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Thomas Hobbes
est un célèbre philosophe
anglais, le plus vigoureux et le plus original parmi les maîtres
modernes de la sociologie. Sa longue vie,
par les agitations qui la remplirent, les menaces qui la troublèrent,
est comme l'image en raccourci du siècle où elle se déroule
et où l'Angleterre connut toutes
les secousses des révolutions. Né à Malmesbury
(Wiltshire) le 5 avril 1588, au moment où l'approche de l'Invincible
Armada jetait dans tout le pays l'épouvante, il se distingua
dès son enfance par ses heureuses dispositions pour l'étude
: n'étant encore qu'écolier il traduisit en vers latins la
Médée
d'Euripide. Il entra à Oxford
en 1605; là il prit en haine le régime intellectuel des universités
ainsi que leur esprit de fanatisme religieux. A sa sortie d'Oxford, il
est choisi comme le « tuteur » du jeune comte Cavendish et
noue ainsi ses premiers liens avec cette noble famille dont il devint à
la longue comme un membre adoptif. Ce fut en qualité de tuteur qu'il
accomplit plusieurs voyages sur le continent; à Paris,
il contracta amitié avec le père Mersenne,
son admirateur fidèle. A l'instigation de ce religieux, il composera
plus tard ces objections aux Méditations de Descartes,
que l'on peut lire dans les oeuvres du grand métaphysicien français
et auxquelles ce dernier opposa des réponses si impatientes.
Les graves événements qui
se succédaient en Angleterre et mettaient dans un péril de
plus en plus pressant la personne de Charles
Ier, et
l'institution même de la royauté ne permirent pas à
la pensée philosophique de Hobbes, déjà tout arrêtée
pourtant, de se déployer dans ses ouvrages, selon l'ordre logique
auquel elle avait obéi. Il eût été naturel,
en effet, et son système, à vrai dire, exigeait qu'il produisit
d'abord les principes de sa philosophie première, qu'il les fit
suivre de sa théorie physiologique et psychologique de l'humain
pour aboutir enfin à la morale naturelle,
qui céderait à son tour le pas à sa conception de
l'Etat absolu. Si continu était l'enchaînement
des parties de sa doctrine, si entière la solidarité qui
unissait sa politique à sa physique, par l'intermédiaire
de ses théorèmes sur l'homme affectif
et l'individu volontaire, qu'en bonne méthode
il ne devait pas hésiter et que la philosophie sociale apparaissait
nécessairement comme le terme rationnel de ses spéculations.
Les faits ici l'emportèrent sur
la logique, et le sens de l'action fit violence à l'esprit
de système. Les premiers livres que Hobbes composa eurent les droits
de la souveraineté et l'organisation de l'Etat pour objet. Dès
1640, il écrivait un petit traité : Eléments de
la loi naturelle et politique (identique, en substance, aux deux écrits
: la Nature humaine et le De Corpore politico, publiés
dix ans plus tard), où était esquissée en traits audacieux
sa conception de la souveraineté sans limites et de l'obéissance
sans restrictions. Distribué sous le manteau, cet opuscule signala
son auteur aux rancunes des révolutionnaires et, quand la crise
politique devint plus aiguë, il eut la prudence de s'expatrier. Deux
ans plus tard, il faisait paraître le De Cive, exposé
magistral de l'absolutisme qui de plus en
plus lui apparaissait comme le seul remède aux maux dont souffrait
son pays.
-
Thomas
Hobbes (1588-1679)
En 1651, il donna à l'impression
le Léviathan, son chef-d'oeuvre, dont le titre pittoresque
symbolise l'Etat tel qu'il l'imagine, semblable à un colosse immense,
formé de toutes les volontés particulières qui lui
cèdent toujours et en tout comme la main obéit au cerveau.
L'ouvrage fit scandale et l'on ne s'en étonnera pas si l'on considère
avec quelle superbe hauteur il immolait les prétentions des autorités
ecclésiastiques à la puissance civile, soumettant sans réserves
la pensée philosophique et la foi religieuse à la suprématie
du chef absolu. Si l'on en croit un contemporain, Clarendon,
des dénonciations s'élevèrent contre lui; son arrestation
fut décidée et il dut s'enfuir de Paris pour se réfugier
en Angleterre et échapper cette fois aux persécutions de
royalistes qui repoussaient avec colère un allié de sa façon.
Leur inimitié ne désarma jamais et, quand viendra la Restauration,
Hobbes aura beau saluer l'événement qu'il avait appelé
de ses voeux, le nouveau roi Charles
II, qui lui témoigne d'abord estime et faveur, ne le défendra
que mollement contre les délations des orthodoxes. En 1667, il est
un des écrivains nommément visés par un bill
des Communes, voté sous l'émotion causée en Angleterre
par le double fléau de la grande peste et de l'incendie de Londres.
