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Le terme de préhistoire
désigne à la fois l'intervalle de temps entre l'apparition du genre Homo
(les premiers Humains) et le moment l'écriture a été inventée, et la
discipline qui s'occupe de l'étude de cette période. Considérée comme
période de temps, le mot Préhistoire s'écrit avec une majuscule.
Cette période précède l'Histoire. En tant que discipline scientifique,
la préhistoire (avec une minuscule) cherche à reconstituer la vie des
populations anciennes qui n'ont pas laissé d'elles-mêmes de témoignage
écrit (ou qui ne sont pas connues au travers d'anciens documents écrits).
C'est donc en anthropologues, puis en archéologues
que l'on doit d'abord les étudier. Mais ces sociétés vivaient entourées
d'une faune et d'une flore spéciales, différentes de celles de nos jours.
A ce point de vue, leur étude doit être faite en naturalistes. De plus,
l'outillage et les technologies dont elles disposaient, rappellent suffisamment
ceux de des populations actuelles étudiées par les ethnographes pour
légitimer l'apport que peut être le regard de ces derniers. Enfin, les
vestiges usagés de la vie de nos lointains prédécesseurs s'accumulant
aux points ou ils vivaient et se superposant en même temps que sur eux
se formaient des dépôts de sable ou de terre, c'est en géologues et
en minéralogistes qu'il faudra également les observer. Tour à tour,
le préhistorien devra donc faire appel à ces diverses compétences dont
il devra posséder au moins les éléments nécessaires à ses études.
Les grandes étapes
de la préhistoire
Le temps considérable qu'a duré la Préhistoire
a conduit la diviser en époques diverses se suivant régulièrement, toujours
dans le même ordre et caractérisées chacune :
1 ° par sa superposition sur
les débris de l'époque antérieure, étant elle-même recouverte par
ceux de l'époque postérieure;
2° par une faune et une flore concomitantes,
et se succédant d'étages en étages;
3° par des industries caractéristiques
(appelées des faciès) en pierre, os, corne ou ivoire, puis, plus
tard, en cuivre, bronze, bronze et fer, puis fer seul variant également
suivant les époques et se succédant suivant un ordre constant;
4° par un type humain variable suivant
chaque époque.
Ces époques sont les suivantes : époque
paléolithique (palaios = ancien; lithos = pierre); épipaléléolithique
ou mésolithique; néolithique (neos = nouvelle); âges des métaux
Âge du cuivre ou Chalcolitique, du bronze
et du fer). Puis l'on arrive à la Protohistoire,
période charnière entre la Préhistoire proprement dite et l'Histoire
: en Europe, elle correspond à de sociétés sans écriture mais qui ont
déjà la maîtrise des métaux. Certaines de ces sociétés peuvent être
contemporaines des populations historiques (par exemple, les « Barbares
» à l'époque de Rome, typiquement le monde celte à partir de La
Tène).
Leurs limites dans
le temps peut être différente selon les régions et les cultures, mais
on peut accepter le schéma général suivant :
Le
Paléolithique.
Le Paléolithique
s'étend de sur trois millions d'années millions d'années et se termine
il y a environ 12 000 ans. On y distingue trois phases :
Le Paléolithique
inférieur (de 3,3 million d'années à 200 000 ans avant le présent)
: Utilisation des premiers outils en pierre taillée, notamment les choppers
et les bifaces. Contrôle du feu par l'Homo erectus. Migration de l'Homo
erectus hors d'Afrique vers l'Asie et l'Europe.
Le Paléolithique
moyen (de 200 000 à 40 000 ans avant le présent) :
Développement des techniques de taille de pierre plus sophistiquées,
comme la technique du Levallois. Utilisation de nouveaux matériaux pour
la fabrication d'outils, comme l'os et le bois.Développement de la chasse
organisée en groupe et de la cueillette de plantes. Émergence des premières
formes d'art, notamment les figurines et les peintures rupestres.
Le Paléolithique
supérieur. (de 40 000 ans à 12 000 ans avant le présent) : Utilisation
de techniques de taille de pierre très élaborées, comme la technique
de la pression. Utilisation de la parure, notamment de perles en
coquillage ou en ivoire. Développement de l'art pariétal dans les grottes,
avec des peintures et des gravures représentant des animaux, des humains
et des signes abstraits. Émergence des premières formes d'organisation
sociale, avec la création de communautés plus stables et la division
du travail entre les hommes et les femmes.
