Paul Eluard

Paul Éluard naît dans une famille modeste. Son père est comptable et sa mère couturière. En 1912, à l'âge de 17 ans, il contracte une tuberculose et séjourne dans un sanatorium en Suisse, où il commence à écrire de la poésie. C'est là qu'il rencontre sa première femme, Gala, qui deviendra plus tard l'épouse de Salvador Dalí.

Éluard publie son premier recueil de poèmes, Le Devoir et l'Inquiétude, en 1917, pendant la Première Guerre mondiale, où il sert comme infirmier. Il se lie rapidement avec les poètes et artistes du mouvement dadaïste, parmi lesquels Tristan Tzara et André Breton. Ces rencontres le conduisent à s'immerger dans le milieu avant-gardiste parisien et à contribuer à la revue Littérature.

• Le Devoir et l'Inquiétude (1917). - Ce recueil aborde les thèmes de l'angoisse existentielle et de la recherche du sens dans un monde marqué par la Première Guerre mondiale. Le titre évoque à la fois une responsabilité morale (« le devoir ») et une profonde incertitude («l'inquiétude »). Les poèmes sont caractérisés par une introspection personnelle et une sensibilité aux troubles de l'époque.

• Capitale de la douleur (1926) est un recueil composé de poèmes écrits entre 1921 et 1926. Influencé par sa relation complexe avec Gala, qui l'a quitté pour Dalí, Éluard y aborde les thèmes de l'amour, de la perte, de la solitude, de la mémoire et de l'espoir. Oscillant entre douleur et extase, le poète parcourt les profondeurs de la psyché avec un mélange d'intensité émotionnelle et de précision poétique. L'ouvrage est également empreint d'une certaine mélancolie, qui s'accompagne d'une réflexion sur la condition humaine, souvent à travers des images surréalistes et des métaphores puissantes.

• Amour et poésie (1929). - Ce recueil de poèmes est marqué par l'influence du surréalisme et est considéré comme une célébration de l'amour sous toutes ses formes. Éluard y exprime ses sentiments d'amour intense, notamment pour sa première épouse, Gala, qui fut sa muse et son inspiration. Les poèmes de ce recueil débordent de sensualité, de passion et de désir, tout en se hissant vers la dimension transcendante et éternelle de l'amour. Le style est caractérisé par des images oniriques, une fluidité des vers et un langage riche en symboles.

Au cours des années 1930, ses poèmes deviennent de plus en plus engagés. Ils appellent à la résistance contre le fascisme et à la solidarité avec les opprimés. Pendant la guerre civile espagnole, il exprime son soutien aux républicains avec des poèmes comme Victoire de Guernica (1938).

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Éluard est un membre actif de la Résistance française. Il utilise sa poésie comme une arme contre l'occupant nazi. Poésie et vérité 1942 est publié clandestinement et contient certains de ses poèmes les plus célèbres, comme Liberté, qui devient un symbole de la résistance. Il publie encore pendant la guerre : Au rendez-vous allemand (1944). 

• Poésie et vérité 1942 (1942). - Écrit durant l'Occupation allemande de la France, ce recueil exprime la résistance et l'espoir en un avenir meilleur. Les poèmes sont à la fois un acte de résistance contre l'oppression et une affirmation de la foi en la liberté et la vérité. L'un des textes les plus célèbres de ce recueil est Liberté, qui est devenu un symbole de la résistance française. Éluard y exprime son attachement aux valeurs humanistes et sa croyance en la puissance de la poésie pour inspirer et libérer. Le poème a été parachuté par les Alliés sur la France occupée.

• Au rendez-vous allemand (1944). -  Ce recueil de poèmes a été écrit lui aussi pendant l'Occupation et publié clandestinement. Les textes expriment ici encore la résistance contre les forces d'occupation nazies et la solidarité avec le peuple français. Le titre évoque une rencontre avec l'ennemi, mais aussi un engagement à combattre pour la liberté. Les poèmes sont empreints de courage, de révolte et d'un profond patriotisme.

• Le Temps déborde (1947). -  Ce recueil,  profondément personnel et émouvant, où la temporalité et la continuité des sentiments sont des thèmes récurrents, est dédié à Nusch, la femme d'Éluard, qui est décédée en 1946. Les poèmes sont empreints de douleur et de deuil, mais aussi d'une célébration de l'amour qu'il portait à sa femme. Éluard y exprime la souffrance de la perte, la mémoire et l'immortalité de l'amour. 

• Derniers poèmes d'amour (1951). -  Publié après la mort de Paul Éluard, ce recueil rassemble ses derniers poèmes, où l'amour reste un thème central. Les textes expriment des sentiments de passion, de tendresse et de nostalgie. L'amour y est célébré dans toute sa complexité, à la fois éphémère et éternel. Le recueil témoigne de la continuité de l'engagement d'Éluard envers l'expression des émotions humaines, même dans ses dernières années.