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Tycho Brahé

Tyge ou plus communément Tycho Brahé est un astronome danois, né au manoir de Knutstorp, près de Helsingborg (Scanie occidentale), le 14 décembre 1546, mort à Prague le 13 octobre 1601. Le second des dix enfants d'Otto Brahe, grand bailli de la Scanie occidentale (alors province danoise), Tycho était voué à l'aristocratique ignorance qui convenait à un gentilhomme d'ascendance aussi illustre (Les Brahe); mais l'un de ses oncles, Georges Brahe, frappé de sa précoce intelligence, lui fit apprendre le latin et l'envoya en 1559 faire sa rhétorique et sa philosophie à l'Université de Copenhague. Le 21 août 1560, le jeune Tycho fut témoin d'une éclipse de soleil annoncée depuis longtemps pour ce jour-là ; tant d'exactitude dans les prévisions des astronomes excita son admiration et éveilla en lui l'ambition de devenir un savant. Il se procura des éphémérides, suivit jour par jour la marche des astres et acquit ainsi quelques notions d'astronomie
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Tycho Brahé.
Tycho Brahé (1546-1601).

Sa famille, indignée, l'envoya en 1562 à Leipzig avec un précepteur chargé de veiller à ce qu'il n'étudiât que le droit. Mais il acheta avec ses économies des livres et quelques instruments, et continua en cachette l'exploration du ciel. En 1565, muni seulement d'un globe de dix ou douze centimètres de diamètre et d'un compas, il observa la conjonction de Jupiter et de Saturne, constata dans les tables Alphonsines et Pruténiques plusieurs jours d'erreur, et résolut d'en construire de plus exactes. Il délaissa dès lors le droit pour se consacrer ouvertement à ses études favorites; sa famille combattit par tous les moyens des goûts aussi peu chevaleresques; mais la persistance de Tycho triompha de toutes les répugnances et on le laissa enfin libre de suivre sa peu noble vocation.

En 1566, il partit pour Wittenberg et se rendit de là à Rostock, où il eut le nez coupé dans un duel au sabre avec un étudiant qui se prétendait, paraît-il, plus fort mathématicien que lui. Il cacha du mieux qu'il put, par un nez d'or ou d'argent assez bien imité, les traces de cet accident qui contribua peut-être à le tenir éloigné du monde. En 1569, nous le retrouvons à Augsbourg où il fait construire par les plus habiles mécaniciens des instruments d'une précision et d'une dimension jusqu'alors inconnues, entre autres un globe céleste qui lui coûta 5000 écus et un quart de cercle pesant plus de mille livres. Après avoir ainsi visité pendant cinq années les principaux centres scientifiques de l'Allemagne, de la Suisse, de l'Italie et de la Suède, il rentra en 1571 au Danemark, et, bien que devenu par la mort de son père seigneur de Knutstorp, il alla résider à Herridsvadd, près de son oncle, qui lui fit aménager un observatoire et, ce qui en était alors le complément indispensable, un laboratoire de chimie. 

C'est de là que le 11 novembre 1572 il reconnut dans la constellation de Cassiopée une nouvelle étoile (La supernova de Tycho) plus brillante que Sirius et d'un diamètre apparent presque égal à celui de Vénus. Cet astre, qui ne resta visible que jusqu'au mois de mars 1574 et qui a donné lieu à de nombreuses conjectures, fut le sujet de son premier ouvrage : De nova stella anni 1572. Il y a décrit la grandeur, la couleur, les variations d'éclat et la position de cette étoile qu'il suppose engendrée par la substance éthérée de la Voie Lactée.

Le livre terminé, Tycho Brahe fut pris à son tour de scrupules. Il avait osé étudier, il n'osait pas être auteur. Un de ses amis, Pierre Oxe, chancelier de la couronne, l'aida à vaincre ces derniers préjugés en lui conseillant de publier l'ouvrage sans son nom. Tycho se laissa persuader, et même, au dernier moment, probablement satisfait de son oeuvre, il donna ordre d'imprimer son nom sur la première page (1573). 

