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La
Guerre
froide, période de tensions idéologiques et politiques entre les
États-Unis
et l'Union soviétique (URSS), débute après
la Seconde Guerre mondiale en
1945 et se prolonge jusqu'à la fin des années 1980. Elle a été ponctuée
par plusieurs crises et événements clés, durant lesquels la méfiance
et les luttes d'influence se sont concrétisés dans des conflits par procuration,
des courses technologiques et militaires, et des divisions politiques et
économiques majeures.
Les origines de
la Guerre froide (1945-1947).
À la fin de la
Seconde Guerre mondiale, les Alliés ont des objectifs divergents concernant
l'avenir de l'Europe et la répartition des zones d'influence. Les États-Unis,
l'URSS et le Royaume-Uni se rencontrent
aux Conférences de Yalta (février 1945) et
de Potsdam (juillet 1945) pour décider du
sort de l'Allemagne et des pays libérés.
Cependant, la méfiance entre les Alliés grandit, notamment sur la question
de l'Europe de l'Est, que l'URSS veut garder sous son influence. Dans son
discours du « Rideau de fer » à Fulton (mars 1946) , Churchill dénonce
l'expansion de l'influence soviétique en Europe de l'Est, marquant symboliquement
le début de la Guerre froide.
La doctrine Truman
et le plan Marshall (1947-1950).
Trois événements
fondateurs illustrent la rivalité idéologique et politique entre les
Etats-Unis et l'URSS : la doctrine Truman, le plan Marshall et la division
de l'Allemagne. Ils illustrent bien la montée des tensions entre les États-Unis
et l'URSS et l'installation progressive d'un monde bipolaire divisé entre
un bloc capitaliste à l'Ouest et un bloc communiste à l'Est.
La
doctrine Truman.
La doctrine Truman,
énoncée le 12 mars 1947 par le président américain Harry S. Truman,
marque une rupture dans la politique étrangère des États-Unis, qui s'engagent
désormais à contrer l'expansion du communisme dans le monde. En réponse
à la menace d'une prise de pouvoir communiste en Grèce
et en Turquie, Truman propose une aide
financière et militaire pour aider ces pays à préserver leur indépendance.
Cette doctrine repose sur l'idée du containment ou endiguement,
élaborée par le politologue George F. Kennan, et qui visait à stopper
la progression de l'influence soviétique et à soutenir les gouvernements
opposés au communisme. Elle constitue le point de départ officiel de
la Guerre froide et la base de la politique étrangère américaine pendant
plusieurs décennies.
Le
Plan Marshall (1947-1951).
Le plan Marshall,
du nom du secrétaire d'État américain George Marshall, est annoncé
en juin 1947. C'est un programme d'aide économique pour la reconstruction
de l'Europe dévastée par la guerre, mais
il vise aussi à réduire l'influence communiste en offrant une alternative
économique et politique à celle de l'URSS. Le plan propose une aide de
plus de 12 milliards de dollars, destinée principalement aux pays d'Europe
occidentale. Si tous les pays européens sont invités à en bénéficier,
l'Union soviétique et ses satellites refusent cette aide, la percevant
comme une tentative de contrôle américain. Le plan Marshall contribue
ainsi à renforcer le clivage Est-Ouest et marque la consolidation du bloc
de l'Ouest sous l'influence américaine.
Division
de l'Allemagne.
Après la Seconde
Guerre mondiale, l'Allemagne est divisée en quatre zones d'occupation
(américaine, soviétique, britannique et française) et Berlin,
la capitale, est également partagée. Mais rapidement, les divergences
entre les Alliés s'accentuent. En 1949, deux États allemands émergent
: la République fédérale d'Allemagne (RFA) à l'Ouest, sous influence
occidentale, et la République démocratique allemande (RDA) à l'Est,
sous domination soviétique. Berlin, situé en territoire soviétique,
est également scindé en deux, entraînant des tensions croissantes et
culminant avec le blocus de Berlin de 1948-1949. Ce blocus, imposé par
l'URSS pour couper l'accès des Occidentaux à Berlin-Ouest, est contourné
par le pont aérien mis en place par les Alliés pour ravitailler la ville.
Cet épisode renforce la division symbolique entre les deux blocs et la
division de l'Allemagne incarne dès lors la séparation géopolitique
entre le bloc de l'Ouest et celui de l'Est.
Les premières
grandes crises.
Entre 1948 et 1953,
les premières crises de la Guerre froide marquent la confrontation directe
entre les États-Unis et l'URSS, alors que les tensions idéologiques se
transforment en rivalités stratégiques et militaires. Cette période
est jalonnée par trois événements clés : le blocus de Berlin, la création
de l'OTAN et le début de la course aux armements. Ces premières crises
de la guerre froide posent les bases de la confrontation entre les deux
superpuissances.
Blocus
de Berlin (1948-1949).
Le blocus de Berlin
est la première grande crise de la Guerre froide. En juin 1948, en réponse
aux initiatives des puissances occidentales qui entendaient fusionner leurs
zones d'occupation en Allemagne et introduire une monnaie commune (le Deutsche
Mark) pour relancer l'économie, l'Union soviétique impose un blocus total
autour de Berlin-Ouest. Ce blocus vise à couper les voies terrestres et
fluviales permettant l'approvisionnement de Berlin-Ouest et à pousser
les Occidentaux à renoncer à leur présence dans cette enclave au cœur
de la zone soviétique. Pour contrer ce blocus, les États-Unis et le Royaume-Uni
organisent un pont aérien qui dure près d'un an. Chaque jour, des avions
ravitaillent la ville en vivres, charbon et autres ressources. En mai 1949,
face à l'efficacité de ce pont aérien et la détermination des Alliés,
Staline lève le blocus. Cet épisode renforce la division entre les deux
blocs et symbolise la résistance occidentale face à la pression soviétique.
La crise de Berlin a des répercussions directes sur la création de la
RFA et de la RDA et sur la militarisation de la guerre froide.
Création
de l'OTAN (1949).
Face à la menace
soviétique croissante, les États-Unis et leurs alliés occidentaux décident
de former une alliance militaire. En avril 1949, les États-Unis, le Canada
et dix pays européens (dont la France,
le Royaume-Uni, la Belgique et l'Italie)
fondent l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN). L'objectif
de l'OTAN est de garantir une sécurité collective en Europe, les membres
s'engageant à considérer toute attaque contre l'un d'eux comme une attaque
contre tous. L'OTAN marque une rupture dans la politique américaine de
l'après-guerre, car elle implique un engagement militaire en Europe et
la création d'un dispositif défensif permanent contre l'URSS. En réponse,
l'Union soviétique créera en 1955 le pacte de Varsovie, une alliance
militaire entre l'URSS et ses alliés d'Europe de l'Est, consolidant ainsi
la division du monde en deux blocs antagonistes.
Les
articles 4 et 5 du Traité de l'Atlantique Nord. - L'article 4concerne
les consultations en cas de menace. Il permet aux membres de se consulter
lorsque l'un d'eux estime que son intégrité territoriale, son indépendance
politique ou sa sécurité est menacée. C'est un moyen d'assurer la cohésion
des membres face aux crises, même sans recours immédiat à la force militaire.
L'article 5, quant à lui concerne la défense collective. C'est sans doute
l'article le plus célèbre et le coeur du traité. Il stipule que si un
membre est attaqué, cela sera considéré comme une attaque contre tous
les membres, et chacun d'eux prendra les mesures nécessaires pour rétablir
et maintenir la sécurité, y compris par l'usage de la force armée. Cet
article n'a été invoqué qu'une seule fois, après les attentats du 11
septembre 2001 aux États-Unis.
