|
. |
|
La
forme et les dimensions de la Terre
La Géodésie au XIXe siècle |
Aperçu |
On considérait
généralement au XIXe
siècle comme démontré expérimentalement que la forme
de la Terre
est un ellipsoïde de révolution autour de l'axe
des pĂ´les;
les éléments qui semblaient le mieux satisfaire aux diverses mesures
géodésiques sont, d'après Bessel (1841)
: 6 356 080 mètres, pour le petit rayon
(demi-axe des pôles); 6 377 898 mètres pour le demi-diamètre de l'équateur;
et donc, pour l'aplatissement, ou la différence des deux axes divisée
par l'axe le plus grand : 1/299. Airy
en 1848,
trouve à peu près les mêmes nombres. De son côté James Clarke donnera
en 1858
un rayon Ă©quatorial de 6 378 249,2 m, un rayon polaire de
6 356 515,0 m, soit une aplatissement de 1/293,46. Des chiffres désormais
proches de ceux qui sont adoptés aujourd'hui. Tout n'était pas réglé
pour autant.
Par exemple, Puissant, dans un mémoire lu à l'Académie des Sciences, avait déclaré en 1836 que Delambre et Méchain avaient commis une erreur dans la mesure de la méridienne de France; c'est pourquoi l'Observatoire de Paris fut conduit à déléguer Villarceau, de 1861 à 1866, pour vérifier les opérations géodésiques en huit points de la méridienne de France, au moyen de déterminations astronomiques de longitudes, de latitudes et d'azimuts. Quelques-unes des erreurs dont étaient entachées les opérations de Delambre et Méchain furent alors corrigées; en 1870, Perrier fut chargé de reprendre la triangulation entre Dunkerque et Barcelone. Il employa pour mesurer les angles des instruments plus parfaits, construits par E. Brunner, avec des microscopes au lieu de verniers; il remplaça la méthode de répétition par celle de réitération; il détermina les différences de longitudes au moyen de l'électricité; il supprima les sources d'erreurs sur la mesure des angles en se servant de signaux qu'il faisait construire, au lieu d'employer des signaux naturels, en modifiant d'une manière heureuse l'héliotrope de Gauss, en faisant de nombreuses vérifications. De 1870 jusqu'à sa mort, il dirigea les opérations. En 1879, celles-ci étaient terminées entre Perpignan et Melun. Ces corrections et ses affinement ne constituent cependant pas l'essentiel des soucis de l'époque. T.-F. de Schubert émit l'idée que la Terre avait la forme d'un ellipsoïde à trois axes inégaux. Mais on comprit vite que les données disponibles étaient insuffisantes pour résoudre définitivement le problème. II était nécessaire d'étendre le réseau des triangulations à la Terre entière, alors que jusque là , la plupart des mesures avaient concerné l'Europe. L'effort international nécessaire fut coordonné par le biais de l'Association géodésique internationale, fondée à Berlin en 1864 / 67, et au sein de laquelle se dérouleront ensuite tout les grands débats géodésiques. Il fallait aussi mesurer non seulement la longueur des arcs méridiens aux différentes latitudes, mais aussi mesurer les arcs de parallèles. Tâche, devenue théoriquement possible grâce, notamment aux progrès de l'horlogerie, qui permettaient désormais une bien meilleure connaissance des longitudes, mais que la géographie même de notre globe rendait en pratique bien difficile. Enfin, pour des raisons qui intéressaient aussi les militaires, désireux de posséder des cartes précises, il devenait opportun de déterminer les différentes irrégularités à la surface de la Terre (les variations d'altitude par rapport à l'ellipsoïde de référence, ou plutôt au géoïde, qui définit la forme moyenne de notre planète) à partir de mesures appelées des nivellements. Un programme d'autant plus compliqué, on avait remarqué qu'en certains endroits le fil à plomb était dévié de la position qu'il devrait occuper si la Terre avait été un corps homogène, et que cette déviation n'était pas toujours l'effet des masses montagneuses. Ce constat a conduit à l'idée de rechercher si les anomalies constatées n'étaient pas dues à des dépôts en ces endroits de métaux plus denses que la Terre ou à l'absence de matières dans de grandes cavités. Les préoccupations de la géodésie rejoignaient celles de la géologie. C'est ainsi d'ailleurs qu'en 1862, H. Faye signala au Bureau des Longitudes l'importance des travaux géodésiques anglais et russes dans ces domaines, et lui a proposé des conclusions tendant surtout à réunir les nivellements et les reconnaissances géologiques, afin de calculer les déviations produites par les attractions locales dans la direction de la pesanteur. |
|
Jalons |
Vers
la triangulation du monde
