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Le
Classique des Mutations (易经, Yìjīng), également connu
sous le nom de Livre des Mutations ou I Ching, est l'un des
textes les plus anciens de la littérature
chinoise. Il propose une vision du monde où le changement est constant
et où l'harmonie peut être trouvée en observant et en suivant les lois
naturelles. Son influence a été profonde sur la philosophie,
la culture, et la pratique divinatoire en
Chine, notamment via des courants de pensée comme le taoïsme
et le néoconfucianisme.
Les origines du Yìjīng
remontent à la dynastie Zhou (1046-256 av. J.-C.).
Il est traditionnellement attribué au roi Wen de Zhou et à son fils,
le duc de Zhou. Il s'agissait initialement d'un manuel de divination.
Mais le Yìjīng a progressivement été enrichi de commentaires
et d'annotations philosophiques, notamment les Dix Ailes (十翼,
Shí Yì), souvent attribuées à Confucius.
Au cours des dynasties Han et Tang,
le Yìjīng a été intégré dans le canon confucéen et a acquis
une signification philosophique et cosmologique plus large.
L'ouvrage est constitué
de 64 hexagrammes (gua, 卦), chacun formé de six lignes (yao, 爻) qui
peuvent être continues (yang) ou discontinues (yin). Chaque hexagramme
est divisé de deux trigrammes (八卦, bāguà) superposés, chacun formé
de trois lignes. Les trigrammes de base sont : Qian (乾, ciel), Kun (坤,
terre), Zhen (震, tonnerre), Xun (巽, vent), Kan (坎, eau), Li (离,
feu), Gen (艮, montagne), et Dui (兑, lac).
Ces hexagrammes sont
censés représenter les transformations fondamentales de la nature et
de la vie humaine. Chaque hexagramme est accompagné d'un texte explicatif
qui décrit sa signification. Le Yìjīng a été traditionnellement
utilisé comme un outil de divination. Le processus implique de poser une
question et de jeter des pièces de monnaie ou des bâtonnets pour obtenir
un hexagramme spécifique. L'hexagramme obtenu, ainsi que les lignes changeantes
(si des pièces ou des bâtonnets indiquent un changement de yin à yang
ou vice versa), sont interprétés pour donner des conseils ou des prédictions.
Le Yìjīng
est également un texte philosophique qui traite des principes fondamentaux
de l'univers, du changement, et de l'harmonie entre les forces opposées
(yin et yang).
Ainsi, les Dix
Ailes comprennent-elles des commentaires classiques comme la Grande
Image (大象, Dà Xiàng), qui interprète les hexagrammes
en termes de morale et de comportement, et la Séquence des Hexagrammes
(序卦传, Xù Guà Zhuàn), qui explique l'ordre des hexagrammes.
Introduit en Occident
au XVIIIe siècle, le Yìjīng a
attiré l'attention des philosophes, des sinologues et des penseurs. Des
traductions et des interprétations ont été réalisées par des figures
comme Richard Wilhelm et Carl Jung, qui ont étudié ses aspects psychologiques
et symboliques. |
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