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Inventaires > Dictionnaire des Idées et Méthodes

C

C. - La lettre C sert en logique classique à deux usages, selon qu'elle est placée au commencement ou dans le corps des mots. Au commencement des mots, elle sert d'abord d'initiale au mode Celarent de la première figure et on la donne ensuite pour initiale aux noms des modes des autres figures qui doivent se modeler sur le mode Celarent, quand on veut les ramener à la première figure. 

Dans le corps des mots, la lettre C indique que la proposition désignée par la voyelle précédente doit être convertie par contraposition, quand on veut ramener le mode désigné à la première figure. (G. P.).

En mathématiques, désigne l'ensemble des nombres complexes (voir plus bas). (,+,*) a une structure de corps commutatif.

Calcul (mathématiques). - Expression générale qui désigne ordinairement l'ensemble des opérations qui ont pour but d'obtenir soit un résultat numérique, soit une expression littérale répondant à. une question déterminée (opérations arithmétiques, calcul algébrique, résolution des équations, etc.). Plusieurs parties spéciales de l'analyse mathématique portent le nom de calcul suivi d'une épithète qui particularise la branche de mathématiques dont il s'agit.

Calcul différentiel. - C'est un type de calcul qui a pour but de calculer les différentielles, et de les appliquer à diverses questions d'analyse et de géométrie.

Calcul intégral. - C'est l'inverse du calcul différentiel : il consiste à remonter d'une dérivée ou d'une différentielle donnée à la fonction d'où elle a pu être déduite. Soit une fonction f de la variable x, on note f(x).dx sa différentielle; et f(x).dx son intégrale.

Calendrier*. - Système de division du temps en années, mois, semaines et jours.

Calorimétrie. - Branche de la physique consacrée à l'étude des quantités de chaleur et plus largement à l'étude des échanges thermiques.

Camestres : mode de la deuxième figure du syllogisme.

Cambridge (écoles de). - On connaît sous ce nom : a) l'école platonicienne de Cambridge, au XVIIe siècle (J. Smith, Ralph Cudworth, Henry More, Shaftesbury, Samuel Clarke).  - b) l'école analytique de Cambridge, qui correspond  à un ensemble de logiciens du XXe siècle, qui partagent moins une doctrine qu'une méthode, et chez qui on discerne l'influence des travaux de G. E. Moore : Alfred J. Ayer, R. B. Braithwaite, K. Britton, A. E. Duncan-Jones, Margaret MacDonald, C. A. Mace, John Wisdom, etc.

Canon (Kanôn = barre, règle) : a) règles pratiques des méthodes inductives; Stuart Mill , en particulier, a donné le nom de canons à ses quatre méthodes d'induction : concordance, différence, résidus, variations concomitantes.; b) Kant appelle ainsi l'ensemble des principes a priori de l'usage légitime de certaines facultés de connaître. La raison spéculative n'a pas de canon; car elle est incapable d'arriver seule à la connaissance de l'objet. Kant se borne donc à donner le canon de la raison pratique

Canonique : nom donné à la partie logique du système d'Epicure (Epicurisme), qui, lui-même, en avait écrit les principes dans un livre intitulé Canon. La Canonique est le fondement de la Physique d'Épicure, laquelle, à son tour, sert de base à sa Morale. Destinée à donner aux humains le moyen de discerner le vrai du faux, elle enseigne que toute évidence réside dans les sensations, comme en physique toute réalité réside dans les corps. C'est des sensations que l'évidence se transmet aux anticipations ou prolepses, qui sont la représentation collective d'un grand nombre de phénomènes antérieurement perçus, l'empreinte que laisse de soi la sensation plusieurs fois répétée; ce qui correspondrait aux notions générales formées par abstraction, si ces dernières ne comportaient une extension illimitée qu'on ne trouve pas dans la prolepse d'Epicure. Ainsi, celle-ci ne consistant que dans la sensation réitérée, et n'ayant, à ce titre, d'autre évidence que celle de la sensation, la Canonique est, en somme, une logique toute matérialiste, parfaitement en rapport avec la physique des atomes et la morale du plaisir. (B-E).

Capacité. - On nomme capacité (du latin capere, contenir) l'aptitude de l'esprit à subir des modifications, telles que les sensations, les sentiments, les idées. Ce mot s'oppose à celui de faculté, qui signifie le pouvoir qu'a l'esprit de produire par lui-même des phénomènes, tels que les déterminations volontaires, les opérations intellectuelles, et certains mouvements du corps. Les capacités sont passives, et les facultés actives. On attribue à la sensibilité les sensations, les sentiments, etc.; à l'intelligence, les idées; à l'activité, tous les actes de l'esprit; par conséquent, la sensibilité et l'intelligence sont de vraies capacités, et l'activité seule est une faculté. Mais l'usage prévaut de donner le nom commun de faculté à toutes les puissances de l'esprit. (B.).

Capital (Capitalis, de caput = tête). - Le sens étymologique est capitalis pars debiti, c'est-à-dire la somme due par opposition aux intérêts ; or cette somme constitue le principal. - Définition au sens économique : tout bien économique applicable à la production.

Capitalisme : ce mot signifie tantôt : a) les abus que les possesseurs du capital peuvent commettre dans leurs rapports avec les travailleurs; b) le régime économique dans lequel les capitaux (au sens d'instruments de production de la richesse) n'appartiennent pas à ceux qui les rendent productifs par leur travail.

Caractère (Charaktèr = empreinte, signe distinctif, de charassô = marquer d'une empreinte) : a) Tout attribut ou qualité faisant partie de la compréhension d'une notion : d'où, par exemple, les caractères essentiels, accidentels, propres, communs, dominateurs, subordonnés. - b) Manière habituelle de penser, sentir et agir qui distingue un individu d'un autre. 

Caractéristique (Charakteristikos  = ce qui sert à distinguer) : a) les signes caractéristiques sont des marques qui, sans avoir la rigueur d'une définition, servent à distinguer un objet. -b) En mathématiques on appelle caractéristique la partie entière d'un logarithme.

Caractéristique universelle : c'est un système de caractères qui seraient combinés de façon à exprimer toutes les idées. Leibniz conçut le projet de composer une Caractéristique universelle ou Spécieuse (c'est-à-dire Algèbre) générale, qui aurait été tout ensemble une langue philosophique internationale et une logique algorithmique. Dès l'âge de dix-neuf ans, ce philosophe avait exposé quelques-unes de ses vues à ce sujet et en avait essayé certaines applications dans une dissertation intitulée : de Arte combinatoria (t. II de l'édition de Dutens). Son dessein était de fixer un certain nombre de caractères "répondant à l'analyse des pensées" (Commercium epistolium, epist. VII ad D. Bourguet), et dont les combinaisons simples et faciles eussent permis d'opérer ta composition et la décomposition de toutes les idées, avec l'exactitude des opérations algébriques. Leibniz ne donna pas suite à ce projet; mais différents passages de ses écrits et son Éloge par Fontenelle attestent l'importance qu'il n'avait pas cessé d'y attacher. (B-E).

Cardinal : nombre d'éléments dans un ensemble fini. 

Carpologie (botanique), de karpos = fruit, et logos = description. - On nomme ainsi l'étude du fruit dans son ensemble.

Carré. - En arithmétique, c'est la seconde puissance d'un nombre. Le carré de x est noté et vaut x multiplié par x (ex. : 3² = 3x3=9); en géométrie, un carré est une figure plane de quatre côtés égaux et quatre angles droits.

Carte*. - En géographie, c'est une représentation plane, à une échelle réduite, d'une portion plus ou moins grande du globe terrestre. - On peut aussi construire sur le même principe des cartes du ciel (cartes célestes) qui sont des représentations du ciel.

Cartel : association économique, fondée entre producteurs de marchandises ou denrées similaires, dans le but de prévenir la surproduction et d'empêcher la baisse des prix.

Cartésianisme. - Ce mot designe la philosophie et l'école de Descartes (en latin Cartetesius).  Il désigne ainsi d'une manière génerale le le mouvement philosophique qui s'est accompli au XVIIe siècle sous l'influence de ce philosophe.

Quand Auguste Comte met les mathématiques à la base des sciences, il se montre pénétré de l'esprit cartésien, dont la tendance générale consiste à tout expliquer mathématiquement et à ramener le problème de l'univers à un problème de mécanique.

Cependant Leibniz a pu dire que « le cartésianisme est l'antichambre de la vérité », car il surajoutait son dynamisme au mécanisme de Descartes. C'est vers le milieu du XVIIIe siècle, à, l'époque où les doctrines de Locke et un peu plus tard, dans la préface de l'Encyclopédie, celles de Bacon firent échec aux doctrines de Descartes qu'il faut placer la fin de l'école cartésienne proprement dite.

Leibniz a dit encore que le spinozisme est un «-cartésianisme immodéré », et, par Spinoza, Descartes a exercé une grande influence sur la philosophie allemande du XIXe siècle.

Cartésiennes (courbes). - On appelle cartésiennes ou ovales de Descartes les courbes qui ont en coordonnées bipolaires des équations linéaires, on les appelle aussi courbes aplanétiques; elles jouissent d'une propriété optique remarquable : si un rayon lumineux émané d'un pôle se réfracte sur la courbe, il vient après réfraction passer par l'autre pôle, pourvu que l'indice de réfraction bien entendu ait une valeur qui dépend des constantes qui entrent dans l'équation de la courbe.

Les Cartésiennes sont des anallagmatiques et peuvent se définir des courbes du 4e degré ayant les ombilics du plan pour points de rebroussement. L'équation d'une cartésienne peut se ramener à la forme :

(x² + y² +px + k²)2 + c (x² + y²) = 0,

p, k, c désignant des constantes. (H. Laurent.)

Cartographie. - Partie de la science géographique qui s'occupe de la confection des cartes

Cette science a été très imparfaitement connue des Anciens, et les a jetés. souvent dans des erreurs considérables. Elle servit néanmoins aux Modernes; mais elle paraît, s'être perdue à partir du Ve siècle de notre ère. On la voit reparaître au XVe s  où elle a produit d'importants et nombreux travaux; mais ce n'est que dans la seconde moitié du XVIe siècle que la cartographie renaît véritablement. Elle a acquis plus de perfection aux XVIIe et XVIIIe siècles, et de nos jours, notamment grâce à l'informatique, qui est est à la base des SIG (systèmes d'information géographique).
Casualisme (de casus, hasard) : doctrine suivant laquelle les événements et leur succession ne sont que l'effet du hasard. (B.).

Casuistique (de Casuiste, de casus = cas de conscience) : c'est la partie de l'éthique qui étudie l'application des principes d'une morale aux cas particuliers que font naître les conflits des devoirs.

Catadioptrique. - Composé des deux mots catoptrique et dioptrique, et résumant les deux branches de la physique, et plus spécialement de l'optique, qui ont pour objet l'étude de la réflexion de la lumière à la surface des corps et l'étude de la transmission de la lumière au travers des corps transparents. La catadioptrique s'applique à tout ce qui appartient à la fois à ces deux branches et particulièrement à l'étude des instruments d'optique qui réunissent les effets combinés de la réflexion et de la réfraction. 

Cataleptique (du grec katalambanéin, saisir, embrasser, comprendre), se disait, dans la philosophie stoïciennne, d'une idée que l'âme a la faculté de saisir, de recevoir d'un objet réellement, existant, dont elle connaît par là même la nature et les caractères, imprimés dans l'idée comme la forme exacte du cachet sur la cire. C'est ce que l'on appelle une idée conforme à son objet.

Catasyllogisme, nom que les commentateurs du temps de la Renaissance des lettres donnèrent à un défaut de raisonnement, ou plutôt à une imprudence d'argumentation indiquée par Aristote (Premiers analytiques, 1. II, ch. 19), et qui consiste à laisser l'adversaire prendre ses avantages, en lui accordant trop facilement les propositions à l'aide desquelles il pourra démontrer syllogistiquement la thèse qu'il soutient. (B-E).

Catégorématique (Katègorèmatikos, de katègorèma = spécification du sujet) : un terme catégorématique est celui qui a par lui-même une signification (par exemple, les substantifs) : homme, chaise. - S'oppose à Syncatégorématique.

Catégorème, en grec katègorèma, terme de logique, synonyme d'attribut, de prédicat et d'universaux, paraît avoir été employé surtout par les dialecticiens de l'École stoïcienne.  Il est mentionné dans ce sens par Cicéron dans un passage des Tusculanes (IV, 9). (B.).

Catégorie (Katègoria, de katègoreô = affirmer : a) Les Catégories ou Prédicaments sont les différentes classes auxquelles on peut ramener les idées générales et qui ne peuvent être ramenées à aucune autre au-dessus d'elles. C'est, le sens des Aristotéliciens et des Scolastiques. - b) Pour Kant, ce sont les concepts fondamentaux de l'entendement pur.

Catégorique. - Aristote appelle proposition catégorique  la proposition universelle affirmative, ou simplement la proposition affirmative,, par opposition à la proposition hypothétique. Le syllogisme ou raisonnement catégorique est celui qui est composé de de propositions catégoriques. - Kant et d'autres écrivains modernes entendent par propositions catégoriques celles qui expriment la simple, attribution, par opposition aux propositions modales, qui joignent à l'attribution l'indication de sa contingence ou de sa nécessité. Dans la philosophie de Kant, l'impératif catégorique c'est la loi morale en tant qu'elle s'impose à la conscience comme un devoir absolu. (B-E).

Causale (proposition). - Une proposition causale est une proposition composée contenant deux propositions liées par, un de ces mots qui impliquent entre elles un rapport de cause à effet, tels que parce que, afin que, en tant que, et leurs synonymes. On peut réduire à ces sortes de propositions celles qu'on appelle réduplicatives ( la Logique de Port-Royal, Ile partie chap. IX). (B-E).

