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Les Breughel ou Brueghel sont une célèbre famille de peintres flamands (XVIe et XVIIe siècles). Pour se rendre compte de l'importance des Breughel dans l'histoire de l'école flamande et pour caractériser le style de chacun d'eux, il est indispensable de classer dans l'ordre chronologique les membres de cette nombreuse dynastie. Pierre Breughel. Revenu en Flandre, il s'établit à Anvers. En 1551, il fut reçu maître dans la corporation des peintres de cette ville où il paraît avoir demeuré jusqu'en 1563. Pendant son séjour à Anvers, il peignit en assez grand nombre des scènes de la vie populaire : il n'étudia pas seulement le spectacle des rues, les marchés, les tavernes, il faisait volontiers des excursions dans la campagne, et il a représenté, avec autant d'esprit que d'exactitude, les villageois occupés à leurs travaux rustiques ou se livrant à leurs gaietés champêtres. II a été vraiment le peintre des kermesses flamandes, et c'est à cause de ces peintures qu'il a été surnommé Breughel des Paysans. Il peignait à la détrempe ou à l'huile, et il multipliait les dessins, presque toujours inspirés par une fantaisie drolatique, qui font de lui un contemporain de Rabelais et un prédécesseur de Callot. Son imagination, constamment renouvelée, ne lui permettait pas d'ailleurs de se renfermer dans les limites d'un genre spécial. On voit au musée de Vienne, où sont ses plus belles oeuvres, quelles étaient ses ambitions. Sans parler du Festin de noces, de la Danse de paysans, du Massacre des innocents, qui ne portent pas de date, ce musée privilégié possède la Dispute du carnaval et du carême (1559) les Jeux d'enfants (1560); la Tour de Babel (1563); le Portement de croix (1564); la Conversion de saint Paul (1567). Il y a là des créations typiques. Le musée de Dresde montre aussi une belle peinture, la Rixe des Paysans, analogue à celle que Rubens n'a pas dédaigné de copier et qu'il a fait graver par Vorsterman, Le grand artiste d'Anvers était d'ailleurs un admirateur passionné du vieux Breughel. Il avait réuni dans sa collection particulière plusieurs oeuvres de sa main. Festin de noces au village, par Pieter Breughel l'Ancien (1658, Vienne). Vers 1563, Pierre Breughel, qui avait épousé la fille de son ancien maître, Pierre Coucke, vint se fixer à Bruxelles. C'est là que naquirent ses enfants, c'est là qu'il mourut, jeune encore par l'activité de l'esprit et de la main. Au moment de sa mort, il avait conservé toute l'énergie de son talent. Nous le savons par une de ses dernières peintures qui est de 1568, les Aveugles, du musée de Naples. Ce tableau, exécuté à la détrempe, et dont la signification symbolique n'a pas besoin d'être précisée, représente deux aveugles qui, conduits par un confrère, tombent dans un précipice. C'est un des chefs-d'oeuvre du maître. On connaît aussi un petit tableau de la même date. C'est une sorte de cour des miracles, une réunion de pauvres diables éclopés qui mendient en chantant. Les petites têtes ont le plus grand caractère et le paysage sur lequel s'enlève le groupe de ces misérables est traité avec la conscience d'un miniaturiste. Le Dénombrement de Bethléem, par Pieter Breughel l'Ancien. (1559, Bruxelles) Le vieux Breughel a d'ailleurs toujours gardé quelque chose des méthodes du XVe siècle. Ce respect de la tradition est particulièrement sensible dans son coloris. Comme les anciens enlumineurs, Breughel conserve au ton local toute son intensité : il aime les beaux rouges, les jaunes exaltés, les bruns puissants et savoureux; ces couleurs vives, il ne les fond pas les unes dans les autres à la manière des harmonistes de profession; il les échantillonne avec une hardiesse volontaire; sa peinture frappe l'oeil par la franchise de l'accent. Elle le retient par ses qualités d'ordre intellectuel, une profonde étude de la vie en mouvement, une admirable notion du geste et de la mimique, un merveilleux sentiment du type. Pierre Breughel, témoin irrécusable et parfois rieur de la vérité quotidienne, est le créateur de l'école qui, éliminant tout idéal, va se consacrer à la représentation de la vie campagnarde et populaire. II annonce