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Samuel
Beckett
est un écrivain, dramaturge et poète irlandais, né le 13 avril 1906
à Foxrock, près de Dublin, et décédé
le 22 décembre 1989 à Paris. Il est surtout célèbre pour ses pièces
de théâtre, notamment En attendant Godot et Fin de partie,
et est associé au théâtre de l'absurde.
Beckett se signale par sa capacité à saisir l'essence de l'expérience
humaine avec un langage dépouillé et un humour noir. Ses œuvres, malgré
leur pessimisme apparent, offrent une réflexion profonde sur la résilience
et la dignité humaine face à l'absurde.
Samuel Beckett grandit
dans une famille aisée de la banlieue de Dublin. Son père, William Beckett,
est géomètre, et sa mère, May Roe, est infirmière. Il fréquente la
Portora Royal School, la même école qu'Oscar Wilde,
puis étudie au Trinity College de Dublin, où il se spécialise en langues
modernes, obtenant un diplôme en 1927. Pendant ses études, il développe
un intérêt pour la littérature et les langues, maîtrisant plusieurs
langues européennes.
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Samuel
Beckett (1906-1989).
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générée par une IA (Open Dall-e).
Beckett s'installe
à Paris en 1928, où il rencontre James Joyce,
dont il devient un proche collaborateur et ami.
Beckett
et Joyce. - Beckett est encore un jeune étudiant à la Sorbonne, Joyce
est déjà le monument qui a publié Ulysse (1920). Beckett va aider
Joyce dans ses recherches et travaux, notamment pendant l'écriture de
Finnegans
Wake. Une collaboration qui permet à Beckett de se plonger dans des
techniques narratives expérimentales et d'apprivoiser des formes littéraires
innovantes. Sur le plan personnel, Beckett et Joyce ont partagé une amitié
profonde et respectueuse. Beckett admirait énormément Joyce, non seulement
pour son génie littéraire mais aussi pour son caractère. En retour,
Joyce appréciait la compagnie de Beckett et sa compréhension de son travail.
Cependant, leur relation a également connu des moments de tension, notamment
en raison de la fille de Joyce, Lucia, qui a développé une forte attirance
pour Beckett, ce qui a compliqué les dynamiques entre les deux hommes.
Au fil du temps, Beckett ressentira le besoin de se détacher de l'influence
écrasante de Joyce pour trouver sa propre voix littéraire.
Il commence à écrire
des essais et des critiques littéraires, ainsi que des poèmes. Son premier
ouvrage publié est un essai critique intitulé Proust (1931), une
étude sur Marcel Proust.
• Proust
(1931) est un essai critique que Samuel Beckett a consacré, en particulier
à À la recherche du temps perdu. Dans cet essai, Beckett étudie
les thèmes majeurs de Proust tels que la mémoire involontaire, le temps,
et l'inéluctabilité de la souffrance humaine. Beckett examine comment
Proust traite ces thèmes à travers ses personnages et son style narratif.
L'essai de Beckett est notable pour son approche philosophique et son style
dense et complexe, qui reflète sa propre vision de la condition humaine
et de l'absurdité.
Beckett publie son premier
roman, Murphy, en 1938. Ce roman, écrit en anglais, est une analyse
de l'aliénation et de l'absurdité de la condition humaine, thèmes qui
deviendront centraux dans son oeuvre. Bien que Beckett ait développé
un style distinctement différent, l'influence de Joyce est encore visible
dans ses premières oeuvres, notamment dans l'utilisation du langage et
des structures narratives non conventionnelles. Cependant, Beckett a progressivement
pris ses distances avec le style prolifique et dense de Joyce pour développer
une approche plus minimaliste et dépouillée, marquée par l'absurdité
et le vide existentiel.
• Murphy
(1938) est le premier roman publié de Samuel Beckett. Le roman suit l'histoire
de Murphy, un homme irlandais vivant à Londres qui cherche à échapper
à la réalité en se retirant dans un état de non-être. Il obtient un
emploi dans un hôpital psychiatrique où il se lie avec les patients,
trouvant ainsi un refuge temporaire. Le roman aborde des thèmes comme
l'aliénation, l'absurdité de l'existence, et la quête de la paix intérieure
par l'inaction.
Pendant l'Occupation,
Beckett rejoint la Résistance en 1941. Il travaille principalement comme
agent de liaison, traduisant des documents et transmettant des messages.
