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Dictionnaire des idées et méthodes
C
C. - La lettre C sert en logique classique à deux usages, selon qu'elle est placée au commencement ou dans le corps des mots. Au commencement des mots, elle sert d'abord d'initiale au mode Celarent de la première figure et on la donne ensuite pour initiale aux noms des modes des autres figures qui doivent se modeler sur le mode Celarent, quand on veut les ramener à la première figure. 

Dans le corps des mots, la lettre C indique que la proposition désignée par la voyelle précédente doit être convertie par contraposition, quand on veut ramener le mode désigné à la première figure. (G. P.).

En mathématiques, désigne l'ensemble des nombres complexes (voir plus bas). (,+,*) a une structure de corps commutatif.

Cabale ou Kabbale. -  Série de spéculations considérées comme une partie de la philosophie juive. C'est une tradition ésotérique et mystique qui se consacre à la compréhension des supposés enseignements cachés de la Torah (les textes sacrés du judaïsme) et à la recherche de la connaissance mystique de Dieu. Elle est divisée en plusieurs écoles de pensé (Cabale juive classique (ou Lourianique), Cabale hassidique, etc.). La Cabale a profondément influencé la pensée religieuse et ésotérique, y compris l'ésotérisme chrétien (il existe une cabale chrétienne)  et la franc-maçonnerie. Elle a également inspiré de nombreux écrivains, artistes et penseurs. La Cabale utilise souvent la gematria, un système numérique hébreu, pour attribuer des valeurs numériques aux lettres hébraïques et aux mots. Ces valeurs numériques sont ensuite utilisées pour découvrir des significations cachées dans les textes sacrés.

Calcul (mathématiques). - Ce terme général désigne ordinairement l'ensemble des opérations qui ont pour but d'obtenir soit un résultat numérique, soit une expression littérale répondant à. une question déterminée (opérations arithmétiques, calcul algébrique, résolution des équations, etc.). Plusieurs parties spéciales de l'analyse mathématique portent le nom de calcul suivi d'une épithète qui particularise la branche de mathématiques dont il s'agit.

Calcul différentiel. - C'est un type de calcul qui a pour but de calculer les différentielles, et de les appliquer à diverses questions d'analyse et de géométrie.

Calcul intégral. - C'est l'inverse du calcul différentiel : il consiste à remonter d'une dérivée ou d'une différentielle donnée à la fonction d'où elle a pu être déduite. Soit une fonction f de la variable x, on note f(x).dx sa différentielle; et f(x).dx son intégrale.

Calendrier. - Système de division du temps en années, mois, semaines et jours.

Calorimétrie. - Branche de la physique consacrée à l'étude des quantités de chaleur et plus largement à l'étude des échanges thermiques.

Camestres : mode de la deuxième figure du syllogisme.

Cambridge (écoles de). - On connaît sous ce nom : a) l'école platonicienne de Cambridge, au XVIIe siècle (ci-dessous).  - b) l'école analytique de Cambridge, qui correspond  à un ensemble de logiciens du XXe siècle, qui partagent moins une doctrine qu'une méthode, et chez qui on discerne l'influence des travaux de G. E. Moore : Alfred J. Ayer, R. B. Braithwaite, K. Britton, A. E. Duncan-Jones, Margaret MacDonald, C. A. Mace, John Wisdom, etc.

Cambridge (platoniciens de). - L'école platonicienne de Cambridge s'est développée au XVIIe siècle à l'université de Cambridge en Angleterre et a joué un rôle important dans la diffusion des idées platoniciennes en Europe occidentale. Elle a notamment contribué à la réflexion sur la métaphysique, la religion et l'éthique.

John Smith (1618-1652) était un théologien et philosophe qui a joué un rôle clé dans le développement de la philosophie platonicienne à Cambridge. Il est surtout connu pour ses Select Discourses ( = Discours choisis) dans lesquels il discute des idées platoniciennes sur l'âme et la connaissance.

Ralph Cudworth (1617-1688) était un philosophe et théologien, auteur de The True Intellectual System of the Universe ( = Le véritable système intellectuel de l'univers), un ouvrage qui a défendu les idées platoniciennes et a critiqué le matérialisme mécaniste de l'époque.

Henry More (1614-1687) était un philosophe et un ami proche de Cudworth. Il  a écrit sur des sujets tels que l'âme, la religion et la métaphysique.

Anthony Ashley Cooper, comte de Shaftesbury (1671-1713), bien qu'il soitoit généralement associé à l'école platonicienne de Cambridge, est venu plus tard, à la fin du XVIIe siècle. Il a toutefois lui aussi contribué à populariser certaines idées platoniciennes en Angleterre et a joué un rôle dans le développement de la philosophie morale.

 • Samuel Clarke (1675-1729) était un théologien et un philosophe n'était peut-être pas strictement lié à l'école platonicienne de Cambridge, mais il a toutefois contribué lui aussi à la promotion de la philosophie platonicienne en Angleterre.

Cancel culture = culture de l'annulation. - Phénomène social où les individus ou les entreprises sont ciblés et critiqués publiquement, souvent sur les médias sociaux (qui favorisent et amplifient les effets de meute) en raison de leurs actions ou de leurs propos considérés comme offensants, inappropriés ou socialement inacceptables. Cela peut se traduire par des appels à boycotter des personnes, des produits, des entreprises, ou encore à exiger des sanctions, débouchant sur des pertes d'emplois ou de contrats. Les raisons de cette annulation peuvent varier, allant de discours haineux et de comportements discriminatoires à des opinions politiques controversées. Les partisans de la cancel culture (qui parfois sont tellement enfermés dans cette perspective de l'annulation vont jusqu'à son existence...) soutiennent qu'elle permet de responsabiliser les individus ou les organisations pour leurs actes nuisibles, d'amener des changements positifs dans la société et de donner une voix aux groupes marginalisés. En revanche, ses critiques estiment que la cancel culture peut aller trop loin, poussant à des réactions excessives, à des atteintes à la liberté d'expression et à la culture du lynchage public. Certains considèrent que la cancel culture peut favoriser un climat de peur où les gens s'autocensurent de peur des conséquences potentielles. (Wokisme).

