|
. |
|
La
découverte des animaux
L'histoire de la zoologie |
Aperçu |
La zoologie
comme science a été fondée par Aristote;
mais, après son disciple Théophraste,
elle tomba pour ainsi dire dans l'oubli. Chez les écrivains romains,
on ne trouve quelques observations zoologiques que chez Pline,
Solinus, et les auteurs agronomiques; mais Pline,
le plus important d'entre eux, n'est qu'un compilateur qui n'a fait faire
aucun progrès aux connaissances. Il faut en venir à l'époque
de la Renaissance,
c'est-à-dire au XVIe
siècle, pour voir la zoologie devenir un objet de recherches
et s'enrichir de faits nouveaux.
Cette rénovation doit beaucoup à des auteurs tels qu'Aldrovandi, Gessner, Belon et Rondelet. Au XVIIIe siècle, le nombre des faits s'accrut rapidement par les travaux de Swammerdam, de Bontius, de Fabio Colonna, d'Olina, de Moufett, de J. Ray et de Willoughby. Mais le XVIIIe siècle imprima un mouvement tout nouveau à la zoologie. Outre une foule d'auteurs, tels que Caleshy, Edwards, Brisson, Latham, Laurenti, le peintre animalier Roesel, Schneider, Daubenton, Artedi, Block, Pennant, Rumphius, Klein, Guettard, Adanson, Réaumur, Bonnet, de Geer, Fabricius, Trembley, Oth. Müller, Cavolini, etc., qui s'occupèrent plus particulièrement de certaines branches de la zoologie, celle-ci reçut un éclat singulier de deux chercheurs célèbres qui la considérèrent dans son ensemble et dans toute sa généralité : nous voulons parler de Linné et de Buffon, dont les grandes vues exercèrent une influence durable. C'est aussi au XVIIIe siècle que l'anatomie comparée s'impose comme la base fondamentale de ce qu'on appellera au siècle suivant la zoologie philosophique, et qui sera le lieu des débats entre créationistes et évolutionnistes. En fait, au XIXe siècle, ce sont toutes les branches de la zoologie qui seront étudiées avec une ardeur et une sagacité inouïes, en même temps que seront fondées la paléontologie, l'embryologie, la tératologie, etc. Avec les Cuvier, Lamarck, Geoffroy Saint-Hilaire, Audubon, Darwin, Haeckel, Huxley, Milne-Edwards, et tant d'autres, les découvertes vont désormais enfanter les découvertes à un rythme accéléré, et celles-ci seront d'autant plus nombreuses que ces savants auront surtout porté leur attention sur des domaines qui avaient été négligés par les observateurs des siècles précédents. Engagée dans le XXe siècle, par des chercheurs tels que De Vries, Tschermak et T. H. Morgan, la zoologie marche dans un premier temps au pas que lui impriment d'une part le néo-darwinisme, et d'autre part les avancées des recherches en génétique, dans la théorie cellulaire, de l'embryologie, etc. L'étude des invertebrés continue de connaître un grand développement. De nouvelles espèces sont également découvertes. Après l'Okapi, découvert vers 1900, c'est le Coelecanthe, un "fossile vivant" qui est raméné à la surface en 1938. La collection des nouveaux insectes continue elle aussi à s'accroître à un rythme soutenu. Dans le même temps, cependant, la systématique s'essouffle, malgré les tentatives de rajeunissement successives de Heintz (1939), Vandel (1949), Guénot (années 1940-50) et P.-P. Grassé (1961). L'approche cladistique, inaugurée par Willi Hennig, déjà au milieu du siècle, commence à s'imposer dans les années 1970, et réussi à renouveler en profondeur à la fois la systématique et la manière de penser l'évolution. La zoologie, à l'image de la botanique, a perdu depuis longtemps à cette époque son statut de discipline de front. Mais, tout en restant à l'arrière des lignes tenues désormais par les bataillons de la biologie moléculaire et du général ADN, se trouve une nouvelle vocation, notamment dans la perspective de la question de plus en plus aiguë de la préservation de la biodiversité. Dates-clés : IVe s. av. J.-C. - Aristote compose son Histoire des Animaux. |
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Jalons |
La
Préhistoire et Antiquité
Les plus anciens documents zoologiques que l'on connaisse remontent à l'époque Paléolithique, quand nos ancêtres étaient tous cueilleurs et chasseurs, et que, partant, leur connaissance du monde végétal et animal était un élément essentiel à leur survie, autant qu'à leur culture. Ces témoignages, ce sont des peintures qui recouvrent les parois de certaines grottes, des dessins gravés à la pointe sur os et sur ivoire, des sculptures sur bois de Renne qui représentent les animaux ayant un certaine importance : les bovidés, les chevaux sauvages, les mammouths, les rennes, les ours des cavernes, etc., beaucoup plus rarement les humains eux-mêmes et les végétaux. Les animaux, sauvages ou domestiques, ne cesseront par la suite d'intervenir comme éléments de choix dans l'art, et dans bien d'autres aspects de l'expression des cultures humaines. Ainsi, les hiéroglyphes gravés sur les monuments de l'ancienne Égypte nous montrent l'image exacte et facilement reconnaissable d'une foule d'animaux qui vivaient alors dans ce pays et qui y vivent encore aujourd'hui. En Égypte encore, les momies de quelques-uns de ces animaux conservées dans les hypogées de la vallée du Nil témoignent également à leur manière (Religion égyptienne) de l'importance attachée depuis très longtemps à la connaissance des animaux. La Grèce.
