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Histoire de l'Europe
L'histoire de l'Espagne
[géographie de l'Espagne]
Aperçu

L'Espagne antique
Les Ibères

L'Espagne médiévale
Le royaume wisigothique
Al-Andalus, l'Espagne musulmane
Les royaumes chrétiens et la Reconquista
L'Aragon
La Castille

Le Siècle d'Or

Le XVIIe siècle

Le XVIIIe siècle
Les premiers Bourbons
Le règne de Charles III
La montée des périls

Le XIXe siècle 

L'Espagne depuis 1898

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L'Espagne paléolithique et Néolithique.
Au cours du Paléolithique (avant 8000 av. JC), les habitants de la péninsule ibérique étaient des chasseurs-cueilleurs. Des sites comme les grottes d'Altamira, célèbres pour leurs peintures rupestres, témoignent de l'activité humaine dès cette période. Au Néolithique (5000 - 3000 av. JC), l'agriculture et l'élevage sont introduits, transformant les modes de vie. Les premiers villages permanents apparaissent, et les cultures mégalithiques se développent. Des dolmens et des menhirs répartis dans toute la péninsule remontent à cette époque.

Ă‚ge du bronze. 
L'Introduction de la mĂ©tallurgie du bronze, vers 3000 avant notre ère,  permet la fabrication d'outils, d'armes et d'objets dĂ©coratifs. La technologie de la fonte du bronze se diffuse dans toute la pĂ©ninsule ibĂ©rique vers 2000 av. JC. 

A cette époque, il existait des échanges commerciaux étendus, notamment avec les cultures de la Méditerranée orientale. On importatait de métaux, d'objets en bronze et d'autres biens de luxe. Certains peuples de la Méditerranée orientale, tels que les Mycéniens et les Phéniciens, ont également des comptoirs commerciaux sur les côtes espagnoles, introduisant de nouvelles technologies et pratiques commerciales.

L'archéologie révèle à cette époque l'existence en Espagne de plusieurs traditions culturelles :

Los Millares.
Localisée en Andalousie, la culture de Los Millares (vers 3200 à 2200 av. JC) se signale par ses ses fortifications complexes édifiées sur des hauteurs stratégiques et ses tombes mégalithiques.

El Argar. 
La culture d'El Argar (environ 2200 Ă  1550 av. JC), localisĂ©e dans le sud-est de l'Espagne (rĂ©gions actuelles de Murcie et AlmerĂ­a), se caractĂ©rise par des structures urbaines avancĂ©es, une sociĂ©tĂ© hiĂ©rarchisĂ©e, divisĂ©e en classes sociales, avec des Ă©lites possĂ©dant des objets en bronze et des sĂ©pultures richement fournies. 

Culture des Baléares .
La culture des Baléares (vers 1000-123 av. JC) est caractérisée par des constructions mégalithiques appelées talayots, navetes et taulas. Elle estr associée à des sociétés tribales vivant de l'agriculture, de élevage et de la pêche, mais aussi avec une forte composante guerrière.

Culture des Champs d'urnes.
Principalement localisée dans la région de la Catalogne et du nord-est de la péninsule, la culture des Champs d'urnes (1200-750 av. J.-C.) est attestée en divers sites ailleurs en Europe. Elle se signale par la pratique de l'incinération et inhumation des cendres dans des urnes. Les populations associées pratiquaient l'agriculture et l'élevage et ont connu l'introduction de la métallurgie du fer.

Ă‚ge du Fer (environ 800 Ă  200 av. J.-C.)
L'adoption de la métallurgie du fer permet la production d'outils et d'armes plus efficaces et durables. Des techniques de forgeage et de travail du fer sont développées. Plusieurs cultures s'épanouissent dans la Péninsule à cette époque, à commencer par celles des Ibères et des Celtes.

Les Ibères.
Les Ibères (800 av. JC. - 100 ap. JC), un ensemble de peuples autochtones, habitent principalement la côte est et le sud-est de la péninsule (Catalogne, Valence, Murcie, Andalousie orientale).. Ils développent une culture distincte avec des cités-états, une écriture propre (écriture ibérique), des céramiques sophistiquées et des sculptures comme la célèbre Dame d'Elche. Les sociétés ibériques sont organisées en tribus et principautés. L'économie repose sur l'agriculture, l'élevage, la métallurgie, et le commerce, en particulier avec les Grecs et les Carthaginois.

Les Celtes :
 Les Celtes  (700-100 av. JC) arrivent en Espagne au cours du premier millĂ©naire av. JC. Ils occupant le nord et le centre de la pĂ©ninsule  (Galice, Asturies, LĂ©on, Castille-et-LĂ©on) et sont organisĂ©s en sociĂ©tĂ©s tribales avec une culture matĂ©rielle distincte, influencĂ©e par les Celtes d'Europe centrale. On leur doit la constructions de castros ( = villages fortifiĂ©s).

Les Celtibères.
Au fil du temps, les Celtes se sont mĂ©langĂ©s avec les populations ibĂ©riques locales, formant la culture celtibère. Les Celtibères  (vers 600-100 av. JC) occupent principalement la rĂ©gion centrale et nord de l'Espagne (Soria, Guadalajara, Teruel) et vivent dans des oppida (villages fortifiĂ©s). C'est une sociĂ©tĂ© guerrière, connue pour ses  chevaux et ses mercenaires.

