant développe une attirance
sexuelle pour le parent du sexe opposé (complexes d'Oedipe pour les garçons,
complexe d'Électre pour les filles). Il résout ce complexe en s'identifiant
avec le parent du même sexe. Le complexe dOedipe et d'Électre sont cruciaux
dans la formation de la conscience de genre.
Stade
de latence (6 ans - puberté).
Ce stade correspond
à une période de calme. Les pulsions sexuelles sont refoulées et l'énergie
est consacrée à d'autres activités sociales et intellectuelles. L'enfant
se concentre sur les interactions sociales, l'apprentissage et le développement
des compétences.
Stade
génital (puberté - âge adulte).
Les organes génitaux
redeviennent la zone dominante. Le désir sexuel revient avec l'adolescence,
avec un intérêt particulier pour des relations intimes et matures.
Les complexes.
En psychanalyse,
le concept de complexe sert à décrire un ensemble de pensées,
de sentiments et de désirs souvent inconscients et formés à partir d'expériences
et d'interactions de l'enfance. A l'âge adulte, les complexes influencent
profondément le comportement, les émotions et la manière dont une personne
perçoit et interagit avec les autres et le monde. Voici quelques complexes
couramment discutés dans la psychanalyse :
Complexe
d'Å’dipe.
Le complexe d'Oedipe
est un des complexes les plus fondamentaux selon Freud. Il se produit,
comme on l'a dit, pendant la période phallique (3-6 ans). Les garçons
éprouvent des sentiments d'amour pour leur mère et de rivalité avec
leur père. L'enfant résout ce complexe en s'identifiant avec le parent
du même sexe et en internalisant les normes et les valeurs du surmoi.
Complexe
d'Électre.
Le complexe d'Electre,
introduit par Jung, est un analogue au complexe d'Oedipe, mais il est vécu
par les filles et se déploie de façon différente. Les filles ressentent
de l'attirance pour leur père et de la rivalité avec leur mère. De la
même façon, l''enfant résout ce complexe en s'identifiant avec la mère
et en intériorisant les normes et les valeurs du surmoi.
Complexe
de castration.
Le complexe de castration
est un complexe où l'enfant ressent de l'anxiété liée à la peur de
la castration; il est généralement associée à des désirs sexuels.
La peur de la castration est liée, selon Freud, à la transition de l'enfant
d'un état d'unité avec la mère vers un état de séparation et d'indépendance.
Cette transition implique la perte de la complétude narcissique. Elle
joue aussi un rôle, pour les psychanalystes, dans la manière dont les
enfants intègrent leur identité de genre et développent leur orientation
sexuelle. Ce complexe est résolu par l'acceptation du rôle de genre et
de la différenciation entre les sexes.
Complexes
de supériorité et d'infériorité.
Les individus peuvent
développer des complexes d'infériorité ou de supériorité basés sur
des évaluations qu'ils font d'eux-mêmes par rapport à d'autres personnes.
Le travail thérapeutique peut aider à revoir ces évaluations et à atteindre
un équilibre réaliste et positif.
Complexe
de l'ombre.
Le complexe de l'ombre
est un concept développé par Carl Jung. Il se réfère aux parties inconscientes
et refoulées de la personnalité qui contiennent des aspects de soi que
l'on rejette ou ne reconnaît pas consciemment. Ce concept est résolu
en intégrant ces aspects refoulés pour atteindre un équilibre psychologique.
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La
psychanalyse, selon une IA (Stable Diffusion).
La psychanalyse,
méthode clinique.
La
psychanalyse clinique est une approche de la psychothérapie et de l'évaluation
psychologique basée sur les principes et concepts de la psychanalyse.
En tant que méthode
de psychologie clinique, la psychanalyse repose sur des séances où le
patient parle librement, exprimant sous la guidance d'un psychanalyste
ses pensées et émotions par un processus d'association libre qui
vise à révéler l'existence de souvenirs, désirs et images inconscients
qui peuvent être la cause de troubles psychiques ou physiques. La mise
en conscience de ces éléments est vue comme thérapeutique.