Le
Pacte de varsovie et les pays satellites de l'URSS.
Le Pacte de Varsovie,
officiellement nommé "Traité d'amitié, de coopération et d'assistance
mutuelle", a été constitué en 1955 par l'Union soviétique en réponse
à l'intégration de l'Allemagne de l'Ouest dans l'OTAN. L'objectif principal
de ce pacte était de consolider l'influence soviétique en Europe de l'Est
et de contrebalancer l'influence militaire et politique de l'OTAN. Les
membres fondateurs du Pacte de Varsovie étaient des pays d'Europe de l'Est
sous influence soviétique. Il s'agissait de l'Union soviétique (URSS)
(le pays dirigeant de l'alliance), la Pologne, la République démocratique
allemande (RDA ou Allemagne de l'Est), la Tchécoslovaquie, la Hongrie,
la Roumanie, la Bulgarie
et l'Albanie (qui quitta l'alliance en
1968 à la suite de divergences idéologiques avec l'URSS). A l'image de
l'Otan, le Pacte de Varsovie visait à fournir une assistance militaire
mutuelle en cas d'attaque contre l'un de ses membres. Cependant, son rôle
allait bien au-delà de la défense : il servait également de moyen de
contrôle de l'Union soviétique sur ses pays satellites pour empêcher
tout rapprochement de ceux-ci avec l'Occident. Les troupes soviétiques
étaient stationnées dans ces pays pour veiller au respect de la ligne
politique imposée par Moscou. Le Pacte a également été utilisé par
l'URSS pour intervenir militairement dans les pays satellites (Hongrie
en 1956, Tchécoslovaquie en 1968) lorsque ceux-ci tentaient de s'écarter
de l'influence soviétique. Les pays satellites de l'URSS, bien qu'officiellement
indépendants, étaient sous la forte influence politique et militaire
de l'Union soviétique. Leurs politiques étrangères et économiques
étaient largement dictées par Moscou. Outre le stationnement de troupes
dans ces pays, l'URSS utilisait des méthodes diverses pour garder ces
pays sous contrôle, comme la présence de conseillers politiques et militaires
soviétiques dans les gouvernements et armées nationales ou le contrôle
des ressources économiques et de l'industrie pour intégrer les économies
de ces pays dans le cadre du COMECON, l'équivalent soviétique de la CEE
(Communauté économique européenne). Ajoutons que l'URSS avait aussi
des pays satellites hors d'Europe et du Pacte de Varsovie : La Mongolie
et la Corée du Nord. La Chine communiste elle-même, si elle n'était
pas un "satellite", subissait elle aussi le magistère soviétique.
La course aux
armements et l'équilibre de la terreur.
La course aux armements
et l'équilibre de la terreur ont créé un paradoxe : en augmentant leur
capacité de destruction, les superpuissances ont établi une forme de
paix basée sur la peur d'une anéantissement réciproque.
La
course aux armements nucléaires.
La course aux armements
débute véritablement en 1949, lorsque l'Union soviétique effectue son
premier essai nucléaire, rompant ainsi le monopole atomique des États-Unis.
Cette démonstration de force pousse les Américains à accélérer leur
programme nucléaire, développant dès 1952 la bombe thermonucléaire
(bombe H), bien plus puissante que la bombe atomique. Une rivalité qui
entraîne les deux superpuissances dans une escalade technologique et militaire.
Pour montrer leur force et dissuader toute attaque, les deux pays augmentent
considérablement leurs arsenaux nucléaires et cherchent à détenir les
armes les plus destructrices. Au-delà des armes nucléaires, cette course
s'est étendue aux systèmes de défense (comme les missiles antibalistiques),
aux forces conventionnelles, aux navires, sous-marins et avions militaires.
Elle a trouvé aussi une expression dans la "course
à la Lune", les fusées qui ont envoyé des hommes sur la Lune reposant
sur les mêmes technologies que les missiles intercontinentaux destinés
à menacer l'adversaire.
L'équilibre
de la terreur.
Le concept qui commande
à la course aux armements est celui de l'équilibre de la terreur, lui-même
fondésur une logique de dissuasion nucléaire mutuelle : chaque superpuissance
possède un arsenal nucléaire suffisant pour détruire l'autre en cas
d'attaque. C'est le principe de destruction mutuelle assurée (MAD, pour
Mutually
Assured Destruction). Cela signifie qu'une première frappe nucléaire
provoquerait une réponse immédiate, conduisant à la destruction complète
des deux camps. Chaque superpuissance évite donc d'attaquer l'autre, sachant
que cela conduirait à sa propre destruction. Cet équilibre de la terreur
a paradoxalement préservé une certaine stabilité internationale, car
les deux camps ont compris qu'une guerre nucléaire serait suicidaire.
Les deux superpuissances et d'autres pays, comme la France, ont développé
des capacités de seconde frappe (second strike), c'est-à -dire
la possibilité de riposter même après avoir subi une attaque initiale.
Cela se concrétise notamment par le développement de sous-marins nucléaires
(SNLE) capables de rester cachés et de lancer une attaque de représailles.
Tout au long de la Guerre froide, cet équilibre a créé une situation
où les tensions étaient contrôlées. Bien que de nombreuses crises aient
éclaté (comme la crise des missiles de Cuba en 1962), les deux parties
ont généralement cherché à éviter une escalade.
La guerre de Corée.
La guerre de Corée
(1950-1953) est l'un des premiers conflits majeurs de la Guerre froide,
opposant le Nord, soutenu par l'Union soviétique et la Chine,
au Sud, soutenu par les États-Unis et les Nations Unies.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la Corée, auparavant sous occupation
japonaise, fut divisée le long du 38e
parallèle en deux zones d'occupation : le Nord sous contrôle soviétique
et le Sud sous contrôle américain. En 1948, deux gouvernements distincts
furent établis : la République populaire démocratique de Corée (Corée
du Nord) sous Kim Il-sung, et la République de Corée (Corée du Sud)
sous Syngman Rhee. Les deux gouvernements revendiquaient la souveraineté
sur l'ensemble de la péninsule coréenne, ce qui entraîna des affrontements
frontaliers fréquents. Les États-Unis et l'URSS retirèrent leurs troupes,
mais laissèrent chacun des gouvernements bien armés et soutenus politiquement.
Le 25 juin 1950,
les forces nord-coréennes franchirent le 38e
parallèle et envahirent le Sud, s'emparant rapidement Séoul. Le Conseil
de sécurité de l'ONU, en l'absence de l'URSS qui boycottait les sessions,
adopta une résolution appelant à une intervention militaire pour repousser
l'agression nord-coréenne. Une coalition de forces, principalement composée
de troupes américaines et dirigée par le général Douglas MacArthur,
fut déployée pour soutenir la Corée du Sud. En septembre 1950, les forces
de l'ONU lancèrent une contre-offensive réussie avec le débarquement
d'Incheon, reprenant Séoul
et repoussant les Nord-Coréens au-delà du 38e
parallèle. En octobre 1950, alors que les forces de l'ONU approchaient
de la frontière chinoise, la Chine intervint massivement avec des centaines
de milliers de "volontaires" pour soutenir la Corée du Nord. Cela conduisit
à une série de contre-offensives et de retraites, avec Séoul changeant
de mains plusieurs fois. À partir de 1951, le front se stabilisa autour
du 38e parallèle, et les combats se transformèrent
en une guerre de position. Des négociations d'armistice commencèrent
en juillet 1951, mais les combats se poursuivirent jusqu'en 1953.
