.
-

Mozart

Wolfgang Theophilus [= Amadeus ou Gottlieb] Mozart est un compositeur allemand, né à Salzbourg (Autriche) le 27 janvier 1756, mort à Vienne le 5 décembre 1791. Fils de Léopold Mozart, il montra, dès l'âge de trois ans, d'étonnantes dispositions pour la musique, prenant plaisir à suivre les leçons de clavecin que recevait sa soeur Marie-Anne, et cherchant à former des tierces sur l'instrument. Il ne tarda pas à jouer lui-même de petits menuets, et, à peine âgé de cinq ans, il s'essayait à la composition, sans pour cela négliger d'autres études, particulièrement celle de l'arithmétique
-
Mozart.
Wofgang Amadeus Mozart (1756-1791).

En 1762, son père le présenta à la cour de Vienne, où son précoce talent lui valut de la famille impériale un excellent accueil auquel s'associa naturellement toute la noblesse. Revenus à Salzbourg l'année suivante, le père et le fils n'y demeurèrent que peu de temps et en repartirent le 9 juin, accompagnés de Marie-Anne, pour un voyage beaucoup plus considérable. Ils parcoururent successivement Munich, Augsbourg, Mayence, Francfort, Coblence, Aix-la-Chapelle, Bruxelles, trouvant partout le meilleur accueil. 

Le jeune Wolfgang se faisait entendre soit sur le clavecin, soit sur le violon, soit même sur l'orgue. L'étape suivante était Paris, où nos voyageurs arrivèrent cinq mois après leur départ de Salzbourg. Ils se rendirent à Versailles et le petit virtuose y retrouva son succès accoutumé. Après cinq mois de séjour en France, ils partirent pour Londres et y demeurèrent plus d'un an. Wolfgang, dont le talent allait croissant, joua devant le roi et la reine les compositions les plus ardues de Haendel et de Sébastien Bach, il exécuta aussi ses propres oeuvres au cours de nombreux concerts qui obtinrent d'abord de vifs succès, mais finirent par lasser l'attention publique. Ce fut à Chelsea que le jeune maître écrivit, pendant une maladie de son père, ses quatre premières symphonies.
-

Mozart enfant.
Mozart enfant.

En 1765, sur une invitation du prince d'Orange, Léopold Mozart et ses enfants se rendirent à La Haye, puis à Amsterdam, et de là se dirigèrent de nouveau sur Paris; puis, ayant traversé la Suisse, ils revinrent enfin à Salzbourg en novembre 1766, après une absence de plus de trois ans. Il est presque inutile d'ajouter que ces derniers séjours avaient été marqués pour Wolfgang par de nouveaux triomphes.

Le temps était venu d'asseoir sur les bases d'une solide instruction technique les talents de l'enfant prodige, et Léopold Mozart prit soin de diriger sagement dans ce sens les études de son fils qui, entre temps, se livrait à la composition. En 1768, Wolfgang se fit derechef entendre à la cour de Vienne, et composa, sur l'ordre de Joseph II, la musique d'un opéra-comique, la Finta Semplice, auquel succédèrent une Messe et un Offertoire. Son père ayant résolu de le faire voyager en Italie, tant pour le perfectionnement de ses connaissances musicales que pour l'extension de sa renommée, tous deux quittèrent Salzbourg en décembre 1769 pour commencer un voyage qui devait être plus glorieux encore que les précédents. Nous ne pouvons songer à nous arrêter avec eux à Roveredo, à Vérone, à Mantoue, à Milan, où Wolfgang fut présenté au vieux Sammartini et où il fut prié de composer un opéra pour la « saison » prochaine, à Lodi, à Bologne où le célèbre P. Martini, émerveillé de son savoir, le prit en affection; à Florence, qui devait voir la naissance de son amitié avec le jeune musicien Thomas Sinley; mais nous insisterons un peu plus sur un séjour à Rome où les voyageurs arrivèrent durant la semaine sainte. 

On sait qu'appelé à se faire entendre devant le pape Clément XIV, il avait naïvement prié le pontife de lui faire donner une copie du Miserere d'Allegri, réservé pour la chapelle Sixtine (Vatican). Le pape lui ayant répondu que ce n'était pas en son pouvoir, toute copie de ce morceau étant formellement interdite, Mozart, qui put assister à la répétition qu'on en fit peu après, nota de mémoire le fameux Miserere et n'eut plus, lorsqu'en eut lieu l'exécution, qu'à rectifier les très rares erreurs qui s'y étaient glissées.

De Rome les deux Mozart passèrent à Naples, puis à Milan; c'est dans cette ville que le jeune compositeur. écrivit et fit représenter son opéra de Mithridate (1770),
qui lui valut la demande d'un second opéra pour la saison suivante. Revenu à Milan après un court séjour à Salzbourg, Wolfgang composa en quinze jours cet opéra, sans parler de celui qu'il fit pour le mariage d'un archiduc avec la princesse de Modène, et qui fut représenté en même temps qu'un opéra de Hasse (1771). Dans cette même année et dans la suivante vont se succéder, entre diverses pièces de circonstances, plusieurs symphonies et quatuors

L'année 1773 voit éclore de nouvelles symphonies, un concerto pour deux violons, une messe, une sérénade, six quatuors, un quintette, un concerto pour piano; à l'année 1774 appartiennent deux messes, quatre symphonies, deux sérénades, un concerto pour basson et d'autres compositions.

