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La découverte du monde > Le ciel |
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L'étrangeté
qu'a toujours eue pour les Occidentaux la civilisation
égyptienne les a souvent conduits à surestimer des connaissances
des anciens égyptiens, particulièrement en astronomie. Les
Grecs ont été les premiers à propager ce malentendu,
en faisant remonter leurs propres connaissances
aux Egyptiens. Lorsque la campagne de Bonaparte,
puis le déchiffrement des hiéroglyphes
ont fait redécouvrir cet ancien pays, quelques auteurs (Letronne,
Dupuis, Lockyer, etc.)
ont renchéri dans l'illusion et sont
allés jusqu'à prétendre que les Egyptiens auraient
pu donner une explication satisfaisante du mouvement
diurne,
par exemple, et que leur connaissance des quatre phases cardinales de la
course du Soleil
les avait incontestablement mis sur la voie de la découverte de
l'obliquité
de I'écliptique.
Rien pourtant parmi les documents d'origine proprement égyptienne
ne nous autorise à leur prêter une pareille compétence;
il ne faut pas partir du fait que les savants grecs d'Alexandrie
furent plus ou moins en rapport avec les prêtres d'Héliopolis,
pour mettre au compte des vieilles doctrines de
l'Égypte, la science des Eratosthène
et des Hipparque. Les ancêtres de l'astronomie
et de l'astrologie
grecques, ce sont jusqu'à un certain point les Mésopotamiens,
non les prêtres du collège héliopolitain. Si ces disciplines
ont prospéré en Egypte à la fin de l'Antiquité
(Epoque
Ptolémaïque, Epoque Romaine),
c'est seulement parce que les grecs les y avaient introduites.
Ce qui est proprement égyptien dans l'astronomie égyptienne, c'est... le Nil. Par son cours, il oriente l'espace, par ses crues, il rythme le temps. S'il y a eu une astronomie égytienne, c'était tout autant une nilonomie. C'était les deux à la fois. C'est ainsi que les Egyptiens remarquèrent la concordance qui existe entre le lever héliaque de Sirius (Grand Chien), l'étoile la plus brillante du ciel nocturne (Le Ciel de la Terre), et le commencement de la crue du Nil. Le monde terrestre et le monde céleste marchaient donc d'un même pas. Et l'on comprend que ce qui devait intéresser dès lors, c'était les levers d'étoiles, la marche du Soleil,, la rétrogradation de la Lune, etc. Tout les grands cycles cosmiques, en somme, qui expriment l'unité du monde et semblent donner sens à l'existence humaine. |
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L'astronomie égyptienne
resta en quelque sorte enlisée dans la routine la plus empirique.
La physique des cosmogonies
d'Héliopolis
ou d'Hermopolis,
reflet exact, si l'on veut, des croyances populaires,
mais qui tint une grande place dans les spéculations
des théologiens,
serait la chose du monde la plus inexplicable avec l'hypothèse
de la connaissance de la rondeur de la Terre
(Histoire de la géodésie),
de la véritable nature du ciel, etc., surtout si l'on accorde que
les astronomes et les théologiens formaient une seule et même
corporation. Or il n'est personne pour admettre qu'il y ait eu en Égypte
une science libre opposée à la
science des prêtres, et bien loin que les quelques résultats
obtenus par des siècles et des siècles d'observations
patientes n'ont pu réagir sur les théories
du monde que nous voyons dans les mythes
cosmogoniques (Religion égyptienne).
C'est cette physique de sauvage consistant dans la ferme croyance que le
ciel était une voûte d'airain, les astres
de simples lampes entretenues par des génies, et la Terre une île
ronde ou, plus sûrement rectangulaire, avec le Nil
qui en parcourt toute la longueur, suspendue on ne sait comment avec son
océan,
qui fut le principal régisseur de l'astronomie.
La déesse Nout, personnification du ciel. Une autre cause
du caractère pris par cette branche de la science en particulier
et de toutes les autres branches en général, ce fut l'absence
de spéculation se désintéressant
de retombées pratiques immédiates. Rien de semblable à
ce qui se passa dans le monde grec, même au temps où la philosophie
divaguait sur les origines des choses; chaque
science était pour l'Égypte non un corps de doctrine,
mais un ensemble de recettes à suivre en vue d'un but bien déterminé.