Causalité (dérivé de Causal). - La causalité est l'acte de la cause en tant que cause, le lien réel qui unit la cause à soit effet. Ce mot s'emploie surtout dans l'expression principe de causalité. Le principe de causalité ne doit pas être formulé « Tout effet a une cause », ce qui n'est qu'une tautologie, mais « Tout ce qui commence d'exister, tout ce qui arrive a une cause-». La conscience nous fournit l'idée de cause, et la raison nous fait concevoir le principe de causalité.

Cause (Causa, primitivement signifie procès; probablement de caveo = prendre garde) : sens général : la cause est ce en vertu de quoi un être est ce qu'il est; c'est le principe d'une nouvelle existence, ce qui fait qu'une chose est ou s'opère. Cette définition convient aux diverses espèces de causes. Distinctions : a) Cause première, Dieu. - b) Causes secondes, les créatures. - c) Cause occasionnelle( du bas latin occasionalis, de occasio = occasion), conditionnelle, l'occasion et la condition, qui ne sont pas de vraies causes; elles ne sont que ce qui facilite  ou rend possible l'activité de la cause.) . - c) Causes intrinsèques : la cause formelle (Formalis, de forma = forme), qui est ce qui détermine une chose a être telle; la cause matérielle (Materialis, de materia = matière) , qui est est l'élément indéterminé dont une chose est faite. - d) Causes extrinsèques : la cause efficiente (Efficiens, de efficere = ex-facere = produire) : force capable de produire quelque chose (c''est la cause par excellence); la cause finale (Finalis, de finis = fin) : ce en vue de quoi une chose est faite. -e) - Cause exemplaire (Exemplaris, de exemplar = modèle) : c'est l'idée, le type, d'après lequel l'agent réalise son oeuvre. - f) On distingue encore la cause prochaine et la cause éloignée, immédiate et médiate, etc. - Axiomes scolastiques : Il n'est pas d'effet sans cause, ou, pour éviter toute équivoque, Rien n'arrive ou rien ne se fait sans cause (Non datur effectus sine causa). - Rien ne peut être à soi-même sa propre cause; car l'acte et la puissance, l'agent et le patient, le moteur et le mobile sont nécessairement distincts. - La cause de la cause est aussi la cause de l'effet (Causa causae est etiam causa causati). - En supprimant la cause, on supprime l'effet (Causa sublata, tollitur effectus). Il s'agit ici de la cause qui agit comme telle et donne incessamment l'existence à son effet. - En posant la cause, on pose l'effet (Posita causa, datur effectus). Même observation. - L'effet varie avec sa cause (Variante causa, variatur effectus). - Propter quod unumquodque tale et illud magis. Cela revient à dire que la force de l'effet ou de la conclusion doit se retrouver dans le principe et mieux encore. - La cause seconde doit être appliquée par la cause première. Car elle est mue par la cause première, elle n'agit qu'en vertu d'elle, tout en agissant conformément à sa propre nature : librement, si elle est libre; nécessairement, si elle est nécessaire.

Causes occasionnelles (Théorie des). - C'est une théorie par laquelle les Cartésiens expliquent la correspondance de mouvements entre le corps et l'âme, substances auxquelles ils n'attribuaient pas d'action réciproque l'une sur l'autre. Cette théorie, qui s'étend non seulement aux rapports de la substance corporelle et de la substance spirituelle, mais aux rapports de toutes les substances en général, supprime toutes les causes efficientes dans l'ordre des contingents, et fait dépendre immédiatement de la volonté de Dieu tous les mouvements des corps et toutes les pensées des esprits; de sorte que ces mouvements et pensées ne sont, les uns à l'égard des autres, que des occasions ou causes occasionnelles, à propos desquelles Dieu intervient et produit des effets pour lesquels sa volonté seule est efficace. Ainsi, les causes occasionnelles et la vision en Dieu sont le même système sous deux aspects différents. Dans la vision en Dieu, Dieu est auteur de nos pensées à l'occasion des mouvements des corps; et, dans les causes occasionnelles, il est l'auteur des mouvements à propos des pensées. La théorie des causes occasionnelles (Occasionalisme) est, pour ainsi dire, partout dans Malebranche; cependant nous citerons particulièrement, comme en présentant l'expression très nette et très arrêtée, le VIIe entretien sur la métaphysique et la Ve méditation chrétienne. (B-E).

Cause (sophisme de la) : sophisme qui consiste à prendre pour cause ce qui n'est pas cause. Ainsi, les anciens physiciens expliquaient l'ascension de l'eau dans un tube privé d'air, en disant que la nature a horreur du vide. Expliquer, comme les premiers philosophes de la Grèce, l'origine de toutes choses par l'eau, l'air, le feu ou la terre, c'est prendre la condition matérielle; du monde pour la cause de sa formation. Attribuer, comme les astrologues  (Astrologie); les inclinations d'un humain ou les événements de sa vie à l'influence de l'astre sous lequel il est né, ou bien, comme les philosophes sensualistes, mettre dans la sensation le principe de la connaissance, et la cause de la sensation dans l'ébranlement nerveux qui la précède, c'est faire des sophismes de la cause. Les païens attribuaient tous les maux de l'Empire romain à l'établissement du christianisme; St Augustin, dans la Cité de Dieu, réfute ce sophisme, en prouvant que les mêmes maux avaient déjà affligé le peuple romain avant la naissance de Jésus. (H. D.).

Caverne (Caverna, de cavus = creux) : a) mythe de la caverne chez Platon : cette allégorie, que l'on trouve dans le VIIe livre de la République, consiste à nous
représenter des prisonniers enchaînés au fond d'une caverne sur les parois de laquelle ils ne peuvent voir que les ombres des objets, hommes, aninmaux, plantes, meubles, outils : ils prennent ces ombres pour les réalités même dont ils ne soupçonnent pas l'existence. Ces ombres représentent les objets perçus par les sens et qui n'ont pas de réalité, puisque toute réalité est dans les idées; ces esclaves représentent le vulgaire, l'ignorant, celui qui n'est pas initié à la philosophie des idées; les objets dont les ombres passent sur le mur de la caverne représentent les réalités du monde intelligible, les idées. -b) Bacon parle des Idoles de la caverne (idola specûs) pour désigner les erreurs qui proviennent de cette atmosphère de préjugés que créent autour de nous les influences de l'hérédité et de l'éducation.

Celantes : mode indirect de la première figure du syllogisme.

Celarent. - Terme de logique classique qui designe un mode de la première figure du syllogisme, où la majeure est universelle négative (E), la mineure universelle affirmative (A) et la conclusion universelle négative (E). 

Ex.: Aucun être fini n'est exempt d'erreur, - tous les humains sont des êtres finis, - donc aucun homme n'est exempt d'erreur.
Célébrisme (de Celeber, celebris = fréquenté, célébré, célèbre) : nom donné par Fourier a la passion de la gloire.

Cénesthésie. - Ensemble des sensations vagues qui conduisent à la notion de notre propre existence. Cette notion est tirée de nos relations avec le monde ambiant, le moi, c'est-à-dire la conscience ne changeant pas, alors que les impressions que nous recevons se modifient incessamment, d'où cette déduction que nous sommes distincts des choses extérieures. Si les excitations périphériques multiples (musculaires, viscérales, cutanées) qui sont l'origine de cette limitation de notre moi, dont le champ est uniquement celui de la synergie nerveuse, sont normalement confuses en arrivant aux centres, c'est probablement qu'elles sont habituelles, constantes, et perçues seulement sous cette forme d'existence présente et distincte, bien qu'elles puissent devenir douloureuses quand elles s'exaspèrent. Aussi, comme le remarque Ch. Richet, est-il absolument impossible de localiser nettement le siège précis de notre propre existence, ou de notre moi. Dans une telle hypothèse, la suppression de toute impression ou excitation devrait conduire, ainsi que l'a soutenu Strumpell, à l'acénesthésie (du grec a privatif., et de cénesthésie). Il n'en est rien en réalité, car, par suite de l'éducation et de l'expérience antérieures, nous avons conscience, même dans l'immobilité, le silence et la nuit, de la limitation de notre synergie nerveuse et, par conséquent, de notre existence indépendante et distincte de celle du monde extérieur.

Centre (géométrie). - Le centre d'une courbe est un point tel que, pour un rayon mené de ce point à la courbe, il en existe un autre qui lui est égal et directement opposé; en sorte que tous les points sont deux à deux symétriquement placés par rapport au centre. Le caractère analytique d'une courbe qui possède un centre, c'est que si l'on y porte l'origine des coordonnées, l'équation étant satisfaite par x=a, y =b, devra l'être aussi par x = - a, y = -b. En d'autres termes, si l'on change dans l'équation x en -x et y en -y, elle devra conserver les mêmes solutions. Or, pour cela il faut, si elle est algébrique, que ses termes soient tous de degré pair, ou bien tous de degré impair et sans terme connu; dans ce dernier cas, le centre est sur la courbe. Cette dénomination de centre est empruntée à la théorie du cercle dans lequel tous les rayons sont égaux. Il n'en est pas toujours ainsi. Dans une ellipse, par exemple, il y a un centre, mais les rayons qui en émanent n'ont pas tous la même longueur; toutefois deux rayons opposés sont toujours égaux. (E. R.).

Centrifuge (force)*. -  Force qui s'exerce sur un corps matériel dont la trajectoire est courbe, mais que son inertie tendrait à être rectiligne.

Cercle. - Figure géométrique formée de tous les points situés à la même distance d'un point donné, appelé le centre du cercle.

Cercle vicieux. - En logique, on appelle cercle ou cercle vicieux un pseudo-raisonnement dans lequel, grâce à des différences purement accidentelles d'expression, on paraît tirer des prémisses une conclusion différente d'elles, tandis qu'en réalité on ne fait que répéter les prémisses dans la conclusion. On n'apporte donc pas une preuve, mais une simple répétition d'une opinion préconçue. Ce sophisme prend chez certains auteurs le nom de pétition de principe. Le cercle vicieux n'est en réalité qu'une variété de la pétition de principe, et ne doit pas être confondu avec ce que le philosophe Aristote appelle démonstration circulaire, qui n'est autre chose que la démonstration réciproque. Dans le cercle vicieux, prétendant démontrer une vérité indémontrable par essence, on est obligé, en vertu de cette fausse position, de chercher le point d'appui de cette vérité en elle-même, ce qui occasionne le cercle. Ainsi, par exemple, toutes les fois qu'un philosophe dogmatique a voulu, contre toute raison, entreprendre de démontrer la véracité de l'intelligence humaine, il ne l'a pu qu'en s'appuyant sur des principes fournis par son intelligence, dont, par conséquent, la véracité est supposée. Il démontre donc la véracité de l'intelligence par cette véracité même, ce qui fait le cercle. (G. F.).

Certitude (Certitudo, de certus, ancien participe passé, pour certus, de certum, supin de cernere = trier, distinguer). - La certitude est l'adhésion ferme et immuable de l'esprit à ce qu'il connaît. Elle exclut le doute; elle est le contraire de l'ignorance; elle n'admet ni degrés ni différences.

Elle n'admet pas de degrés on est certain ou on ne l'est pas, il n'y a pas de milieu et une presque certitude n'est qu'une grande probabilité.

Elle n'admet pas de différences, c'est-à-dire que les diverses espèces de certitude, certitude métaphysique, mathématique, physique, morale, s'équivalent.

Par certitude morale on entend à la fois celle qui résulte du témoignage des humains et celle qui se fonde sur le témoignage de la conscience psychologique et de la conscience morale.

Le criterium ou signe infaillible de la certitude est l'évidence. Comme l'évidence, la certitude peut donc étre immédiate ou intuitive, ou bien médiate ou discursive, c'est-à-dire obtenue parla démonstration.
On distingue encore, surtout depuis Kant, la certitude objective et la certitude subjective : celle-ci n'est qu'une conviction bien arrêtée et résulte de l'accord de l'esprit avec lui-même; celle-là porterait sur l'objet même de la pensée (inaccessible en soi, selon Kant) et résulterait de l'accord de la pensée avec la réalité. 

Cesare. - Terme de logique classique qui désigne un mode de la deuxième figure du syllogisme, où la majeure est universelle négative (E), la mineure universelle affirmative (A), et la conclusion universelle négative (E). 

Ex. : aucun poisson ne respire par des poumons; - tous les cétacés respirent par des poumons; - donc aucun cétacé n'est poisson. 
La lettre C marque que, pour être prouvé, ce mode doit être ramené à un Celarent de la première figure; la lettre S indique que cette opération doit se faire en convertissant simplement la majeure.

Césarisme. - Dans la philosophie sociale, sorte de monarchie à l'image de celle qui fut créée par César; elle s'appuie Sur l'armée et le peuple.

Champ (Campum = terrain plat, espace uni) : champ visuel : étendue que l'oeil peut voir étant immobile. Cette étendue est limitée par un cône dans lequel, pour produire une sensation visuelle, les objets doivent être compris. - Champ de la conscience : quantité plus ou moins grande de phénomènes psychologiques que la conscience peut embrasser à un moment donné.

Changement (de Changer, du bas latin cambiare) : chez Aristote, le changement (metabolè) signifie le passage d'un contraire à l'autre (ex. : le passage
de la puissance à l'acte constitue le mouvement (kinèsis)).