Le
Mésolithique.
Le Mésolithique,
qui marque la transition entre le Paléolithique et le Néolithique, s'étend
approximativement de 12 000 av. J.-C. à 8 000 avant le présent. Le début
du Mésolithique est marqué par la fin de la dernière période
glaciaire et la fonte des glaces, qui entraîne la montée des eaux et
la formation de nouveaux habitats côtiers. Vers 11 000 avant le
présent, apparition de la culture Maglemosienne en Europe du Nord
(fabrication de microlithes en silex et l'utilisation de harpons et de
flèches). Un millénaire plus tard, apparition de la culture Swiderienne
en Europe centrale (utilisation de haches polies en silex et chasse aux
cerfs et aux sangliers). Encore un millénaire, et on assiste au développement
de la culture Tardenoisienne en Europe de l'Ouest (utilisation de microlithes
et de haches polies en silex, pratique de la pêche et de la cueillette).
Le Mésolithique est également par la culture Azilienne dans le sud-ouest
de l'Europe (fabrication de microlithes et utilisation de harpons et de
filets pour la pêche), puis par la culture Kongemose en Scandinavie (utilisation
de pointes de flèches en silex et chasse au renne).
Le
Néolithique.
Vers 8000 ou 7000
avant le présent (un peu plus tôt au Proche-Orient et un peu plus tard
en Europe) l'apparition de l'agriculture et de l'élevage, ainsi que la
fabrication de poteries (d'abord en Chine, puis au Proche-Orient) et la
construction de villages sédentaires marquent le début du Néolithique.
Il y a 7000 ans, commence l''irrigation et de la culture du riz en Chine,
et c'est à peu près vers cette époque que sont établis en Europe les
premiers villages permanents (Balkans).
La
Protohistoire.
La Protohistoire
correspond au passage de la Préhistoire à la période historique, qui
se définit par l'invention de et l'usage de l'écriture (il ya 6500 ans
en Mésopotamie, il y a 5500 ans en Inde). Cette période est aussi caractérisée
par le travail des métaux (cuivre, puis bronze, puis fer). Chacun des
métaux travaillé donnant son nom à un "âge".
Tableau des subdivisions
de la préhistoire.
Le tableau suivant précise les principales
subdivisions de ces différentes époques :
Paléolithique
3,3
millions d'années- 12 000 ans
Industries
de la pierre taillée.
Maîtrise
du feu par H. erectus. |
P.
inférieur
3,3
million d'années - 200 000 ans
Australopithèques
Homo
habilis
Homo
erectus
Premiers
Néandertaliens (Prénéandertaliens) |
En
Afrique : Lomekwien.
Oldowayen
(mode technique I)
Outils
à trancher (chopping tools), grattoirs (choppers). Galets
taillés (peeble culture)
En
Afrique : 2,8-1,6 millions d'années;
En
Europe
(1,6 million d'années - 700 000 ans)
Acheuléen
(1,4
millions d'années - 150 000 ans); outils
bifaces, |
P.
moyen
200
000 - 40 000 ans
Néandertaliens
Premiers
Homo sapiens |
A
la charnière du Paléolithique inférieur et du Paléolithique moyen :
Yabroudien
(350
000 et 200 000 ans),
Clactonien
(400
000 à 200 000 ans), Tayacien
(440 000 et 350 000 ans).
Moustérien
(150
000 - 40 000 ans)
Inhumation
des morts, rites funéraires. |
P.
supérieur
40
- 12 000 ans
Grottes
ornées |
Castelperronien,
Périgordien (40 - 35
000 ans)
Aurignacien
(38-
29 000 ans)
Outils
en os, massues, "Vénus" sculptées, Altamira, grotte Chauvet.
Gravettien
(29
- 22 000 ans)
Grotte
Cosquer.
Solutréen
(22
- 19 000 ans)
Badegoulien
(19
- 16 000)
Magdalénien
(16
- 12 000 ans)
Lascaux. |
Mésolithique
ou Epipaléolithique
12000
- 8000 ans
Microlithes.
Invention de l'arc. Haches, pioches. Poterie. Début de la domestication
des animaux. |
Azilien
et
Laborien
(12-10000
ans) |
A.
inférieur
A.
supérieur |
Campinien |
Tardenoisien
Maglemosien |
Néolithique
8000
- 4000 ans
Industries
de la pierre polie.
