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L'Amérique précolombienne

 

Peuplement initial des Amériques

Le peuplement initial des Amériques s'est déroulé entre environ 20 000 et 10 000 av. JC à partir du Nord-Est de l'Asie. Des découvertes en archéologie, en génétique et en paléoclimatologie permettent d'avoir une idée des voies migratoires empruntées et les conditions de vie des premiers habitants du continent.

La période glaciaire du Dernier maximum glaciaire (entre 26 500 et 19 000 ans av. JC) a joué un rôle essentiel dans le peuplement des Amériques. À cette époque, une grande partie des océans était gelée, ce qui a fait baisser le niveau de la mer et révélé une étendue de terre, appelée la Béringie, reliant la Sibérie (Asie) à l'Alaska (Amérique du Nord). Cet "pont terrestre" béringien a permis la migration de populations humaines et d'animaux.

Les premières migrations humaines.
Les premiers migrants ont probablement quitté l'Asie il y a environ 20 000 à 15 000 ans, utilisant la Béringie pour atteindre les Amériques. Deux hypothèses principales (qui ne sont pas nécessairement exclusives) expliquent les routes empruntées par ces populations :

• Hypothèse du couloir libre de glace. - Il existe un passage potentiel entre les inlandsis laurentiens et cordillériens, qui aurait permis aux groupes humains de migrer depuis le nord jusqu'aux territoires de l'actuel Canada, puis vers le sud, vers les Grandes Plaines et l'Amérique centrale.

• Hypothèse de la route côtière. - Des groupes auraient longé la côte ouest du continent, profitant de ressources marines et progressant vers le sud. Des découvertes archéologiques le long de la côte ouest de l'Amérique du Nord, comme des sites en Colombie-Britannique et en Californie, tendent à soutenir cette théorie.

Les plus anciens sites archéologiques confirmant une présence humaine en Amérique du Nord remontent à environ 15 000 ans, comme le site de Monte Verde au Chili. Les fouilles de ce site montrent une occupation humaine avec des restes d'outils, de structures et de vestiges alimentaires.

Sur le plan génétique, l'étude de l'ADN mitochondrial et de l'ADN nucléaire des populations amérindiennes actuelles montre des liens avec les populations de Sibérie et du nord de l'Asie. Ces analyses confirment que les Amérindiens partagent des ancêtres communs avec des groupes eurasiens ayant migré vers les Amériques.

Les cultures paléo-indiennes.
Les premiers habitants des AmĂ©riques  ou PalĂ©o-Indiens,  ont dĂ©veloppĂ© des outils lithiques, notamment des pointes de projectiles comme les pointes de Clovis, reconnaissables Ă  leur forme en flĂ»te, qui leur permettait d'ĂŞtre fixĂ©es sur des lances. Ces outils suggèrent que ces groupes Ă©taient des chasseurs spĂ©cialisĂ©s, notamment pour la chasse de grands animaux comme le mammouth, le bison et autres reprĂ©sentants de la mĂ©gafaune de l'Ă©poque.
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Les changements climatiques et l'activité humaine ont entraîné une disparition progressive de la mégafaune (fin du Pléistocène, environ 10 000 av. JC). La raréfaction de ces ressources aurait poussé les Paléo-Indiens à diversifier leurs modes de subsistance, menant ainsi à l'évolution des cultures archaïques, plus adaptées aux nouveaux écosystèmes.

Développement des premières sociétés agricoles

Le développement des premières sociétés agricoles en Amérique (entre 10 000 et 3000 av. JC environ) a marqué une étape majeure dans l'histoire des civilisations du continent. Au fil de plusieurs millénaires, des groupes de chasseurs-cueilleurs se sont progressivement tournés vers des pratiques agricoles, une transformation qui a changé leurs modes de vie et permis l'émergence de sociétés plus complexes.