Il ne dut qu'aux lenteurs du formalisme parlementaire d'échapper
à ce danger-: le bill ne fut
pas porté à temps devant les lords. Mais l'avertissement
n'était que trop clair.
Hobbes, rendu prudent, s'engagera bientôt
devant le roi à ne publier, sa vie durant, aucun traité qui
porte soit sur la politique, soit sur la religion
: à cette condition seulement il sera en sécurité.
La clause était dure pour ce polémiste infatigable dont la
vie entière n'aura été qu'une multiple controverse.
Du moins, il lui restait une vaste province où son génie
disputeur pouvait se mouvoir librement : celui des sciences
mathématiques. Par une illusion dont rien ne le put guérir,
il se considérait comme un novateur non moins original en géométrie
qu'en morale. Il se tenait en possession de démontrer en toute rigueur
ces utopies mathématiques : la quadrature du cercle, la duplication
du cube, etc.; dans l'ardeur de ses découvertes, il alla de l'avant
et s'engagea, contre des hommes tels que Wallis,
dans des débats sans fin qui ne laissèrent pas de jeter sur
lui quelque ridicule. Tenace dans ses chimères, il maintenait, un
an encore avant sa mort, dans un dernier écrit, le Décaméron
physiologique, la solide valeur de ses chimères géométriques.
Le 4 décembre 1679, se terminait cette longue et militante existence.
-
Extraits du
Human
nature (et du De Corpore) de Hobbes
Le matérialisme
de Hobbes. La sensation.
« La sensation
est le principe de la connaissance, et tout savoir en dérive.
La sensation elle-même
n'est pas autre chose qu'un mouvement de certaines parties qui existent
à l'intérieur de l'être sentant, et ces parties sont
celles des organes à l'aide desquels nous sentons. La mémoire
consiste à sentir que l'on a senti. Quant à l'imagination,
c'est la sensation continuée, mais affaiblie.
Comme une eau stagnante,
mise en mouvement par une pierre qu'on y aura jetée ou par un coup
de vent, ne cesse pas de se mouvoir aussitôt que la pierre est tombée
au fond ou dès que le vent cesse; de même l'effet qu'un objet
a produit sur le cerveau ne cesse pas aussitôt que cet objet cesse
d'agir sur les organes. C'est-à-dire que, quoique la sensation ne
subsiste plus, son image ou sa conception reste, mais plus confuse lorsqu'on
est éveillé [...]. C'est cette conception obscure et confuse
que nous nommons fantaisie ou imagination. Ainsi l'on peut définir
l'imagination comme une conception qui reste et qui s'affaiblit peu à
peu à la suite d'un acte des sens. (Hobbes, De
la Nature humaine, ch. XI, § 3).
Le désir
« Les conceptions
et les imaginations ne sont réellement rien que du mouvement excité
dans une substance intérieure de la tête; ce mouvement ne
s'arrêtant point là, mais se communiquant au coeur, doit nécessairement
aider ou arrêter le mouvement que l'on nomme vital. Lorsqu'il l'aide
ou le favorise, on l'appelle plaisir, contentement, bien-être, et
ce n'est en réalité qu'un mouvement dans le coeur, de même
que la conception n'est qu'un mouvement dans la tête; alors les objets
qui produisent ce mouvement sont appelés agréables, délicieux,
etc. Ce mouvement agréable est nommé amour relativement à
l'objet qui l'excite. Mais lorsque ce mouvement affaiblit ou arrête
le mouvement vital, on le nomme douleur. Et, relativement à l'objet
qui la produit, on le désigne sous le nom de haine.
Ce mouvement dans
lequel consiste le plaisir ou la douleur est encore une sollicitation ou
une attraction qui entraîne vers l'objet qui plaît, ou qui
porte à s'éloigner de celui qui déplaît. Ce
mouvement se nomme appétit ou désir quand l'objet est agréable,
aversion lorsque l'objet déplaît naturellement, crainte ,elativement
au déplaisir que l'on attend ». (Ibid.).
La volonté
« Ou les actions
suivent immédiatement la première appétence ou désir,
comme lorsque nous agissons subitement; ou bien à notre premier
désir il succède quelque conception du mal qui peut résulter
pour nous d'une telle action, ce qui est une crainte qui nous retient ou
nous empêche d'agir. A cette crainte peut succéder une nouvelle
appétence ou désir, et à cette appétence une
nouvelle crainte qui nous ballotte alternativement : ce qui continue jusqu'à
ce que l'action se fasse ou devienne impossible à faire par quelque
accident qui survient [...]. L'on nomme délibération ces
désirs et ces craintes qui se succèdent les uns aux autres
[...]. Dans la délibération, le dernier désir, ainsi
que la dernière crainte, se nomme volonté.
Comme vouloir faire
est désir, et vouloir ne pas faire est crainte, la cause du désir
ou de la crainte; est aussi la cause de notre volonté. La volonté
et le désir sont une seule et même chose, considérée
sous des aspects différents.