La réalité de l'aplatissement aux pôle de notre globe, étant accéptée dès la fin du siècle précédent (La géodésie aux XVIIe et XVIIIe siècles), l'objectif de la géodésie au XIXe siècle va consister pour une large part à déterminer les irrégularités de la surface terrestre, par rapport à une surface ellipsoïdale moyenne ou surface osculatrice. Mais, pour atteindre à ce but, les opérations géodésiques devront pouvoir embrasser des arcs situés en nombre égal dans toutes les portions du globe. Or à cette époque tous les arcs méridiens mesurés sont localisés en Europe sur un espace de 20° en longitude, compris entre l'arc anglo-franco-espagnol et l'arc russe, si l'on excepte les arcs équatoriaux de l'Inde et du Pérou et l'arc du cap de Bonne-Espérance et quelques mesures en Inde ou aux États-Unis (mesure d'un arc d'un degré et demi en Pennsylvanie par Mason et Dixon). Jusqu'à 1850 - La triangulation des îles Britanniques, que Roy, Mudge et Kater commencèrent en 1784, fut terminée en 1802 par la mesure d'un arc de méridien; elle s'appuie sur beaucoup d'observations astronomiques, qui lui donnent une grande valeur au point de vue de la détermination générale de la forme de la Terre. La triangulation de l'Inde anglaise fut initiée par Kater, puis dirigée de 1802 à 1823 par Lambton et de 1823 à 1843 par G. Everest.On voit d'après cela qu'il était encore indispensable, pour asseoir des conclusions solides, de mesurer un arc aux États-Unis aussi long que possible à l'Est des montagnes Rocheuses, un autre arc au Chili le long de la côte, un autre arc en Égypte dans la vallée du Nil, d'étendre celui du Cap et enfin de mesurer un arc en Australie et un autre en Indochine dans la vallée du Mékong. Un arc dans la vallée du Para et un autre au Brésil seraient également très bien placés estimait-on, mais l'entreprise n'est semblait plus difficile à réaliser. Quant à la triangulation de l'Afrique intérieure, elle semblait encore irréalisable avant de longues années. Les efforts effectués par la France, pour prolonger le méridien français au Sahara jusqu'à Ghardaïa, paraissaient réaliser tout ce qu'il est possible de tenter dans le Nord de l'Afrique, si ce n'était dans la vallée du Nil évidemment plus accessible. Malheureusement pour la paix européenne, les grandes puissances paraissaient avoir dans la vallée du Nil des préoccupations fort étrangères à la vérification du degré de Sennâar, et les savants plaçaient plutôt leurs espoirs dans la mesure de l'arc de méridien en Indochine. Après 1850 - En France, pour la Carte de l'État-Major, initiée en 1818, la mesure de triangles de premier et de second ordre fut achevée en 1854, et celle des triangles de troisième ordre en 1863.
Les mesures d'arcs de méridien ne sont
pas les seules opérations que l'on puisse entreprendre pour déterminer
les dimensions de l'ellipsoïde terrestre. Les arcs de parallèle pourraient
être d'un grand secours, s'il était possible d'en déterminer l'amplitude
avec sûreté. Ainsi, alors que pour l'étude de la forme de la Terre,
on n'avait employé jusqu'en 1864 que
des arcs de méridiens, parce qu'on n'avait ni méthode, ni instruments
permettant d'obtenir avec une précision suffisante les amplitudes célestes
des arcs de parallèle, l'État-Major français chargea Perrier
de diriger en Algérie les opérations de mesure d'un arc de parallèle
terrestre; c'est dans ce pays qu'Ă partir de 1867,
Perrier se servit, pour remplacer le cercle répétiteur, d'un cercle réitérateur
qu'il avait fait construire par E. Brunner. Il
fit mesurer deux bases ayant une longueur d'environ 10 km, l'une Ă Oran,
l'autre Ă BĂ´ne (Annaba),
En 1869, la triangulation de l'Algérie
était terminée dans la région du Tell et il ne restait plus, pour fixer
la place de cette région sur le sphéroïde terrestre, qu'à mesurer la
longitude, la latitude et un azimut en une station centrale, qui fut la
ville d'Alger. La mesure de la différence
de longitude entre Paris et Alger fut faite
en 1874 par Perrier, qui resta dans
la première ville, et par Loewy, qui se rendit
dans la seconde. Pour cette mesure, sur la proposition de Le
Verrier, l'enregistrement électrique fut appliqué à l'observation
des passages et à l'échange des signaux. Le nombre ainsi trouvé concordait
avec celui que Loewy et Stéphan avaient obtenu
à la même époque au moyen de deux opérations, l'une entre Paris et
Marseille, l'autre entre Marseille et Alger. Ensuite, Perrier, installé
dans un Observatoire qu'il avait Ă©tabli sur le plateau de Voirol, dominant
les collines de Mustapha, trouva le latitude d'Alger par l'observation
des distances zénithales méridiennes de 46 étoiles voisines du zénith.