Les oeuvres de biologie, d'anatomie et de physiologie d'Aristote permettent de supposer qu'il avait disséqué, et il formule nettement la loi de la division du travail, appelée à rester durablement une des bases de la biologie. Nous ne savons presque rien de ce que fut la zoologie dans la célèbre école d'Alexandrie, sous le règne des Ptolémées. Les élèves d'Aristote y continuèrent son oeuvre. Le Musée fondé dans cette ville par Ptolémée Soter fut la première de toutes les Académies savantes. Comme annexe, cet établissement possédait (vers 260 av. J.-C.) une magnifique ménagerie; la liste des animaux exotiques que l'on y conservait nous a été conservée par le récit d'une fête (le Triomphe de Bacchus en Inde) dans laquelle figurèrent tous ces animaux. Rome.
La conception que
l'on se faisait au Moyen âge de la place de l'humain dans le monde
et du monde lui-même fut peu favorable à la zoologie. Les
savants, les philosophes et les chroniqueurs ne s'en sont occupés
qu'incidemment : les moines qui étaient les principaux écrivains
de cette époque jusqu'à l'invention de l'imprimerie, cherchaient
surtout à adapter la zoologie aux croyances
du temps. C'est ce que montre l'ouvrage d'Isidore,
évêque de Séville (mort en 636),
intitulé les Origines, et dont le douzième livre traite
des animaux. On doit à l'empereur Frédéric II (mort
en 1250)
un traité de fauconnerie
ou les descriptions des oiseaux
sont en général très exactes. Ce prince fit traduire
Aristote en latin et fit venir d'Afrique des
animaux rares, tels que la girafe et l'éléphant.
Les croisades furent sans grand profit direct pour la zoologie des Latins; les chevaliers chrétiens méprisèrent le cheval arabe qui leur semblait trop faible pour porter le poids de leurs armes, et l'introduction involontaire du rat noir (Mus rattus) dans l'Europe occidentale, peut-être celle du chat domestique qui en fut la conséquence, bien que cet animal fût déjà connu des Grecs, sont à peu près les seules "avancées" zoologiques qui se rattachent à cette période. Des voyages en Orient, plus intéressants au point de vue qui nous occupe ici, furent ceux de Benjamin de Tudèle, de Rubruquis et surtout de Marco Polo (1295). La découverte de l'Amérique, vers la fin du XVe siècle, ouvre la série d'une longue suite de voyages qui firent connaître aux savants européens des faunes jusqu'alors inconnues. Cependant les premiers navigateurs, plus pressés de s'enrichir que d'étudier les productions du sol, ne rapportent que peu de renseignements sur les animaux des pays qu'ils avaient visités, et il fallut près de deux siècles pour les connaître approximativement. D'ailleurs, l'Amérique, avec sa faune relativement pauvre en grands animaux, a longtemps reçu de l'Europe beaucoup plus qu'elle ne lui a donné : le Cobaye ou Cochon d'Inde et le Dindon sont les seuls animaux domestiques qu'elle ait fourni à l'Ancien monde en échange du cheval, du boeuf, du porc, du mouton, etc. L'Histoire naturelle du Brésil, de Marcgrave (1648), publiée en Hollande, est le résultat de la première expédition scientifique faite dans ce pays sous les auspices de Maurice de Nassau. Parmi les voyageurs naturalistes qui explorèrent l'ancien continent, il faut signaler Belon (1551), qui visita le bassin de la Méditerranée, Bontius, d'Amsterdam (1631), qui séjourna à Java, et dont la relation se trouve insérée dans la seconde édition des oeuvres de Pison et Marcgrave. Il en résulta pendant longtemps et jusqu'à l'époque de Buffon, sinon plus tard, une grande confusion entre les animaux appartenant à ce qu'on appelait alors les Indes orientales (Inde et Asie du Sud-Est) et les Indes occidentales (Amérique). Quant aux naturalistes de cabinet, ils s'en tenaient à cette époque aux écrits d'Aristote. Cependant des oeuvres originales ne tardèrent pas à se produire. Guillaume Rondelet (1554) publia une Histoire des Poissons marins, surtout de la Méditerranée, avec des figures dont on admire encore l'exactitude. Gessner fit paraître (de 1551 à 