Après la dernière pĂ©riode glaciaire, les conditions climatiques en AmĂ©rique ont connu un rĂ©chauffement progressif, crĂ©ant des Ă©cosystèmes plus stables et diversifiĂ©s. Dans plusieurs rĂ©gions, ces conditions ont favorisĂ© la domestication de certaines plantes et l'Ă©tablissement de populations sĂ©dentaires. Les zones particulièrement propices au dĂ©veloppement de l'agriculture Ă©taient  les vallĂ©es du Mexique et du sud-ouest des États-Unis (zone mĂ©soamĂ©ricaine), les Andes et les vallĂ©es fluviales d'AmĂ©rique du Sud (PĂ©rou, Équateur), et les zones tropicales d'AmĂ©rique centrale et d'AmĂ©rique du Sud.

La domestication des plantes et des animaux
Le développement de l'agriculture a pris différentes formes selon les régions, mais plusieurs plantes de base ont été domestiquées durant cette période, contribuant de façon déterminante à la sécurité alimentaire des premières sociétés agricoles :

• Le maïs (Zea mays). - Originaire du Mexique, le maïs est l'une des premières plantes domestiquées en Mésoamérique. Sa domestication remonte à environ 9000 ans, lorsque les agriculteurs ont commencé à sélectionner les variétés les plus adaptées à leurs besoins. Le maïs est rapidement devenu un aliment de base, permettant de nourrir des populations de plus en plus nombreuses.

• Les courges et les haricots. - Ces cultures complétaient la production de maïs et offraient une alimentation équilibrée et permettant des systèmes agricoles basés sur la rotation et la complémentarité des plantes (la technique des "trois sœurs" : maïs, courge, haricot).

• La pomme de terre (Solanum tuberosum). - Dans les Andes, les populations locales ont domestiqué la pomme de terre il y a environ 8000 ans. Ce tubercule résistant au froid a joué un rôle vital dans l'alimentation des populations andines.

• Le manioc (ou yuca) . - Dans les régions tropicales d'Amérique du Sud, le manioc est devenu une source de glucides essentielle pour les populations.

En dehors des plantes, quelques espèces animales ont également été domestiquées dans les Andes, notamment les lamas et les alpagas pour leur laine et leur utilisation comme bêtes de somme, ainsi que le cochon d'Inde comme source de nourriture.

L'émergence des premiers villages et sociétés sédentaires
Grâce à l'agriculture, des villages permanents ont commencé à émerger. La sédentarisation a permis aux populations d'accumuler des surplus alimentaires, ce qui a facilité la croissance démographique et la diversification des activités économiques. Cela a également donné lieu à la spécialisation des tâches, l'échange de produits et la création de réseaux commerciaux.

Parmi les plus anciens villages agricoles connus dans les Amériques, on relève Guila Naquitz au Mexique, où des restes de maïs ancien et de courges domestiquées ont été découverts, et Caral au Pérou, un site considéré comme l'une des premières villes de l'hémisphère occidental (autour de 2600 av. JC), avec des structures monumentales qui témoignent d'une organisation sociale complexe.

La transition vers l'agriculture a transformĂ© les structures sociales et culturelles des populations amĂ©ricaines. Les surplus alimentaires ont permis l'Ă©mergence de classes sociales distinctes, de chefs et de prĂŞtres, ainsi que de nouvelles formes d'organisation politique. De plus, les activitĂ©s agricoles Ă©taient  reliĂ©es Ă  des croyances religieuses, avec des rites et des pratiques qui visaient Ă  garantir de bonnes rĂ©coltes.

Le dĂ©veloppement de l'agriculture a aussi entraĂ®nĂ© des avancĂ©es technologiques, telles que les techniques de conservation (stockage des grains et sĂ©chage des tubercules),   les outils agricoles (production de haches, de houes et de pierres Ă  broyer) et  l'irrigation. Dans les Andes, par exemple, les populations ont dĂ©veloppĂ© des terrasses agricoles et des systèmes d'irrigation avancĂ©s pour maximiser les rendements agricoles en terrains montagneux.

