| Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon est un illustre naturaliste et écrivain français, né en 1707 à Montbard (Bourgogne), mort en 1788, était fils d'un conseiller au parlement de Dijon. Il se livra dès sa jeunesse avec ardeur à l'étude des sciences, voyagea en Italie et en Angleterre, se fit connaître de bonne heure par de savants mémoires et de curieuses expériences de physique et d'économie rurale. Son premier ouvrage fut une traduction : la Statique des végétaux, de l'Anglais Stephen Hales (1735), dans la préface de laquelle il déclarait que « les recueils d'observations sont les seuls livres qui puissent augmenter nos connaissances ». Plusieurs mémoires sur des questions de physique et d'astronomie (on connaît surtout celle par laquelle il prouva la réalité des miroirs ardents d'Archimède) le firent entrer, dès 1739, à l'Académie des sciences. Nommé, la même année, intendant du Jardin du roi, il connut alors le projet de cette Histoire naturelle. Profitant des ressources que lui offrait le grand établissement qu'il dirigeait et qu'il ne cessa d'enrichir, il entreprit ainsi de tracer le tableau de la nature entière. Son Histoire naturelle, dont les premiers volumes parurent en 1749, l'occupa tout le reste de sa vie. Placé par cet ouvrage au premier rang des écrivains aussi bien que des savants, Buffon obtint tous les genres de récompenses et d'honneurs : l'Académie française le reçut dans son sein en 1753; Louis XV le créa comte, et avant de mourir, il put voir sa statue placée à l'entrée du Muséum histoire naturelle avec cette inscription. Majestati Naturae par ingenium. L'Histoire naturelle de Buffon, qui devait embrasser tous les règnes de la nature, ne comprend que les minéraux et une partie des animaux (quadrupèdes, et oiseaux). Elle est accompagnée d'une Théorie de la Terre, de Discours en forme d'introduction, et de suppléments parmi lesquels se trouvent les Époques de la nature, un des plus beaux ouvrages de l'auteur. Buffon eut pour collaborateurs dans cet immense travail, pour les quadrupèdes, Daubenton qui se chargea de la partie anatomique; pour les oiseaux, Gueneau de Montbeillard, Bexon et Sonnini. L'ouvrage fut imprimé d'abord à l'Imprimerie royale en 36 vol. in-4, 1749-1788. Il a été continué dans le même format par Lacépède, qui a décrit les ovipares, les serpents, les poissons, les cétacés, 1786 -1804. On a depuis réimprimé bien des fois Buffon et ses Suites. On s'accorde universellement à regarder les écrits de Buffon comme le plus beau modèle de la noblesse et de l'harmonie du style; on reconnaît aussi qu'il a décrit avec une admirable fidélité les moeurs et les traits caractéristiques des animaux, qu'il a fait faire à l'histoire naturelle des progrès, soit par la nouveauté des vues, soit par la multitude de ses recherches, et qu'il a rendu d'immenses services en rassemblant une foule de matériaux épars et en propageant en France le goût pour l'étude de la nature. Mais, en biologie, on lui reproche ses classifications factices et ses généralisations hâtives. A vrai dire, il adopte d'abord un ordre tout arbitraire, que déterminent les rapports des animaux avec l'humain, considéré comme roi de la nature; mais le naturaliste fait peu à peu son éducation, si bien que, dans les derniers volumes, il finit par suivre la méthode vraiment scientifique, fondée sur l'étude des caractères intrinsèques. Et si, d'autre part, il s'est montré parfois trop prompt à concevoir de vastes théories, qu'une connaissance plus exacte de la réalité devait bientôt démentir, on sait que beaucoup de ses hypothèses ont été confirmées après lui par les progrès des sciences et, notamment, que son imagination a pressenti certaines des idées modernes, sur la variabilité des espèces et sur ce qu'on appelle l' « l'évolutionnisme ». On a aussi reproché à Buffon d'avoir avancé des hypothèses hasardées (notamment dans ses Époques