Canon (Kanôn = barre, règle) : a) règles pratiques des méthodes inductives; Stuart Mill , en particulier, a donné le nom de canons à ses quatre méthodes d'induction : concordance, différence, résidus, variations concomitantes.; b) Kant appelle ainsi l'ensemble des principes a priori de l'usage légitime de certaines facultés de connaître. La raison spéculative n'a pas de canon; car elle est incapable d'arriver seule à la connaissance de l'objet. Kant se borne donc à donner le canon de la raison pratique

Canonique : nom donné à la partie logique du système d'Epicure (Epicurisme), qui, lui-même, en avait écrit les principes dans un livre intitulé Canon. La Canonique est le fondement de la Physique d'Épicure, laquelle, à son tour, sert de base à sa Morale. Destinée à donner aux humains le moyen de discerner le vrai du faux, elle enseigne que toute évidence réside dans les sensations, comme en physique toute réalité réside dans les corps. C'est des sensations que l'évidence se transmet aux anticipations ou prolepses, qui sont la représentation collective d'un grand nombre de phénomènes antérieurement perçus, l'empreinte que laisse de soi la sensation plusieurs fois répétée; ce qui correspondrait aux notions générales formées par abstraction, si ces dernières ne comportaient une extension illimitée qu'on ne trouve pas dans la prolepse d'Epicure. Ainsi, celle-ci ne consistant que dans la sensation réitérée, et n'ayant, à ce titre, d'autre évidence que celle de la sensation, la Canonique est, en somme, une logique toute matérialiste, parfaitement en rapport avec la physique des atomes et la morale du plaisir. (B-E).

Capabilité. - Capacité ou l'aptitude d'une personne, d'une organisation ou d'un système à accomplir une tâche, à atteindre un objectif ou à répondre à un besoin spécifique. L'approche des capabilités a été développée par Amartya Sen (né en 1933) et Martha Nussbaum (née en 1947), qui se sont concentrés sur la capacité des individus à mener la vie qu'ils souhaitent, en mettant l'accent sur les ressources et les possibilités dont ils disposent pour atteindre leurs objectifs, plutôt que sur leur revenu ou leur richesse matérielle.

Capacité. - On nomme capacité (du latin capere, contenir) l'aptitude de l'esprit à subir des modifications, telles que les sensations, les sentiments, les idées. Ce mot s'oppose à celui de faculté, qui signifie le pouvoir qu'a l'esprit de produire par lui-même des phénomènes, tels que les déterminations volontaires, les opérations intellectuelles, et certains mouvements du corps. Les capacités sont passives, et les facultés actives. On attribue à la sensibilité les sensations, les sentiments, etc.; à l'intelligence, les idées; à l'activité, tous les actes de l'esprit; par conséquent, la sensibilité et l'intelligence sont de vraies capacités, et l'activité seule est une faculté. Mais l'usage prévaut de donner le nom commun de faculté à toutes les puissances de l'esprit. (B.).

Capital (Capitalis, de caput = tête). - Le sens étymologique est capitalis pars debiti, c'est-à-dire la somme due par opposition aux intérêts ; or cette somme constitue le principal. - Définition au sens économique : tout bien économique applicable à la production.

Capitalisme : ce mot signifie tantôt : a) les abus que les possesseurs du capital peuvent commettre dans leurs rapports avec les travailleurs; b) le régime économique dans lequel les capitaux (au sens d'instruments de production de la richesse) n'appartiennent pas à ceux qui les rendent productifs par leur travail.

Caractère (Charaktèr = empreinte, signe distinctif, de charassô = marquer d'une empreinte) : a) Tout attribut ou qualité faisant partie de la compréhension d'une notion : d'où, par exemple, les caractères essentiels, accidentels, propres, communs, dominateurs, subordonnés. - b) Manière habituelle de penser, sentir et agir qui distingue un individu d'un autre.

Caractéristique (Charakteristikos  = ce qui sert à distinguer) : a) les signes caractéristiques sont des marques qui, sans avoir la rigueur d'une définition, servent à distinguer un objet. -b) En mathématiques on appelle caractéristique la partie entière d'un logarithme.

Caractéristique universelle : c'est un système de caractères qui seraient combinés de façon à exprimer toutes les idées. Leibniz conçut le projet de composer une Caractéristique universelle ou Spécieuse (c'est-à-dire Algèbre) générale, qui aurait été tout ensemble une langue philosophique internationale et une logique algorithmique. Dès l'âge de dix-neuf ans, ce philosophe avait exposé quelques-unes de ses vues à ce sujet et en avait essayé certaines applications dans une dissertation intitulée : de Arte combinatoria (t. II de l'édition de Dutens). Son dessein était de fixer un certain nombre de caractères "répondant à l'analyse des pensées" (Commercium epistolium, epist. VII ad D. Bourguet), et dont les combinaisons simples et faciles eussent permis d'opérer ta composition et la décomposition de toutes les idées, avec l'exactitude des opérations algébriques. Leibniz ne donna pas suite à ce projet; mais différents passages de ses écrits et son Éloge par Fontenelle attestent l'importance qu'il n'avait pas cessé d'y attacher. (B-E).

Cardinal : nombre d'éléments dans un ensemble fini. 

Care (éthique du). - Courant philosophique contemporain qui place au centre de l'éthique les relations interpersonnelles, le soin mutuel et  l'attention aux besoins des autres, ainsi que les émotions et des sentiments. 

Carpologie (botanique), de karpos = fruit, et logos = description. - On nomme ainsi l'étude du fruit dans son ensemble.

Carré. - En arithmétique, c'est la seconde puissance d'un nombre. Le carré de x est noté et vaut x multiplié par x (ex. : 3² = 3x3=9); en géométrie, un carré est une figure plane de quatre côtés égaux et quatre angles droits.

Carte*. - En géographie, c'est une représentation plane, à une échelle réduite, d'une portion plus ou moins grande du globe terrestre. - On peut aussi construire sur le même principe des cartes du ciel (cartes célestes) qui sont des représentations du ciel.

Carte conceptuelle = carte mentale = diagramme conceptuel. - Outil visuel qui permet de représenter des idées et des concepts de manière structurée  et hiérarchique. Les cartes conceptuelles sont utilisées pour organiser l'information, clarifier les relations entre les concepts et faciliter la compréhension, la mémorisation et la communication des connaissances. Au centre de la carte conceptuelle, on trouve un concept ou une idée principale qui est le sujet ou le thème principal de la carte. C'est à partir de ce concept central que les autres idées se ramifient. Celles-ci sont représentés sous forme de noeuds ou de bulles. Ces noeuds sont reliés au concept central par des branches qui montrent la relation entre le concept central et les concepts associés. Des mots-clés ou des phrases courtes sont utilisés pour représenter les concepts. Les branches peuvent être étiquetées pour préciser la nature de la relation (par exemple, "cause de", "exemples de", "conséquences de", etc.). Les cartes conceptuelles peuvent être organisées de manière hiérarchique, avec des concepts plus généraux en haut de la carte et des concepts plus spécifiques en bas. Elles peuvent aussi se développer en arborescence, avec des sous-concepts qui se ramifient à partir de concepts plus généraux. Cela permet de mieux saisir la complexité des relations représentées.