Le 27 juillet 1953,
un armistice fut finalement signé à Panmunjom, mettant fin aux hostilités
mais sans traité de paix officiel, laissant la péninsule techniquement
en état de guerre. La ligne de démarcation fut établie près du 38e
parallèle, avec une zone démilitarisée (DMZ) de 4 km de large séparant
les deux Corées. La guerre fit des millions de morts et de blessés, civils
et militaires, et la destruction des infrastructures fut massive.
La Corée du Nord et la Corée du Sud restèrent profondément divisées
politiquement, économiquement et idéologiquement. La guerre de Corée
renforça les tensions de la Guerre froide, solidifiant les alliances militaires
telles que l'OTAN et poussant à la réarmement des États-Unis. Elle marqua
également l'engagement direct de la Chine dans les affaires internationales
et son opposition frontale aux États-Unis.
Crises et tensions
en Europe et au Moyen-Orient (1953-1961).
Alors que la mort
de Staline en 1953 entraîne un « dégel » temporaire des relations entre
les blocs, plusieurs crises majeures - l'insurrection de Budapest, la crise
de Suez et la crise de Berlin - révèlent la persistance des tensions
et l'instabilité de cette période. Ces crises montrent que, malgré des
tentatives de dialogue, la Guerre froide reste marquée par une rivalité
forte. La période 1953-1961 pose les jalons d'une division durable, avec
des lignes de confrontation claire et des interventions militaires et diplomatiques
qui rappellent les ambitions impérialistes des deux superpuissances.
Mort
de Staline et dégel (1953).
La mort de Joseph
Staline, le 5 mars 1953, marque un tournant dans les relations entre l'Est
et l'Ouest. Son successeur, Nikita Khrouchtchev, amorce une phase de «
dégel » avec des signes d'ouverture politique en URSS et des tentatives
de dialogue avec l'Occident. Khrouchtchev critique publiquement les abus
de pouvoir de Staline lors du XXe Congrès
du Parti communiste soviétique en 1956, dans un discours connu pour sa
dénonciation des crimes staliniens. Sur le plan international, ce « dégel
» mène à des efforts pour réduire les tensions, marqués par des rencontres
diplomatiques entre les dirigeants des deux blocs. Cependant, les divergences
idéologiques et géopolitiques demeurent fortes, et le contrôle soviétique
sur les pays satellites d'Europe de l'Est est toujours strict. Les crises
qui suivent démontrent que le « dégel » a ses limites.
Insurrection
de Budapest (1956).
L'insurrection de
Budapest
en octobre 1956 est l'une des premières manifestations de contestation
contre le régime soviétique en Europe de l'Est. Inspirés par les promesses
de libéralisation, les Hongrois demandent
plus de libertés, la fin de la répression politique et le retrait des
troupes soviétiques. Menée par des étudiants et des ouvriers, l'insurrection
gagne rapidement en ampleur. Imre Nagy, un dirigeant réformiste, prend
la tête du gouvernement et annonce des réformes, et aussi la sortie de
la Hongrie du pacte de Varsovie. Cette déclaration est perçue comme une
menace directe par Moscou, qui envoie des chars pour réprimer le soulèvement.
Après quelques jours de combats intenses, l'armée soviétique reprend
le contrôle de Budapest, causant des milliers de morts. Cette répression
brutale rappelle aux autres pays d'Europe de l'Est la fermeté de l'URSS.
Crise
de Suez (1956).
La crise de Suez
en 1956, même si elle ne concerne pas directement les États-Unis
et l'URSS, est un épisode où les tensions de la Guerre froide se déplacent
vers le Moyen-Orient. En juillet 1956, le président égyptien Gamal Abdel
Nasser nationalise le canal de Suez,
jusqu'alors sous contrôle franco-britannique, en réponse au retrait de
l'aide américaine et britannique pour la construction du barrage d'Assouan.
Cette nationalisation provoque une réaction immédiate de la France, du
Royaume-Uni et d'Israël, qui préparent
une opération militaire pour reprendre le contrôle du canal. Les troupes
franco-britanniques et israéliennes envahissent l'Égypte
en octobre 1956, mais l'URSS et les États-Unis, malgré leur rivalité,
s'opposent conjointement à cette intervention. Sous pression internationale,
les forces occidentales se retirent, et la crise se termine par une victoire
diplomatique pour Nasser. La crise de Suez montre l'influence croissante
des États-Unis et de l'URSS au Moyen-Orient et marque un recul des anciennes
puissances coloniales en cette région stratégique.
Crise
de Berlin (1958-1961).
À la fin des années
1950, Berlin reste un point de tension majeur entre les blocs. La crise
de Berlin débute en 1958 lorsque Khrouchtchev demande que Berlin devienne
une « ville libre » et que les puissances occidentales quittent Berlin-Ouest,
où l'exode massif des Allemands de l'Est vers l'Ouest fragilise le régime
communiste. Les États-Unis et leurs alliés refusent cette proposition,
craignant qu'elle ne mène à la prise de contrôle de Berlin-Ouest par
l'URSS. En 1961, les tensions culminent lorsque le régime est-allemand,
avec l'accord de Moscou, construit le mur
de Berlin pour empêcher la fuite massive de ses citoyens vers l'Ouest.
Le mur devient un symbole de la division de l'Europe et de la guerre froide,
séparant familles et amis pendant des décennies. Sa construction est
perçue par l'Occident comme un aveu de faiblesse des régimes communistes
et contribue à intensifier l'antagonisme entre les deux blocs.
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Le Mouvement
des non-alignés
Le Mouvement des
non-alignés (MNA) est un mouvement politique international qui s'est formé
pendant la Guerre froide pour représenter les intérêts des pays qui
souhaitaient rester en dehors des blocs de puissances dominés par les
États-Unis et l'Union soviétique. Les membres du MNA cherchaient à défendre
leur indépendance politique et économique face à l'influence des grandes
puissances tout en promouvant la paix, la justice sociale et la coopération
internationale. Le MNA prend ses racines dans le contexte de la décolonisation
de l'après-Seconde Guerre mondiale, alors que de nombreux pays d'Asie,
d'Afrique, d'Amérique latine et du Moyen-Orient acquéraient leur indépendance.
Ces nouveaux États, souvent issus d'anciennes colonies, aspiraient Ã
une politique étrangère indépendante et à une voix propre dans les
affaires internationales.
Les origines idéologiques
du mouvement sont attribuées à plusieurs dirigeants influents : Jawaharlal
Nehru (Inde), Josip Broz Tito (Yougoslavie),
Gamal Abdel Nasser (Égypte), Sukarno (Indonésie)
et Kwame Nkrumah (Ghana). Ces leaders ont
promu l'idée d'un "non-alignement" vis-à -vis des blocs rivaux, refusant
de s'engager dans une alliance militaire avec l'un ou l'autre, et cherchant
à promouvoir des relations pacifiques fondées sur le respect de la souveraineté.
La première étape
marquante du MNA fut la Conférence de Bandung (Bandoeng) en 1955, tenue
en Indonésie. Cette conférence a rassemblé 29 pays asiatiques et africains,
représentant plus de la moitié de la population mondiale. Les participants
ont adopté une déclaration prônaient la souveraineté nationale, la
non-ingérence dans les affaires intérieures, l'opposition au colonialisme
sous toutes ses formes et la promotion de la paix et de la coopération.
La conférence de Bandung a inspiré le développement du MNA, car elle
a montré la possibilité pour les pays non-alignés de se coordonner face
aux pressions des grandes puissances.
