|
. |
|
[Le Moyen-âge > Les Arabes ] / [Les religions] |
|
«
La
religion de Dieu est l'Islam » : ainsi s'exprime le Coran
au chap. III, verset 17. Ce nom qui a été donné à
la doctrine prêchée par Mohammed
(Mahomet) est généralement expliqué comme marquant
l'idée de la résignation à Dieu
ou de la soumission absolue à ses volontés. Peut-être
conviendrait-il mieux de conserver au mot Islam sa signification étymologique
de livraison et de l'expliquer par l'obligation pour l'humain de s'acquitter
de la dette contractée par lui vis-à-vis de l'Être
suprême qui lui a prêté la vie. Les religions monothéistes
antérieures ne parlaient, en effet, que de l'iman, c.-à-d.
de la croyance en Dieu et à la vie future. L'Islam y ajouta en termes
formels le devoir de payer un tribut de reconnaissance à la divinité.
L'Islam se
divise en plusieurs branches. La principale est celle des Sunnites,
largement majoritaire. Elle est suivie par celle des Chiites.
Les autres, telle celle des Khâridjites,
sont numériquement moins importantes. Le soufisme
représente proprement la forme mystique
de l'Islam (aussi bien sunnite que chiite);
le Kalam (Théologie rationnelle), quant à lui,
rassemble des courants à caractère principalement philosophique
(le plus important étant celui des Mo'tazilites,
dont la doctrine est appelée Motazilisme.
Aux branches figurant sur le tableau précédent, il convient d'ajouter : + Le wahhabisme ou salafisme, dans lequel se reconnaissent à la fois les gouvernants actuels de Arabie Saoudite et divers groupes extrémistes. Il correspond à une expression fondamentaliste et rigoriste ( = islamisme) de l'Islam sunnite (hanbalite).On donne sur une autre page un tableau général des Branches de l'Islam. Aspects de la
religion musulmane.
« Je déclare qu'il n'y a d'autre divinité que Dieu et que Mohammed est l'envoyé de Dieu.-»Et, de fait, il peut se présenter des circonstances telles que cette seule déclaration suffise pour assurer son salut. Il est admis, en effet, qu'on peut se dispenser de toute pratique extérieure du culte chaque fois qu'il y aurait danger de mort à le faire, sans profit assuré pour la religion. Sauf le cas où l'on expose sa vie pour la propagation de la foi, dans ce que l'on appelle la guerre sainte, il est interdit au musulman de chercher le martyre. On a craint de provoquer ainsi d'inutiles forfanteries. Si dans la profession
de foi il n'est point parlé de la croyance à la vie future,
cela tient à ce que toutes les religions monothéistes sont
d'accord sur ce principe, et qu'aux yeux des musulmans les religions d'Abraham,
de Moïse et de Jésus
n'ont été que des degrés par lesquels Dieu a fait
passer son culte avant de lui imposer sa forme définitive. L'idée
de cette évolution est si profondément enracinée dans
l'esprit de tout musulman qu'il refusera toujours de se convertir au Christianisme,
par exemple, parce que ce serait un retour à une condition inférieure
à celle qu'il a acquise. Il ne pourrait, dans tous les cas, qu'adopter
une religion nouvelle s'il ne croyait fermement que Mohammed a clos d'une
façon irrévocable la série des prophètes réformateurs.
En adoptant une partie des croyances et des pratiques des religions antérieures,
l'Islam ne fait donc que confirmer le principe qu'il a admis du progrès
en matière religieuse. Le point capital nouveau qu'il a cherché
à mettre en relief est l'unité absolue de Dieu que la doctrine
chrétienne lui semblait avoir sinon reniée, tout au moins
mise en doute par le dogme de la trinité.
La seconde affirmation contenue dans son credo a surtout pour objet de
montrer que, l'ère de l'évolution religieuse est définitivement
close.