L'apparition des cultures précolombiennes.
Entre 4000 et 3000 av. JC, des sociétés agricoles plus organisées ont commencé à se développer, jetant les bases des grandes civilisations précolombiennes, comme les Olmèques en Mésoamérique et les Chavín dans les Andes. Ces premières cultures agricoles ont établi des réseaux d'échange, des systèmes de croyances et des structures de pouvoir qui ont influencer profondément les civilisations ultérieures, comme les Mayas, les Aztèques et les Incas.

Les grandes civilisations mésoaméricaines

Les grandes civilisations mĂ©soamĂ©ricaines (c'est-Ă -dire qui  se sont Ă©panouies au Mexique, au Belize, au Guatemala, au Honduras et au Salvador actuels) ont marquĂ© l'histoire du continent amĂ©ricain entre 2000 av. JC. et 1500 ap. JC, jusqu'Ă  l'arrivĂ©e des EuropĂ©ens. Les principales sont celles des Olmèques, des Mayas, des Zapotèques, des Toltèques et des Aztèques. 

La civilisation olmèque.
Les Olmèques (environ 1500 - 400 av. JC) sont considérés comme la "civilisation mère" de Mésoamérique, car leurs réalisations ont influencé les cultures qui leur succéderont. Cette civilisation s'est développée dans les basses terres côtières du golfe du Mexique (actuels États de Veracruz et de Tabasco) et se signale par ses énormes têtes sculptées en basalte, mesurant jusqu'à trois mètres de haut. La société olmèque était dirigée par une élite puissante qui contrôlait le commerce et les rituels religieux. Les Olmèques pratiquaient un culte au jaguar, animal qui occupait une place importante dans leur mythologie. Ils ont développé un système de calendrier et de hiéroglyphes et sont également reconnus pour leurs innovations agricoles, qui incluaient l'irrigation et le maïs.

La civilisation maya.
La civilisation maya (environ 2000 av. JC - 1500 ap. JC) s'est dĂ©veloppĂ©e dans les rĂ©gions actuelles du sud du Mexique, du Guatemala, du Belize et du Honduras. Elle a surtout prospĂ©rĂ© et a connu son apogĂ©e durant la pĂ©riode classique (250 - 900 ap. JC). La sociĂ©tĂ© maya Ă©tait divisĂ©e en citĂ©s-États indĂ©pendantes, chacune dirigĂ©e par une Ă©lite noble et un roi. Les prĂŞtres et les nobles jouaient un rĂ´le central dans la politique et la religion. Les Mayas ont fait d'Ă©normes progrès en mathĂ©matiques, notamment avec l'utilisation du concept du zĂ©ro, et ont dĂ©veloppĂ© un système d'Ă©criture hiĂ©roglyphique sophistiquĂ©. Ils ont Ă©galement crĂ©Ă© des calendriers prĂ©cis, dont le calendrier Ă  260 jours pour les cĂ©rĂ©monies religieuses et un autre Ă  365 jours basĂ© sur le cycle solaire. Leur connaissance des cycles astronomiques Ă©tait remarquable, comme en tĂ©moignent des sites tels que Chichen Itza et Tikal. Les Mayas ont laissĂ© des pyramides imposantes, des palais  des temples et des stèles richement sculptĂ©es. Les villes de Tikal, Copán, Palenque et Uxmal sont parmi les exemples les plus spectaculaires de leur architecture.