Chaos. - C'est, en physique, une situation qui apparaît quand la valeur d'une grandeur caractéristique d'un phénomène ne peut pas être donnée  par un calcul à fait à partir de la valeur d'autres paramètres caractérisant le phénomène. Cela aura été une grande découverte de la physique mathématique du XXe siècle que de comprendre que le déterminisme dans les phénomènes ne garantit pas leur prédictibilité.

Chartres (Ecole de). - Nom qu'il est convenu de donner aux représentants du renouveau des études platoniciennes au XIIe siècle et dont l'école-cathédrale de Chartres a été le berceau sous l'impulsion de Fulbert, l'évêque de la ville. Parmi les acteurs de  ce réveil, on citera : Bernard de Chartres, Gilbert de la Porrée, Thierry de Chartres, Guillaume de Conches, Clarembaud d'Arras, et encore Jean de Salisbury.

Chiffre. - Caractère utilisé pour représenter les nombres. En base décimale, on peut écrire n'importe quel nombre à partir de dix caractères en base dix, dits chiffres arabes : 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9. En notation binaire (base 2), le 0 et le 1 suffisent. En base hexadécimale, on ajoute aux dix chiffres arabes les lettres A, B, C, D E et F. 

Dans un nombre écrit en chiffres arabes en base dix, chaque chiffre a deux valeurs l'une qui lui est propre et qui porte le nom de valeur absolue; l'autre qui vient de la place que le chiffre occupe dans le nombre et que l'on nomme valeur relative; elle sert à indiquer l'espèce d'unités représentées par le chiffre, en se fondant sur ce principe que tout chiffre placé à la gauche d'un autre représente des unités dix fois plus fortes ( Numération).

On emploie aussi d'autres caractères appelés chiffres romains, ainsi que l'indique le tableau suivant :

I ... Un
II .... Deux.
III .... Trois.
IV .... Quatre.
V .... Cinq.
VI .... six.
VII .... Sept.
VIII .... Huit.
IX .... Neuf.
X .... Dix.
XL .... Quarante.
L .... Cinquante.
C .... Cent.
D .... Cinq cents.
M.... Mille.

Pour écrire un nombre, on met à gauche les plus fortes unités du nombre, en continuant ainsi de gauche à droite; ainsi mil huit cent cinquante-huit s'écrira : MDCCCLVIII, et Deux-mil-deux : MMII.

Chimie. - Branche des sciences physiques qui étudie les propriétés, les combinaisons et les transformations des corps. 

Chose (Causa = cause, mais avec le sens de res = objet déterminé) : a) l'objet quelconque d'une pensée. - b) Le sujet, par opposition au prédicat. - c) Chose en soi : ce qui subsiste en soi-même sans supposer autre chose. Kant a appliqué cette expression aux noumènes-: ce qui subsiste en dehors de la représentation. - d) Ce qui ne s'appartient pas : chose opposée à personne.

Chrématistique (du grec chrémata, les biens, tout ce dont on use) :  mot employé par Aristote pour désigner l'art d'acquérir des biens et de les conserver, et qu'on a ensuite appliqué à l'économie politique, qui s'occupe de la richesse

Chronologie. - Branche de l'histoire qui s'emploie à associer aux événements une date sur un calendrier.

Cinématique (Kinèmatikos, de kinèma = mouvement)-: mot créé par Ampère. Il indique cette partie de la mécanique qui traite du mouvement, abstraction faite des forces. Leibniz et Kant l'appelaient phoronomie (de phora = déplacement, nomos = loi).

Cinétique (kinètikos = qui se meut, de kineô = mouvoir)-: l'énergie cinétique est l'énergie actuelle qui se manifeste par du mouvement. Se dit par opposition l'énergie potentielle.

Circonférence. - Ensemble des points d'une courbe fermée. 

Circonscrit. - En géométrie, c'est une figure entièrement située à l'intérieur d'une autre figure.

Circonscrite (Présence) : être présent dans un lieu d'une manière circonscrite (de l'adverbe scolastique Circumscripte, d'une manière délimitée), c'est y être comme les corps, dont chaque partie occupe la partie correspondante du lieu, de sorte que le tout est limité, circonscrit par le lieu.

Circuit. - En mathématiques, on appelle circuit, dans la théorie des intégrales définies prises entre des limites imaginaires, une ligne fermée composée d'une très grande ligne droite partant d'un point déterminé O, d'un cercle décrit du point O comme centre avec un rayon infini et d'une droite parallèle à la première infiniment voisine de celle-ci; un circuit est un contour d'intégration qui contient tous les points critiques de la fonction que l'on intègre, et qui alors n'admet pas l'infini pour point critique. Indépendamment des circuits que nous venons de définir et, que l'on appelle circuits de première espèce, on considère aussi des circuits de seconde espèce qui diffèrent de ceux  que nous venons de définir en ce que le point O est à l'infini et en ce que la circonférence ne contient aucun point critique. (H. Laurent).

Circulaire (argument). - Argument illusoire qui, tournant comme dans un cercle, revient à son point de départ et arrive à conclure l'hypothèse qui servait de majeure.

Circulaire (nombre). - Nombre d'un seul chiffre, dont le carré, et par conséquent toutes les puissances, ont ce chiffre même aux unités. Ce sont les nombres 1, 5 et 6, dont les puissances sont 1, 25, 125, etc.; 36, 216, etc. (Cette dénomination est aujourd'hui inusitée).

Circulaire (fonction). - Une fonction circulaire est une expression analytique d'une ligne trigonométrique quelconque ou de l'arc correspondant. Non générique des sinus, cosinus et autres lignes trigonométriques.  Les fonctions qu'on nomme circulaires ont été imaginées pour servir à noter les relations entre les éléments linéaires et angulaires d'une même figure. La géométrie élémentaire fournit des exemples de relations notées entre grandeurs linéaires ou entre grandeurs angulaires, mais on n'y voit formulée aucune relation directe entre des longueurs et des angles. La théorie des fonctions circulaires a reçu de ses applications à la résolution des triangles rectilignes ou sphériques le nom de trigonométrie.

Circulus . - Ancienne théorie qui enseignait que la matière organisée végétale et animale se forme aux dépens de la matière inorganique. - La chimie agricole s'est approprié ce principe et en a fait la base de ses enseignements. Liebig a démontré que la consommation des aliments ne détruit pas toute leur utilité, au point de vue de la reproduction, pour la végétation, si l'on sait employer les engrais qui en dérivent, ainsi que les détritus des hommes et des animaux disparus. Quelques sociologues, Pierre Leroux en particulier, reprenant l'idée religieuse sur l'humain : Pulvis es et in pulverem reverteris ( = Tu es poussière et tu retourneras en poussière), ont voulu fonder le droit de vivre de l'individu sur la puissance de reproduction de la matière.

Civilité. - On nomme civilité l'exacte observation des bienséances sociales.  Elle embrasse toutes les manières honnêtes d'agir et de converser dans le monde. Ôter son chapeau pour saluer, rendre le salut, céder le pas à une personne âgée, ne pas trop élever la voix en parlant dans une réunion, n'y pas chuchoter à l'oreille de son voisin, n'interrompre jamais ceux qui parlent, etc., voilà des actes de civilité. La civilité n'est pas une vertu, comme le pense Cicéron; elle ne fait pas la personne meilleure, mais elle la rend plus sociable; sous le poli qu'elle lui donne, elle lui laisse sa nature entière. La politesse est la civilité perfectionnée : non contente d'éviter ce qui peut déplaire, elle recherche ce qui doit plaire. La civilité, consistant en usages communs à un certain pays, à un certain temps, peut se concilier avec le manque d'éducation; la politesse est le fruit de l'éducation. L'absence de civilité nous blesse, l'excès de politesse nous importune.

Clair (Clarum = brillant) : a) pour Descartes : ce qui est « manifeste à un esprit attentif » (Principes, Part. I, § 45). - b) Pour Leibniz : idée telle qu'en distingue son objet de tout autre.

Clan (emprunté au gaélique Clann) : les sociologues désignent ainsi le groupe familial primitif, où le mariage entre membres de ce groupe (l'endogamie) était prohibé. L'extension du clan est moindre que celle de la tribu qui, d'ordinaire, admet l'endogamie.

Classe (Classis, peut-être de klèsis = appel, kaleô = appeler) : collection réelle ou idéale; genre plus ou moins étendu, ordonné par rapport à d'autres genres. Le mot classe présente par lui-même un sens un peu vague, mais qui se précise dans la langue technique de chaque science. - a) En Logique, l'idée générale, au point de vue extensif, représente une classe. - b) En Sociologie, c'est un ensemble d'individus que la loi ou l'opinion range dans la même catégorie sociale. De sa nature, une classe est ouverte aux individus de la classe inférieure gui en peuvent faire l'ascension, tandis que la caste est fermée. -c) a) En zoologie et en botanique, la classe ne tient un rang plus subalterne : elle a au-dessus d'elle l'embranchement, qui est une subdivision du phylum. Chaque classe est divisée en ordres; chaque ordre en familles, etc. La cohorte, s'insère entre la classe et l'ordre. On peut également rencontrer l'adjonction des niveaux de la super-classe, de la sous-classe et de l'infra-classe. - d) En minéralogie, la classe est la première division du règne, le groupe supérieur au-dessous duquel on trouve successivement les ordres, les familles, les tribus, les genres et les espèces.

Classification (du latin scientifique classsificatio, de classis et facere = constituer une classe) : manière de répartir, d'une façon coordonnée, des objets ou des concepts.

Classer, c'est distribuer ou répartir les individus en groupes distincts d'après leurs caractères communs. Il y a des classifications dans toutes les sciences, mais ce sont surtout les sciences naturelles qui en offrent des exemples.

On distingue deux sortes de classifications : les classifications naturelles et les classifications artificielles. Les premières sont fondées sur les caractères essentiels des êtres et servent à faire ressortir leurs ressemblances et leurs différences, en un mot, leurs rapports; les secondes sont fondées sur des caractères qui peuvent être naturels et même importants, mais qui sont choisis arbitrairement en vue de faciliter l'étude ou d'aider la mémoire.

Les classifications déterminent les idées suivantes: règnes, embranchements, classes, ordres, familles, tribus, genres, espèces, variétés. 

On peut citer comme exemple de classification dite naturelle celle de Jussieu en histoire naturelle, fondée sur les principes de l'affinité générale, de la subordination des caractères, de la série naturelle. Celle de Linné, fondée uniquement sur le caractère sexuel des plantes, est une classification artificielle.

Les classifications des sciences de Bacon, d'Ampère, de Comte fournissent de bons exemples des différents points de vue auxquels on peut se placer pour classer les connaissances humaines.

Toute classification suppose comme conditions préalables l'abstraction, la généralisation et la définition.

Climatologie. - Etude du climat, c'est-à-dire des phénomènes météorologiques envisagés sur de longues périodes de temps.

Coaction. - Violence, contrainte. Elle exclut la liberté corporelle, celle de la main, mais non la liberté intérieure, celle de l'esprit et du coeur. La liberté de coaction est donc la liberté extérieure : c'est la spontanéité laissée à elle-même.

Coeur. - Pris dans un sens figuré, le mot coeur a reçu de l'usage plusieurs acceptions. Dans ce vers de la Phèdre de Racine (acte IV, sc. 2)

Le jour n'est pas plus pur que le fond de mon coeur, 
le coeur est employé pour l'âme elle-même, pour la conscience; et les croyants disent de même que Dieu voit le fond des coeurs. Souvent le coeur est considéré comme le siège des sentiments et des passions; en ce sens Vauvenargues a dit : " Les grandes pensées viennent du coeur; " et le chapitre de La Bruyère intitulé Du coeur traite principalement de l'amour et de l'amitié. On recommande à l'orateur qui veut émouvoir de parler le langage du coeur. Le coeur tressaille de joie; on a le coeur navré; on éprouve des peines de coeur; on a le coeur sur la main. Comme les sentiments et les passions déterminent fréquemment nos actes, le mot coeur est devenu encore synonyme de courage et de volonté : ainsi l'on dit un homme de coeur, un coeur faible, etc.; on fait contre fortune bon coeur; et la locution un homme sans coeur signifie tout à la fois un homme qui manque de sensibilité et un lâche. Quand La Rochefoucauld formule cette maxime : " L'esprit est toujours la dupe du coeur", il exprime l'influence que la partie sensible et affective de notre être exerce sur la partie intelligente et raisonnable. Dire qu'un homme a bon coeur et mauvaise tête, c'est localiser, en les distinguant, les affections et l'intelligence. (B.).

Cogitative (du latin scolastique Cogitativus, de cogitatum, supin de cogitare, soit cum = avec; agitare = agiter) : la potentia cogitativa est, d'après les Scolastiques, une sorte de jugement instinctif, qui fait connaître à l'humain l'utile et le nuisible dans les choses sensibles. - La faculté correspondante chez les autres animaux est appelée estimative.

Cogito, ergo sum ( = Je pense, donc je suis). - Axiome philosophique de Descartes. Lorsque ce philosophe eut rompu avec les doctrines du passé, qu'il eut dans son esprit fait table rase de tous les principes qu'on lui avait enseignés, afin de reconstruire la doctrine sur l'évidence et la raison, il reconnut comme première vérité la réalité de son existence, à, ce signe, qu'il pensait; penser, c'est être : Cogito, ergo sum (Je pense, donc je suis), et ce fut le point de départ de son système philosophique.

« Lorsque quelqu'un dit : Je pense, donc je suis ou j'existe, il ne conclut pas son existence de sa pensée comme par la force de quelque syllogisme, mais comme une chose connue de soi ; il la voit par une simple inspection de l'esprit. » (Descartes, Réponse aux deuxièmes objections)
Cognition (de l'anglais Cognition = connaissance, du latin cognoscere = connaître).  - Synonyme de connaissance, mais plus spécialement de perception, interprétation des données des sens ou représentations sensibles.

