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Reims
Reims, Durocortorum puis Remi. -est une ville de France, dans le département de la Marne, à 156 km de Paris, à 43 kilomètres au Nord-Ouest de Châlons-en-Champagne, sur les rives de la Vesle, au fond d'une plaine crayeuse transformée par les amendements, encadrée de coteaux couverts de vignobles et couronnés de bois. Population : 189 000 habitants. 

La vieille cité archiépiscopale, la ville des sacres est devenue un centre important de l'industrie lainière, de l'industrie et du commerce des vins de Champagne. On remarque la cathédrale, un des plus admirables chefs-d'oeuvre de l'architecture gothique du XIIIe siècle, l'église de Saint-Remi, un arc de triomphe romain (la Porte de Mars) et de belles promenades. 

Reims, ancienne capitale des Remi, devint, sous les Romains, la capitale de la Belgique IIe. Clovis y fut baptisé par saint Remi en 496. Louis VII attribua à cette ville le sacre des rois de France, et tous, de Philippe-Auguste à Charles X, y ont été sacrés, à l'exception de Henri IV, qui le fut à Chartres, et de Louis XVIII, qui ne l'a pas été. Un grand nombre de conciles y ont été tenus. Le cardinal de Lorraine fonda, en 1548, une université qui subsista jusqu'à a Révolution. Presque complètement détruite par les bombardements allemands au cours de la Première Guerre mondiale, a été reconstruite et presque tous ses plus beaux monuments ont été restaurés dès l'entre-deux guerres.

Histoire.
Reims a pour origine Durocorterum, un oppidum des Remi, peuplade gauloise de la Belgique, fréquemment mentionnée par Jules César, et qui fut l'alliée des Romains. A la mort d'Auguste, Durocorterum est une Civitas foederata de la province de Belgique; à la fin du IVe siècle, la Civitas Remorum faisait partie de la Belgica secunda dont elle était la métropole. Par son antiquité, son importance administrative, ses manufactures impériales, Reims était une des principales villes de la Gaule. Plusieurs voies, mentionnées par les Itinéraires, rayonnaient autour de Reims dans toutes les directions, vers l'Italie par Châlons et Troyes, vers Bar-le-Duc, vers Metz par Verdun, vers Trêves, vers Cologne, vers Bavay, vers Boulogne-sur-Mer. En 406, Reims fut assailli par les barbares; son évêque Nicaise fut martyrisé. 

La ville se relevait de ses ruines, quand le roi des Francs, Clovis, vint y recevoir le baptême des mains de l'évêque Remi (496). Ce grand fait consacrait l'importance exceptionnelle du siège métropolitain de Reims, qui devenait comme le centre religieux du pays des Francs. Sous les Mérovingiens, Reims fut le chef-lieu d'un comté-: le pagus Remtianus ou Remensis. Au Xe siècle, l'archevêque de Reims reçut du roi des Francs la dignité de comte avec le droit de battre monnaie (940). L'ancien diocèse de Reims était le plus étendu du royaume : d'après le pouillé rédigé en 1777, il comprenait : 

1° l'archidiaconé de Reims (doyennés de Reims, la Montagne, Hermonville, Fismes, Lavannes, Saint-Germainmont, Charleville, Braux, Rumigny, Mézières, Rethel, Mouzon-Bar, Mouzon-Meuse); 

2° l'archidiaconé de Champagne (doyennés de Dun, Grandpré, Cernay-en-Dormois, le Châtelet, le Vallage, Attigny, le Chesne, Bétheniville, Vesle, Epernay). 

A l'époque féodale, l'archevêque de Reims avait dû, de gré ou de force, abandonner la possession, de fait, de la plus grande partie de son domaine temporel à des barons ses voisins, parmi lesquels les comtes de Troyes, devenus au XIIIe siècle les possesseurs du poissant comté de Champagne.

