| Samuel Taylor Coleridge est un poète et philosophe né le 20 octobre 1772 à Ottery-Saint-Mary (Devonshire), où son père était vicaire, mort le 23 juillet 1834 à Highgate, près Londres. Orphelin de bonne heure, il fut envoyé à l'école de Christ's Hospital, à Londres, où il se distingua par un caractère mobile et passionné et un goût très vif pour la métaphysique et la philosophie. Entré à l'université de Cambridge, il fut obligé de la quitter après deux années (1793) et s'engagea dans un régiment de dragons, d'où quelques amis se cotisèrent pour le libérer. Il publia un volume de poésies, Juvenile Poems, et partit pour Bristol, s'y lia avec Robert Lowell et Southey. Ces jeunes poètes imaginèrent d'aller dans l'Illinois fonder une colonie modèle, sous le nom de Pantisocratic, où régneraient l'égalité absolue et toutes les vertus sociales, mais les trois utopistes s'étant sur ces entrefaites épris de trois soeurs, ils les épousèrent et renonçèrent à leur projet de république idéale. Southey partit pour le Portugal et Coleridge donna dans un journal libéral de Londres une série d'Adresses au peuple qui obtinrent quelque succès. Il écrivit un drame the Fall of Robespierre, et, après l'essai infructueux d'un journal politique hebdomadaire, the Watchman, qui n'eut que dix numéros, dégoûté de la politique, il se retira dans le pittoresque cottage de Nether-Stowey (Somersetshire), immortalisé par ses vers, et se livra à un labeur assidu. C'est là qu'il composa ses meilleures ballades lyriques, Ode to France, the Eolian Harp, the Ancient Mariner, etc., qui, en dépit d'un légitime succès, ne lui rapportèrent que peu d'argent. Grâce à la libéralité de quelques amis et surtout de Wordsworth, il put visiter l'Allemagne, où il se perfectionna dans la langue et la littérature allemandes et puisa dans les Minnesinger et les légendes locales d'heureuses inspirations. A son retour, il donna une excellente traduction du Wallenstein de Schiller (1800), où se déploie toute la richesse de son imagination, après quoi il alla habiter Keswick avec Southey, dans le voisinage de Wordsworth. Il revint aux questions politiques et religieuses; mais, de socinien et de jacobin qu'il avait été, il se fit royaliste et apôtre du dogme de la trinité. Dès lors, plus de poésie. Il se livre dans le Morning Post à des attaques acharnées contre la Révolution, et écrit une succession de brochures portant « la marque d'un esprit incapable de se fixer et qui se dissipe en rêves gigantesques-» : The Statesman Manual; Lay Sermons; Biographia Literaria; Aids to Reflexions; On the Constitution of the Church and State. En 1810 il partit pour Londres, laissant sa femme et son enfant à la charge de Southey, et alla s'installer définitivement à Highgate, chez son ami le docteur Gillman qui l'avait arraché à l'habitude de l'opium et sauvé de la folie. Son neveu et gendre Henry Nelson Coleridge publia ses oeuvres posthumes : Confessions of an Inquiring Spirit, Literary Remains et Table Talk. Interrompu par la mort, il laissa à sa femme le soin de publier le reste Essays on his own Time, et des notes sur Shakespeare et les Dramatistes. Comme philosophe et écrivain religieux, l'influence de Coleridge a été considérable en Angleterre; comme poète, l'on peut dire qu'il fut le précurseur et l'inspirateur de Byron, qui savait par coeur la première partie de Christabel, poème étrange et fantastique resté inachevé. Envergure large, imagination puissante, grande élégance et grande richesse d'expressions, c'eût été le premier poète de son temps, si, ne faisant ni théologie ni politique, il eût donné toute sa mesure. Sa conversation était si brillante qu'une riche tavern de Londres lui payait une forte somme pour qu'il vint y causer le soir. Son oeuvre, dit un critique anglais, ressemble à un palais inachevé : tout y est gigantesque, superbe, grandiose, mais rien n'est complet. On l'a réunie en 13 vol. in-8 (Londres, 1849). (Hector France). | |