Dans la langue de Kant, les intuitions deviennent des cognitions quand elles sont rapportées à un objet par le moyen d'un concept qui ramène la multiplicité à l'unité. L'animal a des intuitions, mais il n'a pas de cognition parce qu'il ne pense pas par catégories.

Cognoscibilité (de Cognoscibilis, qui peut être connu, de co-gnoscere = apprendre, connaître) : qualité de ce qui est connaissable. L'intelligibilité a un sens plus restreint; elle s'entend plutôt de la possibilité d'une connaissance rationnelle.

Cohérent, Cohérence (Cohaereris, cohaerentia, de cum, avec; haerere = être lié) : un système cohérent est celui dont toutes les partie; sont bien liées. - La cohérence distingue : a) la perception de l'hallucination, du rêve; b) le souvenir de la fiction imaginative.

Colère. - Passion qui traduit un violent mécontentement est s'exprime généraement par de l'agressivité.

Collectif (logique). - Un terme collectif diffère bien d'un terme général. On appelle nom collectif en logique celui qui désigne une somme d'individus composant tel tout d'assemblage ou de juxtaposition, par exemple la flotte grecque de Salamine, la forêt de Sénart, le 1er régiment de ligne français, le jury criminel de la Seine. Flotte, forêt, régiment, jury sont en eux-mêmes des noms généraux désignant chacun un genre entier de touts collectifs, desquels les exemples ci-dessus désignent l'un, et celui-là seul, pris en particulier. Le terme collectif est donc commun (au sens d'indivis) par rapport aux unités définies, prises ensemble, qui composent la collection nommée ; mais il est terme individuel ou singulier par rapport à la classe entière ou au genre des collections de même sorte. 

Tandis que le nom général, homme, forêt, régiment, se dit de toute la classe des humains, des forêts, etc., et convient à chacun des cas ou individus (cet humain-ci, ce régiment-ci), au contraire, le nom collectif, par exemple, le 1er  régiment de ligne, ne se dit pas de chacun des individus composant la collection, il ne convient qu'à leur ensemble. Le nom collectif est l'appellatif indivis des parties ou unités en tant que rassemblées en leur tout, et n'est pas le nom des parties du tout ; il ne signifie pas quelque chose de commun, présent dans tous les individus de la collection, mais seulement leur présence en commun ou leur groupement. (P. Souquet).

Collectivisme (de Collectivus = collectif) : forme de socialisme substituant la propriété collective à la propriété privée pour les moyens de production.

Colligation (Colligatio, de colligatum, supin de colligare = cum-ligare = lier ensemble) : opération logique qui consiste à exprimer, dans une formule, une propriété dont la présence a été constatée chez un certain nombre d'individus. Elle ne s'étend pas, comme l'induction, aux cas qui n'ont pas été directement observés. - L'hypothèse est un moyen de colliger les faits dispersés.

Combinatoire (analyse). - C'est la partie des mathématiques qui étudie les permutations et les arrangements, et qui joue un rôle notamment dans le calcul des probabilités.

Combinatoire (Art) (de Combinatum, supin de combinare = réunir) : pour Leibniz, l'art combinatoire est cette partie de la logique, qui consiste à déterminer toutes les combinaisons possibles des différents concepts et à étudier leurs propriétés et leurs rapports. Il se confond avec l'art d'inventer.

Commun (Communis, de cum = avec, et de la racine qui a donné munus, = fonction) : ce qui appartient à plusieurs objets à la fois. S'oppose à Propre.

On appelle quelquefois notions communes les vérités universelles essentielles à toute intelligence humaine, principes premiers, jugements intuitifs, vérités du sens commun ou, comme disaient les anciens dans un sens un peu moins précis, anticipations et prénotions. Lees mathématiciens grecs disaient koinai ennoiai; ce sont  les axiomes, les principes rationnels.

Communauté (du bas latin Communalitatem, de communalis = communal, de communis =commun) : caractère de ce qui est commun. - Kant appelle Communauté la troisième catégorie (Action et Réaction = Réciprocité) qui se rapporte à la Relation. Elle sert de fondement à la troisième des analogies de l'expérience, que Kant formule ainsi : Toutes les substances, en tant qu'elles peuvent être perçues comme simultanées dans l'espace, sont dans une action réciproque générale.

Communisme (de Commun) : Forme de socialisme supprimant complètement la propriété individuelle, pour lui substituer la propriété commune. - Organisation sociale exposée par Platon dans la République.

Si les partisans de ce système admettent que l'État doit en donner la jouissance égale à tous les citoyens, c'est un communisme égalitaire; s'ils veulent que l'État accorde à chacun selon ses oeuvres et tiennent compte des capacités (les Saint-simoniens), l'égalité qui semble détruite est rétablie en réalité.

Commutative (du latin scolastique Commutativus, de commutare, = cum-mutare = échanger) : a) Justice commutative : égalité dans les échanges, - b) Loi ou propriété commutative : propriété de l'addition et de la multiplication logiques, et plus généralement, de toute loi de composition (*) telle que pour tout couple d'éléments a et b d'un ensemble, on ait a*b = b*a.

Comparaison : acte de l'intelligence rapprochant et examinant simultanément deux où plusieurs faits, deux ou plusieurs idées, pour en apprécier les ressemblances et les différences, ou, plus généralement, les rapports quels qu'ils soient. La comparaison sert de préliminaires à d'autres opérations. Si, entre deux idées que l'on rapproche, abstraction faite de leurs différences secondaires ou simplement accidentelles, on trouve des ressemblances assez intimes pour les embrasser, avec beaucoup d'autres idées peut-être, dans une notion collective, et pour leur appliquer une qualification commune, on est conduit à la généralisation. Si l'on trouve seulement que l'une de ces idées convient à l'autre et peut en être affirmée, le résultat est une attribution de la première idée à la seconde, c'est-à-dire un jugement. Lorsqu'au lieu de comparer directement deux idées entre elles, on les compare à une ou à plusieurs idées intermédiaires destinées à en opérer indirectement le rapprochement, la suite de jugements liés entré eux qui se produit alors constitue un raisonnement.

Complet (Completus, de completum, supin de complere = cum-pleo = remplir, achever) : Leibniz appelle notion complète celle qui représente entièrement un objet individuel. Les notions abstraites sont donc incomplètes. - S'oppose à Incomplet.

Complexe (Complexus, de complexum, complecti, de cum et plectere = plier avec, embrasser, assembler). - Terme complexe celui qui, formé de l'assemblage de plusieurs mots, ne constitue cependant, dans la proposition considérée au point de vue logique, qu'un seul terme. L'addition, qui complique un terme simple, est : a) tantôt une explication;  (pa ex. : l'homme, qui est un animal raisonnable; b) tantôt une détermination, (ex. :  l'homme, qui craint la loi). - Proposition complexe : celle dont le sujet, le verbe ou l'attribut sont des termes complexes (ex.:  l'homme, qui craint la loi, est sage). - Syllogisme complexe : celui dans lequel le grand ou le petit terme et complexe, ou dans lequel la conclusion est une proposition modale. - ll ne faut pas confondre complexe et composé. - S'oppose à Simple.

Complexe (nombre). - C'est un nombre c tel que c = a+ib, avec a et b qui sont deux réels et i qui est tel que i²=1. Si b = 0, c est un nombre réel. Si a = 0, c est dit imaginaire. Les nombres complexes peuvent s'additionner et se multiplier comme les nombres réels, selon les règles habituelles de l'algèbre. Il suffit de remplacer i² par 1 à chacune de ces occurences.

Complexe : employé substantivement, ce mot désigne un tout dont les éléments distincts ne sont pas seulement juxtaposés, mais sont organisés.

Composé (de Composer, de componere = cum-ponere = mettre ensemble) ce qui est formé de plusieurs parties ou de plusieurs termes.  - Distinctions : a) Composé physique :  résulte de parties physiques : ainsi l'humain est composé d'organes, eux-mêmes composés de tissus, etc. -b) Composé métaphysique : résulte de parties métaphysiques : ainsi l'humain est composé de puissance et d'acte, d'essence et d'existence. - c) Composé logique résulte de parties logiques : ainsi l'humain encore est composé de genre et de différence, d'animalité et de raison. d) Composé substantiel : il est formé de parties réunies en une même substance : ainsi la plante, l'animal. e) Composé, accidentel : il est formé de parties unies seulement d'une manière accidentelle : ainsi les composés artificiels, une maison, un tas de pierres.

Composantes. - Ce sont les coordonnées d'un vecteur dans un repère cartésien.

Composition. En logique, ce mot s'entend de l'art de disposer les idées ou les matières dans l'ordre qu'elles doivent garder entre elles, suivant leur nature, leur caractère et le but qu'on se propose. 

Le sophisme de composition consiste à affirmer, des choses jointes ensemble, ce qui n'est vrai que quand elles sont prises séparément, à confondre les uns avec les autres des objets divers par l'espèce, ou des faits distincts par le lieu ou par le temps. 

En grammaire, la composition des mots consiste à fondre, à combiner deux ou plusieurs mots en un seul, terminé par une désinence unique qui appartient au mot tout entier et lui donne de l'unité (Mots composés), ou à joindre aux mots certains affixes qui en modifient la valeur ou le sens.

En littérature, la composition est l'ensemble des opérations qui constituent l'art d'écrire. (B.).

Composition (Compositio, de compositum, supin de componere = mettre ensemble). - Union de parties destinées à ne former qu'un tout. La composition suppose donc l'imperfection dans les parties prises isolément. - L'union, au contraire, peut exister entre des êtres parfaits en eux-mêmes avant tout rapprochement.

Composition (loi de). - En mathématiques, c'est une application qui à tout couple (a,b) d'éléments appartenant respectivement à deux ensembles E et F fait correspondre un élément de E. Si E = F, on parle de loi de composition interne; sinon, il s'agit d'une loi de composition externe. Les lois de composition peuvent avoir diverses propriétés (commutativité, associativité, distributivité).

Composition des applications. - Soit deux applications f et g  telles que f : E —› F et g : G —› H (l'ensemble F étant supposé inclus ou égal à G). Ce qu'on appelle la composition des applications f et g correspondra alors aux deux étapes suivants : 1°)  f associe à tout élément x de E un élément noté f(x) de F; 2° g associe encuite f(x) a un élément de H noté g(f(x)). Il résulte de là que la composition fait apparaître une nouvelle application, notée gof (lire "g rond f"), telle que gof : E —› H. 

Compossible (du latin scolastique compossibilis, de cum = ensemble; possibilis  = possible) : pour les Scolastiques, c'est la simultanéité de plusieurs possibles. Leibniz dit que tous les possibles ne sont pas compossibles, pour signifier que tous les possibles ne sont pas simultanément réalisables dans le même monde.

Compréhensif, Compréhension (Comprehensivus, Comprehensio, de Comprehensum, supin de comprehendere = cum-prehendere = prendre avec) : ensemble des notes ou éléments « compris » dans une idée ou un terme. - Le mot compréhension s'emploie quelquefois pour signifier l'acte ou la faculté de comprendre. Mais cet usage est équivoque en raison du sens logique de ce terme.

Comprendre (Comprehendere = prendre avec) : ce mot signifie, entendu a) largement : saisir le sens de quelque chose; - b) strictement : saisir la nature ou la raison de quelque chose.

Comtisme : c'est le Positivisme, la philosophie d'Auguste Comte.

Conatif (de Conatum, supin de conari = s'efforcer) : caractéristique des faits volitifs d'après Hamilton.

Conation (de Conatio, de conari, conatum = s'efforcer) : mot usité chez les philosophes de langue anglaise. Certains voudraient l'employer en français pour signifier l'effort ou la tendance prise dans un sens indéterminé.

Concentration. - Expression figurée, employée en philosophie et en psychologie pour désigner l'effort par lequel, à un moment donné, nous appliquons exclusivement, à un objet déterminé, toute l'énergie d'une de nos facultés; ainsi l'on dit qu'il y a concentration de la conscience ou que la conscience se concentre sur les phénomènes de la vie intérieure pour en saisir le développement (autres expressions figurées) et en découvrir les lois. La concentration, en ce sens, est l'effet de la volonté et caractérise toutes les opérations de l'esprit dans lesquelles nous nous rendons attentifs. Jouffroy, dans une théorie ingénieuse de la sensibilité (Mélanges philosophiques : De l'amour de soi), a nommé concentration, par opposition au mouvement expansif, dit-il, qui suit la sensation agréable, « le mouvement réactif par lequel la sensibilité  désagréablement affectée se resserre en elle-même. »

Sans condamner d'une manière absolue l'usage de ces métaphores, dont Aristote déjà reprochait à Platon d'abuser, mais auxquelles le langage philosophique, de même que le langage ordinaire, est contraint à chaque instant d'avoir recours, faute d'expressions propres et abstraites, nous avons à dire qu'il est bon de les éviter autant que possible, ou tout ou moins de se tenir en garde contre une interprétation trop littérale, de peur de prendre pour l'expression exacte des faits, ce qui ne les représente qu'en vertu d'une analogie plus ou moins éloignée. (B-E.).

