La civilisation de la vallée de l'Indus, également connue sous le nom de civilisation harappéenne (du nom de Harappa, le premier cite identifié) ou civilisation de Mohenjo-Daro (un autre grand site archéologique) est l'une des plus anciennes civilisations urbaines du monde. Elle s'est développée dans la vallée de l'Indus, dans l'actuel Pakistan et le nord-ouest de l'Inde, entre environ 3300 et 1300 avant notre ère.

Les villes étaient bien planifiées avec un réseau de rues rectilignes et une organisation en grille. Les zones résidentielles et commerciales étaient distinctes. Mohenjo-Daro et Harappa avaient des systèmes d'égouts avancés, des bains publics, des puits et des réservoirs d'eau. Les bâtiments étaient construits en briques cuites uniformes, avec des structures souvent à plusieurs étages.

L'agriculture était florissante avec des cultures comme le blé, l'orge, le coton et les pois chiches. La civilisation harappéenne avait aussi des échanges commerciaux avec la Mésopotamie, la Perse, et peut-être même avec l'Asie centrale. Les Harappéens utilisaient des poids et des mesures uniformes. Ils étaient habiles en poterie, en métallurgie, en tissage et en bijouterie. Ils travaillaient le cuivre, le bronze, le plomb et  l'étain. On a découcvert des jouets d'enfants en terre cuite.

La structure sociale est moins claire. Il y avait probablement une forme de hiérarchie sociale, mais les structures de pouvoir exactes sont encore inconnues. Le système d'écriture pictographique utilisé reste non déchiffré à ce jour. il  était utilisé sur des sceaux, des poteries et d'autres artefacts. La religion n'est pas bien comprise non plus, mais elle incluait certainement des déités féminines et  des rituels liés à l'eau. Des symboles phalliques et des indications d'un culte animal (comme le zébu) ont également été trouvés. L'absence de grands temples ou palais suggère une religion décentralisée ou domestique.

Le déclin de la civilisation de la vallée de l'Indus, entamé vers 1900 avant notre ère, est encore débattu. L'évolution du climat, qui a pu causer le déplacement du cours des rivières ou la diminution des précipitations, a pu affecter l'agriculture et l'habitabilité. La dégradation urbaine et la surcharge démographique pourraient aussi avoir contribué à l'abandon progressif des villes (la populations s'ant alors déplacée vers des cités plus petites et plus rurales). Bien qu'il y ait par ailleurs des théories d'invasions par des peuples indo-européens, il n'y a pas de preuves concluantes de destruction violente. Après l'abandon, la région a continué à être habitée par des groupes qui ont repris certaines technologies et pratiques culturelles.

L'écriture harapéenne

Caractéristiques.
Supports.
Les sceaux en stéatite sont les objets les plus couramment trouvés portant des inscriptions harappéennes. Ils représentent souvent des animaux, des divinités et des scènes mythologiques. Les inscriptions apparaissent également sur des tablettes d'argile, des poteries et d'autres objets. Certaines inscriptions sont gravées sur des bijoux, des outils en métal et des objets en pierre.

Caractères.
Environ 400 à 600 signes distincts ont été identifiés. Cela suggère que l'écriture pourrait être un système logo-syllabique, autrement dit qu'elle utilisait des symboles pour représenter des mots ou des syllabes. Les signes sont principalement pictographiques et idéographiques : ils représentent des objets, des concepts ou des sons. Les inscriptions peuvent être écrites de droite à gauche, de gauche à droite ou en boustrophédon (alternance de droite à gauche et de gauche à droite).

Tentatives de déchiffrement
Défis.
Contrairement aux hiéroglyphes égyptiens, il n'existe pas de texte bilingue (comme la pierre de Rosette) pour aider à la traduction. La plupart des inscriptions sont très courtes, souvent composées de cinq signes ou moins, ce qui complique l'analyse contextuelle. On ne sait pas non plus quelle langue parlait la civilisation harappéenne, ce qui rend difficile l'identification des valeurs phonétiques des signes.

Théories.
Se basant sur la distribution géographique et certaines similitudes linguistiques, certains chercheurs suggèrent que l'écriture pourrait être liée aux langues dravidiennes modernes. D'autres théories, moins populaires, suggèrent une connexion avec les langues indo-européennes. Il est aussi possible que l'écriture harappéenne combine des logogrammes (représentant des mots) et des syllabogrammes (représentant des syllabes), se qui indiquerait alors peut-être une familiarité avec l'écriture et la langue sumériennes.

Signification culturelle et sociale.
Quoi qu'il en soit, les sceaux étaient probablement utilisés pour marquer des marchandises et authentifier des documents commerciaux. L'écriture pourrait avoir été utilisée dans la gestion administrative et le contrôle des ressources. Certains sceaux montrent des scènes religieuses ou mythologiques, suggérant alors une utilisation dans des contextes rituels.

Les lieux de la civilisation harappéenne

Harappa a été découverte dans les années 1850 et fortement endommagée à la même époque par les travaux de construction d'une ligne de chemin de fer. Des fouis ont eu lieu une vingtaine d'années plus tard, révélant l'intérêt istorique du site. Mais les  des fouilles intensives et aux résultats substantiels n'ont été menées dans les années 1920. Ces fouilles ont révélé des structures urbaines, des artefacts, et une riche collection de poteries, de sceaux et d'objets quotidiens.