Ce qui se passe dans
l'homme, quand il veut, ne diffère point de ce qui se passe dans
les autres animaux lorsqu'ils désirent, sauf la délibération
[...].
La liberté
de vouloir ou de ne vouloir pas n'est pas plus grande dans l'homme que
dans les autres animaux. En effet, dans celui qui désire, la cause
du désir précède le désir, en telle sorte que
le désir ne peut pas ne pas suivre, c'est-à-dire qu'il suit
nécessairement. Une liberté telle qu'elle soit libre de nécessité
ne convient donc pas plus à la volonté des hommes qu'à
celle des brute ». (Hobbes. De la Nature humaine,
XII . - De Corpore, xxv, § 12).
Les vertus et
les intérêts
« L'amour de
la gloire, ce sentiment intérieur de complaisance, ce triomphe de
l'esprit, est une passion produite par l'imagination ou par la conception
de notre propre pouvoir, que nous jugeons supérieur au pouvoir de
celui avec lequel nous disputons ou nous nous comparons.
Le repentir est une
passion produite par l'opinion ou la connaissance qu'une action qu'on a
faite n'est point propre à conduire au but qu'on se propose; son
effet est de faire quitter la route que l'on suivait, afin d'en prendre
une autre qui conduise à la fin que l'on envisage.
La pitié est
l'imagination ou la fiction d'un malheur futur pour nous-mêmes, produite
par le sentiment du malheur d'un autre.
Il y a une autre
passion que l'on désigne sous le nom d'amour, mais que l'on doit
plus proprement appeler bienveillance ou charité. Un homme ne peut
pas avoir de plus grande preuve de son pouvoir que lorsqu'il se voit en
état non seulement d'accomplir ses propres désirs, mais encore
d'assister les autres dans l'accomplissement des leurs ».
(Hobbes. De la Nature humaine, ch. IX).
Politique de Hobbes.
L'état de nature et le droit naturel
« Dans l'état
de nature, il est permis, à chacun de faire tout ce qui lui plaît.
Rien de ce que l'homme peut faire n'est injuste en soi.
Si une personne vient
à nuire à une autre, du moment qu'il n'existe entre elles
aucun pacte, on peut bien dire que celle-là fait tort à celle-ci,
mais non qu'elle lui fasse une injustice. Et en effet, que la personne
lésée s'avise de demander réparation, l'autre lui
dira : " Que me demandez-vous? pourquoi aurais-je agi à votre gré
de préférence au mien? " - Pour moi, je ne vois rien à
répondre.
La volonté
de nuire est innée chez tous les hommes dans l'état de nature.
Rien n'est plus agréable,
dans la possession de nos biens propres, que de penser qu'ils sont supérieurs
à ceux d'autrui. Les brutes, quand elles
ont atteint leur bien-être, ne portent point envie aux êtres
de leur espèce; l'homme au contraire n'est jamais plus nuisible
à autrui que lorsqu'ill possède abondamment le loisir et
les richesses ». (Ibid.). |
La philosophie de Hobbes
Par la faute des circonstances, Hobbes, avons-nous
dit, s'était vu contraint de renverser, dans ses écrits,
l'ordre que sa pensée avait parcouru : les doctrines de philosophie
générale qui eussent dû préparer son corps de
théories politiques ne se produisirent qu'ultérieurement
à celles-ci. Son De Corpore est de 1655; son De
Homine de 1658. On peut dire que, auprès de la postérité,
l'intelligence de son système a souffert de cette transposition.
Adversaires et admirateurs ne retiendront guère que ses grands paradoxes
de sociologie et négligeront de bonne foi les prémisses plus
hautes dont ces paradoxes constituaient à
ses yeux la conclusion nécessaire. Car l'auteur du Leviathan
ne témoigne pas seulement son admiration pour la géométrie
par les singuliers théorèmes dont il se faisait gloire de
l'enrichir; il conçoit la philosophie elle-même à l'image
de cette science et, non moins que Spinoza, il
serait en droit de prétendre avoir développé ses vues
sur l'univers, l'humain et la cité, more geometrico. Bien
qu'il ait eu commerce avec le grand apologiste de la méthode expérimentale,
Bacon
de Verulam, il ne témoigne nul goût pour l'expérimentation,
et chacun de ses livres dogmatiques compose comme une chaîne de déductions
a priori.
Est-ce à dire pour cela qu'il faille
le tenir pour un métaphysicien? Oui,
si l'on ne tient compte que de la forme de ses conceptions; non, si l'on
en examine la matière. Cette forme est, en effet, pure et constructrice.