Agriculture;
sédentarisation.
Début
des grandes civilisations urbaines (Mésopotamie, Egypte, vallée de l'Indus,
etc.). |
Robenhausenien |
- |
Carnac
Mégalithes |
- |
Protohistoire
4000
ans - temps historiques
Ages
des métaux. |
Chalcolithique
(âge du cuivre). |
- |
Age
du bronze
Début
de la métallurgie. |
- |
Age
du fer |
Hallstattien
(Hallstatt, Autriche)
Epoque
de La Tène (Suisse). |
Protohistoire
tardive |
- |
Les noms des subdivisions renvoient souvent
à ceux de localités typiques pour la découverte d'objets des diverses
époques : Chelles (Seine-et-Marne), Saint-Acheul (Amiens, Somme), Le Moustier
(Dordogne), Aurignac (Haute-Garonne), Solutré près de Mâcon (Saône-et-Loire),
La Madeleine (Dordogne), Mas d'Azil (Ariège), Fère-en-Tardenois (Aisne),
Le Campigny (Seine-maritime), Robenhausen (lac de Pfeffikon, Suisse). Ces
subdivisions peuvent pour une part s'entendre en un sens purement chronologique
(à condition de ne considérer leur valeur que pour une région donnée),
mais avant tout elles correspondent à des types de culture technique -
des faciès culturels -, et doivent donc se comprendre comme des termes
d'anthropologie sociale.
Quelques-uns de ces divers étages peuvent
manquer en un point déterminé, mais pour le Paléolithique la superposition
générale est toujours la même, tout au moins dans toute l'Europe.
La lignée humaine.
L'hominisation
Les Humains (Homo sapiens) sont, de nos jours,
la seule espèce du genre Homo. Ce genre commence a être attesté il y
a environ 2,8 millions d'années avec une espèce nommée Homo habilis,
et se range dans la super-famille des Hominoïdes
ou Singes anthropomorphes, à laquelle appartiennent aussi les Gibbons,
les Orang-Outans, les Gorilles et les Chimpanzés. Sur le plan phylogénétique,
les Gorilles et les Chimpanzés sont les parents les plus proches des Humains.
La lignée des Gorilles s'est différenciée de celle des Chimpanzés et
des Humains il y a environ 10 millions d'années. Celle des Chimpanzés
s'est distinguée de celle des Humains il y a plus de 7 millions d'années,
c'est-à-dire encore au Miocène. C'est le début du processus appelé
l'hominisation.
Ardipithèques
et apparentés.
A l'heure actuelle, les plus anciens représentants
de la lignée dont est issu le genre Homo sont : Sahelanthropus tchadensis
(Toumaï), vieux de près de 7 millions d'années, et Orrorin Tugenensis
(Orrorin), qui vivant il y a environ 5,8 millions d'années.
Orrorin est contemporain des premiers Ardipithèques,
qui marquent l'apparition de la bipédie : Ardipithecus kadabba (de 5,8
à 5,2 millions d'années avant le présent), suivi par Ardipithecus ramidus
(il y a environ 4,3 millions d'années).
Les Australopithèques.
C'est vers cette époque (au Pliocène,
donc) qu'apparaissent les premiers Australopithèques (Australopithèques
graciles), dont les derniers seront contemporains des premiers Homo habilis
: Australopithecus anamensis (entre 4,2 et 3,7 millions d'années) suivi
d'Autralopithecus afarencis (Lucy, entre 4 et 2,9 millions d'années),
Australopithecus bahrelghazali (Abel, de 3,5 à 3 millions d'années, dans
les plus anciens représentants sont contemporains du Kenyanthropus platyops),
Australopithecus africanus (de 3,4 à 2,6 millions d'années environ) et
Australopithecus garhi (2,6 millions d'années avant le présent).
Lucy dans
la terre avec des réponses
Lucy, de son nom
scientifique Australopithecus afarensis, est un fossile d'hominidé découvert
le 24 novembre 1974 dans la région de l'Hadar, en Éthiopie, dans la
vallée du Grand Rift africain, une zone riche en fossiles anciens. Lors
de fouilles, le paléoanthropologue Donald Johanson et son équipe (à
laquelle appartenait notamment Yves Coppens qui a largement participé
de la popularisation de cette découverte) ont mis au jour environ 40 %
du squelette d'un hominidé. Ce fossile a été nommé Lucy, en référence
à la chanson Lucy in the sky with diamonds des Beatles, qui jouait
sur le camp de fouilles ce soir-là.