Cartel : association économique, fondée entre producteurs de marchandises ou denrées similaires, dans le but de prévenir la surproduction et d'empêcher la baisse des prix.

Cartésianisme. - Ce mot designe la philosophie et l'école de Descartes (en latin Cartetesius).  Il désigne ainsi d'une manière génerale le mouvement philosophique qui s'est accompli au XVIIe siècle sous l'influence de ce philosophe.

Quand Auguste Comte met les mathématiques à la base des sciences, il se montre pénétré de l'esprit cartésien, dont la tendance générale consiste à tout expliquer mathématiquement et à ramener le problème de l'univers à un problème de mécanique.

Cependant Leibniz a pu dire que « le cartésianisme est l'antichambre de la vérité », car il surajoutait son dynamisme au mécanisme de Descartes. C'est vers le milieu du XVIIIe siècle, à, l'époque où les doctrines de Locke et un peu plus tard, dans la préface de l'Encyclopédie, celles de Bacon firent échec aux doctrines de Descartes qu'il faut placer la fin de l'école cartésienne proprement dite.

Leibniz a dit encore que le spinozisme est un «-cartésianisme immodéré », et, par Spinoza, Descartes a exercé une grande influence sur la philosophie allemande du XIXe siècle.

Cartésiennes (courbes). - On appelle cartésiennes ou ovales de Descartes les courbes qui ont en coordonnées bipolaires des équations linéaires, on les appelle aussi courbes aplanétiques; elles jouissent d'une propriété optique remarquable : si un rayon lumineux émané d'un pôle se réfracte sur la courbe, il vient après réfraction passer par l'autre pôle, pourvu que l'indice de réfraction bien entendu ait une valeur qui dépend des constantes qui entrent dans l'équation de la courbe.

Les Cartésiennes sont des anallagmatiques et peuvent se définir des courbes du 4e degré ayant les ombilics du plan pour points de rebroussement. L'équation d'une cartésienne peut se ramener à la forme :

(x² + y² +px + k²)2 + c (x² + y²) = 0,

p, k, c désignant des constantes. (H. Laurent.)

Cartographie. - Partie de la science géographique qui s'occupe de la confection des cartes

Cette science a été très imparfaitement connue des Anciens, et les a jetés. souvent dans des erreurs considérables. Elle servit néanmoins aux Modernes; mais elle paraît, s'être perdue à partir du Ve siècle de notre ère. On la voit reparaître au XVe s  où elle a produit d'importants et nombreux travaux; mais ce n'est que dans la seconde moitié du XVIe siècle que la cartographie renaît véritablement. Elle a acquis plus de perfection aux XVIIe et XVIIIe siècles, et de nos jours, notamment grâce à l'informatique, qui est est à la base des SIG (systèmes d'information géographique).
Cas paradigmatique (argument du). - Raisonnement qui repose sur des exemples ou des cas typiques pour illustrer ou soutenir une idée, une thèse ou une argumentation. Cet argument est souvent utilisé pour montrer que quelque chose est correct, approprié, ou qu'il existe une norme établie basée sur des cas exemplaires. L'idée est que si un cas particulier est un exemple typique d'une catégorie, alors il peut être utilisé pour justifier des généralisations ou des conclusions plus larges. L'argument du cas paradigmatique peut être un outil puissant pour illustrer des principes, établir des normes ou renforcer une thèse. Cependant, ce type d'argument repose sur des généralisations à partir de cas particuliers, ce qui peut parfois être problématique si les exemples donnés ne sont pas véritablement représentatifs de la catégorie ou si des exceptions significatives existent. 

Casualisme (de casus, hasard). - Point de vue suivant lequelles événements et leur succession peuvent comporter une part de hasard. (Le casualisme s'oppose généralement au déterminisme, qui affirme que chaque événement est déterminé par des causes antérieures de telle manière que, étant données certaines conditions initiales, l'avenir est inéluctable. Le casualisme soutient plutôt que les événements sont influencés par des causes, mais que l'avenir n'est pas nécessairement prédéterminé et peut comporter une certaine dose d'indétermination ou de liberté. Le casualisme est souvent lié à la question du libre arbitre et à celle de la responsabilité morale. Si l'on adhère à une perspective casualiste, on peut soutenir que les individus ont une certaine marge de manoeuvre pour agir de manière indépendante des causes extérieures, ce qui peut avoir des implications pour la manière dont nous comprenons la responsabilité de nos actions. La question du casualisme a des implications importantes dans les domaines de la philosophie de l'action, de l'éthique, de la métaphysique etde  la philosophie de la science. Certains philosophes ont cherché à concilier le casualisme avec le déterminisme, tandis que d'autres ont défendu des positions plus radicalement casualistes. 

Casualité. - Relation établie entre la cause et l'effet. Le sens de ce terme est plus large que celui de la causalité, car la casualité n'implique pas un déterminisme strict entre la cause et l'effet.

Casuistique (de Casuiste, de casus = cas de conscience) : c'est la partie de l'éthique qui étudie l'application des principes d'une morale aux cas particuliers que font naître les conflits des devoirs.

Catadioptrique. - Composé des deux mots catoptrique et dioptrique, et résumant les deux branches de la physique, et plus spécialement de l'optique, qui ont pour objet l'étude de la réflexion de la lumière à la surface des corps et l'étude de la transmission de la lumière au travers des corps transparents. La catadioptrique s'applique à tout ce qui appartient à la fois à ces deux branches et particulièrement à l'étude des instruments d'optique qui réunissent les effets combinés de la réflexion et de la réfraction. 

Cataleptique (du grec katalambanéin, saisir, embrasser, comprendre), se disait, dans la philosophie stoïciennne, d'une idée que l'âme a la faculté de saisir, de recevoir d'un objet réellement, existant, dont elle connaît par là même la nature et les caractères, imprimés dans l'idée comme la forme exacte du cachet sur la cire. C'est ce que l'on appelle une idée conforme à son objet.

