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Emmanuel (ou Imannuel)
Kant est un philosophe né le 22 avril 1724 à Koenigsberg
(auj. Kaliningrad), et mort dans cette
même ville, le 12 février 1804. Il était fils
d'un sellier d'origine écossaise. Ses parents, ardents piétistes,
le mirent, à neuf ans, au collège Frédéric,
dirigé par leur protecteur Franz-Albert Schultz, professeur à
la faculté de théologie de Koenigsberg, disciple à
la fois de Spener, fondateur du piétisme,
et de Wolf, l'illustre leibnizien. On destinait
l'enfant à la carrière de pasteur. De 1740 à 1745,
à l'université de Koenigsberg, Kant étudie, à
côté de la théologie,
la physique, et surtout les mathématiques
et la philosophie newtonienne. Il resta longtemps obscur et pauvre. En
1746, il publie : Pensées sur la véritable estimation
des forces vives. Il se fait précepteur, de 1746 à 1755.
En 1755, il achève son Histoire universelle de la nature et théorie
du ciel, où il est traité du système et de l'origine
mécanique de l'univers d'après les principes de Newton.
Cet ouvrage de jeunesse contient des idées cosmogoniques que l'on
retrouvera plus tard développées indépendamment par
Laplace.
En même temps, Kant soutint une thèse
de promotion sur le feu et une thèse d'habilitation : Nouvelle
exposition des premiers principes de la connaissance métaphysique.
Il est nommé privat-docent. Après avoir été
pendant 15 ans simple répétiteur, il obtint en 1770 la chaire
de logique
et de métaphysique à l'Université
de Koenigsberg. C'est alors qu'il écrivit, en 1770, comme thèse
professorale, son premier ouvrage de philosophie
critique : De la forme et des principes du monde sensible et du
monde intelligible. Les trente années qui suivent sont consacrées
à l'élaboration de la philosophie critique. En 1781, paraît
la Critique de la raison pure;
en 1783, un opuscule destiné à faire comprendre le sens exact
de la critique Prolégomènes à toute métaphysique
future visant à se présenter comme science. Les Premiers
principes métaphysiques de la science et de la nature sont de
1786, année où il devient recteur de l'université
de Koenigsberg, un an avant d'être reçu à l'Académie
de Berlin.
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Emmanuel
Kant (1724-1804).
Kant avait commencé à exposer
sa doctrine morale, en 1785, dans le Fondement
de la métaphysique des moeurs
et, en 1788, il approfondit ses idées dans la Critique de la
raison pratique.
La Critique de la faculté de juger
(1790) traite du beau et du sublime, et de la finalité.
En 1793, la Religion dans les limites de la pure raison légitime
la religion par la morale. La théorie du droit
et de la moralité est exposée dans les Principes métaphysiques
de la théorie du droit et les Principes métaphysiques
de la théorie de la vertu, dont l'ensemble constitue la Métaphysique
des moeurs (1797). Il ne quittera sa chaire qu'en 1797 et travaillera
jusqu'à sa mort, en 1804, à un ouvrage resté inachevé,
sur le Passage des principes métaphysiques de la science de la
nature à la physique (1882).
Kant était un homme de très
petite taille, haut de 5 pieds à peine, les os et les muscles peu
développés, la poitrine plate et presque concave, l'articulation
de l'épaule et du bras droit légèrement déboîtée;
le front haut, avec de beaux yeux bleus. Sa tête fut moulée
par Rnorr; ses restes ont été exhumés en 1880 (Besselhagen,
Die Grabstoette Kants, Koenigsberg, 1880).
Kant n'a vécu que pour la philosophie.
Il ne remplit aucune fonction politique, il ne se maria pas. Mais il ne
croyait pas pouvoir être philosophe sans être en même
temps homme. Il voulait être en contact avec les réalités
avant de chercher à les comprendre et à les régler.
Et dans ses plus hautes aspirations il se gardait de franchir les limites
de notre monde. Son objet est d'y vivre par principes.
