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La Révolution américaine II - La guerre d'Indépendance |
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La bataille de
Bunker's Hill![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Tandis que pendant quelques semaines le
territoire des treize colonies se trouvait libre de toute occupation britannique,
le Congrès se décidait à l'adoption d'une mesure reconnue depuis plusieurs
mois indispensable, mais retardée par respect pour les répugnances d'une
partie de la population et surtout de celle de la Pennsylvanie dans la
capitale de laquelle siégeait le Congrès. La Virginie venait de se proclamer
indépendante; Richard Henry Lee, au nom de la délégation du nouvel État,
proposa le 7 juin au Congrès une déclaration formelle de dissolution
de tous liens avec la Grande-Bretagne. Cette déclaration de l'indépendance
des colonies sous le nom d'États-Unis de l'Amérique du Nord ![]() Trenton, le 26 décembre 1776. Nul doute que, si les Anglais avaient suivi leur succès avec plus d'énergie et traversé eux-mêmes le Delaware, ils n'eussent eu aisément raison des débris de l'armée des indépendantistes et occupé immédiatement Philadelphie. Ils s'arrêtèrent sur la rive orientale à Trenton, et c'est là que Washington les surprit, le jour de Noël, par une attaque hardie, avant repassé le Delaware sur la glace. Il enleva un millier de Hessois (25 décembre 1776), pénétra avec audace dans le New Jersey, battit un corps d'Anglais à Princeton (3 janvier 1777) et refoula l'ennemi jusqu'à Staten Island, délivrant le New Jersey et rétablissant les communications entre les États du centre et ceux de la Nouvelle-Angleterre par les Highlands sur l'Hudson. Le Congrès l'avait investi à la hâte d'une sorte de dictature, et procéda avec lui, la campagne terminée, à la réorganisation de l'armée sur de nouvelles bases. Le Congrès s'occupa en outre des articles de confédération, les adopta, puis les soumit à l'examen des divers États qui donnèrent successivement leur adhésion en 1777 et 1778, sauf le Maryland qui retarda la sienne jusqu'en 1781, en sorte que la première constitution des États-Unis n'entra en fonctionnement que sept années après la réunion du Congrès continental. Les généraux anglais, maîtres de New
York, pouvaient diriger leurs corps sur tel point de la cĂ´te qu'ils choisiraient
sans que Washington pût pénétrer à l'avance leurs desseins. Howe s'embarqua
en juin avec 20 000 hommes Ă Staten Island pour le baie de Chesapeake,
qu'il remonta jusqu'à Elk River, menaçant Philadelphie. Washington
l'attendit sur la rivière Brandywine et fut complètement battu (11 septembre.).
Dans cette journée, fut blessé Lafayette qui venait d'entrer comme volontaire
au service des États-Unis et avait été fait major général. La victoire
de la Brandywine livrait aux Anglais la ville de Philadelphie abandonnée
par le Congrès et où ils entrèrent le 26 septembre. Le 4 octobre Washington
essaya de les déloger par une attaque sur Germantown, faubourg de la ville,
mais fut repoussé avec de grandes pertes. Les Américains étaient plus
heureux au Nord. Une armée de 40 000 hommes, commandée par Gates, avait
été chargée d'arrêter la marche du corps d'invasion, composé en grande
partie de troupes allemandes, que le général Burgoyne dirigeait de Montréal
sur la frontière du New York pour prendre les colonies à revers, s'emparer
du cours de l'Hudson et couper en deux la confédération rebelle. Burgoyne
ne put aller plus loin que Saratoga. Ses troupes fondaient Ă mesure qu'il
s'éloignait de sa base d'opération; celles de Gates se grossissaient
des milices appelĂ©es des États du voisinage. Une première dĂ©faite Ă
Bennington (16 août) présagea à Burgoyne son sort prochain; battu encore
la 19 septembre à Bemus Heights, écrasé le 7 octobre à Saratoga, il
dut capituler le 16 du mĂŞme mois avec 6 000 hommes, ce qui lui restait
de son armée, si brillante naguère.