La civilisation zapotèque.
La civilisation zapotèque (environ 500 av. JC. - 800 apr. JC) s'est développée dans la vallée d'Oaxaca, au sud du Mexique, et a atteint son apogée durant la période classique. Les Zapotèques sont connus pour leur ville de Monte Albán, une des premières grandes villes de Mésoamérique, fondée aux alentours de 500 av. JC.
Monte Albán, construite sur une colline artificiellement aplatie, est remarquable par  ses terrasses, ses places et ses pyramides. Les Zapotèques y ont Ă©galement laissĂ© des sculptures reprĂ©sentant des prisonniers et des captifs de guerre.  Ils avaient un système social comprenant des rois, des prĂŞtres et une classe de nobles qui contrĂ´laient les activitĂ©s Ă©conomiques et militaires.  Ils ont dĂ©veloppĂ© un des premiers systèmes d'Ă©criture de MĂ©soamĂ©rique et ont Ă©galement utilisĂ© un calendrier pour leurs rituels. 

La civilisation toltèque.
Les Toltèques (environ 900 - 1150 ap. JC) ont émergé après le déclin des Mayas et des autres cultures de la période classique. Leur capitale, Tula (ou Tollan), située dans l'actuel État d'Hidalgo au Mexique, a été un centre important. Les Toltèques ont eu une forte influence sur les Aztèques, qui considéraient Tula comme une ville sacrée. La mythologie aztèque intègre d'ailleurs des figures toltèques, notamment le dieu Quetzalcoatl, associé au savoir, à l'art et à la fertilité. Les Toltèques ont par ailleurs fabriqué des sculptures monumentales, dont les célèbres statues des guerriers de Tula, des colonnes anthropomorphiques servant à soutenir les toits des temples.

La civilisation aztèque.
Les Aztèques, ou Mexicas, sont la dernière grande civilisation mésoaméricaine (environ 1300 - 1521 ap. JC) avant l'arrivée des Espagnols. Ils ont fondé leur capitale, Tenochtitlan, en 1325 sur une île du lac Texcoco (aujourd'hui Mexico). Tenochtitlan, avec son impressionnant Templo Mayor, était un centre religieux et politique majeur. Les Aztèques ont établi un empire puissant, dominant d'autres villes et peuples à travers la guerre et le tribut. Leur société était dirigée par un empereur et divisée en classes sociales : les nobles, les guerriers, les marchands, les artisans et les agriculteurs. La religion aztèque était polythéiste et centrée sur des sacrifices humains destinés à nourrir leurs dieux, en particulier Huitzilopochtli, le dieu de la guerre et du soleil. Ces rituels étaient essentiels à leur vision du monde, qui considérait le sacrifice comme un moyen de maintenir l'équilibre cosmique. Les Aztèques excellaient dans l'artisanat, la sculpture et la fabrication de bijoux en or et en turquoise. Ils ont aussi développé un système d'écriture pictographique et un calendrier similaire à celui des Mayas.

Les grandes cultures andines

La rĂ©gion andine, comprenant principalement l'actuel PĂ©rou, la Bolivie, et des parties de l'Équateur et du Chili, a vu naĂ®tre des civilisations puissantes et sophistiquĂ©es qui ont laissĂ© des hĂ©ritages culturels et technologiques durables, qui se sont dĂ©veloppĂ©es entre environ 3000 avant JC et 1533 après JC, date de la chute de l'Empire inca. 

Les civilisations andines ont développé des techniques agricoles et d'irrigation impressionnantes pour s'adapter aux Andes. Leurs temples, les pyramides et autres bâtiments montrent une maîtrise de la pierre et des techniques de construction. Des sociétés comme celle les Incas avaient une hiérarchie stricte et des systèmes administratifs élaborés. Ces civilisations avaient des croyances et des pratiques religieuses assez similaires, souvent centrées autour de la nature (soleil, montagne, etc.).

Caral.
Caral, dans la vallée de Supe (actuel Pérou), est considérée comme la plus ancienne civilisation d'Amérique (env. 3000 - 1800 av. JC), et l'une des premières au monde. Elle a développé une société hiérarchisée avec des constructions monumentales comme des pyramides et des amphithéâtres. L'absence de guerre semble caractériser cette culture, plus orientée vers le commerce et les échanges culturels.