Catasyllogisme, nom que les commentateurs du temps de la Renaissance des lettres donnèrent à un défaut de raisonnement, ou plutôt à une imprudence d'argumentation indiquée par Aristote (Premiers analytiques, 1. II, ch. 19), et qui consiste à laisser l'adversaire prendre ses avantages, en lui accordant trop facilement les propositions à l'aide desquelles il pourra démontrer syllogistiquement la thèse qu'il soutient. (B-E).

Catégorématique (Katègorèmatikos, de katègorèma = spécification du sujet) : un terme catégorématique est celui qui a par lui-même une signification (par exemple, les substantifs) : homme, chaise. - S'oppose à Syncatégorématique.

Catégorème, en grec katègorèma, terme de logique, synonyme d'attribut, de prédicat et d'universaux, paraît avoir été employé surtout par les dialecticiens de l'École stoïcienne.  Il est mentionné dans ce sens par Cicéron dans un passage des Tusculanes (IV, 9). (B.).

Catégorie (Katègoria, de katègoreô = affirmer : a) Les Catégories ou Prédicaments sont les différentes classes auxquelles on peut ramener les idées générales et qui ne peuvent être ramenées à aucune autre au-dessus d'elles. C'est, le sens des Aristotéliciens et des Scolastiques.  Dans sa Métaphysique, Aristote classait l'être en en différentes catégories ou genres, qui forment une hiérarchie :

La substance (ousia  ti estin) est l'essence même d'un être, ce qui le rend ce qu'il est. Il distingue deux types de substances :
 + La substance première est une entité individuelle et concrète, comme un objet particulier ou un être vivant spécifique.

+ La substance seconde est l'essence générale d'une classe d'individus, c'est-à-dire la nature commune à tous les membres d'une même espèce. Par exemple, l'essence commune à tous les hommes.

La quantité (poson) : La quantité concerne la mesure et l'étendue spatiale d'un être. Cela inclut des concepts comme la taille, la longueur, la largeur, etc.

 • La qualité (poion) : Les qualités déterminent ce qu'est une substance. Elles peuvent être des propriétés physiques (comme la couleur), des propriétés intellectuelles (comme la sagesse), etc.

La relation (pros ti) : Les relations expriment la manière dont une chose est liée à une autre. Par exemple, la parenté, la maîtrise, etc.

Le temps (pote) est la mesure du changement dans le monde. Il permet de situer les événements dans une séquence chronologique.

La situation (keisthai) concerne la manière dont une substance est disposée par rapport à d'autres. Elle englobe des concepts comme la posture, la position, etc.

 • Le lieu (pou)  est l'endroit où une substance existe. Il s'agit de la position spatiale d'un être.

L'action (poiein) représente ce qu'une substance fait ou peut faire. C'est l'expression de la capacité d'agir d'une entité.

 • La passion (paschein) concerne ce qui arrive à une substance, ce qu'elle subit. Cela peut inclure des événements extérieurs qui affectent la substance.

- b) Pour Kant, ce sont les concepts fondamentaux de l'entendement pur.

Catégorielle (fermeture). - Concept  souvent associé à la pensée de Wilfrid Sellars (1912-1989) et à son ouvrage influent intitulé Empiricism and the Philosophy of Mind ( = Empirisme et la philosophie de l'esprit). Dans son travail, Sellars développe l'idée de la fermeture catégorielle pour discuter de la relation entre les concepts empiriques (basés sur l'expérience sensorielle) et les concepts scientifiques ou théoriques dans la philosophie de l'esprit. Il soutient que la philosophie traditionnelle, en particulier l'empirisme classique, souffrait d'une lacune entre les concepts empiriques et les concepts scientifiques. Il a utilisé l'idée de la fermeture catégorielle pour illustrer cette faille. Selon Sellars, les concepts empiriques, tels que les descriptions sensorielles et les croyances basées sur l'expérience, ne peuvent pas rendre compte d'eux-mêmes ni expliquer pleinement les concepts scientifiques. En d'autres termes, il y a une discontinuité entre le domaine des phénomènes observables et le domaine des entités théoriques ou non observables, telles que les particules subatomiques en physique. Le philosophe plaide dès lors en faveur de la nécessité de surmonter cette fermeture catégorielle en développant une image scientifique du monde, où les concepts empiriques sont intégrés dans un cadre conceptuel plus large qui englobe les concepts scientifiques. Il a suggéré que les entités théoriques et les concepts scientifiques devraient être traités comme faisant partie intégrante de notre vision du monde, et que la philosophie devrait contribuer à cette intégration.

Catégorique. - Aristote appelle proposition catégorique  la proposition universelle affirmative, ou simplement la proposition affirmative, par opposition à la proposition hypothétique. Le syllogisme ou raisonnement catégorique est celui qui est composé de de propositions catégoriques. - Kant et d'autres écrivains modernes entendent par propositions catégoriques celles qui expriment la simple, attribution, par opposition aux propositions modales, qui joignent à l'attribution l'indication de sa contingence ou de sa nécessité. Dans la philosophie de Kant, l'impératif catégorique c'est la loi morale en tant qu'elle s'impose à la conscience comme un devoir absolu. (B-E).

Catharsis (du grec κάθαρσις, katharsis). - Concept philosophique et littéraire qui a été introduit par Aristote dans sa Poétique, et qui a été interprété de différentes manières au fil de l'histoire de la philosophie et de la théorie littéraire. Aristoteassocie la catharsis à la tragédie grecque. Il suggère que la tragédie a la capacité de susciter la catharsis des émotions chez le spectateur, en particulier de la pitié et de la terreur. Il explique que la tragédie permet au spectateur de ressentir ces émotions de manière purgative, ce qui a pour effet de purifier l'âme et d'apporter une forme de soulagement émotionnel. Après lui, certains ont vu encore la catharsis comme un processus de purification ou de guérison des émotions, tandis que d'autres l'ont interprété comme une forme de sublimation des émotions en art. Dans tous les cas, la catharsis est souvent associée à la fonction de l'art et de la littérature, en particulier de la tragédie, dans la société en tant qu'outil pour analyser les émotions et les expériences humaines.