Dès les débuts de la dynastie capétienne, les archevêques de Reims furent investis d'une importante prérogative, celle de sacrer les rois. Une bulle de Sylvestre II (999) la leur reconnaît; l'archevêque Guillaume aux Blanches Mains obtint en 1179 un bref d'Alexandre III, qui défendait à tous autres que les archevêques de Reims, de procéder au sacre des rois. Louis VII régla lui-même le cérémonial du sacre. A cette occasion, le comté, que les archevêques avaient reçu de Louis d'Outremer, fut érigé par Louis VII en duché et en pairie du royaume.

L'église de Reims eut de bonne heure une école épiscopale fameuse; elle compta parmi ses maîtres Gerbert d'Aurillac, plus tard pape sous le nom de Sylvestre II, qui y enseigna de 972 à 982 sous l'archevêque Adalbéron. Au XIIIe siècle, Reims possédait plusieurs collèges, entre autres celui des Bons-Enfants; elle eut également une Université. Au cours du XIIIe siècle, le temporel de l'église de Reims ressortissait au bailliage royal de Vermandoisqui avait son siège à Laon. Au XIVe siècle, Reims fut le siège d'une élection qui, vers 1480, fut rattachée à une circonscription financière d'un ordre supérieur, la généralité d'Outre-Seine dont Paris était le chef-lieu. Au XVIe siècle, à la suite du démembrement de la généralité d'Outre-Seine, l'élection de Reims fut rattachée à une nouvelle généralité, celle de Châlons. Cette dernière ville, quoique moins importante que Reims, devint le chef-lieu du gouvernement de Champagne. En 1552, Reims fut doté d'un tribunal présidial dont le ressort fut, il est vrai, sensiblement restreint par la création à Châlons d'un nouveau présidial en 1637. A la fin de l'Ancien régime, Reims avait encore un grenier à sel, une maîtrise des eaux et forêts, un tribunal de juges-consuls, un hôtel des monnaies, un lieutenant de la maréchaussée, un bureau pour les cinq grosses fermes. 

Après avoir fait l'expérience malheureuse d'une commune dont l'érection leur fut accordée par le roi Louis VII (1439), les habitants reçurent de l'archevêque Guillaume aux Blanches Mains une charte organisant un échevinage : les échevins élus avaient des attributions administratives et judiciaires sous le contrôle du bailli de l'archevêque (1182). Au XIVe siècle apparaît un lieutenant qui représente le pouvoir exécutif. A partir de 1448, ce lieutenant est assisté d'un conseil qu'il préside et auquel prenaient part l'archevêque ou son grand vicaire, les deux sénéchaux du chapitre, les abbés de Saint-Remi, Saint-Nicaise et Saint-Denis, deux échevins et le procureur-syndic de la ville. Les droits de l'échevinage et les attributions du conseil se trouvant fréquemment en conflit, un arrêt du conseil d'Etat (1636) sanctionna la réunion des deux corps; et l'administration municipale prit alors le titre général de lieutenant, gens du conseil et échevins de la ville de Reims.

Reims fut de bonne heure une ville d'industrie, de commerce et un grand centre de population. Au Moyen âge, ses foires, celle de Pâques fondée par l'archevêque Henri de France (1170) et celle de Saint-Remi (1183), étaient fort achalandées. En 1471, ces foires furent déclarées par Louis XI foires de Champagne, c.-à-d. que, comme celles de Châlons, Troyes et Provins, elles devinrent franches de tous droits d'entrée. En 1521, François ler institua deux nouvelles foires. 

Reims fut le principal entrepôt des laines de la Champagne; ses draperies (serges, étamines, burats, droguets, tiretaines, etc.) et ses tapis avaient une grande renommée; ses marchands étaient riches et honorés : Colbert était le fils d'un marchand-drapier de Reims. En 1732, Reims comptait 1360 maîtres et 3000 ouvriers occupés au tissage des étoffes de laines; un grand nombre de bourgs et villages de la Champagne travaillaient la laine pour les fabricants de Reims. A la fin du XVIIIe siècle, Reims était devenu également le principal centre de la préparation des vins mousseux de Champagne. En 1792, le chiffre de la population s'élevait à 30.000 habitants.