II se fait lui-même ses principes, mais il les fait absolus,
et il y obéit. Le fonds où se concilient pour lui la loi
et l'indépendance, c'est la raison. Il veut juger et se conduire
par elle. En politique, il professe le libéralisme,
mais il ne saurait séparer la liberté
de l'ordre, et respecte en conscience le pouvoir
établi. En religion, il est rationaliste,
mais il maintient l'esprit du christianisme
et apprécie les services des religions positives. En philosophie,
il attaque le dogmatisme, mais il repousse
le scepticisme. En morale,
il écarte toute loi extérieure, mais
pour se soumettre à un commandement interne plus sévère
que ce qu'il rejette. Hardiesse en matière de spéculation,
respect dans l'ordre des faits et de la pratique : telle est la marque
de son esprit.
Kant fut un penseur plus qu'un écrivain.
Quelques-uns de ses premiers ouvrages comme les Observations sur le
beau et le sublime ou encore la méthodologie de la Critique
de la raison pure,
d'une manière générale les parties où il exprime
ses convictions morales, ont de l'aisance, de l'agrément ou de la
vigueur. Mais dans l'analyse métaphysique
son style est compliqué, laborieux, redondant, et souvent d'autant
plus obscur que l'auteur s'est plus travaillé pour être clair.
L'oeuvre de Kant est une pensée qui cherche sa forme. Plus achevée,
eût-elle autant excité les intelligences?
Voici la liste chronologique des principaux
ouvrages de Kant, lesquels sont, pour la plupart, écrits en allemand
:
-
Pensées
sur la véritable estimation des forces vives, et examen des démonstrations
de Leibniz et autres mécaniciens relatives à cette question(1747).
Kant y concilie les doctrines de Descartes
et de Leibniz sur la mesure de la force d'un
corps en mouvement.
La
Terre a-t-elle subi quelques modifications dans son mouvement de rotation
depuis son origine? (article de revue, 1754). Kant établit,
en s'appuyant sur les principes de Newton,
que la vitesse a dû diminuer.
La
Terre vieillit-elle? Recherche faite au point de vue physique (article,
1754).
Histoire
universelle de la nature et théorie du ciel, où il est traité
du système et de l'origine mécanique de l'Univers d'après
les principes de Newton (1755), célèbre ouvrage qui
parut anonyme, avec une dédicace à Frédéric
II, et qui prélude à l'Exposition du système
du monde, publiée par Laplace en 1796.
Résumé
des méditations sur le feu, 1755 (en latin). La chaleur,
comme la lumière, est un mouvement vibratoire de l'éther.
Nouvelle
explication des premiers principes de la connaissance métaphysique
(1755), thèse en latin pour obtenir
le droit d'être privat-docent. Il y est traité des
principes de contradiction et
de raison déterminante.
Trois
dissertations Sur les Tremblements de terre survenus en 1755 à
Quito et à Lisbonne.
Monadologie
physique (1756), thèse latine; Kant la soutint en vue d'une
présentation pour un professorat extraordinaire, présentation
qui n'eut pas lieu. La monade leibnizienne y est
transformée en atome physique.
Sur
la Théorie des vents (1756), explication exacte des vents
périodiques.
Conception
nouvelle du mouvement et du repos (1758).
Quelques
Considérations sur l'optimisme (1759). Kant y professe que
tout est bon, rapporté à l'ensemble des choses. Dans la fin
de sa vie il renia cet ouvrage leibnizien.
La
Fausse Subtilité des quatre figures syllogistiques (1762).
Seule la première figure est pure et
primitive.
Tentative
d'introduire dans la philosophie le concept des quantités négatives
(1763). L'opposition réelle, dans laquelle les deux termes sont
en eux-mêmes également positifs, est irréductible à
l'opposition logique, où l'un
des deux termes est le contradictoire de l'autre.
L'Unique
fondement possible d'une démonstration de l'existence de Dieu
(1763). Le possible, considéré,
non dans sa forme, mais dans sa matière ou ses data, suppose
l'existence et, finalement, l'existence d'un
être nécessaire.
Etude
sur l'évidence des principes de la théologie naturelle et
de la morale (1764), ouvrage composé en vue d'un concours
qu'avait ouvert l'Académie de Berlin.
Kant
n'obtint que l'accessit : le prix fut donné à Mendelssohn.
Kant oppose, comme Mendelssohn d'ailleurs, la philosophie
aux mathématiques, et conclut que
la méthode de celles-ci ne convient pas
à celle-là.
Observations
sur le sentiment du beau et du sublime (1764), oeuvre de critique
et de moraliste.