Une des questions délicates à résoudre pour le croyant est de concilier la toute-puissance divine avec le libre arbitre qui est la seule justification possible de la rétribution dans la vie future. Diverses doctrines se sont fait jour à ce sujet, mais l'opinion commune qui se dégage dans la masse des musulmans est la suivante. Les actions des humains durant leur vie terrestre ont toutes été prévues et inscrites sur la table que Dieu conserve par devers lui; toutefois elles ne sont indiquées pour cette période qu'en traits généraux, et chacun peut en modifier légèrement la trame en la dirigeant soit vers le bien, soit vers le mal. C'est ainsi qu'on doit s'expliquer la présence de ces deux anges qui accompagnent chaque être humain pour noter l'un les bonnes actions, l'autre les mauvaises. Au jour du jugement dernier chacune de ces actions sera représentée par un poids proportionnel à sa gravité, et la balance décidera qui du bien ou du mal l'emportera. Quand Dieu, touché par les vertus ou les prières d'un humain, voudra lui faire remise d'une de ses fautes, il n'aura qu'à effacer cette faute de la liste de l'ange. En principe les peines et les récompenses de l'autre monde seront éternelles; cependant il existe un purgatoire appelé aarâf; il paraît spécialement destiné aux musulmans qui semblent ne jamais devoir être condamnés au châtiment éternel de l'enfer, mais qui subiront des peines analogues durant un temps proportionné à la gravité de leurs fautes. Étant donné la nature du paradis il est à peine besoin d'ajouter que la résurrection de la chair est admise par les musulmans. En dehors des anges et des démons dont le sort est dès à présent fixé, il existe des génies qui habitent l'espace compris entre le ciel et la terre. Ces génies sont appelés, suivant leur conduite, à jouir de la vie éternelle dans les mêmes conditions que les humains. Parmi les pratiques extérieures de la foi musulmane, il en est qui sont d'obligation stricte et d'autres que l'usage seul a établies et dont on peut à la rigueur se dispenser. Tous les hommes musulmans sont circoncis et pourtant aucune disposition précise de leur loi ne les contraint à subir cette opération; cette coutume, ainsi que bien d'autres, est un legs de la religion juive qui a passé par-dessus la religion chrétienne. Arrivé à l'âge de la puberté, le musulman est tenu, sauf le cas d'empêchement dirimant, de faire cinq prières par jour après s'être au préalable purifié par des ablutions; durant tout le mois du ramadan il ne lui est pas permis de rompre le jeûne du point du jour au coucher du Soleil. Il doit donner à titre de dîme aumônière une partie du produit de ses biens quand ils atteignent une valeur minimum fixée, et enfin, si ses moyens et sa santé le lui permettent et que les routes soient sûres, il aura à accomplir une fois dans sa vie le pèlerinage à La Mecque. En outre il prendra part à la propagande religieuse à main armée, dite djihad, toutes les fois qu'il en sera requis, mais cela n'est réellement obligatoire que vis-à-vis des populations qui n'ont point une religion révélée ou qui menacent l'existence de l'Islam. A l'exception du djihâd, les femmes ont à remplir les mêmes devoirs que les hommes, bien que le plus souvent elles s'en abstiennent. Au rebours de ce qui se passe dans la plupart des autres religions, le culte, dans l'Islam, est surtout observé par les hommes, ce qui a pu faire supposer que les femmes n'auraient point part aux récompenses et aux châtiments de la vie future. Cela n'est pas exact quoique, à vrai dire, la situation de la femme au point de vue religieux n'ait pas été aussi nettement tracée que celle des hommes. Tous les détails du culte ont été réglés par la tradition et ne diffèrent pas sensiblement d'un pays à un autre, que l'on soit orthodoxe ou schismatique, toutes les prières devant partout se faire en langue arabe : cependant l'Islam a subi dans une certaine mesure l'influence des traditions anciennes des pays dans lesquels il s'est implanté. La vénération due au Prophète s'est ainsi changée en une sorte d'adoration, et le culte des saints est devenu de plus en plus fréquent. L'Islam offre une organisation complète. Non content de régler les devoirs de l'humain envers Dieu, il a aussi déterminé les rapports qui doivent unir les membres d'un même société. La législation, une partie même des moeurs et coutumes se trouvent combinées avec la loi islamique. Le régime des mariages, celui des successions sont, entre autres, l'objet de dispositions formelles de la part du Coran et les hadits sont venus préciser ce qu'il y avait d'un peu vague dans certains cas et compléter sur d'autres points les instructions données aux fidèles musulmans. Malgré quelques divergences, la codification, qui s'est faite peu à peu d'après les bases fixées par le Livre saint, a pris une telle autorité qu'elle a revêtu le même caractère que la loi religieuse pure, et il est impossible de dire aujourd'hui là où commence la législation civile, là où finit la législation religieuse. Le succès de l'Islam est dû en grande partie à ce mélange des dispositions civiles et