Causale (proposition). - Une proposition causale est une proposition composée contenant deux propositions liées par, un de ces mots qui impliquent entre elles un rapport de cause à effet, tels que parce que, afin que, en tant que, et leurs synonymes. On peut réduire à ces sortes de propositions celles qu'on appelle réduplicatives ( la Logique de Port-Royal, Ile partie chap. IX). (B-E).

Causalité (dérivé de Causal). - La causalité est l'acte de la cause en tant que cause, le lien réel qui unit la cause à son effet. Ce mot s'emploie surtout dans l'expression principe de causalité. Le principe de causalité ne doit pas être formulé « Tout effet a une cause », ce qui n'est qu'une tautologie, mais « Tout ce qui commence d'exister, tout ce qui arrive a une cause-». La conscience nous fournit l'idée de cause, et la raison nous fait concevoir le principe de causalité.

Causalité (perception de la). - Identification des causes qui conduisent à des effets ou fait de reconnaître comment certaines actions ou événements sont responsables de résultats spécifiques. Cette capacité est un aspect essentiel de notre cognition. Elle nous permet d'élaborer notre compréhension du monde et de la réalité. Elle nous permet aussi de faire des prédictions, de prendre des décisions, d'apprendre de nos expériences, et de créer des modèles mentaux de la façon dont les choses fonctionnent. Nous la mettons en oeuvre en utilisant des indices et des observations pour tirer des conclusions sur les causes possibles d'un événement ou d'un phénomène; c'est l'inférence causale. Par exemple, si nous voyons un objet tomber, nous faisons l'inférence que la gravité est la cause de cette chute. Lorsque nous sommes capables de relier des événements apparemment indépendants en identifiant une relation de cause à effet, on parle d'appariement des causes et des effets. La perception de la causalité est étroitement liée à notre capacité d'apprendre par l'expérience. Nous tirons des leçons des conséquences de nos actions et des événements que nous observons, ce qui nous permet de nous adapter à notre environnement. Notre perception de la causalité n'est pas toujours parfaite. Parfois, nous pouvons faire des erreurs en attribuant une cause incorrecte à un effet ou en ne reconnaissant pas la véritable relation de cause à effet. Les biais cognitifs peuvent influencer notre perception de la causalité.

Cause (Causa, primitivement signifie procès; probablement de caveo = prendre garde) : sens général : la cause est ce en vertu de quoi un être est ce qu'il est; c'est le principe d'une nouvelle existence, ce qui fait qu'une chose est ou s'opère. Cette définition convient aux diverses espèces de causes. Distinctions : a) Cause première, Dieu. - b) Causes secondes, les créatures. - c) Cause occasionnelle( du bas latin occasionalis, de occasio = occasion), conditionnelle, l'occasion et la condition, qui ne sont pas de vraies causes; elles ne sont que ce qui facilite  ou rend possible l'activité de la cause.) . - c) Causes intrinsèques : la cause formelle (Formalis, de forma = forme), qui est ce qui détermine une chose a être telle; la cause matérielle (Materialis, de materia = matière) , qui est est l'élément indéterminé dont une chose est faite. - d) Causes extrinsèques : la cause efficiente (Efficiens, de efficere = ex-facere = produire) : force capable de produire quelque chose (c''est la cause par excellence); la cause finale (Finalis, de finis = fin) : ce en vue de quoi une chose est faite. -e) - Cause exemplaire (Exemplaris, de exemplar = modèle) : c'est l'idée, le type, d'après lequel l'agent réalise son oeuvre. - f) On distingue encore la cause prochaine et la cause éloignée, immédiate et médiate, etc. - Axiomes scolastiques : Il n'est pas d'effet sans cause, ou, pour éviter toute équivoque, Rien n'arrive ou rien ne se fait sans cause (Non datur effectus sine causa). - Rien ne peut être à soi-même sa propre cause; car l'acte et la puissance, l'agent et le patient, le moteur et le mobile sont nécessairement distincts. - La cause de la cause est aussi la cause de l'effet (Causa causae est etiam causa causati). - En supprimant la cause, on supprime l'effet (Causa sublata, tollitur effectus). Il s'agit ici de la cause qui agit comme telle et donne incessamment l'existence à son effet. - En posant la cause, on pose l'effet (Posita causa, datur effectus). Même observation. - L'effet varie avec sa cause (Variante causa, variatur effectus). - Propter quod unumquodque tale et illud magis. Cela revient à dire que la force de l'effet ou de la conclusion doit se retrouver dans le principe et mieux encore. - La cause seconde doit être appliquée par la cause première. Car elle est mue par la cause première, elle n'agit qu'en vertu d'elle, tout en agissant conformément à sa propre nature : librement, si elle est libre; nécessairement, si elle est nécessaire.

Causes occasionnelles (Théorie des). - C'est une théorie par laquelle les Cartésiens expliquent la correspondance de mouvements entre le corps et l'âme, substances auxquelles ils n'attribuaient pas d'action réciproque l'une sur l'autre. Cette théorie, qui s'étend non seulement aux rapports de la substance corporelle et de la substance spirituelle, mais aux rapports de toutes les substances en général, supprime toutes les causes efficientes dans l'ordre des contingents, et fait dépendre immédiatement de la volonté de Dieu tous les mouvements des corps et toutes les pensées des esprits; de sorte que ces mouvements et pensées ne sont, les uns à l'égard des autres, que des occasions ou causes occasionnelles, à propos desquelles Dieu intervient et produit des effets pour lesquels sa volonté seule est efficace. Ainsi, les causes occasionnelles et la vision en Dieu sont le même système sous deux aspects différents. Dans la vision en Dieu, Dieu est auteur de nos pensées à l'occasion des mouvements des corps; et, dans les causes occasionnelles, il est l'auteur des mouvements à propos des pensées. La théorie des causes occasionnelles (Occasionalisme) est, pour ainsi dire, partout dans Malebranche; cependant nous citerons particulièrement, comme en présentant l'expression très nette et très arrêtée, le VIIe entretien sur la métaphysique et la Ve méditation chrétienne. (B-E).