1587) cinq gros volumes d'une Histoire des Animaux où l'érudition ne fait pas tort aux observations personnelles que l'auteur et ses nombreux correspondants avaient recueillies. Aldrovandi (mort en 1607) a laissé à la bibliothèque de Bologne 20 volumes in-folio de figures d'animaux peintes en couleur par les artistes les plus habiles et qui servirent de modèles pour les planches sur bois de son Histoire naturelle en 12 volumes, dont plus de moitié ne fut imprimé qu'après sa mort. Cet ouvrage est une compilation diffuse, mais qui est précieuse que par ses figures, très recherchées jusqu'à l'époque de Buffon. L'Époque moderne J. Ray (1628-1704), après Rondelet, rejoint cette pléiade de savants. Il fut le premier des classificateurs modernes, dans son Histoire des Oiseaux et dans celle des Poissons, dont les divisions n'ont guère été modifiées par Linné. Swammerdam (1637-1680) consacra sa vie à l'entomologie : son Histoire naturelle des Insectes (édition française de 1682) distingue ceux à métamorphoses complètes de ceux qui les ont incomplètes et décrit avec soin ces transformations. Citons encore Redi (1626-1698), qui s'occupa des reptiles et des insectes et s'éleva le premier contre les savants qui, sur la foi d'Aristote, faisaient encore naître les vers, sans germes préalables, de la putréfaction des animaux morts. La découverte du microscope ouvrit, au commencement du XVIIIe siècle, une nouvelle voie aux recherches des naturalistes. Le plus célèbre des micrographes de cette époque fut Leeuwenhoeck (1632-1723), qui fabriqua lui-même ses microscopes et les fit servir aux progrès de l'anatomie et de la physiologie : il découvrit les animaux et végétaux microscopiques, que l'on appela d'abord des Infusoires, et il figura un très grand nombre d'entre eux. Les zoologistes
classificateurs.
Chacune de ces classes comprenait un certain nombre d'ordres, réunissant eux-mêmes des genres dans lesquels étaient réparties les espèces alors connues. On peut dire que cette classification est inférieure à celle d'Aristote qui distinguait en outre les Mollusques et les Crustacés; mais, pour Linné, ce n'est qu'un système artificiel servant de cadre au catalogue des animaux connus de son temps. Buffon ne fut pas un classificateur, et tourna même en dérision (Hist. nat.; t. I, 1er discours) les travaux de Linné. « Il n'existe réellement dans la nature, dit-il, que des individus, et les genres, les ordres et les classes n'existent que dans notre imagination. »On peut remarquer qu'il évite ici de parler des espèces, et, en fait, son Histoire naturelle tout entière prouve qu'il accepte la notion d'espèce, bien qu'il lui donne une acception beaucoup plus large que les naturalistes modernes, comme lorsqu'il dit que toutes les formes de pigeons sauvages connus de son temps peuvent être considérées comme de simples variétés du pigeon biset, souche commune de nos races de pigeons domestiques. Buffon affirme l'unité de plan de la Nature; après Aristote, il admet une échelle continue du règne animal, idée en contradiction avec les faits. Il est plus heureux lorsqu'il parle de la subordination des organes et des parties externes aux parties centrales. Il fut un des créateurs de la géographie zoologique, en montrant qu'aucun mammifère n'était commun à l'Ancien continent et à l'Amérique du Sud. Malgré les critiques qui lui ont été faites, la classification méthodique de Linné, et surtout le mode de nomenclature qu'il n'invente pas (on le doit à Belon), mais qu'il popularise, séduit les naturalistes. La base de la méthode linéenne était l'établissement de genres. Une fois formé par la réunion des espèces les plus semblables à tous égards, le genre reçut un nom et chacune des espèces dut être désignée très clairement par le nom du genre suivi du nom de l'espèce. Tantôt cette seconde désignation est un nouveau nom apposé au premier, tantôt c'est un simple adjectif. Ainsi le lion a pour nom méthodique Felis leo (genre Felis, espèce leo); le tigre, Felis