Programme
des cours pour le semestre d'hiver 1765-1766. L'éducation
des facultés de l'esprit doit précéder
l'acquisition de la science. Dans cet opuscule
se manifestent des préoccupations critiques.
Les
Rêves d'un visionnaire éclaircis par les rêves de la
métaphysique (1766, anonyme). Cet ouvrage fut composé
à propos des visions de Swedenborg.
Kant y veut être léger et sceptique,
à la manière de Voltaire. La seule
différence entre l'illuminisme et
la métaphysique, c'est que le premier
est le rêve du sentiment, tandis que
la seconde est le rêve de la raison : ceci
ne vaut guère plus que cela. Ne prétendons pas à connaître
l'inconnaissable.
Du
Fondement de la différence des régions dans l'espace (1768).
C'est la réfutation de la théorie leibnizienne de l'espace.
Il est nécessaire, selon Kant, d'admettre un espace absolu universel.
De
la Forme des principes du monde sensible et du monde intelligible
(1770), dissertation en latin écrite par Kant pour acquérir
le droit d'être nommé professeur ordinaire de logique
et de métaphysique. Kant rompt avec
le dogmatisme en ce qui concerne la connaissance
sensible, non encore en ce qui concerne la connaissance intelligible.
Lettres
à Marcus Herz, de 1770 à 1784. Kant cherche une situation
intermédiaire entre l'idéalisme
et le réalisme.
Des
Différentes Races humaines. Les races sont des variétés
devenues stables. Une véritable histoire des êtres naturels
ramènerait sans doute beaucoup de prétendues espèces
à de simples races issues d'une espèce commune.
Critique
de la raison pure
(1781). Une connaissance théorique
suppose à la fois intuition et liaison
nécessaire. La première condition n'étant réalisable
pour nous qu'à propos des choses sensibles, celles-ci sont les seules
que nous puissions connaître théoriquement, Seconde édition
de la Critique (1787). C'est une question très controversée
de savoir si les changements que présente cette seconde édition
portent sur le fond ou seulement sur la forme. |
Rosenkranz,
Schopenhauer, Kuno
Fischer tiennent pour une modification profonde, tendant à rétablir
la chose en soi, qu'avait abolie, selon eux, la première édition.
Selon la témoignage de Kant, la seconde édition fait simplement
ressortir le côté réaliste de la doctrine, méconnu
par certains lecteurs. L'affirmation de Kant se soutient très bien.
La première édition n'abolissait pas la chose en soi, mais
la connaissance théorique de la chose en soi, ce qui est très
différent.
Prolégomènes
à toute métaphysique future visant à se présenter
comme science (1783). Ce court ouvrage donne une exposition analytique
de la doctrine, et dissipe les méprises qui s'étaient produites
au sujet de la première édition de la Critique.
Conception
d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique (article
de revue, 1784).
Réponse
à la question : Qu'est ce que les lumières? (article
de revue, 1784), Les lumières, dit Kant, c'est l'émancipation
de l'intelligence.
Compte
rendu de l'ouvrage de Herder intitulé : Idées concernant
la philosophie de l'histoire de l'humanité (article de revue,
1785). Kant y repousse la doctrine de l'unité
essentielle de la nature et de la liberté.
Etablissement
de la métaphysique des moeurs (1785 ; 4° éd.,
1797). Kant y détermine et y assure le principe fondamental de la
moralité.
Principes
métaphysiques de la science de la nature (1786; 3e éd.,
1800). C'est l'établissement des axiomes
de la physique pure.
Conjectures
sur le commencement de l'histoire de l'humanité (1786).
De
la Médecine corporelle en tant qu'elle ressortit à la philosophie,
discours en latin (1786 ou 1788).
De
l'Emploi des principes théologiques en philosophie (article,
1788).
Critique
de la raison pratique
(1788; 6° éd. 1827). C'est la détermination de la nature
de la loi morale et du genre d'adhésion qui convient aux principes
pratiques.
Critique
de la faculté de juger
(1790; 3° éd., 1799). Kant y traite du fondement et de la valeur
des notions du beau et de la finalité.
Sur
l'Illuminisme et les remèdes à y opposer (1790),
dissertation écrite à propos de Cagliostro.