Concept (Conceptus, de conceptum, supin de concipere = cum-capere = prendre à la fois, concevoir)-: l'idée abstraite et général, l'idée, l'appréhension qui sert ensuite de matière au jugement. Dans la philosophie de Kant, le concept (Begriff) est une notion générale sans être absolue. Kant distingue : 1° les concepts purs de l'entendement, c'est-à-dire ceux qui, d'après lui, sont indépendants de l'expérience ; ce sont les catégories; 2° les concepts empiriques, qui doivent tout à l'expérience : ainsi les notions de couleur et de plaisir; 3° les concepts mixtes. - Distinction : Concept formel, concept objectif. Le premier, qui est le verbe mental, est l'idée en elle-même, considérée comme un principe et un moyen de connaissance. Le second c'est l'idée considérée dans ce qu'elle exprime. Les concepts formels sont l'objet de la logique; les concepts objectifs sont l'objet de la métaphysique.

Conception (Conceptio, de conceptum, supin de concipere = prendre, saisir, recueillir) : a) Opération intellectuelle par opposition à celles de l'imagination et des sens : la connaissance du monde est une conception de l'esprit. - b) Opération qui consiste à former ou à saisir un concept.

Conceptionnisme (de Conception) : façon d'expliquer la perception extérieure par opposition au Perceptionnisme ou perception immédiate.

Conceptualisme (du latin scolastique Conceptualis, de Conceptus = concept). -  On appelle ainsi le système d'Abélard, qui essaya de trouver un moyen terme entre le nominalisme et le réalisme : nos idées générales ou universaux sont, selon Abélard, plus que de simples noms (nominialisme), sans avoir pourtant de réalisé correspondante hors de l'esprit (réalisme}; leur réalité, qui est indéniable, est toute subjective, car ce sont des conceptions très réelles de notre esprit. Sous les mots, il y a un sens, un concept. Le conceptualisme n'est qu'un nominalisme déguisé.

:On a aussi appelé conceptualisme la doctrine de Kant sur la nature des idées générales.

Concevable, Concevabilité (de Concevoir, de concipere) : ce qui n'implique pas contradiction. - S'oppose à Inconcevable, Inconcevabilité.

Conchyliologie (zoologie). - Science des coquilles; ce terme pris dans son acception la plus générale comprendrait non seulement les Mollusquesà coquille externe ou interne, mais encore un grand nombre de Protozoaires, d'Echinodermes, de Vers, etc., dont le test ou l'enveloppe protectrice a plus ou moins la consistance et souvent la forme d'une coquille. Employé sensu stricto, ce mot désigne simplement les Mollusques.

Conciliation (Conciliatio, de cocciliatum, supin de conciliare = réunir; de cum = avec; calare = appeler) : elle consiste à dégager de chaque système « l'âme de vérité » qu'il peut contenir. C'est ce que les Anglais nomment une doctrine de « reconciliation », qui équivaut à un éclectisme tempéré.

Concluant, Conclusion (Conclusio, de conclusum, supin de concludere = cum-claudere = enfermer, terminer). - La conclusion est une proposition qui résulte de propositions posées comme prémisses. Conclusion se dit, dans un sens étendu, des conséquences de toute espèce de raisonnement, mais s'applique plus spécialement aux conséquences du raisonnement déductif et du syllogisme. Dans le syllogisme, la conclusion énonce le rapport trouvé entre un certain sujet (petit terme) et un certain attribut (grand terme) à l'aide du moyen terme. On ignore si C peut être attribué à A en totalité; mais on sait d'avance ou l'on peut s'assurer facilement qu'il peut être attribué à B, et B de la même manière à A; on en conclut que C peut être attribué à A : 

Tout A est B;
Tout B est C :
Donc tout A est C.
La conclusion dérive nécessairement des prémisses; et les rapports de ses termes, par suite la nature de la conclusion elle-même, varient suivant les rapports exprimés dans les prémisses. Ce serait une erreur de croire que n'importe quelles propositions rapprochées l'une de l'autre puissent toujours servir de prémisses et donner une conclusion. Ainsi, de ce que nul A n'est B et nul B n'est C, on ne peut rien conclure du rapport de A et de C. (B-E)

Concomitance, Concomitant (Concomitani, accompagner; de cum, avec; comitari = suivre; de comes, comitis, de cum-ire, -itum = aller avec), en termes de philosophie, réunion de deux phénomènes dont l'un accompagne l'autre en un même point de l'espace. Elle diffère de la simultanéité, qui est l'état de deux choses existantes dans un même temps. Dans la théologie de l'Église catholique, concomitance se dit de la coexistence indivise du corps et du sang de Jésus sous chacune des espèces eucharistiques. (B.).

Concret (Concretus, de concretum, supin de concrescere = cum-crescere = s'accroître par réunion, se condenser) : c'est le réel, l'individuel. - Mot opposé à abstrait, et qui se dit, en logique, des idées que nous concevons à l'imitation des objets réels, sans opérer mentalement la séparation de la substance et des différents modes. Toute idée individuelle est concrète; car la réunion de divers attributs à une substance déterminée est nécessaire pour constituer l'individu, et cette réunion doit être maintenue dans l'idée que nous concevons de celui-ci. Au contraire, toute idée générale est abstraite, l'esprit, pour la former, étant obligé de séparer au moins de l'idée des attributs propres à chaque individu celle des caractères communs au genre tout entier et par lesquels on le définit.

En grammaire, le concret est la qualité considérée dans un sujet; la beauté, le beau, sont des termes abstraits; mais une belle ville, un beau jardin, sont des termes concrets. Quelques grammairiens appellent concrets les verbes attributifs, par opposition au verbe substantif, qu'ils appellent abstrait. Quelquefois un terme abstrait suivi d'un déterminatif joue le rôle du concret, surtout dans le style poétique grec et latin labor Herculeus est équivalent de laboriosus Hercules. (B.).

Concrétion (Concretio = agrégation, de concretum, supin de concrescere = se condenser) : «Opération pur laquelle l'esprit, à ses débuts et d'une manière généralement inconsciente, a construit le toutdit concret, que l'abstraction, et l'analyse décomposeront plus tard.

Concupiscence (concupiscentia, de concupiscere =- cum-cupiscere, de cupere = désirer ardemment, convoiter) :  a) les Scolastiques emploient ce mot pour distinguer les appétits sensibles ou passions qui s'opposent aux tendances raisonnables. - b) Désir ardent et égoïste. 

Concupiscible (du latin scolastique Concupiscibilis, qui peut être convoité) ce qui est le principe du désir, ce qui pousse à convoiter. 

Concurrence (de Concurrent, de Concurrens, de concurrere = cum-currere = courir ensemble) : lutte entre deux tendances qui s'efforcent de se supplanter l'une l'autre.

Condillacisme (deCondillacus, traduction latine de Condillac) : Système de Condillac, appelé encore système de la sensation transformée et sensualisme (Sensualisme).

Condition (Conditio, Condicio = convention; condition, de cum = avec; dicere) : a) Ce qui enlève l'obstacle à l'activité de la cause. - b) Ce dont la présence est nécessaire pour que quelque chose existe (pour Kant, par exemple, le temps et l'espace sont les conditions de l'expérience. - c) Assertion de laquelle une autre dépend, de sorte que, si la première est fausse, la seconde l'est aussi  (ex. : jugement conditionnel ou hypothétique : S'il est jour, il fait clair). - d) Manière d'être, situation : ex. : condition des femmes.

Conditionné (adjectif participe de Conditionner) : ce qui est soumis à certaines conditions, comme le relatif. - Pour Hamilton : le conditionné c'est « ce qui dépend de quelque chose d'autre quant à son être. » Il énonce ainsi la Loi du conditionné : « Penser, c'est conditionner-» ( « To think is to condition »). - D'après Kant, le conditionné c'est le conséquent considéré dans sa dépendance de l'antécédent. - S'oppose à Inconditionné.

Conditionnel (Conditionalis, Condicionalis, de conditio, condicio) : ce qui dépend d'une condition.

Conditionnel (syllogisme)  : espèce de syllogisme conjonctif qui a pour majeure une proposition conditionnelle : "Si l'âme est spirituelle, elle est immortelle; or, elle est spirituelle, donc, etc. ".

Conditionnelle (proposition). - C'est une proposition subordonnée exprimant dans quel cas ou à quelle condition a lieu ou aurait lieu ce qui est énoncé par la proposition principale. Ex. : "Si nous voulons jouir de la paix, il faut faire la guerre. - La mémoire se fortifie, à condition que vous l'exerciez. - Je refuserai son offre, dût-il se fâcher. » La proposition dont dépend la proposition conditionnelle a son verbe au conditionnel, lorsque celui de la proposition conditionnelle a le sien à l'imparfait ou au plus-que-parfait : « Je serais venu, si vous l'aviez ordonné :- J'accepterais ses offres, si elles étaient honorables. » Quelquefois la proposition conditionnelle prend le tour interrogatif : « Ils ne viendront pas? On agira sans eux. - Voudriez-vous nous tromper? Nos précautions sont prises. » C'est comme s'il y avait : « S'ils ne viennent pas ; si vous vouliez nous tromper. » (P).

Conditionnement. - En psychologie, c'est : a) la pratique qui consiste à obtenir un comportement particulier à partir d'un stimulus donné. - b) le résultat de cette pratique.

Conduite (Substantif participe de Conduire, de conducere = cum-ducere = mener ensemble) : manière d'agir ou de réagir de manière à s'adapter à une situation. L'étude des conduites est l'objetc de la psychologie contemporaine.

Cône. - Volume engendré par la révolution autour d'un axe d'un triangle rectangle.

Conflit (Conflictus, de conflictum, supin de confligere = cum-fligere = heurter) opposition et lutte entre deux pouvoirs ou deux principes à propos d'un même objet. - Conflit : a) des droits; b) des devoirs; - c) de deux pouvoirs, qui émettent sur nn même point des prétentions opposées. - Conflit « de la raison avec elle-même » : c'est pour Kant l'ensemble des contradictions où tombe la raison, quand elle s'efforce de rattacher les phénomènes à un inconditionné, d'où ils dépendraient tous comme conditionnés c'est le heurt des antinomies. 

Confus (Confusus, de confusum, supin de confundere = cum-fundere, mélanger) : concept, ou perception, dont le contenu est mal défini. - S'oppose chez les Cartésiens à Distinct.

Confusion (Confusio, de confusum, supin de confundere = cum-fundere = mélanger) : acte par lequel l'esprit confond en un seul deux concepts distincts. 

Congénital (de Congenitus = cum-genitus = né avec) : se dit de tout caractère, qui existe chez un individu dès sa naissance, par opposition au caractère acquis dans le cours de son développement ultérieur.

Congruence (mathématiques). - Quand deux nombres sont tels que leur différence est un multiple d'un nombre donné, on dit qu'ils sont congrus; le nombre qui divise leur différence s'appelle module. Le signe de congruence est formé de trois traits horizontaux (); ainsi, AB veut dire que les deux nombres A et B sont congrus ou congruents entre eux. La théorie des congruents a été donnée par Gauss dans le célèbre ouvrage Disquisitiones arithmeticae.

Coniques (sections). - Figures formées par l'intersection d'un plan avec un cône. Ce sont le cercle, l'ellipse, la parabole, l'hyperbole.

Conjonctif (syllogisme) (Conjonctivus, de conjuctum, supin de conjungere = cum-jungere = atteler ensemble) : syllogisme où le moyen terme est joint aux deux autres termes, non pas seulement successivement dans la majeure et dans la mineure, mais simultanément dans la majeure, de telle sorte que celle-ci contient d'avance toute la conclusion

"Si un État électif est sujet aux divisions, il n'est pas de longue durée; or, un État électif est sujet aux divisions; donc il n'est pas de longue durée"
On distingue trois sortes de syllogismes conjonctifs : 
1° le syllogisme conditionnel, dont le précédent est un exemple;

2° le syllogisme disjonctif, qui a pour type le dilemme;

3° le syllogisme copulatif.

Connaissance (de Connaître) : 
a) Subjectivement : acte de la pensée qui prend un objet en tant qu'objet de représentation. 

b) Objectivement : ce même acte considéré en tant qu'il représente plus ou moins le contenu de l'objet. 

c) Contenu de la connaissance  (ex.-: l'ensemble des connaissances humaines).

La connaissance, en tant qu'acte propre de l'intelligence, peut donc se diviser comme les notions et les idées : connaissance abstractive, intuitive, discursive. Plus généralement on distingue la connaissance sensible et la connaissance rationnelle, c'est-à-dire la connaissance par les sens et par la raison.

Quand on joint au mot connaissance l'épithète intuitive, on veut désigner la connaissance immédiate, sans intermédiaires, par vue directe de l'esprit; quand on emploie l'épithète discursive, on veut indiquer la connaissance indirecte et démontrée; enfin l'épithète compréhensive ou adéquate s'applique à la connaissance complète de l'objet connu. Comme «-nous ne savons le tout de rien », il y a peu de connaissances adéquates.

On appelle théorie de la connaissance les recherches qui ont pour but d'expliquer l'origine de nos idées, la source première des principes directeurs de la faculté de connaître. Elle énumère nos idées premières et formule les principes de la raison; elle donne aussi le criterium de la vérité et les règles essentielles de la démonstration, sans se confondre avec la logique proprement dite. Elle a un caractère spécialement métaphysique et psychologique : la psychologie seule peut nous renseigner sur l'origine de nos idées.

Connaître (Cognoscere = cum-gnoscere) : terme générique, qui indique simplement qu'un objet est présenté, présent à l'esprit. Les espèces de ce genre sont : percevoir, concevoir comprendre, etc.

Connexe (Connexus, de connectum, supin de connectere = cum-nectere = lier ensemble).

Connexion (Connexio, de connexum, supin de connectere = cum-nectere = lier ensemble) : nécessité de la liaison entre le sujet et l'attribut. - Nécessité de la liaison entre les prémisses et la conclusion du syllogisme.