Que l'on suive, dans le De Corpore, sa déduction des concepts
fondamentaux : on assiste au travail de l'esprit a
priori, concevant l'hypothèse de
l'univers actuel détruit en son entier (sauf, il va sans dire, la
personne même du philosophe qui développe cette fiction) et
édifiant un nouveau monde formé des images survivantes de
l'ancien, images, fantômes, idées, qui n'ont d'être
que dans la pensée reconstructrice. Par degrés, ce nouveau
monde s'achève identique à ce qu'était, en vérité,
l'ancien : l'espace, le temps,
le corps, le mouvement surgissent donc idéalement,
et de ces matériaux subjectifs la réalité des corps,
ainsi, sans doute, que celle des esprits, est
recomposée. Mais qui ne voit qu'une telle marche ne diffère
en rien de celle que les grands idéalistes
ont, à toute époque, suivie?
Si, par contre, nous jetons les yeux sur
la matière de ces spéculations, nous nous trouvons, bien
loin de la métaphysique, en plein empirisme.
Ou, si l'on veut, c'est bien un idéaliste que nous apercevons, mais
un idéaliste phénoméniste.
Le réseau déductif d'un Descartes
se trouve envelopper les data empiriques d'un David
Hume. Et d'abord, le philosophe du De Corpore rejette tous concepts
qui prétendraient au caractère de premiers ou d'innés;
son nominalisme revêt une expression aiguë que seul, peut-être,
au Moyen âge, un Roscelin
a pu égaler. De plus, il est un sensualiste radical et il s'accorderait
à merveille avec son ami de France,
Gassendi,
à déclarer qu'entre la représentation imaginative
et l'intelligence raisonnable il n'existe qu'une différence de degré.
Enfin ce sensualiste est un mécaniste
intraitable qui suspend connaissance, raisonnement,
sensibilité,
passion,
volonté,
moralité même, à ce phénomène premier,
dans lequel il a conté comment, durant ses voyages, sa pensée
avait été éblouie de découvrir le fait par
excellence et comme l'événement générateur
universel; au mouvement. C'est dire également qu'il est matérialiste,
toute idée, si nécessaire qu'elle semble, n'étant,
affirme-t-il, que le contrecoup d'un choc corporel transmis à notre
organisme.
Ajoutons qu'il professe le déterminisme
le plus absolu, qu'il s'agisse du monde des choses ou de celui des pensées
et des volitions. Ce dernier point de doctrine
prend, dans son système, une importance sans égale. Dès
ses premiers écrits, il s'y était attaché avec une
force extrême, et jamais, dans la suite, ses déclarations
n'ont rien relâché de leur énergie. De là le
caractère âpre et pessimiste de sa psychologie profonde, si
fort admirée par Diderot : toutes les
passions humaines se réduisent à ses yeux, même les
plus généreuses d'apparence, à des prolongements ou
des exaltations d'un penchant irrésistible qui entraîne tout
vivant à s'aimer et le fait se complaire dans son égoïsme
et dans son orgueil.
Assurément, le déterminisme
de Hobbes découlait nécessairement de ses principes les plus
généraux sur l'être, la nature
et l'humain et, jamais après de telles prémisses,
un logicien de sa taille n'aurait, pour
aucune considération au monde, donné accès dans sa
doctrine à la notion du libre arbitre.
Mais il subissait allègrement cette exigence de sa philosophie;
elle facilitait trop la tâche qui lui tenait le plus à coeur,
celle d'écrivain politique.
La liberté,
en effet, cette source d'indétermination et de contingence, réfractaire
à l'enchaînement causal qui partout enserre les phénomènes
et autorise les prévisions de la science, lui fût apparue
comme une entité perturbatrice, bonne à encourager l'ignorance
et à installer un désordre permanent dans l'humain, ainsi
que ferait le hasard, s'il régnait dans
la nature. Qu'une telle faculté existât,
les ambitions scientifiques du sociologue ne seraient-elles pas ridicules;
illusoires, ses plans réformateurs? Comment déterminer les
manifestations d'une énergie indéterminable par essence;
comment assigner, sous des conditions données, leur retour, ou provoquer
leur apparition, ou modifier leur courant? Le mécanisme de la physique
et de la psychologie était, aux yeux de Hobbes, la caution de la
morale et de la politique.
Cette dernière partie du système
est certainement la plus célèbre, sinon toujours la mieux
comprise. La plupart des commentateurs et des critiques de Hobbes se sont
plu à relever ces aphorismes concis
et pittoresques dans lesquels le théoricien du despotisme
a résumé quelques-uns de ses paradoxes. Ils ont le plus souvent
méconnu la chaîne logique qui les reliait les uns aux autres
et tous ensemble à sa philosophie naturelle. Or le lien qui unit
à cette dernière la doctrine des moeurs et de la cité
consiste en un fait passionnel unique à double polarisation, par
conséquent en un phénomène qui rentre dans le déterminisme
psychique et relève, par cela même, du mécanisme physique
: c'est le désir et la crainte, l'appétit
du bien, la fuite du mal. Ce bien, ce mal, ne demandons pas aux métaphysiciens
de nous les expliquer; ils n'auraient à offrir que leurs essences
et leurs archétypes. Nos instincts primordiaux nous en feront suffisamment
concevoir la nature ainsi que la hiérarchie selon laquelle leurs
espèces se distribuent. Le bien entre les biens sera la conservation
de la vie; viendront ensuite l'intégrité des membres et l'exemption
de douleur.