Pendant un séjour à Munich en 1775, Mozart produisit un opéra, la Finta Giardiniera, et deux messes, une cantate, il Re Pastore, cinq concertos pour violon, etc.  L'an 1776 et une grande partie de 1777 semblent avoir été presque entièrement consacrés à la composition; nous relevons sur une liste copieuse cinq messes, un offertoire, six sonates et trois concertos pour piano, dix-sept pièces pour orgue et plusieurs morceaux pour instruments à vent, entre autres un concerto pour hautbois. Tous ces travaux n'empêchaient pas Mozart d'étudier assidûment les maîtres et de s'assimiler avec joie les beautés que plus que personne il était à même d'apprécier chez eux.

En 1777, il se vit, d'accord avec son père, dans la nécessité de quitter Salzbourg où, faute de connaisseurs intelligents et de protecteurs éclairés, il ne pouvait que végéter péniblement. On en vint à un parti qui, sans doute, coûta bien des larmes à toute la famille : Léopold Mozart, que sa position forçait à demeurer dans la ville archiépiscopale, laissa partir Wolfgang, accompagné de sa mère.  Après de brèves visites à Munich et Augsbourg, la résolution fut prise d'aller à Paris. Une juvénile passion pour Aloysia Weber, jeune et belle cantatrice, faillit déranger ce projet, mais le père de Wolfgang intervint, et son autorité remit tout en ordre; le 14 mars 1778, le jeune compositeur quittait Mannheim, après avoir enrichi son bagage musical de quelques nouvelles compositions. 

Le nouveau séjour à Paris ne fut pas suivi d'heureux résultats : la lutte entre les piccinistes et les gluckistes occupait alors toute l'attention des musiciens, et Mozart ne réussit guère à se faire entendre. La mort de sa mère, survenue le 3 juil., le frappa douloureusement et lui fit souhaiter encore plus vivement de quitter une ville si peu hospitalière. Il lui dit définitivement adieu le 26 septembre 1778, et, après avoir traversé Nancy, Strasbourg, Mannheim et Munich où il retrouva Aloysia Weber qui l'avait à peu près oublié, il rentra dans sa ville natale en juin 1779, le coeur triste et fatigué, et peu disposé à remplir paisiblement les emplois de maître des concerts de la cour et d'organiste de la cathédrale qui venaient de lui être confiés. 

Néanmoins, il demeura à Salzbourg jusqu'à la fin de l'année 1780, écrivant pendant ce laps de temps un opéra, Zayde, deux messes, un kyrie, deux symphonies, des sonates pour piano et pour orgue, etc. Il vint ensuite à Munich où, l'année suivante, le 29 janvier, son opéra d'Idoménée, accueilli avec enthousiasme, inaugurait la glorieuse série de ses oeuvres dramatiques.

Malheureusement pour lui, l'archevêque de Salzbourg l'appela brusquement à Vienne où ce prélat se trouvait alors. Traité avec mépris et considéré comme un valet, Mozart ne demandait qu'à quitter un maître aussi désagréable; à la suite de scènes scandaleuses dans lesquelles il se vit grossièrement insulté, il rompit tout commerce avec lui, et, sous la protection de l'empereur, se remit à la composition. Son opéra, l'Enlèvement au sérail (1782), fut très favorablement reçu, et Prague le joua après Vienne.

Un grand événement trouve ici sa place, le mariage de Mozart avec Constance Weber (16 août 1782), soeur cadette de cette Aloysia qui avait été l'objet de son premier amour, mariage heureux, en somme, si nous considérons comme secondaires les questions pécuniaires qui, certes, eurent pourtant lieu d'embarrasser fréquemment le jeune ménage, puisque Mozart, soit en donnant des leçons, soit surtout en jouant dans des concerts, gagnait à grand peine de quoi subvenir à l'existence commune.

En 1783, il fit exécuter une nouvelle messe à Salzbourg, puis à Vienne un opéra, lo Sposo deluso. Sur ces entrefaites, Léopold Mozart, qui n'avait consenti qu'avec une répugnance marquée au mariage de son fils avec Constance Weber, consentit enfin à voir sa bru, mais il ne la prit jamais en affection. Toutefois, la naissance d'un petit-fils réjouit le coeur du vieillard, qui vint passer deux mois à Vienne auprès de ses enfants (1785) et applaudit aux nouveaux succès de son fils en qui Haydn venait de saluer « le plus grand compositeur qu'il connût ». Ce fut leur dernière rencontre, et la maladie qui devait l'emporter deux ans plus tard commença à saisir Léopold Mozart dès son retour à Salzbourg. 

L'empereur Joseph II, qui aimait par-dessus tout la musique italienne, laissait végéter Mozart dont les compositions ne lui plaisaient qu'à demi. Cependant, sur les instances de la comtesse de Thun et du prince de Cobentzel, il fit représenter par les acteurs de la cour l'Enlèvement au sérail. Après une des représentations, le monarque dit au compositeur :

« C'est trop beau pour nos oreilles, mon cher Mozart, il y a là dedans trop de notes ! » 

« Que Votre Majesté me pardonne, répondit le musicien, il n'y en a pas une de trop ! » 

Peut-être est-il permis, en ce qui concerne l'Enlèvement, de trouver que Joseph II n'avait pas tout à fait tort! Mais rien ne saurait en tout cas excuser son manque de générosité à l'égard du grand homme qui illustrait son règne, et qu'il laissa longtemps sans honoraires. Ceux-ci furent enfin fixés à 800 florins. 

Un petit opéra, le Directeur de spectacle, représenté à Schoenbrunn en 1786, précéda de peu l'apparition des Noces de Figaro.
-

Statue de Mozart, à Salzbourg.
Statue de Mozart, à Salzbourg.