Les ossements de
Lucy ont permis aux chercheurs de comprendre plusieurs aspects de l'anatomie
des premiers hominidés. Elle mesurait environ 1,10 m et pesait autour
de 27 kg. Les analyses de son squelette ont montré qu’elle possédait
des caractéristiques mixtes, à la fois humaines et simiesques. La structure
de son bassin et de ses membres inférieurs (notamment les fémurs) a montré
que Lucy marchait debout, bien qu’elle ne soit pas aussi avancée que
les humains modernes. Cela prouve que la bipédie est apparue très tôt
dans l'évolution humaine, bien avant l'apparition des grands cerveaux.
De fait, la capacité crânienne de Lucy était petite, similaire à celle
d'un chimpanzé (environ 400 cm³). Elle possédait de longs bras,
suggérant qu’elle passait probablement une partie de son temps dans
les arbres, ce qui indique une adaptation mixte, entre vie arboricole et
bipédie terrestre.
La découverte de
Lucy a eu un impact majeur sur l'étude de l'évolution humaine, car
elle a remis en question plusieurs hypothèses de l'époque. Elle a confirmé
que la bipédie était une étape fondamentale de l'évolution humaine
et qu’elle s'était développée avant l'augmentation significative
de la taille du cerveau. Lucy appartient à l'espèce Australopithecus
afarensis, un des ancêtres potentiels de la lignée humaine moderne (Homo
sapiens), bien que d'autres hypothèses existent concernant la diversité
des lignées humaines. Lucy a permis de situer l'origine la lignée humaine
dans la région de l'Afrique de l'Est, renforçant l'hypothèse de
l'origine africaine de l'humanité.
Les ossements de
Lucy ont été datés d'environ 3,2 millions d'années, ce qui en fait
l'un des plus anciens et des plus complets fossiles d'australopithèques
découverts. Depuis sa découverte, Lucy est devenue un symbole de l'histoire
humaine ancienne et est perçue (abusivement) comme la “grand-mère de
l'humanité” dans l'imaginaire collectif. Après Lucy, d'autres fossiles
d'australopithèques ont été découverts, certains plus anciens et
d'autres plus complets, comme Ardi (environ 4,4 millions d'années)
et le célèbre bébé de Selam, un autre Australopithecus afarensis très
bien préservé. |
Les Paranthropes.
Les dernières espèces du genre Australopithecus
contemporaines des premiers Homo sont appelées Paranthropes (certains
auteurs font un genre distinct nommé Paranthropus) ou Australopithèques
robustes. Ils dérivent des l'Australopithecus afarensis. On nommera :
Australopithecus aethiopicus (2,7 à 2,3 millions d'années), Australopithecus
boisei (2,4 à 1,2 million d'années) et Australopithecus robustus (1,8
à 1,5 million d'années).
Les Humains proprement
dits.
Homo
rudolfensis et Homo habilis.
Le genre Homo, succédant aux derniers
Australopithèques graciles (Au. africanus et Au. Garhi) se présente d'abord
sous la forme de deux espèces, Homo rudolfensis (de 2,4 à 1,7 million
d'années) et H. habilis (2,4 à 1,6 million d'années), auquel on attribue
les industries oldowayennes. Ces espèces sont encore partiellement arboricoles
et leur appartenance au genre Homo est parfois contestée.
Homo
ergaster.
Homo ergaster (de 1,9 à 1 million d'années
avant le présent), se rapproche davantage de l'Homme moderne par ses caractéristiques
physiques, et par des aptitudes techniques plus grandes (industrie acheuléenne),
maîtrise de la chasse. On lui attribue aussi la maîtrise du langage articulé.
C'est aussi l'une des premières espèces du genre Homo à quitter l'Afrique
pour se répandre en Asie et en Europe. Sa présence
est attestée au Moyen-Orient il y a 1,4 millions d'années.
