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Gabriel García Márquez

Gabriel ("Gabo") García Márquez est un écrivain, journaliste et scénariste  né le 6 mars 1927 à Aracataca, un petit village de la côte caraïbe de la Colombie, et mort  le 17 avril 2014 à Mexico (Mexique). Son œuvre la plus célèbre, Cien años de soledad (Cent ans de solitude, 1967), a contribué à populariser le réalisme magique, un style littéraire qui mélange le fantastique et le quotidien, et a fait de lui une figure centrale de l'essor de la littérature latino-américaine des années 1960-1970. Il a reçu le prix Nobel de littérature en 1982.

García Márquez grandit dans un environnement riche en légendes et en histoires orales, notamment auprès de ses grands-parents maternels qui ont joué un rôle déterminant dans sa formation littéraire. Son grand-père, le colonel Nicolás Márquez, vétéran de la guerre des Mille Jours, lui raconte des histoires de guerre et de politique, tandis que sa grand-mère lui transmet des récits remplis de superstitions et de mysticisme. Deux influences  qui vont nourrir puissamment son imaginaire et sa future oeuvre littéraire.

En 1936, après la mort de son grand-père, Gabriel est envoyé à Barranquilla, puis à Bogotá, où il poursuit ses études. C'est dans cette ville qu'il commence à s'intéresser sérieusement à la littérature et à l'écriture. Ses premières lectures sont des auteurs  comme Kafka, Faulkner, Hemingway, et Joyce, mais aussi des écrivains latino-américains comme Jorge Luis Borges. Dans les années 1940, Gabriel García Márquez entame des études de droit à l'Université nationale de Bogotá, mais il les abandonne rapidement pour se consacrer au journalisme, un métier qu'il exerçera pendant de nombreuses années. Il écrit pour plusieurs journaux colombiens et étrangers, dont El Espectador en Colombie, où il publie ses premières chroniques et nouvelles.

En 1955, il publie son premier roman, La Hojarasca (La Caverne des ancêtres), où il introduit pour la première fois la ville fictive de Macondo, qui deviendra un cadre récurrent de son oeuvre, notamment dans Cent ans de solitude. Ce village imaginaire, inspiré d'Aracataca, est un microcosme de l'Amérique latine, traversé par les forces de l'histoire, de la politique, et du surnaturel. En parallèle de sa carrière littéraire, García Márquez continue sa carrière de journaliste international, travaillant à Paris, La Havane, et New York. Il couvre notamment des événements comme la Révolution cubaine et les révolutions sud-américaines.

C'est en 1967, avec la publication de Cent ans de solitude, que García Márquez connaît un succès retentissant à l'échelle internationale. Ce roman est considéré comme l'une des oeuvres les plus importantes de la littérature mondiale. Il raconte l'histoire de la famille Buendía sur plusieurs générations, dans la ville de Macondo, et mêle des éléments de réalisme magique (événements surnaturels racontés comme étant parfaitement ordinaires) avec un profond ancrage dans l'histoire de l'Amérique latine. Dans Cent ans de solitude, le réalisme magique, genre inauguré par Juan Rulfo (Pedro Paramo, 1955), atteint son apogée, avec des épisodes fantastiques qui reflètent le surréalisme de la vie dans un continent marqué par la violence, la dictature, et la répression. García Márquez décrit l'isolement et la solitude des Buendía, symbolisant ainsi la condition humaine et le destin des sociétés latino-américaines. 

Cent ans de solitude (Cien años de soledad), publié en 1967, raconte l'histoire de la famille Buendía sur plusieurs générations dans le village fictif de Macondo. À travers des thèmes de solitude, de temps cyclique et d'histoire, García Márquez questionne les paradoxes de la condition humaine. A travers le prisme de Macondo, Cent ans de solitude aborde aussi l'histoire du pays, avec les luttes politiques et sociales de l'Amérique latine. La mémoire est également un aspect essentiel, car les personnages sont souvent hantés par leurs choix passés.

Le roman débute avec la fondation de Macondo par José Arcadio Buendía et Úrsula Iguarán, un couple cousin, qui fuient un passé entaché par la peur d'une malédiction de l'inceste. Au fur et à mesure que Macondo se développe, le récit suit les membres de la famille Buendía à travers plusieurs générations, en illustrant leurs luttes, leurs passions et leurs tragédies. José Arcadio Buendía est obsédé par la science et l'alchimie, mais son isolement et sa folie croissante conduisent sa famille à la désillusion. Úrsula incarne la force et la résilience, tentant de maintenir l'unité familiale face aux calamités. Les enfants, José Arcadio et Aureliano Buendía, incarnent différentes facettes de la solitude et de l'aliénation. Aureliano, notamment, est en proie à des conflits intérieurs qui le mènent à la guerre civile.

