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Haendel

Georg Friedrich Haendel est un compositeur allemand, né à Halle (Saxe) le 25 février 1685, mort à Londres le 13 avril 1759. Fils d'un chirurgien de Halle, il jouait, dès l'âge de sept ans, du clavecin et de l'orgue avec une remarquable habileté; son père, qui le destinait à l'étude du droit, tenta d'abord de s'opposer à sa vocation musicale; mais, l'ayant emmené à la cour du duc de Saxe-Weissenfels, il fut prié par celui-ci, qui entendit par hasard l'enfant jouer du clavecin, de laisser le petit prodige à sa vocation. Revenu à Halle, le père de Haendel confia son éducation musicale à l'excellent organiste Zachau. Dès l'âge de dix ans, il composait des motets chantés à l'église de Halle. Quand il eut atteint sa treizième année, son père l'envoya à Berlin où il fut bien accueilli par Attilio Ariosti qui dirigeait alors l'Opéra (1696). Le jeune musicien perdit son père l'année suivante, passa à Leipzig, puis se rendit à Hambourg (1703) où se trouvait le meilleur Opéra allemand de l'époque; dans cette ville, Haendel se lia avec Matheson qui nous a laissé de nombreux renseignements sur lui. Reinhard Keiser était le principal compositeur de l'Opéra, mais il fit de mauvaises affaires et fut obligé de se retirer. Haendel, qui était entré comme second violon à l'orchestre, prit bientôt la direction de l'Opéra avec Matheson.

Il donna son premier opéra, Almire, le 8 janvier 1705. Dès le mois de février suivant, son second opéra, Nero, parut et reçut de même le meilleur accueil. Un peu plus tard, Haendel composa des morceaux nombreux : un Laudate, un oratorio intitulé La Resurrezione; en 1708, il fit jouer deux nouveaux opéras, Florinde et Daphné. Ces différents ouvrages furent composés pendant un voyage qu'il fit en Italie. Il revint à Hambourg, puis retourna à Florence en 1708 pour composer son premier opéra italien, Rodrigo, à la demande du prince de Toscane; de là il se rendit à Venise où il composa, en trois semaines, son opéra Agrippina, dont le succès fut tel qu'on le joua vingt-sept soirs de suite, événement alors très rare. Il passa ensuite à Rome où il écrivit une cantate intitulée Il Trionfo del Tempo. En 1710, il quitta Rome pour Naples, où il composa une pastorale, Aci, Galathea e Polifemo, tout à fait différente de celle qu'il fit exécuter plus tard en Angleterre.

Ne trouvant pas d'engagement en Italie, le compositeur revint en Allemagne et se rendit à Hanovre où il fit la connaissance de Steffani, maître de chapelle de la cour. Celui-ci le présenta au prince comme son successeur, et l'électeur de Hanovre engagea Haendel. Cette époque est décisive dans sa vie; dès lors, il adopta le style élégant de Steffani qu'il fondit avec la vive modulation allemande et les qualités propres de son génie. Le changement dans sa manière est frappant. Avec l'approbation de l'électeur de Hanovre, Haendel fit ensuite un voyage en Angleterre, où il arriva en décembre 1710. Fort bien accueilli à la cour, il composa, en quatorze jours, son opéra de Rinaldo, qui fut joué le 24 février 1711 avec un grand succès. Revenu à Hanovre, il composa douze duos de chambre, qui sont devenus célèbres, pour la princesse électorale, Charlotte, qui devint plus tard reine d'Angleterre. Au commencement de 1712, Haendel revint à Londres, où il se fixa dès lors et qu'il ne quitta plus que pour des voyages limités. Tout le reste de sa vie se passa en Angleterre. 

Peu après son arrivée, il composa pour célébrer le traité d'Utrecht un Te Deum et un Jubilate, qui furent joués le 7 juillet 1743. En même temps, il faisait représenter ses opéras, Theseus et Il Pastor Fido (1712). Après la mort de la reine Anne, en 1714, l'électeur de Hanovre lui succéda sur le trône; il se montra d'abord peu favorable à Haendel auquel il reprochait d'avoir oublié ses engagements envers lui, mais bientôt s'apaisa et lui rendit sa faveur. Le comte de Burlington lui offrit alors son domicile et Haendel habita trois ans chez lui où il composa son opéra d'Amadigi qui fut représenté le 25 mai 1715. Le duc de Chandos lui donna ensuite la direction de sa chapelle (1718) et Haendel y composa vingt grandes antiennes et une pastorale anglaise d'Acis et Galatée, qui diffère absolument de celle composée à Naples. Il écrivit, de 1718 à 1720, l'oratorio d'Esther, le premier de ce genre composé sur des paroles anglaises, et l'oratorio allemand de la Passion, qui fut exécuté à Hambourg.