Avant l'Homo ergaster, l'Homo georgicus (ou Homme de Dmanissi), dont
la morphologie est intermédiaire entre H. ergaster et H. habilis, est
attesté en Géorgie dès 1,77 millions d'années. Le plus ancien vestige
humain (une dent) trouvé en Europe (grotte de Kozarnika, en Bulgarie)
remonte à 1,6 million d'années et appartient H. ergaster ou à H. erectus.
(Des vestiges homininés existent en Chine (à Shangchen),
depuis 2,2 millions d'années, mais sans qu'on sache à quelle espèce
les attribuer).
Homo
erectus.
Homo erectus (1 million d'années à 300
000 ans avant le présent) était répandu principalement en Asie où il
a pris la suite d'Homo ergaster. Il est présent en Asie du Sud-Est, il
y a 700 000 ans et en Europe (Tautavel,) il y a 550 000 ans. On en distingue
couramment plusieurs sous-espèces, notamment : Homme de Java (Pithécanthrope),
de Yuanmou, de Pékin (Sinanthrope), de Nankin, de Lantian, de Solo, et,
en Europe, de Tautavel. L'Homo erectus maîtrisait le feu.
Homo
antecessor.
Homo antecessor (de 1,2 million d'années
à 700 000 ans), qui semble pouvoir être dérivé d'Homo ergaster, fait
aussi partie, comme l'Homo erectus, de la grande vague de peuplement de
l'Eurasie il y a près d'un million d'années, et serait la première espèce
humaine ayant véritablement peuplé l'Europe. On y voit la souche des
deux lignées qui, pour l'une mène à l'Homme de Néandertal, et l'autre
à l'Homme moderne.
Homo
heidelbergensis.
C'est d'Homo antecessor que l'on fait
parfois dériver Homo heidelbergensis (de 650.000
à 200 000 ans). Ce point de vue reste cependant
contesté par certains chercheurs. L'Homme de Heidelberg pourrait en fait
être originaire d'Afrique, où il pourrait être identifié à l'Homo
rhodesiensis. Un exemple d'H. heidelbergensis : l'Homme de Tautavel dont
les vestiges ont été découverts à la Caune de l'Arago (570 000- 400
000 ans) en France.
Homo
neandertalensis. Homo denisovensis.
Homo neandertalensis, l'Homme de Néandertal
(de 450 000 à 28 000 ans), qui peuplait l'Europe
et le Sud-Ouest de l'Asie,semble, pour sa part, pouvoir bien être dérivé
d'Homo heidelbergensis, ce qui fait qualifier ce dernier de Pré-Néandertalien.
En Asie orientale, l'analogue et le contemporain de l'Homme de Néandertal
est l'Homme de Denisova. Il correspond à une lignée séparée de celle
des H. neandertalensis et des H. sapiens il y a 700 000 ans.
Homo
sapiens.
Homo sapiens, dont le plus ancien représentant
actuellement connu, a été découvert dans le Djebel Irhoud (Maroc), est
vieux d'au moins 315 000 ans. Des formes archaïques d'Homo sapiens (précurseurs
directs de l'espèce), toutes également africaines, existent depuis 600
000 ans et pourraient être dérivées d'Homo ergaster. Le plus ancien
Homo sapiens découvert hors d'Afrique (dans la grotte de Misliya en Israël)
date d'environ 180 à 190 000 ans, mais il faut sans doute attendre encore
quelques dizaines de milliers d'années pour qu'Homo sapiens peuple toute
l'Eurasie. H. sapiens et H. neanderytalensis sont deux lignes souers qui
ont évolue en parallèle.
Espèces
contemporaines.
On aura noté que plusieurs espèces humaines,
à l'instar d'Homo sapiens (l'Homme de Cro-Magnon) et d'Homo neandertalensis
dont les derniers représentants ont été découverts dans le Caucase
et dans la péninsule ibérique, ont existé simultanément et ont pu se
cotoyer géographiquement pendant une partie de leur histoire. On peut
encore mentionner : Homo georgicus (de 1,8 à 1,2 million d'années), contemporain
d'Homo habilis et d'Homo ergaster, Homo helmei (de
500 000 à 300 000 ans) contemporain d'Homo heidelbergensis. En plus de
l'Homo neandertalensis, l'Homo sapiens, a eu comme contemporains : Homo
rhodesiensis (de 300 000 à 125 000 ans), qui lui est étroitement apparenté,
et l'Homo floresiensis (de 95 000 à 50 000 ans) , espèce disparue au
Paléolithique supérieur, comme d'ailleurs Homo soloensis (400 000 à
50 000 ans) dans lequel on voit une forme tardive de l'Homo erectus.
