L'Antiquité
Les origines anciennes
: Babylone et Égypte.
MĂ©sopotamie.
Les Babyloniens
(2000-300 av. JC) développent des méthodes pour résoudre des équations
linéaires et quadratiques en utilisant des procédures algorithmiques.
Leurs techniques, bien que pragmatiques, posent les bases de l'algèbre
en manipulant des inconnues sous forme de symboles numériques.
Égypte
ancienne.
Les Égyptiens,
bien que moins avancés que les Babyloniens en termes d'algèbre, utilisaient
des méthodes arithmétiques pour résoudre des problèmes simples, comme
des systèmes d'équations linéaires, avec des techniques que l'on trouve
dans le Papyrus Rhind.
La Grèce antique
: l'algèbre géométrique.
Les mathématiciens
grecs ont privilégié une approche géométrique des problèmes algébriques.
Euclide.
Dans ses Éléments,
Euclide
(300 av. J.-C.) résout des équations quadratiques à l'aide de
constructions géométriques. Cette méthode, appelée algèbre géométrique,
reste dominante dans la pensée grecque.
Diophante.
Considéré comme
le "père de l'algèbre", Diophante d'Alexandrie
(IIIe siècle ap. JC) a écrit l'Arithmetica,
un traité qui aborde la résolution d'équations indéterminées (c'est-à -dire
avec plusieurs solutions possibles). Il utilise des symboles pour représenter
les inconnues et leurs puissances, marquant une étape clé vers l'algèbre
symbolique.
Le Moyen âge et la
Renaissance
Le monde musulman
médiéval : l'âge d'or de l'algèbre.
Entre le VIIIe
et le XIIe siècle, l'algèbre connaît
un essor considérable dans le monde arabo-musulman.
Al-Khwarizmi.
Le mathématicien
perse Al-Khwarizmi (IXe
siècle) est considéré comme le fondateur de l'algèbre. Dans son traité
Kitab
al-jabr wal-muqabala (le livre de la restauration et de la réduction),
il systématise la résolution des équations linéaires et quadratiques.
C'est de son nom que dérive le terme "algèbre".
Khayyam.
Omar
Khayyam (XIe siècle) développe des
solutions géométriques pour des équations cubiques et propose une classification
systématique des équations algébriques. Il anticipe l'utilisation
des coordonnées pour résoudre ces problèmes.
La Renaissance
en Europe : l'algèbre devient symbolique.
Aux XVe
et XVIe siècles, l'algèbre se développe
de manière spectaculaire en Europe, notamment en Italie.
Fibonacci.
Avec son Liber
Abaci, LĂ©onard de Pise (Fibonacci, XIIIe
siècle) contribue à la diffusion des chiffres arabes et des méthodes
algébriques dans toute l'Europe.
Del
Ferro, Tartaglia et Cardan.
Scipione del Ferro,
Niccolò
Tartaglia et Gerolamo Cardano (XVIe
siècle) réussissent à résoudre les équations cubiques et quadratiques.
Cardano (Cardan), dans son Ars Magna (1545), publie pour la première
fois ces solutions, jetant les bases de l'algèbre moderne.
Viète.
François
Viète (XVIe siècle) est l'un des
premiers à utiliser des lettres pour représenter des inconnues et des
coefficients dans les équations. Cela marque l'émergence de l'algèbre
symbolique.
De 1600 Ă 1900
La formalisation
algébrique.
Le XVIIe
siècle marque un tournant avec l'apparition de nouvelles notations et
une abstraction croissante.
Descartes.
Dans son Géométrie
(1637), René Descartes (1596-1650) introduit
la méthode des coordonnées cartésiennes, reliant l'algèbre à la
géométrie. Il popularise l'utilisation systématique des lettres pour
représenter les variables et les coefficients.
Newton
et Leibniz.
Bien que plus connus
pour leur rôle dans l'invention du calcul différentiel et intégral,
les travaux d'Isaac Newton et de Gottfried
Wilhelm Leibniz ont grandement influencé l'algèbre, en particulier
à travers l'étude des séries infinies et des équations fonctionnelles.
Vers une algèbre
plus abstraite
Au XVIIIe
siècle, l'algèbre progresse vers une abstraction plus poussée.
Euler.