La haute noblesse anglaise ayant à cette époque formé une association pour la représentation des opéras italiens à Hay Market, qui prit le titre de Royal Academy of music, on chargea Haendel d'engager les meilleurs chanteurs d'Europe; il se rendit à Dresde où il engagea Senesino et Marguerite Durantasti, puis il composa l'opéra de Radamisto, qui fut joué au nouveau théâtre pendant l'hiver de 1720. Le succès fut immense. De 1720 à 1728, le grand compositeur écrivit treize opéras, qui furent représentés dans la Royal Academy; mais la violence de caractère de Haendel et sa hauteur lui avaient fait beaucoup d'ennemis; des discussions avec les artistes, l'opposition d'une partie des directeurs amenèrent la ruine de l'entreprise. 

Les anciens souscripteurs établirent aussitôt un nouveau théâtre d'opéra en excluant Haendel qui, de son côté, tenta d'ouvrir une salle nouvelle (2 décembre 1729) pour laquelle il alla engager des chanteurs en Italie. Il fit représenter Lotario, Partenope et cinq autres opéras. En 1733, il composa l'oratorio de Deborah, un de ses chefs-d'oeuvre. Cependant son entreprise périclitait. Haendel retourna en Italie où il engagea Carestini. Il lutta encore pendant plusieurs années contre le théâtre rival; mais, en 1740, après la représentation de sa Deidamia, son trente-et-unième opéra, il renonça définitivement à son théâtre où il avait englouti toutes ses ressources. 

On doit remarquer d'ailleurs que les oeuvres qu'il écrivit pendant ces dix années, au milieu des difficultés et des soucis de toutes sortes, sont sensiblement inférieures aux précédentes. Sa santé se ressentit en même temps de ses tourments et il fut frappé de paralysie au bras droit. Les eaux d'Aix-la-Chapelle le guérirent, et l'énergie de Haendel reprit le dessus. Il allait s'engager dans une voie nouvelle où il recueillit le plus pur de sa gloire.

Pensant qu'il devenait moins propre à la musique dramatique qu'à la musique grave, et frappé de l'indifférence que les Anglais témoignaient maintenant à ses ouvrages, il prit, en 1740, la résolution de ne plus écrire que des oratorios, de la musique d'église et des pièces instrumentales. Il avait déjà composé les admirables oratorios de Deborah, Esther, Israël en Egypte et Athalie. Un des motifs de sa résolution fut certainement l'idée que l'exécution de ces drames religieux pendant le carême, où tout autre spectacle était interdit, ne comportait que peu de dépenses et était facile : une musique large et simple, dont l'effet réside surtout dans les choeurs, n'a besoin que de belles voix et ne demande pas une habileté exceptionnelle pour être exécutée. Il introduisit dans ses oratorios le concerto d'orgue dont l'invention semble lui revenir ; il était alors avec Sébastien Bach le plus grand organiste d'Europe, et son merveilleux talent était une nouveauté pour les Anglais; presque dans chaque oratorio, il plaça un concerto d'orgue avant le choeur final. 

A partir de 1741 surtout, ses séances de musique religieuse acquirent une vogue immense après l'audition du Messiah (Messie) que l'on considère comme le chef-d'oeuvre de Haendel; cet admirable ouvrage fut composé en vingt-quatre jours; la prodigieuse rapidité de l'artiste était une qualité constante de son génie. Le duc de Devonshire emmena Haendel en Irlande où il passa huit mois; le 18 avril 1742, il y donna son Messie, puis fit exécuter son Saul. Il commença ensuite un nouvel oratorio, le Samson, qui fut terminé en 1742; dès lors la supériorité du musicien ne fut plus contestée en Angleterre et ses oratorios attirèrent chaque année la foule à Covent Garden. Dans l'espace de huit ans, Haendel composa encore Semele (1743), Herakles et Belsazar (1744), Judas Makkabaus et Joseph (1746), Josua et Alexander Balus (1747), Susanna et Salomo (1748), Theodora (1749) et Jephté (1751). 

