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Le mot littérature,
dans son acception la plus abstraite et la plus étendue, s'applique
tantôt à la théorie générale, tantôt
à l'histoire des oeuvres de l'esprit humain, tantôt à
l'une et à l'autre en même temps; plus spécialement
le terme s'applique à l'ensemble des
productions littéraires d'un pays ou d'une époque. C'est
une des branches essentielles du savoir humain. On y classe à peu
près tous les textes, qu'ils soient oraux ou écrits, ne laissant
guère en dehors que ceux qui par leur brièveté et
leur forme exclusive de l'art ne relèvent que de l'archéologie
(inscriptions, légendes des monnaies et médailles).
Au XVIIe
siècle,
le mot littérature n'avait d'autre sens que celui de belles-lettres,
le même que celui de litterae chez les Romains,
et se disait uniquement des productions de l'esprit envisagées comme
oeuvres d'art. Les
sciences, la philosophie,
l'érudition elle-même, restaient donc en dehors de la littérature,
qui, par conséquent, n'avait aucun rapport à la conduite
et aux intérêts ordinaires de la vie. Au XVIIIe
siècle, la tendance du mouvement intellectuel étant à
populariser les connaissances acquises par les sciences, et surtout les
doctrines philosophiques alors régnantes, le sens du mot littérature
commença de s'élargir, et la fameuse Encyclopédie
de d'Alembert et Diderot
fut communément rangée parmi les oeuvres littéraires
de l'époque. Enfin, lorsque la Révolution eut aboli les titres
de noblesse et effacé toutes les distinctions sociales admises jusqu'alors,
toute expression de la pensée humaine par la parole
ou l'écriture, n'importe son objet,
prit place dans la littérature, car aucune d'elles ne parut tellement
infime et insignifiante, qu'on crut devoir la négliger. On considéra
avec raison que toute manifestation de la pensée
est, à un titre quelconque, l'expression de l'état social
d'un peuple, sous l'un de ses aspects si multiples; et de là cette
formule célèbre émise par un des philosophes les plus
éminents du XIXe siècle,
de Bonald, :
La littérature
est l'expression de la société.
Si, conformément
à cette formule, on comprend sous le titre de littérature
toutes les formes et tous les modes de manifestation de la pensée
par la parole, quel qu'en soit l'objet, il est
indispensable de diviser la littérature, selon l'objet même
dont s'occupe la pensée, et selon la forme que revêt la parole.
Dès lors, la littérature comprendrait principalement :
1° la
Poésie
2° l'Éloquence
3° l'Histoire
4° le Drame
et le Roman
5° les textes
de Grammaire, de rhétorique et de linguistiques
6° les textes
philosophiques et théologiques;
7° les textes
de sciences, soit pures, soit appliquées;
8° les textes
critiques (sur les Beaux-Arts, la littérature elle-même, etc.).
Les quatre premières catégories
correspondent à ce qu'on a appelé traditionnellement les
Belles-Lettres. La variété qui règne entre les diverses
productions des Belles-Lettres, fait qu'on les a soumises comme celles
de la Nature, aux procédés de la classification. D'abord
on a distingué la Prose et la Poésie; on a voulu définir
l'une comme la langue où la raison prédomine, l'autre celle
qui donne la priorité à l'imagination et au sentiment, et
l'on a établi les caractères propres qui conviennent à
chacune d'elles.
On peut aussi dire beaucoup de choses
très déraisonnables en prose, et il est des poètes
qui sont parfaitement dépourvus d'imagination, mais admettons cette
division qui elle-même amène à distinguer plusieurs
genres. La poésie a produit, comme genres principaux, la poésie
lyrique, la poésie épique, la poésie dramatique et
la poésie didactique; comme genres secondaires, la satire, la poésie
pastorale, l'apologue, l'élégie et, à un degré
inférieur encore, les poésies légères. La prose
comprend trois grands genres : le roman et la nouvelle, le drame ( = l'oeuvre
de théâtre), le conte et le genre épistolaire, auxquels
on a ajouté la critique, l'éloquence, et les formes littéraires
de la philosophie et de l'histoire (en y adjoignant même les oeuvres
journalistiques, qui appartiennent à "histoire immédiate").
(A.
H.).
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