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Le
territoire qui correspond à l'actuel Nigéria
a abrité, entre le VIIe siècle avant
notre ère et le IVe siècle, une des plus
brillantes cultures d'Afrique, la culture Nok, qui a produit un art magnifique.
Des cités-Etats apparaissent en pays Yoruba à la même époque et prospéreront,
notamment grâce à la traite des esclaves, jusqu'au XIXe
siècle. La civilisation voisine du Bénin fleurit à partir du XVe
siècle, mais apparaît déjà en ruine à l'arrivée des Anglais dans
la région au XIXe siècle. L'irruption
des Européens remonte au XVe
siècle,
avec l'installation de comptoirs commerciaux par les Portugais le
long de la cĂ´te. Entre 1500 et 1510, ceux-ci nouent des relations diplomatiques
le royaume de Bénin (région de Lagos, dans le Nigéria actuel). Sous
couvert d'une christianisation qui demeurera superficielle, c'est le commerce
qui est la clé. Les termes des échanges seront simples : des esclaves
- que les Portugais troquent dans un premier temps contre de l'or, au Ghana,
et, plus tard, achemineront vers le Brésil - contre des étoffes,
de l'alcool et surtout des armes - que le roi du BĂ©nin utilisera dans
ses guerres de voisinage, notamment contre les Igala.
Les Portugais sont presque complètement évincés au XVIIe s. Français, Danois et Hollandais prennent le relais et établissent une série de forts le long de la côte. Puis viennent les Britanniques qui prennent progressivement le contrôle économique de la région. La Traite alimente désormais l'Amérique du Nord engagée dans une économie de plantations. Malgré l'interdiction de la traite est instaurée en 1815 par le Congrès de Vienne, ce commerce se poursuivra clandestinement jusqu'au milieu du XIXe siècle. Ses victimes auront été souvent les Yoruba et, et une population qui leur est apparentée par la langue, celle des Ibos (cour inférieur du Niger), ou des Idjo (delta du Niger), des Ibibio et Ehoi. A cette époque, existent, au Nord de la Côte des esclaves, deux grands États, le Bornou, et l'empire de Sokoto, dernier avatar des États Haoussa dont l'histoire remonte au XIIe siècle. Les Britanniques vont peu à peu prendre le contrôle de tout cet espace et créer en 1900 la colonie du Nigéria. Indépendant en 1960, érigé en république fédérale en 1963, le Nigéria moderne va connaître par la suite de fortes instabilités. La plus grave crise sera la meurtrière Guerre du Biafra, entre 1967 et 1970, tentative de sécession avortée de l'une des composantes du pays (les Ibo). Dates-clésVIIe s. av. J.-C - IXe s. ap. J.-C - Culture de Nok. |
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La
culture Nok
L'une des premières civilisations connues dans la région actuelle du Nigeria est la civilisation ou culture Nok. La culture Nok apparaît au VIIe siècle av. JC. Situé sur le plateau du Bauchi (Nigeria septentrional), ce centre d'art prospère jusqu'au IVe siècle de notre ère autour de l'actuel centre minier de Nok, où fut mis au jour un ensemble de figurines et de statues unique en Afrique. Nok, village situé au nord du confluent du Niger et de la Bénoué dans le Nigeria central, a donné son nom à une culture préhistorique de première importance dans le développement de la statuaire africaine. La culture de Nok fut identifiée en 1943 d'une vingtaine de sites répartis dans une vaste aire qui, d'est en ouest, s'étend sur plus de cinq cents kilomètres. C'est une statuaire en terre cuite qui a été mise au jour. La civilisation d'Igbo-UkwuDans le sud-est du Nigeria, la région d'Igbo-Ukwu montre des preuves d'une civilisation avancée datant du IXe siècle. Les fouilles archéologiques ont révélé des objets en bronze et en perles de verre, indiquant l'existence d'un commerce actif et de techniques métallurgiques sophistiquées. Cette civilisation témoigne de l'existence de sociétés organisées dans la région des Igbo bien avant 1500.Les Nok connaissaient les techniques de fabrication des outils de fer; ils étaient, selon d'autres indices, vraisemblablement agriculteurs. Tout comme les peuples parlant des langues bantoues qui, vers la même époque, quittèrent une région fort voisine de l'aire nok (le plateau du Bauchi) pour commencer leurs lentes migrations vers le sud et l'est. Les cités-Etats des Yoruba La civilisation Yoruba (Yorouba) est une civilisation urbaine composée de