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L'astronomie
chinoise est l'une des plus anciennes traditions astronomiques au monde,
avec une histoire remontant à plusieurs millénaires. Elle se distingue
par ses observations minutieuses, ses innovations et son influence sur
d'autres cultures. L'observation des cieux y a toujours occupé une place
centrale. Les instruments d'observation et les cartes célestes développés
durant la période impériale témoignent de l'avancée scientifique et
technologique de la Chine à travers les
âges.
Les grandes étapes
de l'ancienne astronomie chinoise
L'astronomie de premiers
temps (2000-771 av. JC).
Les premières observations
célestes attestées en Chine remontent à la dynastie Xia
(vers 2070-1600 av. JC). A cette époque, des instruments rudimentaires
comme les gnomons (bâtons verticaux pour mesurer l'ombre du soleil) étaient
utilisés pour déterminer les solstices. Sous la dynastie Shang
(1600-1046 av. JC), des inscriptions oraculaires sur os et carapaces de
tortue révèlent des enregistrements de phénomènes tels que les éclipses
solaires et lunaires. La dynastie Zhou (1046-771
av. JC) a perfectionné l'utilisation des gnomons et des cadrans solaires
pour des mesures plus précises. Des observatoires rudimentaires permettaient
der surveiller les étoiles et les planètes. Les phénomènes célestes
étaient alors interprétés comme des signes divins.
Les innovations
des Han (206 av. JC. - 220 ap. JC).
Sous la dynastie
Han,
l'astronomie devint une science établie. Le
calendrier
Taichu, introduit en 104 av. JC (V. plus bas), nécessitait des observations
précises pour synchroniser les cycles solaire et lunaire. L'astronomie
s'est ainsi considérablement développée avec l'invention de plusieurs
instruments clés. Zhang Heng (78-139 ap. JC), un astronome renommé, a
écrit des traités détaillant les mouvements des étoiles et des planètes.
Il a aussi conçu le premier sismomètre et une sphère armillaire, un
modèle représentant la sphère céleste. Ces outils permettaient des
observations plus précises des étoiles et des mouvements planétaires.
Des comètes, des éclipses et des supernovae ont été enregistrées.
Les premières cartes célestes chinoises datent de la période des Royaumes
Combattants (475-221 av. JC) et de la dynastie Han. Elles étaient
influencées par la mythologie chinoise, avec des constellations représentant
des figures mythologiques et des animaux.
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Comètes
et étoiles nouvelles dans les annales chinoises
Les astronomes chinois
ont une longue tradition d'observation systématique et détaillée de
phénomènes célestes tels que les comètes, les novae et les supernovae.
Ces observations, consignées avec précision dans des annales historiques,
ont apporté une contribution précieuse à l'astronomie mondiale.
Les comètes,
appelées étoiles à longue chevelure (长星) en chinois, ont
été observées et enregistrées par les astronomes chinois dès le IVe
siècle av. JC, et ces observations ont été systématiquement notées
dans les archives impériales telles que le Han Shu (Livre des
Han). Les astronomes notaient les dates d'apparition, les positions,
les directions des queues et les couleurs des comètes. Ces descriptions
précises ont permis aux astronomes modernes d'identifier certaines des
comètes observées par les Chinois. Ainsi sait-on que les Chinois ont
observé et enregistré les passages de la comète de Halley à plusieurs
reprises, notamment en 240 av. JC, 87 av. JC., 12 av. JC., 837 ap.
JC, et 1066.
Les novae,
ou étoiles invitées (客星) en chinois, sont des étoiles qui
apparaissent soudainement dans le ciel et brillent de manière exceptionnelle
avant de s'éteindre progressivement. Les astronomes chinois ont documenté
des novae dès le début de notre ère. Une observation célèbre est celle
de l'an 185 ap. JC, enregistrée dans le Hou Han Shu (Livre des
Han postérieurs). Les annales chinoises contiennent des enregistrements
réguliers de novae, fournissant des informations sur leur apparition,
leur luminosité et leur durée de visibilité.