Sur
l'échec de toutes les tentatives des philosophes en matière
de théodicée (1791).
La
Religion dans les limites de la pure raison (1793; 2° éd.,
1794). C'est la déduction ou légitimation de la religion.
Cela seul y est fondé, qui se rapporte à la morale,
Il faut tendre à rendre la religion purement rationnelle.
Sur
le lieu commun : cela est bon en théorie, mais ne vaut rien dans
la pratique (article de revue, 1793). Kant y rejette cet aphorisme,
non seulement en ce qui concerne la moralité, mais encore en ce
qui concerne le droit politique et le droit
des gens.
De
l'Influence de la lune sur le temps (article, 1794).
De
la Paix éternelle, Essai philosophique (1795). Kant place
dans la paix éternelle le but du développement historique
de l'humanité, et cela, non en vertu du sentiment,
mais en vertu de l'idée de justice.
Principes
métaphysiques de la théorie du droit (1797; 2°
éd., 1798). C'est la théorie du
droit ou de le légalité, telle qu'elle
se déduit de la critique de la raison pratique. Principes métaphysiques
de la théorie de la vertu (1797; 2° éd., 1805). C'est
la théorie de la moralité, telle également qu'elle
suit de la critique. Ces deux écrits ensemble portent le titre de
Métaphysique des moeurs.
La
Dispute des facultés (ouvrage auquel est joint un article
de 1797 : Sur la Puissance qu'a l'esprit de se rendre mettre de ses
sentiments maladifs par sa seule volonté (1798). C'est le conflit
de la faculté de philosophie, représentant
la vérité rationnelle, avec les
trois autres, théologie, droit et médecine, qui représentent
les disciplines positives.
Anthropologie
traitée au point de vue pragmatique (1798; 2° éd.,
1800). L'anthropologie pragmatique est l'art de tirer parti des humains
en vue de ses propres fins.
Logique,
ouvrage de Kant publié par Jäsche (1800).
Géographie
physique, ouvrage de Kant publié par Rink (1802-1803).
Sur
la Pédagogie, ouvrage publié par Rink (1803). Ce
sont des observations tirées d'un cours fait plusieurs fois par
Kant sur ce sujet.
Passage
des principes métaphysiques de la science de la nature à
la physique, ouvrage resté inachevé, écrit
entre 1783 et 1803, publié d'abord par Reicke de 1882 à 1884,
dans les Altpreussische Monatschriften, puis, plus complètement,
par Albrecht Krause (1888). C'est le progrès de la déduction
allant de la métaphysique de la nature
matérielle à la physique expérimentale
considérée comme science, c.-à-d. comme système.
Réflexions
de Kant sur la philosophie critique, publiées par Benno
Erdmann (1882-1884).
Lettres.
Elles ne sont guère qu'au nombre de 100, dont 19 adressées
à Marcus Herz. |
La philosophie
de Kant est l'un des faits les plus considérables de l'histoire
de l'esprit humain. Au début, Kant est disciple de l'école
leibnizo-wolfienne. L'étude de Newton l'amène
à considérer la science comme un
fait, dont il ne s'agit pas de prouver l'existence,
mais de faire comprendre la possibilité.
Par la lecture de Rousseau, il est conduit à
voir dans la moralité un autre fait : pour qu'il y ait une science
nécessaire et universelle et, par conséquent, prévoyant
les phénomènes, il faut qu'une
connaissance a priori des objets de l'expérience
soit possible. Fonder cette possibilité, tel est l'objet de l'Idéalisme
critique. Kant n'admet pas l'intuition intellectuelle
des dogmatiques. Puisque l'esprit
ne peut pénétrer la nature de ses objets, il faut, si l'on
veut sauvegarder l'accord de l'esprit et des choses, condition de la science,
admettre que ce sont les choses qui, en tant que connaissables, acceptent
les lois de l'esprit. Sinon, on aboutit au scepticisme
de Hume, et c'est par réaction contre le
scepticisme que Kant, « réveillé de son sommeil dogmatique
», élabore le système critique. Les choses sont donc
connues comme phénomènes, en tant qu'elles rentrent dans
les intuitions de la sensibilité (espace et temps) et les catégories
de l'entendement, et qu'elles subissent les lois régulatrices de
la raison. En tant qu'elles sont indépendantes de l'esprit qui les
pense, en tant que noumènes, elles sont
inconnaissables. A la métaphysique se substitue la critique.