cités-Etats, partageant une langue et une religion (riche panthéon, sociétés secrètes, sacrifices humains) communes, et qui se signale par un commerce et un artisanat florissants. Selon leur tradition, les Yoruba ont pour ancêtre Oduduwa, d'ascendance divine, et qui aurait vécu au VIe siècle à Ifé. La très ancienne et prestigieuse cité d'Ifé reste ainsi la ville sainte où réside l'Oni (chef religieux). Même si la capitale politique des Yoruba sera Oyo. Elle est le siège de l'Alafin (chef politique), et de l'Ogboni (un sénat qui détient les vrais pouvoirs et est composé de notables et de représentants de différentes corporations organisées en guildes). Une politique de conquêtes qui débute vers 1575 permettra aux Yoruba d'affirmer leur domination sur les royaumes du Dahomey et, dans un contexte particulier, au XVIIIe siècle, du Bénin. Les Cités-Etats yoruba connaissent leur apogée au XVIIIe siècle. Plus de cinquante ville de plus plus de 20 000 habitants sont dénombrées par un voyageur. Chaque ville est gouvernée par un Oba et un sénat fonctionnant selon les mêmes principes que celui d'Oyo. Des dissensions internes vont cependant conduire à un affaiblissement au début du XIXe siècle. La cité-Etat d'llorin (Nord), est prise par les Peuls en 1821, qui s'empareront également du Vieux-Oyo en 1837. La côte, enfin, sera occupée par les Britanniques vers 1851. Ceux-ci imposent leur domination aux cités d'Abéokouta (1893) et d'Oyo (1895), avant d'occuper l'ensemble de la région en 1897. Le Bénin La culture du Bénin est d'une certaine façon la jumelle de celle des Yoruba, notamment par sa religion et son organisation politique. Son art lui-même semble dérivé de celui d'Ifé. L'art du bronze et celui de l'ivoire y ont fleuri d'une façon remarquable; certains bronzes du Bénin des XVe et XVIe siècles, que l'on peut voir aujourd'hui dans les musées des Pays-Bas, d'Allemagne et d'Angleterre et dans des collections privées, sont dignes de rivaliser avec les produits analogues de plusieurs civilisations renommées. Le Bénin a aussi été un État puissant et redouté. L'histoire de ce royaume remonte au XIIIe siècle, avec la fondation par les Edo ( = Bini ) de leurs premières cités-Etats dans le delta du Niger : Eko (l'actuelle Lagos), Calabar, etc. Mais l'importance du pays s'est surtout affirmée à partir de l'arrivée des Portugais, en 1472. Le contact avec les Européens placera le Bénin au centre de la traite esclavagiste, et son histoire sera durablement indissociable de ce commerce. Tout le littoral du Bénin, qui a fourni à l'Amérique des centaines de milliers et peut-être des millions d'esclaves (d'où le nom de côte des Esclaves, donné à sa partie occidentale) a été le dernier refuge des négriers; ils y engageaient leurs vaisseaux au milieu des lagunes et des rivières, échappant facilement à la surveillance et à la poursuite des navires de guerre anglais ou français, qui craignaient les brisants et le défaut de profondeur des eaux. Après l'abolition de la traite (1815, en principe), et jusqu'en 1885, les Portugais se livraient encore en ces parages à ce trafic lucratif. Après la suppression du commerce des esclaves, le littoral occidental du golfe de Bénin, riche en huile de palme, en café, arachides, etc., n'a pas perdu de son animation. Il restait quelques points où se fait un commerce notable : Odi, escale, Artigeri, clairière au milieu de la forêt qui borde la mer et où des milliers de personnes tenaient un grand marché tous les neuf jours, Mahin que les Allemands avaient un instant revendiqué, mais dont ils ont restituèrent rapidement le protectorat à l'Angleterre, Fish-Town, Obobi et Salt-Town à l'embouchure de la rivière Bénin. Le pays Haoussa Tout le Nord-Ouest du Nigeria est habité par les Haoussa (Haoussaoua) ou Afno, qui ont fondé vers le XIIe siècle , dans l'espace compris entre le pays Songhaï et le Bornou, sept petits Etats (Biram, Daoura, Kano, Gober, Katséna, Rano et Zaria, selon la tradition), auxquels d'autres se sont ajoutés ensuite. Au début du XIXe siècle, le pays est passé sous la domination des Toucouleurs et s'est confondu avec ce qu'on a appelé l'empire de Sokoto. L'empire de Sokoto s'étendait dans la région du Soudan limitée au Nord par le Sahara, à l'Est par le Bornou, au Sud par l'Adamaoua et le Noupé, à l'Est par le Gando. Les Cités-États
haoussas.