Les armes de Reims sont :  D'azur, semé de fleurs de lys d'or, coupé d'argent à deux rainceaux de laurier de sinople, enlacés en forme de sautoir; au-dessus, une couronne murale à cinq créneaux, surmontée de la devise (lettres d'or sur fond blanc) : Dieu en soit garde; sur les côtés et au-dessus de l'ecu, des pampres de vigne auxquels on a joint des épis de blé.
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Reims en 1918, après les destructions de la Première Guerre mondiale.
Reims en 1918, après les destructions de la Première Guerre mondiale. Le quartier autour 
de la cathédrale a été entièrement dévasté par les bombes et les incendies.

Les monuments.
La ville primitive, sur la rive droite de la Vesle, était circonscrite dans les murs de l'ancien oppidum gallo-romain : c'est là qu'étaient groupés autour de la cathédrale l'Hôtel-Dieu , l'abbaye de Saint-Pierre-aux-Nones et diverses maisons religieuses. Un second bourg se forma à l'époque mérovingienne en dehors de l'enceinte primitive, autour de l'abbaye de Saint-Remi; puis de chaque coté du chemin qui joignait le bourg à la ville, une nouvelle agglomération prit naissance; de même à peu de distance des murs, autour de l'église de Saint-Denis. Au XIVe siècle, ces agrandissements successifs de la ville furent englobés dans une enceinte continue de fortifications, et Reims ne reçut aucun accroissement jusqu'au XIXe siècle. La construction du canal de l'Aisne à la Marne, l'établissement des voies ferrées, le développement industriel de la ville et l'accroissement rapide de sa population provoquèrent la création de nouveaux faubourgs qui se prolongèrent démesurément dans la direction des Ardennes et du Nord (faubourg Cérès, faubourg de Laon). 

Malgré ces transformations, Reims a gardé l'aspect des vieilles villes champenoises. Sans doute, elle a une gare majestueuse qui se dresse en face de belles promenades, bordées par les hôtels particuliers des grands industriels rémois; les boulevards de ceinture (boulevard Foch, Pasteur, Paul Doumer, etc.), les rues qui aboutissent de la gare au coeur de la ville (rue Thiers, arcades de la place Drouet-d'Erlon), la place Royale, ne sont pas dépourvus d'un air de grandeur; mais le centre, le Reims du Moyen âge, a aussi conservé quelques-unes de ses petites rues, qui autrefois étaient bordées de maisons basses, irrégulières, construites pour la plupart en bois.

La vieille cité gallo-romaine, située au croisement des routes d'invasions, était trop exposée pour n'avoir pas eu à en souffrir. Des monuments de son éclatant passé, Reims n'a conservé que des débris : la mosaïque des Promenades découverte en 1860, le sarcophage de Jovin, préfet des Gaules, l'Arc de Triomphe ou Porte de Mars, à l'extrémité Nord-Est des Promenades; de ses thermes, de ses aqueducs, de ses temples, de ses basiliques, rien n'est resté debout. L'héritage monumental du Moyen âge est plus riche. Les deux principales églises, la cathédrale et la basilique Saint-Remi, sont admirables. 