« C'était, dit Joseph Bertrand, un mélange assez confus d'observations exactes et d'appréciations erronées. » 
L'auteur y assigne en effet à la nouvelle étoile une place bien au delà de notre Système planétaire, bien au delà de Saturne; mais il veut tirer cette conclusion de la comparaison des parallaxes de l'astre et de la planète et il donne à celle-ci une parallaxe de vingt secondes (elle est bien inférieure en réalité). L'ouvrage fut réputé excellent et Tycho, sollicité par les étudiants de Copenhague, et par le roi Frédéric Il, ouvrit en 1574 à l'Université de cette ville un cours d'astronomie. Mais une nouvelle équipée, son mariage avec une simple paysanne nommée Christine, lui avait définitivement aliéné sa famille et la noblesse. En 1575, il quitta pour la seconde fois le Danemark et se rendit d'abord à Cassel, auprès du landgrave William de Hesse, ami passionné des sciences, puis à Bâle où il aurait eu l'intention de se fixer. Frédéric II le rappela, lui fit don de l'île de Hveen, dans le Sund, entre Elseneur et la côte suédoise, et y ajouta un fief en Norvège, le canonicat de Röskilde et une pension de 5000 écus.

Le 13 août 1576, Tycho Brahe posa la première pierre du château d'Uraniborg ( = palais du ciel) qui fut terminé à la fin de 1577 et auquel il consacra personnellement, outre les dons importants du roi, la somme de cent mille écus d'or. Cette somptueuse résidence, élevée sur le plateau central de l'île de Hveen, à un mille de la mer, répondait à la fois aux exigences de l'étude et à celles d'une vie fastueuse. Dans les dépendances étaient aménagés une imprimerie, un moulin servant à la mouture du blé et à la fabrication du papier, des ateliers de construction et de réparation, un laboratoire de chimie, etc. Un pavillon élevé plus au midi, Stellborg ( = le château des étoiles), servait aux observations de jour. 
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Uraniborg.
Uraniborg, l'observatoire de Tycho Brahé.

Pendant vingt années, cette paisible et indépendante retraite fut le véritable temple de l'astronomie; une quinzaine d'étudiants y recevaient une hospitalité presque royale, et des savants, des princes, des souverains, Jacques VI d'Ecosse (Jacques Ierd'Angleterre), venaient de tous les points du monde y visiter l'illustre maître. La principale préoccupation de Tycho fut de pourvoir ses observatoires d'instruments capables, par leur précision, de tirer gastronomie pratique de l'état d'enfance dont elle n'était guère sortie depuis Ptolémée, et la description qu'il a laissée de sa collection d'Uraniborg dans l'ouvrage intitulé Astronomiae instauratae mechanica, prouve qu'il n'épargna dans ce but ni soins, ni argent. 

Cependant Frédéric Il était mort en 1588. Christian IV continua d'abord les faveurs royales à Tycho Brahe; mais la fierté un peu hautaine du grand astronome, qui rendait aux seigneurs dédain pour dédain, ses conseils et ses distributions de remèdes aux malades, son indépendance religieuse lui avaient suscité la triple inimitié des nobles, des médecins et du clergé; une guerre sourde, habilement conduite par Christophe Walkendorff, aboutit, après huit années de tracasseries et de calomnies de toutes sortes, à la nomination d'une commission d'enquête qui déclara stériles pour le bien de l'Etat les coûteuses expériences d'Uraniborg. La pension royale fut supprimée, et, le 29 avril 1597, Tycho Brahe, ayant vendu son patrimoine et frété un vaisseau, s'embarqua avec sa femme, ses six enfants, quelques disciples dévoués, ses instruments et ses manuscrits, et, après quelques semaines de séjour à Copenhague, fit voile pour le Holstein. Le palais d'Uraniborg fut plus tard rasé par une favorite de Christian IV, et lorsque, en 1671, Picard, envoyé par l'Académie des sciences de Paris, voulut déterminer la latitude du célèbre observatoire, il dut effectuer des fouilles pour en découvrir les fondations.