Les supernovae,
particulièrement brillantes et spectaculaires, ont également été observées
et enregistrées avec soin par les astronomes chinois. L'une des supernovae
les plus célèbres est celle de 1054, connue aujourd'hui comme la nébuleuse
du Crabe (SN 1054). Les Chinois ont noté son apparition en juillet
1054, sa grande luminosité visible en plein jour pendant 23 jours, et
sa disparition au bout de près de deux ans. La supernova de 1572, identifiée
en Europe par Tycho Brahé,
a également été documentée en détail par les Chinois, qui ont noté
sa position précise et sa luminosité. En plus des supernovae de 1054
et 1572, les Chinois ont observé d'autres événements similaires, tels
que les supernovae de 1006 et 1181. |
L'âge d'or de
l'ancienne astronomie chinoise (618-1279).
La dynastie Tang
(618-907) a vu des avancées significatives avec l'introduction de l'horloge
à eau par le moine bouddhiste et astronome Yi Xing (683-727),
utilisée pour mesurer le temps avec une grande précision. Cette période
a également vu la création de cartes célestes détaillées, comme celles
de Dunhuang, qui répertoriaient les étoiles et les constellations observées.
Les étoiles principales de chaque constellation étaient marquées et
nommées, avec une attention particulière portée aux étoiles les plus
brillantes et les plus significatives. Les cartes célestes chinoises incluaient
également la position des planètes et des enregistrements d'éclipses
solaires et lunaires, ainsi que des passages de comètes. Les cartes célestes
étaient utilisées dans les rituels impériaux, où l'alignement des étoiles
et des planètes était interprété comme un signe de bénédiction ou
de malheur. es cartes étaient aussi utilisées pour la navigation
maritime et l'agriculture, fournissant des repères pour les calendriers
agricoles.
Les anciens astronomes chinois avaient une connaissance remarquable des
planètes visibles à l'œil nu, qu'ils considéraient comme des astres
errants, par opposition aux étoiles fixes. Ils les ont observées attentivement
et ont enregistré leurs positions par rapport aux étoiles fixes sur de
longues périodes. Chaque planète avait un nom souvent basé sur des caractéristiques
mythologiques ou des associations culturelles. Par exemple, Mars était
appelée Huo Xing (火星), qui signifie littéralement étoile
de feu. Les astronomes chinois ont remarqué que les planètes
semblaient parfois reculer dans le ciel par rapport aux étoiles fixes,
un phénomène connu sous le nom de mouvement rétrograde. Ils ont tenté
d'expliquer ce mouvement apparent en développant des modèles astronomiques.
Ils ont aussi développé des techniques pour prédire les positions
futures des planètes en utilisant des calendriers et des tables astronomiques.
Ces prédictions étaient importantes pour la navigation, l'agriculture,
la divination et d'autres aspects de la vie quotidienne.
Sous la dynastie Song
(960-1279), l'astronome Su Song a construit une tour de l'horloge astronomique,
une innovation majeure qui combinait une horloge mécanique et un planétarium
pour suivre les mouvements célestes. Shen Kuo, un autre astronome éminent,
a amélioré les techniques de cartographie céleste et développé des
atlas stellaires précis. L'observatoire de Kaifeng, construit sous les
Song, est devenu un centre majeur pour l'étude des étoiles. Les astronomes
de la cour impériale formaient des équipes d'observateurs dédiées,
assurant une surveillance constante du ciel.
La fondation de
l'observatoire de Pékin (1271-1368).
Sous la dynastie
Yuan,
l'astronomie chinoise a bénéficié de l'influence étrangère, notamment
des techniques persanes et arabes. L'ingénieur
et astronome Guo Shoujing (1231-1316) a dirigé la construction de plusieurs
observatoires et amélioré les instruments tels que les armillaires et
les cadrans solaires. L'observatoire de Pékin, construit en 1279, est
devenu un centre de recherche astronomique de premier plan. Les astronomes
de cette période ont créé des cartes célestes détaillées et des tables
astronomiques précises, reflétant les avancées dans l'observation des
étoiles et des planètes.
L'influence européenne
(1368-1644).