tigris, le phoque commun, Phoca vitulina (g. phoca, esp. vitulina); le paon, Pavo cristatus, etc. Ces noms énoncés en latin avaient l'avantage d'être intelligibles par tous les naturalistes, malgré les différences de langues.Avec Cuvier (1769-1832) commence une ère réellement nouvelle pour la zoologie. Sa classification, à laquelle il travaille dès 1795 en remaniant les classes jusque-là bien confuses des insectes et des vers, est essentiellement anatomique. Les grandes divisions (ou embranchements) du règne animal qu'il donne dès 1812, au nombre de quatre : Vertébrés, Mollusques, Articulés, Rayonnés. Il ne fera ensuite que perfectionner ce schéma de base, fixant sa méthode de classification des animaux. Il donne ainsi dans son Règne animal distribué d'après son organisation (2e édition, 1830), le tableau suivant : -
Cuvier
est partisan de la fixité des espèces; pour expliquer l'existence
des fossiles, il admet des cataclysmes subits, détruisant par intervalle
toute la population du globe et nécessitant une nouvelle création.
Sa classification et ses idées ont prévalu jusque dans la
seconde moitié du XIXe
siècle. Quelques-uns de ses élèves
ou de ses contemporains, cependant, ont proposé des classifications
qui différent de la sienne. De Blainville,
en 1822,
a formulé une classification qui remet en honneur l'unité
de plan du règne animal, contrairement à l'opinion de Cuvier
qui considère les quatre types de ses grandes divisions ou embranchements,
comme tout à fait distincts et séparés. La classification
de Blainville est résumée dans le tableau suivant, montrant
le passage des Ostéozoaires aux Actinozoaires.
Parmi les autres
classifications proposées au XIXe
siècle, nous citerons encore celle
de Henri Milne-Edwards (1855)
qui admet, comme Cuvier, quatre embranchements
: Ostéozoaires, Entomozoaires, Malacozoaires, Zoophytes. Dans son
Cours élémentaire d'histoire naturelle (1863),
il donne le tableau suivant :
Signalons enfin la classification de Claus (1889), qui porte le nombre des embranchements à neuf en commençant leur étude par les animaux les plus simples : Protozoaires, Coelentérés, Echinodermes, Vers, Arthropodes, Mollusques, Molluscoïdes, Tuniciers, Vertébrés. Toutes ces classifications dérivent de celles de Cuvier. Au contraire, celle de Lamarck (1815-22), le premier des transformistes, cherche, non plus simplement à contempler ou étudier les êtres vivants, mais à expliquer leur origine. Cependant, dans sa forme, elle aboutit au même résultat et diffère peu au final de celle de Cuvier, et montre même par rapport à celle-ci quelques signes de faiblesse, avec l'introduction de catégories bien vagues telles que "apathiques", "sensibles" et "intelligents", pour y répartir les différentes classes d'animaux. Barbançois dessine peu après le premier "arbre généalogique" du vivant, qui en même temps place la systématique dans la logique évolutionniste qui sera la sienne à partir des travaux de Darwin. A partir du moment
où l'on comprit l'importance de l'embryologie,
on chercha à édifier des classifications basées sur
ces deux sciences. Telles furent celles de Koelliker
(1844),
de Karl Vogt et de Thomas Huxley
(1874).
Les principaux groupes de cette dernière sont indiqués dans
le tableau suivant :
Les Monostomes comprennent tous les animaux n'ayant qu'une bouche; les Deutérostomes comprennent les Vertébrés, les Arthropodes, les Mollusques, les Echinodermes, etc.; les Archéostomes sont les Vers, les Anthozoaires, etc. Une des dernières
classifications proposées au XIXe
siècle est celle d'Edmond
Perrier (Traité de Zoologie, 1890),
qui admet trois degrés d'organisation (groupe supérieur aux
embranchements) et les dix-neuf embranchements indiqués dans le
tableau suivant :
Tendances de la zoologie à la fin du XIXe siècle Pour compléter ce tableau historique, très abrégé, il nous reste à donner une idée de l'état de la zoologie au seuil du XXe siècle et des moyens dont elle dispose alors pour se développer. Le sociétés
savantes.