Le librettiste Da Ponte, qui avait transformé le Mariage de Figaro de Beaumarchais en un livret d'opéra, s'avisa de le confier à Mozart qu'il admirait fort. Le musicien s'éprit de son poème et travailla avec une telle ardeur qu'au bout de six semaines la partition se trouva terminée. Da Ponte demanda à l'empereur l'autorisation de faire jouer les Noces, - et l'obtint non sans peine, Joseph Il croyant entrevoir des dangers dans une représentation publique de la célèbre comédie, - même métamorphosée. Le chef-d'oeuvre fut donné an public le 1er mai 1786, et accueilli avec un indescriptible enthousiasme, en dépit des cabales qui avaient conspiré sa chute. Prague, à son tour, voulut entendre les Noces et leur fit un accueil encore meilleur. Mozart reçut de cette ville de chaudes ovations, et deux concerts qu'il y donna attirèrent une foule considérable.

L'impresario Bondini lui « commanda » un opéra pour la saison suivante. Le succès des Noces de Figaro ayant engagé Mozart à demander à Da Ponte un second livret, Don Juan fut choisi, et écrit à l'intention de ces habitants de Prague qui avaient si intelligemment fêté la partition précédente. En septembre 1787, le maître et sa femme vinrent habiter la capitale de la Bohème. Une représentation extraordinaire des Noces de Figaro, donnée en l'honneur de l'archiduchesse Marie-Thérèse, précéda de peu de jours la première exécution de Don Giovanni qui eut lieu le 29 octobre. Le succès fut complet, éclatant, inouï dans les annales musicales de Prague. Le 7 mai de l'année suivante l'oeuvre fut jouée à Vienne, mais dans des conditions bien différentes, tant au point de vue de l'interprétation qu'à celui de la compréhension du public.

Cependant la situation pécuniaire du maître ne s'améliorait guère, et lui causait de cuisants soucis dont sa santé ne manquait pas de se ressentir. Le travail était alors son grand consolateur, et il s'y livrait avec une ardeur indomptable. En cette même année 1788, il écrit ses trois dernières symphonies, sans parler d'assez nombreuses compositions inspirées par les oeuvres de Bach qu'il admirait profondément. Il prit part comme chef d'orchestre à des exécutions des oratorios de Haendel qui eurent lieu de 1788 à 1790, par les soins du baron Van Swieten, riche et fervent amateur de la musique des vieux maîtres. 

Dans l'espoir de se dégager un peu de ses embarras financiers, Mozart décida de suivre à Berlin son protecteur le prince de Lichnoswky. Après s'être arrêté à Dresde, puis à Leipzig où son talent d'exécutant excita le plus vif enthousiasme, il arriva à Berlin. Reparti immédiatement pour Potsdam, Mozart fut présenté par le prince au roi Frédéric-Guillaume II. Ce roi aimait la musique, était lui-même musicien et possédait un bon orchestre. Comme il priait son hôte illustre de lui faire connaître son sentiment à l'égard des musiciens de la chapelle royale: 

« Ces messieurs, répondit-il avec une naïve franchise, sont d'éminents virtuoses, mais s'ils jouaient ensemble, l'effet serait encore meilleur. » 
Le monarque, le prenant au mot, le pria d'opérer cette amélioration en acceptant le poste de maître de chapelle avec 3000 thalers d'appointements. Mais Mozart ne put se résoudre à « quitter son bon empereur ». On ne sait qu'admirer le plus, de la généreuse bonté du coeur de Mozart, ou de  l'incroyable conduite du « bon empereur » qui, après avoir craint un moment que le grand musicien ne cédât aux sollicitations du roi de Prusse, et l'avoir engagé à rester à son propre service, continua de le traiter aussi chichement que par le passé!

Un concert donné à Leipzig, un autre à la cour de Berlin, une reprise dans cette ville de l'Enlèvement au sérail, n'améliorèrent pas beaucoup l'état des affaires de Mozart. Le roi de Prusse, en lui demandant des quatuors, lui fit pourtant, à deux reprises, présent de 100 frédérics d'or. Outre ces deux quatuors, notons en 1789 une sonate pour clavecin, le quintette en la, des airs, des menuets et enfin un opéra bouffe : Cossi fan tutte, qui fut représenté à Vienne le 26 janvier 1790. 
-

Portrait de Mozart.
Portrait de Mozart.

Moins d'un mois après, Joseph ll mourait, et le pauvre grand homme, privé de son seul et bien insuffisant protecteur, se voyait, pour toute ressource, pourvu de l'emploi de maître de chapelle adjoint à la cathédrale, poste qui ne lui donnait droit à aucun genre d'appointements. La situation empirait; un nouveau voyage pour les frais duquel il avait été forcé d'emprunter sur son argenterie ne lui avait presque rien rapporté; un labeur plus acharné que jamais s'imposait en dépit de l'affaiblissement évident de sa santé. Parmi les pièces qui datent de cette époque, citons le célèbre Ave verum

En mars 1791, Schikaneder, impresario, auteur et acteur médiocre à qui ses entreprises avaient jusque-là peu réussi, s'en fut trouver Mozart et le supplia de venir à son aide en écrivant un opéra pour son théâtre. Précisément Schikaneder avait en portefeuille un livret de sa façon, la Flûte enchantée (ou  magique), qui lui semblait devoir, une fois accompagné de bonne musique, relever la fortune de son théâtre. Mozart, toujours disposé à secourir autrui, accéda à la demande de l'impresario-poète sans réclamer un ducat, mais en stipulant qu'aucune copie ne serait donnée de sa partition, afin qu'en cas de réussite il pût la vendre à d'autres théâtres. Nous devons à la vérité d'ajouter que Schikaneder ne se fit pas scrupule de violer la promesse qu'il avait faite dans ce sens, et de voler effrontément le bienfaisant musicien qui l'avait tiré de la misère.

