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Persépolis
(la Ville des Perses, en grec). - Ancienne capitale des rois de
Perse
de la dynastie des Achéménides. Les ruines
de Persépolis se trouvent dans une plaine déserte, celle de Herdâcht,
dominée par trois masses de rochers en ligne droite détachées des montagnes
du Luristan; ces trois masses portent le nom de Koûhi Istakhr ou Koûhi
Râmguèrd; leur ensemble est connu dans la tradition sous l'appellation
de Sèh-Goumbèdân (= les trois coupoles); l'une d'elles porte encore
les ruines de la forteresse d'Ochkonwân qui servit de prison d'État pendant
le Moyen âge .
Au bas sont les monuments achéménides, divisés en deux groupes, Nagchi-Roustèm
(= sculpture de Rustèm) et Takhti-Djemchid (= trône de Djemchid, Yima-Khchaèta),
distants l'un de l'autre de 8 à 10 kilomètres.
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Le
site de Persépolis vu depuis l'espace. Source
: Nasa.
Le premier groupe comprend quatre hypogées
sculptés dans la paroi abrupte du rocher; ces monuments reproduisent en
relief l'image d'un Ă©difice Ă colonnes;
l'entablement est analogue Ă l'entablement
ionien
primitif; les colonnes lisses sont surmontées d'un chapiteau
formé de deux bustes de taureau
accouplés; les portes sont couronnées de la gorge égyptienne. Au-dessous
des tombes achéménides sont des sculptures
/sassanides, parmi lesquelles se trouve
le fameux bas-relief représentant le triomphe
de Chapour Ier sur Valérien;
sur le fond est gravée l'inscription pehlvie rappelant la victoire d'Edesse;
un autre tableau représente deux personnages à cheval dont l'un est Ahura-Mazda
( La religion de l'Avesta ,
l'Avesta )
remettant au roi sassanide Ardéchir le cercle qui est l'insigne de la
royauté; le troisième, très dégradé, représente deux cavaliers chargeant
l'un contre l'autre, la lance en arrêt. Au Sud des hypogées on rencontre,
taillés dans le roc, deux autels du feu
ou pyrées (âtechgâh), se composant d'une table carrée
supportée par quatre arceaux en plein
cintre, reposant sur des colonnes engagées dans les angles des pyrées;
le couronnement est formé par des merlons triangulaires; tous ces ornements
sont assez grossièrement exécutés; le caractère assyrien des merlons
a fait supposer que ces deux autels jumeaux remonteraient au moins au temps
de Cyrus.
Pyrées
ou autels du feu.
Le groupe de Takhti-Djemchid est aussi
connu sous le nom de Tchihil-Minar, « les quarante colonnes ». Il se
compose d'un immense soubassement appuyé
sur une chaîne de montagnes; la terrasse est couverte de constructions
formant trois étages différents. Un escalier
à double volée, formé de cent six marches et coupé par deux paliers
symétriques, y conduit. On pouvait monter les degrés à cheval; ils sont
assez larges pour laisser passer dix personnes de front. L'entrée est
formée par des propylées ornées de quatre
taureaux ,
dont deux androcéphales, copiés sur le modèle des taureaux de Ninive.
Cette partie de l'édifice, ainsi que la salle du trône ou apadâna
qui se trouve derrière, a été construite par Xerxès.
Un autre groupe de constructions est le palais de Darius
Ier, terminé
par Xerxès; plus loin se voient les débris de deux autres palais bâtis
par leurs successeurs, et enfin la grande salle du trône (apadâna)
à cent colonnes, qui recouvrait près de 5000 mètres carrés de terrain.
Le plan de ce dernier édifice est simple : c'est un parallélogramme de
76 m sur 91 m renfermant dix rangées de dix colonnes; un portique
le précède.
Propylées.
Le chapiteau des colonnes est tout Ă fait
particulier; il est formé de deux demi-taureaux adossés, les jambes repliées,
Ia tête penchée en avant; tantôt il se
rattache directement au fût, tantôt
il en est séparé par un assemblage d'ornements composites (double nimbe
de palmettes, campanules s'enroulant en deux séries de volutes).
La base est, soit campaniforme, soit formée d'une plinthe
posée sur un socle et surmonté d'un tore strié; le fût est cannelé.