La Porte de Mars.
L'arc de Reims est un monument romain plus connu sous le nom de Porte de Mars, élevé, selon les uns, en l'honneur de Jules César au temps d'Auguste, et, selon les autres, par l'empereur Julien. Il servit de porte de ville jusqu'en 1544 : à cette époque on ouvrit une nouvelle porte, et l'arc fut enfoui dans le rempart. Il fut retrouvé en 1595, puis oublié de nouveau. On le déblaya en 1677, mais jusqu'au milieu du XIXe siècle il était resté enclavé dans le mur d'enceinte, et ne présentait alors à la vue qu'une de ses faces. Il est percé de trois arcades, entre chacune desquelles sont deux colonnes corinthiennes engagées, d'un mètre de diamètre, de 13 mètres de hauteur, et qui reposent sur un soubassement. On voit encore, dans les entre-colonnements, de grands médaillons, où étaient des bustes en demi-ronde-bosse, et des niches à fronton. La hauteur de l'arc, non compris l'attique, dont il ne reste plus de vestiges, est de 11 mètres; sa largeur, de 28 m. L'arcade principale, dite des Saisons, à cause des bas-reliefs dont sa voûte est décorée, a 9,50 m de hauteur, sur 4,50 m de largeur; les deux autres, dites de Romulus et de Léda, ont 9 m d'élévation, sur 3,15 m d'ouverture.
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Reims : le Porte de Mars.
La Porte de Mars, à Reims. Source : INHA.

La cathédrale Notre-Dame de Reims.
Notre-Dame de Reims, qui fut pendant de longs siècles comme le choeur de la France catholique et monarchique, bien que mal encadrée par une place étroite et sans perspective, inachevée par ses tours tronquées, n'en est pas moins une des oeuvres les plus pures de l'art gothique.

Sur l'emplacement d'une église bâtie par les soins de Saint Nicaise vers 401, et dans laquelle Clovis reçut le baptême, un nouvel édifice fut élevé au temps de Louis le Débonnaire par l'architecte Romuald. Flodoard, dans son histoire de l'église de Reims, en a décrit les magnificences. En 1211, un incendie dévora une partie de la ville, et la cathédrale dut être reconstruite. On y travailla dès 1212. Robert de Coucy donna les dessins du monument actuel, qui occupe une superficie de 6650 m², et qui est une des plus belles oeuvres de l'architecture gothique pour la régularité du plan, l'unité du style, l'ordonnance des parties, l'harmonie des détails et la perfection des ornements. Le chapitre put prendre possession du choeur en 1241; les tours de la façade principale furent achevées en 1430. Un incendie, en 1481, consuma cinq clochers qui surmontaient la croisée; on ne les a pas rétablis. 

La cathédrale de Reims est en forme de croix latine : elle a 133 m de longueur et 31 mètres de largeur; la croisée est large de 50 m. Robert de Coucy avait conçu son édifice avec des dimensions colossales, auxquelles on renonça bientôt : c'est ce que prouve la puissance des soubassements, à laquelle les étages supérieurs sont loin de répondre; on reconnaît qu'on a diminué, autant que possible, le volume primitif des points d'appui; la base des contre-forts a une saillie et une force que ne motive pas la légèreté de la partie supérieure. 
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Reims : la cathédrale.
La cathédrale de Reims.

Le grand portail occidental, qui a 47 m de largeur, est une merveille, et, dans les idées populaires, il constituerait avec la nef d'Amiens, le choeur de Beauvais, la flèche de Chartres ou de Strasbourg, un corps véritablement parfait. Sa partie inférieure, divisée par trois ouvertures, offre une certaine ressemblance avec la partie correspondante de la cathédrale d'Amiens : elle a peut-être moins de majesté dans l'ensemble, mais beaucoup plus de richesse dans les sculptures, et l'on ne saurait trouver rien de plus intéressant que cette réunion de niches, de dais, de statues et statuettes (au nombre de 530), de pinacles, de feuillages, d'aiguilles et de clochetons. Des trois arcades en ogive, celle du milieu est plus haute que les autres : elle a 11,66 m d'ouverture, et les autres 7 m. Leurs parois latérales sont décorées de 35 statues colossales (2,75 m de hauteur) de patriarches, de prophètes, de rois, d'évêques, de vierges et de martyrs, reposant sur un stylobate d'assez mauvais goût et qu'on croit avoir été refait au XVIIIe siècle. Au pilier qui partage en deux l'entrée principale est adossée une statue de la Vierge, et les bas-reliefs qui couvrent les faces de ce pilier représentent la chute du premier homme.

