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Franz Josef'
Haydn
est un compositeur autrichien, né à Rohrau, village de la
Basse-Autriche, voisin de la frontière de Hongrie, le 34 mars 1732,
mort à Vienne le 31 mai 1809. Fils
aîné des vingt enfants d'un charron peu fortuné, qui
le dimanche faisait le métier de musicien ambulant, le petit Seppi
(diminutif de Joseph) fut dans sa jeunesse remarqué pour ses dispositions
musicales, par un de ses parents nommé Frank, maître d'école
de la petite ville de Haimbourg qui le prit chez lui et lui fit donner
quelques leçons de musique. Il le fit entrer comme enfant
de choeur dans le choeur de la cathédrale
Saint-Etienne, à Vienne, puis comme
élève à l'école de cette cathédrale,
dont le maître de chapelle était Reuter; celui-ci se moqua
beaucoup d'une messe que son jeune élève fit à l'âge
de treize ans. Sans se décourager, Haydn continua son éducation
à l'aide du Parfait Maître de chapelle de Mattheson
et du Gradus ad Parnassum de Fux; à seize ans, sa belle voix
de soprano mua et il perdit sa place à
la cathédrale; recueilli par un brave perruquier nommé Keller,
qui avait maintes fois admiré sa voix, Haydn fut traité par
celui-ci comme son fils adoptif et put se livrer à sa passion; il
travailla dès lors avec une ardeur incroyable.
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Josef
Haydn (1732-1809).
A l'aide de leçons et en jouant
dans des concerts, il parvint à suffire
à peu près à ses besoins; il fit vers le même
temps la connaissance du poète Métastase
qui le mit en relations avec le célèbre Porpora dont Haydn
reçut quelques leçons de composition en échange de
soins matériels très voisins de la domesticité auxquels
Haydn se prêtait avec une admirable simplicité. Il publia
alors ses premières pièces instrumentales et, en 1753, son
opéra-comique le Diable boiteux, qui obtint un certain succès.
Il publia ensuite son premier quatuor en bé
fa qui fut très bien accueilli par le public viennois; des symphonies
suivirent et commencèrent à rendre le nom de Haydn célèbre.
Cependant ce n'est qu'en 1760, après l'audition de la belle symphonie
en ré, que le prince Antoine Esterhazy nomma le compositeur
son maître de chapelle et le tira de la gêne extrême
où il avait vécu jusque-là ; Haydn passa les trente
années de sa vie qui suivirent dans la maison du prince Nicolas
Esterhazy, qui en 1761 avait succédé à son père.
En 1762, Haydn épousa la fille du
barbier qui l'avait recueilli à ses débuts; mais son caractère
gai et léger ne put sympathiser longtemps avec celui d'Anna Keller,
femme maussade et prude, pour laquelle il n'eut jamais d'inclination :
il se lia dans la suite avec une cantatrice nommée Mlle Boselli
et se sépara de sa femme. D'une régularité de travail
extrême, il écrivit un grand nombre d'ouvrages pendant son
séjour chez Nicolas Esterhazy; il composait cinq heures par jour,
de sept heures du matin à midi; l'après-midi, à deux
heures, il y avait concert chez le prince, et l'on jouait l'opéra
deux fois par semaine; il ne quitta cette maison qu'à la mort du
prince, en 1791. Pendant l'été de 1791, il alla à
Londres
diriger des concerts, y demeura un an et y écrivit six grandes symphonies;
en 1793, il y retourna et écrivit ses six dernières grandes
symphonies. Bien qu'il eût été très fêté
pendant ces voyages, la simplicité de ses goûts le ramena
dans sa ville d'origine. Revenu à Vienne, il composa, de 1795 à
1797, l'oratorio de la Création
du monde qui fut accueilli dans l'Europe entière avec une admiration
enthousiaste : il avait alors soixante-six ans.