Le MNA fut officiellement
formé lors de la première conférence des pays non-alignés à Belgrade
(Yougoslavie) en 1961, sous l'impulsion de Tito, Nasser, Nehru, et d'autres
leaders. Cette conférence a réuni 25 pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique
latine. Le MNA s'est donné comme mission de représenter les pays qui
ne souhaitaient pas s'engager dans une alliance militaire avec les États-Unis
(OTAN) ou avec l'URSS (Pacte de Varsovie). Le MNA s'est fondé sur dix
principes, appelés Principes de Bandung, parmi lesquels figuraient
le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale, la non-ingérence
dans les affaires intérieures, l'égalité entre les nations, la promotion
de la paix mondiale, le soutien au droit des peuples à disposer d'eux-mêmes,
la coopération économique pour le développement des pays du Sud.
Pendant la Guerre
froide, le MNA a joué un rôle de modérateur et de médiateur dans les
affaires internationales, en plaidant pour la paix et la désescalade des
conflits. Cependant, il a souvent été confronté à des défis internes
et à des contradictions, car certains de ses membres entretenaient des
relations étroites avec l'une des deux superpuissances. Des renversements
d'alliances pouvaient aussi avoir lieu, commandées par des enjeux régionaux.
Ainsi, l'Egypte qui s'était rapprochée de l'URSS après la crise du Canal
de Suez, et qui dans les années 1970 se tournera vers les Etst-Unis.
Le MNA a soutenu
les mouvements d'indépendance dans des régions comme l'Afrique et l'Asie.
Les membres ont cherché à développer des échanges économiques et culturels
entre pays du Sud pour renforcer leur autonomie. Le MNA a plaidé pour
une révision des structures de l'ONU et une plus grande représentation
des pays en développement dans les organisations internationales.
Après la fin de
la Guerre froide en 1991, le MNA a perdu une partie de sa raison d'être,
car le monde bipolaire s'est effondré. Néanmoins, les membres ont poursuivi
leur coopération sur des enjeux mondiaux comme la réforme de la gouvernance
mondiale, la lutte contre la pauvreté et pour le développement durable
et la résistance à l'unilatéralisme. Actuellement, le MNA regroupe environ
120 pays, soit près de deux tiers des membres des Nations Unies, et représente
environ 55 % de la population mondiale. Le MNA reste un forum où les pays
en développement peuvent exprimer leurs préoccupations. Il est aussi
perçu par la Russie de Vladimir Poutine comme un vivier d'alliés ou d'affidés
potentiels, auquel la phraséologie de Moscou a donné le nom de "Sud global". |
La crise des missiles
de Cuba (1962).
Après la révolution
cubaine de 1959, Fidel Castro prend le pouvoir et instaure un gouvernement
communiste, se rapprochant de l'Union soviétique. En 1961, les États-Unis
tentent d'envahir Cuba par la Baie des Cochons
pour renverser Castro, mais cette tentative échoue, renforçant la méfiance
entre Cuba et les États-Unis. En octobre 1962, les États-Unis découvrent
que l'URSS installe des missiles nucléaires à Cuba, à moins de 150 km
des côtes américaines. Le président américain John F. Kennedy instaure
un blocus maritime pour empêcher l'URSS de livrer d'autres armes nucléaires
à Cuba, et exige le démantèlement des installations déjà construites.
Pendant 13 jours, les tensions atteignent leur apogée, les deux superpuissances
étant au bord d'un conflit nucléaire.
Finalement, après
des négociations secrètes, l'Union soviétique accepte de retirer les
missiles de Cuba en échange de la promesse américaine de ne pas envahir
Cuba et de retirer les missiles américains stationnés en Turquie, près
des frontières soviétiques. Cette crise marque le moment où la Guerre
froide a failli se transformer en guerre nucléaire, et elle a conduit
à l'instauration d'une ligne de communication directe entre Washington
et Moscou , le « téléphone rouge », pour prévenir de futures escalades.
La crise a non seulement montré la nécessité de mécanismes pour réduire
les tensions, mais elle a contribué à une période de détente relative
dans les années qui ont suivi. Les deux superpuissances prennent alors
conscience de la menace qu'ils représentent l'un pour l'autre et pour
le monde, incitant à signer le Traité d'interdiction partielle des essais
nucléaires en 1963. Les États-Unis maintiennent cependant l'embargo
contre Cuba, ce qui isole davantage le pays.
La guerre du Vietnam
(1963-1968).
Après la Seconde
Guerre mondiale, le Vietnam est divisé
en deux : le Nord communiste soutenu par l'URSS et la Chine, dirigé par
Ho Chi Minh, et le Sud, non communiste, soutenu par les États-Unis. En
1955, le gouvernement du Sud refuse de participer à des élections nationales,
craignant une victoire des communistes. Une guerre civile éclate entre
le Nord et le Sud, bientôt transformée en guerre par procuration entre
les États-Unis et le bloc communiste. Les États-Unis envoient d'abord
des conseillers militaires dans les années 1950, puis intensifient leur
engagement à partir de 1964 après l'incident du golfe du Tonkin, où
des navires américains auraient été attaqués par des forces nord-vietnamiennes.
En 1965, les États-Unis entament des bombardements massifs sur le Nord
(Opération Rolling Thunder) et envoient des centaines de milliers
de soldats.
Le Nord-Vietnam,
avec le soutien de la guérilla communiste (le Viet Cong) au Sud, mène
une guerre de guérilla efficace contre les troupes américaines et sud-vietnamiennes.
Les conditions de la guerre sont difficiles pour les Américains, qui perdent
le soutien de leur population à mesure que le conflit s'enlise. En 1969,
le président américain Richard Nixon entame un retrait progressif des
troupes américaines, une politique appelée Vietnamisation, laissant la
responsabilité de la guerre aux forces sud-vietnamiennes. En 1973, les
accords de Paris sont signés, mettant fin
à l'intervention américaine, mais le conflit continue. En 1975, le Nord-Vietnam
remporte la guerre, réunifiant le pays sous un régime communiste.
La guerre du Vietnam
est la première guerre diffusée à grande échelle à la télévision,
provoquant une opposition massive parmi les Américains. Les manifestations
pacifistes et le mouvement contre la guerre prennent de l'ampleur, influençant
la politique intérieure et le retrait des troupes. La défaite au Vietnam
est un revers important pour les États-Unis, entraînant une remise en
question de leur politique interventionniste et un affaiblissement temporaire
de leur influence en Asie du Sud-Est. Cette guerre devient par ailleurs
un modèle des conflits par procuration, où des puissances extérieures
soutiennent les parties locales sans s'affronter directement, une stratégie
qui continuera dans d'autres pays pendant la Guerre froide.
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Le soutien
des États-Unis à des dictatures
Entre 1947 et 1991,
les États-Unis ont soutenu de nombreux régimes autoritaires en Amérique
latine, en Afrique, en Asie et au Moyen-Orient. Ils justifiaient ce soutien
par la nécessité de contenir le communisme et de prévenir l'établissement
de gouvernements pro-soviétiques.
Le communisme et
le capitalisme se présentaient comme deux visions du monde opposées,
et la compétition pour l'influence mondiale a incité les États-Unis
à soutenir des gouvernements partageant une économie de marché ou du
moins opposés au socialisme. Or, beaucoup de dictatures soutenues par
les États-Unis défendaient des politiques favorables aux entreprises
américaines, notamment dans des secteurs comme le pétrole, l'agriculture,
et l'exploitation minière. Les États-Unis ont soutenu plusieurs régimes
autoritaires par l'intermédiaire de la CIA, en fournissant une aide financière,
militaire, et parfois en participant activement à la mise en place de
régimes pro-américains :
Les États-Unis ont
soutenu des dictatures militaires dans des pays comme le Chili
du général Pinochet (lui-même mis en place avec l'aide de la CIA), l'Argentine
le Brésil et le Guatemala.
Ces régimes étaient responsables de violations massives des droits humains.