Brauwer et tous les peintres de la comédie humaine. Indépendamment de la joie qu'elle donne au regard, son oeuvre a une valeur historique. Pierre Breughel le Jeune. L'Adoration des Mages, par Pieter Breughel le Jeune. (Seconde moitié du XVIe s., musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg). Il a fait aussi beaucoup de paysanneries où se retrouvent le style de son père et quelquefois ses colorations puissantes. Bien que Pierre Breughel le Jeune n'ait pas le mérite d'avoir créé le genre rustique, il s'y est montré fort habile. Il a laissé un fils qui a porté le même prénom que lui et qui passe pour un excellent portraitiste. Il était d'ailleurs à Anvers un maître écouté : plusieurs élèves glorieux sont sortis de son école, entre autres la grand animalier Frans Snyders, qui devait devenir l'ami et le collaborateur de Rubens. Breughel de Velours. Bouquet de fleurs, par Jan Breughel l'Ancien (ca. 1603). Pendant sa jeunesse, Breughel de Velours fit un long voyage en Italie. Nous savons, par une inscription que Mariette a relevée sur un dessin, qu'il était à Rome en 1593. II s'arrêta longtemps à Milan où il fut accueilli avec la plus aimable bienveillance par le cardinal Frédéric Borromée; le peintre et le prélat conservèrent de précieuses relations. Cette liaison avec les Borromée explique la présence à la bibliothèque Ambrosienne de divers tableaux dont quelques-uns appartiennent à la première manière de Jean Breughel. Une de ces peintures, le Christ dans la barque, est de 1595. A son retour, il se fixa à Anvers; en 1597, il fut reçu membre de la corporation des peintres, et en 1602 il devint doyen de la compagnie. Un peu plus tard, il était attaché au service des archiducs, et il fut à ce titre exempté des droits de guet et de garde, de même que des accises, que supportaient tous les bourgeois d'Anvers (1610); il s'était d'ailleurs acquis dans le pays une situation considérable; il eut pour amis et pour collaborateurs les artistes les plus illustres. Rubens, qui a souvent travaillé avec lui, fut le tuteur des enfants mineurs qu'il laissa à sa mort. Breughel de Velours s'est essayé dans des genres très différents; mais il est essentiellement paysagiste, et c'est par là qu'il a marqué dans l'histoire. Le Paradis, par Jan Breughel l'Ancien (ca. 1620). Plus jeune que Paul Bril et que Tobie Verhaeght, il les continue dans l'idéal qu'ils avaient mis à la mode; il a comme eux le culte des horizons bleuissants, mais il dépasse ses prédécesseurs par l'habileté technique. Héritier des anciens miniaturistes, il détaille le paysage avec une patience sans égale; il est fin et précis sans tomber dans la sécheresse calligraphique. II a été de plus étrangement laborieux. Ses oeuvres innombrables sont répandues dans tous les musées. Breughel a plus de cinquante tableaux à Madrid; il en a plus de quarante à Munich; Dresde en possède trente-trois. L'habile maître se retrouve à Pétersbourg, à Milan, à Paris; il est partout. La Bataille d'Arbelles, qu'on peut voir au Louvre, est dans son oeuvre un tableau exceptionnel. Ses paysages d'une tonalité bleuâtre servent de décor aux figures qui y ont été peintes par van Balen, par Rottenhammer, par Rubens lui-même. Pour bien connaître Breughel de Velours, il suffit d'avoir vu un exemplaire d'un motif qu'il a traité plusieurs fois : Adam et Eve dans le paradis terrestre. Le patient artiste dessine avec un soin merveilleux les animaux épars sur le gazon les oiseaux perchés sur les branches, les feuilles des arbres, les fleurettes et les brins d'herbe. Dans l'art de la Flandre, Jean Breughel représente l'infatigable conscience. Il a exercé sur son temps une action considérable et il a enfanté toute une école. Bien que la mode ait depuis lors beaucoup changé, il est juste de voir dans Breughel de Velours un des représentants les plus fidèles de l'idéal flamand au début da XVIIe siècle. Jean Breughel le Jeune. Allégorie de la peinture, par Jan Breughel le Jeune (ca. 1620). Ambroise Breughel. Abraham Breughel. Nature morte avec pastèque, par Abraham Breughel (ca. 1670, musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg).
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