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Le mouvement de la NĂ©gritude
La NĂ©gritude est un mouvement littĂ©raire et intellectuel nĂ© dans les annĂ©es 1930 parmi les Ă©tudiants noirs africains et caribĂ©ens en France, qui vise Ă  valoriser et cĂ©lĂ©brer l'identitĂ© noire, la culture africaine, et la diaspora africaine.  Il est fondĂ© par des figures telles que AimĂ© CĂ©saire, LĂ©opold SĂ©dar Senghor, et LĂ©on-Gontran Damas, qui  partagent les mĂŞmes expĂ©riences de marginalisation et de racisme, ce qui les pousse Ă  rechercher une identitĂ© commune. Les stĂ©rĂ©otypes racistes et les politiques d'assimilation culturelle exacerbaient ce sentiment d'aliĂ©nation. 

De nombreux écrivains et penseurs de la Négritude ont été inspirés par le mouvement culturel et intellectuel afro-américain des années 1920 aux États-Unis (Harlem Renaissance). Le mouvement littéraire et artistique surréaliste en France a également influencé les fondateurs de la Négritude, notamment dans leur approche poétique et leur rejet des normes occidentales. En 1935, Césaire, Senghor et Damas ont fondé la revue L'Étudiant Noir à Paris, qui deviendra un forum de discussion pour les idées de la Négritude. Le mouvement va attirer de nombreux écrivains, intellectuels et artistes noirs, créant un réseau international de soutien et de collaboration, d'autant que ce mouvement coïncide avec la montée des luttes pour l'indépendance en Afrique et dans les Antilles. Beaucoup de ses leaders deviendront même des figures politiques influentes. Senghor, par exemple, a été le premier président du Sénégal.

Le mouvement est intrinsèquement lié à la lutte contre le colonialisme et l'oppression, et il appelle à l'émancipation des peuples colonisés. Il met en avant l'importance de reconnaître et d'accepter l'identité noire en réponse au colonialisme et à la dévaluation de la culture africaine par les colonisateurs européens. Les auteurs de la Négritude cherchent ainsi à redécouvrir et à réhabiliter l'histoire, les traditions, et les valeurs africaines, qui ont été souvent déformées ou méprisées par le discours colonial.

La NĂ©gritude prĂ´ne une solidaritĂ© entre les Noirs de la diaspora, qu'ils soient d'Afrique, des Antilles ou d'ailleurs, afin de renforcer leur position et leur identitĂ© collective. S'il ne s'agissait que de cela, on n'aurait affaire qu'Ă  une forme d'indentitarisme de plus. Tout aussi dĂ©plaisante que les autres. Mais la focalisation sur l'identitĂ© noire, n'empĂŞche pas la NĂ©gritude d'aspirer Ă©galement Ă  un humanisme universel oĂą la diversitĂ© des cultures est respectĂ©e et cĂ©lĂ©brĂ©e. La NĂ©gritude s'est voulue non un repli, mais une ouverture. Ce programme est-il rĂ©alisable? On peut ĂŞtre dubitatif sur la viabilitĂ© de tout discours entĂ©rinant d'une certaine manière celui de l'oppresseur, qui fonde justement son oppression  (sa discrimination, etc.) sur l'idĂ©e qu'il existe bien une distinction objective et signifiante (ici entre Blancs et Noirs) lui servant de lĂ©gitimation.

Ce mouvement a eu un impact considérable sur la littérature et la politique en Afrique et dans la diaspora. Il a inspiré de nombreux écrivains et intellectuels et a contribué à la décolonisation de l'Afrique. Le concept de Négritude a également influencé d'autres mouvements identitaires et culturels, même si c'est avec des visées différentes, comme le Black Power aux États-Unis, ou divers mouvements de libération en Afrique et dans les Caraïbes.

Principales figures du mouvement de la NĂ©gritude.
Le mouvement de la Négritude a été façonné par plusieurs figures clés, dont les contributions ont été déterminantes pour l'articulation et la diffusion de ses idées. Voici un aperçu des principales figures de la Négritude :
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• AimĂ© CĂ©saire (1913-2008). -  NĂ© Ă  Basse-Pointe, en Martinique. Il a utilisĂ© la poĂ©sie comme un outil de rĂ©sistance et de rĂ©affirmation identitaire, soulignant la nĂ©cessitĂ© de la dĂ©colonisation et de la renaissance culturelle. Parmi ses oeuvres : Cahier d'un retour au pays natal (1939), un poème Ă©pique qui exprime la douleur de l'aliĂ©nation coloniale et le dĂ©sir de retrouver les racines africaines; Discours sur le colonialisme (1950), un essai qui dĂ©nonce les horreurs du colonialisme et son impact dĂ©shumanisant.

• LĂ©opold SĂ©dar Senghor (1906-2001). -  NĂ© Ă  Joal, au SĂ©nĂ©gal. PrĂ©sident du sĂ©nĂ©gla entre 1960 et 1980, il a dĂ©veloppĂ© le concept de « civilisation de l'universel », visant Ă  intĂ©grer les valeurs africaines dans une humanitĂ© partagĂ©e. Il considère la nĂ©gritude comme une composante essentielle de la culture mondiale. Oeuvres : Chants d'ombre (1945), un recueil de poèmes cĂ©lĂ©brant la beautĂ© et la spiritualitĂ© africaines; Éthiopiques (1956), un recueil de poèmes sur les thèmes de la NĂ©gritude et de la relation entre l'Afrique et l'Occident.

• LĂ©on-Gontran Damas (1912-1978). - NĂ© Ă  Cayenne, en Guyane française. Il  est connu pour son style direct et Ă©motionnel. Ses oeuvres reflètent une critique intense du colonialisme et un appel Ă  la reconnaissance et Ă  la valorisation des cultures noires. Ex. : Pigments (1937), un recueil de poèmes marquĂ©s par une dĂ©nonciation virulente du colonialisme et du racisme.

• Birago Diop (1906-1989). - NĂ© Ă  Dakar, au SĂ©nĂ©gal. Il a jouĂ© un rĂ´le crucial dans la prĂ©servation et la valorisation de la tradition orale africaine, contribuant ainsi Ă  la rĂ©affirmation de l'identitĂ© culturelle africaine. On lui doit notamment  Les Contes d'Amadou Koumba (1947), un recueil de contes traditionnels africains.

• Paulette Nardal (1896-1985). - NĂ©e Ă  La TrinitĂ©, en Martinique, elle a Ă©tĂ© la cofondatrice de la revue La Revue du Monde Noir avec sa soeur Jeann .  Nardal a Ă©tĂ© une pionnière dans la crĂ©ation d'espaces de discussion intellectuelle pour les Afro-descendants Ă  Paris, jouant un rĂ´le clĂ© dans l'Ă©mergence de la NĂ©gritude.

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