Aux Philippines, le dictateur Ferdinand
Marcos a bénéficié d'un soutien important des États-Unis en échange
de bases militaires. En Indonésie, le général Suharto a reçu un soutien
américain après avoir renversé le président Sukarno en 1965, avec une
répression brutale contre les communistes et leurs sympathisants. Les
États-Unis ont soutenu des régimes comme celui de Mobutu Sese Seko au
Zaïre (actuelle RDC), qui garantissait
un accès aux ressources et une stabilité anti-communiste. Le soutien
américain s'est également concentré sur des régimes qui garantissaient
des politiques pro-occidentales, le régime salazariste au Portugal,
le régime franquiste en Espagne, le régime
de l'apartheid en Afrique du Sud, ou encore celui du Shah d'Iran
avant la révolution de 1979, ainsi que ceux de l'Arabie saoudite et d'autres
monarchies conservatrices.
Le soutien des États-Unis
à ces régimes, contradictoires par rapport aux idéaux démocratiques
affichés par les États-Unis, a engendré de nombreuses conséquences
à court et long terme. Les régimes autoritaires soutenus par les États-Unis
ont fréquemment mené des campagnes de répression brutales contre leurs
opposants. Par exemple, sous la dictature de Pinochet au Chili, des milliers
de dissidents ont été torturés et exécutés. Le soutien à des dictatures
a entaché l'image des États-Unis en tant que champion de la démocratie,
surtout auprès des mouvements pro-démocratie dans ces pays. En soutenant
des régimes répressifs, les États-Unis ont garanti une stabilité temporaire,
mais ces soutiens ont aussi mené à des soulèvements populaires lorsque
ces régimes ont fini par s'effondrer, comme en Iran en 1979. Le soutien
américain aux dictatures a alimenté un sentiment anti-américain dans
de nombreuses régions du monde, car ces régimes étaient perçus comme
des marionnettes des États-Unis, imposant des politiques impopulaires
et répressives. Les conséquences de ces politiques sont toujours visibles
dans certaines régions aujourd'hui, avec des relations internationales
marquées par une méfiance et des tensions héritées de cette période.
Vers la fin de la
Guerre froide, la politique étrangère américaine a commencé à intégrer
davantage de préoccupations relatives aux droits humains, en partie Ã
cause de la pression de l'opinion publique et des organisations internationales.
Cependant, le pragmatisme géopolitique a généralement primé sur l'idéalisme,
comme en témoignent certains soutiens qui ont persisté jusqu'à la fin
de la Guerre froide. |
La Détente (1969-1979).
La période qui
s'étend approximativement entre 1969 et 1979 est vue comme une période
de détente, pendant laquelle on assite à une diminution relative des
tensions entre les États-Unis et l'Union soviétique. La détente a fait
naître des espoirs en offrant un cadre pour des négociations et des limitations
d'armements. Cependant, les rivalités et les méfiances n'ont jamais réellement
disparu, et la crise afghane, en 1979 réactivera la confrontation idéologique
entre les deux blocs, mettant fin à cette période de stabilité fragile.
Contexte
de la détente.
La détente est
une période de relative apaisement des tensions entre les États-Unis
et l'URSS, marquée par des accords de limitation des armements et des
efforts diplomatiques. Cette politique est particulièrement encouragée
par le président américain Richard Nixon et le dirigeant soviétique
Léonid Brejnev. Dans les années 1960, après la crise des missiles de
Cuba (1962), les dirigeants des États-Unis et de l'Union soviétique prenaient
davantage conscience du risque de guerre nucléaire et de l'escalade destructrice
que cela pourrait entraîner. De plus, le coût économique et humain de
la course aux armements poussait les deux puissances à rechercher des
moyens de stabiliser leurs relations. C'est dans ce contexte que s'instaure
la détente, symbolisée par des contacts diplomatiques plus fréquents,
la signature de plusieurs traités de limitation des armements et la volonté
d'éviter les confrontations directes.
Accords
SALT (1972 et 1979).
En 1972, les deux
superpuissances signent à Moscou les accords SALT I (Strategic Arms
Limitation Talks), visant à limiter le nombre de missiles nucléaires
stratégiques. Ces accords marquent un premier pas vers un contrôle des
armements nucléaires. Ces accords sont le fruit des pourparlers entamés
en 1969 entre les États-Unis et l'Union soviétique. Ils ne mettent pas
fin à la course aux armements, mais marquent une première étape significative
vers la réduction des tensions. Ils se divisent en deux parties principales
:
• Le
Traité ABM (Anti-Ballistic Missile). - Il limite les systèmes
de défense antimissile à deux sites par pays, réduisant ainsi la capacité
de chaque puissance à neutraliser les missiles de l'autre et rendant la
dissuasion nucléaire plus stable.
• L'Accord intérimaire
sur les armes stratégiques offensives (Interim Agreement). - Cet
accord provisoire limite le nombre de missiles balistiques intercontinentaux
(ICBM) et de missiles balistiques lancés depuis des sous-marins (SLBM).
En 1979, les accords
SALT II ont poursuivi les discussions entamées dans le cadre de SALT I
et visait à fixer des limites plus strictes sur les arsenaux nucléaires
offensifs. Ils ont été siigné par le président américain Jimmy Carter
et le dirigeant soviétique Leonid Brejnev, SALT II prévoyait de limiter
le nombre total de vecteurs de lancement nucléaire (ICBM, SLBM et bombardiers
stratégiques) à 2400 unités, et d'introduire des restrictions sur les
missiles à têtes multiples (MIRV) et les nouveaux types de missiles pour
éviter des développements technologiques entraînant une augmentation
des capacités de frappe. Bien que signé, le traité SALT II n'a jamais
été ratifié par le Sénat américain en raison de l'invasion de l'Afghanistan
par l'Union soviétique en 1979. Cependant, les deux parties ont initialement
respecté ses termes de manière non officielle pendant quelques années.
Accords
d'Helsinki (1975).
En 1975, les Accords
d'Helsinki sont signés dans le cadre de
la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE) entre
35 pays, dont les États-Unis, le Canada, et les États européens, incluant
les pays du bloc de l'Est. Ces accords abordent des questions de
sécurité, de coopération économique, et de respect des droits et donnent
lieu à une vague de dissidence en Europe de l'Est. Ils sont historiques
pour plusieurs raisons :
• Sécurité
en Europe. - Les frontières européennes sont reconnues comme inviolables.
Un point qui consolide la division de l'Europe entre l'Est et l'Ouest.
• Coopération
économique et technique. - Les signataires s'engagent à promouvoir
la coopération économique et scientifique.
• Droits de
humains. - Un engagement est pris pour le respect des droits
humains, ce qui permet à des mouvements de dissidence dans les pays
du bloc de l'Est de revendiquer plus de libertés.
Bien que non contraignants,
ces accords ont ouvert la voie à un dialogue international plus poussé
et laissent un héritage important dans le domaine des droits humains.
-
Les dissidents
Les gouvernements
communistes des pays de l'Est imposaient une idéologie d'État stricte
et cherchaient à contrôler l'ensemble des aspects de la vie publique
et privée. Les dissidents dans les pays de l'Est pendant la Guerre
froide étaient des individus ou des groupes qui, au péril de leur sécurité
et de leur liberté, s'opposaient ouvertement aux régimes communistes
en place, notamment en URSS, en Pologne, en Tchécoslovaquie,
en Hongrie et en RDA. Ces dissidents dénonçaient les violations des droits
humains, la répression politique, l'absence de libertés, et souvent la
mainmise de l'Union soviétique sur leurs gouvernements nationaux. Leur
résistance a contribué à affaiblir l'autorité de ces régimes et a
joué un rôle dans l'effondrement des systèmes communistes à la fin
des années 1980.