En 1942, l'infiltration ppar la Gestapo deson groupe de résistance oblige
Beckett et sa compagne, Suzanne Dechevaux-Dumesnil, Ã fuir Paris pour
se réfugier dans le village de Roussillon, en Vaucluse, où ils restent
jusqu'à la libération en 1944. Après la guerre Beckett, revenu à Paris
pour se cnsacrer exclusivement à l'écriture, recevra la Croix de guerre
et la Médaille de la Résistance.
En 1948, il commence
à écrire En attendant Godot (Waiting for Godot), une pièce
qui sera créée en 1953 et deviendra un pilier du théâtre de l'absurde.
• En
attendant Godot est peut-être la pièce la plus célèbre de Beckett
et un pilier du théâtre de l'absurde. Elle met en scène deux personnages,
Vladimir et Estragon, qui attendent l'arrivée de quelqu'un nommé Godot.
Pendant leur attente, ils discutent, se querellent, et rencontrent deux
autres personnages, Pozzo et Lucky. Godot ne vient jamais. La pièce se
termine comme elle a commencé, avec les deux hommes toujours en attente.
La pièce parcourt des thèmes de l'absurdité de l'existence humaine,
de l'inaction, de l'espoir et du désespoir, et de l'attente sans fin,
et est marquée par un style minimaliste et un humour noir. La première
représentation de cette pièce a ey lieu en 1953 au Théâtre de Babylone
à Paris et a marque un tournant dans la carrière de son auteur, le propulsant
à la renommée internationale.
En 1957, Beckett écrit
Fin
de partie (Endgame), une autre pièce majeure du théâtre de
l'absurde, où des personnages vivent dans un monde post-apocalyptique,
abordant les thèmes de la dépendance, de l'isolement et de la finitude.
• Fin
de partie se déroule dans un espace clos où quatre personnages -
Hamm, un homme aveugle et paralysé, son serviteur Clov, et ses parents
Nagg et Nell, qui vivent dans des poubelles - passent leurs journées.
Les personnages sont engagés dans des routines répétitives et semblent
attendre la fin de quelque chose indéfini. Se déployant sur fond de dépendance,
de souffrance et dea finitude, la pièce est empreinte d'un sentiment de
désespoir et d'absurdité.
En plus de son oeuvre
théâtrale, Beckett écrit plusieurs romans et recueils de nouvelles,
dont Molloy (1951), Malone meurt (1951), et L'Innommable
(1953), une trilogie romanesque qui traite des thèmes de l'identité,
de l'existence et du langage.
• Molloy
est divisé en deux parties : la première raconte l'histoire de Molloy,
un vieil homme qui vit dans une ville côtière et qui est à la recherche
de sa mère. La seconde partie suit l'inspecteur Moran, chargé de retrouver
Molloy. Le roman se caractérise par un monologue intérieur et une prose
dense. Il aborde des thèmes comme l'identité, l'existence, et l'absurde.
• Malone meurt,
deuxième roman de la trilogie, se présente ici encore sous la forme d'un
monologue intérieur d'un homme nommé Malone, qui est alité et proche
de la mort. Malone raconte des histoires fragmentées sur divers personnages
imaginaires tout en réfléchissant à sa propre condition et à la fin
de sa vie. Le roman aborde les thèmes de la mort, de la solitude et de
la fragmentation de l'identité.
• L'Innommable,
dernier roman de la trilogie, est le long monologue intérieur d'un narrateur
sans nom ni traits clairs, qui essaie de comprendre son existence et son
identité. Le roman, bâti sur les thèmes de l'identité, de la conscience,
de l'existence et de l'absurde, est caractérisé par une prose expérimentale
et des réflexions métaphysiques profondes.
Beckett est également
l'auteur de plusieurs pièces radiophoniques, télévisuelles et de courtes
pièces de théâtre, comme Krapp's Last Tape (1958) et Happy
Days (1961).
• Krapp's
Last Tape (La Dernière bande, 1958) est une pièce en un acte
centrée sur un vieil homme nommé Krapp qui écoute des enregistrements
de ses journaux intimes qu'il a faits des décennies plus tôt. Il enregistre
également une nouvelle bande, commentant sa vie passée et présente.
La pièce traversée par des thèmes comme la mémoire, le passage du temps,
la solitude et le regret, est notable pour son utilisation innovante
du monologue intérieur et des enregistrements audio.