La dynastie Ming
a poursuivi les avancées en astronomie avec l'aide des missionnaires jésuites
qui ont introduit des instruments et des techniques occidentales, notamment
le télescope. Matteo Ricci et Johann Adam Schall
von Bell ont travaillé avec les astronomes chinois, comme, par exemple
Xu Guangqi (1562-1633), pour améliorer la précision des observations.
Les cartes célestes de cette époque intégraient des connaissances occidentales
et orientales, offrant une vision plus complète du ciel, permettant aussi
l'amélioration du calendrier. L'observatoire de Pékin a continué à
être un centre important pour les recherches astronomiques.
L'astronomie des
Qing (1644-1912).
Sous la dynastie
Qing,
l'observatoire de Pékin a été modernisé avec des instruments européens
tels que les sextants et les télescopes. Des astronomes comme Xu Guangqi
et Ferdinand Verbiest, un missionnaire jésuite,
jouèrent un rôle crucial dans la réforme des instruments et des
méthodes d'observation. Les astronomes de la dynastie Qing ont produit
des cartes célestes encore plus détaillées et précises, basées sur
des observations systématiques. Les atlas célestes de cette époque reflétaient
une compréhension approfondie des mouvements stellaires et planétaires.
Les astronomes chinois de cette époque adoptèrent par ailleurs le calendrier
Shixian, élaboré avec l'aide des jésuites,
intégrant des observations précises des mouvements planétaires et des
étoiles. Ils enregistrèrent également des phénomènes célestes tels
que des éclipses, des comètes et des météores. Ces phénomènes restaient
interprétés comme des présages influençant la politique impériale.
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Hi et Ho
font de l'astronomie
Les dates ne doivent
pas être prises au sérieux, pas plus que les nom des astronomes. Ce sont
des noms conventionnels, qui serviront à des époques différentes.
Sous les successeurs
de Hoang-Ti, on négligea l'astronomie jusqu'à Yao,
qui en ranima l'étude. En 2357 avant l'ère chrétienne, cet empereur
ordonna à ses astronomes d'être attentifs à la régularité comme à
l'irrégularité du Soleil et de la Lune, et de déterminer exactement
la durée de chacune des quatre saisons. Mais cet ordre fut sans doute
très mal exécuté, puisque pendant bien longtemps encore les Chinois
croyaient que les équinoxes et les solstices partagent l'année en quatre
parties parfaitement égales. Yao avait envoyé quatre astronomes aux quatre
points cardinaux :
Hi-Tchong
à l'est, pour voir quelle est l'étoile qui occupe le point de l'équinoxe
du printemps;
Hi-Chouan au sud,
pour observer l'étoile qui devait se trouver au solstice d'été;
Ho-Tchong à l'ouest,
pour savoir quelle est l'étoile qui marquerait l'équinoxe d'automne;
Ho-Chou au nord,
pour observer l'étoile qui indiquerait le solstice d'hiver.
Ces astronomes trouvèrent,
en effet, une étoile à chacun des points cardinaux. Mais il n'était
pas nécessaire, remarque ici judicieusement Delambre,
« de se disperser pour ces quatre observations, qu'un même homme pouvait
faire dans un même observatoire. Si le tout n'est pas un conte, on peut
encore s'étonner du hasard singulier qui donne aux quatre astronomes quatre
noms aussi symétriques. »
Deux siècles plus
tard, nous rencontrons deux autres astronomes dont les noms, Hi et Ho,
font écho aux précédents, comme pour nous avertir de ce que ceux-ci
aussi sont de pures inventions, seulement là pour organiser le récit.