Les dissidents n'étaient
pas des groupes armés, mais plutôt des militants pacifiques qui exprimaient
leur opposition de diverses façons. Les samizdat, par exemple,
étaient des textes critiques envers le régime distribués clandestinement.
Ces publications recopiaient des ouvrages interdits ou des articles critiques
sur les autorités. Les samizdat permettaient aux dissidents de
partager leurs idées malgré la censure. Des intellectuels ou des groupes
rédigeaient des pétitions dénonçant les abus de l'État, parfois adressées
aux dirigeants, Ã l'opinion publique mondiale ou aux organisations internationales.
Les dissidents utilisaient aussi la littérature, le théâtre, la musique,
et l'art pour contourner la censure et exprimer leur critique du régime.
Des artistes, écrivains, et réalisateurs comme Václav Havel en Tchécoslovaquie
ont contribué à cette forme de résistance.
Quelques figures
emblématiques et mouvements dissidents se sont démarqués. Alexandre
Soljenitsyne (URSS), auteur de L'Archipel du Goulag, a dénoncé
les horreurs du système des camps de travail soviétiques (goulags)
et est devenu une voix puissante contre la répression soviétique avant
d'être exilé. Andreï Sakharov (URSS), physicien et lauréat du prix
Nobel de la paix, a critiqué le régime soviétique et milité pour les
droits humains. Il a subi un isolement forcé en raison de ses prises de
position. Solidarnosc (Pologne), le syndicat dirigé par Lech Wałęsa
a lancé un mouvement de grèves et de protestations dans les années 1980.
Solidarnosc
est devenu un symbole de la résistance polonaise et a finalement contribué
à la chute du régime communiste en Pologne. La
Charte 77 (Tchécoslovaquie),
mouvement, dirigé par des intellectuels comme Václav Havel, a appelé
le gouvernement tchécoslovaque à respecter les droits humains après
la signature de l'Acte final d'Helsinki en 1975. La Charte 77 a
influencé d'autres mouvements dissidents à travers le bloc de l'Est.
Le Printemps de Prague (1968) : Sous l'impulsion
d'Alexander DubÄek, les réformateurs ont tenté de libéraliser le socialisme
en Tchécoslovaquie, mais le mouvement a été brutalement réprimé par
l'invasion des troupes du Pacte de Varsovie.
Les dissidents étaient
surveillés de près par la police secrète (comme la Stasi en RDA ou le
KGB en URSS). Les familles et les relations des dissidents étaient également
menacées.Les dissidents risquaient des peines de prison, l'internement
en hôpital psychiatrique, ou même la déportation dans des camps de travail.
Les autorités communistes contrôlaient strictement l'accès à l'information
et censuraient les oeuvres des dissidents, qu'il s'agisse de livres, de
films, ou d'oeuvres d'art. En dénonçant les abus et en aspirant à des
réformes démocratiques, les dissidents ont suscité un soutien international,
notamment dans les pays occidentaux, et sensibilisé leurs concitoyens
aux injustices du système. |
Le temps des guerres
par procuration.
Empêchés de s'affronter
directement du fait de l'équilibre de la terreur, les États-Unis et l'Union
soviétique ont continué, après la guerre du Vietnam, de s'opposer indirectement
à travers ce qu'on a appellés des guerres par procuration ou conflits
périphériques. Ces conflits se déroulent dans des pays tiers, où
chacune des superpuissances soutient un camp, souvent en fournissant armes,
formation et soutien économique, sans engager directement ses propres
forces militaires. Ces guerres ont contribué à perpétuer les rivalités
idéologiques, exacerber les divisions locales et causer des pertes humaines
et matérielles massives dans de nombreux pays. Leurs conséquences continuent
de se faire sentir dans certaines régions du monde aujourd'hui. Parmi
ces guerres, on mentionnera les suivantes :
La
guerre civile angolaise (1975-2002).
En Angola,
ancienne colonie portugaise, une guerre civile éclate immédiatement après
son indépendance en 1975, opposant plusieurs factions : le MPLA (Mouvement
populaire de libération de l'Angola), soutenu par l'URSS et Cuba, contre
l'UNITA (Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola), soutenue
par les États-Unis et l'Afrique du Sud.
L'Union soviétique fournit des armes et des conseillers au MPLA, tandis
que Cuba envoie jusqu'à 36 000 soldats sur le terrain. Les États-Unis
soutiennent l'UNITA avec une aide militaire. Ce conflit, qui se prolonge
après la fin de la Guerre froide cause des centaines de milliers de morts
et des destructions massives, exacerbant les tensions locales et régionales.
La
guerre civile au Liban (1975-1990).
La guerre civile
libanaise, déclenchée en 1975, est multiforme. Elle implique diverses
factions libanaises (chrétiens, musulmans sunnites et chiites, druzes)
ainsi que la présence de réfugiés palestiniens. Les États-Unis et l'URSS
interviennent généralement indirectement, l'URSS soutenant certaines
factions proches des partis de gauche, tandis que les États-Unis soutiennent
des factions chrétiennes et interviennent militairement à plusieurs reprises.
Israël et la Syrie s'immiscent également
dans le conflit, rendant la situation encore plus complexe. Le Liban
connaîtra une période de déstabilisation prolongée, et le conflit entraîne
la mort de milliers de civils ainsi qu'une division du pays qui persiste
après la fin des hostilités.
Le
conflit en Corne de l'Afrique (Éthiopie et Somalie).
En 1977, la guerre
de l'Ogaden éclate entre l'Éthiopie,
soutenue par l'URSS et Cuba, et la Somalie,
initialement soutenue par les États-Unis. L'URSS avait d'abord soutenu
la Somalie, mais elle se tourne vers l'Éthiopie après le coup d'État
marxiste en 1974. Les États-Unis, en réaction, augmentent leur soutien
militaire à la Somalie. Ce conflit aggrave la situation en Corne de l'Afrique.
Il exacerbe les rivalités ethniques et politiques dans la région et contribue
à une instabilité qui persistera ici encore des décennies durant.
Les
guerres en Amérique centrale.
Au Nicaragua
(1979-1990), après la révolution sandiniste en 1979, le gouvernement
de gauche du Front sandiniste de libération nationale (FSLN) prend le
pouvoir. Les États-Unis soutiennent alors les Contras, un groupe
armé contre-révolutionnaire, pour affaiblir les sandinistes, perçus
comme pro-soviétiques. L'administration Reagan finance et arme les Contras
dans ce qui devient un conflit sanglant. Dans la guerre civile au Salvador
(années 1980), l'URSS et Cuba apportent un soutien aux forces rebelles
du Front Farabundo Martà de libération nationale (FMLN), tandis que les
États-Unis soutiennent le gouvernement salvadorien avec de l'aide militaire
et logistique. Ce conflit génère également une violence extrême et
provoque des dizaines de milliers de morts. En 1983, les États-Unis envahissent
l'île de Grenade pour renverser le gouvernement marxiste, invoquant la
protection des citoyens américains présents sur place et la lutte contre
le communisme.
La "seconde Guerre
froide" (1979-1985).
Ce qu'on a appelé
la "Seconde Guerre froide", par opposition à la période de 1947 à 1969
qui a précédé la "Détente" (et qui serait donc la "Première Gurerre
froide"), n'est qu'une phase de la Guerre froide. Elle correspond une intensification
des rivalités idéologiques et militaires, apparue après l'invation soviétique
de l'Afghanistan et exacerbée par
la doctrine de confrontation de l'administration Reagan. Cette période
de tension aboutira finalement à une nouvelle phase de détente dans les
années qui suivent, avec l'arrivée de Mikhaïl Gorbatchev au pouvoir
en URSS en 1985.
