|
|
| . |
|
||||||
|
|
| Les
Anciens, peu soucieux d'ethnographie, de toute façon mal armés conceptuellement
pour aborder des cultures différentes des leurs, nous ont si mal renseignés
sur leurs Libyens Le Sahara a été l'objet des ambitions coloniales de la France à partir des années 1880 et se voyait intégrer, sur le papier, à l'Afrique occidentale française (AOF) en 1884. avant d'être reconnu possession française en 1890, par une convention signée avec le Royaume-Uni. La construction d'une série de forts servant de points d'appui aux troupes armées a permis ensuite en quelques années le contrôle presque complet de tout cet espace - seules quelques poches de résistance touareg et la Mauritanie devront attendre le début du XXe siècle pour se voir soumises. Ajoutons que deux autres puissance européennes ont égalent colonisé le Sahara : l'Espagne, d'abord, qui avait pris pied à l'Ouest du Sahara, dans la région du Rio de Oro, dès les années 1860, et l'Italie, engagée en Libye dans une guerre contre la Turquie qu'elle gagne en 1912, puis, qui en 1935, sous Mussolini, investit tout l'arrière-pays saharien jusqu'au Tchad, contestant à la France la bande d'Aouzou. A partir des années 1950 et jusqu'en 1975, la décolonisation aboutit au découpage du Sahara qui se trouve réparti entre plusieurs nouveaux États. Un partage qui se fait au détriment des populations sahariennes, d'où une partie des conflits qu'on a pu observer dans la région au cours des décennies suivantes. Dates clés : 5500 - 3000 av. J.-C. - Invention de la céramique; domestication et élevage des bovins dans la région des massifs (Aïr, Adrar, Tibesti, Hoggar). |
||||
Le Sahara vertLe Sahara n'a pas toujours été le désert aride et presque inhabité que l'on connaît aujourd'hui; il a connu plusieurs cycles climatiques majeurs, alternant entre des phases hyperarides et des périodes plus humides, appelées « phases néolithiques humides » ou « périodes vertes du Sahara ». La plus récente de ces phases, connue sous le nom de « Néolithique humide » ou « Pluvial tardif », s'étend approximativement de 9500 à 3500 av. JC., bien que les dates varient légèrement selon les régions. Durant cette époque, les précipitations, alimentées par une mousson estivale plus forte et plus septentrionale qu'aujourd'hui, transformaient de vastes étendues sahariennes en un mosaïque de savanes arborées, de marais saisonniers, de cours d'eau permanents et de lacs peu profonds, parmi lesquels le « Paléo-Tchad », un lac gigantesque qui couvrait à son maximum plus de 350 000 km², débordant largement les frontières de l'actuel lac Tchad, et le « Paléo-Nil », dont les branches occidentales s'étendaient vers le Fezzan libyen et le Tibesti tchadien.Les premières traces humaines dans le Sahara remontent au Paléolithique inférieur, avec des outils acheuléens découverts dans plusieurs régions, notamment au Tchad, en Libye et en Algérie, indiquant une présence sporadique de groupes de chasseurs-cueilleurs adaptés aux environnements changeants. Mais c'est au Mésolithique et surtout au Néolithique (entre 10 000 et 5000 av. JC) que le Sahara connut une occupation humaine dense et dynamique. Des populations de chasseurs-pêcheurs-cueilleurs, parfois désignées collectivement comme les peuples du Buffle d'après la représentation fréquente du buffle sauvage (Bubalus antiquus) dans leur art rupestre, vivaient le long des rivières, des lacs et des zones humides. Ils chassaient des animaux aujourd'hui absents du désert (éléphants, girafes, rhinocéros, hippopotames) et pêchaient à l'aide de harpons en os ou en pierre dans des étendues d'eau abondantes, comme en témoignent les sites de Nabta Playa (Égypte), Adrar Bous (Niger) ou Tagalagal (Niger), où des amas coquilliers, des restes de poissons et des sépultures organisées ont été mis au jour. À Nabta