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Huysmans

Huysmans (Cornelis), plus connu sous le nom d'Huysmans de Malines, peintre flamand, né à Anvers en 1648, mort à Malines en 1727. Son père, Henri, était architecte. Orphelin de bonne heure, il fut élève de Gaspard de Witte, à Anvers, et de Jacques d'Arthois, à Bruxelles, où il recevait 7 sols par jour pour des études d'après nature que le maître utilisait; puis s'établit à Malines malgré les instances de Van der Meulen, qui voulait l'introduire à la cour de France. Il a peint les fonds de deux tableaux de Van der Meulen, aujourd'hui au Louvre, représentant une Vue de la ville et du château de Dinan, sur la Meuse, et une Vue de la ville de Luxembourg. Reçu franc maître de la gilde de Malines en 1688, il quitta cependant cette ville en 1702, pour aller dans sa ville natale, où il fut reçu franc maître de la gilde en 1706. C'est seulement en 1716 qu'il revint vivre à Malines, où il mourut à un âge très avancé.

Huysmans de Malines est un des plus grands peintres paysagistes que la Flandre ait produits. Ses paysages étoffés d'excellentes petites figures d'humains et d'animaux ont un caractère bien marqué, qui les fait facilement reconnaître; ils sont admirables non seulement par l'arrangement pittoresque, mais par un vif sentiment de la nature; l'exécution en est large et riche, la couleur intense dans les verdures, éclatante dans les ciels. L'un de ses quatre Intérieurs de forêts du musée du Louvre est le seul tableau, avec une superbe marine de J. Ruysdael, qui supporte l'écrasant voisinage du Bon Samaritain de Rembrandt

Huysmans de Malines a collaboré avec Biset, Gonzalès Coques, Van Minderhout, J. Van Regenmoorter, H. Goovaerts et Balth. Van der Bossche.
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Huysmans : paysage.
Paysage de forêt, par Cornelis Huysmans.

Il a eu un fils, Pierre-Balthazar, né à Malines en 1684, mort à Anvers en 1706, qui fut élève de F. Van Bloeman. En dehors du Louvre, Huysmans de Malines a de nombreux ouvrages dans les musées de Bruxelles, Londres, Edimbourg, Rouen, Dresde, Berlin, Munich, Saint-Pétersbourg, New York.

Huysmans (Joris-Karl), romancier né à Paris le 5 février 1848 et mort dans la même ville le 12 mai 1907, d'une famille originaire de Flandre et qui compta, parmi ses membres, différents peintres célèbres (V. ci-dessus); c'est ainsi qu'on a pu dire de leur descendant qu'il ne fit que transposer dans la littérature leurs qualités d'observation minutieuse et de réalisme poussé jusqu'à la trivialité. Il y faudrait ajouter pour les derniers ouvrages de Huysmans une tendance au mysticisme, qui n'est pas incompatible, d'ailleurs, avec un certain fonds de grossièreté naturelle et de «-primitivité » d'esprit; et cela, joint à un l'on ne sait quoi de précieux, de contourné et de bizarre dans l'expression, ne laisse pas que de faire un mélange assez intéressant.

Joris-Karl Huysmans débuta en 1875 par le Drageoir aux épices, recueil de poèmes en prose dans la manière noire d'Edgar Poë et de Baudelaire et que suivit presque aussitôt Marthe, histoire d'une jeune fille (Bruxelles, 1878) et Quelle histoire! Puis vinrent les Soeurs Vatard (1879); Croquis parisiens (1880); En Ménage (1881); A Vau l'eau (1882); A Rebours (1884); En Rade (1887); Un Dilemme (1888); Là-Bas (1890); En route (1895, première partie d'une trilogie complétée par La cathédrale (1898) et l'Oblat (1901). A signaler encore une nouvelle dans les fameuses Soirées de Médan; un recueil d'articles sur les peintres impressionnistes (l'Art moderne); une plaquette sur la Bièvre, etc. 
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Une confession

« La porte s'ouvrit : Durtal terrifié n'osa fixer le confesseur, en lequel il reconnut le grand trappiste au profil impérieux, celui qu'il croyait être l'abbé du monastère. Suffoqué, il recula sans proférer un mot. Surpris de ce silence, le prieur dit :

« Vous avez demandé à vous confesser, Monsieur ? »

Et, sur un geste de Durtal, il lui désigna le prie-Dieu posé contre mur, et lui-même s'agenouilla, en lui tournant le dos.