de la nature) : c'est ainsi qu'il suppose que la Terre a été détachée du Soleil par le choc d'une comète qu'il explique la génération des êtres vivants par la supposition de molécules organiques et de moules intérieurs (théorie dite de la génération spontanée), qu'il attribue aux animaux un sens intérieur matériel, hypothèse plus inintelligible encore que le mécanisme auquel Descartes avait recouru. Cependant, la preuve que Buffon ne dédaignait pas la méthode expérimentale, c'est qu'il a fait des découvertes au moyen du microscope, des expériences sur les miroirs, sur la génération, sur les végétaux, sur la refroidissement, etc. ; le premier, il a conçu la possibilité d'une géologie expérimentale. Buffon est autant un naturaliste au sens étroit du mot qu'un philosophe. Les détails, les phénomènes particuliers ne l'intéressent pas pour eux-mêmes. Il a hâte d'en dégager le sens, de le rapporter à telle ou telle vue systématique. Il ne se plaît que dans les grandes conceptions. C'est l'univers tout entier qu'embrasse son ample génie, majestati naturae par ingenium (génie égal à la majesté de la nature), comme le dit l'inscription de la statue qui lui fut élevée, de son vivant, à l'entrée du Muséum. Il mérite encore le nom de philosophe par son objectivité vraiment scientifique : dans le siècle des Voltaire et des Diderot, l'auteur de l'Histoire naturelle exclut de la science tout esprit de parti, se préoccupe de la seule vérité, sans poursuivre aucun but de propagande. Personnellement, il semble n'avoir eu ni d'autre religion qu'un naturalisme grave et serein, ni d'autre morale que la soumission à des lois nécessaires et immuables. Il se tient en dehors de la politique, au-dessus de tout ce qui n'offre qu'un intérêt plus ou moins actuel; habitué, d'ailleurs, à envisager dans l'histoire de la nature les vastes ensembles, il attend de lentes évolutions ce progrès social que d'autres, plus mêlés au monde, plus impatients, et d'une sensibilité plus vive, hâtent autour de lui en menant campagne contre les injustices et les abus. Si Buffon est bien du XVIIIe siècle par le fond de ses idées, il se rattache au XVIIe par la forme même de son esprit, que caractérisent des qualités proprement classiques : la prédominance de la raison, le goût et le sens de l'ordre, une disposition naturelle à considérer toute chose sous l'aspect le plus général. - Le cygne [Nous ne pouvons nous dispenser de donner ici au moins un des portraits d'animaux, si célèbres, et dont quelques-uns ont à jamais faussé la vraie réputation de Buffon. Nous choisissons le cygne, où la main de Buffon lui-même se reconnaît, à la majesté et à l'harmonie du style .] « Les grâces de la figure, la beauté de la forme répondent, dans le cygne, à la douceur du naturel; il plaît à tous les yeux, il décore, embellit tous les lieux qu'il fréquente ; on l'aime, on l'applaudit, on l'admire; nulle espèce ne le mérite mieux; la nature en effet n'a répandu sur aucune autant de ces grâces nobles et douces qui nous rappellent l'idée de ses plus charmants ouvrages : coupe de corps élégante, formes arrondies, gracieux contours, blancheur éclatante et pure, mouvements flexibles et ressentis, attitudes tantôt animées, tantôt laissées dans un mol abandon; tout dans le cygne respire la volupté, l'enchantement que nous font éprouver les grâces et la beauté, tout nous l'annonce, tout le peint comme l'oiseau de l'amour, tout justifie la spirituelle et riante mythologie, d'avoir donné ce charmant oiseau pour père à la plus belle des mortelles. A sa noble aisance, à la facilité, la liberté de ses mouvements sur l'eau, on doit le reconnaître, non seulement comme le premier des navigateurs ailés, mais comme le plus beau modèle que la nature nous ait offert pour l'art de la navigation. Son cou élevé et sa poitrine relevée et arrondie semblent en effet figurer la proue du navire fendant l'onde; son large