Playa, vers 5000-4500 av. JC., une structure mégalithique circulaire, parfois qualifiée de « Stonehenge africain », suggère une connaissance précoce de l'astronomie et une organisation sociale complexe, avec des cérémonies calendaires liées aux solstices. À partir de 7000-6500 av. JC, on observe une transition progressive vers le pastoralisme. Des bovins domestiqués, probablement originaires du Proche-Orient mais peut-être aussi l'objet d'une domestication locale indépendante dans le désert oriental égyptien, apparaissent dans les représentations rupestres et dans les vestiges archéologiques. Les « peintures bovidiennes » du Tassili n'Ajjer (Algérie), de l'Ennedi (Tchad) ou de l'Acacus (Libye) montrent des scènes de vie pastorale : troupeaux de vaches aux cornes lyre, enclos, danses rituelles, femmes portant des charges, hommes armés d'arcs. Ces images, d'une grande finesse esthétique, reflètent une société où les bovins jouaient un rôle central, non seulement économique mais aussi symbolique et religieux, comme le suggèrent les sépultures de bovins à Nabta Playa ou les peintures montrant des bovins décorés, parfois avec des motifs corporels stylisés. Les poteries, souvent décorées de motifs incisés ou imprimés, se répandent à cette époque, témoignant de l'adoption de modes de vie plus sédentaires ou semi-sédentaires autour des points d'eau permanents. L'Antiquité saharienneVers 5000 - 4000 av. JC, le climat commence lentement à se dessécher. Les lacs rétrécissent, les cours d'eau s'intermittent, les zones de pâturage se fragmentent. Ce changement progressif, mais irréversible sur le long terme, contraint les populations sahariennes à adapter leurs stratégies de subsistance. Certains groupes migrent vers les marges sud du désert, s'intégrant aux sociétés agropastorales naissantes du Sahel et de la savane soudanienne, préfigurant peut-être les cultures qui donneront naissance plus tard aux royaumes du Ghana ou du Kanem. D'autres se déplacent vers les régions montagneuses (Hoggar, Tibesti, Aïr) où des microclimats plus humides persistent plus longtemps. D'autres encore gagnent les vallées fluviales permanentes : le Nil, bien sûr, mais aussi le Niger et le Sénégal, contribuant à l'émergence de sociétés complexes dans ces corridors vitaux. Cette « grande dispersion » n'est pas un exode brutal, mais un lent réajustement sur plusieurs siècles, visible dans la stratigraphie des sites comme Takarkori (Libye), où les couches archéologiques montrent un passage graduel de l'économie basée sur la pêche à celle fondée sur l'élevage caprin puis bovin, puis à l'abandon progressif de l'habitat.L'art rupestre évolue parallèlement à ces transformations : les « peintures équestres », datées entre environ 1500 av. JC. et 500 ap. JC, montrent l'apparition du cheval, introduit d'Égypte ou via la Libye, et de chars légers à deux roues, souvent schématisés, que l'on interprète aujourd'hui non comme des armes de guerre à grande échelle, mais plutôt comme des symboles de prestige ou des véhicules cérémoniels, utilisés dans des paysages encore praticables mais de plus en plus ouverts. Ces images, bien que spectaculaires, coexistent avec des pétroglyphes plus tardifs illustrant des dromadaires, importés d'Arabie vers le début de notre ère, probablement via la mer Rouge ou l'Égypte ptolémaïque, dont la diffusion s'accélère après le Ier siècle ap. JC. Le dromadaire, adapté à la sécheresse extrême, devient le pivot d'une nouvelle adaptation humaine au désert, permettant l'émergence des premières formes de commerce transsaharien à petite échelle (échange de sel, de cuivre, de perles, de peaux) bien avant l'islamisation et l'expansion des caravanes médiévales. Sur le plan linguistique et ethnique, le Sahara ancien semble avoir été peuplé par des groupes parlant des langues chamito-sémitiques (ancêtres des langues couchitiques, berbères et égyptiennes). Les proto-Berbères, désignés par les Égyptiens sous le nom de « Tehenu » ou « Libou », occupaient déjà les régions nord-sahariennes à la fin du IIIe millénaire av. JC., comme en attestent les inscriptions hiéroglyphiques et les toponymes. Les Garamantes, une civilisation urbaine et agricole florissante dans le Fezzan libyen entre le Ve siècle av. JC et le Ve siècle ap. JC, en sont un exemple emblématique : fondée sur un système sophistiqué de foggara ( = galeries d'irrigation souterraines captant les nappes fossiles), elle développait une agriculture (céréales, vigne, oliviers), élevait des bovins, des moutons, des chevaux, exploitait des mines de fer et de charbon, et entretenait des relations, parfois conflictuelles, souvent commerciales, avec les Carthaginois, les Romains et les royaumes noirs au sud. Leur capitale, Garama (près de l'actuelle Germa), comptait plusieurs milliers d'habitants, avec des structures monumentales, des nécropoles élaborées et des traces d'écriture libyque, un ancêtre de l'écriture tifinagh encore utilisée par les Touaregs. À l'est, l'Égypte pharaonique, bien que située hors du Sahara stricto sensu, exerçait une influence profonde sur ses marges occidentales et méridionales. Dès l'Ancien Empire (vers 2600 av. JC), les expéditions égyptiennes pénétraient dans les oasis du désert occidental (Siwa, Bahariya, Kharga, Dakhla, Farafra), cherchant du cuivre, des pierres semi-précieuses, des esclaves et des animaux exotiques. Des routes caravanières étaient entretenues, des forteresses établies. Les oasis, alimentées par des nappes phréatiques fossiles, devinrent des refuges permanents et des carrefours culturels où se mêlaient influences égyptiennes, libyques et subsahariennes. Des sites comme Balat, dans l'oasis de Dakhla, révèlent des villages néolithiques très anciens, puis des établissements de l'Ancien et du Moyen Empire, avec poteries égyptiennes, scellements administratifs, et même des textes en hiératique. Au sud, les régions sahariennes du Tchad, du Niger oriental et du nord du Cameroun participaient à un vaste réseau d'échanges préhistoriques. Le site de Gobero, au Niger, révèle deux phases d'occupation séparées par un hiatus sec : une première, vers 7700-6300 av. JC, par des chasseurs-pêcheurs de tradition Kiffienne, puis une seconde, vers 5200-2500 av. JC, par des pasteurs de culture Ténéréenne, enterrant leurs morts en position fléchie, accompagnés de poteries, de colliers de coquillages (provenant parfois du Nil ou de la Méditerranée), et d'offrandes animales. Ces trouvailles montrent que, même dans les phases de dessèchement avancé, des corridors humides subsistaient et permettaient des contacts sur de très longues distances. Par ailleurs, des échanges précoces, direct ou indirect, semblent avoir existé entre le Sahara et le Proche-Orient, l'Afrique de l'Est et même la péninsule Arabique. Des perles en coquille de Nerita (provenant de la mer Rouge), des objets en obsidienne (possiblement d'Éthiopie), et des traces de sorgho domestiqué (originaire d'Afrique de l'Est) dans des sites sahariens suggèrent une circulation des biens, des techniques et peut-être des idées bien avant l'Antiquité classique. La domestication de certaines plantes locales, comme le fonio ou le panic, et leur diffusion vers le sud, témoigne aussi d'une innovation agricole endogène. Ainsi, depuis le Ier millénaire av. JC, le Sahara était devenu majoritairement aride, avec des noyaux de résistance humaine concentrés dans les montagnes, les oasis et les grands oueds fossiles. Pourtant, ce n'a jamais été un vide culturel : des sociétés mobiles, spécialisées dans l'élevage camelin ou caprin, le commerce de niche et la maîtrise des ressources en eau souterraine, ont continué à vivre, se transmettant