L'environnement préhistorique
Le Pléistocène,
cadre des glaciations.
Le Pléistocène
est la partie ancienne du Quaternaire et commence il y a 2,58 millions
d'années. Il est suivi par l'Holocène, qui lui commence il y a 11 800
ans. Le Paléolithique, terme définissant
une époque de l'histoire humaine, correspond approximativement au Pléistocène,
qui comprend de grandes périodes de refroidissement du climat qui
ont occasionné plusieurs cycles glaciaires (glaciations - périodes interglaciaires)
dans l'hémisphère nord. (L'Holocène encadre pour sa part les périodes
suivantes : Mésolithique, Néolithique
et période historique).
Le début du Pléistocène
est un seuil climatique important pour l'hémisphère Nord, lié à l'accumulation
de débris de glace sur les fonds océaniques, qui se manifeste par des
changements dans la répartition de la végétation, par le début de la
sédimentation du loess en Chine (lors de phases climatiques arides) et
des renouvellements de la faune vertébrée de la région eurasienne, associés
à des migrations (éléphant-Equus, wolf-event).
La transition vers
le Pléistocène moyen a commencé par une augmentation du volume de glace
globale. Le marqueur global du début du Pléistocène moyen est le changement
de polarité magnétique de l'inverse à la normale, qui peut être mesuré
dans les roches ignées telles que le basalte (775 000 ans). Au cours
des derniers 600 000 ans, des conditions considérablement plus fraîches
que celles actuelles ont dominé le Pléistocène moyen, avec des périodes
interglaciaires relativement courtes. De nombreux événements courts et
extrêmement froids, avec une forte croissance des calottes glaciaires,
se sont succédé avec des oscillations de quelques millénaires qui ont
probablement interrompu les occupations des Humains aux latitudes moyennes.
De même, en Méditerranée,
on assiste à un renouvellement total de la faune avec l'enregistrement
des grands mammifères, une baisse importante du niveau de la mer, une
plus grande intensité des vents et une prolifération des milieux dunaires.
Du point de vue faunistique, après 450 000 ans environ, on observe une
diminution marquée des grands carnivores (hyène géante et tigre à dents
de sabre), une importance croissante des rennes et une augmentation des
herbivores (mammouth et rhinocéros laineux). C'est l'âge d'un biome,
aujourd'hui complètement disparu, appellé la steppe à Mammouth, consistant
en un mosaïque de végétation (forêt et steppe) aux latitudes moyennes.
Du fait de ces changements,
le début du Pléistocène supérieur s'établit vers 128.000
ans. Entre 117 000 et 105 000 une période de refroidissement globale est
enregistrée. De 105 000 à 93 000 ans, le chauffage est inférieur à
la précédente, tandis que le refroidissement suivant (93 000 - 85 000
ans) est également inférieur au précédent. Enfin, la dernière phase
correspond à un réchauffement climatique modéré.
Les conditions glaciaires
ont commencé à s'atténuer vers 80 000 ans. Des conditions
plus chaudes sont enregistrées vers 30 000 ans. Par la suite, il y a eu
une période rapide de conditions froides et sèches connue sous le nom
de dernier maximum glaciaire (entre 28 000 et 21 000 ans), tandis que l'extension
maximale des glaciers sur les continents se sont produits entre 20 000
et 18 000. Ces conditions sont liées à une baisse marquée du niveau
de la mer, environ 120 m sous le niveau actuel. Plus tard, la glace a commencé
à reculer et le niveau de la mer a commencé à monter à partir de 13
000. Entre 11 000 et 10 000, des conditions froides et arides se produisent
à nouveau, connues sous le nom d'événement du Dryas récent et du début
de l'Holocène.
La succession
des phénomènes glaciaires.
La première extension des glaces (stade
de Günz, dans les Alpes) a commencé durant la fin du Tertiaire et le
début du Quaternaire; les trois autres (stades de Mindel, Riss et Würm)
se sont produites durant le Quaternaire.