Pendant que Mozart travaillait à sa partition, - en juillet 1791, - un étranger se présenta chez lui pour lui demander de composer une messe de Requiem, de la part d'une personne qui désirait demeurer inconnue. Mozart accepta et fixa à 100 ducats les honoraires qu'on lui disait d'arrêter lui-même. Le maître se mit immédiatement à l'ouvrage, mais peu à peu de sombres pensées l'envahirent, d'autant plus aisément que ses forces déclinaient de plus en plus : 

« Je suis sûr, » disait-il à sa femme, « que c'est pour mes propres funérailles que j'écris ce Requiem. » 
Cependant il fut obligé d'en interrompre la composition pour obéir au voeu des États de Bohème qui lui demandaient de composer un opéra à l'occasion du prochain couronnement de Léopold II. Il accepta, malgré la brièveté du délai qu'on lui accordait, et écrivit, aidé par son élève Sussmayer, la musique de la Clémence de Titus, sur un poème de Métastase

Au moment où il partait pour Prague, l'inconnu qui avait commandé le Requiem se présenta inopinément et lui en demanda des nouvelles. La Clémence de Titus fut jouée le 6 septembre 1794, et peu après le maître, revenu à Vienne, se remettait au travail pour terminer l'opéra promis à Schikaneder. La Flûte enchantée, achevée le 28 septembre, fut représentée deux jours plus tard, et le succès répondit aux voeux du directeur. Schikaneder était sauvé, mais Mozart était mourant. Il voulut tenir la parole donnée et terminer son Requiem, malgré l'état de prostration dans lequel il se trouvait et que coupaient de terribles accès. La maladie de poitrine qui le minait depuis si longtemps s'était compliquée d'une étrange affection nerveuse. Il s'imaginait qu'un ennemi l'avait empoisonné, - et on sait que Salieri fut soupçonné de ce crime, à tort. - Toujours est-il que l'idée de la mort hantait irrémissiblement la pensée du maître. Au milieu de novembre, il se sentit mieux et put même écrire une petite cantate pour la loge franc-maçonnique à laquelle il appartenait. Mais cette éclaircie fut de courte durée, et il retomba pour ne plus se relever, au moment où, par une cruelle ironie du sort, d'avantageuses propositions lui étaient faites de divers côtés. 

La Flûte enchantée continuait sa brillante carrière, et le pauvre compositeur, suivant sur sa montre la marche du temps, assistait par la pensée aux différentes phases de la représentation. Puis le Requiem reprenait possession du cerveau fiévreux que l'inflammation gagnait rapidement. Mozart s'écria, d'après un témoin de ses souffrances :

« Il faut donc mourir à l'heure où, délivré de ceux qui spéculaient sur mon travail, j'allais pouvoir travailler selon les inspirations de Dieu et de mon coeur! Quitter ma famille, mes pauvres petits enfants, au moment où j'aurais pu pourvoir à leur bien-être! M'étais-je trompé en affirmant que c'est pour moi-même que j'écrivais ce Requiem? »
Le 4 décembre, il demanda la partition et essaya d'en chanter un passage. Arrivé au Lacrymosa, il sentit qu'il ne pourrait pas en écrire la fin et se mit à sangloter. Le soir même, il donna à son élève Sussmayer les indications nécessaires à l'achèvement de cette funèbre composition. Puis il dit à sa belle-soeur Sophie Weber : 
« Je désire que vous passiez cette nuit auprès de moi pour me voir mourir. J'ai déjâ le goût de la mort sur la langue. Restez, ajouta-t-il, comme elle essayait de le dissuader, si vous partiez, qui donc assisterait ma Constance? »
Il donna aussi des instructions pour que sa place de maître de chapelle à l'église de Saint-Etienne fût dévolue à Albrechtsberger qui y avait droit, et l'obtint en effet. Son Requiem le hanta jusqu'à la fin, ses lèvres en s'entrouvrant laissaient échapper quelques sons qui s'y rapportaient. Un peu avant minuit, il se dressa sur son lit, les yeux fixes. Puis il retomba épuisé et quelques minutes plus tard il rendait le dernier soupir. 
-
Mozart mourant chante son Requiem.
Mozart mourant chante son Requiem. accompagné de quelques musiciens.

Le corps du maître, revêtu de la robe noire des confrères de la mort, fut exposé, visage découvert, sur une civière placée à coté de son clavecin. Il laissait à sa veuve et à ses deux enfants 200 florins environ. Les pièces du mobilier qui n'étaient encore ni engagées ni vendues pouvaient bien valoir 25 florins. Quant à cette foule d'admirables compositions qui devaient enrichir les éditeurs, ceux-ci ne songeaient nullement à en indemniser la veuve. Les dettes s'élevaient à 3000 florins. Le coût de ses obsèques, commandées par le baron Van Swieten, mais payées par Constance Mozart, fut de 14 florins, 56 kreutzers.

Le 6 décembre, à trois heures de l'après-midi, le convoi funèbre pénétrait dans la cathédrale, où les dernières prières furent brièvement dites. Un petit nombre de fidèles étaient présents : Salieri, qui voulait protester par cette démarche contre l'accusation calomnieuse que nous avons rapportée, Sussmayer, le maître de chapelle Roser, Deiner, Orsler, Van Swieten, généreux jusqu'à la fin. Le temps était effroyable, le vent et la pluie faisaient rage. Du seuil de l'église aux portes de la ville la tempête ne fit que s'accroître. Aussi, un par un , les assistants s'égrenèrent. Lorsque le corbillard arriva à l'entrée du cimetière, seuls les porteurs l'accompagnaient. 