Influences phéniciennes, grecques et carthaginoises.
Les PhĂ©niciens fondent des comptoirs commerciaux tels que celui de Gadir (Cadix) vers 1100 av. JC, qui deviendra l'entrepĂ´t de toutes les autres colonies qu'ils ont crĂ©Ă©es dans la BĂ©tique, pour en exploiter les mines d'or et d'argent. A partir, du VIe siècle av. JC, les Grecs visitent les cĂ´tes orientales, oĂą ils ne fondent qu'un petit nombre d'Ă©tablissements permanents (ex. : EmpĂşries). En revanche, les Carthaginois, peuple issu des PhĂ©niciens, vont se montrer beaucoup plus prĂ©sents. Il renforcent leur prĂ©sence en Espagne (Cadix, Málaga, Carthagène), et contrĂ´lent des portions importantes de la cĂ´te mĂ©diterranĂ©enne. Tous ces contacts ont des effets culturels et Ă©conomiques importants : introduction de l'alphabet phĂ©nicien et grec et Ă©changes de produits. On constate aussi les influences des divers cultures mĂ©diterranĂ©ennes  dans la production artistique (sculptures en pierre et bijoux en mĂ©tal), ainsi que dans les pratiques et les croyances religieuses. 

La culture des Tartessiens.
SituĂ©e dans le sud-ouest de la pĂ©ninsule, autour de l'actuelle Andalousie (Huelva, SĂ©ville et Cadix), la vieille cuture tartessienne (vers 1100-550 av. JC) est influencĂ©e par les PhĂ©niciens. Tartessos est mentionnĂ©e par les Grecs comme une rĂ©gion prospère et riche en mĂ©taux. 

L'Espagne des Romains Ă  la Reconquista.
Les Romains.
Les Romains commencent la conquête de la péninsule ibérique après la Deuxième Guerre punique (218-201 av. JC). Ils rencontrent une résistance farouche des tribus ibériques et celtiques, avec des figures telles que Viriatus. Cependant, la péninsule est progressivement intégrée à l'Empire romain. Les Romains resteront maîtres de la Péninsule jusqu'au Ve siècle de notre ère, faisant de l'Espagne une province du nom d'Hispania.

Quand l'Empire romain tomba, l'Espagne connut un sort analogue à celui des autres pays soumis à la domination romaine. Tandis que, du Rhin aux Pyrénées, la domination gallo-romaine avait été remplacée par celle de trois populations germaniques : les Francs, les Burgondes, et les Wisigoths; au Sud des Pyrénées, la puissance romaine fut remplacée par celle des Suèves, des Vandales et des Alains, qui l'envahirent en 409. Le royaume que les Suèves y fondèrent dans la Galice, la Lusitanie et la Bétique, fut détruit par Léovigilde, roi des Wisigoths, en 585. Les Vandales ne firent qu'un court séjour dans la Bétique, et passèrent en Afrique. Les Alains, dont une partie avait suivi les Vandales en Afrique, succombèrent en 418 sous les coups de Wallia, roi des Wisigoths.

Les Wisigoths.
Présents en Espagne dès 415, pour y rétablir l'autorité romaine, les Wisigoths se rendirent maîtres du pays sous leurs rois Théodoric II, 453-466, et Euric, 466-484. Ce dernier est, l'auteur de la collection de lois appelée Forum Judicum, que le roi Ferdinand fit traduire en castillan, sous le nom de Fuero Juzgo. Les Wisigoths étaient arrivés en Espagne ariens; mais la conversion au Catholicisme de leur roi Récarède, en 587, détermina celle de toute la nation. Les célèbres conciles de Tolède et les enseignements de saint Léandre et de son frère saint Isidore, évêques de Séville, ont puissamment contribué à installer dans le pays cette foi chrétienne. La monarchie des Wisigoths, dont le siège fut établi à Toulouse en 419, transféré à Narbonne en 508, et à Tolède en 512, était élective (L'Espagne au Moyen Âge).

Vers la fin du Ve siècle, l'Espagne presque tout entière, sauf la partie Nord-Ouest, Ă©tait dĂ©jĂ  au pouvoir des Wisigoths. Vers la fin du  siècle suivant, la conquĂŞte Ă©tait complète. Les nouveaux maĂ®tres du pays, qui fondèrent ainsi en Espagne, une sorte d'empire unitaire, adoptèrent la langue romane. Ce fut l'ère de splendeur de l'empire des Wisigoths. Mais leur puissance se disloqua ensuite pour faire place au morcellement de la fĂ©odalitĂ©; après quoi, l'on vit paraĂ®tre de nouveau un autre État unitaire. Cependant, ce dĂ©veloppement fut interrompu par la domination des Arabes, venus d'Afrique Ă  partir de 712. Vainqueurs de Rodrigue (Roderic), dernier roi de la monarchie wisigothique, Ă  la bataille de Jerez de la Frontera, les Arabes achevèrent en trois ans la conquĂŞte de l'Espagne, qui devint une province de l'empire des califes Omeyyades (L'Espagne musulmane).

Les Arabes.
La domination arabe allait jeter un vif Ă©clat, fit fleurir les arts et les sciences, se distingua mĂŞme par sa tolĂ©rance religieuse, mais elle devait ĂŞtre vite contestĂ©e. Les anciens maĂ®tres du pays, les Wisigoths chrĂ©tiens, qui avaient Ă©tĂ© refoulĂ©s dans les montagnes des Asturies, au Nord, par les musulmans, s'y maintinrent dans une sorte d'indĂ©pendance. Les chefs wisigoths et les populations qui les avaient suivis proclamèrent don PĂ©lage (Pelayo) roi en 718. Ce premier roi des Asturies, mort en 737, inaugura par une première victoire une longue pĂ©riode, appelĂ©e la Reconquista, qui allait durer sept siècles, et au cours de laquelle les Arabes  allaient ĂŞtre refoulĂ©s vers le Sud (Les royaumes chrĂ©tiens au Moyen âge). 