L'intervention
soviétique en Afghanistan (1979) et réaction des Etats-Unis.
La détente prend
brutalement fin avec l'invasion soviétique de l'Afghanistan en décembre
1979. Cette intervention visait à soutenir le régime communiste de Kaboul
menacé par une insurrection islamiste, mais elle a été perçue par les
États-Unis comme une expansion agressive de l'influence soviétique. En
réponse, les États-Unis adoptent plusieurs mesures :
• Boycott
des Jeux olympiques de Moscou (1980). - Les États-Unis et 65 autres
pays refusent de participer aux Jeux Olympiques
en signe de protestation.
• Doctrine Carter.
- Annoncée en 1980, cette doctrine affirme que toute tentative de l'URSS
de contrôler la région du Golfe arabo-persique serait perçue comme une
menace aux intérêts américains, pouvant justifier une intervention militaire.
Carter initie ausi des sancions économiques contre l'URSS.
• Soutien aux
moudjahidines . - Avec l'aide du Pakistan
et de l'Arabie saoudite, soutiennent massivement
les moudjahidines, groupes islamistes rebelles. La CIA lance
l'opération Cyclone, fournissant des armes et un soutien logistique aux
rebelles (soutien dont bénéficiera d'ailleurs Oussama ben Landen, le
commanditaire des attentats du 11 septembre 2001). Des milliers de
combattants étrangers sont formés et financés pour affaiblir l'Union
soviétique et l'empêcher de consolider son influence dans la région
La
doctrine Reagan et la montée des tensions.
Avec l'élection
de Ronald Reagan en 1981, les États-Unis adoptent une politique étrangère
beaucoup plus offensive envers l'URSS. La doctrine Reagan repose sur la
volonté d'endiguer et de « faire reculer » le communisme :
• Augmentation
des dépenses militaires. - Reagan augmente considérablement le budget
de la défense américaine pour moderniser l'arsenal militaire et nucléaire.
• Rétablissement
de la confrontation idéologique. - Reagan qualifie l'URSS d'"empire
du mal" en 1983, réaffirmant l'antagonisme idéologique et moral entre
les deux blocs.
• Aide aux mouvements
anticommunistes. - Les États-Unis soutiennent les mouvements de résistance
anticommunistes à travers le monde, notamment en Amérique latine, en
Asie et en Afrique, pour contrer l'influence soviétique, en appliquant
la politique d'endiguement.
Initiative
de défense stratégique (IDS).
En 1983, Reagan
lance le projet d'Initiative de Défense Stratégique (ou "Guerre des étoiles"),
qui prévoit la mise en place d'un système de défense contre les
missiles balistiques. Il s'agit de développer un bouclier spatial capable
de détruire les missiles soviétiques avant qu'ils n'atteignent les États-Unis.
Bien que technologiquement ambitieux et coûteux, l'IDS vise à dissuader
l'URSS et à montrer la supériorité technologique américaine. Ce inquiète
les Soviétiques, qui voient dans l'IDS une rupture de l'équilibre de
la dissuasion nucléaire, et bien que le projet ne soit pas achevé, il
accentue la course aux armements et met une pression financière et technologique
importante sur l'URSS.
Crises
au Moyen-Orient.
Les tensions se
manifestent aussi au Moyen-Orient, où les États-Unis s'efforcent de contrer
l'influence soviétique et de soutenir leurs propres intérêts stratégiques
dans la région. Les États-Unis , on l'a dit, interviennent ainsi au Liban
dans les années 1980 dans le cadre d'une force multinationale, tandis
que l'URSS soutient la Syrie et les groupes palestiniens. Les États-Unis
renforcent également leur présence militaire dans le Golfe arrabo-persique
pour protéger les routes pétrolières et endiguer toute expansion de
l'influence soviétique. Et, pendant la guerre Iran-Irak (1980-1988), bien
que l'URSS et les États-Unis ne soient pas directement impliqués, les
uns et les autres fournissent un soutien indirect à différentes parties,
en fonction de leurs intérêts.
La
crise des euromissiles.
Dans les années
1970, l'Union soviétique a déployé des missiles SS-20, qui étaient
des missiles balistiques à portée intermédiaire (IRBM) capables d'atteindre
l'Europe de l'Ouest avec une grande précision et un temps de vol relativement
court. Ces missiles, mobiles et à têtes multiples, représentaient une
menace directe pour les pays européens de l'OTAN. Face à cette menace,
l'OTAN décide en 1979 d'adopter une double décision : négocier avec
l'URSS pour un retrait des SS-20 et, en même temps, déployer des missiles
en Europe si les négociations échouent, notamment les missiles Pershing
II et des missiles croisière.
En 1983, les premiers
missiles Pershing II et de croisière sont déployés en Allemagne de l'Ouest,
au Royaume-Uni, en Italie, aux Pays-Bas
et en Belgique. Cette action provoque des tensions intenses en Europe et
suscite une forte opposition dans de nombreux pays européens. Des manifestations,
comme celles de Bonn (RFA), de Londres
et d'autres villes, réunissent des millions de personnes. En Europe, des
mouvements pacifistes dénoncent le danger croissant d'un affrontement
nucléaire, et des campagnes pour le désarmement nucléaire prennent de
l'ampleur. On entend parmi les manifestants des slogans comme « Plutôt
rouges que morts! », auxquels le président Mitterrand repondra, en simplifiant
quelque peu : « Les pacifistes sont à l'Ouest, et les missiles sont Ã
l'Est ».
La fin de la Guerre
froide (1985-1991).
La Guerre froide
a pu se terminer grâce à des réformes clés en URSS et à des événements
principalement liés aux initiatives de désarmement. Ajoutés au fait
que les dépenses massives occasionnées par la course aux armement ont
eu un coût économique important, surtout pour l'Union soviétique, dont
l'économie a souffert de cette pression, ces facteurs ont conduit à la
la fin d'une confrontation de près de cinquante ans et redéfini l'ordre
mondial pour les décennies suivantes.
Perestroïka
et Glasnost.
En 1985, Mikhaïl
Gorbatchev devient le dirigeant de l'URSS et initie des réformes majeures
pour moderniser le pays. La perestroïka et la glasnost
visent à revitaliser le système soviétique, mais entraînent aussi une
ouverture inattendue qui fragilise le pouvoir central.
• La
perestroïka ( = restructuration) était la politique qui visait
à réformer l'économie soviétique en introduisant certains éléments
de marché, afin de sortir l'URSS de sa stagnation économique.
• La glasnost
( = transparence) était une ouverture politique et sociale qui favorisait
la liberté d'expression, ainsi que l'accès à l'information et une critique
plus ouverte des institutions. Elle cherchait à améliorer la transparence
du gouvernement et à encourager des réformes plus larges.
Accords
de désarmement nucléaire.
Gorbatchev et Reagan
amorcent une série de pourparlers et d'accords de désarmement nucléaire.
Parmi les plus importants, on trouve :
• L'INF
(Intermediate-Range Nuclear Forces Treaty), signé en 1987 par Gorbatchev
et Ronald Reagan. Ce traité, qui a mis fin à la crise des missiles en
Europe, visait l'élimination des missiles de portée intermédiaire et
courte (500 à 5 500 km) basés au sol en Europe. Aux termes du traité,
les deux parties ont accepté de démanteler les SS-20 soviétiques et
les Pershing II américains. Des milliers de missiles nucléaires et conventionnels
en Europe sont détruits.