Que demandaient-ils à l'astronomie? De déterminer simplement
la périodicité de certains retours auxquels étaient
liées les fêtes religieuses. Le résultat le plus clair
des recherches faites dans cette voie ce fut le calendrier.
La marche des astres Les deux principales écoles astronomiques
étaient les collèges d'Héliopolis
et d'Hermonthis.
Leur fondation remontait aux époques les plus lointaines de l'histoire,
peut-être même à celle qui précéda l'établissement
de la monarchie. Quoiqu'il en soit, les monuments de la Ve
et de la VIe dynastie (Ancien
Empire) nous mettent déjà en présence de données
astronomiques ne différant pas sensiblement de celles que nous trouverons
dans les textes de la Basse Epoque, c'est-à-dire
près de 3000 ans plus tard, à l'autre extrémité
de la chronologie pharaonique Le ciel
y est déjà divisé en quatre parties, que le Soleil
parcourt en cercle. La marche de la Lune,
ainsi que l'a remarqué Brugsch, y est
exprimée par un verbe d'un sens tout différent; elle y est
dite celle qui court à travers. Nous y trouvons de plus la
mention, plus tard si fréquente, de deux sortes d'étoiles
: les akhimou sekou et les akhimou ouroudou (les étoiles
du Nord et les étoiles du Sud, selon Brugsch; les planètes
et les fixes, selon Maspéro). Il est aussi
question de Sirius
(Sopd), d'Orion
(Sahou), de la Grande Ourse
(Maskaît, la cuisse), de Saturne
(Kapet) et de Vénus
qu'on avait dédoublée en étoile du matin et en étoile
du soir. Indépendamment de sa division en quatre parties, le ciel
était déjà considéré comme composé
de 36 régions correspondant aux 36 nomes terrestres, auxquelles
étaient préposés les 36 décans. Les inscriptions
du Nouvel Empire et de l'Epoque
ptolémaïque confirment, en les développant, toutes
ces idées.
La liste la plus longue d'étoiles
fixes que nous ont laissée les anciens Égyptiens est celle
des 36 décans, pour lesquels les textes astronomiques des différentes
époques nous donnent de nombreuses variantes. Le cadre de cet article
s'opposant à de longues comparaisons, nous nous bornerons à
donner ici le tableau des 36 décans à l'époque grecque,
avec les transcriptions que nous a conservées Salmasius. Nous empruntons,
sauf quelques modifications orthographiques, ce tableau à l'Egyptologie
de H. Brugsch :
Les peintures des anciens tombeaux, ainsi que les représentations zodiacales de Basse époque, nous font connaître en outre quelques désignations des constellations, telles que l'Hippopotame femelle, la plus boréale de toutes (par conséquent la Petite Ourse), la Cuisse (le Chariot), l'Horus combattant, un Homme debout, le Guerrier frappant de la lance, l'Epervier, le Grand Singe, la Déesse Selqit, de Lion, le Crocodile et autres dont l'identification présente des difficultés presque insurmontables. Ajoutons que cette liste est relativement tardive : au temps de la XVIIIe dynastie (début du Nouvel Empire), on ne dénombrait encore que cinq constellations. Sirius et Orion (XVIIIe dynastie, d'après Brugsch). Ajoutons que les résultats des recherches
astronomiques formaient une série de recueils qui avait sa place
dans les archives des temples avec les livres religieux et les calendriers.
Aucun de ces recueils ne nous est parvenu intégralement; mais les
tombeaux et les temples, principalement ceux d'époque gréco-romaine,
nous en ont conservé les extraits. C'étaient, par exemple,
des traités de la Révolution du Soleil et de la Lune,
de la Marche des astres, des Conjonctions du disque solaire,
etc.