A cette époque, Haendel eut la douleur de sentir sa vue baisser beaucoup; à la fin de 1751, il perdit tout à fait la vue. Il se soumit à son sort et vécut paisiblement pendant plusieurs années; son élève Smith le remplaçait dans la direction de ses oratorios. Dans les premiers mois de 1759, son état s'aggrava et il mourut doucement. On lui fit des obsèques magnifiques à l'abbaye de Westminster. On lui éleva un tombeau de marbre blanc, et sa statue par Roubillac y fut élevée en 1762. C'est près de son tombeau qu'en 1784 et les années suivantes jusqu'en 1787 on célébra l'anniversaire de la mort de Haendel dans des concerts magnifiques auxquels prirent part jusqu'à huit cents exécutants. La description de ces fêtes a été donnée par Burney dans un beau livre intitulé Account of the musical performance in commemoration of Handel.

La prodigieuse activité de Haendel explique seule qu'il ait pu composer d'aussi nombreux ouvrages au milieu de ses fréquents voyages et des soucis de toutes sortes que lui donnaient la direction de ses spectacles et de ses concerts. Son genre de vie était très simple; il ne sortait que pour ses travaux, refusant toute invitation; ses amis, très peu nombreux, se bornaient à Smith, son élève, un peintre, du nom de Goupy, et un teinturier en écarlate nommé Hurtes. Il vécut dans un célibat sévèrement observé, et l'on ne peut guère trouver dans sa vie une affection pour une femme. Il travaillait constamment et jouait du clavecin : le clavier de l'instrument dont il se servait était si usé que les touches étaient creusées en forme de cuillers. On ne lui a connu comme goût, en dehors de la musique, que celui des tableaux. Son éducation était assez négligée. Ses emportements sont célèbres; malgré ces accès de colère assez fréquents, il avait une figure noble et douce; sa taille élevée était gâtée par l'embonpoint qui alourdissait sa démarche. On lui a élevé dans sa ville, à Halle, en 1859, cent ans après sa mort, une statue colossale, oeuvre de Heidel, qui représente assez bien son apparence. 

La qualité dominante de Haendel est l'élévation du sentiment, une solennité sublime; chez lui la modulation est toujours douce et naturelle; l'art de disposer les voix et de les faire chanter sans effort est remarquable chez lui; on lui a reproché, mais sans justice, de manquer de mélodie. C'est dans les choeurs qu'il est incomparable pour la grandeur du style, pour la netteté des pensées et la progression de l'intérêt, comme le dit très justement Fétis

« L'effet de ces morceaux, dont le plus grand nombre n'est accompagné que par des violons, des violes et des basses, est immense et accuse des proportions colossales. Telle est la puissance de ces choeurs, que, loin d'y ajouter par le luxe de l'instrumentation moderne, on ne pourrait que l'affaiblir. » 
Mozart lui-même l'a reconnu. Malgré la richesse et la variété des motifs de ses compositions, la manière de les traiter est uniforme chez Haendel : l'instrumentation est presque partout la même. Il se distingue surtout par la netteté de la pensée et par la simplicité, tandis que Bach est plus admirable par la profondeur et l'infinie variété des formes.

Les oeuvres de Haendel se divisent en opéras, oratorios, musique d'église, musique de chambre et de concert, musique d'orgue et de clavecin. La liste la plus complète que l'on en ait donné figure dans Fétis. En la lisant, on a peine à comprendre qu'un homme ait pu suffire au travail matériel qu'elles représentent. Les éditions les plus importantes que l'on en connaisse sont des éditions anglaises, celles de Walsh, Meare et Clues qui contiennent les opéras italiens et anglais représentés à Londres, les cantates italiennes, les oratorios, les grandes antiennes et les pièces d'orgue. Ces éditions sont plus correctes bien que moins luxueuses que la grande édition d'Arnold exécutée par ordre du roi George III. Cette collection n'a même pas été achevée; elle comprend quarante volumes (1786). Une édition perfectionnée a été entreprise sous la direction de Chrysander par la Haendaegesellschaft de Leipzig, fondée en 1856. (Ph. Berthelot).

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