Deux ans plus tard, il donna l'oratorio
des Quatre Saisons (1800); mais sa santé très altérée
ne lui permit pas de parfaire cet ouvrage, ni de composer depuis aucun
morceau qui valut ceux de sa maturité. Il fut l'ami de Porpora,
de Gluck et du jeune Mozart,
dont la mort le chagrina vivement. Pendant sa vie si laborieuse, il avait
fait quelques économies; il se retira dans le petit bien qu'il possédait
à Gumpendorf, faubourg de Vienne, et y mourut peu après l'entrée
des Français dans cette ville. On raconte que, le 26 mai, il se
fit porter à son piano et chanta par trois fois le bel hymne
national qu'il avait composé pour le peuple autrichien : Gott
erhalle Franz den Kaiser. Une torpeur le prit et cinq jours après
il mourut. Il fut enterré très simplement dans le cimetière
de Gumpendorf; le prince Esterhazy acheta ses manuscrits et le prince de
Lichstenstein paya plus de mille florins un perroquet que Haydn avait gardé
pendant quarante ans.
Les compositions de Haydn sont très
nombreuses. On a de lui 537 compositions instrumentales, dont 163 Pour
le baryton, 83 quatuors, 118 symphonies,
24 trios, 13 concertos, 15 messes,
etc., et 19 opéras. Parmi ceux-ci nous
citerons : Armide, Orlando paladino, Orfeo, Il Mondo della Luna, L'Infidella
permiata et La Cantarina. Outre les oratorios
que nous avons cités, Haydn a composé le Retour de Tobie
et les Paroles du Sauveur sur la croix qui ont une grande réputation.
La très grande simplicité
de Haydn et sa piété sont sensibles dans ses productions,
qui toutes commencent par les mots : In nomine Domini et finissent
par ceux-ci Laus Deo; un sentiment pur, un charme doux et tranquille,
une admirable facilité d'énonciation, un style clair, facile,
abondant, les distinguent entre toutes. Il a abordé la musique
de tous les ordres : mais c'est surtout dans le genre instrumental qu'il
s'est classé au premier rang.
Il a pour ainsi dire créé
la symphonie qui lui doit ses principaux progrès; avant lui la musique
instrumentale était bornée à de petites pièces
très monotones; Haydn a élevé la pure symphonie au
premier rang des oeuvres de musique instrumentale; il a fixé sa
forme générale, précisé les caractères
et les contrastes de ses motifs dominants, leurs développements
et leurs rôles. Il a surtout fait de la mélodie
populaire, chantante et dansante, la base thématique de ses architectures
sonores, et fait du charme sentimental de cette mélodie le principe
vivant, l'âme inspiratrice, tendre ou enjouée de tout le travail
symphonique. S'il ne possède pas la passion entraînante de
Mozart, ni l'énergie et la fantaisie de Beethoven,
l'extrême perfection de la forme et l'harmonie
intérieure de ses oeuvres n'a pas été surpassée.
Dans la musique d'église, Haydn
n'est pas aussi admirable : il y apporte plutôt un sentiment tendre
et gracieux, une piété douce qui ne sont pas absolument en
rapport avec la majesté du sujet : seules ses Sept Dernières
Paroles de Jésus-Christ exhalent un sentiment de profonde tristesse.
Dans les choeurs, il n'a pas l'élévation et la grandeur de
Haendel
: il le reconnaissait lui-même avec une grande modestie. Ses opéras
(5 allemands et 14 italiens) ont tous été écrits pour
le théâtre du prince Esterhazy : ils ne contiennent pas grand
sentiment dramatique; cependant ils se distinguent, comme toute sa musique,
par l'abondance et la netteté des idées, un art parfait mis
en oeuvre avec la plus belle simplicité.
(Ph. Berthelot).
Vidéos
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La
Création du monde (extrait; 3 mn 25 s).
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44e
symphonie, Funèbre (1er
mouvement; 2 mn 15 s). |
Concerto
pour trompette (par Alyson Balsom; 19 mn 41 s). |
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