Les musées
et les ménageries.
Les nombreux voyages scientifiques entrepris au commencement du XIXe siècle augmentèrent rapidement le nombre des spécimens zoologiques exposés aux yeux du public dans les galeries de ce vaste établissement. En même temps, les progrès de la taxidermie permirent de substituer à des peaux bourrées de foin ou de paille, telles qu'on en voyait au XVIIIe siècle, de véritables oeuvres d'art dignes d'un sculpteur. Le mannequin qui sert de support à la peau d'un animal est désormais une carcasse de fer, de bois, de plâtre ou de carton-pâte, où toutes les saillies musculaires se trouvent reproduites avec le plus grand soin. En même temps, la détermination des espèces est devenue plus facile, et l'on ne voit plus, comme autrefois, dans les musées, de longues séries de spécimens dépourvus d'étiquettes et, par suite, sans intérêt pour le visiteur. Mais les collections exposées aux yeux du public, qui n'a besoin de connaître que les principaux types dans chaque classe du règne animal, se doublent d'une autre collection plus nombreuse et plus intéressante pour le naturaliste de profession. A côté des animaux montés dans les galeries, tous les grands musées possèdent dès le XIXe siècle des collections d'animaux non montés, et qui, par suite, occupant moins de place, peuvent tenir dans des tiroirs ou des cartons. Ces collections, dont les spécimens peuvent se multiplier presque indéfiniment, sont celles que le naturaliste consulte de préférence comme étant plus faciles à manier et se prêtant mieux à une étude comparative, lorsqu'il s'agit d'établir les différences que le climat, les saisons, l'âge, la distribution géographique, apportent aux caractères distinctifs des divers types spécifiques. Les collections ostéologiques, celles d'animaux conservés entiers dans l'alcool, se sont aussi multipliées à la même époque. Les ménageries d'animaux vivants et les jardins zoologiques ont surtout profité des progrès de l'hygiène. Non seulement les animaux exotiques vivent plus longtemps et s'acclimatent dans les ménageries, mais encore ils s'y reproduisent. La création à la fin du XIXe siècle d'un Institut psychologique, comme annexe du Muséum de Paris, permettra d'étudier de plus près les moeurs, l'instinct et intelligence des animaux en introduisant dans les ménageries la méthode expérimentale. Les publications
scientifiques.
La « philosophie
zoologique ».
A l'époque où la théorie transformiste n'était encore considérée que comme une hypothèse plus ou moins vraisemblable, elle avait suscité une si grande masse de travaux que l'on peut dire qu'elle avait ouvert, avant même d'être acceptée, une ère nouvelle pour la zoologie. On y verra désormais la base indispensable de l'étude de la nature, car elle est la seule, comprend-on maintenant, qui puisse donner l'explication des phénomènes qui se passent dans l'évolution des êtres vivants. On pourrait résumer le mot d'ordre de la philosophie évolutionniste à cette époque par la célèbre loi de récapitulation d'Ernst Haeckel et d'Etienne Serres («-l'embryogénie d'un animal n'est qu'un abrégé de sa phylogénie », dans la formulation de Serres, reprise par Perrier). L'embryogénie et, plus largement l'ontogénie, expliquent ces auteurs, montre comment les êtres vivants se sont développés à travers les âges géologiques; elle fait comprendre les métamorphoses qui sont incompréhensibles en dehors de la théorie transformiste; elle relie étroitement la paléontologie à la zoologie et révèle aussi que ces deux sciences se confondent et ne peuvent se passer l'une de l'autre. Enfin, l'importance des sciences biologiques est si bien reconnue désormais que les livres de philosophie eux-mêmes se révèlent de plus en plus basés sur les recherches des physiologistes. En effet, demande-t-on, est-il possible d'étudier l'intelligence humaine sans connaître la structure et les fonctions du cerveau de l'humain et sans le comparer à celui des autres animaux? (E. Trouessart / A.F.). |
. |
|
|
||||||||
|