-
Le
Léviathan
de Hobbes.
Les moyens que dicte la raison pour assurer
ces fins : voilà ce que l'on appelle juste et ce que signifie le
mot droit. Or le droit primordial se réduit à la faculté
d'user de ses énergies naturelles, « conformément à
la droite raison, pour défendre de son mieux sa vie et ses membres
». C'est là le fondement de la morale
naturelle. Mais une telle morale demeurerait tout individuelle, si elle
ne s'effaçait devant une éthique supérieure, celle
qui résulte du fait de l'institution des cités. La morale
naturelle serait non seulement impuissante à garantir aux humains
la sécurité; mais elle consacrerait tous leurs maux, puisqu'elle
aboutirait à rendre parmi eux définitive la condition d'anarchie.
Un seul parti s'offre à eux, pour éviter ce danger de ruine
: s'organiser en associations stables, dans lesquelles les pouvoirs de
chaque humain, ces pouvoirs dont la nature même l'avait investi,
seront délégués à un suprême chef, qui
les exercera de manière à sauvegarder la vie et la fortune
de quiconque les lui aura commis. C'est là le pacte initial, support
de toutes les obligations des sujets envers le souverain. Un mot le résume
c'est le pacte d'obéissance.
De la sorte, une morale supérieure
se sera substituée à l'éthique naturelle et le sort
de la collectivité humaine sera du coup transformé. Les droits
que conférait la nature n'impliquaient aucune restriction; aussi,
loin de constituer pour l'individu une garantie,
se convertissaient-ils en une menace perpétuelle : chacun se trouvant
sous le coup des agressions du premier venu, la vie se passait dans l'incessante
anxiété d'une surprise. L'établissement d'une morale
civile, que les lois déterminent et que sanctionne la toute-puissante
volonté du chef de l'Etat, a mis un terme à ces angoisses
et rendu chacun des membres de l'association sacré pour tous les
autres. De la sorte acquiert toute sa signification un aphorisme que tout
le monde cite en le tronquant, dont on dénature la portée
et dont on fait Hobbes l'auteur responsable, alors que le mot se trouve
déjà dans le De Augmentis Scientiarum de Francis
Bacon, à qui l'auteur du De Cive se réfère,
sans le nommer.
«
On a dit avec juste raison, déclare Hobbes, l'un et l'autre mot
: l'humain est pour l'humain un dieu, et l'humain est un loup pour l'humain.
Homo
homini deus et homo homini lupus. »
La première maxime est celle d'une
société placée sous l'égide des lois
civiles; la seconde dépeint fidèlement la condition de la
multitude humaine qui n'aurait, pour la contenir, que le seul frein du
droit
naturel.
Comme sa physique générale
et comme sa psychologie, la morale et la politique, deux sciences qui au
fond n'en forment pour Hobbes qu'une seule, ou plutôt qui marquent
deux moments d'une doctrine unique, vont se développer suivant l'inexorable
logique d'une déduction continue. Il est remarquable même
à quel point la méthode suivie par le philosophe du De
Cive et du Leviathan est parente de celle qu'emploient ces théologiens
scolastiques
qu'il a tant de fois malmenés. Son souverain absolu, il le construit,
à peu de chose près, selon le procédé dont
usa un saint Anselme pour établir l'existence
de l'Etre parfait.
-
Extraits du
De
Cive de Hobbes
Les lois naturelles
« La loi de
nature est ce que nous dicte la droite raison touchant les choses que nous
avons à faite ou à omettre pour la conservation de notre
vie et des parties de notre corps.
Par la droite raison
ou l'état naturel des hommes, je n'entends pas, comme font plusieurs
autres, une faculté infaillible, mais l'acte propre et véritable
du raisonnement que chacun exerce sur ses actions, d'où il peut
rejaillir quelque dommage ou quelque utilité pour les autres hommes
[...]. Je nomme véritable le raisonnement qui est fondé sur
de vrais principes et élevé en bon ordre. Car toute infraction
des lois naturelles vient du faux raisonnement ou de la sottise des hommes,
qui ne prennent pas garde que les devoirs et les services qu'ils rendent
aux autres retournent sur eux mêmes et sont nécessaires à
leur propre conservation.
La première
et fondamentale loi de nature est qu'il faut chercher la paix, si ou peut
l'obtenir, et chercher le secours de la guerre, si la paix est impossible
à acquérir. Je mets celle-ci la première, parce que
toutes les autres en dérivent et nous enseignent les moyens d'acquérir
la paix ou de nous préparer à la défense ».
(Hobbes, De Imperio, V).