Se proposant de soumettre à la
critique toutes les connaissances humaines
(d'où sa doctrine a pris le nom de criticisme),
il distingue dans nos connaissances deux parts, l'une qui appartient aux
objets de la pensée et qui nous est donnée par l'expérience
: c'est ce qu'il nomme la matière, l'objectif;
l'autre qui appartient au sujet pensant et que l'esprit tire de son propre
fond pour l'ajouter aux données de l'expérience : c'est la
forme, le subjectif. La raison applique la forme à la matière
comme le cachet donne son empreinte à la cire, puis elle croit voir
comme existant dans les choses ce qui n'est réellement qu'en elle-même.
Kant fait le dénombrement de ces formes qui sont inhérentes
à la raison humaine, et qu'il nomme indifféremment
idées a priori, idées pures, catégories;
à leur tête il place les idées de temps,
d'espace, de substance,
de cause, d'unité,
d'existence, etc. Se demandant ensuite qu'elle
est la valeur de nos connaissances et si nous pouvons légitimement
passer du sujet à l'objet, il déclare que nous ne pouvons
connaître directement que ce qui nous est donné par l'expérience,
que tout le reste est simplement un objet de foi ou de croyance, et qu'ainsi
nos idées d'âme, d'univers, de Dieu,
n'ont aucune certitude objective. Cependant, par une curieuse contradiction,
il accorde en morale à la raison humaine
une autorité qu'il lui refuse en métaphysique
(le noumène, inconnaissable par la sensibilité et l'entendement,
est connu au point de vue pratique par la raison, en tant que soumis à
la loi du devoir); là il croit à la liberté,
à la loi impérative du devoir, à
la nécessité d'une harmonie entre
le bonheur et la vertu, et il se trouve ainsi conduit à rétablir
comme indubitables les vérités qui sont impliquées
dans celles-là, l'existence de Dieu
et l'immortalité de l'âme. En morale,
ce philosophe enseigne une doctrine rigide, fondée sur l'idée
du bien absolu et du devoir, et qui rappelle le
stoïcisme.
-
Emmanuel
Kant, par Joachim Guénin, 1805.
Selon le célèbre historien
de la philosophie moderne, Kuno Fischer, la doctrine
kantienne ne représente rien moins qu'une révolution
analogue à celle qu'accomplit Socrate,
quand il rappela l'humain de l'étude du monde à l'étude
de soi : elle donne en effet pour tâche à l'esprit humain,
non plus de trouver les principes de l'être et de se former une conception
de l'univers, mais de rechercher les conditions de la connaissance,
l'origine et la valeur des éléments de nos représentations.
Windelband écrivait que le rationalisme
de Kant est la concentration en une unité vivante de tous les principes
moteurs de la pensée moderne. Et il est
certain tout d'abord que la philosophie de Kant à présidé
jusqu'au XXe siècle au développement
de la philosophie allemande. De Fichte ou de Schelling
à Wundt ou à Riehl, il n'est pas
de philosophe allemand qui ne continue ou n'élabore les idées
kantiennes. En dehors de l'Allemagne,
le kantisme à exercé une influence de plus en plus forte,
à mesure qu'il a été mieux connu. Réfuté
par les uns, accueilli par les autres, il est devenu un des facteurs essentiels
de la pensée philosophique. En France,
en particulier, au vif intérêt historique dont il a été
l'objet (et qui n'est pas complètement éteint) s'est joint
un intérêt théorique : non seulement il existe un néo-criticisme
français qui est très prospère, mais pendant bien
longtemps, il ne parut guère de dissertation philosophique où
ne fût discuté le point de vue de Kant; et son influence s'est
fait sentir jusque dans les domaines de la littérature
et de la vie sociale. Comprendre le véritable caractère d'une
telle doctrine est chose difficile; le plus sûr sera de faire
abstraction des divers développements qu'elle a pu recevoir, et
de s'en tenir à une scrupuleuse analyse des propres écrits
du philosophe. (B. / E.B./ NLI).
|
Jean-Marie
Vaysse, Le
vocabulaire de Kant, Ellipses Marketing, 2010.