Durtal se roidit, s'éboula sur ce prie-Dieu et perdit complement la tête. Il avait vaguement préparé son entrée en matière, noté des points de repère, classé à peu près ses fautes; il ne se rappelait plus rien.

Le moine se releva, s'assit sur une chaise de paille, se pencha sur le pénitent, l'oreille ramenée par la main en cornet, pour mieux entendre.

Et il attendit.

Durtal souhaitait de mourir pour ne pas parler; il parvint cependant à prendre le dessus, à refréner sa honte; il desserra les lèvres, et rien ne sortit; il resta accablé, la tête dans ses mains, retenant les larmes qu'il sentait monter.

Le moine ne bougeait pas.

Enfin, il fit un effort désespéré, bredouilla le commencement du Confiteor et dit :

«Je ne me suis pas confessé depuis mon enfance; j'ai mené depuis ce temps-là une vie ignoble, j'ai... »

Les mots ne vinrent pas.

Le trappiste demeurait silencieux, ne l'assistait point.

« J'ai commis toutes les débauches..., j'ai fait tout..., tout... » 

Il s'étrangla, et les larmes contenues partirent; il pleura, le corps secoué, la figure cachée dans ses mains.  Et comme le prieur, toujours penché sur lui, ne bronchait point.

« Mais je ne peux pas, cria-t-il, je ne peux pas! »

Toute cette vie qu'il ne pouvait rejeter l'étouffait; il sanglotait, désespéré par la vue de ses fautes et atterré, de se trouver ainsi abandonné, sans un mot de tendresse, sans un secours. Il lui sembla que tout croulait, qu'il était perdu, repoussé par Celui-là même qui l'avait pourtant envoyé dans cette abbaye!

Et une main lui toucha l'épaule, en même temps qu'une voix douce et basse disait :

« Vous avez l'âme trop lasse pour que je veuille la fatiguer par des questions; revenez à neuf heures, demain, nous aurons du temps devant nous, car nous ne serons pressés, à cette heure, par aucun office; d'ici là, pensez à cet épisode du Calvaire : la croix, qui était faite de tous les péchés du monde, pesait sur l'épaule du Sauveur d'un tel poids que ses genoux fléchirent et qu'il tomba. Un homme de Cyrène passait là, qui aida le Seigneur à la porter. Vous, en détestant, en pleurant vos péchés, vous avez allégé, vous avez délesté, si l'on peut dire, cette croix du fardeau de vos fautes, et, l'ayant rendue moins pesante, vous avez ainsi permis à Notre-Seigneur de la soulever. Il vous en a récompensé par le plus surprenant des miracles, par le miracle de vous avoir attiré de si loin ici. Remerciez-le donc de tout votre coeur et ne vous désolez plus. Vous réciterez aujourd'hui pour pénitence les Psaumes de la Pénitence et les Litanies des Saints. Je vais vous donner ma bénédiction. »

Et le prieur le bénit et disparut. »
 

(J.-K. Huysmans, En route).

Les conceptions de Huysmans, les romanesques surtout, ne frappent pas par une très grande variété; ce sont, à proprement parler, autant de variations sur ce thème de la sagesse bouddhique : toute agitation est vaine ; le mieux ne se rencontre jamais; le pire seul arrive. Cependant Huysmans paraît s'être fait une manière nouvelle avec Là-Bas

Philosophiquement, il semble avoir renoncé au positivisme de l'école et s'être jeté du premier coup aux frontières extrêmes de l'idéalisme, à la magie noire et à la sorcellerie. Ses démêlés avec Guaïta, autre cabaliste, expert en envoûtements, dont les sympathies lui avaient paru suspectes, ont été célèbres. (Ch. Le Goffic).

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Dictionnaire biographique
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