L'analyse des rêves
(considérés comme des fenêtres sur l'inconscient) est également employée
pour mettre au jour les pensées et les émotions profondes du patient.
Le transfert et le contre-transfert, qui correspondent aux
sentiments et aux réactions émotionnelles que le patient et le thérapeute
développent l'un envers l'autre, peuvent révéler quant à eux des schémas
relationnels passés et présents du patient.
Une psychanalyse
( = cure psychanalytique) est généralement longue (plusieurs années)
et demande des séances fréquentes (plusieurs par semaine). C'est
la condition d'une exploration en profondeur et une compréhension approfondie
des problèmes psychologiques, mais elle exige un fort engagement tant
de la part du patient que du thérapeute.
L'évolution de
la psychanalyse.
On est frappé de
constater à quel point le vocabulaire et (dans une certaine mesure) les
concepts de la psychanalyse ont infusé dans la culture contemporaine.
Mais, malgré son influence majeure, la psychanalyse a été critiquée
pour son manque de validation empirique (rien ne prouve, par exemple, l'existence
des « complexes » de Freud, ou de « l'inconscient collectif » de Jung
) et son manque de scientificité selon les normes de la méthode
scientifique. Freud et certains de ces successeurs ont également été
critiqués pour des idées et théories considérées comme sexistes et
faussées par de nombreux autres biais.
Les
biais de l'approche freudienne.
Les idées et les
concepts développés par Freud reflètent les normes culturelles et les
valeurs de la Vienne du début du XXe
siècle, et ne sont pas universellement applicables à toutes les cultures
et sociétés. Qui plus est, les cas cliniques utilisés par Freud pour
étayer ses théories étaient souvent basés sur des patients issus de
milieux socio-économiques et culturels similaires. On a noté aussi que
Freud avait des biais personnels et des conflits d'intérêts, susceptibles
d'avoir influencer la manière dont il a interprété et formulé ses théories.
La perspective de
Freud sur la sexualité et le développement est également problématique.
Il avait une vision patriarcale et masculine de la société, faussant
par là la manière dont il a interprété les comportements et les expériences
humaines. Le sexisme de Freud se manifeste en particulier dans sa manière
de conceptualiser le complexe d'Oedipe. De façon générale, il a sous-estimé
le rôle des femmes dans le développement psychique, les reléguant souvent
à des rôles passifs et secondaires. Certains auteurs accusent aussi Freud
d'avoir élaboré des théories sur la sexualité féminine réductrices
et stéréotypées. Par exemple, son
concept de l'« envie du pénis » chez les femmes est basé sur des suppositions
sexuelles dépassées et des généralisations sans fondement concret.
l'antipsychanalyse
de Deleuze et Guattari.
Le philosophe Gilles
Deleuze et le psychiatre Félix Guattari ont formulé des objections
importantes à l'égard de la psychanalyse, en particulier dans leur ouvrage
L'Anti-Œdipe : Capitalisme et schizophrénie (1972). Pour commencer,
ils remettent en question le concept de l'Oedipe. Ils considèrent
que la psychanalyse insiste trop sur le rôle de la famille nucléaire
(père, mère, enfant) et sur les conflits familiaux dans le développement
de l'individu. Ils estiment que cette perspective réduit la complexité
des désirs et des forces qui façonnent l'individu. La théorie freudienne
des pulsions, en particulier, simplifie la diversité des désirs et des
forces qui animent les individus en les réduisant à des catégories telles
que la pulsion de mort et la pulsion de vie. Ils préfèrent une approche
plus nuancée de la psyché. La notion de castration est également remise
en question par Deleuze et Guattari, qui estiment qu'elle réduit la sexualité
à une question de manque et de perte, négligeant ainsi les aspects créatifs
et positifs de la sexualité. Deleuze et Guattari rejettent également
la vision de l'inconscient comme un réservoir de désirs refoulés et
préfèrent une conception de l'inconscient comme un flux continu de désirs
et de signifiants qui ne peut pas être réduit à des significations préétablies.