La voussure offre cinq rangs de petites figures, au nombre de 160; ces rangs sont séparés par des guirlandes de fleurs. Les voussures des deux autres portes ont chacune 97 statuettes. Les tympans sont à jour et vitrés. Les pieds-droits et les linteaux des trois portes sont chargés aussi de sculptures historiques ou allégoriques. L'arcade du milieu représente le couronnement de la Vierge, celle de droite le Jugement dernier, et celle de gauche la Passion. Le second étage du portail présente quatre contreforts d'une rare élégance : ils accompagnent la grande rosace, surmontée d'un arc ogival dont la voussure est ornée de dix statues ayant rapport à l'histoire de David. Le sommet de la façade est formé par la galerie des Rois, où 42 statues de rois de France, depuis Clovis jusqu'à Charles VI, remplissent autant d'arcades aiguës, ornées de découpures en trèfles et surmontées de petits frontons triangulaires. Deux tours sveltes et élégantes, de 7 m de côté, complètent cet ensemble : entourées de statues d'évêques, evidées à jour par de larges ouvertures, flanquées à leurs angles de tourelles également découpées, elles ont une apparence tout aérienne; leur hauteur est de 83 m.
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Reims : portail occidental de la cathédrale.
Reims : statues de la cathédrale.
Les voussures du portail occidental de la cathédrale de Reims.
Satues sur un pied-droit du portail 
ouest de la cathédrale.

Les portails latéraux offrent aussi de beaux détails d'architecture et de sculpture. Du côté du Nord, il y a deux portes voisines l'une de l'autre, et de même dimension que les petites du grand portail : à l'une, qui est fermée depuis longtemps, on voit la Résurrection des morts, le Jugement dernier, le Supplice des réprouvés, et les Joies du Paradis; l'autre, flanquée de 3 grandes statues de chaque côté, présente, également en bas-reliefs, le martyre de Saint Nicaise et les miracles de Saint Remi. A l'extrémité de l'abside s'élève, de 18 m au-dessus du toit, une gracieuse flèche en charpente recouverte de plomb, dite flèche de l'Ange, parce qu'elle porte à sa pointe un ange doré qui tient une croix sa base est supportée par 8 figures colossales, espèces de caryatides, dont l'attitude, l'expression et les attributs ont exercé en vain jusqu'ici la sagacité des archéologues. Toute l'église est couverte en plomb. Alentour règnent 22 contre-forts à doubles arcs-boutants, et couronnés chacun par une statue d'ange ou de roi.

L'intérieur de la cathédrale de Reims a un aspect imposant. La voûte de la grande nef s'élève à une hauteur de 37,60 m; elle est peinte en azur et parsemée de fleurs de lis, décoration qui fut faite pour le sacre de Charles X. Les nefs latérales, comme dans tous les édifices du XIIIe siècle, sont dépourvues de chapelles, mais il y en a sept qui rayonnent autour du chevet. Les piliers sont ronds, cantonnés toutefois de quatre colonnes cylindriques d'un diamètre moins considérable, et portent d'élégants chapiteaux à volutes recourbées, à feuillages légers et gracieux, d'où s'élancent des colonnettes qui vont soutenir les nervures de la voûte. Les travées sont réunies les unes aux autres par de belles galeries, composées de petites colonnes à chapiteaux et d'ouvertures ogivales de 3,30 m d'élévation. Les fenêtres ont pour la plupart conservé leurs verrières (restaurées après les destruction de 1914); les plus remarquables oeuvres des peintres verriers dans cet édifice sont les roses des portails, surtout celle du portail méridional, qui représente le Père Eternel sous les traits et les attributs de Jupiter, et entouré des 12 Apôtres. La rose du Nord offre les 12 signes du zodiaque. 