Après être resté trois mois à Rostock et avoir été, pendant une année, l'hôte du comte de Rantzau, à Wandsbeck, Tycho Brahe se rendit en 1599 auprès del'empereur d'Allemagne, Rodolphe II, qui s'occupait d'astrologie et auquel il avait dédié son catalogue de 777. Une grande maison à Prague et le château de Benach, dans une admirable situation sur l'Isar, furent mis à sa disposition, avec une pension de 3000 florins d'or. Il reprit ses travaux avec ses deux secrétaires, Joestelius et Longomontanus, et quelques astronomes, Muller, Fabricius, Képler, que les catholiques de Styrie persécutaient et auquel il donna asile. Mais une rétention d'urine l'emporta bientôt, après quelques jours d'horribles souffrances. Dans son délire il répétait : Ne frustra vixisse videar

Son tombeau se voit encore dans l'une des principales églises de Prague, «-Theinkirche ». Quant à sa veuve, délaissée par l'empereur, elle mourut dans la misère à Meissen, en 1604. On ne sait ce que devinrent ses enfants.

L'astronomie de Tycho.
Plus exact observateur que Copernic, Tycho Brahe a inauguré dans l'histoire de l'astronomie une ère nouvelle celle de la précision. L'un de ses premiers soins, après avoir reconnu et démontré l'erreur des les Péripatéticiens, qui suivant l'assertion de leur maître Aristote, considéraient les comètes comme étant de simples météores situés entre la Terre et la Lune, et assignaient au ciel des limites solides, fut de rectifier le catalogue des étoiles fixes de Ptolémée; il en rédigea un nouveau, composé de 777 étoiles, où la position de ces astres est, par l'emploi de l'ascension droite et de la déclinaison, plus exactement déterminée que par les procédés des anciens. Ce catalogue fut publié dans ses Progymnasmata; il laissa, en outre, des notes manuscrites à l'aide desquelles Képler en donna, dans les tables Rudolphines, une nouvelle édition comprenant 1000 étoiles. 

Son attention se porta ensuite sur l'influence des réfractions atmosphériques, déjà entrevues par Ptolémée et signalées dans les Optiques de l'astronome arabe Alhazen et de Vitellio; mais négligées par Copernic : le premier, Tycho en détermina l'importance et construisit une table de correction très précieuse pour tous les calculs astronomiques; même s'il pensait que les réfractions ne se manifestent que depuis l'horizon jusqu'à une hauteur de 45°. 

Il rectifia encore les nombres donnés avant lui pour l'obliquité de l'écliptique, qu'il trouva de 23° 31' 30" et la durée de l'année qu'il fixa à 365 jours 5 h 49 m. 

Enfin, il se livra sur les mouvements de la Lune à une série de recherches qui ont amené ses plus belles découvertes. Hipparque avait déterminé l'excentricité de l'orbite de la lune et Ptolémée avait trouvé l'inégalité appelée plus tard évection : Tycho Brahe y ajouta deux autres inégalités, la variation et l'équation annuelle, cette dernière seulement entrevue, et calculée par Kepler d'après ses observations. De plus, il constata l'inégalité principale de d'inclinaison de l'orbite lunaire par rapport au plan de l'écliptique et montra qu'elle variait entre 5°17'30"et 4°58'30". En troisième lieu, il remarqua que le mouvement de la ligne des noeuds était loin d'être uniforme, comme on l'avait cru jusqu'alors, et il détermina les variations de sa vitesse angulaire. 

Tous ces travaux ont valu à Tycho Brahe le titre bien mérité de « restaurateur de l'astronomie »; sans eux, sans l'exactitude de ses observations, Képler n'aurait pu découvrir ses trois lois qui portent son nom, ni Newton celle de la gravitation. Malheureusement, il avait été porté de bonne heure vers des rêveries astrologiques dont il ne sut jamais se débarrasser complètement. 