estomac en représente la carène; son corps, penché en avant pour cingler, se redresse à l'arrière et se relève en poupe; la queue est un vrai gouvernail; les pieds sont de larges rames, et ses grandes ailes, demi-ouvertes au vent et doucement enflées, sont les voiles qui poussent le vaisseau vivant, navire et pilote à la fois. Fier de sa noblesse, jaloux de sa beauté, le cygne semble faire parade de tous ses avantages; il a l'air de chercher à recueillir des suffrages, à captiver les regards, et il les captive en effet, soit que voguant en troupe on voie de loin, au milieu des grandes eaux, cingler la flotte ailée, soit que, s'en détachant et s'approchant du rivage aux signaux qui l'appellent, il vienne se faire admirer de plus près en étalant ses beautés et développant ses grâces par mille mouvements doux, ondulants et suaves. Aux avantages de la nature, le cygne réunit ceux de la liberté; il n'est pas du nombre de ces esclaves que nous puissions contraindre ou renfermer : libre sur nos eaux, il n'y séjourne, ne s'établit qu'en y jouissant d'assez d'indépendance pour exclure tout sentiment de servitude et de captivité; il peut à son gré parcourir les eaux, débarquer au rivage, s'éloigner au large ou venir, longeant la rive, s'abriter sous les bords, se cacher dans les joncs, s'enfoncer dans les anses les plus écartées, puis, quittant sa solitude, revenir à la société et jouir du plaisir qu'il paraît prendre et goûter en s'approchant de l'homme, pourvu qu'il trouve en nous ses hôtes et ses amis, et non ses maîtres et ses tyrans. Chez nos ancêtres, trop simples ou trop sages pour remplir leurs jardins des beautés froides de l'art en place des beautés vives de la nature, les cygnes étaient en possession de faire l'ornement de toutes les pièces d'eau; ils animaient, égayaient les tristes fossés des châteaux; ils décoraient la plupart des rivières, et même celle de la capitale, et l'on vit l'un des plus sensibles et, des plus aimables de nos princes mettre au nombre de ses plaisirs celui de peupler de ces beaux oiseaux les bassins de ses maisons royales; on peut encore jouir aujourd'hui du même spectacle sur les belles eaux de Chantilly, où les cygnes font un des ornements de ce lieu vraiment délicieux dans lequel respire le noble goût du maître. Le cygne nage si vite, qu'un homme, marchant rapidement au rivage, a grand-peine à le suivre. Ce que dit Albert, qu'il nage bien, marche mal et vole médiocrement, ne doit s'entendre, quant au vol, que du cygne abâtardi par une domesticité forcée; car libre sur nos eaux et surtout sauvage, il a le vol très haut et très puissant : Hésiode lui donne l'épithète d'altivolans; Homère le range avec les oiseaux grands voyageurs, les grues et les Oies, et Plutarque attribue à deux cygnes ce que Pindare feint des deux aigles que Jupiter fit partir des deux côtés opposés du monde pour en marquer le milieu au point où ils se rencontrèrent. Le cygne, supérieur en tout à l'oie, qui ne vit guère que d'herbages et de graines, sait se procurer une nourriture plus délicate et moins commune; il ruse sans cesse pour attraper et saisir du poisson; il prend mille attitudes différentes pour le succès de sa pêche, et tire tout l'avantage possible de son adresse et de sa grande force; il sait éviter ses ennemis ou leur résister : un vieux cygne ne craint pas dans l'eau le chien le plus fort; son coup d'aile pourrait casser la jambe d'un homme, tant il est prompt et violent; enfin il paraît que le cygne ne redoute aucune embûche, aucun ennemi, parce qu'il a autant de courage et d'adresse que de force. » (Buffon, 1771). | Le style, a-t-il dit dans son discours de réception à l'Académie française (1753), est l'homme même. Et il entendait par là que la nouveauté des découvertes ne fait pas vivre un écrivain, car les découvertes tombent bientôt dans le domaine commun, mais que le style appartient à l'homme et ne saurait lui