ChavĂ­n.
SituĂ©e dans les Andes centrales, la civilisation ChavĂ­n  (env. 1200 - 200 av. JC) s'est signalĂ©e par son influence religieuse et artistique, notamment Ă  travers le site archĂ©ologique de ChavĂ­n de Huántar. Les ChavĂ­n ont dĂ©veloppĂ© des techniques avancĂ©es de cĂ©ramique et de mĂ©tallurgie, et leurs oeuvres comptent des sculptures de pierre reprĂ©sentant des crĂ©atures mythologiques.

Nazca.
La civilisation Nazca (env. 200 av. JC. - 600 ap. JC). est surtout célèbre pour les énigmatiques géoglyphes, d'immenses lignes tracées dans le désert péruvien. Les Nazca excellaient aussi dans la poterie et les textiles colorés, et ils ont créé de vastes systèmes d'irrigation.

Mochica (Moche).
Située sur la côte nord du Pérou, la civilisation Mochica (env. 100 - 700 ap. JC) a produit un art impressionnant en céramique, représentant fréquememment des scènes réalistes de la vie quotidienne, de la guerre et de la religion. Les Mochica ont également construit des pyramides comme la Huaca del Sol et la Huaca de la Luna, qui témoignent de leur architecture monumentale.

Tiwanaku.
Tiwanaku, situé près du lac Titicaca, en Bolivie, était un centre politique et religieux influent. Cette civilisation (env. 200 - 1000 ap. JC) a développé des techniques agricoles adaptées aux hautes altitudes et des compétences avancées en architecture en pierre. Son influence s'est étendue à travers tout l'Altiplano.

Huari (Wari).
La civilisation Huari  (env. 600 - 1100 ap. JC), centrĂ©e autour de l'actuelle ville d'Ayacucho, au PĂ©rou, est vue comme un prĂ©curseur de l'Empire inca. Les Huari ont dĂ©veloppĂ© un vaste rĂ©seau de routes, favorisant l'intĂ©gration de plusieurs rĂ©gions andines. Ils sont aussi connus pour leurs techniques de gestion de l'eau et de construction urbaine.

ChimĂş.
La culture ChimĂş  (env. 900 - 1470 ap. JC), avec sa capitale Chan Chan (aujourd'hui près de Trujillo, PĂ©rou), est connue pour ses citĂ©s en adobe, ses techniques de mĂ©tallurgie et son système complexe de gouvernance. La sociĂ©tĂ© ChimĂş Ă©tait très hiĂ©rarchisĂ©e et possĂ©dait des systèmes d'irrigation avancĂ©s.

Incas.
L'Empire inca (env. 1438 - 1533 ap. JC) est la dernière grande civilisation andine avant l'arrivée des Espagnols. Fondé par Pachacútec, cet empire s'étendait depuis l'actuelle Colombie jusqu'au nord de l'Argentine et du Chili, avec Cuzco comme capitale. Les Incas ont développé un vaste réseau de routes, des techniques d'agriculture en terrasses, et des constructions monumentales, dont la célèbre citadelle du Machu Picchu. L'empire s'est effondré en 1533 après la capture de l'empereur Atahualpa par les Espagnols, marquant la fin de la domination andine autochtone.

Sociétés nord-américaines précolombiennes

Les cultures et civilisations qui ont prospĂ©rĂ© en AmĂ©rique du Nord avant l'arrivĂ©e des EuropĂ©ens n'ont pas construit de grandes villes et n'ont pas laissĂ© aux archĂ©ologues un aussi riche hĂ©ritage que les grandes civilisations mĂ©soamĂ©ricaines et andines. Mais elle avaient aussi des structures sociales hiĂ©rarchisĂ©es, des systèmes politiques Ă©laborĂ©s et des technologies avancĂ©es adaptĂ©es Ă  leurs environnements variĂ©s (techniques agricoles adaptĂ©es aux dĂ©serts, montagnes ou marais, ou des modes de vie de chasseurs-cueilleurs adaptĂ©s aux forĂŞts et aux plaines). Des rĂ©seaux d'Ă©change Ă©tendus  entre plusieurs rĂ©gions existaient Ă©galement et permettaient la circulation d'objets, de biens prĂ©cieux et d'idĂ©es.