Ils s'opposent, enfin, à l'idée que l'individu est principalement défini
par son histoire familiale et ses névroses. Ils plaident pour une conception
de l'individu comme un être en constante évolution, façonné par des
forces sociales, culturelles et politiques plus larges.
La
psychanalyse aujourd'hui.
Malgré les critiques
qui ont pu lui être faites, ou du fait justement de ces critiques, la
psychanalyse a donné naissance à de nombreuses écoles de pensée en
psychologie clinique et a influencé la pratique de la psychothérapie,
éclairant de diverses manières la compréhension des troubles mentaux.
Aujourd'hui, la psychanalyse
s'intéresse davantage à la démonstration de son efficacité à travers
des recherches empiriques et des études cliniques. Elle s'appuie aussi
sur un champ d'étude élargi pour mieux comprendre la diversité culturelle
et ses implications dans la vie mentale des individus. La culture, le contexte
social et les variables intersectionnelles
sont intégrés dans l'évaluation et le traitement psychanalytiques. Par
ailleurs, la psychanalyse contemporaine s'intéresse davantage à la compréhension
et au traitement des traumatismes et des expériences adverses précoces,
ainsi qu'à la promotion de la résilience psychologique. Enfin, elle ne
se concentre plus seulement sur le traitement individuel. Il existe ainsi
une psychanalyse relationnelle, qui aborde les dynamiques de groupe et
organisationnelles afin de mieux comprendre les interactions et les processus
inconscients qui influent sur les fonctionnements collectifs.
De plus en plus,
les praticiens ont intégré des éléments de la psychanalyse avec d'autres
approches thérapeutiques, qui offrent une approche plus holistique et
adaptée aux besoins spécifiques du patient. Telle est, par exemple, la
thérapie cognitivo-comportementale (TCC). La
psychanalyse ne peut pas ignorer non plus les apports des neurosciences,
les recherches sur le développement cérébral et la neurobiologie. Ainsi
est née la neuro-psychoanalyse qui étudie les corrélations entre les
processus neurobiologiques et les processus psychiques, en se penchant
sur la manière dont les expériences psychologiques et le développement
du cerveau sont interconnectés.
Avec l'avancée des
technologies, la pratique de la psychanalyse s'étend de plus en plus vers
des formats en ligne, permettant une accessibilité et une flexibilité
accrues pour les patients. Mais cela nécessite une adaptation des pratiques,
mais aussi le développement de règles éthiques spécifiques à la thérapie
en ligne.
Quelques noms
de la psychanalyse.
Les contributeurs
à la psychanalyse sont innombrables, on ne mentionnera que quelques-unes
des figures les plus notables et influentes :
-
•
Sigmund
Freud (1856-1939), fondateur de la psychanalyse, est l'auteur de
nombreux concepts (inconscient, complexe d'Oedipe, refoulement, etc.).
• Carl Jung
(1875-1961) a élargi la théorie psychanalytique en introduisant des concepts
comme l'inconscient collectif,
les archétypes et les types psychologiques.
• Anna
Freud (1895-1982), fille de Sigmund Freud, a travaillé sur la
psychanalyse infantile et sur les mécanismes de défense.
• Melanie
Klein (1882-1960) a apporté des contributions majeures à la psychanalyse
des enfants et a développé la théorie des relations d'objet.
• Jacques
Lacan (1901-1981) a reformulé les concepts freudiens en intégrant
des éléments de linguistique et
de structuralisme et de philosophie. |
•
Heinz
Kohut (1913-1981) a introduit le concept de besoin de réparation narcissique.
• Donald Winnicott
(1896-1971) a travaillé sur la théorie de l'objet transitionnel et a
développé des idées sur la mère suffisamment bonne et l'environnement
facilitateur.
• Wilfred
Bion (1897-1979) a apporté des contributions importantes à la compréhension
des processus de groupe dans l'analyse.
• Françoise
Dolto (1908-1988) a contribué à populariser la psychanalyse en France
et a joué un rôle clé dans le développement de la psychanalyse de l'enfant.
• Nancy
Chodorow (née en 1944) travaille sur la théorie féministe
et la psychologie du genre, en particulier sur les relations mères-filles. |
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