La Reconquista.
Pelage eut pour successeur son fils Favila. Alphonse Ier, auquel on donna le surnom de Catholique, Ă©tait fils du duc des Cantabres et gendre de PĂ©lage. Il profita des divisions qui paralysaient les forces des Arabes pour reconquĂ©rir la plus grande partie de la Galice, une partie du Portugal et de la Navarre, le royaume de LĂ©on et la Castille. Abderrahman Ier fonda en Espagne en 756 un empire omeyyade, indĂ©pendant des califes Abbassides d'Orient, et dont la capitale Ă©tait Cordoue. Il prit le titre d'Emir-al-MoumĂ©nin, c'est-Ă -dire chef des croyants. Froila, fils et successeur d'Alphonse Ier, dĂ©fit en 760 les Arabes, et bâtit avec le produit du butin qu'il leur enleva la ville d'Oviedo, dont il fit sa capitale. Mais il se rendit odieux par le meurtre de son frère, et fut assassinĂ© par les grands du royaumes, qui placèrent sur le trĂ´ne d'Oviedo son cousin germain Aurèle. Bermude Ier, frère d'Aurèle, quoique diacre, porta la couronne de 788 Ă  791; mais il la restitua Ă  Alphonse Il, dit le Chaste, fils de Froila, qui remporta une grande victoire sur les troupes du calife Hescham en 794. Ce calife, qui fit au christianisme une guerre impitoyable, obligea tous ses sujets chrĂ©tiens Ă  parler et Ă  Ă©crire la langue arabe Ă  l'exclusion de la leur. Son fils et successeur, Al-Hakkam, passa sa vie, dans ses voluptueux jardins de Cordoue (L'Espagne musulmane). 

Abderrahman II, fils d'Al-Hakkam, ne se plaisait qu'Ă  nuire aux chrĂ©tiens, suivant l'expression plutĂ´t partisane d'un historien espagnol. Ramire Ier et Ordoño Ier, son fils, dignes successeurs d'Alphonse le Chaste, se signalèrent par leur piĂ©tĂ© et par leurs exploits contre les Arabes et contre les Vikings. Après un règne glorieux, Alphonse III, dit le Grand, forcĂ© d'abdiquer par les prĂ©tentions Ă  la couronne de son fils aĂ®nĂ© Garcia, partagea ses États, et donna la Galice avec ses conquĂŞtes au Portugal Ă  son deuxième fils Ordoño. L'exemple de ce partage, imitĂ© par ses successeurs, devint funeste Ă  l'Espagne. Ordoño Il transporta en 914 le siège du gouvernement d'Oviedo Ă  LĂ©on, et depuis cette Ă©poque les souverains espagnols sont appelĂ©s rois de LĂ©on. Son frère Froila II fut un tyran. Alphonse IV, fils d'Ordoño II, montĂ© sur le trĂ´ne en 924, le cĂ©da Ă  son frère Ramire II en 927; et se retira dans le monastère de Sahagun. Il voulut reprendre la couronne en 928; mais son frère lui fit crever les yeux, et l'enferma dans une prison, oĂą il mourut en 932. Ramire II remporta en 938 contre le calife Abderrahman III une victoire Ă©clatante, que les Espagnols attribuèrent Ă  l'intercession de saint Jacques, et le nom de cet apĂ´tre devint dès lors leur cri de guerre. Ordoño III, fils de Ramire II, battit les Arabes, et leur prit Lisbonne en 953. 

Sanche Ier, autre fils de Ramire II, s'empara du trône devenu vacant par la mort d'Ordoño III. Il lui fut disputé par Ordoño le Mauvais, fils d'Alphonse IV. Ramire III, fils et successeur de Sanche Ier, perdit une bataille contre les grands du royaume révoltés, et mourut en 982. Sous Bermude II, fils d'Ordoño III. Almanzor, régent de l'empire de Cordoue, porta la dévastation dans les États chrétiens de la péninsule, prit et rasa de fond en comble la ville de Léon en 996. Mais Bermude, Garcia Il, roi de Navarre, État fondé en 831, et le comte de Castille, oubliant les dissensions qui avaient favorisé les succès des Arabes, s'unirent contre Almanzor, et le défirent dans les champs de Calatañazor en 998. Alphonse V, fils de Bermude II, rebâtit la ville de Léon, et fut blessé mortellement au siège de Viseu en 1027. Bermude III succéda à son père Alphonse V, et maria sa soeur avec Ferdinand Ier, second fils de Sanche III, dit le Grand, roi de Navarre, à qui son père donna la Castille, qui fut érigée en royaume en 1033. Sanche III laissa en mourant, en 1035, le royaume de Navarre à Garcia, l'aîné de ses fils, l'État de Sobrarbe à Gonzalo, le troisième, et l'Aragon à Ramire, son fils naturel.