Connotatif, Connotation, Connoter (du latin scolastique Connotare = cum-notare, Supin connotatum = indiquer avec) : la connotation est l'ensemble des caractères impliqués par un terme donné. - Les Scolastiques disaient d'un terme qu'il connote, pour signifier qu'il implique un ensemble de caractères. Stuart Mill leur a emprunté ce mot. - S'oppose à Dénotation.

Conscience '(Conscientia, de conscire = cum-scire = savoir avec). - Faculté qui permet de revenir sur soi-même et de connaître ses états intérieurs, dits états de conscience . - Distinctions :  a) Conscience sensitive : ce n'est autre chose que ce sens commun qui est compté par les scolastiques parmi les sens internes, et en vertu duquel l'humain et les autres animaux sentent qu'ils voient, qu'ils entendent, qu'ils souffrent, etc. -b) Conscience intellectuelle, psychologique, morale : la conscience intellectuelle, qui est la conscience proprement dite, n'est autre chose que l'intelligence en tant qu'elle se prend elle-même pour objet ou considère les actes des autres facultés. 

Elle se divise en conscience psychologique (=  perception intuitive qu'a l'esprit de ses états et de ses actes) et en conscience morale. Cette dernière est la faculté qu'a l'humain de porter des jugements sur la valeur morale de ses actes, « l'instinct divin » dont parle Jean-Jacques Rousseau, la « raison pratique » de Kant.

De la différentes expressions ou entre le mot conscience : un examen de conscience est une méditation pratique sur nos actes et leurs intentions; la liberté de conscience est la liberté de se faire une opinion personnelle sur un dogme, une religion, une analyse politique.

On oppose quelquefois la science et la conscience pour marquer le conflit des lois fatales de la nature avec la liberté de la volonté.

Consécutif (Consecutus = qui suit, de Consecutum, supin de consequi = cum-sequi = suivre de près) : les sensations consécutives ou rémanentes (de remanens, remanere = demeurer), sont celles qui persistent après que leur cause extérieure a cessé d'agir sur l'organe. . - Les images consécutives (il s'agit surtout des images visuelles) sont : a) positives, quand les clairs et les noirs de l'image correspondent aux clairs et aux noirs de l'objet (par exemple, si l'un ferme les yeux après avoir regardé un objet brillant, on le voit encore quelques instants). - b) négatives, quand aux noirs de l'objet correspondent les blancs de l'image et vice hersa (par exemple, si après avoir fixé un objet brillant, on regarde un écran blanc, on perçoit une image consécutive négative). Si l'objet fixé est coloré, les couleurs de l'objet sont remplacées par leurs complémentaires dans l'image consécutive négative.

Consentement (de Consentir, de consentire = cum-sentire = consentir) : acquiescement de la volonté. - Consentement universel (Omnium in consensus naturae vox est, Cicéron, Quaest. Tuscul. L. I, ch. 15) :  critérium de la vérité.

Conséquence  (Consequentia, de consequi = cum-sequi = suivre, s'ensuivre) : en termes de logique, liaison de la conclusion d'un raisonnement avec les prémisses.  C'est la forme du raisonnement déductif. - Ce mot signifie également la proposition qui découle des prémisses, c'est-à-dire la conclusion. Une conclusion peut être vraie, quoique la conséquence soit fausse : il suffit pour l'une qu'elle énonce une vérité, et pour l'autre qu'elle n'ait aucune liaison avec les prémisses. Une conclusion peut être fausse, quoique la conséquence soit vraie : c'est que la conclusion énonce alors un jugement faux, tout en ayant une liaison nécessaire avec les prémisses, dont l'une, au moins dans ce cas, est elle-même fausse.

Conséquent (Consequens, participe présent de consequi = cum-sequi = suivre, s'ensuivre) : a) employé substantivement, c'est la  seconde proposition d'un enthymème; conclusion, par rapport aux prémisses ou à l'antécédent. Se dit aussi du second terme d'un rapport. C'est le nom qu'Aristote, dans sa Logique (Premiers Analytiques), donne aux termes qui peuvent être employés comme attributs d'autres termes, ceux-ci étant les antécédents de ceux-là. Les sujets individuels, Socrate, Cléon, Callias, ne peuvent jamais être qu'antécédents; les attributs les plus généraux ne peuvent être que conséquents; mais entre ces sujets et ces attributs se placent un grand nombre de notions intermédiaires, conséquents par rapport à certains termes, antécédents par rapport à d'autres. Ainsi humain est conséquent par rapport à Socrate, et antécédent par rapport à animal, etc. La recherche des conséquents et des antécédents est, selon Aristote, d'une grande importance pour la découverte du moyen terme dans le raisonnement, et, par suite, pour toute la démonstration. -b)  - Employé adjectivement, il signifie : 1) ce qui est conforme aux règles de la logique (ex. : raisonnement conséquent); - 2) s'oppose à Antécédent (ex. : volonté conséquente).

Constance (Constantia, de constare = cum-stare = se tenir avec, être ferme) : qualité de celui qui ne cesse pas d'être le même.

Constitutif (de Constitutus, participe passif de constituere = poster, établir de cum-stare = se tenir debout) : ce qui est essentiel dans une chose.

Constitution (Constitutio, de constitutum, supin de constituere = cumstatuere = établir, de cum-stare = se tenir debout) : manière dont une chose est établie dans son organisation essentielle.

Constructivisme. - Terme servant de façon générale à qualifier toute doctrine mettant l'accent sur la notion de construction. On parle par exemple, à propos des mathématiques, de constructivisme, l'approche qui considère les entités mathématiques comme le résultat d'une construction à partir d'axiomes et de règles, indépendamment de toute référence à la réalité concrète. 

Contact (géométrie). - Deux courbes sont en contact en un point, lorsqu'à ce point elles ont une tangente commune. L'ordonnée de ce point est la même, et la dérivée de l'ordonnée y a la même valeur pour chacune des deux courbes. Si les dérivées d'ordre supérieur sont aussi égales, le contact devient plus intime, et il se mesure par l'ordre des plus hautes dérivées communes aux deux courbes. Ainsi le contact est du second ordre, si l'ordonnée et ses deux premières dérivées sont égales pour les deux courbes. Le cercle qui en un point de la courbe a avec elle un contact du second ordre est dit cercle osculateur : on l'appelle aussi cercle de courbure.

Contemplatif, Contemplation (Contemplativus, Contemplatio, de contemplatum, supin de contemplor = cum- templum, observer une partie du ciel; le carré tracé dans le ciel par l'augure pour observer les présages s'appelle templum) : attention sans effort. -
Pour Platon, Aristote et les Scolastiques, la contemplation est une activité intellectuelle intuitive, qui correspond à la pensée spéculative (theôrein) et s'oppose à une activité tournée vers la pratique (prattein) ou vers la réalisation d'oeuvres extérieures à l'agent . - Pour les Néoplatoniciens, c'est moins un acte qu'un état intuitif, dans lequel l'esprit jouit de la vue de son objet.

Contenu (Contenir, du latin populaire contenire, pour continere = tenir de tous côtés) : ce qui est dans autre chose. Le contenu d'un concept c'est sa compréhension,. - Dans les opérations intellectuelles on distingue généralement : a) la norme; b) la matière ou contenu.

Contiguïté. -  La contiguïté dans le temps et dans l'espace, c'est-a-dire la succession immédiate et le contact, est une loi de l'association des idées.

Contingent, contingence (Contengentia, contingens, de contingere = cum-tangere = toucher, atteindre, arriver). - Aristote dit : ce qui peut être) : a) Le contingent : ce qui peut être ou ne pas être. - b) En Logique : proposition contingente : celle dont la vérité est garantie par l'expérience et non par la raison. - Les futurs contingents sont les actes et événements futurs qui dépendent de la volonté libre des humains,.

Contingentisme (de Contingent) : On nomme quelquefois ainsi la « philosophie de la contingence » , telle qu'Émile Boutroux l'a exposée.

Continu (Continuus, de, continere = cum-tenere = tenir ensemble, s'étendre) ce mot s'applique à la quantité dont les parties ne sont pas séparées, de sorte que la fin de l'une est le commencement de l'autre. On distingue le continu a) permanent : celui dont toutes les parties sont données simultanément; b) successif : celui dont les parties sent données l'une après l'autre; c) formel : il serait constitué par des êtres étendus, dont l'unité ne comporte aucune distinction intrinsèque actuelle, mais qui sont cependant réellement divisibles. Telle est la continuité admise généralement dans la nature par les Scolastiques; d) virtuel : il serait constitué par des êtres simples, dont l'activité résistante serait le fondement de l'espace réel et impénétrable. Telle est la continuité imaginée par Leibniz, Boscovich, Palmieri.

Continuité (Continuitas, de continuus = continu) : liaison non interrompue. 

Continuité (loi de la). - Loi posée par Leibniz, et d'après laquelle il existe un enchaînement continu des créatures, une échelle d'organisation successive depuis le minéral jusqu'au végétal, à l'animal et à l'humain. Cette loi, que Charles Bonnet devait développer plus tard, Leibniz l'a formulée en ces termes : Natura non facit saltus (= la Nature ne fait pas de sauts). Comme le plus stupide des humains est plus raisonnable que le plus intelligent des animaux, il supposait, dans quelque autre monde, des espèces moyennes entre l'humain et la bête, de même que, pour aller des humains à Dieu, il supposait des êtres raisonnables supérieurs à nous. En vertu de la loi de la continuité, Leibniz soutenait qu'il n'y a aucune interruption dans les actes de la conscience, qui pense toujours, comme le sang circule toujours, sans que l'homme s'en aperçoive. Transportée à l'espace, cette même loi lui faisait rejeter toute idée de vide; appliquée aux mathématiques, elle le conduisit à l'invention du calcul différentiel.

Contradictio in adjecto : contradiction entre un terme et ce qui lui est ajouté : (ex. entre un substantif et son adjectif : cercle carré, voyage immobile).

Contradictio in terminis : contradiction que les termes mêmes manifestent (ex. : le déplacement d'un immeuble). 

Contradiction (Contradictio, de contradictum, supin de contra-dicere = contredire) : opposition de deux énonciations absolument inconciliables, telles que : Nul humain n'est parfait; quelque humain est parfait; d'où le nom de contradictoires donné aux propositions qui sont opposées à la fois en quantité et en qualité. Elles ne sauraient être toutes deux vraies ou fausses en même temps. On dit, aussi absolument, qu'il y a contradiction, qu'une proposition implique contradiction, qu'elle est contradictoire, lorsqu'elle est inconciliable avec des principes dont la vérité est solidement établie : ainsi, il y a contradiction à ce que, dans un triangle, des angles inégaux soient opposés à des côtés égaux. Tel événement est advenu sans cause est aussi une proposition contradictoire. Contradictoire, en ce sens, est synonyme d'absurde, et la démonstration par l'absurde n'est autre chose que la mise en évidence d'une contradiction flagrante. (B-E.).

Contradiction (principe de) : principe général dans lequel viennent se résoudre et par lequel sont condamnées toutes les contradictions particulières. On l'énonce ordinairement ainsi : Il est impossible qu'une chose soit et ne soit pas en même temps. Kant, trouvant que la valeur logique de ce principe ne doit pas être restreinte par les rapports de temps, attendu qu'une même chose peut successivement être et n'être pas, veut qu'on en modifie l'expression de la manière suivante : Un attribut qui répugne à une chose ne lui convient pas. Le principe de contradiction est encore susceptible d'autres formules; celles-ci, par exemple : Ce qui est vrai du genre est vrai de toute espèce contenue dans ce genre; Ce qui est vrai des quantités en général est vrai des nombres; autrement, étant vrai des quantités, et faux des nombres qui sont eux-mêmes des quantités, il serait vrai et faux tout à la fois; - ou bien encore : Si une idée est contenue dans une autre, et celle-ci dans une troisième, la première est contenue dans la troisième. C'est sous cette dernière forme qu'on applique le plus commodément le principe de contradiction à la théorie du raisonnement démonstratif (Démonstration), dont tout le mécanisme est fondé sur les rapports que présentent entre eux les termes dont il se compose. (B-E.).

Contradictoire (Contradictorius, de contradictum, supin de contra-dicere = contredire) : ce qui est relatif à deux termes ou propositions entre lesquels existe une contradiction.

Contraire (Contrarius, de contra = en face de, contre) : indique une opposition entre deux termes qui différent par l'affirmation et la négation d'un même élément spécifique ; - ou entre deux propositions universelles, de mêmes termes, dont l'une est affirmative et l'autre négative. Exemple : - Tous les humains sont, justes. Tous les humains sont injus tes. Si les deux propositions opposées en qualité étaient particulières, on les appellerait subcontraires. Exemple : - Quelques humains sont justes. Quelques humains sont injustes.

Chez les anciens philosophes, les contraires désignaient les éléments opposés des choses : le chaud et le froid; le pair et l'impair; l'amour et la haine, etc.

Contraires (propositions). - Des propositions contraires sont des propositions formées avec le même sujet et le même attribut, opposées en qualité, c.-à-d. l'une affirmative et l'autre négative, leur quantité étant la même. 

On les appelle proprement contraires lorsqu'elles sont toutes deux universelles (Tout nombre est exactement divisible; nul nombre n'est exactement divisible), et subcontraires lorsqu'elles sont particulières (Quelques nombres sont exactement divisibles, quelques nombres ne sont pas exactement divisibles). 

Les propositions contraires ne peuvent jamais être vraies ensemble, mais elles peuvent être fausses toutes deux; c'est ce qui a lieu dans l'exemple ci-dessus; les subcontraires peuvent être toutes deux vraies, mais ne peuvent être toutes deux fausses. (Logique de Port-Royal, 2e partie, ch. IV). (B-E.).