des savoirs oraux, des styles artistiques et des systèmes de croyances, apparemment centrés sur des divinités liées à la pluie, à la fécondité, aux ancêtres. Les Touareg Les Touareg constituent la population emblématique du Sahara central. Le nom sous lesquels ils sont connus est celui que les Arabes nomades ont donné à ces les Berbères voilés du Sahara. Eux se désignent sous le terme d'Imoucharh (au singulier, Amacherh). Les Touareg (nous continuerons à leur donner ce nom) sont une branche de la nation berbère des Zanag ou Sanhadja, jadis répandue dans tout le Maghreb. Plusieurs tribus nomades de cette nation, chassées des fertiles provinces du Tell au temps de la domination carthaginoise ou à l'époque de la conquête romaine, émigrèrent, avec leurs troupeaux, dans le Sahara septentrional; mais, incommodés dans leurs courses tant par l'éblouissante lumière des hamadas que par le souffle embrasé des vents du sud, les émigrants imaginèrent de rabattre, sur leurs yeux, en forme de visière, un pli de leur turban, et de se couvrir d'un voile la partie inférieure du visage. Cet usage entra bien vite dans les moeurs et, comme l'a dit justement Hanoteau, il s'y rattache encore au. jourd'hui une idée de dignité qui le fera longtemps respecter. Lorsque Okba ben Nafi pénétra dans le Maghreb-el-Aksa (VIIe siècle), il se trouva en contact avec des voilés établis dans le Sous; ceux-ci embrassèrent l'islam; puis, poussés à leur tour par le prosélytisme, ils conquirent le Sahara et une partie du Soudan (836 ap. J.-C;, 222 de l'Hégire) et imposèrent la religion nouvelle, ou tout on moins ses formules de profession de foi, aux peuples de ces contrées. Ce fut d'une tribu de voilés sahariens, les Lemtouna, que sortirent, vers le milieu du XIe siècle, ces fameux Marabouthinn (Almoravides) que le plus ardent fanatisme transforma en héros, et qui englobèrent le Maghreb et l'Espagne dans leur immense empire. On sait qu'épuisés par les conquêtes et corrompus, du reste, par l'exercice du pouvoir, les Almoravides furent renversés, vers le milieu du XIIe siècle, par les Mouahhedoun (unitaires), autres sectaires berbères que les Espagnols nous ont fait connaltre sous le nom d'Almohades. Cependant, le plus grand nombre des Sanhadja voilés étaient restés au désert. Le lien qui les rattachait à l'empire musulman une fois rompu (ils avaient été déclarés hérétiques par les Almohades), ils se trouvèrent eux-mêmes divisés en différents groupes de tribus, sortes de confédérations dont les rivalités facilitèrent l'établissement des Arabes nomades dans les meilleurs sites du Sahara septentrional. Les Touareg devinrent les maîtres de la partie du Sahara comprise de l'Est à l'Ouest entre entre le Fezzan, le pays des Tebbous (Tibous) et l'océan Atlantique, et du Nord au Sud entre le Soudan et le région de pâturages occupée au Nord par les Arabes nomades, c'est-à-dire jusqu'à une ligne courbe partant de Ghadamès, passant par le Touât et allant aboutir vers le cap Youbi. Dans cet immense espace, ils ont formé quatre confédérations principales : les Oulad Delim ou Fils de la Nuit, dont le nom berbère nous est inconnu, à I'Ouest; les loulemedenn, au Sud-Ouest, entre le Hoggar et le Niger; les Ahhaggarenn, qui occupent les parties centrale et occidentale du Hoggar et rayonnent jusqu'au Touât et au Sahara algérien; les Azgher, qui habitent le Hoggar oriental et poussent leurs, courses jus qu'à Ghadamès, au Fezzan et au pays de l'Aïr. Les Kel Aïr, que certains classent au nombre de Touareg, sont des Noirs sahariens. Échanges Nord-Sud Avec la période
d'expansion de l'Islam L'occupation arabe
du Sahara offre sans doute des caractères divers. Cependant, ses traits
essentiels ne se trouvent pas altérés par la forme locale quelle a pu
revêtir. Au début, elle s'est effectuée par une infiltration lente.