Harappa était une ville très peuplée (peut-être près de 50 000 habitants à son apogée), bien planifiée avec une disposition en grille. Les rues étaient orientées nord-sud et est-ouest. Les bâtiments étaient construits en briques cuites, avec des maisons souvent à deux étages. Les maisons comprenaient des cours intérieures et des systèmes de drainage. Harappa, comme les autres villes de la civilisation de la vallée de l'Indus, disposait de systèmes avancés de gestion de l'eau, comme des puits, des réservoirs et des égouts. Les excavations ont également révélé des structures publiques comme des entrepôts, des greniers, et peut-être des bâtiments administratifs.

Harappa était entourée de terres agricoles fertiles où les habitants cultivaient le blé, l'orge et le coton. Les Harappéens étaient des artisans qualifiés en poterie, métallurgie, et production de perles. Les sceaux gravés en stéatite sont particulièrement remarquables. La ville était un centre commercial important avec des échanges à longue distance, y compris avec la Mésopotamie et les régions avoisinantes.

On a découvert à Harappa les premiers sceaux témoignant de l'écriture utilisée par cette civilisations. Des figurines féminines, probablement des déesses-mères, et des motifs de taureaux, ont également été découverts et peuvent être mises en relations avec des croyances religieuses. Les outils en cuivre et bronze et les armes découvertes indiquent une métallurgie avancée. Les fouilles ont également révélé un cimetière, fournissant des informations sur les pratiques funéraires (enterrements, offrandes funéraires).

Harappa a été progressivement abandonnée vers 1900 avant notre ère. 

Mohenjo-Daro.
Découverte et exploration.
Mohenjo-Daro, situé dans la province du Sindh, au Pakistan, a été découvert dans les années 1920 par l'archéologue britannique Sir John Marshall, alors directeur général de l'Archaeological Survey of India. Les fouilles majeures ont été conduites par R.D. Banerji, Ernest J.H. Mackay et John Marshall. Ces travaux ont révélé une ville bien planifiée avec des structures complexes. Le site de Mohenjo-Daro a été inscrit au partrimoine mondial de l'Unesco en 1980.

Architecture et urbanisme.
Mohenjo-Daro, comme Harappa et les autres centres urbains de la civilisation de la vallée de l'Indus, se caractérise par son plan quadrillé, avec des rues orientées selon un réseau orthogonal. La ville était divisée en deux secteurs principaux : la citadelle et la ville basse.

• La citadelle renferme notamment une structure monumentale, appelée le Grand bain, entouré de portiques et de salles, et probablement utilisée pour des rituels religieux ou des cérémonies communautaires; ainsi qu'une structure massive, le Grenier, qui aurait pu être utilisée pour stocker des grains, suggérant un niveau élevé d'organisation sociale et économique.

• La ville basse comprend des maisons construites en briques de terre cuite, souvent à deux étages, avec des cours intérieures et des puits privés. Il y existait un système sophistiqué de drainage et d'égouts, avec des canalisations couvertes en briques, démontrant une avancée technologique en matière d'hygiène publique.

La présence de structures publiques sophistiquées et de résidences variées suggère une société stratifiée avec une organisation administrative avancée. Des figurines, des sceaux et des sculptures trouvés à Mohenjo-Daro montrent des représentations de divinités, d'animaux et de symboles religieux, bien que les détails exacts de leurs croyances restent inconnus.

Autres sites archéologiques de la civilisation de la vallée de l'Indus.
En plus de Harappa et de Mohenjo-Daro, il existe plusieurs autres sites archéologiques importants associés à la civilisation harappéenne. Ils confirment le caractère particulier de cette civilisation avancée,  avec sa planification urbaine élaborée, ses systèmes d'irrigation sophistiqués, son économie basée sur le commerce et sa culture riche en artefacts et en pratiques religieuses.

Kalibangan.
Découvert dans l'État du Rajasthan, en Inde en 1953-1954, le site de Kalibangan contient des structures résidentielles, un système de drainage, cimetières, fours et puits. Il montre que  était une ville avec des quartiers résidentiels et une gestion avancée de l'eau.

Lothal.
Lothal, situé dans le Gujarat, en Inde, était un port maritime avec des quais et des entrepôts. C'était un centre important pour le commerce maritime qui illustre la connectivité et l'importance économique de la civilisation de la vallée de la vallée de l'Indus. Découvert en 1954, le site a révélé des poteries et des objets en métal et, ici encore un système de drainage avancé. 

Rakhigarhi.
Situé dans l'État de Haryana, en Inde et découvert en 1963, Rakhigarhi est un grand site qui a révélé des vestiges de structures en briques, un système de drainage, des cimetières et artefacts variés. C'était certainement un des principaux foyers urbains de la civilisation harappéenne.

Surkotada.
Surkotada est notable pour ses vestiges illustrant la diversité architecturale et culturelle au sein de la civilisation de la vallée de l'Indus : fortifications, structures résidentielles, poterie et artefacts en métal. Ce site a été découvert en 1964  dans l'État du Gujarat, en Inde.

Dholavira.
Egalement localisé dans Gujarat, le site de Dholavira a été découvert en 1967-1968. On a affaire ici aux vestiges d'une grande ville, révélant elle aussi une planification urbaine avancée avec une division en trois parties distinctes (la citadelle, la ville moyenne et la ville basse), et un système de gestion de l'eau comprenant des réservoirs et des canalisations.

Ganeriwala.
Ganeriwala, toujours objet de fouilles, a été découvert en 1986 dans la province du Pendjab, au Pakistan. C'est un grand ssite avec des ruines de structures en briques, objets en céramique et système de drainage.