Contraposition, Contreposition (Contrapositio, de contrapositum, supin de contra-ponere = poser en face, opposer) . - Cette expression, par contreposition, s'emploie dans la théorie du syllogisme pour désigner la conversion des propositions que l'on obtient en affectant d'une négation chacun de leurs termes, ce qui les rend indéterminés.

Contrat (Contractus, de contractum, supin de contrahere = cum-trahere = rassembler, lier) : « Le contrat est une convention par laquelle une ou plusieurs personnes s'engagent envers une ou plusieurs autres à donner, à faire ou à ne pas faire quelque chose » (Code civil). - Contrat bilatéral ou multilatéral : celui qui comprend une réciprocité d'engagements. - Origine de la propriété d'après Grotius, Pufendorf, etc.

Contrat social, d'après Hobbes et Rousseau. Termes de l'accord qui existe entre les membres d'une société, ou entre les gouvernants et les gouvernés. Le statut social s'oppose au contrat social. 

Contre-épreuve : c'est, dans la méthode expérimentale, une seconde opération, inverse de la première et destinée à la contrôler.

Convergence (de Convergent, de Convergens, de convergere = cum-vergere, tendre ensemble vers) : tendance à se réunir en un même point. - a) Convergence s'oppose à différenciation, quand un ensemble de transformations tend à produire une ressemblance croissante des éléments qui se transforment. - b) Loi esthétique de concentration ou de convergence.

Conversion (Conversio, de conversum, supin de convertere = cum-vertere = tourner, changer). 

a) Procédé de déduction immédiate. 

b) Conversion morale : changement radical dans la conduite.

La conversion des propositionsest le changement qu'on leur fait subir en mettant le sujet à la place de l'attribut, mais de telle sorte que la vérité de la proposition soit maintenue. Les logiciens en distinguent de plusieurs sortes : conversion simple, conversion par limitation, conversion par négation ou contreposition.

Convertible (Convertibilis, de convertere, changer) : une proposition est convertible quand elle peut être convertie simplement. c'est-à-dire sans changement d'extension. - L'être est convertible avec l'un, le vrai, le bien, le beau.

Conviction (Convictio, de convictum, supin de convincere = cum-vincere = convaincre, démontrer) : conviction s'oppose à persuasion. Elle implique, au sens rigoureux, la certitude rationnelle; mais, dans la pratique, on l'emploie comme synonyme d'adhésion de l'esprit reposant sur une très grande probabilité et suffisante pour nous déterminer à agir. - Kant appelle conviction le fondement sur lequel repose l'adhésion subjectivement et objectivement suffisante de la certitude stricte.

Coopératif, Coopération (Cooperatio, de cooperatum, supin de cooperari = cum-operari = travailler avec, aider) : part prise à une oeuvre.

Coopératisme (de Coopération) : forme de Socialisme.

Coordination (Coordinatio, de cum = avec, et ordinare = mettre en ordre): coordination de concepts : relation de concepts placés sur le même rang dans une classification (ex. : deux espèces du même genre)..

Coordonné (composé de la particule latine co = cum = avec et ordonner, de ordinare).

Coordonnées. - Nombres qui définissent la position d'un point par rapports aux axes s'un système de référence. Dans un plan, deux nombres suffisent : l'un de ces nombres est appelé l'abscisse, l'autre ordonnée.

Copulatif (Copulativus, de copulatum, supin de copulare, pour co-apulare = unir, du verbe archaïque apere = attacher) : ce qui unit. 

Copulatif (syllogisme) : espèce de syllogisme conjonctif, dans lequel on prend une proposition copulative négative, dont on établit ensuite une partie, pour retrancher l'autre.

Copule (Copula = liaison) : tout verbe joue, dans le jugement, le rôle de copule ou de lien, en tant qu'il exprime la relation que le jugement affirme entre ses termes.

Cornutum (Argumentum) : nom donné au Dilemme.

Corde (géométrie). - Droite qui joint les extrémités d'un arc de cercle . II existe pour les cordes d'un cercle différentes propriétés, dont voici les principales :

Le diamètre est la plus grande corde que l'on puisse mener dans un cercle.

Dans une même circonférence, des cordes égales sous-tendent des arcs égaux.

Dans une même circonférence, de deux cordes inégales la plus grande sous-tend le plus grand arc pourvu que les arcs soient moindres qu'une demi-circonférence.

La perpendiculaire abaissée du centre sur une corde la partage en deux parties égales; et réciproquement toute perpendiculaire menée par le milieu d'une corde passe par le centre.

Dans une même circonférence, deux cordes égales sont à la même distance du centre, et de deux cordes inégales la plus grande en est la plus rapprochée.

Deux cordes parallèles interceptent des arcs égaux, etc.

Corollaire (Corollarium, de corolla = petite couronne donnée en cadeau; supplément de salaire, d'où le sens figuré d'addition) : conséquence immédiate d'une proposition démontrée. Etant démontré le théorème de l'égalité des angles d'un triangle à deux droits, on en tire comme corollaires : 
1° Tout angle d'un triangle est le supplément de la somme des deux autres; 

2° Dans un triangle rectangle, les angles aigus sont complémentaires, etc.

Dans un ordre d'idées auquel la méthode de démonstration géométrique a été appliquée à tort, il est vrai, Spinoza rattache de même des corollaires à ses démonstrations métaphysiques. Ainsi, de la proposition : "Il ne peut exister et on ne peut concevoir aucune autre substance que Dieu," il tire ces corollaires : "Dieu est unique; la chose étendue et la chose pensante sont des attributs de Dieu, etc." 

II n'y a pas, à proprement parler, de différence notable entre un corollaire et un théorème; tout théorème étant aussi la conséquence de propositions précédentes, démontrées ou évidentes par elles-mêmes, et certains corollaires n'ayant pas moins d'importance que les théorèmes sur lesquels ils s'appuient. 

Ce qu'on peut dire, c'est que, quand il s'agit d'un corollaire, le raisonnement nécessaire pour en établir la vérité est assez simple pour qu'on puisse le supprimer sans grand inconvénient. (B-E.).

Corporéité (du latin scolastique Corporeitas, de corpus = corps) : nom donné par les Scolastiques à la forme substantielle, par laquelle un corps est constitué corps. Les uns, les Thomistes, soutiennent que la corporéité n'est pas réellement distincte du principe vital des êtres vivants, de sorte que ceux-ci doivent à leur principe vital et d'être corps et d'être vivants. Conséquemment, à la mort d'un vivant, la fonction de corporéité, que remplissait l'âme, principe vital, est exercée par une autre forme qui a été nommée forme cadavérique (forma cadaverica). - D'autres Scolastiques admettent au contraire la pluralité des formes substantielles : la corporéité et le principe vital sont donc réellement distincts.

Corps (Corpus) : tout objet matériel que nous percevons comme étendu et stable. Ce mot s'emploie souvent comme synonyme de matière, mais il désigne proprement la matière unie à la forme qui la détermine.

Corps (structure de). - En mathématiques, un corps est un structure algébrique qui répond aux conditions suivantes.  Soit E  un ensemble muni des lois de compositions internes † et •; (E, †,•) est un corps si et seulement si :

1°) (E, †) est un groupe abélien;

2°) (E, •) est un groupe;

3°) La loi • est distributive par rapport à la loi † dans E.

Corpuscule (Corpusculum = petit corps, de corpus) : on entend par philosophie corpusculaire le système de ceux qui expliquent (par exemple, Gassendi, Descartes, etc.) les phénomènes physiques par certains groupements de particules que leur petitesse rend invisibles.

Corrélatif (du latin scolastique Correlativus, de cum-referre, relatum = avoir rapport à) : ce qui implique des rapports mutuels.

Corrélation (du latin scolastique Correlatio, de cum-referre = relation, avoir rapport à) : relation réciproque, constante, entre deux choses ou deux mots. - On appelle loi de corrélation des forces la loi physique en vertu de laquelle rien ne se perd et rien ne se crée, bien que tout se transforme. La même quantité de chaleur produit toujours la même quantité de mouvement et réciproquement.

Corruption (Corruptio, de corruptum, supin de corrumpere = cum-rumpere = rompre, détruire) : les Scolastiques, après Aristote, opposent corruption à génération, comme les deux faces de toute transformation substantielle (Corruptio unius est generatio alterius). Aristote emploie les mots
phthora (destruction) et genesis (génération).

Cosmique (Kosmikos; de kosmos = univers) : relatif à l'univers pris dans son ensemble.

Cosmochronologie. - Branche de la cosmologie scientifique qui s'occupe de dater les événements dans l'histoir de l'expansion de l'univers.

Cosmogonie (Kosmogonia, de kosmos = monde et gignomai = se produira) : système explicatif de la formation du monde.

a) On a d'abord désigné par ce mot les plus anciennes théories sur la manière dont le monde s'est formé, par l'eau chez Thalès, par le feu chez Héraclite, etc. Les cosmogonies anciennes sont des rêveries de poètes et de philosophes; elles ont précédé les cosmologies et l'astronomie moderne comme l'alchimie a précédé la chimie, comme l'astrologie a précédé l'astronomie. Platon a sa cosmogonie (dans le Timée) aussi bien qu'Hésiode (dans les Travaux et les Jours), et il n'y a pas moins d'arbitraire et de fantaisie personnelle chez le philosophe que chez le poète. La même chose peut être dite de la cosmogonie indienne, de la cosmogonie mésopotamienne (celle qui apparaît dans l'Enuma Elish ou le Poème de la création),  la cosmogonie biblique (celle de livre de la Genèse) ou de n'importe laquelle des cosmogonies mythiques produites dans toutes les civilisations.

b) Laplace, dans son Exposition du Système du monde (1797) a produit une première cosmogonie scientique, mais limitée seulement à la formation du Système solaire. Une cosmogonie scientifique concernant l'univers dans son ensemble n'a pu commencer à être élaborée qu'à partir des premières décennies du XXe siècle, grâce aux outils théoriques fournis par la relativité générale d'Einstein, aux concepts issus de la physique des particules, et aux observations de l'univers lointain (expansion cosmique). La théorie actuelle dite du big bang (avec ses divers amendements, comme la théorie de l'inflation), est ainsi la théorie cosmogonique la plus à même de rendre compte des procéssus qui ont conduit à l'univers tels que nous l'observons. 

Cosmographie. - Branche de l'astronomie spécialement dédiée à la description du Système solaire.

Cosmologie (Kosmologia, de kosmos = monde et logos = discours) : étude de l'univers dans son ensemble. - Kant entend par Cosmologie rationnelle l'ensemble des problèmes relatifs à l'origine et à l'essence du monde envisagé comme réel. Ces problèmes aboutissent aux antinomies kantiennes.
La prétendue preuve cosmologique de l'existence de Dieu est fondée sur l'existence et la contingence du monde.

La cosmologie scientifique actuelle repose sur les mêmes bases que la cosmogonie scientifique données plus haut. Elle nous donne l'image d'un univers en expansion, processus commencé il y a 13 ou 14 milliards d'années par le big bang. Un univers dans lequel la matière ordinaire constitue une part minime, l'essentiel étant constitué par  des composantes dites sombres (matière et énergie) et de nature encore spéculative.

Cosmopolitisme (de Cosmopolite, de kosmos = monde et politès = citoyen) : doctrine qui pousse l'homme à considérer comme frères ses semblables de toutes nations, à les confondre dans une vaste communion d'idées, de sentiments et d'intérêts, et qui tend à supprimer les limites de la patrie et les liens d'affections locales. Le cosmopolite fait profession d'être citoyen du monde entier, et de n'avoir en vue que les intérêts du genre humain. Le cosmopolitisme gagne à mesure que le patriotisme devient moins étroit et moins intraitable. La diffusion des lumières, la multiplicité et la rapidité des communications, la suppression des barrières élevées entre les peuples par des préjugés ou des intérêts aveugles, favorisent ses progrès. On lui a repproché, de façon assez simpliste, de risquer de diviser à l'infini l'affection de l'humain pour ses semblables, et de la rendre ainsi inefficace : l'ami de tout le monde n'est que trop souvent l'ami de personne, mais cette affirmation pourrait tout aussi bien s'appliquer au patriotisme. L'un et l'autre créent aussi une apparence de vertu dont on s'accommode volontiers : tel homme, disait J.-J. Rousseau, confondant malencontreusement cosmopolitisme et goût de l'exotisme, fait profession d'aimer les Chinois, afin d'être dispensé d'aimer ses voisins. Peut-être les termes d'humanisme ou d'universalisme rendraient-ils mieux les conceptions positives renfermées dans le mot cosmopolitisme, et éviteraient-il les contre-sens. (B.).

Cosmos : ce mot grec, qui signe primitivement ordre, en vint à signifier l'ordre dans l'univers, puis l'univers lui-même. Les Pythagoriciens l'avaient déjà employé en ce sens.

Cosmothétique (kosmos = monde; tithèmi = placer) : Hamilton admet que nous avons la conscience immédiate du non-moi, du monde extérieur. Il appelle Idéalisme cosmothétique (Lectures on Metaphysics, Lect. XVI) le système de ceux qui rejettent cette doctrine.

Côté. - En géométrie, c'est un segment de droite d'un polygone.

Courage. - Force morale face à l'adversité, le danger, la soufrance. C'est une des quatre vertus reconnues par les Anciens (sagesse ou prudence, justice, courage, tempérance). Les Stoïciens définissaient le courage  comme la vertu luttant pour l'équité. Il faut l'entendre le plus souvent dans le sens de grandeur d'âme.

Courbe. - Ensemble de points qui forment une ligne continue.