L'intérieur des portes est décoré de sculptures
représentant le roi vainqueur du lion ,
le combat du taureau et du lion; le soubassement
des terrasses est recouvert d'immenses bas-reliefs
contenant des centaines de personnages apportant des présents au roi,
des animaux
rares, des objets précieux; les uns ont des vêtements étroitement serrés,
ce sont des Mèdes, les autres portent les vêtements larges et flottants,
ce sont des Perses .
Les guerriers qui portent une lance avec une boule sont, ainsi que l'a
reconnu le voyageur Ker-Porter, les mélophores qui formaient, avec un
corps de cavalerie choisie de mille hommes, la garde particulière du grand
roi. Ailleurs un personnage aux amples vĂŞtements, la tĂŞte couverte d'une
tiare, le poignard à la ceinture, porte un long bâton qui l'a fait assimiler
aux skeptoukoi de la Cyropédie ,
chambellans chargés d'introduire les députations. Le roi est représenté
sur son trône, les pieds appuyés sur un tabouret; derrière lui se tient
debout un eunuque avec un chasse-mouches dans la main droite et un mouchoir
dans la gauche; derrière l'eunuque se trouve un garde armé du sabre et
de l'arc, et un autre qui tient une lance; devant le roi sont disposées
des cassolettes Ă parfums; un ambassadeur tient la main devant la bouche,
en signe de respect; quarante gardes du corps disposés sur quatre rangs
sont sculptés sous le trône; Ahura-Mazda
plane sur la scène entière.
Porte
du palais de Darius.
Non loin de Naqchi-Roustem se trouvent
encore des restes de constructions du temps des Achéménides,
des colonnes, les unes debout, les autres renversées. On y voit une inscription
bilingue, pehlvi et chaldéo-pehlvi, du temps de Chapour Ier.
A.-D. Mordtmann a appelé monnaies persépolitaines
trois séries de monnaies frappées par des dynastes locaux, vassaux des
SĂ©leucides
et des Arsacides, depuis Bagakert (vers 220
av. J.-C.) jusqu'à Tiridatès (225 ap. J.-C.); la lecture de ce nom est
conjecturale. Ces pièces sont remarquables par le dessin du revers, qui
représente le temple et plus tard l'autel
du feu ,
Ă gauche le roi en adoration, Ă droite le tablier de cuir du forgeron
Kâvèh, devenu l'étendard officiel. Blau a pensé que ces monnaies avaient
pu être frappées par les pyraïthes ou prêtres-mages de l'Elymée
ou Susiane .
Monnaies
persépolitaines.
Le satrape Ariobarzanès avait réussi
à défendre les passes qui donnaient accès de Suse
à Persépolis, et Alexandre était dans
le plus grand embarras lorsqu'un prisonnier de guerre lycien, qui avait
habité longtemps les environs, lui indiqua des sentiers écartés, au
moyen desquels, et malgré d'énormes difficultés, il réussit à tourner
les fortes positions de l'armée perse et à paraître sur ses derrières,
ce qui fut le signal de la faite d'Ariobarzanès en Médie et de la prise
de Persépolis, que Tiridatès, considérant la cause de Darius
comme perdue, remit au vainqueur avec les immenses trésors que la capitale
renfermait (cent vingt mille talents d'or et d'argent).
Malgré les représentations de Parménion,
le palais fut incendié, la ville abandonnée au pillage des soldats, ce
qui amena des désordres. Telle fut la fin de la capitale des Achéménides;
ville artificiellement, créée pour entourer le palais et pour abriter
les nombreux courtisans, fonctionnaires, employés, domestiques que le
roi des rois traînait à sa suite, elle dura autant que la dynastie qui
l'avait bâtie, et rien de plus; quand plus tard la Perse reprend conscience
de son existence et renaît sous des rois, soit nationaux, soit étrangers,
elle a perdu tout souvenir des temps qui précèdent Alexandre,
et c'est vers HĂ©catompyles (auj. Chahroud ),
Rhagès ou Ctésiphon, plus tard vers Ghazna, Ispahan
ou Téhéran
que se dirigent ses regards. Persépolis, sera réhabilitée par le Shah
d'Iran ,
Reza
Pahlavi, dans la perspective de la cĂ©lĂ©bration de son rĂ©gime, Ă
l'occasion de grandes fêtes données en octobre 1971, pour le 2500e
anniversaire de l'Empire perse. (C. Huart). |
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