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Histoire des mathématiques
L'histoire de l'arithmétique

Jalons

L'Antiquité

Les premières traces d'arithmétique.
L'arithmétique, l'art de manipuler les nombres pour résoudre des problèmes pratiques, trouve ses racines dans les premières civilisations. Les premiers exemples proviennent des Sumériens et des Babyloniens (environ 3000 av. JC) en Mésopotamie, qui utilisaient un système sexagésimal (base 60) pour la comptabilité, l'astronomie et le commerce. Ils ont laissé des tablettes d'argile où des calculs mathématiques, incluant des multiplications et des divisions, sont inscrits.

L'Égypte ancienne.
Les Égyptiens utilisaient un système de numération décimal, mais non positionnel, pour les besoins pratiques tels que la construction et l'agriculture. Les mathématiques égyptiennes sont principalement documentées dans des papyrus comme le Papyrus Rhind (vers 1650 av. JC) et le Papyrus de Moscou (vers 1850 av. JC), qui contiennent des méthodes de multiplication, de division et de résolution d'équations simples.

La Grèce antique.
Les mathématiques grecques ont apporté une dimension théorique à l'arithmétique. Des philosophes comme Pythagore (VIe siècle av. JC) ont développé des théories sur les propriétés des nombres, influençant l'arithmétique. Euclide (IIIe siècle av. JC), dans ses Éléments, a structuré des concepts tels que les proportions et les propriétés des nombres premiers. L'arithmétique était alors intégrée à une vision plus large des mathématiques, englobant la géométrie.

Le système de numération indien.
Entre le IIIe et le VIe siècle ap. JC, les mathématiciens indiens ont développé le système de numération décimal positionnel, avec l'introduction du zéro. Aryabhatta et Brahmagupta ont joué un rôle clé dans l'élaboration des méthodes de calcul utilisant ce système. Ce développement a constitué une étape fondamentale pour les mathématiques modernes.

Les Moyen âge et la Renaissance

La transmission aux Arabes et la contribution arabo-musulmane.
Le savoir mathématique des Grecs et des Indiens s'est diffusé à travers le monde arabo-musulman médiéval (VIIIe-XIIe siècles). Al-Khwarizmi (IXe siècle) a écrit un traité sur l'arithmétique qui a introduit les chiffres indiens (qui deviendront les chiffres arabes) en Occident. Son oeuvre a également formé la base de l'algèbre. Les savants musulmans ont amélioré les techniques arithmétiques, notamment en développant des méthodes pour les calculs commerciaux, financiers et astronomiques.

L'arithmétique en Europe médiévale et la Renaissance

Jusqu'au XIIe siècle, l'Europe utilisait principalement la numération romaine et les techniques arithmétiques rudimentaires basées sur l'abaque. La redécouverte des textes arabes et grecs par des érudits comme Fibonacci, dont le Liber Abaci (1202) introduit les chiffres arabes et les techniques arithmétiques indiennes en Europe, marque un tournant. Les méthodes de calcul, comme la multiplication à l'italienne et la division longue, commencent à se répandre.

Les évolutions jusqu'en 1600.
Au cours des XVIe siècle, les mathématiques ont gagné en précision et en abstraction. Des figures comme Simon Stevin ont promu l'utilisation systématique des fractions décimales, tandis que des mathématiciens comme François Viète ont formalisé l'algèbre symbolique. Ces avancées ont progressivement intégré l'arithmétique dans un cadre plus théorique, en posant les bases des développements mathématiques modernes.

De 1600 à 1900

Un âge d'or de l'arithmétique.
Le XVIIe siècle marque une transition majeure dans l'arithmétique, avec une approche plus rigoureuse et systématique des nombres et des opérations. Des mathématiciens comme René Descartes et Blaise Pascal ont étudié la relation entre l'algèbre et la géométrie, jetant les bases de la géométrie analytique. Descartes a introduit la notation exponentielle (comme x²) et a développé des méthodes pour résoudre les équations algébriques. Pascal, avec son traité sur le triangle arithmétique (aujourd'hui connu sous le nom de triangle de Pascal), a jeté les bases de la théorie des probabilités.

Les méthodes arithmétiques ont également été appliquées à la physique et à l'astronomie, comme l'illustre le travail d'Isaac Newton sur le calcul infinitésimal, bien que cette discipline aille au-delà de l'arithmétique traditionnelle.

Formalisation et théorie des nombres.
Au XVIIIe siècle, l'arithmétique évolue vers une théorie des nombres plus abstraite. Leonhard Euler a été un contributeur clé, étudiant des concepts comme les nombres premiers, les fonctions arithmétiques et les congruences. Carl Friedrich Gauss, avec son ouvrage Disquisitiones Arithmeticae (1801), a systématisé la théorie des nombres modernes. Gauss a notamment formalisé les congruences modulaires, un concept central en arithmétique.

Algébrisation et abstraction.
Le XIXe siècle voit l'arithmétique se développer vers des domaines plus abstraits. Évariste Galois a utilisé l'arithmétique pour développer la théorie des groupes, ouvrant ainsi la voie à l'algèbre moderne. Augustin-Louis Cauchy et Richard Dedekind ont formalisé les bases de l'arithmétique à travers la théorie des ensembles et les nombres réels. La rigueur et la formalisation mathématique s'intensifient, ce qui conduit à une arithmétique plus abstraite, centrée sur les structures algébriques comme les anneaux et les corps.

Depuis 1900

L'avènement des ordinateurs et l'arithmétique numérique.
La seconde moitié du XXe siècle introduit une nouvelle dimension à l'arithmétique avec l'émergence de l'informatique et des ordinateurs. Alan Turing et d'autres pionniers de l'informatique ont montré comment des opérations arithmétiques peuvent être réalisées mécaniquement, posant les bases de l'arithmétique binaire utilisée dans les ordinateurs. La naissance de l'informatique moderne a engendré de nouvelles méthodes arithmétiques pour les calculs numériques, comme les algorithmes de multiplication rapide ou les méthodes pour résoudre des équations numériques avec une précision accrue. En parallèle, l'arithmétique théorique progresse avec des avancées dans la théorie des nombres. Par exemple, la résolution du dernier théorème de Fermat par Andrew Wiles en 1994 marque une étape majeure dans l'histoire de l'arithmétique.

Vers la cryptographie et l'arithmétique algorithmique.
Aujourd'hui, l'arithmétique est essentielle dans des domaines variés comme la cryptographie, avec des algorithmes basés sur la théorie des nombres (RSA, courbes elliptiques), et dans les algorithmes numériques pour l'intelligence artificielle et les simulations. L'arithmétique modulaire, autrefois abstraite, est aujourd'hui appliquée pour sécuriser les communications en ligne. L'arithmétique des ordinateurs, avec des calculs en virgule flottante ou des techniques pour gérer les erreurs numériques, est également un domaine de recherche actif.

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