L'État de Sobrarbe se fondit bientĂ´t dans le royaume d'Aragon, dont l'origine date de ce partage. Bermude III fut tuĂ© en 1037, dans une bataille contre Ferdinand Ier, Ă  qui il voulait reprendre les places qu'il lui avait donnĂ©es avec la main de sa soeur. En lui s'Ă©teignit la postĂ©ritĂ© masculine de l'Ă©tage. Ferdinand Ier fut son hĂ©ritier, et rĂ©unit les couronnes de LĂ©on et de Castille. Depuis l'usurpation du trĂ´ne de Cordoue par Mahmoud al-Mahadi en 1000, plusieurs ambitieux aspirèrent Ă  la souverainetĂ© de l'empire arabe, dont une sanglante anarchie hâta la ruine. Un prince de la famille des Omeyyades, Hescham III, occupa une dernière fois le trĂ´ne des califes de 1027 Ă  1038, et pĂ©rit massacrĂ© par ses sujets. Ainsi finit le califat des Omeyyades en Espagne, et du dĂ©membrement de l'empire de Cordoue se formèrent autant de principautĂ©s (Ă©mirats) indĂ©pendantes et rivales qu'il comptait de villes importantes (Saragosse, Valence, Tolède, SĂ©ville, etc.). 

Ferdinand Ier divisa ses États entre ses trois fils et ses deux filles; mais Sanche le Fort, qui avait eu en partage la Castille, voulut dĂ©pouiller ses frères et ses soeurs de leur hĂ©ritage, et fut tuĂ©, par trahison, en 1072, devant Zamora, domaine de sa soeur Urraca. Garcia, qui avait reçu la Galice et le Portugal, fut enfermĂ© en 1075 dans le château de Lima par son frère Alphonse VI, roi de LĂ©on, qui rĂ©unit les trois couronnes. Les forces de l'Islam s'accrurent en 1086 par l'arrivĂ©e en Espagne des Almoravides, venus du Maroc, d'oĂą les avaient appelĂ©s les Arabes de la pĂ©ninsule. Le mariage de l'infante Urraca, fille unique d'Alphonse VI, avec le comte Raymond, de la maison française de Bourgogne, fit passer la couronne de Castille et de LĂ©on dans cette maison par l'avènement au trĂ´ne, en 1126, d'Alphonse VIII, nĂ© de cette union. Après les coups portĂ©s Ă  l'islam par Alphonse le Batailleur, roi d'Aragon, Alphonse VIII soutint  contre les Arabes les couleurs de la chrĂ©tientĂ©. L'ordre religieux d'Alcantara prit naissance sous son règne, et celui de Calatrava sous celui de Sanche, son fils. Cette chevalerie religieuse, bâtie sur les dĂ©bris de l'ordre des Templiers s'investit puissamment dans la poursuite de la Reconquista (Les royaumes chrĂ©tiens au Moyen âge). 

Vers ce mĂŞme temps, Alphonse Henriquez conquit le titre de roi de Portugal par une victoire remportĂ©e sur les musulmans en 1139. Mais le partage des États d'Alphonse VIII entre ses deux fils, Sanche III, roi de Castille, et Ferdinand II, roi de LĂ©on, affaiblit la puissance des chrĂ©tiens. Ferdinand II enleva plusieurs places aux musulmans, et repeupla les villes de son royaume que la guerre avait laissĂ©es dĂ©sertes. Il apaisa aussi les troubles de la Castille, qu'il gouverna comme tuteur de son neveu Alphonse IX, fils de Sanche III, et mourut en 1188. Son fils et successeur, Alphonse IX, fut excommuniĂ© par le pape Innocent III pour avoir Ă©pousĂ© sans dispense sa cousine BĂ©rengère, fille d'Alphonse IX, roi de Castille. II remporta en 1230 une grande victoire sur les Arabes, et mourut cette mĂŞme annĂ©e. Alphonse IX, roi de Castille, un des plus grands princes qui aient rĂ©gnĂ© en Espagne, fut battu par les Almohades Ă  Alarcos en 1193. Mais il gagna sur eux, dans la Sierra Morena, en 1212, la bataille de Las Navas de Tolosa, ainsi appelĂ©e du nom des plaines (navas en espagnol) oĂą elle se donna. 

De cette sanglante journée date la décadence de la puissance musulmane en Espagne. Alphonse IX eut pour successeur son fils Henri Ier, mort en 1217, et Ferdinand, fils de Bérengère de Castille et d'Alphonse IX, roi de Léon, fut reconnu alors roi de Castille, et devint roi de Léon à la mort de son père, en 1230. Ces deux royaumes furent ainsi réunis pour ne plus se séparer Sanche IV, deuxième fils d'Alphonse X, s'empara du trône en 1284, au détriment des infants de La Cerda, fils de son frère aîné, Ferdinand, mort en 1275, et cette usurpation, qu'on prétendit fonder sur le droit des Goths, fut pour l'Espagne, une source de longues discordes. A la faveur de ces troubles, les rois musulmans de Grenade, soutenus par leur coreligionnaires d'Afrique, reprirent plusieurs places aux chrétiens. Mais Alphonse XI, par une victoire remportée avec l'aide d'Alphonse IV, roi du Portugal, sur les bords du Salado en 1340, porta le dernier coup à leur puissance. Les rois musulmans d'Afrique cessèrent désormais de venir au secours de ceux de la Péninsule, et le royaume de Grenade, le dernier État musulman en Espagne, ne subsista jusque vers la fin du siècle suivant qu'à la faveur des divisions qui paralysaient les forces chrétiennes. Le mariage d'Isabelle, parvenue au trône de Castille en 1474, avec Ferdinand le Catholique, héritier du royaume d'Aragon en 1479, constitua la monarchie espagnole par la réunion de ces deux couronnes. Ce couple royal mit fin au règne des Arabes en Espagne. Grenade fut reconquise en 1492. C'est cette même année que les caravelles de Christophe Colomb atteignent l'Amérique, ouvrant la voie à ce qui va devenir l'empire colonial espagnol (Les Grandes découvertes).