Les traces indiscutées de l'Humain n'apparaissent
en Europe que dans l'interglaciaire : Riss-Würm. Il est évident que la
ligne des neiges perpétuelles, et par suite des glaciers, étant descendue
de 1200 mètres environ durant chaque période glaciaire, il a fallu un
temps énorme pour l'évolution de ces divers phénomènes. Les traces
de ces glaciations successives se reconnaissent aisément par les restes
de moraines renfermant des galets généralement en roches calcaires locales,
portant une série de stries parfois assez profondes, et de nombreux galets
de roches étrangères, transportés souvent de fort loin en un nombre
considérable d'années par les glaces.
Les extensions successives, puis les retraits
de ces diverses époques glaciaires ont notablement varié aux différentes
époques.
Au moment de la première période interglaciaire
l'Angleterre occupait une aire beaucoup plus considérable, elle était
largement réunie à la Scandinavie et à la Gaule d'une part, et, de l'autre,
communiquait largement avec l'Islande. Ces immenses espaces étaient sillonnés
de vallées et de cours d'eau, de larges communications réunissaient l'Espagne
à l'Afrique, et celle-ci à la Sicile et à l'Italie, d'où passage très
facile de la faune et des hommes d'un continent à un autre.
Il est enfin un point à noter, c'est que
les abaissements de température permettant l'accumulation des grandes
masses de neige, puis leur transformation en glace, n'ont pas dû être
extrêmes. Un abaissement général de 4 à 5°C suffit pour amener ce
résultat, pourvu qu'il y ait en permanence une grande humidité et de
hautes montagnes, sur lesquelles peuvent se réaliser d'abondantes condensations.
Dès la fin du Pliocène des courants marins
froids (indiqués par la faune marine que l'on peut encore étudier dans
les dépôts dits Crag de Norfolk) commencèrent à descendre le long de
la côte sud-est de l'Angleterre. En même temps, les glaces s'étendaient
en Amérique, à l'ouest de la baie d'Hudson, tandis qu'en Suisse les glaciers
des Alpes descendaient de 1200 mètres, et que tous les hauts sommets d'Europe
se couvraient de glaciers. Tel fut le début de l'époque glaciaire.
Günz.
La première glaciation, oscillation de
Günz (600 000 - 540 000 ans), se fit surtout sentir dans l'Amérique du
Nord
(où elle porte le nom de Nébraskéen), à l'ouest de la baie d'Hudson
; elle couvrit une grande partie de la Scandinavie, le nord de l'Allemagne
(Eburonien) et la Grande-Bretagne (Beestonien), et s'étendit sur toute
la région alpine où d'ailleurs ses traces sont complètement masquées
par celles des glaciations ultérieures.
Mindel.
La deuxième glaciation, Mindel (480 000
- 430 000 ans), fut la plus considérable, elle couvrit plus de la moitié
nord de l'Europe. Alors se formèrent les glaciers des Alpes et ceux des
hauts sommets, par exemple, pour la Gaule : Pyrénées, monts d'Auvergne,
Vosges; en même temps de profondes dépressions se creusèrent dans les
mers intérieures européennes.
Riss.
La troisième glaciation, Riss (240 000
- 180 000 ans) fut beaucoup moins étendue et en dehors des Alpes
et des parties montagneuses de la Gaule, elle n'occupa que le nord de l'Allemagne
et la Scandinavie (Saalien), les deux tiers septentrionaux des Iles Britanniques
(Wolstonien), et, en Amérique du Nord le Canada et le nord des Etats-Unis
(Illinoien) un peu plus étendue pourtant que la quatrième (Würm).
Ce serait d'après l'opinion la plus répandue
aujourd'hui dans la période interglaciaire entre ce troisième glaciaire
(Riss) et le quatrième (Würm) que seraient apparues les premières sociétés
préchelléennes.
Würm.
L'évolution humaine se serait faite ensuite,
d'abord durant le quatrième glaciaire, Würm (120 000 - 10 000 ans),
nommé Vistulien en Europe du Nord, Devonsien dans les Îles Britanniques
et Wisconsien en Amérique du Nord : Acheuléen (1,4
millions d'années - 150 000 ans) et Moustérien (150 000 - 40 000 ans);
puis durant la période Néo-wurmienne : Aurignacien (38 000 - 29 000 ans),
Solutéen (22 000 - 19.000
ans). Tout le Magdalénien (16 000 - 12 000 ans), correspondant à un nouveau
refroidissement occupe une véritable cinquième période glaciaire avec
4 avances et 4 reculs successifs des glaciers, auxquels Geikie a donné
les noms d'Achen, de Bühl, de Gsnichtz et de Daum. Ces extensions
glaciaires ont été notablement moins étendues que les quatre premières.