Alors ils achevèrent, en une hâtive indifférence, leur banale et lugubre besogne, et, sans une parole d'adieu, sans une larme, sans même la présence muette d'un unique ami, le corps de Wolfgang Amadeus Mozart, maître de chapelle de la cathédrale de Vienne, compositeur de la chambre impériale, le favori des souverains et l'orgueil de son pays, ce corps abandonné, fut jeté à la fosse commune. Que l'on n'aille pas crier à l'ingratitude : moins de soixante-dix ans après sa mort, le 5 décembre 1859, son pays reconnaissant élevait à la mémoire du maître, par l'entremise de la ville de Vienne, un beau monument, à l'endroit où - peut-être - il avait été inhumé.
-

Statue de Mozart, à Vienne.
Statue de Mozart, à Vienne.

Les portraits qu'on a de Mozart nous montrent que sa figure était agréable, sans rien de frappant, son teint était pâle. On sait aussi que sa stature était peu élevée. Quant à son caractère, il était gai, ouvert, bienveillant, son esprit fin et enclin à la plaisanterie. Nul homme au monde n'aima davantage ses amis et ne jouit plus franchement de leur société. Toujours prêt, en dépit de sa pauvreté, à payer de sa personne et de sa bourse, il fut souvent la dupe d'aigrefins pour qui il était une proie facile. Mais ses mésaventures réitérées ne le corrigèrent pas et il pardonna toujours à ceux qui l'avaient trompé, au grand profit de leurs imitateurs. Ainsi que nous l'avons dit, Constance Weber, sa femme, l'aimait profondément et fut pour lui la compagne dévouée des bons et des mauvais jours. Elle sut mêler la tendresse maternelle à la tendresse conjugale dans l'amour qu'elle portait au grand enfant qu'était le grand artiste. Lui, de son côté, l'aimait passionnément et la soigna avec le plus complet dévouement pendant le cours d'une longue maladie. On raconte que, lorsqu'il était forcé de quitter momentanément la malade endormie, il ne s'éloignait pas d'elle sans avoir écrit à son intention quelques mots affectueux qu'en se réveillant elle trouvait à son côté. Ajoutons, en biographe consciencieux, que ce ménage, si recommandable d'ailleurs, était malheureusement dépourvu de l'esprit d'ordre et d'économie si nécessaire, surtout lorsqu'on ne peut compter que sur un revenu annuel de 800 florins, et que ce défaut lui nuisit considérablement dans l'esprit des Viennois éclairés. Peut-être fut-il cause, chez beaucoup de bons esprits, de la retenue qu'ils imposèrent à leur générosité naturelle, celle-ci se trouvant quelque peu choquée de « faire gagner de l'argent » à un artiste qui en ignorait si complètement la valeur.

Mozart était instruit en plusieurs sciences - principalement dans les mathématiques ; - il possédait la langue latine, de même que l'anglais, l'italien, le français et l'allemand. Ses lettres, fort intéressantes, prouvent qu'il savait écrire et même penser, et faire souvent preuve d'un bon sens qui n'excluait ni l'observation ni le trait spirituel.

La musique de Mozart

Si, après avoir brièvement retracé les principaux événements de la vie de Mozart, nous essayons maintenant de considérer son oeuvre, une expression se présente à nous qui semble la caractériser tout d'abord : cette oeuvre est la plus purement, la plus complètement musicale qui ait jamais été. En elle la musique absolue se crée, se développe, atteint sans efforts les plus hauts sommets. « Il écrivait la musique comme on écrit des lettres, » a dit Constance en parlant de son mari. En effet, rien de plus spontané que l'essor de cet intarissable fleuve mélodique qui coule et serpente à travers toutes ses compositions. Et sans doute l'histoire de l'art nous offre d'autres exemples de « mélodistes » féconds. Toutefois prenez garde qu'ici le fleuve, - qu'on nous laisse poursuivre notre comparaison - coule, il est vrai, à pleins bords, mais sans jamais inonder les campagnes qu'il fertilise et sans produire, de loin en loin, ces amas d'eau stagnantes qu'a parfois amenés l'excès de la fécondité. Le goût le plus pur et le plus délicat préside chez Mozart à la formation de son oeuvre, en règle les proportions, en détermine les moindres détails et, loin d'amoindrir l'inspiration, la dégage au contraire et lui donne en quelque sorte conscience d'elle-même.

Nous n'avons parlé ici que des qualités natives. Est-ce à dire que la science aura été inutile à si grand artiste, et qu'il l'était peut-être assez pour dédaigner un tel secours? Ce serait mal connaître et la science et Mozart. Nous avons vu au cours de cette esquisse biographique que, guidé par la prudente sagesse de son père, le jeune Wolfgang avait fait de solides études. Le Gradus de Fux a été son bréviaire. Il a soigneusement pratiqué les auteurs contemporains. En Italie il s'est approprié les formes de l'ancienne musique religieuse, il a sondé les merveilles de l'art polyphonique. Puis une révélation s'est faite : Bach, apparaissant à ses yeux, les a soudainement ouverts à une plus éblouissante lumière :

 « Il est le père, s'écrie-t-il, nous sommes ses enfants. » 
Ce cri, presque tous les grands musiciens le répéteront après lui, et à ceux - très rares - qui n'auront pas été élevés à l'école du vieux cantor, quelque chose manquera que rien ne pourra remplacer. Au reste, tout ce qui est digne de son admiration, Mozart l'admire. Il aime admirer, marque infaillible d'un grand azur et d'un grand esprit : Haendel, Haydn, Gluck, sont à juste titre les objets de sa prédilection. Est-il étrange, d'autre part, que la musique médiocre lui ait été insupportable? Essayons de jeter un rapide coup d'oeil sur les principales divisions de son oeuvre. 