La France, toujours aussi soucieuse de contrer l'Angleterre sur tous les terrains possibles, avait, en 1776 et 1777, encouragé secrètement la révolte des colonies par l'envoi d'armes et de munitions et par des subsides; en même temps de nombreux volontaires, avec Lafayette et Kalb étaient venus offrir leurs services aux colons. Après la conclusion de l'alliance officielle, la cour de France envoya dans les eaux d'Amérique une flotte commandée par d'Estaing. Cet armement n'arriva que le 8 juillet dans la baie de Delaware, quand l'armée anglaise était déjà en sûreté à New York. Les vaisseaux français ne purent franchir la barre de Sandy Hook pour coopérer à une attaque de Washington sur New York, et une tempête les dispersa au moment où ils allaient aider les Américains à reprendre Newport (Rhode Island). D'Estaing dut aller réparer son escadre à Boston, puis mettre à la voile pour les Antilles sans avoir fait en 1778 rien de plus important que de montrer le pavillon français dans des eaux où n'avait flotté jusqu'alors que le pavillon britannique. |
La détresse financière
empêcha les États-Unis de tenter de grands efforts en 1779.
Le Congrès soutint le mieux qu'il put Washington dans sa résistance tenace
aux causes de dissolution de l'armée; il s'attacha à réclamer des États
l'exécution des mesures qu'il décrétait, ou plus exactement conseillait,
et le payement des contributions ou quotes-parts qui étaient assignées
à chacune d'elles. Du côté des Anglais un nouveau plan de campagne porta
vers les États du Sud le principal effort. La Géorgie fut reconquise
sur la rébellion, et Savannah occupée (29 décembre 1778);
des troupes américaines, soutenues par l'escadre de d'Estaing, tentèrent
vainement de reprendre cette ville (9 octobre 1779).
Les autres faits de guerre en cette année furent un brillant coup de main
du général Wayne sur Stony Point (Hudson), l'évacuation de Newport par
les Anglais, et les exploits maritimes de Paul Jones (deux navires de guerre
capturés dans les eaux anglaises, 23 septembre). L'année suivante (1780),
Clinton poursuivant ses desseins sur les États
du Sud, attaqua Charleston et s'en empara (12 mai), puis il laissa Cornwallis
achever la conquête de l'intérieur. Lord Cornwallis mit Gates en déroute
à Camden![]() Les Anglais étaient victorieux, mais leurs
pertes étaient énormes en proportion de leur faible effectif. Cornwallis
alla reposer ses troupes (moins de 3 000 hommes) sur la cĂ´te, Ă Wilmington,
fit venir des renforts de Charleston, puis se dirigea sur la Virginie (avril),
tandis que son adversaire, Greene, s'enfonçait dans la Caroline du Sud,
où il refoula successivement tous les détachements britanniques jusque
sous les murs de Charleston. Au Nord, de grands changements s'étaient
opérés dans la situation. Une division française, commandée par le
comte de Rochambeau, occupait depuis juillet 1780
la ville de Newport dans Rhode lsland; Clintonétait
comme assiégé dans New York ; la trahison du général Arnold (septembre)
ne lui apporta aucune force rĂ©elle. Il ne put employer le traĂ®tre qu'Ă
des expéditions de pillage en Virginie. Clinton ne cessait de demander
des renforts en Angleterre, et il n'en reçut pas assez tôt. Lorsque Cornwallis
entra en Virginie par le Sud (avril 1781), Clinton ne put disposer d'aucune
troupe pour le renforcer; il avait Ă peine assez d'hommes pour tenir sa
position à New York contre les forces françaises et américaines de Rochambeau
et de Washington. Bien que Cornwallis n'eût
devant lui en Virginie qu'une faible division commandée par Lafayette,
il ne tint pas longtemps la campagne et alla prendre position sur la cĂ´te
à Yorktown. Lafayette vint bientôt l'y bloquer. Puis Washington, avisé
qu'une flotte française sous les ordres du comte de Grasse allait entrer
dans la baie de Chesapeake en août, trompa quelque temps Clinton par des
démonstrations sur New York, opéra sa jonction avec la division de Rochambeau
appelée sur l'Hudson, et dirigea l'armée alliée à marche forcée vers
le Sud. Cornwallis cerné sur terre et sur mer par des forces supérieures
(de Grasse, Lafayette, Rochambeau, Washington) résista un mois et capitula
le 19 octobre 1781.