Les Arabes, jusqu'au Ve siècle de l'hégire,
ont été surtout des missionnaires de l'Islam En outre, contemporaine
de l'invasion arabe, il s'est produit, du XIe
au XIIIe siècle, une immigration de Berbères
fixés d'abord sur la limite septentrionale du Sahara. Quelques fractions
maraboutiques ont gardé leur autonomie pendant que les autres se métissaient
ou subissaient à leur tour la suprématie des maîtres du pays. Tels sont
les éléments constitutifs de la population actuelle du Sahara. Mais,
indépendamment de quelques migrations temporaires ou plus récentes qui,
aux XVIIe et XVIIIe
siècles, ont légèrement accru l'importance numérique de l'élément
arabe, il y a lieu de faire la part d'un courant de relations très suivies,
établies pendant la même période entre l'empire du Maroc Pendant que le Sahara
devenait un champ clos entre les populations d'origine arabe et celles
d'origine berbère, et que les unes et les autres agissaient dans le Soudan
septentrional, tant comme guerriers que missionnaires de l'Islam La colonisation Les rivalités nationales
entre les grandes puissances européennes à partir des deux dernières
décennies du XIXe siècle ont trouvé
dans l'Afrique un champ de bataille privilégié. La politique d'expansion
menée ainsi par la France au Sahara à cette époque est d'ordre stratégique
: elle s'explique davantage par le souci de damer le pion aux autres puissances
en occupant le terrain que par l'idée, par exemple, qu'il y aurait eu
là des ressources à exploiter. Il s'agissait donc d'établir une continuité
de territoire entre l'Algérie Le Nord.
Les Touareg
étaient entrés en relations avec la France après la conquête de l'Algérie.
Henri
Duveyrier vécut parmi les Azdjer en 1861, et le 26 novembre 1862 fut
signé un traité de commerce à Ghadamès
entre le commandant Mircher et deux cheikhs des Azdjer; mais ce traité
demeura lettre morte, quoique les Azdjer aient été moins ouvertement
hostiles à la France que les Hoggar. L'assassinat des explorateurs Dournaux-Duperré
et Joubert en 1874, de la grande mission Flatters
en 1880, des Pères Richard et Kermabon en 1881, de Morès
en 1896, servira de prétexte à l'usage de la force contre eux.
Le Sud.
De son côté,
Foureau
convertit le gouvernement à ses idées de pénétration « en force-»,
et il se mit en route en 1898 avec une escorte de 310 hommes et deux canons
aux ordres du commandant Lamy. Les Touareg se montrèrent sur son passage,
mais ne le brusquèrent pas d'abord; il franchit le Ahaggâr, se reposa
dans l'Aïr où il repoussa de haute lutte une attaque en force des Touaregs,
et finit par arriver dans le Damerghou, à Zinder, où il se rencontra
avec la mission Joalland-Meynier, venue du Niger, et continua sa marche
vers le lac Tchad et le Chari; là il a revu le drapeau français, hissé
sur ce fleuve par des expéditions venues du Congo, là aussi, son compagnon,
le commandant Lamy, fut tué dans une lutte contre le sultan Rabah ( Pendant que la mission
Foureau-Lamy
traversait ainsi le Sahara, une convention nouvelle avec l'Angleterre complétait
celle du 5 août 1890. Elle est à la date du 20 mars 1899. Elle délimitait
la frontière saharienne des possessions françaises comme suit : à l'Est,
la limite orientale du désert occupé par les Français part de la frontière
tripolitaine
(Fezzan) au point de rencontre du 13° 40'
longitude Est avec le tropique du Cancer; elle se dirige au Sud-Est jusqu'au
11° 40' de longitude, puis suit ce méridien vers le Sud jusque vers le
15° parallèle Nord, d'où, longeant vers l'Ouest la frontière du Darfour,
elle va rejoindre la limite à déterminer (de 18° 40' à 20° 40' Est)
entre cette province «-Égyptienne » et le Ouadaï, reconnu français.
Par cet arrangement, la France entrait en possession du Tibesti, de l'Ouanyanga,
de l'Ennedi, du Bornou Ajoutons qu'au moment
où les puissances européennes ont commencé à s'emparer de l'empire
du Maroc Et après...
