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Beyrouth, l'ancienne Béryte. - Capitale du Liban, sur la Méditerranée, à l'embouchure d'une petite rivière de même nom, à 50 kilomètres au Nord de Saïda, sur une langue de terre qui s'appuie au mont Liban; 1,5 million d'habitants (2,5 millions pour l'agglomération). Les dunes qui menaçaient jadis la ville ont été arrêtées par des plantations de pins. La vieille ville présente un dédale de ruelles en pente; mais un magnifique quartier s'est élevé depuis le milieu du XIXe siècle et l'amphithéâtre des collines est couvert de villas entourées de vastes et splendides jardins. De grands hôtels ont été construits le long de la côte dans la deuxième moitié du XXe siècle. Toute le centre ville a été remis à neuf après les destructions qu'il avait subi pendant la guerre civile des années 1975-1990. La banlieue Sud de la ville accueille des populations déshéritées, généralement chiites; on y trouve également deux grands camps de réfugiés palestiniens, Sabra et Chatila. On trouve à l'Est de Beyrouth dans la vallée du Nahr-Beyrouth, les ruines de la ville phénicienne et romaine, et sur un contrefort du Liban les restes d'un sanctuaire phénicien. - Vue du Nord de Beyrouth. © Serge Jodra, 1985. Il faudrait, a dit Lenormant, citer le panorama de Beyrouth à côté de ceux de Naples et de Constantinople. On y voit une tour carrée qui date du temps des croisades et une église de la même époque, aujourd'hui transformée en mosquée. Le port est trop petit et trop peu profond. Beyrouth est l'ancienne Beyritus ou Béryte des Phéniciens. « Les traditions nationales, conservées sous forme de cosmogonies par Sanchoniaton (La religion phénicienne), représentaient Béryte et Gebal (Jbaïl ou Byblos) comme les deux plus anciens établissements de la côte. »Cette ville dut être habitée par des commerçants opulents, puisque : « on admirait les maisons de Béryte, on les prenait comme points de comparaison et on les citait comme des types d'amples et belles constructions privées.»Rien de saillant dans l'histoire de cette ville jusqu'au règne de Demétrius Nicator. Sous ce roi, elle fut détruite par Tryphon Diodote, usurpateur du trône de Syrie, en 440 av. J.-C. - Revers d'unene monnaie de bronze de Berytus frappée sous la domination romaine. A l'époque romaine, elle fut prise par Agrippa qui y établit la 5e et la 6e légion et l'embellit de plusieurs monuments. Sous le nom de Colonia Julia-Augusla-Felix elle posséda les droits de cité romaine, et fut dès lors le siège d'écoles célèbres dans toute la Syrie. Son école de droit surtout fut renommée.
Au temps des croisades, Beyrouth joua un rôle important. Baudouin Ier s'en empara en 1110 après un siège remarquable par l'opiniâtreté des assiégés et des assiégeants. En 1187 Saladin la reprit. Après cette époque, Beyrouth fut presque constamment sous la domination des émirs druzes. L'un d'eux, Fakhr-ed-Din, dont on a fait en français Fakardin (1584-1635), l'entoura de murailles flanquées de tours carrées, ce qui n'a pas empêché Beyrouth d'être aisément conquise en 1840 par Ibrahim-Pacha. Elle fut rendue au Turcs, la même année, à la suite du bombardement dirigé par la flotte anglaise. Partie des anciennes fortifications de Beyrouth. Les principaux objets du commerce étaient les étoffes de coton, les vins, la noix de galle, l'huile, les mousselines et surtout les soies grèges du Liban. C'est à des négociants de Lyon qu'appartenaient presque toutes les magnaneries et filatures. Beyrouth était une des escales les plus importantes des paquebots de la Compagnie des Messageries maritimes. C'est encore à des initiatives françaises que fut due la route entre Beyrouth et Damas, qui fut construite par une société à la tête de laquelle était un Français, le comte de Perthuis, qui avait organisé de surcroît un service de transports. Beyrouth est devenue la capitale du Liban après son indépendance (22 novembre 1943). Ce fut, jusque dans les années 1970, une ville touristique et un port de commerce important (principal débouché de la Syrie sur la Méditerranée) et une des grandes capitales intellectuelles du Proche-Orient, avec ses deux grandes universités (l'une française, l'autre américaine). La guerre civile qui a éclaté en 1975 a abouti à un partage de Beyrouth : la partie Ouest était tenue par des milices musulmanes; la partie Est, par des milices chrétiennes. La ligne de séparation, entre les deux secteurs, appelée « la ligne verte», à cause des herbes folles, qui seules désormais la peuplaient, percée de quelques « passages» ouverts ou fermés à la circulation selon les tensions du moment, fut vidée de ses habitants et subit de très importantes destructions, comme ce fut aussi le cas des camps palestiniens dans le Sud de la ville. Le centre ville a été remis à neuf depuis, la banlieue sud a, quant à elle, subit de nouvelles destructions lors des bombardements aériens israéliens pendant l'été 2006. (L. Delavaud). Sur la Ligne verte (Place des Martyrs), en 1985. © Serge Jodra.
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