Hi et Ho, donc, était
astronomes en même temps gouverneurs de provinces, remplissaient mal leur
charge de mathématiciens de l'Empire : ils avaient négligé de donner
avis à l'empereur Tchong-Kong d'une éclipse de Soleil qui arriva en automne
2159 avant l'ère chrétienne. Plongés dans la débauche, ils ne songeaient
qu'à leurs plaisirs. Justement irrité de leur conduite, l'empereur ordonna
à son général d'aller les punir à la tête de ses troupes. Le général
leur tint le discours suivant :
« Le premier
jour de la Lune d'automne, sur les huit heures du matin, il est arrivé
une éclipse de Soleil hors de la constellation de Fang (Scorpion); les
aveugles ont battu du tambour; les petits mandarins et les peuples, faute
d'avoir été avertis, ont été épouvantés. Hi et Ho, comme des termes
insensibles, ont feint de n'en rien savoir. Ignorants dans la connaissance
des mouvements célestes, ils doivent subir le châtiment porté par les
lois de nos premiers empereurs. Ces lois disent : Soit que le temps de
quelque événement ne soit pas bien marqué, soit qu'on ne l'ait pas bien
prévu, l'une et l'autre négligence doivent être punies de mort sans
remission. »
C'est ce qui fut exécuté,
raconte la fable. Cette loi était, il faut l'avouer, bien sévère pour
de pauvres astronomes, qui probablement n'avaient aucune idée ni de la
parallaxe, ni des inégalités du Soleil ou de la Lune. Comment se serait-il
trouvé des hommes assez téméraires pour remplir l'office de mathématiciens
de l'empereur de Chine? Quoi qu'il en soit, de 2159 à 776 av. JC, il n'est
plus question ni d'astronomie, ni d'éclipse. La légende de Hi et de Ho
avait-elle éloigné les Chinois d'une science si périlleuse? (E.
Doublet / F. Hoefer). |
Les anciennes constellations
chinoises
Les cartes célestes
chinoises figuraient un certain nombre de constellations traditionnelles,
qui étaient des astérismes ne recoupant pas nécessairement le découpages
occidental des constellations. Ces astérismes étaient regroupés à l'intérieur
de plusieurs vastes zones du ciel : le Quatre palais, les Trois enclos
et les 28 loges de la Lune.
Les Quatre palais
Les constellations
chinoises sont divisées en quatre sections principales, connues sous le
nom de Quatre palais. Chaque palais, associé à un animal mythologique
et à une couleur, représente une direction cardinale et une saison.
Palais
du Dragon Azur.
Le Palais du Dragon
Azur (青龙, Qīng Lóng) est associé à l'Est et à la saison du printemps.
Il représente un dragon bleu-vert. Les astérismes que contient cette
zone comprennent des étoiles de la Vierge, de la Balance, du Scorpion
et du Sagittaire.
Palais
de l'oiseau vermillon.
Le Palais de l'Oiseau
Vermillon (朱雀, Zhū Què) est associé au Sud et à la saison de l'été.
Les astérismes que contient cette zone comprennent des étoiles des Gémeaux,
du Cancer, de l'Hydre, du Corbeau et de la Vierge.
Palais
du tigre blanc.
Le Palais du Tigre
Blanc (白虎, Bái Hǔ) est associé à l'Ouest et à la saison de l'automne.
Les astérismes que contient cette zone comprennent des étoiles d'Andromède,
du Bélier, du Taurau (dont les Pléiades) et d'Orion.
Palais
de la tortue noire.
Le Palais de la
Tortue Noire (玄武, Xuán Wǔ) est associé au Nord et à la saison
de l'hiver. Il représente une tortue noire souvent enroulée avec un serpent.
Les astérismes que contient cette zone comprennent des étoiles du Sagittaire,
du Capricorne, du Verseau et de Pégase.
Les Trois enclos.
En plus des Quatre
palais, les constellations chinoises comprennent également les Trois
Enclos (三垣, Sān Yuán), qui sont des regroupements d'étoiles
situés près du pôle nord céleste :
Enclos
violet.
Associé à l'Empereur
céleste, l'Enclos violet (紫微垣, Zǐ Wēi Yuán) contient l'étoile
polaire (北極, Běi Jí) et des étoiles situées dans son voisinage.
Il correspond partiellement aux étoiles de la Petite Ourse et de la Grande
Ourse.
Enclos
suprême.
L'Enclos suprême
(太微垣, Tài Wēi Yuán) représente la cour impériale et les nobles.
Il Inclut des étoiles situées dans les constellations du Lion,
de la Vierge et de la Balance.
Enclos
céleste.
Représentant le
marché céleste et les fonctionnaires, l'Enclos céleste (天市垣,
Tiān Shì Yuán) inclut des étoiles situées dans les constellations
du Bouvier, de la Couronne Boréale et d'Hercule.