Enfin, après la fin de la dictature franquiste
en Espagne (1975), l'ancien Rio de Oro ou Sahara espagnol, devenu le territoire
du Sahara Occidental à l'appétit de ses voisins. La Mauritanie en revendique
d'abord une partie, puis y renonce en 1979; le Maroc, l'annexe de fait,
d'abord par une invasion pacifique (la marche verte) dès novembre
1975, puis par la construction d'un mur délimitant le territoire jugé
économiquement intéressant (gisements importants de phosphates, minerai
de fer). Les Sahraoui qui demandent leur indépendance, ont quant à eux
constitué un mouvement de libération, le Front Polisario, et proclamé
la formation, en 1977, d'un État, la République arabe sahraoui démocratique
(RASD), mais restent prisonniers des rivalités entre le Maroc Depuis cette époque, la question du Sahara occidental a continué d'être un point focal. Après le retrait espagnol, le conflit entre le Maroc et le Front Polisario s'est intensifié. La construction par le Maroc des bermes, un immense mur de sable et de défenses échelonné sur plus de 2700 kilomètres, a achevé de diviser le territoire dans les années 1980, séparant la zone sous contrôle marocain, abritant l'essentiel de la population et des ressources, des "territoires libérés" arides et faiblement peuplés par le Polisario. Le cessez-le-feu de 1991, supervisé par la MINURSO (Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental), a gelé le conflit sans le résoudre, laissant le statut final du territoire en suspens. La décision des États-Unis en 2020 de reconnaître la souveraineté marocaine a marqué un tournant diplomatique majeur, renforçant la position du Maroc et isolant le Polisario, dont le principal soutien reste l'Algérie. La reprise des hostilités en novembre 2020 à Guerguerat a mis fin à près de trente ans de trêve, installant une situation de tension latente ponctuée d'escarmouches. En 2025, la France a, à son tour, appuyé le plan d'autonomie proposé par le Maroc pour la région, ce qui a, cette fois, suscité une crise grave entre Paris et Alger. Au-delà de ce conflit, le Sahara dans son ensemble a connu une mutation radicale dans le premier quart du XXIe siècle. La chute du régime libyen de Mouammar Kadhafi en 2011 a eu un effet déstabilisateur majeur. La Libye, auparavant acteur central, s'est fragmentée, et a laissé le Sahara méridional sans garde-fou. Cette vacance de pouvoir a permis l'émergence et la prolifération de groupes armés, trafiquants et djihadistes. Les armes libyennes, en circulation massive, ont ainsi alimenté l'insurrection au Mali. C'est dans ce contexte qu'en 2012, le nord du Mali, dont la vaste région sahélienne et saharienne, est tombé sous le contrôle de groupes djihadistes affiliés à Al-Qaïda. L'intervention militaire française, lancée en 2013 sous le nom d'Opération Serval, puis transformée en Opération Barkhane, avait pour objectif affiché de repousser ces groupes. Cependant, la conflictualité s'est diffusée et enracinée dans toute la bande sahélo-saharienne. Le conflit a débordé du Mali vers le Burkina Faso et le Niger, tandis que les groupes djihadistes, comme le JNIM (= Jamāʿat nuṣrat al-islām wal-muslimīn, Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans, GSIM) ) et l'EIS 4etat islamique au Sahel), ont adapté leurs tactiques à l'immensité saharienne, utilisant les trafics (drogue, armes, migrants) pour se financer et se déplacer le long des anciennes routes caravanières. Parallèlement, la région a vu l'émergence de nouvelles rivalités stratégiques. L'instabilité au Sahel a ouvert la voie à une influence croissante de puissances extérieures. La Russie, via le groupe paramilitaire Wagner puis l'Africa Corps, a étendu son empreinte, notamment au Mali et au Burkina Faso, où ses instructeurs militaires et ses mercenaires opèrent aux côtés des juntes au pouvoir. La Turquie a également accru son influence, particulièrement en Libye et par le biais de ventes d'armes. Les enjeux économiques et énergétiques ont évolué. Si les phosphates du Sahara occidental restent un enjeu pour le Maroc, la découverte de réserves de pétrole et de gaz au Sahara algérien, ainsi que le potentiel en uranium du Niger, ont attisé les convoitises. Les projets d'énergies renouvelables, notamment solaires, commencent aussi à émerger pour exploiter l'ensoleillement exceptionnel de la région, mais peinent à se concrétiser face à l'insécurité. La situation humanitaire s'est gravement détériorée. Les camps de réfugiés sahraouis près de Tindouf, en Algérie, existent depuis près de cinquante ans, générant une dépendance à l'aide internationale pour des dizaines de milliers de personnes. Au Sahel, les conflits armés, la sécheresse et la pauvreté ont provoqué des déplacements massifs de populations, et créé une crise humanitaire d'une ampleur sans précédent.
|
| . |
|
|
|
||||||||
|