• Happy
Days (Oh! les beaux jours, 1961) met en scène Winnie, une femme
enterrée jusqu'à la taille dans le premier acte et jusqu'au cou dans
le second acte, qui tente de maintenir un air de normalité et de bonheur
malgré sa situation désespérée. Winnie s'accroche à des rituels quotidiens
et à des souvenirs pour trouver un sens à son existence. Son mari, Willie,
est présent mais ne parle presque pas. La résilience, l'illusion de bonheur
et l'absurdité de la condition humaine sont au centre de cette pièce.
Beckett mène une vie
discrète à Paris, vivant dans un petit appartement et fréquentant quelques
cafés et restaurants dans les quartiers de Montparnasse et Saint-Germain-des-Prés.
Il est connu pour être un homme réservé et peu enclin à parler de lui-même
ou de son travail. En 1969, Samuel Beckett reçoit le prix Nobel de littérature
pour son oeuvre, décrite comme « une nouvelle forme de théâtre –
mêlant comédie noire et tragédie – et une langue poétique unique
». Il accepte le prix avec modestie. Il passe ses dernières années Ã
écrire et à traduire ses propres oeuvres. Il sera enterré au cimetière
de Montparnasse à Paris.
En plus des oeuvres
de Samuel Beckett évoquées ci-dessus, on peut encore mentionner des pièces
et des textes de Samuel Beckett tout aussi emblématiques de son style
unique et de son eapproche des thèmes de l'absurde, de l'existentialisme,
et de la condition humaine. On y trouve des situations désespérées,
des dialogues fragmentés, et une réflexion profonde sur le sens (ou le
non-sens) de l'existence.
• Premier
Amour (1946) est une nouvelle qui raconte l'histoire d'un homme sans
nom qui se remémore son premier amour. L'histoire commence avec la mort
de son père, après laquelle il est expulsé de la maison familiale et
commence à errer. Il rencontre une femme, Lulu, avec qui il entretient
une relation étrange et distante. Leur relation est marquée par un mélange
d'attirance et de répulsion, et elle se termine de manière abrupte et
absurde.
• Watt
(1953), écrit en grande partie pendant la Seconde Guerre mondiale,
alors que Beckett était caché en France, raconte l'histoire absurde de
Watt, un homme qui devient le serviteur de Mr. Knott dans une maison étrange
où la logique et la causalité sont constamment mises en question. Le
roman est marqué par une prose expérimentale et des jeux de langage.
Il se nourrit de thèmes comme la quête de sens dans un monde irrationnel,
la confusion, et la déshumanisation.
• Nouvelles
et Textes pour rien (1955) est un recueil de nouvelles et de courts
textes expérimentaux. Les nouvelles incluses dans ce recueil sont : L'Expulsé,
Le Calmant, La Fin. Chacune d'elles suit des personnages marginaux
et isolés, souvent en proie à des situations absurdes et désespérées.
Thèmes récurrents : la solitude, l'errance, l'aliénation et l'absurdité
de l'existence. Les Textes pour rien sont une série de treize courts
textes en prose, caractérisés par une fragmentation extrême et une absence
de structure narrative traditionnelle. Le style, lui aussi expérimental,
remet en question les conventions littéraires. Ils reflètent une plongée
plus profonde dans l'aliénation et dans l'absence de sens. Ces textes
expriment des monologues intérieurs de narrateurs anonymes et sans identité
claire, illustrant la quête de sens dans un monde dénué de logique.
• How
it is (Comment c'est, 1961) est un roman expérimental en trois
parties, écrit dans un style fragmenté et répétitif. Il se présente
comme un monologue intérieur d'un narrateur anonyme qui rampe dans la
boue, guidé par des souvenirs fragmentaires et des expériences de tortures
physiques et mentales. Le style de l'oeuvre est très fragmenté, sans
ponctuation traditionnelle, naviguant entre les thèmes de l'isolement,
de la souffrance et de la quête de sens dans un monde dénué de
logique.
• Play (Comédie,
1963) est une pièce expérimentale où trois personnages - un homme et
deux femmes - sont enfermés dans des urnes jusqu'au cou. Ils racontent
une histoire de triangle amoureux en utilisant un langage rapide et répétitif,
souvent parlant en même temps. La culpabilité, l'amour, et la répétition
sont le fond de cette pièce, dont la structure circulaire et le style
fragmenté qervent à mettre en évidence l'absurdité et la futilité
de leurs situations.
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