Pour des motifs mal définis dans ses Progymnasmata et d'ailleurs mal connus, il se refusa à admettre le mouvement de la Terre autour du Soleil,. II émit ainsi sur le système du monde une hypothèse qui constitue un véritable pas en arrière. Ce système consiste d'abord à considérer la Terre comme immobile au centre de l'Univers et à faire mouvoir autour d'elle la Lune et le Soleil; puis à faire tourner autour du Soleil, Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne; enfin à supposer que ces planètes sont entraînées par le Soleil dans son mouvement autour de la Terre.

Le Système de Tycho Brahé, bien qu'il rende compte des apparences célestes, n'a pas été adopté, parce qu'il a paru contraire aux lois de la nature et qu'il était en désaccord avec les observations relatives à la distance du Soleil à la Terre. (L. Sagnet).-
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Le système du monde de Tycho.
Le système du monde de Tycho.
(D'après Hévélius).


Plusieurs des écrits de Tycho Brahe n'ont été publiés qu'après sa mort. En voici la liste : De nova stella ann. 1572, etc. (Copenhague, 1573, in-4 ; trad. angl., 1582, in-4 ; trad. all. 1632, in-4); Apologetica responsio ad cujusdam Peripatetici in Scotia dubia, etc. (Uraniborg, 1591, in-4); Epistolarum astronomi carum libri (Uraniborg, 1596, in-4 ; Francfort, 1610, in-4) ; Astronomiae instauratae mechanica (Wandsbeck, 1598, in-fol.; Nuremberg, 1602, in-fol.); Astronomiae instauratae Progymnasmata, le plus important de ses ouvrages (Prague, 1602, in-4); De mundi aetherei recentioribus phenomenis, imprimé à Uraniborg dès 1588 (Prague, 1603, in-4); Oratio in acad. Hafn. recitata 1574 de disciplinis mathematicis, etc. (Copenhague, 1610, in-8; Hambourg, 1621, in-4); Elegia de exsilio sue (Rostock, 1614, in-4); Historia coelestis ex observationibus Tychonis Brahei ab 1582 usq. ad 1601, per L. Barattum (Vienne, 1656-1665, 2 part. in-fol.); Sylloge Ferdinandea, sive Observationes ann. 1582 (Vienne, 1657, in-fol.). Le De nova scella [...] et le De mundi aetherei [...] ont été réunis sous le titre Opera omnia (Francfort, 1648, in-4). Kepler a, d'autre part, mis au jour, après les avoir ordonnées, ses Tabulae Rudolphinae (Ulm, 1627. in-4).

Tycho Brahé, Sur les phénomènes récents du monde éthéré, Albert Blanchard, 1984. - Exercices de l'astronomie rénovée (I), Albert Blanchard, 1982.


Tycho Brahé.
(Source et copyright : Tycho Brahe Official Website).

Henriette Chardak, Tycho Brahé, l'homme au nez d'or, Presses de la Renaissance, 2004. - Cédé le jour de sa naissance à son oncle par son propre père, orphelin d'un frère jumeau, amoureux de ses soeurs qu'il croit être ses cousines, Tycho Brahé est l’enfant du mensonge et de la trahison. Devant ce terrible destin, il va choisir le ciel comme refuge et l'astronomie comme confidente. Prince du Danemark qui inspira à William Shakespeare le personnage d’Hamlet, homme fantasque poète et scientifique, Tycho Brahé est l’un des êtres les plus fascinants d’une époque qui pourtant n’en manque pas. Henriette Chardak brosse le portrait d’un homme qui, sans le savoir, fut le père de l’aventure plus folle de la modernité : celle de la connaissance. Située au tournant du XVIe et du XVIIe siècle, cette fresque historique commence dans les brumes romantiques des châteaux scandinaves et s’achève dans les ors de Prague, fief du grand Rodolphe II. (couv.).

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