II détermina, en 1874 et en 1878,
l'azimut
d'un point de repère situé sur un mamelon élevé de l'Atlas et très
voisin du méridien d'Alger, Ia latitude et l'azimut de Bône et de Nemours,
villes voisines des extrémités de l'arc de parallèle mesuré, et les
différences de longitude
entre ces trois villes; il a apporté un soin tout particulier au calcul
des positions géographiques, en faisant, pour obtenir la concordance des
bases, des corrections sur les angles d'après une méthode que Laplace
donne dans sa Théorie analytique des probabilités (1812).
Des résultats que Perrier trouva en mesurant un arc de parallèle algérien
de 9°36', il résultait que la courbure de la Terre devait être irrégulière
dans la région où se trouve cet arc.
La jonction géodésique
de la France avec l'Angleterre.
Carte de la la jonction des côtes françaises et anglaises, publiée par Arago dans son Astronomie populaire (1859). La jonction géodésique
de l'Algérie avec l'Espagne.
L'Association géodésique internationale Tous ces desiderata supposaient des actions
concourantes bien diverses. Dans ce but, les géodésiens ont fondé l'Association
géodésique internationale, dont la tâche était d'examiner en commun
les moyens les plus propres à faire progresser la science géodésique,
en assurant une direction aux travaux entrepris par chaque nation.
La conférence générale se réunira désormais dans l'une des capitales des États associés; une commission permanente composée de membres choisis parmi les délégués se réunit chaque année dans une ville différente; les délégués qui n'en font pas partie sont invités à assister aux séances, mais sans droit de vote. La commission permanente s'occupe de la publication des rapports communiqués par les délégués sur les travaux géodésiques exécutés dans leurs pays et sur leurs propres recherches. Un organe spécial de l'Association, appelé bureau central, classe et conserve les archives; il rédige en outre un rapport général et s'occupe des questions relatives à l'uniformité des mesures géodésiques et, astronomiques. L'Association possède un budget alimenté au moyen de cotisations annuelles versées par les États adhérents. Les premières réunions - La Commission permanente, par les réunions annuelles et par les Congrès de Berlin en 1864 et en 1867, de Vienne en 1871, de Dresde en 1874, est arrivée à résoudre d'une manière jugée alors satisfaisante les questions que posaient la géodésie à cette époque. La France, qui avait été l'initiatrice des travaux de mesure de la Terre, étaient restée à peu près stationnaire, pendant que les autres pays couvraient leur sol de triangulations en employant de meilleurs instruments et procédés d'observation et de calcul. Elle hésita même longtemps avant de céder aux instances de l'Association qui lui demandait de prendre part à ses travaux. Ce fut seulement en 1871 qu'elle commença à en faire partie et désigna Delaunay pour la représenter au Congrès de Vienne. En 1874, H. Faye fut nommé membre de la Commission permanente. L'Association vint tenir à Paris, en 1875, sous la présidence d'Ibañez, un congrès, où fut décidée la construction d'une règle géodésique internationale pour la mesure des bases et où Perrier déclara que les observations de nuit sur les repères d'une triangulation "donnent une précision au moins égale, sinon supérieure aux observations de jour ".Le résumé des comptes rendus des diverses réunions de l'Association géodésique internationale en témoignent, en aspirant à la représentation exacte de la surface terrestre par rapport à celle d'un ellipsoïde idéal, les géodésiens avaient été conduits dans les dernières décennies du XIXesiècle à une nouvelle série de déterminations se rapportant aux altitudes des sommets géodésiques au-dessus de cet ellipsoïde. Les recherches si précises entreprises dans cette direction ont permis d'établir que la surface du niveau moyen des mers ne pouvait être utilisée dans ce but, car en a pu constater, au moyen des chaînes de nivellement, des différences d'altitude entre le niveau moyen des mers sur différents points des côtes d'Europe. De là est né le problème du zéro universel qui a longtemps été une des questions les plus controversées dans le sein de l'Association géodésique internationale. Les nivellements On appelle