Une Espagne trop catholique.
Dans l'esprit fanatique de l'Ă©poque, la destruction de la puissance musulmane ne pouvait ĂŞtre consommĂ©e que par l'expulsion des Juifs (La Diaspora juive), qui furent  les victimes d'un dĂ©chaĂ®nement de haine. Cette mesure d'expulsion fut exĂ©cutĂ©e dans cette mĂŞme annĂ©e 1492. L'Inquisition, que Ferdinand et Isabelle Ă©tablirent Ă  SĂ©ville en 1481, eut officiellement pour but de combattre l'apostasie, devenue frĂ©quente chez les Juifs convertis. Philippe II, dont les vues Ă©taient essentiellement catholiques, allait se servir de l'institution, plus politique que religieuse, de Ferdinand et d'Isabelle, pour couronner l'oeuvre de son père Charles-Quint, et pour achever de fonder la monarchie absolue en Espagne (L'Espagne pendant la Renaissance). 
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Escurial : Tombeaux des rois d'Espagne.
Tombeaux de rois d'Espagne, à l'Escurial, près de Madrid.
Source : The World Factbook.

L'acquisition du royaume des Deux-Siciles et de la Navarre espagnole par Ferdinand le Catholique, la dĂ©couverte et la conquĂŞte du Mexique, du PĂ©rou et des autres possessions espagnoles en AmĂ©rique du Sud sous Chartes-Quint, et la rĂ©union du Portugal Ă  l'Espagne sous Philippe II, avaient fait de la monarchie espagnole la première puissance de l'Europe. Mais cette monarchie, arrimĂ©e au catholicisme le plus rĂ©actionnaire et intolĂ©rant, n'avait cessĂ© d'accumuler des fautes de tout genre, Après l'expulsion des Juifs (1492) eut lieu, sous Philippe III, celle des Maures (1609); une foule d'Espagnols, Ă©crasĂ©s Ă  la fois par la misère et la chape de plomb que le rĂ©gime faisait peser sur eux, Ă©migraient en masse et allaient chercher fortune en AmĂ©rique ou dans les autres colonies; enfin, les guerres continuelles devaient prĂ©cipiter bientĂ´t la ruine du pays qui se vit enlever successivement, en 1609, sept des 18 provinces des Pays-Bas, en 1640, le Portugal, en 1659, le Roussillon et la Franche-ComtĂ©, de 1674  Ă  1679. En trois-quarts de siècle, l'Espagne perdit ainsi sa population, son industrie et sa vigueur. Ce dĂ©clin fut consommĂ© lorsque la branche de la maison de Habsbourg-Autriche, qui gouvernait l'Espagne depuis 1516, s'Ă©teignit Ă  la mort de Charles II, en 1700. 

Les  Bourbons d'Espagne.
La maison de Habsbourg-Autriche fut remplacĂ©e par la maison de Bourbon, et Philippe V, premier roi de cette dynastie, fut forcĂ© de renoncer, par les traitĂ©s qui terminèrent la guerre de la Succession, Ă  toutes les possessions europĂ©ennes de l'Espagne hors de la PĂ©ninsule (L'Espagne au XVIIIe siècle). Ses deux successeurs: Ferdinand VI et Charles III, s'efforcèrent comme lui de relever l'Espagne de son abaissement. Mais le dernier s'entoura de ministres nourris des idĂ©es des Lumières, qui se heurtèrent rapidement au conservatisme ambiant. La monarchie espagnole Ă©tait arrivĂ©e au dernier terme de sa dĂ©cadence lorsque NapolĂ©on Ier profita des dissensions entre Charles IV et son fils Ferdinand pour placer sur le trĂ´ne d'Espagne, en 1808, son frère Joseph. Mais la nation se souleva avec Ă©nergie contre la domination Ă©trangère. Ses efforts furent dirigĂ©s par une ,junte centrale et une rĂ©gence, Ă©tablies d'abord Ă  SĂ©ville, puis Ă  Cadix, oĂą fut promulguĂ©e, en 1812, une constitution rĂ©digĂ©e par des Cortès extraordinaires sur le modèle de la constitution française de 1791. 
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Cortčs de Cadix (1812).
Le serment des Cortès de Cadix, en 1812.

L'issue de la campagne de Russie aida les Espagnols, secourus par les Anglais, Ă  repousser les Français de leur territoire. Ferdinand VII, rendu Ă  son pays en 1814, Ă©tait incapable d'en guĂ©rir les plaies (L'Espagne au XIXe siècle). Une expĂ©dition vainement destinĂ©e Ă  replacer les colonies rĂ©voltĂ©es d'AmĂ©rique sous l'autoritĂ© de la mĂ©tropole s'insurgea en 1820 Ă  Cadix, et la constitution de 1812 fut imposĂ©e au roi. Remis en libertĂ© en 1825 par une armĂ©e française, il changea en 1830 par unauto acordato, conforme d'ailleurs Ă  l'ancienne constitution castillane, l'ordre de succession Ă©tabli en 1713 par Philippe V, et suivant lequel les femmes n'Ă©taient appelĂ©es Ă  rĂ©gner qu'Ă  dĂ©faut de toute postĂ©ritĂ© mâle. Sa fille Isabelle, qu'il avait fait reconnaĂ®tre pour son hĂ©ritière par les Cortès en 1853, lui succĂ©da cette mĂŞme annĂ©e, sous la tutelle de sa mère, Marie-Christine. Mais don Carlos, frère de Ferdinand VII, soutenu par le parti opposĂ© aux idĂ©es du libĂ©ralisme moderne, fit valoir ses prĂ©tentions Ă  la couronne, et une longue et cruelle guerre civile dĂ©sola l'Espagne. 