Les sociétés agricoles du Midwest et du Sud-Ouest.
Les civilisations des Mound Builders (Constructeurs de Monticules).
Dans la rĂ©gion des Grands Lacs et dans la vallĂ©e du Mississippi et dans l'est de l'AmĂ©rique du Nord, Plusieurs cultures ont Ă©difiĂ© des monticules de terre (mounds) servant de sĂ©pultures, de bases pour des temples et des cĂ©rĂ©monies religieuses. 

• Les Adenas (env. 1000 av. JC Ă  200 ap. JC)  et les Hopewell (env. 200 av. JC Ă  500 apr. JC) ont construit des monticules, souvent en forme d'animaux ou de formes gĂ©omĂ©triques, qui Ă©taient impliquĂ©s dans des cĂ©rĂ©monies religieuses, des enterrements et divers autres rites sociaux. Les Hopewell entretenaient Ă©galement des rĂ©seaux commerciaux s'Ă©tendant jusqu'au Canada et aux cĂ´tes atlantiques. 
• La civilisation Mississippienne (800-1600 ap. JC), notamment avec le site de Cahokia, près de l'actuelle Saint-Louis, qui fut l'une des plus grandes villes nord-américaines de l'époque, construisit également de grands monticules. Cette civilisation est vue comme la société la plus avancée de l'Amérique du Nord précolombienne.La société mississippienne avait une hiérarchie sociale stricte, un système de gouvernance centralisé, et une agriculture avancée basée sur la culture du maïs. Les Mississipiens pratiquaient également un culte religieux avec des pratiques et symboles, comme la croix du soleil, en lien avec le « complexe du Sud-Est ».
Les Indiens du Sud-Ouest.
Dans le sud-ouest des États-Unis actuels, les Anasazis et les Hohokams, parmi d'autres, ont construit des villages en pierre et en adobe, et ont creusé même des systèmes d'irrigation pour cultiver dans des zones arides. Les Pueblos actuels en sont les héritiers.
• Les Anasazis (Arizona, Nouveau-Mexique, Colorado, Utah,  env. 100 Ă  1300 ap. JC) bâtissaient leurs habitations en adobe et en pierre dans des falaises, comme celles de Mesa Verde et Chaco Canyon. Ces bâtiments comprenaient des kivas, des salles cĂ©rĂ©monielles circulaires. Les Anasazis avaient une sociĂ©tĂ© agricole, cultivant du maĂŻs, des haricots et des courges, et ils entretenaient des rĂ©seaux commerciaux Ă©tendus. Vers 1300, ils ont abandonnĂ© leurs grandes citĂ©s, probablement en raison de la sĂ©cheresse et de conflits, et ont migrĂ© vers d'autres rĂ©gions, oĂą leurs descendants, comme les Hopis et les Zuñis, vivent encore aujourd'hui.
• Les Hohokams (Vallée de la Gila, Arizona, env. 300 à 1500 ap. JC) ont construit de vastes systèmes d'irrigation, qui permettaient l'agriculture dans le désert aride de l'Arizona. Ils ont cultivé du coton, du maïs, et des courges, et ont bâti des villages avec des structures en adobe. Leurs réseaux commerciaux s'étendaient jusqu'au Mexique, et ils fabriquaient des objets en coquillage, en cuivre, et en turquoise. Vers 1500, la culture Hohokam a décliné, probablement en raison de la sécheresse et de l'épuisement des ressources.
Les Iroquois  et les Algonquins.
Les Iroquois (Haudenosaunee).
Les Iroquois (Nord-Est des États-Unis et Sud-Est du Canada, env. 1000 ap. JC jusqu'à l'époque coloniale) sont célèbres pour leur Ligue des Cinq Nations (puis Six Nations), une confédération qui unissait les Mohawks, Onondagas, Oneidas, Cayugas et Senecas (puis les Tuscaroras). La société iroquoise était basée sur l'agriculture (maïs, haricots, courges) et la chasse, et elle fonctionnait selon un modèle matrilinéaire. Leur système politique inspiré de valeurs de paix et de consensus influença les idées de gouvernance démocratique ultérieures en Amérique du Nord.