Il semble que ces divers États, qui prospéraient grâce à la razzia d'esclaves qu'ils vendaient aux marchands arabes de Katséna et de Kano, furent réunis au XVe siècle sous l'autorité des kanta ou rois du Kebbi, pays situé au Sud-Ouest de Sokoto et à l'Ouest de Gando, dont les habitants seraient issus d'un mélange de Songhaï et de Haoussa. Vers l'an 1500 régnait un kanta qui passait pour être maître de Katséna, de Kano, de Zaria, du Gober et du Zanfara et étendre son pouvoir jusque sur l'Aïr. Le sultan du Bornou, Ali, qui venait de s'installer à Gassaro, à l'Ouest du Tchad, voulut mettre fin à l'extension grandissante du Kebbi et vint attaquer le kanta dans sa résidence de Sourami; après un siège sans résultat, il dut se retirer. Le roi du Kebbi le poursuivit, l'atteignit à l'Est de Katséna et mit son armée en déroute; mais, comme il revenait sur ses pas, il fut attaqué par les gens de Katséna révoltés, reçut une flèche et mourut de sa blessure. Son successeur fit alliance en 1513 avec le souverain du Songhaï, l'askia Mohammed, qui l'aida à reprendre Katséna et, en 1515, poussa ,jusqu'à Agadès. Craignant de voir ses États passer sous la suzeraineté de Gao, le kanta rompit le traité d'alliance. En 1517, il infligea une défaite complète à l'armée que l'askia avait envoyée contre lui et rétablit l'autorité propre du Kebbi sur Katséna et l'ensemble des pays haoussa. Mais, vers l'an 1600, les rois du Gober et du Zanfara s'unirent à celui de l'Aïr contre le kanta qui vivait alors, le vainquirent, détruisirent ses trois villes principales (Goungou, Sourami et Liki) et libérèrent le Haoussa du joug du Kebbi. L'empire de Sokoto.
Ousmân (plus connu sous le nom haoussa d'Ousman-dan-Fodio, c'est-à -dire «-Ousmân fils de Fodio ») envahit même le Bornou, mais en fut chassé en 1810 par Mohammed el-Amine (dit le Kanémi). Le cheikh Ousmân mourut vers 1815, à la suite d'un accès de folie mystique. Son frère Abdoullahi prit le commandement des provinces occidentales de l'empire, avec Gando comme capitale; l'Adamaoua forma un Etat à peu près indépendant (L'histoire du Cameroun); quant à la majeure partie des provinces conquises par Ousmân, elle passa sous la domination de son fils Mohammed Bello (1815-1837). Les débuts du règne de ce prince furent consacrés à une lutte sans répit contre le Zanfara, le Gober, le royaume de Katséna et le Kebbi qui refusaient l'obéissance au fils comme au frère d'Ousmân et dont les habitants avaient abjuré l'islam presque aussitôt après l'avoir accepté par contrainte. En fait, tout le Haoussa s'était révolté contre la domination toucouleure et les Touareg de l'Aïr et du Damergou pactisaient avec les rebelles. Bientôt, le Kanémi leur apporta son aide et leur fournit des contingents envoyés par le Ouadaï et le Baguirmi (Les Pays tchadiens); puis il partit lui-même en guerre contre Mohammed Bello. Celui-ci dépêcha contre son ennemi deux armées commandées l'une par Yakouba, roi du Baoutchi, et l'autre par Ya-Moussa, roi de Zaria. Ce dernier, prit la fuite avec son contingent dès le premier contact avec le maître du Bornou, mais Yakouba, après deux durs combats, mit le Kanémi en déroute et sauva l'empire de Sokoto. Mohammed Bello, qui fut un guerrier assez médiocre et qui aimait peu se battre en personne, était un homme de lettres distingué. Il composa en arabe une foule de poèmes et d'ouvrages en prose, les uns religieux, les autres historiques, protégea les savants, reçut avec égards l'explorateur Clapperton (1828) et se signala par un contrôle rigoureux des actes des magistrats, qui redoutaient ses enquêtes et sa censure. Son frère et successeur Atikou (1837-1843) se montra surtout grand ennemi de la danse et de la musique et proscrivit tous les divertissements. Le Gober et le royaume de Katséna se révoltèrent de nouveau sous son règne contre les excès des princes toucouleurs installés comme résidents dans les provinces vassales. Ali, fils de Mohammed Bello, régna de 1843 à 1855, au milieu des continuelles révoltes