• Les négociations
pour la réduction des armes stratégiques (START, Strategic Arms
Reduction Treaty) ont aussi contribué à limiter le nombre d'armes
nucléaires stratégiques, bien qu'elles aient pris plusieurs années pour
être mises en place. START I , signé en 1991 par George H. W. Bush et
Mikhaïl Gorbatchev, était le premier traité à proposer une réduction
réelle des armes nucléaires stratégiques. Il visait à réduire le nombre
de têtes nucléaires déployées à 6000 par pays et à limiter le nombre
total de vecteurs de lancement nucléaire à 1600 par pays. START I est
entré en vigueur en 1994. Il a été un succès en termes de réduction
effective des arsenaux nucléaires. START II, quant à lui, ambitionnait
de poursuivre et de renforcer les réductions réalisées par START I.
Ce traité prévoyait des réductions encore plus importantes, en visant
une limitation de 3000 à 3500 têtes nucléaires déployées pour chaque
pays, et l'élimination des ICBM à têtes multiples (MIRV) pour réduire
la probabilité d'une frappe massive rapide. Bien que signé en 1993 par
les présidents George H. W. Bush et Boris Eltsine, START II n'a jamais
pleinement pris effet. En 2002, la Russie s'est retirée de START II en
réponse au retrait des États-Unis du Traité ABM.
Deux
autres accords de désarmement importants ont été signés entre
les Etats-Unis et la Russie après la fin de la Guerre froide : le
SORT (Strategic Offensive Reductions Treaty, également connu sous
le nom de Traité de Moscou), signé 2002, qui prévoyait la
réduction des ogives nucléaires stratégiques à environ 1700-2200 par
pays d'ici 2012, bien qu'il n'ait pas imposé de mécanismes de vérification
stricts; New START, négocié en 2010 entre Barack Obama et Dmitri
Medvedev, et limitant le nombre de têtes nucléaires déployées à 1550
pour chaque pays, ainsi quele nombre de les vecteurs nucléaires
stratégiques à 700, avec des mécanismes de vérification renforcés.
Ce dernier accord, prolongé en 2021 jusqu'en 2026, reste aujourd'hui le
seul accord majeur de contrôle des armements en vigueur entre les États-Unis
et la Russie. Mais la volonté affichée aujourd'hui par la Russie de réactiver
la confrontation avec les Etats-Unis et ses alliés peut rendre pessimiste
sur l'avenir de ces accords.
Retrait
d'Afghanistan (1989).
L'invasion de l'Afghanistan
par l'URSS en 1979 avait renforcé les tensions de la Guerre froide. Cependant,
cette guerre longue et coûteuse s'est avérée impopulaire et inefficace.
En 1988, sous la pression internationale et en raison de l'épuisement
économique, Gorbatchev décide de retirer les troupes soviétiques d'Afghanistan.
Ce retrait, tournant important dans la politique étrangère de l'URSS,
marque la fin de l'intervention militaire soviétique directe à l'étranger
et symbolise la fin de l'expansion militaire de l'URSS.
Chute
du Mur de Berlin (1989).
Sous l'influence
des réformes en URSS et des mouvements d'opposition en Europe de l'Est,
plusieurs régimes communistes s'effondrent, aboutissant le 9 novembre
1989 à la chute du Mur de Berlin, qui était le, symbole de la division
entre l'Est et l'Ouest. Cet événement historique résulte de la pression
des mouvements de protestation dans toute l'Europe de l'Est, de la crise
économique et du désir de liberté. La chute du Mur annonce la fin de
la séparation entre les blocs de l'Est et de l'Ouest et mène à la réunification
de l'Allemagne en 1990.
Dissolution
de l'URSS (1991).
La série de réformes
et l'ouverture initiées par Gorbatchev avaient fragilisé le système
communiste. La montée des revendications nationalistes dans les républiques
soviétiques et l'incapacité du gouvernement à maîtriser les réformes
conduisent à la désintégration de l'URSS. Le Pacte de Varsovie, déjÃ
en cours de désagrégation depuis les révolutions de 1989, a été dissous,
peu avant l'Union soviétique elle-même. Avec la fin du Pacte de
Varsovie, de nombreux anciens membres de l'alliance vont bientôt commencer
à se rapprocher de l'OTAN et de la CEE (puis de l'Union européenne).
En décembre 1991, l'Union soviétique est officiellement dissoute, et
les anciennes républiques soviétiques deviennent indépendantes. La fin
de l'URSS marque officiellement la fin de la Guerre froide et inaugure
le début d'une nouvelle ère de relations internationales.
L'après Guerre
froide.
L'après-Guerre
froide marque une période de réorganisation profonde dans les relations
internationales. Les anciens pays du bloc soviétique cherchent à se stabiliser
et à s'intégrer dans un monde unipolaire dominé par les États-Unis.
Cependant, les décennies suivantes montrent que cette stabilité est fragile,
face aux défis économiques, sociaux et sécuritaires émergents dans
ce nouvel ordre mondial.
Nouvel
ordre mondial.
Après la
chute de l'URSS, le monde devient unipolaire, les États-Unis étant désormais
la seule superpuissance mondiale. Le président américain George H.W.
Bush a popularisé l'expression de "nouvel ordre mondial" pour désigner
cette nouvelle ère où la coopération internationale et la démocratie
seraient des principes dominants. Les interventions militaires ont aussi
pris une nouvelle forme, sous la bannière d'organisations internationales.
Par exemple, la guerre du Golfe en 1991 a vu une coalition internationale
intervenir contre l'invasion du Koweït
par l'Irak, marquant un exemple de la nouvelle
stratégie de sécurité collective.Cette période s'accompagne également
de la montée de la mondialisation, facilitée par la fin des blocs rivaux.
Les échanges économiques, culturels et politiques se multiplient, tandis
que des institutions comme l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et
les multinationales prennent de l'ampleur dans un système globalisé.
Transition
des anciens pays du Bloc soviétique.
Les anciens pays
communistes entament des réformes pour passer à une économie de marché.
Ce processus, que l'on a pu qualifier de thérapie de choc, consiste
à privatiser les industries, libéraliser les prix et attirer les investissements
étrangers. Cependant, cette transition est brutale et mène à une forte
récession, ainsi qu'à une montée des inégalités. De nombreux pays
d'Europe de l'Est, comme la Pologne, la
Hongrie, et la République tchèque, adoptent
rapidement des systèmes démocratiques. Des élections libres sont organisées,
des constitutions rédigées, et des réformes de l'État sont mises en
Å“uvre pour respecter les droits humains
et l'État de droit. Ces pays cherchent
également à se rapprocher de l'Occident pour assurer leur sécurité
et stabilité. Beaucoup rejoignent l'OTAN et l'Union
européenne dans les années 1990 et 2000, renforçant leur ancrage
dans le bloc occidental.
Impact
sur les relations internationales.
Avec la fin de la
rivalité États-Unis/URSS, les priorités de sécurité évoluent. Les
conflits ne se limitent plus à une opposition idéologique entre communisme
et capitalisme, mais incluent désormais des problématiques comme le terrorisme,
la prolifération nucléaire, et les cyberattaques. Des guerres éclatent
aussi dans plusieurs régions, notamment dans les Balkans avec la dissolution
de la Yougoslavie. Les interventions humanitaires,
sous la bannière de l'ONU ou de l'OTAN, deviennent plus fréquentes dans
des contextes de guerre civile ou de génocide
(comme au Rwanda en 1994). La Chine, en
pleine croissance économique, commence par ailleurs à s'affirmer comme
une puissance mondiale, tandis que la Russie,
après une décennie difficile, s'efforce de restaurer son influence sous
Vladimir Poutine. Des blocs régionaux, comme l'Union européenne et l'ASEAN,
gagnent en importance, créant un monde de plus en plus multipolaire. |
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