Néanmoins le froid a été peut-être plus vif puisque le renne vivait
en très grand nombre, par exemple dans les régions actuellement plutôt
chaudes de la Dordogne, et l'on sait qu'aujourd'hui le renne ne peut se
reproduire en abondance que dans le nord de la Suède et l'extrême-nord
de la Russie. Le dernier postglaciaire, celui de Daum, a débuté un peu
avant l'Azilien (12 000 -10 000 ans avant le présent)
et le Tardenoisien.
Les érosions.
Le creusement des vallées et les dépôts alluviaux
Les phénomènes glaciaires ont amené
une accumulation énorme de glaces, sur les montagnes depuis 300 jusqu'à
1200 m d'altitude, formées avec l'extrême lenteur de pareils phénomènes.
C'est cette masse de glaces, qui, en fondant à diverses reprises, a produit
plusieurs fois des quantités d'eau lesquelles ont déterminé, soit des
érosions et creu sements énormes, soit des amas formidables de cailloux
roulés. Il y eut aussi des pluies considérables. De ce fait, les cours
d'eau ont pris plusieurs fois un débit considérable, entaillant les rochers,
creusant les vallées. D'autre part, les pluies avaient produit d'énormes
ruissellements, tandis que l'action du vent était extrêmement active.
Et ainsi se sont façonnées les vallées, détruites les montagnes et
modifié profondément l'orographie. Il s'est alors formé sur les parois
des vallées des terrasses correspondant à des stades successifs de l'érosion,
et également d'énormes dépôts morainiques dans les creux des montagnes
et des alluvions dans le fond des vallées. Tout ce travail de modelé
terrestre profond a été à peu près terminé vers la fin de l'Acheuléen.
C'est pour cela que les terrasses, sur les flancs des vallées, renferment
des couches variables : les unes possiblement reliquats de dépôts antérieurs
au creusement, les autres déposées sur les terrasses postérieurement
à leur formation. Enfin le vent a souvent accumulé sur les dépôts antérieurs
d'énormes masses de sable argilo-calcaire brunâtre (terre à briques,
loess).
Faunes et flores
quaternaires.
Les Humains de la période quaternaire
ont vécu au milieu de faunes et de flores très variées, adéquates aux
conditions climatiques extrêmement variables qui se sont successivement
produites du fait des avances ou des reculs des glaciers survenus rythmiquement,
comme nous venons de le voir, depuis le début du Quaternaire, en affectant
tout l'Ancien continent et l'Amérique du Nord.
Faunes et flores successives répondent
à cinq types :
1° Types des plaines chaudes
du Nord de l'Afrique et du Sud de l'Asie, ayant existé en Europe dans
les périodes interglaciaires, loin des périodes glaciaires : Eléphas
mendionalis, Rhinocéros Merckü, Hippopotamus major au début du quaternaire.
A partir du troisième interglaciaire Eléphas antiquus remplaçant le
meridionalis. Flore : laurier, buis, figuier, aune, tilleul, saule, etc...
2° Types des prairies et forêts d'Europe
et d'Asie (eurasiatique) ayant existé dans les périodes interglaciaires
assez près des stades glaciaires : cerf, bison, cheval. Flore de nos forêts
et prairies actuelles.
3° Types des steppes et des déserts de
l'Est de l'Europe et du centre de l'Asie ayant existé aux environs des
périodes glaciaires : âne et cheval désertiques, antilope saïga, gerboise,
hamster. Flore : bouleau, sapins, trembles.
4° Types des toundras, plaines et sols
glacés du voisinage du cercle arctique ayant existé aux alentours des
glaciers : renne, boeuf musqué, renard arctique, glouton, lemming ; lichens
et végétation arctique, auxquels il faut ajouter deux espèces actuellement
disparues : le mammouth et le rhinocéros tichorinus revêtus d'une toison
épaisse, tous apparus au moment de la quatrième glaciation.
5° Types des hautes montagnes à sommets
neigeux chamois, bouquetin, mouflon, marmotte, coq de bruyère descendus
des hauts sommets de l'Europe et de l'Asie occidentale dans les plaines
au moment du quatrième glaciaire. (A. Capitan).
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