Courbure (géométrie). - L'idée qui s'attache dans le langage ordinaire au mot courbure est évidemment celle de déviation par rapport à la forme rectiligne. : plus cette déviaion est brusque, plus la courbure est prononcée. Quand on compare des cercles de différents rayons, on dit que leur courbure est d'autant plus prononcée, que leur rayon est plus petit. Si l'on considère, en effet, divers cercles tangents au même point d'une droite, on reconnaît que plus leur rayon est petit plus vite ils se séparent de la droite. On est ainsi naturellement conduit à prendre la fraction 1/R pour mesurer la courbure d'un cercle de rayon R. Mais s'il s'agit d'une courbe quelconque, la courbure change évidemment d'un point à l'autre; le cercle est la seule courbe plane où elle soit constante.

Créatianisme (de Creatio, de creatum, supin de creare = créer) : doctrine d'après laquelle l'âme humaine est créée par Dieu au moment de la conception ou quand le corps est suffisamment préparé. (Traducianisme).

Création (de Creationem, de creatum, supin de creare = créer) : a) Sens strict Est factio alicujus de nihilo (Albert le Grand,Summa de Creaturis, Tract. I,
Quaest. I, Art. 2). Acte par lequel Dieu a tiré du néant tout ce qui existe. La doctrine de la création est opposée à la théorie de l'émanatioh et aux autres formes de panthéisme. - Distinctions : Création, anéantissement, transformation, génération. La création est la production d'une chose sans ma tière préexistante (ex nihilo sui et subjecti); l'anéantissement est la cessation totale de l'existence d'un être, dans sa fore et sa matière; la transformation est le passage d'une forme à l'autre; la génération  est  une transformation substantielle propre aux êtres vivants. -  Axiome : Rien ne se crée, rien ne se perd, c'est-à-dire que rien de nouveau n'est créé dans le monde sensible, et rien n'est anéanti : il n'y a que des transformations.  - b) Création continuée, nom que donne Descartes à la conservation des choses par le Créateur. - c) Sens artistique : production de la forme d'une oeuvre d'art au moyen d'éléments préexistants. 

Créationnisme (de Création) : système qui explique l'origine du monde par l'action créatrice de Dieu.

Crédibilité (du latin scolastique Credibilitas, de credibilis = croyable, de credere = se fier) : ce qui rend une chose digne de créance. Les motifs de crédibilité sont les motifs qui donnent à la foi un fondement raisonnable.

Créditivité (de Creditum, supin de credere = se fier) : tendance naturelle qui nous porte à croire sur parole, sans preuves, ce que l'on nous dit. Elle tient le milieu entre l'incrédulité, qui refuse de croire malgré des motifs raisonnables de crédibilité, et la crédulité, qui ajoute foi à ce qui ne le mérite pas.

Crédulité (Credulitas, de credulus, de credere = se fier)  : penchant de l'esprit à admettre sans examen comme vrai tout ce qui est affirmé par autrui. Cette facilité à croire s'attache aux idées et aux faits qu'elles représentent; elle diffère donc de la confiance, qui repose sur les sentiments des autres, et qui est un penchant du coeur. Celle-ci est le propre d'une nature sensible, naïve et généreuse; celle-là est le fait d'une intelligence faible et étroite. La crédulité a sa source dans l'ignorance et le manque de jugement aussi la trouve-t-on très développée chez les enfants. C'est à leur âge qu'on peut en tirer parti pour les instruire, tandis que, si elle se prolonge et devient l'état en quelque sorte normal de l'esprit, on ne l'exploite guère qu'au profit de l'erreur. S'appliquant à des récits miraculeux et surnaturels, à des visions, à des apparitions, la crédulité s'appelle superstition. Le penchant à croire a pour corrélatif la véracité ou le penchant à dire vrai, et c'est sur ce double fondement que s'appuie l'autorité du témoignage des humains. La crédulité est un instinct d'après Reid. (B.).-

Crible d'Eratosthène(arithmétique). - Tableau comprenant tous les nombres entiers, depuis 1 jusqu'à un nombre déterminé et dans lequel on barre tous ceux qui ne sont pas premiers absolus, de manière à n'avoir à la fin que ceux-ci. Pour arriver à ce résultat, à partir de 2 non compris, on barre tous les nombres de 2 en 2, puis à partir de 3 on les barre de 3 en 3, et ainsi de suite en partant du premier non effacé.

Critère, Critérium (Kriterion = ce qui sert à juger, de kritès = juge, krinô = discerner, juger) : caractère d'un objet qui permet de le juger. - Le criterium ou le critère est le signe, la marque distinctive de la vérité. On dit que l'évidence est le criterium de la vérité ou de la certitude.

Les scolastiques appellent critériologie la partie de la logique qui traite des critériums et en particulier de l'évidence.

Critériologie (de kritèrion = ce qui sert, à juger, de krinô, discerner; logos = discours) : partie de la logique qui traite de la vérité, de l'erreur et de leurs critères.

Criticisme (de Critique, d'après le type factice Criticismus) : 

a) au sens strict, le criticisme est la philosophie de Kant et de ses disciples. Kant, dans ses trois Critiques (de la Raison pure, de la Raison pratique et du Jugement), se propose pour but principal de déterminer la nature et les limites de nos facultés de connaître. 

La conclusion de la critique de la raison pure est que la raison ne peut pénétrer dans le monde des êtres véritables, des noumènes et qu'elle tombe dans des contradictions inévitables (antinomies) toutes les fois qu'elle veut spéculer sur l'absolu. Elle ne peut donc affirmer sur les objets transcendantaux ni le pour, ni le contre. 

Par conséquent, ce scepticisme provisoire laisse le champ libre à la raison pratique qui, par le moyen des postulats (c'est-à-dire des conséquences qu'implique la loi morale ou l'impératif catégorique), rétablit notre croyance à la liberté, à la vie future, à Dieu. Il n'y a donc pas, comme on l'a répété trop souvent, de contradiction entre les deux principales critiques : la seconde complète la première et vient au secours de la raison convaincue d'impuissance.

La critique du jugement est une étude d'esthétique (jugement du goût) et une théorie des causes finales (jugement téléologique.

Au criticisme de Kant (dont l'idée fondamentale se trouve dans David Hume qui eut le mérite, selon un mot bien connu, de réveiller Kant de son sommeil dogmatique) se rattache le mouvement philosophique de l'Allemagne et de tout le XIXe siècle : l'idéalisme subjectif de Fichte, l'idéalisme objectif de Hegel et le pessimisme de Schopenhauer.

Le néocriticisme est l'école française de Renouvier, qui a repris, en les corrigeant et en les complétant, toutes les thèses fondamentales de Kant et a exercé une grande influence sur le mouvement philosophique en France et même en Europe. 

« Quelque chose manque chez Hume, dit Pillon l'idée de loi. Quelque chose est de trop chez Kant : l'idée de substance conservée sous le nom de noumène [...]. Il fallait tenir au phénoménisme de Hume, l'apriorisme de Kant : ç'a été l'oeuvre accomplie, au commencement de la seconde moitié du XIXe siècle, par M. Renouvier. » 
Pillon ajoute qu'il suffit de joindre l'apriorisme au phénoménisme pour rendre ce dernier compatible avec les croyances morales et avec les croyances postulées par la morale.

b) au sens large, le mot criticisme s'entend de toute doctrine qui donne à la question de la nature de la connaissance une solution subjectiviste ou idéaliste, c'est-à-dire fait dépendre la connaissance de la nature de l'esprit connaissant;

c) au sens très large, ce mot  désigne la tendance à prendre, comme base de toute recherche philosophique, le problème de la nature de la connaissance, quelle que soit d'ailleurs la solution qui y soit apportée.

Critique (Criticus, kritikos = qui décide de quelque chose, de krinô = discerner , juger) : en général, c'est l'examen d'une chose au point de vue de sa valeur. - On en distingue une grande variété : Critique d'art : partie de l'esthétique, . - Critique de la vérité : c'est la logique critique, qui s'occupe des critères.  - Critique de la valeur de la connaissance : partie de la métaphysique, etc.

Croyance (altération de créance, dérivé de croire) :

a) Sens large : synonyme d'opinion. 

b) Sens strict : confiance accordée à un témoin. 

c) c'est le mode général de connaître (Renouvier). 

d) science et croyance sont deux modes différents mais certains de connaître (Scolastiques).

Connaître ou savoir, c'est donner son adhésion à une vérité évidente ou démontrée; croire, c'est donner son adhésion à une proposition dont on affirme la certitude tout en reconnaissant l'impossibilité d'en donner une démonstration rigoureuse. La certitude morale implique toujours un élément de croyance. D'une manière générale, on peut dire que toute connaissance implique la croyance, mais si on n'emploie pas ce mot quand il s'agit d'énoncés rigoureusement démontrés, c'est qu'il semble que la croyance suppose toujours une certaine liberté d'adhésion.

Cruciale (Expérience) (de Crux, crucis = croix) : Bacon désigne par l'expression d'expérience cruciale l'expérience qui, à elle seule, suffit pour entraîner l'adhésion et décider l'esprit qui hésite entre deux hypothèses.

Cryptographie. -  Technique permettan de correspondre secrètement au moyen de signes convenus entre les parties intéressées.

Cubature (géométrie). - Faire la cubature ou le cubage d'un solide, c'est en évaluer algébriquement ou numériquement le volume. Les méthodes générales pour la cubature des volumes constituent une des applications importantes du calcul intégral. 

Cube. - a) En arithmétique, c'est la troisième puissance d'un nombre, c'est-à-dire produit obtenu en faisant le produit de trois facteurs égaux à ce nombre, ainsi 343 est le cube de 7, parce que 343 = 7 X 7 X 7; on exprime cela d'une manière abrégée en écrivant 73=343. - b) En géométrie,  c'est un polyèdre compris sous six faces qui sont des carrés égaux, perpendiculaires les uns sur les autres. II peut facilement s'obtenir en prenant un carré quelconque, élevant par ses quatre sommets des perpendiculaires à son plan ayant même longueur que son côté, et joignant les extrémités de ces perpendiculaires par des lignes parallèles aux côtés du carré de base. Au point de vue de la géométrie, le cube est un cas particulier du parallélépipède rectangle.

Curieux, curiosité (Curiosus, curiositas = soin à rechercher, de cura = soin) : désir, besoin de connaître.

Cybernétique (Kybernètikè, de kybernèr = pilote). - C'est Ampère qui a introduit ce terme en 1834 pour désigner la science qui s'occupe des modes de gouvernement. Norbert Wiener a repris ce terme en 1949 en définissant la cybernétique comme "la science qui étudie les systèmes de contrôle, et spécialement d'autocontrôle, tant des organismes que des machines".

Cycloïde. - Courbe tracée par le déplacement d'un point donné d'un cercle roulant sur une droite.

Cylindre. - Solide de révolution engendré par la révolution d'un rectangle BCDL tournant autour d'un de ses côtés CD, qu'on appelle axe du cylindre. La surface engendrée pendant le mouvement par la révolution du côté BL forme la surface latérale du cylindre. Les cercles décrits par CR et DL constituent ses bases et les circonférences décrites par B et L les circonférences des bases. BL se nomme le côté ou l'arête du cylindre; CD forme sa hauteur. - La surface latérale d'un cylindre a pour mesure le produit de la circonférence de sa base par la hauteur. - Le volume d'un cylindre est égal au produit de sa base par sa hauteur. - Le volume d'un cylindre est trois fois plus grand que celui du cône ayant même base et même hauteur. - On désigne d'une façon plus générale, en géométrie, sous le nom de surface cylindrique, toute surface engendrée par une ligne qui se meut parallèlement à elle-même, l'un de ses points étant d'ailleurs assujetti à suivre le contour d'une ligne donnée.

Cynique (Ecole), Cynisme  (Cynicus, kynikos, de kyôn = chien) : fondée par Antisthène. Elle fut nommée ainsi à cause du lieu,  le Cynosarge (Kynosarges), gymnase  d'Athènes situé près du temple d'Héraclès, où il enseignait, et du genre de vie adopté par lui, qui se qualifiait de vrai chien, aplokyôn (aplous = simple ; kyon = chien), et par ses disciples, notamment Diogène, dit Diogène le Chien ou Diogène le Cynique.

Les cyniques professaient que la vertu est le seul bien et qu'en conséquence les richesses, les arts ne sont que des superfluités condamnables qui nous éloignent de la nature. Ils prenaient pour patron Héraclès, dieu de la force par cette idée de la force identifiée avec la nature ils eurent une réelle influence sur la philosophie stoïcienne qu'ils préparèrent. Antisthène avait été disciple de Socrate.

Le mot cynisme, appliqué d'abord à l'École cynique, signifie en général le dédain des convenances sociales et des lois de la morale.

Cyrénaïque (Ecole), Cyrénaïsme (de Kyrènaïkos, de Cyrène, ville de la Pentapole de Lybie, en Afrique). - L'école de Cyrène fut fondée par Aristippe, disciple de Socrate, mais disciple peu fidèle a la doctrine du maître. Il enseignait que le plaisir est le seul bien; qu'il faut passer, selon les circonstances, d'un plaisir à un autre plaisir, puisque ceux des sebs valent ceux de l'esprit.

Le cyrénaïsme prépara l'épicurisme, mais Epicure distingua les plaisirs en repos et les plaisirs en mouvement, c'est-à-dire, au fond, ceux de l'esprit et ceux des sens, en recommandant de chercher les premiers et de fuir les autres l'épicurisme transforma donc le cyrénaïsme en une morale presque austère. Ce sont néanmoins deux formes de la morale du plaisir. (Hédonisme).
 

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