Aussi haut que nous remontons dans son passé historique, nous voyons l'Égypte en possession d'une division rationnelle du temps. Elle a une année de 365 jours formée de 12 mois de 30 jours et de 5 jours supplémentaires; ce qui suppose une année primitive de 360 jours. Un mythe recueilli par les Grecs confirme cette supposition. « Rhea ayant eu avec Cronos (Saturne) un commerce secret, le Soleil en fut informé et prononça contre elle cette incantation : Qu'elle n'accouche ni pendant la durée d'un mois, ni pendant la durée d'une année! Mais Hermès, qui était épris de la déesse et qui en avait reçu des faveurs, joua aux dés avec la Lune et lui gagna la soixante-douzième partie de chacun de ses jours. Il en fit cinq jours, qu'il ajouta aux trois cent soixante. » (Plutarque, De Isis et Osiris, § 12).Cette année était divisée en trois saisons fondées sur des observations des "respirations" de la nature, sur lesuqlles s'accordaient les travaux agricoles. Ces trois saisons, qui persistèrent en Égypte au delà de l'époque où prévalurent les idées grecques, étaient : 1° la saison Shâ (du commencement) qui correspondait à l'inondation;Ces trois saisons étaient d'égale longueur et comptaient chacune quatre mois. Les mois se subdivisaient en trois décades ou dizaines de jours; le jour, d'un lever de Soleil à l'autre, en vingt-quatre heures (12 X 2), comptées, la première douzaine, du lever du soleil; la seconde, du crépuscule. Table des mois, au Ramesseum de Thèbes. Que les Égyptiens aient dénommé chacun des mois de l'année et des jours de la décade, c'est ce qui ressort des noms des douze mois coptes en usage au temps d'Hérodote et du fait que les heures elles-mêmes portaient un nom spécial; mais, en dehors du nom des saisons, le temps n'avait pas d'autre expression graphique que celle du nombre indiquant l'ordre du mois par rapport à la saison, et du jour par rapport au mois. Le quantième s'écrivait ainsi : l'an III (du roi N), mois III de la saison pro, jour II. Les noms conservés par le calendrier
copte sont les suivants :
L'année sothiaque ayant son point de départ le jour du lever héliaque de Sothis (Sirius), le 1er thot (thôout) correspondait dans le cas d'une année normale au 19 juillet, mais la différence de cette année (à laquelle on a également donné le nom d'année vague) avec l'année tropique se trouvant être de 6 heures, il en résultait un retard d'un jour (4 X 6 heures) de la première sur la seconde tous les quatre ans. II fallait donc 1461 ans de 365 jours pour que le retard fût exactement d'une année et que le 1er thot retombât le jour du lever de Sirius. « Les prêtres, dit Maspéro, célébraient le lever de l'astre per des fêtes solennelles dont l'origine devait remonter plus haut que les rois de la première dynastie, au temps des Shosou-Hor, et donnaient le nom de période sothiaque à la période de 1460-1461 qui ramenait cette coïncidence merveilleuse. »Ce fut seulement sous Ptolémée Évergète Ier que, grâce à l'addition d'un sixième jour intercalaire à la fin de chaque période de quatre ans, l'accord fut rétabli entre l'année civile et l'année tropique (Décret de Canope). Il n'est pas inutile de faire observer ici que le calendrier ainsi réformé présentait le même défaut que le calendrier julien établi plus tard sur le même principe par les soins de Sosigène d'Alexandrie. Les six heures supplémentaires qu'on supposait nécessaires pour rétablir l'équilibre entre l'année astronomique et l'année vague excédaient de 11 minutes la durée d'une révolution solaire, si bien que l'écart entre les deux années redevenait d'un jour après cent trente et un ans. On sait que c'est sous le pape Grégoire XIII que l'on remédia à cet inconvénient par la suppression de trois bissextes par période de quatre siècles. (G. Bénédite). Les observations astronomiques avaient un but principalement astrologique. Ici une tablette de plâtre, découverte par Brugsch, datant de l'époque de Trajan, où se trouvent consignées des observations relatives aux positions des cinq planètes visibles à l'oeil nu, pour une durée de vingt-huit ans.. |
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