religieuses; il a donné satisfaction au besoin qu'éprouvent les humains de se réunir en société par la création d'un lien assez fort pour leur imposer quelques sacrifices personnels, assez élastique cependant pour leur permettre de se séparer en groupes distincts. Quant à l'influence que la nouvelle religion a exercée sur le monde, elle a été d'une très haute importance. Les institutions grecques et romaines n'avaient pas pénétré profondément les masses répandues dans l'Asie occidentale, non plus que celles de l'Afrique septentrionale. Les villes seules avaient été véritablement grécisées ou romanisées, mais les populations des campagnes étaient restées en dehors du cercle d'action de leurs conquérants et vivaient isolées dans une condition misérable. Les Arabes, qui les premiers ont propagé l'Islam, avaient horreur du séjour dans les villes; ils s'établirent surtout dans les grandes plaines et les larges vallées ou ils se trouvèrent en contact immédiat avec la masse des paysans, vivant avec eux et s'alliant sans répugnance avec les filles des vaincus. Une intimité plus grande s'établit ainsi avec les conquérants et laissa une marque ineffaçable de leur victoire. Dans les villes et chez les montagnards, la résistance à l'Islam fut toujours plus grande, parce qu'il y eut une fusion beaucoup moins aisée; néanmoins l'assimilation finit par devenir complète. Que l'Islam l'ait trouvée en lui-même ou qu'il l'ait empruntée à d'autres, la civilisation qu'il apporta aux nouveaux convertis n'en a pas moins été brillante : les lettres, les sciences, l'industrie fleurirent partout où les musulmans portèrent leurs doctrines. La Syrie, l'Égypte, le Nord de l'Afrique et l'Espagne ont été durant plus de quatre siècles des foyers lumineux de l'activité intellectuelle, alors que tout le reste de l'Europe vivait dans un état voisin de la barbarie. Les croisades, qui ont mis un terme à cette période, ont transporté en Europe une partie des institutions qu'elles avaient trouvées en Orient, et c'est sur ce tronc alors vigoureux qu'est venue se greffer la civilisation moderne. Jamais religion ne
s'est développée avec une pareille rapidité : en moins
d'un demi-siècle l'Islam s'est étendu des bords de l'Indus
aux rivages de l'océan Atlantique, et si ce mouvement s'est ralenti
il persiste encore aujourd'hui. Après avoir pénétré
dans le subcontinent indien (Inde, Pakistan,
Bangladesh), en Chine, en Malaisie, l'Islam
continue sa marche dans le continent africain.
Au cours des dernières décennies, il a commencé à
connaître une importance croissante en Europe
occidentale, du fait de l'immigration (depuis le Maghreb vers la France,
ou depuis la Turquie vers l'Allemagne,
par exemple), et aussi aux États-Unis,
cette fois du fait de son implantation dans la population afro-américaine.
La morale
de l'islam est, à bien peu de chose près, la même que
celle des religions chrétienne et juive. Elle en diffère
surtout parce qu'elle a plus d'égards pour les nécessités
de la vie humaine : tout en réprimant l'abus, elle tolère
largement l'usage, estimant que la privation a de plus graves inconvénients
encore que l'usage immodéré.
L'Islam dans le miroir de la modernité. Une mosquée et un centre commercial à Manama (Bahreïn). Source : The World Factbook. Au point de vue social, l'Islam a introduit en Orient d'excellentes réformes : l'égalité des fidèles est absolue; il n'y a parmi eux aucune caste se transmettant par simple hérédité le pouvoir ou la noblesse avec privilèges. Chacun peut se suffire pour l'exercice du culte et nul n'est investi d'un caractère sacré. La fraternité se traduit par l'obligation de faire l'aumône, non point seulement personnellement, mais surtout par le payement de la dîme, dont le produit centralisé est affecté pour la plus grande part aux déshérités de la fortune. Seule la condition de la femme est restée dans une grande situation d'infériorité, même si elle possède le droit de gérer sans le concours d'autrui toute sa fortune personnelle. Ce sont les moeurs qui ont aggravé ici quelques-unes des recommandations du Coran et les ont faussées en exagérant l'application, mais au fond rien ne s'oppose à ce que la femme occupe dans la société musulmane la place qui lui est attribuée chez les peuples d'Europe. La polygamie n'a pas été inventée par l'Islam qui l'a simplement réglementée en engageant les fidèles à n'en faire usage qu'autant qu'ils en sentiraient un besoin impérieux. L'esclavage a été maintenu, mais les droits et les devoirs du maître ont été tracés de telle sorte que l'esclave est somme toute plus heureux et plus libre que ne l'était le serf attaché à la glèbe; la femme esclave rendue mère par son maître acquiert par ce seul fait son affranchissement, et il est rare que la mort du maître n'assure pas la liberté à tous ses esclaves. L'interdiction du prêt à intérêts a créé aux musulmans une situation désavantageuse en matière commerciale, car ils ont observé scrupuleusement cette prescription qui visait, sans aucun doute l'usure, puisque leur loi admet le prêt commanditaire. (O. Houdas, ca. 1900).
|
. |
|
|
|||||||||||||||||||||||||||||||
|