2729853510
Toute
philosophie est invention de concepts et clarification
de notions usuelles, visant à donner "un sens plus pur aux mots
de la tribu". La philosophie de Kant en est le modèle-type : qu'il
s'agisse de mots communs ou de termes techniques, elle redonne du sens
à ce que la langue commune et la tradition scolaire ont oublié
en le figeant dans une pseudo-évidence. Parce qu'il va à
l'originaire, le maître de Koenigsberg ne recherche jamais l'originalité.
Ses mots ont force légiférante et font de lui le "scolarque"
d'une époque. Ne pas se payer de mots c'est alors endurer la patience
du concept dans un travail sur la langue visant à trouver le mot
juste. Comprendre Kant c'est en connaître le vocabulaire. Nous en
exposons ici les mots essentiels, dans un lexique qui est également
un guide de lecture à l'adresse des débutants qui veulent
découvrir sa pensée comme de ceux qui souhaitent l'approfondir.
(couv.)
Parmi
les éditions récentes de Kant : Critique de la raison
pratique, PUF, 2003. - Pour la paix perpétuelle, Le Livre
de Poche, 2002. - Critique de la raison pure, PUF, 2001. - Sur le mal
radical dans la nature humaine (bilingue, prés. Frédéric
Gain), Rue d'Ulm, 2001. - Anthropologie, Flammarion, 2001. - Observations
sur le sentiment du beau et du sublime, Flammarion, 2001. - Géographie,
Aubier, 2001. - Critique de la faculté de juger, Aubier,
2001. - Opus Postumum, PUF, 2000.- Le jugement esthétique,
PUF, 2000. - Recherches sur l'évidence des principes de théologie
naturelle et de la morale, Vrin, 2000. - Considérations sur
l'optimisme, Vrin 1999. - La fin de toutes choses, Actes Sud,
1999. - Prolégomènes à toute métaphysique
future qui pourra se présenter comme science, Vrin, 1994. -
Fondements de la métaphysique des moeurs, Le Livre de Poche,
1993. - Théorie et pratique d'un prétendu droit de mentir,
Flammarion, 1993. - Opuscules sur l'histoire, Flammarion, 1993.
- Correspondance, Gallimard, 1991. - Emmanuel Kant, Les progrès
métaphysiques en Allemagne depuis le temps de Leibniz
et Wolff, Vrin.
F.
Capeilleres, Kant
philosophe newtonien, Le Cerf, 2004.
M.
Crampe-Casnabet, Kant,
le gouvernement de la raison, Bordas 2004.
Benjamin
Delannoy, Burke et Kant, interprètes de la révolution
française, L'Harmattan, 2004. - Collectif, De Kant à
la phénoménologie (Revue Kairos n° 22), Presses universitaires
du Mirail, 2004. - A. Boyer, Kant et Epicure,
le corps, l'âme et l'esprit, PUF, 2004. - David Mavouangui, Emmanuel
Kant, introduction à sa philosophie critique, Paari, 2003. - Alain
Tirzi, Kant et la musique, L'Harmattan, 2003. - Dekens, Comprendre
Kant, Armand Colin, 2003. - Collectif, La philosophie de Kant,
PUF, 2003. - Xavier Zubiri, Cinq leçons de philosophie (Aristote,
Kant, Comte, Bergson,
Husserl), Rééd. L'Harmattan, 2003.
- Christophe Bouriau, Kant, Hachette, 2003. - Du même, Aspects
de la finitude (Descartes et Kant), Presses
universitaires de Bordeaux, 2000. - Gérard Lebrun, Kant et la
fin de la métaphysique, Le Livre de Poche, 2003. Alain Renaut,
Kant Aujourd'hui, Flammarion (Champs), 2001. - Jaakko Hintikka,
Philosophie des mathématiques chez Kant, PUF, 2001.
- Laurent van Eynde, Goethe, lecteur de Kant,
PUF, 1999. - Jean Ferrari, Simone Goyard-Fabre et al., L'Année
1796, Sur la paix perpétuelle, de Leibniz aux héritiers de
Kant, Vrin, 1998. Un peu plus anciens : - Elhanan Yakira, La Causalité,
de Galilée à Kant, PUF, 1993.
- Abdelkader Bachta, L'espace et le temps chez Newton
et chez Kant, L'Harmattan. |
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