Le despotisme,
condition de la société
« Puisqu'il
est nécessaire, pour l'entretien de la paix, de mettre en usage
les lois de nature, et que cette pratique demande préalablement
des assurances certaines, il faut voir d'où nous pourrons avoir
cette garantie. Il ne se peut rien imaginer pour cet effet que de donner
à chacun de telles précautions et de le laisser prémunir
d'un tel secours, que l'invasion du bien d'autrui soit rendue si dangereuse
à celui qui la voudrait entreprendre, que chacun aime mieux se tenir
dans l'ordre des lois que de les enfreindre [...]. Le consentement de deux
ou trois personnes ne peut causer des assurances bien fermes [...]. Contre
une si petite ligue, il se trouverait aisément une plus forte ennemie,
qui serait prête à entreprendre sur l'espérance d'une
victoire infaillible. C'est pourquoi il est nécessaire, afin de
prendre de meilleures assurances, que le nombre de ceux qui forment une
ligue défensive soit si grand, qu'un petit surcroît qui surviendra
aux ennemis ne soit pas considérable et ne leur rende pas la victoire
infaillible.
Mais, quelque grand
que soit le nombre de ceux qui s'unissent pour leur défense commune,
ils n'avanceront guère s'ils ne sont pas d'accord des moyens les
plus propres, et si chacun veut employer ses forces à sa fantaisie.
Puis donc que la
conspiration de plusieurs volontés tendant à une même
fin ne suffit pas pour l'entretien de la paix, et pour jouir d'une défense
assurée, il faut qu'il y ait une seule volonté de tous, qui
donne ordre aux choses nécessaires pour le maintien de cette paix
et de cette commune défense. Or cela ne se peut faire, si chaque
particulier ne soumet sa volonté propre à celle d'un certain
autre, ou d'une certaine assemblée, dont l'avis sur les choses qui
concernent la paix générale soit absolument suivi, et tenu
pour celui de tous ceux qui composent le corps de la république.
Celui qui soumet
sa volonté à celle d'un autre lui fait transport du droit
qu'il a sur ses forces et sur ses facultés propres; de sorte que,
tous les autres faisant la même concession, celui auquel on se soumet
en acquiert de si grandes forces, qu'elles peuvent faire trembler tous
ceux qui se voudraient désunir et rompre les liens de la concorde.
L'union qui se fait
de cette sorte forme le corps d'un État, d'une société,
et, pour le dire ainsi, d'une personne civile car, les volontés
de tous les membres de la république n'en formant qu'une seule,
l'État peut être considéré comme si ce n'était
qu'une seule tête. Aussi a-t-on coutume de lui donner un nom propre.
Cet homme ou cette
assemblée, à la volonté de laquelle tous les autres
ont soumis la leur, a la puissance souveraine, exerce l'empire, a la suprême
domination. Cette puissance de commander et ce droit d'empire consiste
en ce que chaque particulier a cédé toute sa force à,
cet homme ou à cette cour qui tient les rênes du gouvernement.
Ce qui ne peut être arrivé d'autre façon qu'en re nonçant
au droit de résister.
Il ne suffit pas,
pour avoir cette assurance, que chacun de ceux qui doivent s'unir comme
citoyens d'une même ville promette à son voisin, de parole
ou par écrit, qu'il gardera les lois contre le meurtre, le larcin,
et autres choses semblables : car qui est-ce qui ne connaît la malignité
des hommes, et qui n'a fait quelque fâcheuse expérience du
peu qu'il y a à se fier à leurs promesses, quand ou s'en
rapporte à leur conscience? Il faut
donc pourvoir à
la sûreté par la punition, et non par le seul lieu des pactes
et des contrats.
Il est nécessaire
pour la sûreté de chaque particulier, et aussi pour le bien
de la paix publique, que ce droit de se servir de l'épée,
en l'imposition des peines, soit donné à un seul homme ou
à une seule assemblée. Il faut nécessairement avouer
que celui qui exerce cette magistrature ou le conseil qui gouverne avec
cette autorité ont dans la ville une souveraine puissance très
légitime; car celui qui peut infliger des peines telles que bon
lui semble, a le droit incontestable des autres à faire tout ce
qu'il veut, ce que j'estime le plus absolu de tous les empires et la plus
haute de toutes les souverainetés ». (Ibid.,
VI).
Autorité
absolue que doit avoir le souverain
« Il est certain
que toutes les actions volontaires tirent leur origine et dépendent
nécessairement de la volonté : or la volonté de faire
ou de ne pas faire une chose dépend de l'opinion qu'on a qu'elle
soit bonne ou mauvaise, et de l'espérance ou de la crainte qu'on
a des peines ou des récompenses; de sorte que les actions d'une
personne sont gouvernées par ses opinions particulières.