Pianiste incomparable, ses contemporains, Clementi entre autres, rendent hommage au charme et à la grâce de ce jeu dont Haydn a dit, qu' « il allait au coeur ». Il est donc tout naturel que Mozart ait beaucoup écrit pour son instrument favori. Ces compositions sont remarquables par la clarté, la facilité mélodique et l'absence de tout déploiement de difficultés incompatibles avec le cadre de l'oeuvre. De nombreuses variations brodent avec une délicatesse et une richesse inouïes le simple contour d'un thème choisi.

On trouve, dans ses sonates et dans ses concertos le développement de ces principes de proportion et de subordination qui donnent à toute son oeuvre un caractère si particulier d'ordre et de repos. Les concertos, envisagés sous le rapport de l'union parfaite entre l'instrument solo et l'orchestre, sont des modèles du genre. Les mêmes qualités se retrouvent dans sa musique de chambre. Les seize quatuors pour instruments à cordes, jugés trop longs par quelques contemporains, n'encourraient plus maintenant un tel reproche; les six d'entre eux que Mozart dédia à Haydn sont absolument exquis. Dans ses concertos pour violon, on discerne aisément le remarquable violoniste qu'il était. Dans ses quintettes et dans ses diverses compositions pour instruments à vent - seuls ou mélangés avec les cordes - nous admirons cette entente des timbres que nous allons plus spécialement considérer en parlant de ses symphonies.

Après avoir profité de l'exemple d'Haydn - qui devait plus tard, en revanche, profiter de celui de Mozart - celui-ci, bien pourvu des connaissances techniques nécessaires, aborda résolument un genre qu'il devait marquer d'une ineffaçable empreinte. Outre les éléments que nous avons déjà remarqués dans ses autres compositions, nous en trouvons là un nouveau, à savoir l'individualité des instruments portée à un degré qui n'avait pas été atteint jusque-là. Les instruments à vent ne se contentent plus de renforcer le quatuor; ils ont conquis leur indépendance et, se joignent pour leur propre compte à la trame orchestrale. Celle-ci est tissée avec une exquise délicatesse et semble douée d'une vie singulièrement intense. Wagner a pu écrire avec raison de la musique instrumentale de Mozart : 

« Il n'en est pas qui, autant que la sienne, se rapproche de la voix humaine, et qui, par le choix des timbres, en donne mieux l'illusion. » 
La coupe et la distribution des différentes parties de l'oeuvre symphonique sont chez Mozart nettement déterminées, le développement des thèmes se produit librement, sans parcimonie comme sans exagération, et, si la symphonie est appelée avec Beethoven à de plus hautes destinées, au moins peut-on affirmer que, dans le genre créé par Mozart, elle ne sera ni dépassée ni même égalée.

Ne cherchons pas dans les Litanies ou dans les Messes du maître d'expression plus personnelle de son âme que la pieuse tendresse dont elles sont imprégnées. Mais que dirons-nous de ce Requiem dont chaque note fut écrite d'une main que la mort glaçait déjà, où semblent passer des soupirs funèbres, que le moribond, au moment où les paroles liturgiques sortaient de son cerveau enveloppées de chants d'adieu, croyait entendre accompagner ses propres funérailles! Qu'en dirons-nous, sinon que la tristesse en est grande et parfois confine au désespoir; mais souvent aussi la frayeur s'apaise et, parmi l'évanouissement des visions terrifiantes, la prière se glisse, monte et s'épanouit comme une fleur de lumière, sous les purs rayons de la grâce.

Nous avons dit que Mozart avait confié à son élève Sussmayer la tâche de compléter l'oeuvre inachevée. Le disciple s'acquitta pieusement de ce soin, termina les pages ébauchées et écrivit le Sanctus, le Benedictus et l'Agnus Dei.

Si maintenant nous envisageons en Mozart le compositeur dramatique, il nous apparaît comme le fondateur d'une école dont tous les musiciens qui ont écrit pour la scène ont été plus ou moins les disciples. L'importance donnée à l'orchestre, même dans les simples accompagnements, le caractère symphonique qu'il y garde toujours, le dédain des formes conventionnelles relatives à la longueur et à la construction des airs, l'expression exacte et achevée du sentiment dramatique, enfin la clarté de l'harmonie, l'abondance et la pureté de la veine mélodique, nous frappent incontestablement dans ses opéras. Dès ses premiers essais dans le genre pastoral et dans le genre bouffe : Bastien et Bastienne et la Finta Semplice, il s'élève immédiatement au-dessus des productions contemporaines. Mithiridate, Lucio Silla, la Finta Giardiniera marquent de nouveaux progrès. ldoménée correspond à un pas décisif. C'est l'operia seria italien amené à son plus haut degré de perfection. Passons rapidement sur le charmant et naïf Enlèvement au sérail et arrivons aux Noces de Figaro.

C'est ici le lieu d'observer que la vis comica fait défaut à Mozart. Son Figaro n'est pas le barbier effronté des comédies de Beaumarchais, si spirituellement traduit en musique par Rossini. La gaieté de Mozart, toujours douce et même discrète, amène le sourire aux lèvres de l'auditeur, mais sans les distendre jusqu'au rire. Devons-nous le regretter, quand, à ce prix, nous trouvons chez lui en revanche une exquise sensibilité à laquelle nulle pudeur n'est étrangère, la beauté réalisée dans la perfection de la forme, et cette grâce enfin dont un poète a pu justement dire qu'elle est « plus belle encore que la beauté ».

Beaumarchais eût estimé sans doute que son Figaro avait perdu, sous les mains de Mozart, une partie de sa verve et de son entrain satiriques; mais qui ne sentira combien les personnages de la Comtesse et de Chérubin y ont gagné en intensité d'expression, en charme idéal. L'air célèbre, « Voi che sapete che cosa é amor », demeurera l'un des plus touchants soupirs qu'ait exhalés l'amour; il nous poursuivra désormais lors même que la comédie seule se jouera devant nos yeux, et son exquise mélancolie, nous accompagnant à travers le déroulement des scènes, se mêlera dans l'ombre au souffle de la brise qui vient frémir le soir « sous les grands marronniers ».
-

Mozart, portrait en pied.
Mozart, portrait en pied.

