André Gide

André Gide naît dans une famille bourgeoise protestante de Paris. Sa mère, Juliette Rondeaux, est très pieuse et son père, Paul Gide, originaire de l'Hérault, est un professeur de droit à la Sorbonne. Gide perd son père très jeune, à l'âge de onze ans, une épreuve qui renforce le lien avec sa mère, bien qu'elle soit stricte. Enfant solitaire et rêveur, Gide se montre peu intéressé par les études classiques. Il découvre cependant rapidement la littérature et commence à écrire dès son adolescence. En 1891, il publie son premier livre, Les Cahiers d'André Walter, un récit inspiré de ses propres expériences et de ses premières amours. Il se lie à cette époque avec d'autres écrivains et artistes, notamment Paul Valéry et Pierre Louÿs, et rejoint les cercles littéraires parisiens. Ces amitiés et son immersion dans le milieu artistique de l'époque lui permettent de se détacher progressivement de l'influence maternelle et de se définir en tant qu'écrivain.

Les premières œuvres de Gide s'inscrivent dans un registre symboliste, marqué par une quête d'esthétisme et de spiritualité. Dans Le Traité du Narcisse (1891), il analyse la notion de l'amour de soi, thème qu'il revisite à travers toute sa carrière. Avec Paludes (1895), Gide montre une approche plus humoristique et ironique, se distanciant du symbolisme. En 1893, Gide entreprend un voyage en Afrique du Nord, où il découvre des aspects de sa sexualité qu'il avait jusqu'alors refoulés. Ce voyage est un tournant décisif dans sa vie, car il l'amène à s'accepter tel qu'il est, tout en nourrissant sa soif d'exotisme et de liberté. Cette révélation influencera profondément ses écrits, qui deviennent plus introspectifs et subversifs. Son retour en France le mène à se marier en 1895 avec sa cousine Madeleine Rondeaux, un mariage qui, bien que durable, restera platonique.

Les oeuvres de Gide, marquées par une quête constante d'authenticité et de vérité, abordent des thèmes qui remettent en question les normes morales de son époque. On relèvera les titres suivants :

• L'Immoraliste (1902). - Dans ce roman, Gide raconte l'histoire de Michel, un homme qui, après avoir été gravement malade, découvre le désir et l'amour de la vie en même temps qu'il se libère des contraintes morales et sociales. Cette oeuvre, influencée par son expérience en Afrique, examine la tension entre les attentes sociales et la quête personnelle de liberté.

• La Porte étroite (1909). - Ce roman, inspiré par son amour compliqué pour Madeleine, traite du conflit entre amour et renoncement. Gide y décrit le dilemme entre l'idéalisme spirituel et les désirs charnels.

• Les Caves du Vatican (1914). - Un des rares romans humoristiques de Gide. Ce roman introduit le concept d'acte gratuit, incarné par le personnage de Lafcadio, qui commet un meurtre sans mobile apparent. Ce concept influencera les écrivains existentialistes, notamment Jean-Paul Sartre.

• Les Nourritures terrestres (1897). - Oeuvre poétique et philosophique, l'ouvrage est un hymne à la liberté, à la sensualité et à l'exploration des sens. Ce texte a été un livre culte pour la jeunesse des années 1920 et 1930, inspirant de nombreux lecteurs en quête de libération personnelle.

• Si le grain ne meurt (1924). - Dans cette autobiographie, Gide revient sur son enfance, sa découverte de la sexualité et ses premières expériences littéraires. Ce récit met en lumière ses tourments intérieurs et son besoin d'émancipation des conventions familiales et sociales.

• Les Faux-Monnayeurs (1925). - Considéré comme son chef-d'oeuvre, ce roman innovant aborde la recherche de l'authenticité et les conflits moraux à travers des personnages multiples. En mettant en abyme la création littéraire elle-même, Gide propose une structure narrative complexe, rompant avec le roman classique.

André Gide mène une vie marquée par des luttes intérieures, liées en grande partie à son homosexualité. Bien qu'il soit marié à Madeleine, leur relation reste distante et platonique, et Gide décrit ouvertement ses désirs, ce qui le conduit à une prise de position courageuse à une époque où l'homosexualité était largement taboue. En abordant ce thème dans ses écrits, Gide devient l'un des premiers écrivains à traiter ouvertement de la question de l'homosexualité et de la liberté personnelle.

En 1947, Gide reçoit le prix Nobel de littérature pour son "éminente portée artistique" et pour avoir été un “guide spirituel” pour la jeunesse. Cette reconnaissance internationale célèbre son engagement envers la vérité et la liberté individuelle, malgré les controverses suscitées par ses écrits. À la fin de sa vie, il se retire dans le sud de la France, continuant à écrire des journaux et à publier des réflexions littéraires.