Cause (sophisme de la) : sophisme qui consiste à prendre pour cause ce qui n'est pas cause. Ainsi, les anciens physiciens expliquaient l'ascension de l'eau dans un tube privé d'air, en disant que la nature a horreur du vide. Expliquer, comme les premiers philosophes de la Grèce, l'origine de toutes choses par l'eau, l'air, le feu ou la terre, c'est prendre la condition matérielle; du monde pour la cause de sa formation. Attribuer, comme les astrologues  (Astrologie); les inclinations d'un humain ou les événements de sa vie à l'influence de l'astre sous lequel il est né, ou bien, comme les philosophes sensualistes, mettre dans la sensation le principe de la connaissance, et la cause de la sensation dans l'ébranlement nerveux qui la précède, c'est faire des sophismes de la cause. Les païens attribuaient tous les maux de l'Empire romain à l'établissement du christianisme; St Augustin, dans la Cité de Dieu, réfute ce sophisme, en prouvant que les mêmes maux avaient déjà affligé le peuple romain avant la naissance de Jésus. (H. D.).

Caverne (Caverna, de cavus = creux) : a) mythe de la caverne chez Platon : cette allégorie, que l'on trouve dans le VIIe livre de la République, illustre son concept de la réalité et de la connaissance, ainsi que sa vision de l'éducation et de la philosophie. L'allégorie de la caverne raconte l'histoire de prisonniers enchaînés à l'intérieur d'une caverne depuis leur naissance. Ils sont forcés de regarder un mur devant eux, sur lequel des ombres sont projetées par la lumière d'un feu situé derrière eux. Ces ombres représentent la seule réalité que les prisonniers connaissent. Ils perçoivent ces ombres comme la seule vérité et ne réalisent pas qu'il y a un monde extérieur à la caverne. Un jour, l'un des prisonniers est libéré et se dirige vers la sortie de la caverne. Au début, la lumière du soleil extérieur l'éblouit et il a du mal à s'adapter à cette nouvelle réalité. Cependant, il finit par s'habituer à la lumière et découvre le monde extérieur, bien plus vaste et complexe que ce qu'il avait connu dans la caverne. Il se rend compte que les ombres projetées n'étaient que des imitations et des illusions de la véritable réalité. En se familiarisant avec ce monde extérieur, le prisonnier libéré ressent le désir de retourner dans la caverne pour libérer les autres prisonniers et les éduquer sur la vraie nature de la réalité. Cependant, lorsqu'il retourne dans la caverne et tente de leur expliquer ce qu'il a découvert, ils le prennent pour un fou et refusent de croire en sa version de la réalité. Pour eux, les ombres qu'ils ont toujours vues sont la seule vérité. L'allégorie de la caverne est une métaphore qui symbolise la quête de la vérité, la distinction entre les apparences et la réalité, ainsi que l'importance de l'éducation et de la philosophie dans la recherche du savoir authentique. Pour Platon, les prisonniers enchaînés représentent les individus qui vivent dans l'ignorance du monde des idées éternelles et immuables, tandis que le prisonnier libéré représente le philosophe qui cherche à accéder à la connaissance pure et à la vérité.

- b) Bacon parle des Idoles de la caverne (idola specûs) pour désigner les erreurs qui proviennent de cette atmosphère de préjugés que créent autour de nous les influences de l'hérédité et de l'éducation. 
Bacon considère que chaque personne a sa propre caverne mentale, où ses propres expériences, préjugés, croyances et perspectives influencent la manière dont elle perçoit et interprète le monde. Ces influences subjectives peuvent conduire à des erreurs de raisonnement, à des généralisations hâtives et à des conclusions biaisées. Bacon encourageait les scientifiques à se méfier de leurs propres idoles de la caverne et à s'efforcer de s'élever au-dessus de leurs propres préjugés et perspectives personnelles pour parvenir à une compréhension plus objective de la réalité. Cette notion fait partie de la philosophie empirique de Bacon, qui cherchait à mettre en place une méthode scientifique plus objective et basée sur l'observation pour parvenir à la connaissance.

Celantes : mode indirect de la première figure du syllogisme.

Celarent. - Terme de logique classique qui designe un mode de la première figure du syllogisme, où la majeure est universelle négative (E), la mineure universelle affirmative (A) et la conclusion universelle négative (E). 

Ex.: Aucun être fini n'est exempt d'erreur, - tous les humains sont des êtres finis, - donc aucun homme n'est exempt d'erreur.
Célébrisme (de Celeber, celebris = fréquenté, célébré, célèbre) : nom donné par Fourier a la passion de la gloire.

Cénesthésie. - Ensemble des sensations vagues qui conduisent à la notion de notre propre existence. Cette notion est tirée de nos relations avec le monde ambiant, le moi, c'est-à-dire la conscience ne changeant pas, alors que les impressions que nous recevons se modifient incessamment, d'où cette déduction que nous sommes distincts des choses extérieures. Si les excitations périphériques multiples (musculaires, viscérales, cutanées) qui sont l'origine de cette limitation de notre moi, dont le champ est uniquement celui de la synergie nerveuse, sont normalement confuses en arrivant aux centres, c'est probablement qu'elles sont habituelles, constantes, et perçues seulement sous cette forme d'existence présente et distincte, bien qu'elles puissent devenir douloureuses quand elles s'exaspèrent. Aussi, comme le remarque Ch. Richet, est-il absolument impossible de localiser nettement le siège précis de notre propre existence, ou de notre moi. Dans une tellehypothèse, la suppression de toute impression ou excitation devrait conduire, ainsi que l'a soutenu Strumpell, à l'acénesthésie (du grec a privatif., et de cénesthésie). Il n'en est rien en réalité, car, par suite de l'éducation et de l'expérience antérieures, nous avons conscience, même dans l'immobilité, le silence et la nuit, de la limitation de notre synergie nerveuse et, par conséquent, de notre existence indépendante et distincte de celle du monde extérieur.

Cénoscopique (ontologie), des mots grecs koinos = commun et skopein = observer. - Cadre conceptuel qui relève de la philosophie et de l'informatique (notamment de l'intelligence artificielle), et se concentre sur la manière dont les connaissances sont structurées et organisées. L'ontologie cénoscopique se penche sur la nature des entités et des concepts qui existent dans le monde et dans nos esprits (comment ces entités et concepts sont-ils interconnectés et organisés? Quelles sont leurs relations (inclusion, exclusion, hiérarchie,composition, etc.)? Comment peut-on classer les entités et les concepts en catégories, classes ou ensembles? L'ontologie cénoscopique aborde aussi la signification des entités et des concepts en s'interrogeant sur la manière dont les symboles, les mots et les représentations sémantiques sont associés à la réalité. Elle propose souvent par ailleurs une formalisation ou une modélisation formelle des connaissances, utilisant des outils tels que les ontologies informatiques (l'Ontologie orientée objet) pour représenter et organiser les entités et les concepts de manière logique et structurée.