être enlevé. Cette parole, aucun exemple ne la confirme mieux que le sien. Ses théories scientifiques suffiraient sans doute pour immortaliser son nom : si nous le lisons encore, si son oeuvre écrite demeure vivante, c'est parce qu'il fut un grand écrivain. On peut lui reprocher, et justement, dans ses descriptions les plus connues, une éloquence apprêtée et pompeuse. Il eut le tort de croire que la petitesse des choses doit être relevée par les ornements de la diction. Lorsqu'il ne s'agit pas de décrire l'oiseau-mouche ou même le cheval, lorsque, dans la Théorie de la Terre, par exemple, ou dans les Époques de la nature, l'ampleur du thème qu'il traite est en accord avec le tour grandiose de son imagination, nous reconnaissons en lui un des écrivains les plus admirables de la langue française par la sévérité noble, par la magnifique convenance, par la solide et harmonieuse plénitude. Géologie. Son premier essai de cosmogonie, la Théorie de la Terre, que Buffon avait publié en 1749, était une tentative incomplète. Il n'y envisageait que l'action des eaux à la surface du globe; il attribuait à leur mouvement de fluctuation et au limon qu'elles déposent la formation des montagnes en général, ce qui était inadmissible. Mais, dans les Époques de la Nature, publiées trente ans plus tard, il se rattacha aux idées de Leibniz. La forme de la Terre, sphéroïde renflé à l'équateur et aplati à ses pôles, lui révèle l'état de fluidité primitif de notre planète. « Le globe terrestre, dit-il, a précisément la figure que prendrait un globe fluide qui tournerait sur lui-même avec la vitesse que nous connaissons au globe de la Terre. » De ce que cet état de fluidité de la masse terrestre n'a pu s'opérer ni par la dissolution, ni par le délavement dans l'eau (à cause de l'insolubilité de la plupart des substances terrestres, et de que la quantité d'eau relativement trop petite), l'auteur conclut que "cette fluidité a été une liquéfaction causée par le feu." Le fait de cette liquéfaction primordiale est encore confirmé par la chaleur intérieure propre du globe, que Buffon admet pleinement : « Cette chaleur nous est, dit-il, démontrée par la comparaison de nos hivers et de nos étés; et on la reconnaît d'une manière encore plus palpable dès qu'on pénètre au dedans de la Terre; elle est constante en tous lieux pour chaque profondeur, et elle paraît augmenter à mesure que l'on descend. » La température des eaux thermales et les phénomènes volcaniques en sont également des témoignages irrécusables. -- Buffon (1707-1788). Statue du Jardin des Plantes, à Paris. D'accord avec Palissy, Sténon, Leibniz, etc., Buffon reconnaît la nature sédimentaire des couches superficielles du globe, et que ces couches sont semées de productions marine, dont la présence, loin des rivages et jusqu'au sommet des montagnes, atteste le séjour prolongé des mers sur toute la surface terrestre. Il comprit que des espèces entières avaient dû disparaître dans les révolutions du globe. Il revient souvent sur un fait important que Leibniz avait entrevu, à savoir les espèces perdues qu'il signale aux recherches des naturalistes futurs. Les ossements d'éléphants et de rhinocéros, qu'on avait découverts du temps de Buffon, en Sibérie, au Canada, en Angleterre, en Allemagne, firent naître chez l'éminent naturaliste le raisonnement que voici : Ces grands animaux, de même que les palmiers dont on a trouvé des empreintes dans les houillères du Nord, exigent, pour leur constitution et leur développement, une température beaucoup plus élevée que celle qui règne actuellement dans ces contrées. Les régions septentrionales de l'Océan et des nouveaux continents jouissaient donc primitivement d'une température à peu près égale à celle des tropiques. Quelle était la cause de cet étrange phénomène? Ce ne pouvait être que l'action du Soleil, à moins de supposer que, par suite d'une révolution radicale