Une constitution, promulguĂ©e en 1834, sous le nom de Statut royal (Estatuto real), Ă©tablit le gouvernement constitutionnel, avec deux chambres, le sĂ©nat et le congrès, sans satisfaire les exigences rĂ©volutionnaires. Une quadruple alliance des cours de Paris, Londres, Madrid et Lisbonne ne rĂ©ussit pas Ă  calmer les agitations de la PĂ©ninsule. Les ministères se succĂ©dèrent sans remĂ©dier Ă  l'anarchie. Le pays tout entier Ă©tait en proie Ă  la division des Carlistes, des ModĂ©rĂ©s et des ExaltĂ©s ou Progressistes. Une insurrection militaire força, Ă  la Granja, en 1836, la rĂ©gente Marie-Christine d'accepter la constitution de 1812. Des Cortès constituantes s'assemblèrent, et proclamèrent en 1837 une constitution qui modifiait celle de 1812 dans le sens de la constitution française de 1850. Une convention conclue Ă  Bergara, en 1839, par la trahison du gĂ©nĂ©ral carliste Maroto, avec l'armĂ©e d'Isabelle, mit don Carlos dans l'impossibilitĂ© de continuer une lutte que Cabrera essaya vainement de prolonger. Mais un mouvement progressiste Ă©clata en 1840 contre le parti modĂ©rĂ©; Marie-Christine fut obligĂ©e de se rĂ©fugier en France, et les Cortès attribuèrent la rĂ©gence Ă  Espartero en 1841. La confiscation de biens de l'Église, commencĂ©e sous Marie-Christine fut poursuivie, et le pape protesta en 1842. Une manifestation gĂ©nĂ©rale (pronunciamento) força Espartero de s'enfuir en Angleterre en 1843. Les Cortès dĂ©clarèrent la reine Isabelle Il majeure, et reproduisirent en 1845 la constitution  de 1837 rĂ©visĂ©e. 

Le règne d'Isabelle II.
Une insurrection militaire, dite des Vicalvaristes, parce qu'elle eut lieu à Vicalvaro, et à la tête de laquelle figura le général O'Donnell, imposa à la reine en 1854 un ministère formé par un accord passager du maréchal Espartero, chef des partis révolutionnaires, et du général O'Donnell, chef du parti constitutionnel. Des Cortès constituantes votèrent en 1855 une nouvelle constitution, basée sur la souveraineté du peuple et violatrice du concordat conclu avec le Saint-siège en 1851. Le pouvoir royal fut annulé et la monarchie menacée dans son existence. Espartero se retira du ministère en 1856, et le général O'Donnell resta maître du pouvoir après une lutte sanglante à Madrid et à Barcelone.

Isabelle II rĂ©tablit la constitution de 1845 et le concordat de 1851, dont, une convention conclue avec le saint-siège en 1859 garantit l'exĂ©cution. L'Espagne, dont les Marocains contestaient continuellement les prĂ©sides en Afrique, dĂ©clara en 1859 au Maroc une guerre qui fut très populaire chez une nation que son histoire avait rendue sensible Ă  la propagande contre l'Islam. CommandĂ©e par le gĂ©nĂ©ral, puis marĂ©chal O'Donnell, l'expĂ©dition espagnole remporta sur les Marocains deux victoires signalĂ©es, dont la dernière, la prise de TĂ©touan, fut suivie de la prise de cette ville en 1860. L'empereur de Maroc demanda alors la paix, qui lui fut accordĂ©e Ă  la condition d'une cession de territoire, du paiement d'une indemnitĂ© de guerre et de l'Ă©tablissement Ă  Fès d'une maison de missionnaires espagnols. 

Une tentative de renversement du gouvernement de la reine Isabelle Il en faveur du comte de Montémolin, fils aîné de don Carlos, faite en 1860 par le général Ortega, capitaine général des Îles Baléares, échoua complètement. Le comte de Montémolin et son frère, don Ferdinand, furent arrêtes près de Tortosa. Ils furent ensuite compris dans une amnistie générale accordée par la reine Isabelle II, et furent transportés hors d'Espagne. Ils renoncèrent à leurs prétentions au trône; mais leur frère, l'infant don Jean, déclara qu'il n'y renonçait pas. Le comte de Montémolin et l'infant don Ferdinand moururent presque subitement, le premier à la fin de 1860, et le second au commencement de 1861.

L'Espagne a uni ses armes à celles de la France dans une expédition dirigée, en 1858 et années suivantes, contre l'empire d'Annam dans la Cochinchine et le Cambodge, pour tirer vengeance du sang des missionnaires catholiques répandu par le souverain de cet empire. Le but de cette expédition fut atteint en 1862 par le traité de paix imposé à l'empereur d'Annam. L'Espagne avait résolu, par une convention signée à Londres en 1860, d'intervenir, avec la France et la Grande-Bretagne, pour mettre un terme à l'anarchie au Mexique; mais, au début de l'entreprise, elle renonça, avec la Grande-Bretagne, à en poursuivre l'exécution, dont la France resta seule chargée.