Les 28 loges lunaires
(二十八宿, Èr Shí Bā Xiù).
Les 28 loges lunaires,
ou maisons, sont un autre élément crucial du système uranographique
chinois. Ces loges sont des segments de l'écliptique et jouent un rôle
similaire aux signes du zodiaque en astrologie occidentale. Elles sont
utilisées pour suivre les positions de la Lune et des planètes. Chaque
loge est associée à un animal, un élément et a des significations astrologiques
spécifiques.
Les calendriers chinois
L'histoire des calendriers
dans la Chine impériale illustre une évolution constante et une quête
de précision. Les calendriers chinois étaient intégrés dans les pratiques
sociales, religieuses et politique. Avec la fin de la dynastie Qing, le
calendrier grégorien fut progressivement adopté, marquant la fin d'une
ère de traditions calendaires millénaires.
Les premiers calendriers
(2000-771 av. JC).
Les premières traces
de systèmes calendaires en Chine remontent à la dynastie Xia
(vers 2070-1600 av. JC). Les archives de cette époque mentionnent des
tentatives d'observation des cycles lunaires et solaires pour structurer
le temps. Les dynasties suivantes, Shang (1600-1046
av. JC) et Zhou (1046-771 av. JC), ont continué
à perfectionner ces systèmes en intégrant des aspects astrologiques
et rituels.
Le calendrier
Taichu (104 av. JC).
Le calendrier Taichu
a été introduit en 104 av. JC. par l'empereur Wu,
de la dynastie Han (206 av. JC - 220 ap. JC). C'était
une réforme majeure qui combinait les observations lunaires et solaires
pour corriger les incohérences des systèmes antérieurs. Le calendrier
Taichu établit une année solaire de 365,25 jours, répartie en 12 mois
lunaires et introduisit le concept des intercalations pour aligner les
cycles lunaire et solaire.
Le calendrier
Daming (619).
La dynastie Tang
(618-907) est une période marquante pour l'évolution des calendriers
chinois. Le calendrier Daming, mis en place en 619, intégrait des améliorations
basées sur les avancées en astronomie et en mathématiques.
Ce calendrier était plus précis dans le calcul des intercalations et
des équinoxes, grâce aux travaux des astronomes comme Li Chunfeng.
Les réformes
des Song et Yuan (960-1368).
Sous les dynasties
Song
(960-1279) et Yuan (1271-1368), la science astronomique
a connu un essor significatif. L'astronome Guo Shoujing, durant la dynastie
Yuan, a introduit le calendrier Shoushi en 1280, qui intégrait des observations
astronomiques précises et des calculs mathématiques sophistiqués, réduisant
l'écart entre les années solaire et lunaire.
Le calendrier
Chongzhen.
Le calendrier Chongzhen,
instauré sous la dynastie Ming (1368-1644), était
une adaptation du calendrier Shoushi. Malgré sa précision, des erreurs
mineures persistaient, nécessitant des ajustements périodiques. Les missions
jésuites, arrivées en Chine au XVIe siècle,
introduisirent des techniques astronomiques occidentales qui influencèrent
les réformes ultérieures.
Le calendrier
Shixian.
Sous la dynastie
Qing
(1644-1912), le calendrier Shixian a été adopté, combinant les savoirs
chinois et occidentaux. Le missionnaire jésuite Johann Adam Schall von
Bell joua un rôle clé dans cette réforme. Le calendrier Shixian resta
en usage jusqu'à la fin de la dynastie (c'est-à dire jusqu'à la fin
de l'époque impériale, en 1912), marquant la transition vers une approche
plus scientifique et moderne de la mesure du temps.
Les théories cosmologiques
Dans la cosmologie traditionnelle
chinoise, plusieurs théories et systèmes du monde ont été développés
pour expliquer l'organisation de l'univers et le mouvement des corps célestes.
Aperçu des trois principaux systèmes :
Théorie du ciel
recouvrant (gai tian).
