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Le Style rococo est un genre décoratif issu du goût du XVIIe siècle pour les rocailles, et qui eut une vogue prodigieuse en France sous la Régence, ainsi que pendant une, partie du règne de Louis XV (de 1745 à 1750 principalement); il se répandit un peu plus tard en Allemagne où il fit également fureur presque jusqu'à la fin du XVIIIe siècle et remplaça le style dit baroque dont il se rapproche un peu. On trouve le mot rococo, qui était d'usage chez les émigrés à la fin du siècle, pour la première fois, dans l'édition de 1842, du Dictionnaire de l'Académie française (où il est appliqué au style décoratif de Louis XV et du début de Louis XVI); maintenant on emploie souvent le mot rococo pour désigner tout ce qui, en architecture et en art, est contourné et démodé. à droite, une agrafe del'hôtel de Matignon, à Paris Le rococo est un style original, bien à part, et qui ne ressemble à rien de ce qui précède; c'est une manifestation d'art extrémement curieuse. S'affranchissant des exigences usuelles de la matière employée et de tout principe de construction, il s'appliqua à décorer les surfaces architecturales extérieures et intérieures, le mobilier, l'orfèvrerie, et créa toute une ornementation spéciale; il n'apporta pas de formes nouvelles, mais consista surtout en décoration; un de ses éléments essentiels est l'encadrement, qui tend à remplacer toutes les autres formes de l'architecture; les ornements qui le caractérisent procèdent en grande partie de la forme du coquillage; ils sont arrondis et contournés, avec un caprice et une bizarrerie singuliers, dans l'inattendu desquels on retrouve constamment la forme des volutes, des vasques, des retroussis de carapaces, Au point de vue de l'architecture, les façades sont hérissées de lignes courbes, les frontons recourbés et brisés, les fenêtres encadrées d'une matière arbitraire; quant à l'ornementation, outre les rocailles et coquilles, elle affectionne les guirlandes de fleurs enlacées de la manière la plus affectée; les meubles aux formes tourmentées; le goût des chinoiseries dont la barbare délicatesse convient bien à ce style prétentieux, l'a caractérisé aussi pendant un temps. à droite, cartouche de la chambre de ela reine, à Versailles; au-dessous, balcon de la place Stanislas, à Nancy. en bas, chenet rococo. L'apparition du style rococo est due certainement à l'amour des rocailles que l'on constate au XVIIIe siècle; c'est ce goût qui exerça sur la décoration du mobilier une grande influence, et fit apparaître à la fin du règne de Louis XIV ce style si original, en réaction contre la symétrie qui depuis la Renaissance avait gouverné l'architecture et la décoration. Dans le siècle de Louis XIV, la tradition antique et classique avait remplacé l'originalité de la Renaissance : on en était revenu aux modèles de l'Antiquité romaine en les interprétant avec largeur et pompe, mais aussi avec un peu de boursouflure : le roi Soleil, vêtu en empereur romain et coiffé de son immense perruque, symbolise assez bien cette époque. On considérait l'imitation de la nature par l'art, comme une trivialité. Sous la Régence, tandis que la littérature gardait ses modèles et ses traditions classiques, les autres arts réagirent contre cette convention symétrique et lourde, et le style rococo naquit; extrêmement original, et plein de charme, bien qu'il tombât souvent dans le maniérisme, l'étrangeté et l'incohérence, il assigna une importance inattendue à l'imitation des accidents de la nature. La rocaille qui, en principe, empruntait ses éléments à la géologie, se mit à chercher aussi ses modèles dans la botanique : les palmes et les rinceaux alternaient avec les légumes et s'associaient aux plus curieuses formes de coquillages dans l'architecture, le mobilier et l'orfèvrerie, cachant les lignes principales sous la végétation la plus capricieuse, prodiguant les courbes et les volutes; le retour à la nature, qui était au fond du style rococo, disparut bientôt sous le caprice des modifications des artistes. Un des architectes les plus célèbres du genre est l'architecte Oppenordt. Les principaux dessinateurs-ornemanistes du rococo sont Robert de Cotte, Juste-Aurèle Meissonier, Gilles-Marie Oppenordt, Babel, Leroux et François Cuvilliés. Les doreurs les plus connus de ce style ont été : Nicolas Delaunay, Claude Ballini le Jeune, Thomas Germain et surtout Jacques Roettiers. Les peintres favoris de cette charmante forme d'art sont Antoine Watteau, Quentin de Latour, Liotard, Lancret, Pater et Boucher. Le pastel rend à merveille l'âme de ce style. Les principaux types se trouvent dans les châteaux de Versailles, de Bruhl et Benrath-sur-le-Rhin, de Nymphenburg à Munich, le palais de Wurtzburg (1720-1744), à Dresde (Zwinger et église catholique), à Potsdam dans le Nouveau Palais et Sans-Souci. Exemples de style rococo à Dresde. Ci-dessus, le pavillon nord du Zwinger; ci-dessous : une façade de la Frauenstrasse et, à droite, l'église catholique. Après la Régence, le rococo perdit beaucoup de sa grâce; son maniérisme s'alourdit et perdit le charme du caprice et de la fantaisie, ainsi que de l'élégance mouvementée de la belle période. Une violente réaction se produisit contre ce style à la fin du XVIIIe siècle, soutenue par le succès qu'obtenait dans les diverses branches de l'art un nouveau style classique, qui envahit à la fois l'ameublement comme les vêtements, le style à la grecque. Plus tard, le rococo revint un instant à la mode à la fois en France et en Allemagne (où le roi Louis II de Bavière l'appliqua à la construction et à la décoration de ses châteaux de Herrenchiemsee et surtout de Linderhof) : Paris et Munich ont été les deux centres de ce retour de la mode vers une des créations les plus originales et les plus curieuses de l'art ornemental. (Ph. B.). Scène pastorale, par François Boucher. |
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