nivellement la suite d'opérations servant à déterminer le relief du sol relativement à la surface moyenne de la Terre. En d'autres termes, le but visé est d'obtenir les hauteurs respectives, ou altitudes, des divers points par rapport à l'ellipsoïde de révolution qui est le prolongement au-dessous des continents de la surface des mers. Les altitudes peuvent être fournies grosso modo par le baromètre. L'intervention de deux observateurs est nécessaire, l'un se tient dans une localité dont l'altitude est supposée connue et note à intervalles équidistants pression et température; l'autre se déplace et relève les mêmes données dans les endroits qu'il traverse. Les baromètres altimétriques, encore plus imparfaits, donnent l'altitude par une simple lecture; l'hypsomètre sert au même usage. Ces procédés, employés depuis le XVIIe siècle, sont encore parfois utilisés au XIXe siècle, mais seulement faute de mieux, par exemple dans les ascensions en ballon ou sur des montagnes ou dans les explorations en pays inconnus. Désormais, la détermination des altitudes absolues dans le lever de la carte d'un grand pays reposent pour l'essentiel à des méthodes plus rigoureuses et fiables, basées ici encore sur des triangulations. Les anciens géodésiens se préoccupaient seulement de déterminer l'altitude des sommet des grands triangles et des points les plus importants. D'ailleurs, la construction des routes n'exigeait pas une grande exactitude, et des opérations topographiques assez grossières suffisaient pour leur tracé. Les grands travaux nécessités par les chemins de fer, tunnels, percements d'isthmes (Suez, Panama), etc., créèrent des besoins nouveaux, et une véritable science vit le jour. Le mouvement s'étendit progressivement à l'Europe entière; en France, les ingénieurs des mines et des ponts furent à la tête du progrès; ailleurs, la chose fut généralement rattachée aux services géographiques; partout l'effort fut considérable et les méthodes topographiques parvinrent rapidement à un haut degré de perfection. Il est juste d'ajouter qu'à la tête d'un personnel d'élite les ingénieurs possédaient des moyens d'action infiniment plus puissants que ceux mis à la disposition des anciens géodésiens. Bourdaloue, le premier, de 1857 à 1864, entreprit un nivellement général de la France; il couvrit le pays entier d'un réseau de polygones, leur développement atteignant 3000 km pour la partie de haute précision. En face des résultats obtenus, l'Association géodésique internationale émit le voeu, suivi d'effet, que la chose fût étendue à l'Europe entière. La Suisse avait entreprit les premières mesures de nivellement dès 1863. L'Allemagne en 1864, la Russie en 1873 et l'Italie en 1876, imitèrent la France et la Suisse. Les méthodes furent perfectionnées par des ingénieurs, tels que Durand-Claye, le colonel Goulier, Charles Lallemand, Cheysson, etc., et il fut décidé que les mesures de Bourdaloue seraient refaites sur une échelle plus étendue. Le service du nivellement général de France, dirigé par Charles Lallemand, commença le travail en 1884; la partie principale fut terminée en 1892. Pour cette vaste entreprise, la surface du pays a été répartie en 32 polygones d'un développement total de 12 000 km; 17 000 repères métalliques ont été placés et serviront ultérieurement à étudier les mouvements du sol. Cet ensemble forme le réseau fondamental; dans les intervalles, 16 000 km, de cheminements secondaires fixent les altitudes et enfin un réseau de troisième ordre sera mis en place un peu plus tard. Tout cela n'est donc encore qu'un travail préliminaire; suivant l'expression de Cheysson, l'on n'a encore constitué à la fin du siècle que les grandes mailles du réseau, il reste à remplir le quadrillage, ce qui portera au cours des décennies suivantes le développement total du nivellement au chiffre énorme de 800 000 km. A ce moment, l'on pourra songer à construire des cartes d'ensemble à grande échelle, portant des courbes de niveau exactes; inutile, soulignait-on, de faire ressortir l'importance de la chose pour toutes les constructions de canaux, dérivations de rivières, etc.Le réseau fondamental français fut relié à celui des pays voisins; des divergences notables subsistaient sur certains points de raccord, mais elles