de ses prétendus sujets qui, notamment dans le Gober et le Kebbi, refusaient avec persistance d'adhérer à l'islam. Ali laissa s'émietter l'autorité que lui avait léguée son oncle et qui, peu à peu, passa aux gouverneurs de province. Les cinq souverains toucouleurs qui vinrent après lui - Ahmadou (1855-1866), Alioun-Karani (1866-1867), Ahmadou II (1867 -1872), Boubakar (1872-1877) et Méyassou (1877-1904) - furent, incapables de gouverner un empire trop vaste et trop, mal organisé, qui, sans disparaître sur le papier, s'effondra en fait comme un château de cartes, en 1904, du seul fait de l'occupation de Sokoto par les troupes britanniques de Sir Frederick Lugard. Placé dans la zone d'influence de l'Angleterre, le Sokoto entra dans un état d'équilibre instable, sous l'autorité, plutôt religieuse que politique, de l'émir ou sultan de Sokoto, dont les autres émirs ou sultans, ses feudataires, suivaient, jusqu'à un certain point, ses volontés. |
Le
Nigéria
Le colonisation
anglaise.
Le pays comprit dès lors deux parties, le Nigeria méridional ou Bas-Nigéria, et le Nigéria septentrional ou Haut-Nigéria, séparées par le parallèle passant par Ida. Chacune d'elles avait sa tête un haut commissaire nommé par la Couronne. Le Nigéria septentrional était gardé par une armée de 3 000 fantassins et 800 hommes d'infanterie montée, plus une police de 1000 hommes; le Nigéria méridional par une force de 1250 soldats : dans les deux Nigérias, les soldats étaient indigènes et les officiers britanniques. La population était estimée, au début du XXe siècle, à environ 24 millions d'habitants. Le Nigéria méridional seul était complètement occupée. Le pays fournissait surtout l'huile de palme, le caoutchouc, l'ivoire, le cacao, l'ébène, les bois de teinture, etc. Villes principales : Bénin. Wari, Akassa. Le Nigéria du Nord n'était occupée qu'en partie. L'Angleterre exerçait son autorité sur neuf provinces. Yola a été prise en 1901. Le Sokoto restait en principe indépendant. La capitale du Nigéria du Nord a été transférée, en 1901, de Gebha à Wushishi, près de la rivière Kaduna, au Nord-Est de Bida. Villes principales : Lokodja, Badjibo, Boussa, Ilo sur le Niger, Yola, Sokoto, Kano, Kouka, etc. Le pays produisait l'arbre à beurre, l'huile de palme, les arachides, la gomme arabique, le caoutchouc, l'ivoire, les noix de kola. Le principal centre commercial restait Kano. Les Britanniques n'occuperont tout le territoire nigérian qu'en 1914. Ils unifient alors les protectorats du Nord et du Sud ainsi que la colonie de Lagos pour former le Nigeria moderne. L'unification est principalement motivée par des raisons économiques, permettant une administration plus efficace sous un gouvernement central dirigé par un gouverneur britannique. Les Britanniques utilisent une politique d'administration indirecte, gouvernant à travers les structures de pouvoir existantes (chefs locaux, émirs). Cette méthode est plus appliquée au nord, où les systèmes politiques étaient déjà centralisés, tandis que dans le sud, où les sociétés étaient plus décentralisées, cela a créé des tensions. A partir de 1922, la Société des Nations confiera aussi au Royaume-Uni l'administration de la partie occidentale du Cameroun jusque-là entre les mains de l'Allemagne; ce nouveau territoire sera agrégé au Nigéria. Après la Seconde Guerre mondiale, les mouvements nationalistes gagnent en force. Des leaders comme Nnamdi Azikiwe, Obafemi Awolowo et Ahmadu Bello émergent pour représenter respectivement les intérêts des Igbo, des Yoruba, et des Haoussa-Fulani. Des partis politiques sont créés, comme le National Council of Nigeria and the Cameroons (NCNC), l'Action Group (AG), et le Northern People's Congress (NPC). Les Britanniques introduisent progressivement des réformes constitutionnelles pour accorder une autonomie limitée. En 1954, le Nigeria devient une fédération avec trois régions semi-autonomes : le Nord, l'Est, et l'Ouest, chacune ayant son propre gouvernement. Le Nigéria indépendant.