Dans la cathédrale de Reims, le transept est beaucoup plus rapproché du chevet que dans la plupart des autres églises du Moyen âge : il en est résulté que le choeur, trop étroit pour les grandes cérémonies du sacre des rois de France, a été agrandi aux dépens de la croisée et même de la grande nef, sur laquelle il empiète de trois travées. C'est une disposition défectueuse, qui a pour effet de rétrécir les proportions des autres parties : le choeur proprement dit et le sanctuaire ont leur destination naturelle; mais l'arrière-choeur, qui renfermait avant la Révolution le Trésor de l'église, vases sacrés, reliquaires, saintes images, riches offrandes des rois, des seigneurs et des prélats, n'a plus d'emploi aujourd'hui. Il y avait autrefois une clôture de choeur en pierre sculptée et un très beau jubé : ces oeuvres ont été détruites. L'orgue, fait en 1481, réparé en 1647, et de nouveau par John Abbey en 1849, est regardé comme un chef-d'oeuvre : il est haut de 20 m, et on y employa 7,250 kg d'étain. Dans le collatéral de droite, on voit le cénotaphe en marbre de Jovin, préfet de la Gaule celtique : c'est un des plus beaux morceaux de sculpture antique qu'il y ait en France. Il provient d'une église Saint-Nicaise, détruite à la Révolution. Sa longueur est de 2,78 m, sa largeur et sa profondeur de 1,50 m; le bas-relief représente une chasse au lion. Au-dessus de la sacristie est une curieuse horloge à figures mécaniques. 

La cathédrale de Reims contient de nombreuses pierres tumulaires, parmi lesquelles on remarque celle de Hugues Libergier, architecte de Saint-Nicaise; elle a quelques précieux tableaux : Jésus et Madeleine, attribué à Titien; une Nativité, par le Tintoret; le Lavement des pieds, par Jérôme Muziano; le Christ aux Anges, par Taddeo Zuccharo; la Manne dans le désert, par le Poussin. Citons encore de curieuses tapisseries, et un Trésor qui renferme, entre autres richesses : le reliquaire de Sanson (XIIe siècle), celui de Saint Pierre et Saint Paul, tous deux en forme de petits monuments d'architecture; le vaisseau de Sainte Ursule, donné par Henri III; le reliquaire de la sainte Ampoule; les vases et ornements du sacre de Charles X; une croix byzantine, divers ostensoirs, etc

La basilique Saint Rémi. 
Cette église, la plus ancienne de la ville, fut fondée en 1005, sur l'emplacement d'une chapelle dédiée à Saint Clément martyr, puis à Saint Christophe, et dans laquelle était le tombeau de Saint Remi on la dédia en 1049, mais elle ne fut achevée qu'au milieu du XIIe siècle. La partie méridionale du transept dut être reconstruite en 1481. On remarque, dans la galerie du transept septentrional, deux colonnettes en marbre gris, avec chapiteaux en marbre blanc, et, à la façade principale, plusieurs colonnes en granit, qui remontent à une époque plus ancienne que le monument lui-même; on ne saurait dire si elles appartiennent aux constructions antérieures, ou si elles proviennent de quelque édifice gallo-romain. L'église de Saint-Remi est en style romano-byzantin. Elle a 110 m de longueur. L'extérieur offre des formes monotones et peu variées, et la façade est surmontée de deux clochers relativement modernes, couverts en ardoise. 
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Reims : la basilique Saint-Remi.
La basilique Saint-Rémi.

L'ordonnance intérieure est pleine de majesté. De belles galeries règnent sur toute la largeur des collatéraux, comme à Saint-Étienne de Caen et à Notre-Dame de Laon; elles s'ouvrent sur la nef par deux arcades cintrées qui reposent sur une élégante colonnette centrale. Le sommet de chaque travée est éclairé par une fenêtre à plein cintre surmontée d'un oeil circulaire. Dans la région absidale, les arcades sont ogivales; la galerie principale est surmontée d'une autre galerie, composée de six ouvertures étroites à ogive aiguë; au-dessus s'ouvrent trois fenêtres à lancette simple. Une belle rose flamboyante éclaire le côté méridional du transept, et, de ce côté, le portail extérieur offre une ornementation remarquable. 
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Reims : coupe de la basilique Saint-Remi.
Coupe de la basilique Saint-Rémi. La galerie supérieure,
aussi large que le bas côté était probablement voûtée de la 
même manière. Sur cette figure, on asupposé les charpentes
des bas côtés enlevées, afin de laisser voir l'extrados 
des berceaux de ces collatéraux. (D'après Viollet-le-Duc). 

