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Pyramides d'Égypte. - Ces monuments ont, par leur forme étrange et leur masse imposante, fait l'étonnement et l'admiration des Anciens qui les ont classées parmi les sept merveilles du monde. Aux modernes elles ont suggéré les théories les plus baroques tendant à y voir tantôt des digues contre l'envahissement des sables du désert, tantôt des observatoires astronomiques, tantôt la base d'un système universel de poids et mesures. On sait aujourd'hui qu'elles étaient des tombes royales. Ce fut une constante chez tous les peuples archaïques de marquer par un amas de terre, un tertre, une petite colline artificielle, tumulus, la sépulture du chef, du guerrier regretté ou redouté au-delà de la mort, dont on voulait perpétuer, le souvenir; la pyramide n'est autre chose qu'un tertre solidifié, un tumulus en pierre. - La pyramide de Khéops, avec, au premier plan, une partie de la pyramide de Képhren. On en extrayait les matériaux de la chaîne arabique dont le calcaire est plus résistant que celui de la chaîne libyque; la taille de la pierre s'effectuait dans la carrière même, la carrière de Tourah. Les Égyptiens avaient construit de fortes chaussées pour y amener du lieu d'extraction au Nil les blocs que l'on posait sur des traîneaux et qu'on embarquait ensuite sur des chalands; de nouvelles chaussées, dont deux sont encore visibles, avaient été aménagées pour faciliter le transport, du fleuve au plateau, des pyramides. Le calcaire de Tourah ne suffisait pas pour la construction totale d'une pyramide; certaines parties nécessitaient l'emploi du granit qu'il fallait dans les mêmes conditions, amener du Sud de l'Égypte, d'Assouan, et même de plus loin encore pour le granit rose, de la vallée de Hammamat, au fond du désert de la chaîne arabique. Les pyramides de Gizeh. Coupe de la Pyramide de Khéops, d'après le colonel Haward Vyse. L'entrée de la grande Pyramide, située en A, est à plus de 14 m au-dessus du sol; après l'avoir dégagée des dalles qui l'obstruaient on entrait dans un couloir en pente de 1 m de haut, descendant vers une chambre B inachevée et aboutissant à un cul-de-sac. Il fallait donc rétrograder; revenu au point C, l'attention était attirée par un bloc de granit qui, dans le plafond, tranchait sur le calcaire environnant. L'impossibilité d'entamer ce bloc engageait à attaquer la partie tendre de la maçonnerie, laquelle livrait passage dans un couloir ascendant D qui bientôt se divisait en deux branches E et E' dont l'une aboutit horizontalement à la salle à toit pointu F, appelée on ne sait pourquoi chambre de la Reine, et dont l'autre E' est une galerie longue de 45 m et haute de 8 m, en pierres polies et très exactement appareillées, qui en montant, aboutissait à un nouvel obstacle, une plaque de granit, qu'il fallait déplacer pour mettre le pied dans un vestibule G hérissé de quatre herses qu'on était forcé de briser pour pénétrer enfin dans le caveau royal H, haut de près de 6 m, long de 10 et large de 6, mais où l'on n'a trouvé qu'un sarcophage en granit, vide, mutilé et sans couvercle. Ajoutons qu'à droite et à gauche du caveau royal s'étendent deux couloirs de ventilation J et que, au-dessus de ce caveau, ont été creusées cinq chambres de décharge dont la première est couverte d'un toit pointu, formé de deux blocs inclinés, ayant pour but de diviser la pression de la maçonnerie et de la rejeter à droite et à gauche de la ligne droite. La chambre funéraire étant dénuée d'inscriptions et le sarcophage étant muet, le lecteur se demandera sur quoi on se base pour attribuer la grande pyramide à Khéops; sur ce que quelques blocs des chambres d'évidement dont il vient d'être parlé portent à l'encre rouge le nom de ce roi, ainsi que des indications de repère à l'usage des ouvriers. Les Pyramides de Gizeh : Pyramide de Kheops (Grande Pyramide), Pyramide de Kephren (Seconde Pyramide) et Pyramide de Mykérinos (Pyramide Rouge). Ci-dessous vue satellitaire Google Earth. La seconde pyramide, dite pyramide de Khephren (Khafra), est au Sud-Ouest de la précédente; sa face orientale regarde le Nil; elle est plus petite, mais elle a conservé une grande partie de son revêtement. L'entrée en fut découverte en 1848 par Belzoni qui en explora l'intérieur sans grand succès. Un sarcophage vide, en granit rouge, s'y trouvait, et sur les murs de la chambre sépulcrale était une inscription arabe annonçant que le monument avait déjà été fouille par Ali Mohammed, successeur de Saladin, sans plus de résultat sans doute. La troisième des grandes pyramides de Gizeh, celle de Mykérinos (Menkara) est la plus petite, mais elle surpasse les autres par la richesse des matériaux et le fini du travail, et