La théorie du ciel
recouvrant était une conception de l'univers dans laquelle le ciel
était perçu comme une voûte qui recouvrait la Terre. Selon cette conception
qui semble la plus archaïque, le ciel est une coupole hémisphérique
solide et massive qui tourne autour de la Terre, plate et carrée. Cette
conception était largement symbolique et reflétait une vision cosmologique
où l'ordre divin se manifestait à travers une barrière protectrice céleste.
Le Soleil et la Lune, dont le mouvement n'est pas complètement solidaire
du mouvement général des cieux, sont "entraînés comme des des fourmis
sur une meule".
Théorie du ciel
sphérique (hun tian).
La théorie du ciel
sphérique représentait une avancée conceptuelle dans la compréhension
cosmologique chinoise. Selon cette théorie, le ciel était perçu comme
une sphère autour de la Terre. Luo-xia Hong (IIe
s. av. JC) affirmait que le cosmos est comme un oeuf sphérique dont le
ciel serait la coquille et la Terre le jaune. Personne ne sait ce qu'il
y a au-delà du ciel. Les étoiles, les planètes et les autres corps célestes
étaient fixés à cette sphère et se déplaçaient selon des mouvements
réguliers et prévisibles. Cette conception reflétait une vision plus
dynamique de l'univers, où les phénomènes célestes étaient expliqués
par des modèles astronomiques plus sophistiqués.
Théorie de la
nuit étendue (xuan ye).
La théorie de la
nuit étendue était une autre perspective cosmologique dans laquelle l'univers
était divisé en deux parties distinctes : le ciel (tian) et la
nuit étendue (xuan ye). Selon cette théorie, le ciel était la
région céleste habitée par les divinités et les esprits, tandis que
la nuit étendue représentait l'espace obscur et vide entre les
étoiles et les planètes. Les astres flottent dans le vide, maintenus
par le souffle dur (gang qi). Cette vision reflétait une conception
dualiste de l'univers où le cosmos était divisé en domaines spirituels
et matériels. Le bleu du ciel est un effet d'optique, car il n'y a pas
de firmament solide. Cette théorie est attribuée à Qi Meng, qui vivait
à la fin des Han.
Dans la bibliothèque
des astronomes chinois
Voci quelques-uns des
principaux ouvrages de l'astronomie traditionnelle chinoise, avec les auteurs
lorsque cela est connu et les dates de composition ou de compilation lorsque
disponibles :
•
Yi
Jing (易经, Classique des mutations). - Auteur inconnu. Aurait
été compilé pendant la période des Zhou occidentaux (1046-771 av. JC).
Bien qu'il soit principalement un ouvrage de divination, il contient des
concepts cosmologiques fondamentaux et des références aux mouvements
célestes.
• Kaiyuan Zhanjing
(开元占经) . - Compilation réalisée sous le règne de l'empereur
Xuanzong (712-756) de la dynastie Tang. Ce traité d'astronomie contient
des informations sur l'observation des étoiles, des planètes et des phénomènes
célestes, ainsi que des méthodes de calcul pour le calendrier lunaire
et solaire.
• Yuan
Jing Li (元经丽). - Auteur inconnu. Composé pendant la Dynastie
Tang (618-907). Contient des informations sur les mouvements des astres,
les phénomènes célestes et les méthodes de calcul du calendrier.
• Shoushili
(授时历). - Auteur inconnu. Composé pendant la dynastie Tang. Ce manuel
officiel du calendrier comprenait des instructions détaillées sur la
manière de calculer les mouvements des astres et d'établir le calendrier
officiel de l'empire.
• Hanshu
(汉书, Histoire des Han). - Compilation réalisée par Ban Gu
et ses successeurs pendant la dynastie Han (206 av. JC - 220 ap. JC). Bien
qu'il soit principalement une histoire officielle, il contient des observations
des étoiles et les calculs calendaires. |
•
Yi
Xiang Fa Yao (儀象法要). - Compilation réalisée par Chong Dawei
au XIe siècle, pendant la dynastie Song
(960-1279). Il traite de l''observation des étoiles, des planètes et
des phénomènes célestes, ainsi que les méthodes de calcul pour le calendrier
lunaire et solaire.