D'où je recueille, par une conséquence évidente et
nécessaire, qu'il importe grandement à la paix générale
de ne laisser proposer et introduire aucune opinion ou doctrine qui persuade
aux sujets qu'ils ne peuvent pas en conscience obéir aux lois de
l'État, c'est-à-dire aux ordonnances du prince ou du conseil
à qui on a donné la puissance souveraine, ou qu'il leur est
permis de résister aux lois, ou bien qu'ils doivent appréhender
une plus grande peine s'ils obéissent que s'ils s'obstinent à
la désobéissance. En effet, si la loi commande quelque chose
sous peine de mort naturelle, et si un autre vient la défendra sous
peine de mort éternelle, avec une pareille autorité il arrivera
que les coupables deviendront innocents, que la rébellion et la
désobéissance seront confondues, et que la société
civile sera toute renversée. Car nul ne peut servir deux maîtres.
Puisque tout le monde accorde à l'État de juger quelles sont
les choses qui peuvent contribuer à son repos et à sa défense,
et qu'il est manifeste que certaines opinions servent beaucoup à
l'un et à l'autre, il s'ensuit que c'est au public à juger
de ce qui en est, c'est-à-dire à celui qui gouverne seul
la république, ou à qui exerce une puissance souveraine.
De ce que chaque
particulier a soumis sa volonté à la volonté de celui
qui possède la puissance souveraine dans l'État, en sorte
qu'il ne peut pas employer contre lui ses propres forces, il s'ensuit manifestement
que le souverain doit être injusticiable, quoi qu'il entreprenne.En
une cité parfaite, il faut qu'il y ait une certaine personne qui
possède une puissance suprême, la plus haute que les hommes
puissent raisonnablement conférer et même qu'ils puissent
recevoir : or cette sorte d'autorité est celle qu'on nomme absolue;
car celui qui a soumis sa volonté à la volonté de
l'État, en sorte qu'il peut faire toutes choses impunément
et sans commettre d'injustice, établir des lois, juger le procès,
punir les crimes, se servir, ainsi que bon lui semble, des forces et des
moyens d'autrui, de vrai il lui a donné le plus grand empire qu'il
soit possible de donner.
Le souverain n'est
pas tenu aux lois de l'État. En effet, les lois ne sont que la volonté
même du souverain, c'est-à-dire lui-même, et nul n'est
obligé envers soi-même.
Comme il a été
prouvé ci-dessus qu'avant l'établissement de la société
civile toutes choses appartiennent à tous, et que personne ne peut
dire qu'une chose est sienne si affirmativement qu'un autre ne se la puisse
attribuer avec même droit, car là où tout est commun
il n'y a rien de propre, il s'ensuit que la propriétés des
choses a commencé lorsque la société civile a été
établie, et que ce qu'on nomme propre est ce que chaque particulier
peut retenir à soi sans contrevenir aux lois, et avec la permission
de l'État, c'est-à-dire de celui à qui on a commis
la puissance souveraine. Cela étant, chaque particulier peut bien
avoir en propre quelque chose à laquelle aucun de ses concitoyens
n'osera toucher et n'aura point de droit, à cause qu'ils vivent
tous sous les mêmes lois; mais il n'en peut pas avoir la propriété
en telle sorte qu'elle exclue toutes les protestations du législateur,
et qu'elle empêche les droits de celui qui juge sans appel de tous
les différends, et dont la volonté a été faite
la règle de toutes les autres.
L'âme est ce
qui donne à l'homme la faculté de vouloir; de même
le souverain est celui duquel dépend la volonté de toute
la république. Je comparerais à la tête le premier
ministre duquel le souverain se sert pour le gouvernement de l'État
c'est à la tête de donner conseil et à l'âme
de commander. » (Hobbes, De Imperio, ch. V,
VI, VII). |
Exercer l'absolue puissance, c'est, par
définition, ne laisser en dehors de ses mains nulle parcelle d'autorité,
en quelque ordre que ce puisse être. C'est pourquoi le souverain
(et par ce mot il faut entendre indifféremment un monarque,
une oligarchie ou une assemblée démocratique,
la forme du gouvernement n'important pas) détiendra l'empire au
spirituel comme au temporel. Suprême pontife, il sera aussi le philosophe
sans appel; à lui de déterminer ce qui est bien et ce qui
est mal, le juste et l'illégitime, le vrai et le faux, ce qu'il
convient d'apprendre aux jeunes gens et ce qu'il est interdit d'enseigner.
Par son ordre, les sujets croient, pensent et agissent. De la machine sociale
il est le grand ressort et il ne se produit de mouvements que ceux qu'il
a imprimés.
Hobbes n'a reculé devant aucune
des conséquences que son principe impliquait. Ce moraliste de fer
a raisonné sur les volontés humaines comme ferait un savant
sur les déplacements, les chocs ou les combinaisons des éléments
naturels. Sa méthode de géomètre, étant posé
son déterminisme psychologique rigoureux, devait l'entraîner
à ces extrémités. A cet égard, son oeuvre est
un monument unique, que le Traité théologico-politique
de son imitateur Spinoza a seul pu approcher, mais non pas égaler.