Le règne d'Isabelle II continua d'ĂŞtre troublĂ© par de nombreuses rĂ©voltes ou insurrections militaires. En 1868, une rĂ©volution Ă©clata, dirigĂ©e par des chefs militaires revenus d'exil. Isabelle, sentant sa cause perdue, se rĂ©fugia en France (septembre), d'oĂą elle lança une protestation contre la rĂ©volution. A Madrid, Serrano maĂ®tre de la situation, fut dĂ©signĂ©, par la junte de la capitale, comme chef du gouvernement provisoire. Le 1er juin 1869, les Cortès constituantes votèrent la nouvelle Constitution, qui conservait la monarchie constitutionnelle. Le 15 juin, ces mĂŞmes Cortès nommèrent Serrano rĂ©gent du royaume, en attendant qu'un candidat fĂ»t dĂ©signĂ© pour occuper le trĂ´ne. Alors commencèrent, en vue de trouver ce candidat, les nĂ©gociations difficiles dont un des Ă©pisodes fut la candidature du prince LĂ©opold de Hohenzollern, d'oĂą devait sortir la guerre franco-allemande (1870-1871). 
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Ancienne carte d'Espagne.
Carte de l'Espagne et de ses anciennes provinces (Tomas Lopez, fin du XVIIIe s.).

De la Ire RĂ©publique Ă  la Guerre de 1898.
Au mois de juin 1870, Isabelle avait formellement abdiqué ses droits en faveur de son fils Alphonse; mais Alphonse ne fut pas accepté. Finalement, le duc d'Aoste, Amédée, second fils de Victor-Emmanuel, accepta la couronne et fut proclamé roi par les Cortès, le 16 novembre 1870. Mais il ne devait régner que peu de temps. Il ne trouva d'appui nulle part, et, découragé, il abdiqua, le 11 février 1873.

C'est alors que la république (Ire république) fut proclamée par les Cortès. Elle ne dura que du 11 février 1873 au 21 décembre 1874. Les républicains, dont le plus en vue était Emilio Castelar, ne surent pas créer un gouvernement stable et viable. Le pays était presque tombé en état d'anarchie, lorsque, le 29 décembre 1874, le général Martinez Campos fit un pronunciamiento, et proclama roi d'Espagne le fils d'Isabelle, Alponse XII. Ce fut la seconde Restauration des Bourbons.

Alponse XII mourut le 25 novembre 1885, après un règne relativement réparateur. Sous lui on organisa, en Espagne, un semblant de régime parlementaire. Il se forma donc deux grands partis : celui des conservateurs, dirigé par Canovas, et celui des libéraux, ayant Sagasta pour chef. Les débuts du règne furent troublés par une nouvelle guerre carliste (1875-1876), qui fut réprimée assez facilement. Quand Alphonse XII (28 ans) mourut, la reine, Marie-Christine, était enceinte. Elle prit la régence. Le 17 mai 1886, elle mit au monde un fils, qui fut immédiatement proclamé roi sous le nom d'Alphonse XIII. L'Espagne assista à une décadence du régime parlementaire, que Canevas et Sagasta avaient eu tant de peine à organiser. A l'extérieur, ce fut une catastrophe nationale que l'Espagne a subit. La guerre contre les États-Unis (mai-août 1898) lui fit perdre le reste de son empire colonial (Cuba, Porto Rico, les Philippines, Guam), auquel elle a renoncé par le traité de Paris du 10 décembre 1898 (L'Espagne au XIXe siècle).

L'Espagne au XXe siècle.
La crise suscitée par la défaite de 1898 s'est prolongée pendant les premières décennies du XXe siècle, qui sont aussi celles du règne d'Alphonse XIII, monté sur le trône en 1902. Et si le pays décide de rester neutre pendant la Première Guerre mondiale, il n'en demeure pas moins miné par l'instabilité gouvernementale chronique et les difficultés économiques. Des mouvements sociaux éclatent un peu partout, mais principalement en Catalogne(1917) et dans les régions les plus industrialisées. Ils sont durement réprimés. Le Maroc, devenu protectorat de l'Espagne en 1912 se soulève en 1921 (Guerre du Rif) et ajoute à la crise du régime. En 1923, Alphonse XIII, laisse le général Miguel Primo de Rivera instaurer une dictature, mais l'enlisement de l'Espagne au Maroc, et sont impopularité croissante l'obliquent à quitter le pouvoir en 1930. Il est remplacé quelques mois par un autre dictateur, le général Berenger, qui ne réussit pas mieux. L'année suivante, la république est proclamée et le roi doit s'exiler.

Les élections donnent la majorité la gauche, qui tente de moderniser l'Espagne en la transformant en une démocratie parlementaire laïque. L'autonomie de certaines régions est proposée, en même temps qu'une grande réforme agraire. Ces mesures se heurtent à une vive opposition des partis conservateurs. Ceux-ci parviennent à s'allier pour remporter les législatives de 1933. Le gouvernement qui accède alors au pouvoir est rapidement confronté à une insurrection dans le pays minier des Asturies, qui sera matée par le général Francisco Franco. En février 1936, la gauche, qui s'est radicalisée, revient au pouvoir. En juillet la grogne au sein de l'armée aboutit à un soulèvement d'une grande partie de l'Armée. Franco qui en est l'un des chefs en prend la direction complète en octobre 1936. La guerre civile durera jusqu'en 1939 et se terminera par une victoire des franquistes.