Leonhard
Euler (1707-1783) développe de nombreuses notations algébriques encore
utilisées aujourd'hui, comme e pour la base des logarithmes naturels
et i pour l'unité imaginaire.
Lagrange.
Joseph-Louis
Lagrange (1736-1813) Ă©tudie les racines des Ă©quations polynomiales
et développe des méthodes pour comprendre la nature de ces solutions,
posant les bases de la théorie des groupes et de l'algèbre abstraite.
La formalisation
et les premières abstractions au XIXe
siècle.
Gauss.
Bien que son travail
soit antérieur à 1800, Carl Friedrich Gauss (1777-1855)
a profondément influencé l'algèbre au XIXe
siècle. Il a abordé des domaines tels que la théorie des nombres et
la résolution des équations polynomiales, et ses contributions à l'algèbre
linéaire ont été fondamentales.
Cauchy.
Augustin-Louis
Cauchy (1789-1857) a contribué à la formalisation de l'algèbre et
a influencé le développement de la théorie des fonctions complexes,
en mettant l'accent sur la rigueur et la méthodologie.
Galois.
Évariste
Galois (1811-1832) a révolutionné l'algèbre en introduisant la théorie
des groupes pour résoudre les équations polynomiales. Son travail, qui
est resté largement incompris de son vivant, a jeté les bases de la théorie
de Galois, une branche essentielle de l'algèbre moderne.
Abel.
Niels
Henrik Abel (1802-1829) a démontré que les équations polynomiales
de degré supérieur à 4 ne peuvent pas être résolues par radicaux en
général, renforçant les résultats de Galois et établissant des bases
solides pour la théorie des équations.
Depuis 1900
L'algèbre abstraite
et la théorie des groupes.
Hilbert.
David
Hilbert (1862-1943) a formalisé l'algèbre en introduisant les espaces
de Hilbert, qui ont une importance majeure en algèbre linéaire et en
analyse fonctionnelle. Ses espaces de Hilbert sont essentiels dans les
mathématiques modernes et la physique quantique.
Cayley.
Arthur
Cayley (1821-1895) a contribué à la théorie des matrices et à l'algèbre
linéaire. Il a introduit des concepts comme les matrices de Cayley et
les groupes de permutations.
Noether.
Emmy
Noether (1882-1935) a développé la théorie des anneaux et des corps
de manière systématique, introduisant des concepts essentiels comme les
idéaux et les anneaux noethériens. Ses théorèmes, notamment le théorème
de Noether, ont eu un impact profond sur la théorie des groupes et l'algèbre
abstraite.
L'algèbre abstraite
et la théorie des catégories
Von
Neumann.
John
von Neumann (1903-1957) a joué un rôle clé dans le développement
de l'algèbre linéaire et de la théorie des matrices. Ses travaux ont
été fondamentaux dans la mécanique quantique et les mathématiques appliquées.
Lang.
Serge Lang (1927-2005)
a écrit de nombreux ouvrages influents sur l'algèbre abstraite, notamment
sur la théorie des groupes, l'algèbre commutative et la géométrie algébrique.
Eilenberg
et Mac Lane.
Samuel Eilenberg
(1913-1998) et Saunders Mac Lane (1909-2005) ont co-développé la
théorie des catégories, qui fournit un cadre général pour comprendre
les structures algébriques et les relations entre elles. Cette théorie
est maintenant une pierre angulaire des mathématiques modernes.
L'algèbre contemporaine
et ses applications.
Applications
en cryptographie.
L'algèbre moderne
joue un rĂ´le central dans la cryptographie, en particulier avec les algorithmes
basés sur la théorie des nombres et des groupes, comme les courbes elliptiques.
Théorie
des groupes et des algèbres non commutatives.
L'Ă©tude des groupes
de Lie, des algèbres de Lie et des algèbres non commutatives devient
essentielle pour les théories avancées en physique et en mathématiques,
notamment en théorie des cordes et en géométrie différentielle.
Algèbre
computationnelle.
Avec l'avènement
des ordinateurs, l'algèbre computationnelle est devenue un domaine important,
utilisant des algorithmes pour résoudre des problèmes complexes en algèbre
linéaire, en théorie des nombres et en géométrie algébrique. Des logiciels
comme Mathematica et Maple sont devenus des outils indispensables
pour les mathématiciens et les ingénieurs. |