Les Algonquins.
Les Algonquins (Côte Est des États-Unis, région des Grands Lacs et Canada) n'étaient pas un groupe unifié mais désignaient plusieurs populations ayant des langues similaires, comme les Powhatans, les Wampanoags et les Ojibwés. Ils vivaient dans des régions boisées, et étaient principalement chasseurs-cueilleurs, mais pratiquaient aussi l'agriculture dans certaines régions. Les Algonquins entretenaient des relations commerciales avec leurs voisins et eurent une influence importante dans la culture et les échanges entre les peuples de l'Est.

Les Indiens des Plaines.
Avant l'introduction du cheval par les EuropĂ©ens, les peuples des Plaines  (actuel centre des États-Unis et du Canada), comme les Sioux, les Cheyennes et les Pawnees, etc., vivaient principalement dans des villages sĂ©dentaires, pratiquant la chasse au bison et l'agriculture. Après l'arrivĂ©e des chevaux, ils sont devenus semi-nomades, chassant le bison sur de vastes territoires et dĂ©veloppant une culture distincte de guerriers.

Les Inuits et les populations du Grand Nord.
Les Inuits et autres peuples du Grand Nord (Alaska, Canada, Groenland) vivaient dans des conditions extrĂŞmes  et leur mode de vie et leur culture se sont adaptĂ©s aux longues pĂ©riodes de froid et aux ressources limitĂ©es de l'Arctique. Ils ont dĂ©veloppĂ© des techniques uniques pour la chasse, comme le kayak et le harpon pour pĂŞcher et chasser des mammifères marins. Ils construisaient des igloos et vivaient principalement de la chasse aux phoques, aux baleines et aux poissons.



Hernan Horna, La Conquête des Amériques vue par les Indiens du Nouveau Monde, Demi-Lune, 2009. - L'historien Hernan Horna est un investigateur hors pair dans son domaine. Son érudition se fonde sur un savoir encyclopédique des archives documentaires laissées par les chroniqueurs des conquérants espagnols, disséminées et conservées en divers musées du monde. C'est cette histoire écrite par les Européens qui a marqué notre connaissance historique et notre conscience de la découverte et de la conquête du Nouveau Monde. Horna confronte cette connaissance à une autre, également historique et scientifique, léguée par les peuples autochtones amérindiens mais qui avait sombré dans l'oubli. Il ressuscite enfin les passés inca, maya et aztèque d'une manière qui correspond mieux à la réalité de ces peuples, pour les resituer dans un contexte fort différent de la vision faussée, car largement teintée dincompréhension et de préjugés, du vainqueur européen. Et par ce choc de la confrontation des faits historiques, dans une remise en question de vieilles visions du passé de la Conquête espagnole, Horna nous offre une synthèse historique, aussi belle que nouvelle, de ces magnifiques civilisations anciennes et méconnues. Ouvrage d'histoire destiné à tous les publics, court, mais concis et documenté (une quarantaine d'illustrations en noir), au contenu très original, voire explosif, par un spécialiste réputé. L'auteur livre une réflexion historique d'une grande modernité, qui permet de mieux appréhender les enjeux politiques de l'Amérique latine d'aujourd'hui. (couv.).
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Maria Beltrão, Le peuplement de l'Amérique du Sud (Essai d'archéologie, une approche interdisciplinaire), Riveneuve, 2008.
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