de notre Système planétaire, nos rapports avec l'astre radieux ont complètement changé. C'est ainsi que Buffon fut conduit à admettre que cette température primitive des régions septentrionales tenait à la chaleur propre du globe, et qu'elle s'était longtemps maintenue après la condensation des vapeurs à la surface de la Terre refroidie. Quant aux fossiles communs aux deux continents, Buffon y voyait la preuve manifeste que l'Ancien et le Nouveau monde étaient primitivement unis, et que leur disjonction fut l'effet d'une de ces phases par lesquelles la nature en travail préparait l'apparition de l'humain, dont les débris des premiers âges n'offrent pas de traces. Ces diverses phases de la création étaient pour Buffon autant d'époques, qui devaient à peu près correspondre aux jours de la Genèse. L'héritage de Buffon. Par les idées nouvelles qu'il a introduites dans le science, par les lois nouvelles qu'il a établies, Buffon a été le précurseur des plus grands savants du commencement du XIXe siècle, qui souvent n'ont plus eu qu'à développer, étendre, perfectionner ses belles conceptions. Il a préparé le terrain à Bichat, à Lamarck, etc.; c'est à lui que Cuvier a emprunté la loi de la prééminence relative des organes, qui lui a donné des résultats si remarquables, surtout dans le domaine de la paléontologie; c'est à lui qu'est due l'idée de l'uniformité du plan de la nature qui a fait la base des beaux travaux de Geoffroy-Saint-Hilaire; c'est lui qui, par sa démonstration de l'unité de l'espèce humaine, a préparé la voie aux travaux de Blumenbach, de Camper et de Cuvier; elle pourrait être longue encore, cette énumération. En revanche, en géologie, Leibniz et Buffon avaient laissé trop de lacunes dans les détails, trop d'observations incomplètes ou inexactes dans leurs généralités, pour ne pas faire naître de profonds dissentiments parmi leurs successeurs. La question de savoir qu'elle prépondérance il faut accorder au feu ou à l'eau dans la constitution du globe fit naître de vives polémiques. De là deux écoles opposées qui se disputèrent, pendant quelque temps, le domaine de la science, celle des Vulcaniens (Hutton et Playfair en Angleterre, Desmarets et Dolomieu en France) et celle des Neptuniens (Werner). Voltaire a dit de Buffon qu'il avait l'âme d'un sage dans le corps d'un athlète et Hume que sa prestance rappelait plutôt celle d'un maréchal de France que d'un homme de lettres. Sa haute taille, ses yeux noirs très vifs (quoique myopes), ses cheveux blancs de bonne heure et qu'il portait sans poudre, des soins de toilette qu'on a souvent raillés, contribuaient au prestige qu'il inspirait à tous ses contemporains. Malgré sa grande célébrité, les portraits originaux de Buffon ne sont pas nombreux : on ne peut guère citer comme ayant une réelle valeur iconographique que le buste de Pajou (1773) et celui de Houdon (1783), appartenant au Louvre; le Muséum possède aussi du second un bel exemplaire en marbre. Une statue de Buffon a été érigée en 1854 à Montbard. (Hoefer / Hahn / NLI / Tourneux).
| Collectif, L'héritage de Buffon, Editions Universitaires de Dijon, 2009.- Buffon naturaliste, mathématicien, chimiste, styliste. Buffon à la tête d'un monument : l'Histoire naturelle. Qu'en reste-t-il de nos jours? Comment les idées de Buffon ont-elles cheminé, aux XVIIIe, XIXe et XXe siècles, dans la pensée des autres chercheurs, en Europe et au-delà? dans les théories scientifiques ou la littérature moderne? Au centre du réseau de ses correspondants, critique de Linné, précurseur de Darwin, Buffon jette des ponts vers la biologie moderne, tisse des liens avec les penseurs de l'avenir, avance aux côtés des artistes inspirés de son oeuvre, à l'écoute des oiseaux, animaux, grands singes qui l'accompagnèrent dans sa vie et son oeuvre. Cet ouvrage ne veut pas se pencher sur l'auteur de l'Histoire naturelle, comme on ausculterait les reliques d'un grand ancien. Au contraire, son but est de parcourir les multiples voies qu'a pu prendre son influence dans l'esprit de ses successeurs. Il s'agit ici de suivre dans leurs délinéaments les pistes dégagées par un maître de la pensée qui ne fut pas un maître en prêt-à-penser, mais un pionnier de la réflexion sur la complexité du vivant. (couv.). - Yves Laissus, Buffon : La nature en majesté, Editions Gallimard, 2007.