elle possède encore les débris de son revêtement en granit rose. L'entrée en fut découverte par Caviglia, et elle fut explorée de nouveau par le colonel Vyse qui constata qu'elle avait été pillée par d'anciens Égyptiens. A l'intérieur étaient trois chambres dans la plus haute desquelles. Vyse découvrit une boîte de momie, un cercueil en bois de cèdre, au nom de Menkara. De cette chambre un passage en pente permettait de descendre dans une seconde où était un sarcophage en granit rose pesant trois tonnes, dont l'extérieur reproduisait l'architecture d'une maison percée de plusieurs portes que surmontaient des fenêtres à claire-voie; dans le passage en pente, on recueillit le couvercle de la boîte de momie que l'on suppose aujourd'hui avoir été refaite à l'époque saïte. Ces trois objets, ainsi que quelques ossements, furent embarqués pour l'Angleterre, mais le vaisseau fit naufrage dans la Méditerranée, près de Gibraltar, à la hauteur de Carthagène. Le sarcophage fut perdu, mais le cercueil et son couvercle flottèrent sur l'eau et furent sauvés; ils sont actuellement au British Museum. Avec le couvercle du cercueil on a trouve des fragments de squelette, côtes et vertèbres, os de jambes et de pieds enveloppés dans une grossière laine jaune à laquelle adhérait une substance résineuse. La pyramide de Mykérinos, à Gizeh, accompagnée de petites pyramides qui abritaient les tombeaux des épouses du pharaon. La pyramide étant la tombe des pharaons, une chapelle lui fut annexée pour l'accomplissement du service religieux (Religion Egyptienne) en l'honneur du monarque défunt : ces chapelles furent souvent richement dotées de domaines non seulement pour subventionner le prêtre, mais aussi pour parer aux frais d'entretien du monument. L'office de hierodule de pyramide était une très haute distinction qu'on accordait aux premiers de l'Etat, quelquefois aux princes, et il se perpétua jusqu'aux derniers jours de l'empire égyptien. Bataille des Pyramides. - Bataille gagnée sur le plateau de Gizeh par Napoléon Bonaparte sur les Mamelouks de Mourad Bey le 21 juillet 1798. L'armée française campait au pied des Pyramides.« Songez, s'écria le général, que du haut de ces pyramides quarante siècles vous contemplent. »Mourad Bey s'était retranché à Embabeh, adossé au Nil; dans ces redoutes s'abritaient 24000 fantassins; 10000 cavaliers se déployaient entre le fleuve et les pyramides : Bonaparte forma son armée (la droite au désert, la gauche au fleuve) en cinq carrés, de six rangs de profondeur, les grenadiers derrière, l'artillerie aux angles. Les chefs des carrés étaient de droite à gauche Desaix, Reynier, Dugua, Bon, Menou; Bonaparte se tenait dans le carré central. Comme l'artillerie égyptienne était sur affûts fixes, il résolut de faire son effort à droite, hors de la portée des batteries ennemies.
La pyramide à degrés de Saqqarah. Source : Matson Photo Service. Les autres pyramides. Les deux pyramides de Lisht ne sont, en réalité, que deux tertres en pierres, non façonnées, et dans le sous-sol desquels on a ménagé des caveaux qui, envahis par l'eau, n'ont été que tardivement explorés. Deux rois de la XIIe dynastie y ont été ensevelis. Ousertesen Ier et Amenemha ler. Ousertesen II s'est construit la pyramide d'Illahoun à l'entrée du Fayoum, et Amenembat III celle d'Hawara à laquelle il annexa, pour le culte de son double, une vaste chapelle comportant de nombreuses chambres enchevêtrées les unes dans les autres et plongées dans une épaisse obscurité, ensemble mystérieux qui, dit-on, donna naissance au mythe grec du Labyrinthe. Après s'être préparé un tombeau dans le site de Dahshour, Snefrou, premier roi de la IVe dynastie, se fit définitivement ensevelir à Meïdoum, près de la ville d'Héracleopolis dont il avait fait sans doute son séjour favori. Ce qu'on appelle la pyramide de Meidoum offre aujourd'hui l'aspect d'un emboîtement de trois tours carrées que surmonte l'amorce d'un quatrième étage; on le couvrit dans l'Antiquité d'un revêtement de blocs de pierre qui lui donna la forme normale d'une pyramide. Cette sépulture de Snefrou a dû être violée à une époque très reculée, et les auteurs de ce méfait ont laissé à l'orifice du caveau l'appareil de poutres et de cordes dont ils se sont servis pour l'enlèvement du sarcophage. L'usage des pyramides a survécu à la XIIe dynastie : on en trouve ,jusqu'à l'époque des rois nubiens, tantôt conservant la forme classique, tantôt plus hautes que larges, et garnies parfois aux angles de bordures carrées ou arrondies; les murs intérieurs en sont souvent ornés de scènes funéraires et de représentations relatives à la vie d'outre-tombe. (Paul Pierret). |
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