Centre (géométrie). - Le centre d'une courbe est un point tel que, pour un rayon mené de ce point à la courbe, il en existe un autre qui lui est égal et directement opposé; en sorte que tous les points sont deux à deux symétriquement placés par rapport au centre. Le caractère analytique d'une courbe qui possède un centre, c'est que si l'on y porte l'origine des coordonnées, l'équation étant satisfaite par x=a, y =b, devra l'être aussi par x = - a, y = -b. En d'autres termes, si l'on change dans l'équation x en -x et y en -y, elle devra conserver les mêmes solutions. Or, pour cela il faut, si elle est algébrique, que ses termes soient tous de degré pair, ou bien tous de degré impair et sans terme connu; dans ce dernier cas, le centre est sur la courbe. Cette dénomination de centre est empruntée à la théorie du cercle dans lequel tous les rayons sont égaux. Il n'en est pas toujours ainsi. Dans une ellipse, par exemple, il y a un centre, mais les rayons qui en émanent n'ont pas tous la même longueur; toutefois deux rayons opposés sont toujours égaux. (E. R.).

Centrifuge (force). -  Force qui s'exerce sur un corps matériel dont la trajectoire est courbe, mais que son inertie tendrait à être rectiligne.

Cercle. - Figure géométrique formée de tous les points situés à la même distance d'un point donné, appelé le centre du cercle.

Cercle vicieux. - En logique, on appelle cercle ou cercle vicieux un pseudo-raisonnement dans lequel, grâce à des différences purement accidentelles d'expression, on paraît tirer des prémisses une conclusion différente d'elles, tandis qu'en réalité on ne fait que répéter les prémisses dans la conclusion. On n'apporte donc pas une preuve, mais une simple répétition d'une opinion préconçue. Ce sophisme prend chez certains auteurs le nom de pétition de principe. Le cercle vicieux n'est en réalité qu'une variété de la pétition de principe, et ne doit pas être confondu avec ce que le philosophe Aristote appelle démonstration circulaire, qui n'est autre chose que la démonstration réciproque. Dans le cercle vicieux, prétendant démontrer une vérité indémontrable par essence, on est obligé, en vertu de cette fausse position, de chercher le point d'appui de cette vérité en elle-même, ce qui occasionne le cercle. Ainsi, par exemple, toutes les fois qu'un philosophe dogmatique a voulu, contre toute raison, entreprendre de démontrer la véracité de l'intelligence humaine, il ne l'a pu qu'en s'appuyant sur des principes fournis par son intelligence, dont, par conséquent, la véracité est supposée. Il démontre donc la véracité de l'intelligence par cette véracité même, ce qui fait le cercle. (G. F.).

Certitude (Certitudo, de certus, ancien participe passé, pour certus, de certum, supin de cernere = trier, distinguer). - La certitude est l'adhésion ferme et immuable de l'esprit à ce qu'il connaît. Elle exclut le doute; elle est le contraire de l'ignorance; elle n'admet ni degrés ni différences.

Elle n'admet pas de degrés on est certain ou on ne l'est pas, il n'y a pas de milieu et une presque certitude n'est qu'une grande probabilité.

Elle n'admet pas de différences, c'est-à-dire que les diverses espèces de certitude, certitude métaphysique, mathématique, physique, morale, s'équivalent.

Par certitude morale on entend à la fois celle qui résulte du témoignage des humains et celle qui se fonde sur le témoignage de la conscience psychologique et de la conscience morale.

Le criterium ou signe infaillible de la certitude est l'évidence. Comme l'évidence, la certitude peut donc étre immédiate ou intuitive, ou bien médiate ou discursive, c'est-à-dire obtenue parla démonstration.
On distingue encore, surtout depuis Kant, la certitude objective et la certitude subjective : celle-ci n'est qu'une conviction bien arrêtée et résulte de l'accord de l'esprit avec lui-même; celle-là porterait sur l'objet même de la pensée (inaccessible en soi, selon Kant) et résulterait de l'accord de la pensée avec la réalité. 

Cerveau dans la cuve (Le). - Expérience de pensée proposée par Hilary Putnam destinée à interroger la possibilité de connaître la réalité objective et soulève des questions sur la nature de la connaissance et de la réalité : imaginez que vous êtes un cerveau dans une cuve, maintenu en vie par un scientifique malin qui simule toute votre réalité sensorielle. Vous percevez et expérimentez un monde qui semble réel, mais tout cela est généré artificiellement. 

Cesare. - Terme de logique classique qui désigne un mode de la deuxième figure du syllogisme, où la majeure est universelle négative (E), la mineure universelle affirmative (A), et la conclusion universelle négative (E). 

Ex. : aucun poisson ne respire par des poumons; - tous les cétacés respirent par des poumons; - donc aucun cétacé n'est poisson. 
La lettre C marque que, pour être prouvé, ce mode doit être ramené à un Celarent de la première figure; la lettre S indique que cette opération doit se faire en convertissant simplement la majeure.

Césarisme. - Dans la philosophie sociale, sorte de monarchie à l'image de celle qui fut créée par César; elle s'appuie Sur l'armée et le peuple.

Ceteris paribus = en l'égalité des circonstance, toutes chotes choses étant égales, toutes choses étant égales par ailleurs, etc. - Expression latine souvent utilisée en économie, en sciences sociales, en physique et dans d'autres domaines pour isoler l'effet d'une variable en maintenant les autres constantes, afin d'analyser comment un changement dans une variable particulière affecte un phénomène donné. Le recours à la notion de ceteris paribus permet de simplifier l'analyse en supposant que d'autres facteurs qui pourraient potentiellement influencer le résultat restent inchangés, de manière à mieux comprendre l'impact d'une variable spécifique. 