• Calendrier
Shoushi (授时历). - Auteur inconnu. Ce manuel officiel du calendrier
a continué d'être compilé et révisé pendant les dynasties Yuan (1271-1368)
et Ming (1368-1644). Il comprenait des instructions détaillées sur la
manière de calculer les mouvements des astres et d'établir le calendrier
officiel de l'empire.
• Yuanxi Qiqi
Tushuo (元熹契气图说) : Compilation réalisée par Wang Zhiyuan
au XIIe siècle. Il traite de sujets tels
que les phases de la lune, les éclipses solaires et lunaires, ainsi que
les phénomènes météorologiques.
• Yuan Hai Zi
Jing (元海子经). - Compilation réalisée sous la dynastie Yuan
(1271-1368). Ce traité d'astronomie est l'un des ouvrages les plus importants
de cette époque. Il traite de l'observation des étoiles, des planètes
et des divers phénomènes célestes, ainsi que les méthodes de calcul
pour le calendrier lunaire et solaire.
• Yuanli Xingtong
(元历新统). - Compilation réalisée par Guo Shoujing, un astronome
de la dynastie Yuan. Ce traité a apporté des améliorations significatives
aux méthodes de calcul du calendrier chinois, en intégrant des techniques
astronomiques avancées.. |
Époque moderne
Depuis 1912, l'astronomie
chinoise a traversé une période de transformation radicale, marquée
par l'introduction des technologies modernes, la participation internationale,
et des efforts considérables en recherche et développement. La Chine
est passée d'une position d'apprentissage et de rattrapage scientifique
à celle d'un leader mondial dans divers domaines de l'astronomie.
Premières décennies
du XXe Siècle.
Avec l'augmentation
des contacts avec les puissances occidentales, la Chine a adopté des méthodes
et des technologies astronomiques modernes. Les observatoires ont commencé
à utiliser des télescopes et des instruments de mesure avancés.
Des observatoires
modernes ont été construits, comme l'Observatoire de la Montagne Pourpre
à Nanjing (Nankin) en 1934, qui a joué un rôle crucial dans le développement
l'astronomie chinoise moderne.
Période maoïste
et Révolution culturelle.
La Révolution culturelle
(1966-1976) a sévèrement affecté les sciences en Chine. L'astronomie
n'a pas été épargné. De nombreux scientifiques ont été persécutés
et les projets de recherche ont été suspendus ou annulés.
Après la fin de
la Révolution culturelle, les activités scientifiques ont repris. Les
politiques de réforme et d'ouverture des années 1980 ont permis à la
Chine de renouer avec la communauté scientifique internationale.
Développements
modernes et contemporains.
La Chine a construit
plusieurs nouveaux observatoires équipés de technologies de pointe, tels
que l'Observatoire de Xinglong et l'Observatoire de Lijiang. Le pays a
également lancé des programmes spatiaux ambitieux, avec des missions
comme Chang'e pour l'exploration lunaire, et le télescope spatial Xuntian
prévu pour les années 2020. FAST (Five-hundred-meter Aperture Spherical
Telescope), inauguré en 2016, est le plus grand radiotélescope à ouverture
unique au monde. Il a déjà contribué à de nombreuses découvertes scientifiques
importantes.
Les astronomes chinois
ont fait des avancées significatives en astronomie optique et radio, participant
à des projets internationaux et publiant des recherches dans des revues
scientifiques prestigieuses. Les collaborations internationales, telles
que celles avec le CERN, ont permis aux scientifiques chinois de contribuer
à des découvertes majeures en cosmologie et en physique des particules.
La Chine est devenue
un acteur majeur dans les collaborations scientifiques internationales,
participant à des projets tels que l'Observatoire des ondes gravitationnelles
par interférométrie laser (LIGO) et l'Observatoire européen austral
(ESO). Elle a aussi accueilli plusieurs conférences astronomiques internationales
et a pris des initiatives dans des projets collaboratifs mondiaux. Les
universités et les instituts de recherche chinois ont formé des générations
de scientifiques en astronomie, dont beaucoup sont devenus des leaders
dans leurs domaines. Les investissements dans les technologies de pointe
permettent aujourd'hui à la Chine de développer des infrastructures scientifiques
de classe mondiale. |
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