La solitude est un thème central. Elle touche chaque membre de la famille Buendía. Malgré les relations et les passions, ils sont incapables de se comprendre ou de se connecter les uns aux autres. García Márquez présente le temps comme un phénomène cyclique, où les événements se répètent d'une génération à l'autre. Cette notion est illustrée par les événements tragiques et les choix récurrents de la famille. Le roman intègre des éléments fantastiques dans un cadre réaliste. Les événements extraordinaires, tels que la pluie de fleurs et la résurrection, reflètent les croyances et les superstitions de la culture latino-américaine. Les membres de la famille semblent pris dans un destin inexorable, suggérant une tension entre le libre arbitre et les forces prédestinées. Le style de García Márquez est caractérisé par une prose lyrique et évocatrice, imbibée de métaphores riches. Le récit, qui oscille entre le narratif et le descriptif, crée une atmosphère envoûtante. L'utilisation de la narration omnisciente permet au lecteur de plonger profondément dans les pensées et les sentiments des personnages.

Le roman devient rapidement un succès mondial, traduit dans de nombreuses langues et vendu à des millions d'exemplaires. Il est l'une des œuvres emblématiques du mouvement littéraire latino-américan qui a révélé au monde une nouvelle génération d'écrivains (ce qu'on a appelé le  « boom latino-américain ») tels que Mario Vargas Llosa, Julio Cortázar, et Carlos Fuentes.

García Márquez est également très engagé politiquement. Proche de la gauche, il  noue des relations étroites avec plusieurs dirigeants politiques révolutionnaires, notamment Fidel Castro à Cuba, qu'il considère comme un ami personnel. Cette proximité avec les régimes socialistes lui vaut des critiques, notamment en raison de son soutien à certaines dictatures de gauche, mais elle reflète aussi son profond attachement à la justice sociale et à la lutte contre l'impérialisme. En raison de ses positions politiques et de ses critiques des régimes conservateurs, García Márquez va devoir vivre en exil pendant de nombreuses années, principalement au Mexique et en Europe, notamment à Barcelone où il se lie d'amitié avec plusieurs auteurs importants (Rosa Regàs, Josep Pla, Álvaro Cunqueiro et aussi nombre d'autres exilés latino-américains). Il retourne définitivement en Amérique latine dans les années 1980.

En 1982, Gabriel García Márquez reçoit le prix Nobel de littérature. Le comité Nobel salue son œuvre qui, "à travers un mélange de fantastique et de réalité, reflète la vie et les conflits d'un continent". À cette époque, l'écrivain est déjà une figure de proue de la littérature mondiale, et son influence dépasse largement les frontières de la Colombie. Dans son discours de réception du prix, intitulé La solitude de l'Amérique latine, il évoque les défis historiques et sociaux auxquels sont confrontées les nations du continent, en soulignant la nécessité pour ces pays de trouver leur propre voie vers la justice et la prospérité, indépendamment des ingérences extérieures.

Après Cent ans de solitude, García Márquez publie plusieurs autres romans, recueils de nouvelles et essais, parmi lesquels : El otoño del patriarca (L'Automne du patriarche, 1975), un roman sur la solitude du pouvoir et la dictature, qui s'inspire de figures comme Juan Vicente Gómez au Venezuela ou Rafael Trujillo en République dominicaine; Crónica de una muerte anunciada (Chronique d'une mort annoncée, 1981), un court roman sur un meurtre annoncé dans un village où personne n'ose intervenir pour empêcher le crime; El amor en los tiempos del cólera (L'Amour aux temps du choléra, 1985), une histoire d'amour épique qui se déroule sur plusieurs décennies dans une ville portuaire des Caraïbes; et El general en su laberinto (Le Général dans son labyrinthe, 1989), une oeuvre historique sur les derniers jours du libérateur sud-américain Simón Bolívar.

En plus de son oeuvre de fiction, García Márquez ne cesse d'écrire des chroniques journalistiques et des essais tout au long de sa vie. Il s'intéresse à la politique, au cinéma et à la culture latino-américaine. Son travail de journaliste, souvent éclipsé par sa carrière de romancier, est tout aussi important et révèle son engagement constant envers la vérité et la justice. Dans les années 1990, la santé de García Márquez commence à décliner. Il continue à écrire malgré tout, et en 2002, il publie ses mémoires sous le titre Vivir para contarla (Vivre pour la raconter), où il relate sa jeunesse en Colombie et ses débuts dans le journalisme et la littérature. En 1999, on lui diagnostique un cancer lymphatique, et bien qu'il parvienne à s'en remettre, il s'éloigne progressivement de la vie publique au début des années 2000.  Il meurt le 17 en 2014 à l'âge de 87 ans.

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