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Claudio Giovanni
Antonio Monteverdi est un musicien italien que l'on considère,
à juste titre, comme le père de l'harmonie
moderne. Né à Crémone
le 26 mai 1567, mort à Venise 29 novembre
1643, il reçut de bonne heure les leçons du compositeur Ingegneri,
maître de chapelle du duc de
Mantoue. Dans les premiers essais qu'il fit paraître, on remarqua
de nombreuses infractions aux règles alors en vigueur dans la composition
musicale, les unes résultant de simples négligences, les
autres décelant déjà chez leur auteur l'esprit de
hardiesse qui devait prendre sous peu son essor.
En effet, dès l'année 1599,
son cinquième livre de madrigaux nous offre
les points principaux sur lesquels se détachant de l'ancien système,
il fondait, probablement sans en avoir pleinement conscience, le système
qui sert de base à la musique moderne.
Ces innovations consistent principalement dans l'attaque des accords
de septième et de neuvième de dominante sans préparation.
Les champions de l'école polyphonique ne se méprirent pas
sur la portée de cet acte d'audace qui devint la cause d'une lutte
acharnée entre les deux partis rivaux.
Les tentatives que Monteverdi avait faites
dans le domaine de la musique religieuse n'avaient
guère servi sa cause, et contribuaient plutôt à mettre
en un plus haut relief les mérites de l'école adverse. Ce
n'est pas là que s'ouvrait sa voie, et il la trouva en écrivant
son premier opéra'
Ariane, à l'occasion des noces de l'infante de Savoie
avec le fils du duc de Mantoue (1607). (Il occupait depuis quatre ans à
cette cour le poste devenu vacant par la mort d'Ingegneri). En 1608, Orphée
succédait à Ariane, et montrait, dans des proportions
plus vastes, les mêmes qualités dramatiques et pathétiques.
Un orchestre
de trente-six musiciens, - fait sans précédent, - soutenait
les voix et leur prêtait le secours de
timbres nombreux et variés.
Appelé en 1613 à Venise pour
y remplir des fonctions analogues à celles qu'il remplissait à
la cour ducale, Monteverdi vit sa réputation s'accroître rapidement.
Une messe des morts, écrite en mémoire
de Cosme II (1621), et un intermède dramatique, le Combat de
Tancrède et de Clorinde (1624), furent suivis de différentes
oeuvres parmi lesquelles un grand opéra, Proserpine enlevée
(1630), et une Messe (1631) sont les plus importantes. En 1633,
le musicien, alors dans toute la splendeur de sa renommée, entra
dans les ordres sacrés. Toutefois, ses travaux ne furent que suspendus,
et quatre opéras, Adonis (1639), les Noces d'Enée
et de Lavinie, le Retour d'Ulysse dans sa patrie (1661), enfin
le Couronnement de Poppée montrèrent que la vieillesse
n'avait pas amorti son talent.
Nous possédons de lui huit livres
de madrigaux, des chansonnettes,
des scherzi, la partition d'Orphée
et des compositions religieuses, le tout imprimé. Quant à
ses manuscrits, la plupart ont été malheureusement perdus.
L'influence de Monteverdi a été
immense. On est néanmoins en droit de regretter que les fondements
de la musique moderne aient été posés sur lesr uines
de la musique ancienne, et que les deux écoles, en lutte pendant
la vie du célèbre novateur, n'aient pu coexister en paix,
chacune conservant son domaine propre et ses personnelles beautés.
(René Brancour). |
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