disparurent progressivement à mesure que le travail se poursuivit. Plus on avançait, plus on était convaincu que les mers baignant les côtes d'Europe sont sensiblement à un même niveau. Bourdaloue avait trouvé comme différence moyenne entre la Méditerranée et l'Océan 0,72 m. Charles Lallemand ne signalait plus qu'un écart de 0,40 m. Les nouvelles méthodes étaient à peu près trois fois plus précises que les anciennes. On était loin des hypothèses faites au milieu du XIXe siècle, et jusqu'au moment du percement de l'isthme de Suez, sur les différences de niveau des mers. Toutefois, constatait-on, l'attraction des côtes jouait un rôle sur la hauteur des eaux. La mesure de la Terre devait prendre en compte les effets des attractions locales. Attractions locales Les déterminations de l'intensité de la pesanteur aux différents points de la Terre étaient entrées dans le domaine de la géodésie seulement quelques années plus tôt. L'Ordnance Survey Office, dirigé par H. James, de 1854 à 1874, a déterminé les attractions locales dues au relief du sol autour des stations, pour corriger les latitudes observées. En Russie, T.-F. de Schubert proposa en 1860 de faire niveler, d'après la méthode anglaise, le terrain des stations astronomiques des principales mesures d'arcs de méridiens, non seulement en déterminant la déviation nord-sud du fil à plomb, mais aussi la déviation est-ouest. La comparaison entre les mesures astronomiques et les mesures géodésiques amena Villarceau à reconnaître que les attractions locales ont, selon une opinion qui commençait alors à se manifester, une influence sur les longitudes et les azimuts. II étudia la question d'une manière approfondie et parvint à établir en 1866 une relation qui a lieu, quelles que soient les attractions locales, entre leurs effets sur les longitudes et les azimuts. Le même Villarceau a en outre démontré en 1868 un autre théorème relatif aux attractions locales et en a tiré des conséquences qui facilitent la solution du problème de la détermination de la figure de la Terre : en 1871, il a donné une méthode de calcul pour déterminer la forme de la Terre, sans employer de nivellements proprement dits; enfin, en 1873, il compléta ses nombreuses recherches sur les attractions locales; ses travaux l'ont conduit à rejeter l'hypothèse que la Terre diffère notablement d'un ellipsoïde de révolution. Mentionnons encore dans ce domaine les mesures de latitude et d'azimut, les déterminations télégraphiques de longitude qui sont devenus à cette même époque le complément indispensable de toute chaîne de triangles. Ajoutons encore les opérations si longues et si délicates que nécessite l'étalonnage des règles géodésiques . Signalons enfin que les divers angles qui entrent dans un réseau géodésique ne le rendent pas géométrique, ce qui revient à dire qu'un point n'occupe pas la même position, suivant qu'il est rattaché à un système de deux autres points ou à un autre, par suite des légères erreurs entachant les mesures angulaires. De là résulte la nécessité de compenser le réseau par le calcul d'un ensemble de corrections aux angles ayant pour objet d'ajuster tous les triangles, comme les pièces d'un jeu de patience. La solution du problème de la compensation dérive de l'application de la méthode des moindres carrés à la résolution des équations de condition fournies par le réseau, en nombre plus ou moins grand, suivant qu'il est plus ou moins riche, c.-à -d. que les points sont liés entre eux par un plus grand nombre de combinaisons de lignes. La compensation d'un réseau un peu compliqué comporte des calculs énormes extrêmement pénibles, malgré le secours que l'on peut tirer des toutes premières machines à calculer. Si l'on rapproche ces calculs de la masse de corrections qu'il faut faire subir aux observations de toute nature, avant d'en déduire un résultat quelconque, on voit que les travaux de cabinet poursuivis par les géodésiens sont plus longs et aussi importants que les travaux effectués sur le terrain. Une situation qui ne changera pas fondamentalement jusqu'à la seconde moitié du XXe siècle. Elle bénéficiera alors des moyens que lui procureront d'une part les satellites, et d'autre part les ordinateurs. (Ch. de Villaedeuil / E. Lebon). |
. |
|
|
||||||||
|