Depuis Hobbes, la sociologie a suivi de
tout autres voies. Mais elle laissera une place hors de pair à cet
esprit vigoureux dont les exagérations mêmes ont servi ses
intérêts, car Hobbes, par l'outrance de sa déduction,
a exclu toute contingence, tout motif d'exception, tout appel au mystère,
de la science de l'humain politique. Il a fait rentrer les fonctions des
Etats et le jeu des institutions dans le système d'événements
et de choses qui constitue l'univers et, comme il concevait mathématiquement
la nature, il a fait de la formation, de la croissance et du déclin
des cités, un long théorème mathématique. C'était,
par avance, souscrire à la maxime de Spinoza
: que l'humain n'est pas, dans l'univers, un empire dans un empire.
(Georges Lyon).
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Julie
Saada, Hobbes
et le sujet du droit : Contractualisme et consentement, CNRS
, 2010. - La réflexion sur le droit peut-elle
saisir son objet comme s'il se déployait dans une sphère
autonome, ou bien doit-elle rapporter la logique juridique aux usages politiques
qui en sont faits ? Partant de cette question, Hobbes et le sujet de droit
met en lumière la rationalité juridique développée
par Hobbes - rarement étudiée comme telle. Le philosophe
rompt en effet avec les doctrines classiques de la loi pour penser l'autonomie
du droit et le type de normativité qu'il instaure. Faisant de la
volonté de l'individu la racine de l'ordre juridique institué.
Hobbes construit une théorie inédite de l'obligation et une
pensée du contractualisme centrée sur l'affirmation du sujet
de droit, cette autre figure de la subjectivité. Mais cette pensée
d'un sujet fondateur de l'ordre politique n'engendre-t-elle pas de nouvelles
formes d'assujettissement ? Inscrit dans un système représentatif,
jouissant d'une liberté négative plutôt que d'une absence
de dépendance, le sujet de droit n'en vient-il pas à consentir
à sa propre servitude ? Telles sont les interrogations qui traversent
cet ouvrage et orientent une lecture politique de ce moment décisif
de la rationalité juridique moderne. (couv.).
Quentin
Skinner, Hobbes
et la conception républicaine de la liberté,
Albin Michel, 2009. - Dans Hobbes et la conception
républicaine
de la liberté, Quentin Skinner offre une
comparaison éblouissante entre deux théories concurrentes
sur la nature de la liberté humaine. La première, qui remonte
à l'Antiquité classique,
se trouve au coeur de la tradition républicaine romaine de la vie
publique et s'est épanouie dans les cités-Républiques
de l'Italie de la Renaissance.
Hobbes fut le plus redoutable ennemi de ce modèle républicaniste.
Ses efforts pour le discréditer et proposer une alternative ont
fait date dans l'histoire de la pensée politique. Ils furent profondément
marqués par les revendications des auteurs radicaux et des membres
du Parlement lors des guerres civiles anglaises
(1642), ainsi que par sa propre conviction de l'urgence et de la nécessité
de s'y opposer, au nom de la paix. Quentin Skinner n'aborde pas la théorie
politique de Hobbes comme un simple système d'idées,
mais comme une intervention polémique dans les conflits de son temps,
sous la surface apparemment lisse de son argumentation. Et le Léviathan,
ouvrage le plus fondamental de philosophie politique jamais écrit
en langue anglaise, reflète un
changement majeur dans l'essence même de la pensée morale
de Hobbes, car il correspond de façon très spécifique
aux besoins politiques d'une époque. Puissant, engagé, accessible,
ce livre constitue une excellente introduction à l'oeuvre de l'un
des plus célèbres penseurs du XVIIe siècle.
(couv.).
Les principaux ouvrages de Hobbes sont : De cive, 1642 et 1647;
De
la nature humaine (en anglais), 1650; Leviathan, ou du pouvoir
ecclésiastique et civil (en anglais), 1651, puis en latin, 1668;
Éléments de philosophie, comprenant trois sections;
Du
corps de l'homme, du corps politique, 1658-59, publiés d'abord
en anglais, puis en latin; De libertate, contra Bramhallum, 1656.
Il donna lui-même une collection de ses oeuvres latines en 1668, 2
vol. in-4. Une édit. plus complète a paru à Londres
en 1844, et ann. suiv., en 16 vol. in-8. On a en français le Traité
du citoyen, traduit par Sorbière, Amst., 1649; le Corps politique,
par
le même, Leyde, 1653; la Nature humaine, trad. par
d'Holbach,
1772. Hobbes a aussi laissé quelques ouvrages historiques; il a
traduit Thucydide et même a mis Homère
en vers anglais, mais avec fort peu de succès. Il a écrit
sa propre vie en vers latins, 1679. |
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