Très éprouvée par cette guerre, l'Espagne reste neutre lors du Second conflit mondial, et connaît une après-guerre encore très difficile. Le régime répressif imposé par Franco ajouté à l'effondrement de l'économie plonge le pays dans un désarroi dont il ne commence à sortir qu'au bénéfice de la Guerre froide. Les États-Unis prennent pied en Espagne en 1953 et commencent à apporter une assistance économique. L'Espagne entre à l'ONU en 1955 et retrouve une existence diplomatique. Franco parvient ainsi à se maintenir au pouvoir jusqu'à sa mort en 1975. La monarchie des Bourbons est alors restaurée. Le roi Juan Carlos qui monte sur le trône organise rapidement un retour à la démocratie. Un nouvelle constitution est adoptée en 1978. Les grognements, au début des années 1980, de l'arrière-garde franquiste, restée puissante dans l'Armée, n'empêcheront pas la démocratie de s'ancrer solidement. Les socialistes du PSOE, dirigé par Felipe Gonzalez dominent la vie politique entre 1982 et 1996. Cette année-là, c'est la droite modérée du Parti Populaire (PP) de Jose Maria Aznar qui remporte les élections et conserve le pouvoir pendant huit ans (deux législatures).

Le premier quart du XXIe siècle.
Années de croissance et de crise.
MalgrĂ© le problème du terrorisme basque qui semble devoir rester sans solution, malgrĂ© aussi l'envoi en Irak, au cĂ´tĂ©s des AmĂ©ricains, de troupes espagnoles, qui suscite une vive opposition de la majoritĂ© de la population, Aznar reste, Ă  l'approche des Ă©lections de mars 2004, le grand favori. Mais le 11 mars des attentats terroristes Ă  Madrid font 191 morts et environ 2000 blessĂ©s. Aznar impute immĂ©diatement l'attentat Ă  l'oragnisation terroriste basque ETA, alors mĂŞme que les preuves de la responsabilitĂ© d'un rĂ©seau islamique s'accumulent. Un mensonge qui retourne l'opinion. Lors du scrutin, quelques jours plus tard, les socialistes, conduits par JosĂ© Luis Rodriguez Zapatero gagnent les Ă©lections. Rodriguez Zapatero est nommĂ© prĂ©sident du conseil en avril. Parmi les premières initiatives du nouveau gouvernement, on mentionnera : le retrait des troupes d'Irak en mai 2004, la lĂ©galisation de 800 000 immigrĂ©s "sans-papiers", en fĂ©vrier 2005, une offre, en mai, de pourparlers de paix avec l'ETA et la lĂ©galisation du mariage homosexuel, en juin. 

Le gouvernement Zapatero a également soutenu l'adoption de la constitution européenne, approuvée par référendum en février 2005. Le 18 juin 2006, un autre référendum a approuvé l'élargissement de l'autonomie de la Catalogne. L'année 2006 s'est toutefois terminée par une note discordante : après avoir répondu favorablement, en mars 2006, à la proposition de pourparlers faite par le gouvernement, par l'annonce d'un cessez-le-feu, l'ETA a revendiqué un nouvel attentat, le 30 décembre 2006, à l'aéroport de Madrid (2 morts, 19 blessés), ce qui a conduit la suspension des négociations.

Les premières annĂ©es de la dĂ©cennie 2000 avaient Ă©tĂ© marquĂ©es par une forte croissance Ă©conomique, alimentĂ©e par une bulle immobilière et un afflux massif d'investissements Ă©trangers. Le taux de chĂ´mage avait considĂ©rablement et l'Ă©conomie espagnole se modernise. Tout change avec la crise financière mondiale de 2008 qui provoque l'Ă©clatement de la bulle immobilière en Espagne, entraĂ®nant une grave rĂ©cession Ă©conomique. Le chĂ´mage atteint des niveaux record, dĂ©passant 25 % Ă  son pic. Le secteur bancaire est particulièrement touchĂ©, et plusieurs grandes banques nĂ©cessitent des sauvetages financiers. Le gouvernement met en śuvre des mesures d'austĂ©ritĂ© sĂ©vères pour rĂ©duire le dĂ©ficit public, ce qui entraĂ®ne des manifestations massives et des tensions sociales.

Redressement Ă©conomique.
À partir de 2014, l'économie espagnole commence à se redresser, avec une croissance du PIB et une réduction progressive du chômage. Le gouvernement introduit des réformes économiques et du marché du travail pour améliorer la compétitivité et attirer les investissements étrangers.

Le mouvement pour l'indépendance de la Catalogne prend de l'ampleur, culminant avec le référendum d'octobre 2017, jugé illégal par le gouvernement espagnol. Les tensions entre Barcelone et Madrid restent élevées.

En 2018, Pedro Sánchez, du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), devient Premier ministre après une motion de censure contre Mariano Rajoy, du Parti populaire (PP).

La pandémie de covid-19 frappe durement l'Espagne, avec un nombre élevé de cas et de décès. Le gouvernement impose des confinements stricts et des mesures sanitaires pour contrôler la propagation du virus. La pandémie provoque une nouvelle récession économique, avec une augmentation du chômage et des défis pour de nombreux secteurs, notamment le tourisme et l'hôtellerie.

Le gouvernement met en śuvre un plan de relance Ă©conomique financĂ© en grande partie par les fonds de l'Union europĂ©enne, axĂ© sur la transition Ă©cologique, la transformation numĂ©rique et la rĂ©silience Ă©conomique.

L'Espagne continue de faire face à des défis en matière de gestion de l'immigration, de réforme du système de santé, et de résolution des tensions politiques, notamment avec la Catalogne.

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