Le choeur, comme à l'église métropolitaine, est sorti de ses limites naturelles, et est entouré d'une riche clôture en style de la Renaissance, laquelle a beaucoup souffert au fond s'élève un mausolée moderne de Saint Remi , où l'on a employé 12 statues de pairs de France et un groupe de Saint Remi catéchisant Clovis, qui appartenaient au mau solée ruiné pendant la Révolution. Les cinq chapelles absidales offrent une disposition architecturale pleine d'originalité, et qu'on ne retrouve que dans la collégiale de Saint-Quentin; celle de la Vierge, qui occupe le fond, a 14,28 m de longueur, sur 7,50 m de largeur. 

Les autres monuments.
L'église Saint-Jacques (XIIe siècle - XVIe siècle) est la seule ancienne église paroissiale conservée intacte, si ce n'est qu'elle possède aujourd'hui des vitraux modernes. Citons encore l'église Saint-Nicaise, oeuvre de l'architecte rémois Libergier; la chapelle palatine à l'archevêché (XIIIe siècle), reconstruite après 1918, qui abrite aujourd'hui le musée du Tau (trésor et sculptures provenant de la cathédrale, tapisseries, manuscrits médiévaux, etc.) ; le palais de l'archevêché (XVe siècle), où résidaient les rois de France au moment de leur sacre. Reims a encore conservé du Moyen âge quelques vieilles maisons, véritables curiosités artistiques : ainsi la Maison des musiciens (ou des Comtes de Champagne) au 22 de la rue de Tambour (restaurée massivement). L'hôtel de ville, commencé sous Louis XIII, dans le style de la Renaissance, a été achevé seulement à la fin du XIXe s. 

Mais c'est au XVIIIe siècle que Reims a reçu les plus remarquables embellissements : de cette époque date le magnifique quartier de la place Royale dont le plan, conçu par l'ingénieur Legendre, a été exécuté sous la direction du lieutenant de la ville, Lévesque de Pouilly (mort en 1750); sur la place, la statue de Louis XV est ornée de figures allégoriques, oeuvre du sculpteur Pigalle; sous préfecture dans l'ancien hôtel des Fermes; l'hôtel Ponsardin, 30 rue Cérès, qui abrite la Chambre de Commerce, date du XVIIIe s.; des élèves rémois de Le Nôtre dessinèrent les Promenades (1731); la Porte de Vesle, en fer forgé, fut exécutée sous Louis XVI par un artiste rémois. Parmi les monuments élevés au XIXe siècle, nous citerons : l'église Saint-Maurice reconstruite en 1867, les églises Saint-Thomas (1847-1866), Saint-André (1857-1864), Sainte-Geneviève (1878); la fontaine Godinot (1843); la lourde statue de Drouet d'Erlon (1849); la statue de Colbert par Guillaume (1860), sur la promenade qui occupe l'emplacement des anciens remparts; le Théâtre (1866-1873). Mentionnons encore la chapelle néo-romane de la Paix (rue du Champ-de-Mars), décorée par le peintre Foujita (mort en 1968) et qui y est enseveli.

Reims possède un musée lapidaire dans une portion du cloître de l'ancienne abbaye de Saint-Remi (Hôtel-Dieu); l'hôtel de ville contient un musée rétrospectif rempli de souvenirs locaux de toute nature, un musée archéologique, un musée de peinture et de sculpture, un musée rémois où sont réunis non seulement les oeuvres d'artistes rémois, mais encore des portraits de personnages, des vues de monuments, etc. Une riche bibliothèque est annexée à ces musées. (Emile Chantriot / B. / P.).

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Dictionnaire Villes et monuments
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