- Georges Leclerc, devenu comte de Buffon (1707-1788), est l'une des principales figures de la science française du XVIIIe siècle. Biologiste avant la lettre, créateur de l'éthologie et de la zoogéographie, il élargit son ouvrage - la grandiose Histoire naturelle en 36 volumes - aux dimensions d'une histoire de la Terre, à laquelle il ose attribuer un âge mesuré en dizaines de milliers d'années. Au centre de la création, il place l'Homme et, par les pages qu'il lui consacre, fonde une véritable anthropologie positive. À l'occasion du 300e anniversaire de la naissance de Buffon. (couv.). En bibliothèque. - Les Mémoires de l'Académie royale des sciences et les Mémoires de l'Académie de Dijon renferment d'importants travaux de Buffon sur divers sujets de physique, d'agriculture et d'histoire naturelle, non compris dans ses oeuvres complètes et dont nous nous bornons à signaler l'existence. Les ouvrages de Buffon ont été édités un grand nombre de fois et traduits dans la plupart des langues de l'Europe. Nous ne mentionnerons que les principales éditions françaises : Histoire naturelle générale et particulière, par Buffon, J. Daubenton, Ph. Guéneau de Montbeillard, et G.-E. de Lacépède (Paris, 1749-1804, 44 vol. in-4, avec de nombreuses gravures; Paris, 1752-1805, 90 vol. in-12, avec figures; cette édition porte le titre d'Oeuvres complètes; Amsterdam et Dordrecht, 1766-1799, 38 vol. in-4; Paris, 1774-1804, 36 vol. in-4, avec figures, sous le titre d'Oeuvres complètes; Berne, 1784-1786, 22 vol. in-8; Deux-Ponts, 1785-1791, 54 vol. in-12, avec figures coloriées; Strasbourg, 1789-1799, 43 vol. in-12, avec figures coloriées et cartes ; etc.); Histoire naturelle de Buffon, mise dans un nouvel ordre; précédée d'une notice sur la vie et les ouvrages de Buffon, par Cuvier (Paris, 1825-1826, 36 vol. in-8, avec 400 pl.). Outre l'Histoire naturelle, Buffon a donné une traduction de la Statique des végétaux de Hales, de la Théorie des fluxions de Newton. Sa Correspondance a été publiée en 1860, par son arrière petit-neveu H. Nadault de Buffon. Oeuvres complètes, avec les descriptions anatomiques de Daubenton, par Lamouroux et Desmarets (Paris, 1824-1832, 40 vol. in-8, avec 720 pl. lithogr.); l'une des meilleures éditions; Oeuvres complètes, mises en ordre et précédées d'une notice historique, par A. Richard, avec un supplément de Cuvier (Paris, 1825-1898, 32 vol. in-8, avec 200 pl.); Oeuvres complètes (Paris, 1837-1839, 6 vol. gr. in-8, avec 120 pl. coloriées). Oeuvres complètes, édition annotée et précédée d'une introduction sur Buffon et sur les progrès des sciences naturelles depuis son époque, par J.-L. de Lanessan (Paris, 1885, 14 vol. in-8, avec 160 pl. et 8 portr.). On a imprimé séparément les ouvrages suivants de Buffon : les Epoques de la nature (Paris, 1778-1790, 2 vol. in-12); Histoire naturelle de l'homme (nouv. édit., Paris, 1792, 2 vol. in-12); Histoire naturelle des oiseaux (Paris, 1771, 10 vol. gr. in-4, avec 1008 pl. enluminées, y compris 35 d'insectes, ouvrage très recherché; Berne, 1798, 18 vol. in-8, avec figures); Théorie de la Terre (Berne, 1791, 3 vol. in-8); Histoire de la Terre et des minéraux avec la physique expérimentale (Berne, 1800, 7 vol. in-8, avec pl.); Histoire nature des animaux domestiques (Berne, 1800, in-8). Vicq d'Azyr, Condorcet, Cuvier, ont écrit l'éloge de Buffon; Flourens a donné l'Histoire de sa Vie et de ses Ouvrages; Nadault de Buffon : Buffon, sa famille et ses collaborateurs, 1863. | | |