Mais les tensions entre les différents groupes de populations n'en sont pas moins effacées et toute l'histoire du Nigeria sera dominée jusqu'à aujourd'hui par les rivalités entre les trois principales forces en présence, les Big Three : les Nordistes (populations Haoussa, Peul et Kanouri) qui représentent 25% de la population, les Yoruba, au Sud-Ouest (22% de la population) et les Ibo ou Igbo, au Sud-Est (18% de la population. Des oppositions attisées par la volonté de contrôle de la manne pétrolière et qui seront la clé d'un violence chronique qui dure depuis plus de quarante ans. Balewa est un Ibo, et ce sont les Ibo qui occupent les principaux postes au moment de l'indépendance. Et, en janvier 1966, quand Balewa est renversé et tué lors d'un premier coup d'État, c'est encore un Ibo, le général Johnson Aguiyi-Ironsi qui prend le pouvoir. Mais en juillet, celui-ci est à son tour renversé et tué. Un Nordiste, le colonel Yakubu Gowon prend sa place et renonce à l'ancienne organisation en trois États fédérés, pour en créer douze; des massacres d'Ibos commencent à avoir lieu. En réaction, trois
des nouveaux États de la fédération, majoritairement peuplés d'Ibo,
font sécession et proclament en 1967 la République du Biafra. Une guerre
meurtrière s'engage sur fond de contrôle des ressources pétrolières
du Nigéria, qui sont toutes au Sud du pays. La Guerre du Biafra, qui dure
jusqu'en 1970, fait des millions de morts, principalement en raison de
la famine. Le Biafra capitule finalement en janvier 1970, et le Nigeria
reste un État unifié.
Après la guerre, Yakubu Gowon dirige un gouvernement militaire axé sur la reconstruction du pays et la promotion de l'unité nationale. Cependant, des problèmes de corruption et des retards dans la transition vers un régime civil entraînent son renversement en 1975 par Murtala Mohammed. Ce dernier est assassiné en 1976 et remplacé par le général Olusegun Obasanjo, qui, bien que Yoruba est soutenu par le Nord. Celui-ci achève la transition vers un régime civil en organisant des élections en 1979. Shehu Shagari devient le premier président civil élu de la Seconde République. Son gouvernement est confronté à des problèmes économiques dus à la chute des prix du pétrole et à une corruption généralisée. En décembre 1983, il est renversé par un coup d'État militaire dirigé par le général Muhammadu Buhari. Buhari met en place un régime autoritaire axé sur la lutte contre la corruption, mais son approche répressive entraîne son renversement en 1985 par le général Ibrahim Babangida. Babangida tente de réformer l'économie, mais son programme d'ajustement structurel (imposé par le FMI) provoque des difficultés sociales. En 1993, sous la pression populaire, Babangida organise des élections qui sont largement considérées comme libres et justes. Moshood Abiola, un riche homme d'affaires yoruba, remporte l'élection sous la bannière du Social Democratic Party (SDP), mais l'armée mécontente du résultat fait annuler le scrutin. Abiola, emprisonné mourra dans sa cellule en juin 1998. Face aux protestations, Babangida démissionne et met en place un gouvernement civil intérimaire dirigé par Ernest Shonekan. En novembre 1993, le général Sani Abacha renverse le gouvernement de Shonekan par un coup d'État, mettant fin à la brève tentative de retour à la démocratie. Le régime d'Abacha est l'un des plus répressifs et corrompus de l'histoire du Nigeria. Il emprisonne Moshood Abiola, réprime violemment l'opposition, et utilise l'appareil sécuritaire pour maintenir son pouvoir. Abacha met en place une commission constitutionnelle et promet une transition vers la démocratie, mais il manipule le processus pour rester au pouvoir. Le régime est