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Nathalie
Sarraute
(Natalia Ilyinichna Tcherniak) est une écrivaine et essayiste française,
née le 18 juillet 1900 à Ivanovo-Voznessensk en Russie et décédée
le 19 octobre 1999 à Paris. L'une des figures emblématiques du Nouveau
Roman, elle est une pionnière de la littérature moderne. Ses oeuvres
ont révolutionné la narration en sondant les profondeurs de la psychologie
humaine - elle excelle à saisir les non-dits et les tensions sous-jacentes
dans les interactions humaines - et en défiant les conventions littéraires
traditionnelles.
Nathalie Sarraute
est née dans une famille juive russe. Ses parents divorcent alors qu'elle
est encore jeune, et elle est élevée principalement par sa mère. En
1909, elle déménage en France avec son père. Alterne les séjours entre
la France et la Russie, pour s'installer définitivement en France en 1921
et, être passée par le Lycée Fénelon à Paris, poursuit des études
de droit et de lettres à la Sorbonne, ainsi
qu'à Oxford et à Berlin.
Elle obtient son diplôme en droit en 1925 et commence à travailler comme
avocate au barreau de Paris. La même année, elle épouse Raymond
Sarraute, avocat et critique littéraire. Le couple aura trois enfants.
Influencée par des
écrivains comme Marcel Proust et Virginia
Woolf, elle commence à écrire dans les années 1930. Son premier
livre, Tropismes, est publié en 1939 et va poser les bases de son
style littéraire distinctif.
•
Tropismes
(1939). - Il s'agit d'un ouvrage, constitué de courtes proses ou
« tropismes », qui saisissent des moments fugaces de la vie quotidienne
et des interactions humaines. Ce livre est l'une des une oeuvres fondatrices
du Nouveau Roman. Le titre fait référence à une notion empruntée Ã
la biologie, décrivant les mouvements réflexes des organismes vivants
en réponse à des stimuli extérieurs (comme les plantes qui se tournent
vers la lumière). Sarraute applique ce concept aux comportements humains.
Elle étudie les mouvements intérieurs, souvent imperceptibles et inavoués,
qui sous-tendent les interactions sociales et les pensées. Chaque tropisme
est une vignette, un instantané de vie où les mouvements intérieurs
des personnages sont exposés avec une grande subtilité. Sarraute parcourt
les mécanismes de l'inconscient, les dynamiques invisibles des relations
humaines, la banalité du quotidien révélée comme riche en significations
cachées, la tension entre le visible et l'invisible, le non-dit et les
pensées secrètes. Son style est caractérisé par une écriture fragmentée
et une focalisation sur les sensations et les impressions fugaces. Elle
utilise des phrases courtes, elliptiques et des descriptions minutieuses
pour saisir les nuances des expériences intérieures et s'éloigne
de la narration traditionnelle et des intrigues conventionnelles. Ses textes
ne suivent pas une structure narrative linéaire et ne présentent pas
des personnages développés dans le sens classique. L'atmosphère des
textes est volontiers empreinte de tension et de malaise, reflétant
les conflits intérieurs des personnages et la complexité des relations
humaines. Par exemple, un des tropismes décrit une scène banale où des
voisins se saluent dans un couloir. Derrière les politesses de façade,
Sarraute dévoile les pensées secrètes, les jugements silencieux et les
ressentiments cachés, transformant une interaction quotidienne en un événement
riche en sous-entendus psychologiques.
Pendant la Seconde Guerre
mondiale, en raison de ses origines juives, Nathalie Sarraute doit vivre
dans la clandestinité. Après la guerre, elle se consacre entièrement
à l'écriture. Son premier roman, Portrait d'un inconnu, publié en 1948,
est salué par Jean-Paul Sartre, qui en écrit
la préface, et marque le début de sa reconnaissance littéraire.
• Portrait
d'un inconnu (1948). - Un premier roman, où Sarraute approfondit son
analyse de l'inconscient et des relations humaines à travers le personnage
principal qui essaie de comprendre la vie d'un inconnu.
Dans les années 1950,
elle devient, aux côtés d'Alain Robbe-Grillet
et de Michel Butor, une figure centrale du Nouveau Roman. Son roman
Martereau
(1953) et ses oeuvres suivantes, telles que Le Planétarium (1959)
et Les Fruits d'Or (1963), Entre la vie et la mort (1968),
reflètent son exploration de la psychologie humaine à travers une prose
innovante et fragmentée.
• Martereau
(1953). - L'histoire de ce roman se concentre sur un personnage nommé
Martereau, qui travaille dans le domaine de la construction et qui lutte
avec sa propre identité et ses relations avec les autres.
• Le
Planétarium (1959). - Ce roman est l'un des plus célèbres de Nathalie
Sarraute. Il s'attache à décrypter les non-dits et les sous-entendus,
les tensions sous-jacentes et les jeux de pouvoir au sein des relations
familiales à travers les interactions subtiles et souvent conflictuelles
entre les membres d'une famille bourgeoise. Le titre évoque la froideur
et la distance des relations humaines, semblables aux mouvements prévisibles
des planètes dans un planétarium.
• Les Fruits
d'or (1963). - Roman en abyme, sans personnage ni intrigue autour de
l'accueil d'une oeuvre (intitulée Les Fruits d'or...). L'ouvrage
a remporté le Prix international de littérature en 1964 et est considéré
comme une satire de la critique littéraire.
• Entre la vie
et la mort (1968). - Un roman qui sonde les doutes et les conflits
internes d'un écrivain. Sarraute interroge la vie, la mort, et les frontières
entre les deux, tout en interrogeant les limites de l'existence humaine.
Dans l'intervalle, en
1956, elle a publié L'Ère du soupçon, un essai où elle examine
les nouvelles formes narratives et critique le roman traditionnel. Cet
ouvrage est considéré comme un manifeste du Nouveau
Roman.
• L'Ère
du soupçon (1956). - Un essai, où Sarraute critique les formes littéraires
traditionnelles et défend une littérature qui révèle les réalités
psychologiques cachées derrière les apparences. Elle théorise ainsi
le Nouveau Roman et montre comment la littérature peut évoluer;
Elle continue d'écrire
et de publier jusqu'à un âge avancé, avec des oeuvres marquantes telles
que Pour un oui ou pour un non (1982), une pièce de théâtre,
Enfance
(1983), un récit autobiographique, ou d'autres oeuvres plus tardives (Tu
ne t’aimes pas,1989; Ouvrez, 1997) qui continuent à parcourir
les thèmes de la psychologie et des relations humaines.
• Pour
un oui ou pour un non (1982) est une pièce qui met en scène un dialogue
vif et subtil entre deux amis qui se retrouvent confrontés à une incompréhension
croissante.
• Enfance
(1983) est un récit autobiographique où Sarraute revisite ses souvenirs
d'enfance en Russie et en France, offrant un regard introspectif sur sa
propre vie.
• Tu
ne t’aimes pas (1989) traite de l'auto-exploration et de la quête
de soi-même, en abordant les aspects psychologiques et émotionnels de
l'individu.
• Ouvrez
(1997) est un recueil de nouvelles qui examine divers aspects de la vie
quotidienne et des relations humaines.
Nathalie Sarraute a
reçu plusieurs distinctions tout au long de sa carrière, bien que son
style expérimental ait souvent divisé la critique. Son travail est reconnu
pour sa contribution significative à la littérature moderne. Elle est
décédée à l'âge de 99, est enterrée au cimetière de Montmartre,
à Paris. |
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