Tout a été dit sur Don Juan (Don Giovanni), tout ce qui devait être dit - et le reste. Les sentiments, les passions, les caractères, si divers, si personnels, y sont traités avec une égale supériorité. A ceux qui reprocheraient à Mozart d'avoir un tant soit peu adouci les traits de son héros et métamorphosé en un élégant et joyeux viveur le tragique libertin de la légende, nous répondrons d'abord que le Don Juan du librettiste da Ponte n'est pas le satanique Burlador de Sevilla de Tirso de Molina, ni même le Don Juan Tenorio de Molière, et ensuite que le Don Giovanni fut publié avec cette mention dramma giacoso (Komische oper porte une partition allemande) qui nous permet d'y voir plutôt une sorte de Zampa d'un peu plus grande envergure. Le sous-titre ajoute : Ossia il dissoluto punito, et l'intervention de la statue du Commandeur, imposée par la légende, arrive à point pour ce châtiment nécessaire. Quant à la musique, elle se meut dans ce cadre, souvent agrandi à tort par des exécutions aussi maladroites que bien intentionnées, avec une souplesse, une agilité, une sobriété sans pareilles. La note tragique se fait entendre, sublime, dans la scène du cimetière, et il semble qu'au contact de la main glacée du convive de marbre Don Juan s'élève au-dessus de lui-même. Nulle oeuvre ne résume plus complètement l'art unique de Mozart, dans sa grâce, dans sa puissance, dans cet incomparable équilibre qui le caractérise si particulièrement.

Il lui était réservé d'entrer, avec la Flûte magique, ou Flûte enchantée, en un monde nouveau. Sur ce livret baroque, composite, maintes fois remanié par son auteur, Mozart a su écrire une musique de rêve, tour à tour naïve, féerique, tendre, austère, grandiose. Là il fut vraiment le musicien allemand qui ouvrait une ère glorieuse et frayait le chemin à ses successeurs, et Beethoven ne se trompait pas quand il saluait en cet opéra le chef-d'oeuvre du maître. (René Brancour).

Nous avons dit plus haut combien étonnante était la facilité dont Mozart faisait preuve en écrivant ses compositions. Après avoir très succinctement passé en revue quelques-unes de celles-ci, nous désirons laisser la parole au maître lui-même qui, dans une lettre adressée à Moschelès, lui fournit les détails suivants sur sa manière de composer :

« Vous dites que vous aimeriez savoir de quelle façon je procède en composant, et quelle est la méthode que j'emploie pour les ouvrages de quelque étendue [...]. Quand je suis, pour ainsi dire, complètement moi-même, tout à fait seul, et de bonne humeur - soit que je voyage en voiture, ou que je marche après un bon dîner, ou que pendant la nuit je ne puisse dormir - c'est alors que mes idées viennent le mieux et en plus grande abondance. D'où et comment elles viennent, je l'ignore, et je ne peux les forcer à venir. Je conserve dans ma mémoire celles de ces idées qui me plaisent, et j'ai l'habitude de me les fredonner à moi-même. Je ne tarde pas à m'aviser que je puis alors arranger tel ou tel morceau de manière à en faire un bon plat, j'entends suivant les règles du contrepoint, les particularités des différents instruments, etc. 

Tout ceci met le feu à mon âme, et, pourvu que je ne sois pas dérangé, mon sujet s'élargit de lui-même, devient bien défini et arrangé avec méthode, et le tout, quelle qu'en soit la longueur, se dresse presque complètement fini dans mon esprit, de telle sorte que je puis l'envisager d'un coup d'oeil, ainsi qu'une belle peinture ou une belle statue. Car je n'entends pas en imagination les parties successivement, mais, si je puis ainsi dire, toutes ensemble. Je ne saurais exprimer la jouissance que j'en éprouve. Toute cette invention, cette production prennent place comme en un rêve charmant et vivant [...].

Quand je veux ensuite coucher par écrit mes idées, je retire du sac de ma mémoire, si je peux me servir de cette image, ce qui s'y est déposé de la façon que je viens de retracer; c'est pour cette raison que cette besogne est assez vivement faite, chaque chose étant déjà terminée, et l'écriture diffère rarement de la pensée qui l'a précédée [...]. Maintenant, pourquoi mes productions ont-elles cette forme et ce style particuliers qui les font « Mozartish » et différentes de celles des autres compositeurs? Cela tient probablement à la même cause qui fait que mon nez est de telle et telle forme, large ou aquilin, en un mot le nez de Mozart, et différent du nez des autres, car réellement je ne m'efforce pas de viser à l'originalité [...]. »

Voici, d'après le catalogue de Breitkopf et Härtel, une liste des oeuvres de Mozart :