également marqué par des violations des droits humains, y compris l'exécution en 1995 de Ken Saro-Wiwa, un militant écologiste et écrivain ogoni, ainsi que de huit autres militants, ce qui provoque une condamnation internationale. En 1998, Abacha meurt subitement dans des circonstances obscures, ouvrant la voie à une nouvelle transition politique. Après la mort d'Abacha, le général Abdulsalami Abubakar prend le pouvoir et organise une transition rapide vers la démocratie. Une nouvelle constitution est adoptée, et des élections présidentielles ont lieu en 1999. Olusegun Obasanjo, ancien général et chef d'État militaire entre 1976 et 1979, est élu président sous la bannière du People's Democratic Party (PDP). Il entame un processus de réconciliation nationale, libère les prisonniers politiques et réintègre le Nigeria dans la communauté internationale. Son gouvernement se concentre sur la réforme de l'économie, la lutte contre la corruption, et la stabilisation du pays après des années de régimes militaires. En 2000, la loi islamique (chariah) est adoptée dans plusieurs États du Nord. L'année suivante, une rébellion éclate dans l'État de la Bénoué (personnes déplacées par milliers). En 2002, la cour suprême annule la condamnation à mort par la justice islamique du Nord d'une femme adultère, tandis que se déroulent à Lagos des violences entre Musulmans et Chrétiens qui font une centaine de morts, et que d'autres émeutes, cette fois à propos de la tenue d'une élection de Miss Univers, font quatre-cents victimes. Obasanjo est réélu en 2003, malgré les "sérieuses irrégularités" du scrutin constatées par les observateurs de l'Union européenne. L'instabilité persiste : combats entres milices chrétiennes et musulmanes, guerres des gangs, répression violente, sabotage d'un oléoduc, début 2006, etc. En 2007, Umaru Musa Yar’Adua, candidat du PDP, remporte les élections. Son élection est critiquée pour des fraudes massives, mais il est considéré comme un leader modéré. Yar’Adua met en place un programme pour renforcer l'État de droit et améliorer la gouvernance. Cependant, sa présidence est marquée par des problèmes de santé qui l'empêchent de gouverner efficacement. En 2010, Yar’Adua meurt, et son vice-président, Goodluck Jonathan, lui succède. Jonathan est officiellement élu en 2011 après une élection relativement transparente, mais son mandat est marqué par des défis sécuritaires majeurs, notamment la montée en puissance du groupe terroriste Boko Haram, qui mène des attaques meurtrières dans le nord-est du pays. En 2015, Muhammadu Buhari, ancien militaire et chef d'État dans les années 1980, remporte l'élection présidentielle sous la bannière de l'All Progressives Congress (APC). C'est la première alternance démocratique pacifique au Nigeria. Buhari arrive au pouvoir avec une promesse de lutter contre la corruption, d'améliorer la sécurité et de redresser l'économie. Son premier mandat est marqué par une lutte acharnée contre Boko Haram et par une récession économique due à la chute des prix du pétrole. Des élections présidentielles et législatives ont lieu au début de 2019 et ont été jugées globalement libres et équitables malgré les irrégularités de vote, l'intimidation et la violence. A cette occasion, Buhari est réélu, mais son second mandat est confronté à l'insécurité croissante avec la montée des groupes armés dans le nord-ouest, aux tensions ethniques et aux critiques sur sa gestion de l'économie. En 2023, Bola Tinubu, ancien gouverneur de Lagos et figure de l'APC, remporte l'élection présidentielle. L'élection est contestée par l'opposition, avec des allégations de fraude et d'irrégularités. |
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