![]() Les uniformes de l'armée américaine, lors de la campagne de Yorktown, en 1781. Ce grand désastre de l'armée anglaise de la Virginie mit fin aux hostilités sur le continent américain. Les troupes royales occupaient encore Savannah, Charleston et New York, mais Clinton dans cette dernière place était réduit à l'impuissance. Washington fit prendre à son armée ses quartiers d'hiver, renonçant à demander un nouvel effort à ses compatriotes retombés subitement dans l'apathie dont il s'était tant de fois lamenté. Si l'on avait assez de la guerre en Amérique, on en était plus las encore en Angleterre. Le roi et les ministres étaient désespérés. L'opinion publique réclamait l'acceptation du fait accompli, et l'opposition gagna rapidement du terrain dans le Parlement. La 22 février 1782 une motion pour faire cesser la guerre avec l'Amérique ne fut plus repoussée qu'à une voix de majorité. Le 20 mars, lord North avisa la Chambre des communes qu'il avait remis au roi sa démission et celle de ses collègues. La cause était jugée; le reste ne fut
plus que formalités. Le ministère libéral qui prit le pouvoir était
composé d'amis de l'Amérique insurgée, et n'en voulait point aux colonies
de leur triomphe sur la prérogative royale et sur la majorité de lord
North. Shalburne, lié de longue date avec Franklin, était tout disposé
à reconnaître l'indépendance des États-Unis, à faire même de magnanimes
concessions à la nouvelle nation. Il dut cependant, pour le décorum,
paraître discuter les conditions de paix. Franklin,
John Jay et John Adams, chargés des négociations
par le Congrès, négligèrent leurs instructions qui leur enjoignaient
de ne traiter que de concert avec la cour de France; Jay et Adams se défiaient
plus de Vergennes que de Shelburne. Les pourparlers se prolongèrent jusqu'au
30 novembre 1782. Par les préliminaires
de paix, signés ce jour-là , l'Angleterre reconnaissait officiellement
l'indépendance des États-Unis, et leur abandonnait tout le territoire
entre les Alleghanies et le Mississippi ![]() Signature des préliminaires de la paix du 3 septembre 1783. La métropole, vaincue dans cette grande lutte contre des communautés politiques sorties de son sein, put se consoler par la pensée que l' ennemi qu'elle n'avait pu dompter était de souche britannique. Son empire américain, il est vrai, était brisé. de l'immense continent qui lui avait appartenu pendant quinze années, elle ne conservait que la partie septentrionale, la moins fertile, cernée au Nord par les glaces, peuplée presque exclusivement de Français. Elle perdait cette côte orientale déjà couverte de populeux et prospères établissements et la magnifique vallée du Mississippi, encore déserte. Mais ces concessions étaient faites à des parents, non à des étrangers. L'Angleterre, avec laquelle les États-Unis avaient combattu, était l'Angleterre hostile de lord North; le pays avec lequel les Américains venaient de traiter était l'Angleterre, bienveillante et amie, de Shelburne et de Pitt. La réconciliation était faite. Malgré de nouveaux démêlés, des malentendus répétés et une seconde guerre (1812-1815), l'Amérique émancipée est toujours restée pour John Bull une terre parente, le home du cousin Jonathan. Fin de la Révolution Le Congrès continental n'attendait que
la nouvelle de la signature des préliminaires pour licencier l'armée
qui avait vaincu à Yorktown et dont il ne parvenait pas à payer les arriérés
de solde. Washington, après avoir rendu à son pays tant de services pendant
la guerre, lui rendit encore, la paix signée, celui d'assurer le respect
de l'autorité civile par le pouvoir militaire. Lorsque les derniers régiments
se furent débandés, il fit ses adieux aux officiers ses compagnons d'armes,
et rentra dans la vie privée en son domaine virginien de Mount Vernon
(1783). Le Congrès continental siégeait
toujours, constamment renouvelé dans chacune des délégations qui le
composaient et représentant seul l'idée, bien affaiblie déjà , des intérêts
communs des colonies. La constitution en vigueur depuis 1781
(Articles de confédération) avait organisé un pouvoir central purement
nominal, sans attributions effectives, sans moyens d'action. Sa tâche
la plus pressante, et il ne put s'en acquitter, était de liquider les
engagements formidables qu'il avait dĂ» prendre pendant la guerre au nom
des colonies, tant à l'intérieur qu'à l'égard de la France et de la
Hollande qui avaient consenti de larges prĂŞts. Mais le papier-monnaie
continental avait perdu toute valeur; les États ne payaient plus leurs
quotes-parts. Le Trésor était vide, et le Congrès n'avait aucun moyen
de le remplir, la constitution ne lui permettant de lever directement aucune
taxe sur la population. Il s'efforça, avec l'appui de Washington,
et surtout d'Hamilton et de Madison, entre 1783
et 1787, d'obtenir l'assentiment de
tous les États à un amendement aux articles de confédération, qui lui
eût per mis de prélever au profit commun un droit de 5 % ad
valorem à l'entrée de toutes marchandises aux États-Unis. Il n'y
put parvenir.
![]() Charles Thomson annonce à George Washington son élection à la Présidence.
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