| Praxitèle est un sculpteur grec (première moitié du IVe siècle avant notre ère). Il était Athénien, comme le prouvent plusieurs inscriptions gravées sur des bases de statues. On suppose qu'il était fils du sculpteur Céphisodote. Une de ses premières oeuvres paraît être le groupe qu'il exécuta en 362 pour un temple de Mantinée, et qui représentait Léto avec Artémis et Apollon (Pausanias, VIII, 9, 1). La base qui supportait ce groupe était décorée de bas-reliefs, où étaient figurés, avec les Muses, Apollon et Marsyas jouant de le flûte; trois de ces bas-reliefs ont été retrouvés en 1887 (cf. Fougères, Mantinée; Paris, 1898, p. 543). A cette première période de la vie de l'artiste appartiennent sans doute encore : les Thespiades, qui furent transportées à Rome par Mummius en 146 (Pline, Histoire naturelle, XXXIV, 69); un autre groupe de Léto et ses enfants, qui était placé dans le temple d'Apollon à Mégare (Pausanias, I, 44, 2) ; une statue de Léto à Argos (id., Il, 21, 8), et une Tyché, conservée à Mégare (id., I, 43, 6). Vers l'année 360, Praxitèle est dans toute la plénitude de son talent. Alors commence la période des chefs-d'oeuvre. C'est probablement pendant les vingt années suivantes qu'il exécute ses morceaux les plus célèbres : le Satyre de la rue des Trépieds, à Athènes (Pausanias, 1, 20,1; Athénée, XIII, p. 591 B), dont on peut se faire une idée d'après des statues de Rome et de Dresde; l'Éros de Thespies (Pausanias, 1, 20, 1; IX, 27, 3), dont il existe des repliques à Naples, à Turin, au Vatican, etc; l'Aphrodite de Thespies (id., IX, 27, 5), dont la Vénus d'Arles est peut-être une reproduction; deux portraits de Phryné, consacrés par la courtisane dans des temples, l'un à Thespies, l'autre à Delphes (Pausanias, I, 20, 4; IX, 127, 3-5; Athénée, XIII, p. 590; Plutarque, De Pythiae oraculis, 15); l'Aphrodite de Cos, et l'Aphrodite de Cnide (Pline, XXXVI, 20), dont nous avons de nombreuses copies, au Vatican, au Louvre, à Munich, à Berlin, etc.; l'Eros de Parion (Pline, XXXVI, 23) ; la statue d'Artémis Brauronia, destinée au temple de la déesse, sur l'Acropole d'Athènes (Pausanias, 1, 23, 7), et dont la Diane de Gabies est sans doute une reproduction; une autre Artémis, pour la ville d'Anticyre en Phocide (id., X, 37,1) ; l'Apollon sauroctone (Pline, XXXIV, 70), dont il existe tant de répliques, au Louvre, au Vatican; le Satyre au repos, connu aussi par bien des copies, au Capitole, au Louvre, etc.; le Dionysos d'Elis (Pausanias, VI, 26, 1); enfin, bien d'autres oeuvres mentionnées par les auteurs, surtout par Pline (XXXIV, 69-70). Au mois de mai 1877, dans les ruines de l'Héraion d'Olympie, on a retrouvé, avec la base et la signature, une oeuvre originale de Praxitèle : le fameux groupe d'Hermès et Dionysos, qui est conservé au musée d'Olympie, et qui est unanimement considéré connue un des grands chefs-d'oeuvre de l'art grec. Dans l'histoire de la sculpture antique, Praxitèle est, par excellence, le maître de la grâce, de la beauté féminine ou adolescente. Il avait porté à sa perfection la technique du marbre. Il eut de nombreux élèves : parmi eux, ses deux fils, Céphisodote le Jeune et Timarchos. Il a exercé une action considérable, non seulement sur le développement de la sculpture, mais sur l'art industriel, sur les stèles attiques et les figurines de Tanagre, qui ont reproduit ses types avec une prédilection marquée. Plusieurs historiens croient à l'existence d'un Praxitèle l'Ancien, originaire de Paros, qui aurait vécu à Athènes dans la seconde moitié du Ve siècle. A ce sculpteur, il faudrait attribuer : un groupe de Deméter, Perséphone et lacchos, que mentionne Pausanias (I, 2, 4); la statue de Héra Teleia; à Platées; et peut-être les sculptures de l'Hérakléion de Thèbes. Ce Praxitèle l'Ancien serait le père de Céphisodote l'Ancien et le grand-père du Praxitèle auteur de l'Hermès. D'ailleurs, ce nom de Praxitèle a été porté par divers sculpteurs d'époque plus récente : l'un d'eux travaillait à Pergame au IIIe siècle; un autre était contemporain d'Auguste. (P. M.).
| Alain Pasquier, Jean-Luc Martinez et al., Praxitèle, Somogy éditions d'art, 2007. - Praxitèle, sculpteur athénien du IVe siècle avant J.-C., est l'un des artistes les plus célèbres de l'Antiquité. Son nom, synonyme de parfaite beauté, suffit souvent à dire l'excellence atteinte par les maîtres du passé. Toutefois, cette beauté, à la différence d'un idéal grec qui est le plus souvent viril, est surtout féminine : Praxitèle est le premier sculpteur grec à donner au marbre la forme d'une femme nue. Mais la Vénus de Cnide était une déesse, même si son innombrable postérité l'a rendue femme et fragile, donnant un sens profane à un érotisme sacré. Ainsi dit-on que Praxitèle s'inspira des charmes de la courtisane Phryné, dont il était l'amant. Leur vue avait suffi, selon Athénée, pour convaincre ses juges d'acquitter la jeune femme dans un procès. Le XIXe siècle de Jean-Léon Gérôme est friand des galantes aventures du sculpteur et de son modèle. Mais au-delà des mots et des anecdotes par lesquels les auteurs anciens et modernes commentent ou exaltent les oeuvres de Praxitèle, comment, dans l'éparpillement des marbres antiques parvenus jusqu'à nous, reconnaître son art, sa marque familière? La réponse n'est pas facile, car rien, à l'exception possible d'une tête, ne subsiste des statues qu'il a créées. L'Hermès d'Olympie, grand témoin muet, garde son énigme. Au milieu d'un ensemble où il faut déjà savoir écarter adaptations et pastiches, l'examen ne peut se faire que sur des répliques commandées par les Romains, le plus souvent incomplètes ou restaurées : peut-on retrouver le vrai Praxitèle au travers des images qu'on a tour à tour données de lui? Ce catalogue invite à la prudente redécouverte de ces créations, où Praxitèle, classique sans l'être tout à fait, sensuel et distant, se révèle comme un maître de l'ambigu. Le livre voudrait aussi initier à l'approche particulière de la sculpture grecque, souvent mal comprise, bien que son importance, au sein de notre culture, soit capitale. (couv.). | | |