Oeuvres vocales 

15 messes. - 4 litanies, 2 vêpres; 1 Dixit et Magnificat. - 4 Kyrie, 1 madrigal; 4 Veni Sancte; 1 Miserere, 1 antienne; 3 Regina Caeli, 4 Te Deum, 2 Tantum ergo; 2 airs d'église en allemand, 9 offertoires; 1 De Profundis, 1 air pour soprano, 1 motet pour soprano, 1 motet pour quatre voix, 1 graduel, 2 hymnes. - Cantate de la passion, la Betulia liberata, oratorio; Davidde penitente, cantate; Die Maurerfreude, cantate; Eine Kleine Freimaurer, cantate. - Die Schuldigkeit des ersten Gebothes, opéra sacré en trois parties (dont Mozart a écrit seulement la première); Apollo et Hyacinthus, comédie latine; Bastien et Bastienne, opérette allemande en un acte; la Finta semplice, opéra bouffe en trois actes; Mithridate, Re di Ponto, opéra en trois actes; Ascanio in Alba, sérénade théâtrale en deux actes; le Songe de Scipion, sérénade dramatique en un acte; Lucio Silla, drame musical en trois actes; la Finta Giardiniera, opéra bouffe en trois actes; Il re Pastore, cantate dramatique en deux actes; Zaïde, opéra allemand en deux actes; choeurs et entr'actes pour Thamos, König in Aegypten, drame héroïque; Idomeneo, Re di Creta, opéra sérieux en trois actes; Die Entführung aus dem Serail, opéra-comique en trois actes; Der Schauspiel-director, comédie avec musique en un acte; le Nozze di Figaro, opéra bouffe en quatre actes; Il dissoluto punito, ossia Il Don Giovanni, opéra bouffe en deux actes; Cosi fan tutte, opéra bouffe en deux actes; la Clemenza di Tito, opéra sérieux en deux actes; Die Zauberflöte, opéra allemand en deux actes. - 27 airs, 1 rondo pour soprano avec orchestre obligé, 1 autre pour alto, 8 autres pour ténor, 5 pour basse, - 1 ariette pour basse, 1 chanson guerrière allemande, 1 duo pour deux soprani, 1 duo comique pour soprano et basse; 6 terzettos, 1 quatuor. - 34 lieder pour voix seule avec accompagnement de piano, 1 lied avec choeur et orgue; 1 choeur à trois parties avec orgue; 1 terzetto comique avec accompagnement de piano; 20 canons pour différents nombres de voix.

Oeuvres instrumentales

Orchestre. -  41 symphonies. - 28 divertissements, sérénades et Cassationen pour
orchestre, 3 divertissements  pour deux violons, alto, 2 cors et violoncelle. - 9 marches pour orchestre; 2 mouvements symphoniques; musique funèbre maçonnique pour orchestre; plaisanterie musicale pour 2 violons, alto, violoncelle et 2 cors; 1 sonate pour basson et 

violoncelle; court Adagio pour 2 cors de basset et basson; Adagio pour 2 clarinettes et 3 cors de basset; Adagio pour harmonica. Adagio et allegretto pour harmonica, flûte, hautbois, alto et violoncelle; Adagio et allegretto pour une horloge à musique; fantaisie pour la même; Andante pour un petit orgue à manivelle. - 25 numéros variés de musique de danse pour orchestre. - Concertos et pièces moins importantes pour orchestre, 6 concertos pour violon, 3 pièces brèves pour violon; 1 concerto pour 2 violons solos; 1 symphonie concertante pour violon et alto; 1 concerto pour basson; 4 concerto pour flûte et harpe; 2 concertos pour flûte; 1 Andante pour flûte; 4 concertos pour cor; 4 concerto pour clarinette.

Musique de chambre. - 7 quintettes pour 2 violons, 2 altos et violoncelle; 1 quintette pour 1 violon, 2 altos, cor et violoncelle; 1 quintette pour clarinette, 2 violons, alto et violoncelle. - 26 quatuors pour 2 violons, alto et violoncelle; 1 nocturne pour 2 violons, alto, violoncelle et contrebasse; Adagio et fugue pour 2 violons, alto et violoncelle; 4 quatuor pour hautbois, violon, alto et violoncelle; 3 quatuors pour flûte, violon, alto et violoncelle. - 2 duos pour violon et alto; 1 duo pour 2 violons; 1 divertissement pour violon, alto et violoncelle.

Musique pour le piano. - 25 concertos pour piano et orchestre; 1 concerto pour 2 pianos; 1 concerto pour 3 pianos; 1 rondo de concert. - 1 quintette pour piano, hautbois, clarinette, cor et basson; 2 quatuors pour piano, violon, alto et violoncelle; 7 trios pour piano, violon et violoncelle; 1 trio pour piano, clarinette et alto. - 42 sonates pour piano et violon; Allegro pour les mêmes; 12 variations pour les mêmes; 6 variations pour les mêmes. - 5 sonates pour piano à 4 mains; Andante suivi de 5 variations pour le même; fugue pour 2 pianos; sonate pour 2 pianos. - 17 sonates pour piano; fantaisie et fugue, 3 fantaisies pour piano. -15 séries de variations pour piano. - 18 pièces brèves pour piano; cadences pour concertos de piano.

Musique pour l'orgue. - 17 sonates, avec accompagnement instrumental.

Compositions inachevées ou d'une athenticité douteuse. Transcriptions

Messe de Requiem; l'Oca del Cairo, opéra bouffe; lo Sposo deluso, opéra bouffe; accompagnements ajoutés à diverses oeuvres de Haendel; 5 fugues extraites du Wohltemperirte Klavier de J.-S. Bach, et arrangées pour quatuor à cordes; 3 sonates de Johann Bach, arrangées sous forme de concerto pour piano, 2 violons et violoncelles, etc. 

Vidéos Youtube.

Cliquez sur les images pour afficher les vidéos.
Mozart : 40e symphonie (Premier mouvement).
Mozart : Requiem (Tuba Mirum).
Mozart : Requiem (Tuba Mirum).
40e symphonie (Premier mouvement; 7 mn 36 s).
La Flûte enchantée (air de la Reine de la nuit; 3 mn 29 s). Requiem
(Tuba Mirum; 3 mn 30 s).

 


Sophie Zadikian , Cosi fan tutte de Mozart, l'opéra incompris, L'Harmattan, 2007.
.


Dictionnaire biographique
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z
[Aide][Recherche sur Internet]

© Serge Jodra, 2007 - 2014. - Reproduction interdite.