Chalmers (problème difficile de). - On désigne ainsi un défi philosophique posé par la compréhension de l'expérience subjective et de la conscience d'un point de vue scientifique et philosophique. Il a été en introduit en 1990 introduit par David Chalmers (né en 1966). Celui-ci distingue  deux types de problèmes liés à la conscience. Le problème facile, qui est le problème de la capacité à expliquer les aspects fonctionnels et cognitifs du comportement humain en termes de mécanismes neurobiologiques, de processus cérébraux et d'autres phénomènes physiques, et qui relève du domaine où les sciences cognitives et la neurobiologie ont fait des progrès significatifs. Le problème difficile concerne, lui, la manière dont nous faisons l'expérience de quelque chose. Il soulève la question de pourquoi et comment certaines activités cérébrales et processus physiques sont accompagnés d'une expérience subjective. En d'autres termes, pourquoi l'activation de certaines zones du cerveau est-elle corrélée à des expériences conscientes spécifiques? Chalmers affirme que, même si nous pouvions comprendre toutes les activités cérébrales et processus physiques associés à une expérience consciente, cela ne nous donnerait pas une compréhension complète de l'expérience subjective elle-même. Il insiste sur le fait que la science, telle qu'elle est actuellement comprise, ne peut pas expliquer pourquoi ces processus sont accompagnés d'une expérience subjective. 

Champ (Campum = terrain plat, espace uni) : champ visuel : étendue que l'oeil peut voir étant immobile. Cette étendue est limitée par un cône dans lequel, pour produire une sensation visuelle, les objets doivent être compris. - Champ de la conscience : quantité plus ou moins grande de phénomènes psychologiques que la conscience peut embrasser à un moment donné.

Changement (de Changer, du bas latin cambiare). - Chez Aristote, le changement (metabolè) signifie le passage d'un contraire à l'autre (ex. : le passage
de la puissance à l'acte constitue le mouvement (kinèsis)).

Chaos. - C'est, en physique, une situation qui apparaît quand la valeur d'une grandeur caractéristique d'un phénomène ne peut pas être donnée  par un calcul à fait à partir de la valeur d'autres paramètres caractérisant le phénomène. Cela aura été une grande découverte de la physique mathématique du XXe siècle que de comprendre que le déterminisme dans les phénomènes ne garantit pas leur prédictibilité.

La théorie du chaos est une branche des mathématiques qui étudie le comportement des systèmes dynamiques très sensibles aux conditions initiales, et qui, par suite, bien que déterministes, peuvent afficher un comportement chaotique ( = complexe et imprévisible). Dans de tels systèmes une petite variation des conditions initiales peut conduire à des résultats drastiquement différents à long terme. (Cela est souvent décrit par l'expression populaire d'effet papillon, suggérant qu'un battement d'ailes de papillon au Brésil pourrait déclencher une série d'événements conduisant à une tornade au Texas). La théorie du chaos a émergé dans les années 1960 et 1970 grâce au travail de chercheurs tels que Edward Lorenz, Benoît Mandelbrot et Stephen Smale. 
Charité (principe de). - Principe qui guide l'interprétation des énoncés ou des propos d'autrui de manière favorable et charitable, en supposant que l'orateur a une intention de communiquer de manière cohérente et rationnelle, même si son discours peut sembler vague, ambigu ou confus. Ainsi, le principe de charité encourage à interpréter les propos d'une manière qui les rend aussi cohérents et logiques que possible, en supposant que l'orateur est rationnel et que ses déclarations ont un sens : lorsque nous rencontrons une déclaration qui peut sembler contradictoire ou énigmatique, nous devrions rechercher des interprétations qui rendent le discours de l'orateur aussi raisonnable que possible, plutôt que de présumer qu'il est irrationnel, incohérent ou absurde. Le principe de charité est souvent considéré comme un outil important dans la communication et la compréhension mutuelle, car il favorise un dialogue ouvert et une interprétation respectueuse des propos d'autrui. Il peut être particulièrement utile dans les situations où les locuteurs utilisent un langage ambigu, poétique, métaphorique ou technique, car il permet d'éviter des malentendus et de favoriser une communication plus efficace. Cependant, il a ne signifie pas que nous devons accepter aveuglément toutes les affirmations ou interprétations possibles, même si elles semblent très improbables. Il s'agit plutôt d'une incitation à faire preuve de générosité interprétative dans un contexte de communication, tout en maintenant une attitude critique et rationnelle lorsque cela est justifié.

Chartres (Ecole de). - Nom qu'il est convenu de donner aux représentants du renouveau des études platoniciennes au XIIe siècle et dont l'école-cathédrale de Chartres a été le berceau sous l'impulsion de Fulbert, l'évêque de la ville. Parmi les acteurs de  ce réveil, on citera :

Bernard de Chartres est considéré comme l'un des premiers maîtres de l'École de Chartres. Il a joué un rôle clé dans la promotion de l'étude des textes classiques, notamment de la philosophie grecque, et a influencé de nombreux étudiants.

 • Jean de Salisbury, également connu sous le nom de Johannes Saresberiensis, était un philosophe et un théologien important de l'École de Chartres. Il a écrit sur la philosophie, la logique et la politique. Son  Metalogicon est un traité sur la logique et la rhétorique. 

 • Guillaume de Conches était un autre membre éminent de l'École de Chartres. Il a écrit sur la philosophie naturelle, la cosmologie et la théologie, en cherchant à concilier les enseignements de la philosophie antique avec la religion chrétienne. Son Philosophia Mundi est l'un de ses travaux les plus connus.

 • Thierry de Chartres a écrit des commentaires sur des oeuvres philosophiques classiques et a été un partisan de la conciliation de la foi et de la raison.

Gilbert de la Porrée est surtout connu pour ses travaux en logique et en métaphysique, en particulier avec son Liber Sex Principiorum ( = Le Livre des Six Principes). Il a abordé des questions liées à la trinité, à la logique modale et à la philosophie de la langue.

Clarembaud d'Arras a écrit sur la philosophie naturelle. Son ouvrage intituléPhilosophia est un dialogue philosophique qui aborde diverses questions sur la nature, l'âme et la connaissance.

Richard de Fournival, bien qu'il soit surtout connu pour ses travaux en poésie et en littérature, a également contribué à la pensée de l'École de Chartres.

Chârvâka = Lokayata. - Ecole de pensée philosophique matérialiste et sceptique de l' Inde ancienne. Elle prospéré principalement aux alentours du VIe siècle avant notre ère, bien que des traces de ses idées puissent être trouvées dans des textes antérieurs. Les Chârvâka croyaient que seul le monde matériel existait, rejetant l'idée de réalités transcendantes ou spirituelles. Ils soutenaient que la conscience n'était qu'un produit de processus matériels. Les Chârvâka privilégiaient l'expérience directe et la perception sensorielle comme la source la plus fiable de connaissance. Ils rejetaient les enseignements des textes religieux ou des autorités religieuses en faveur de l'observation et de l'expérience personnelle. Contrairement à de nombreuses autres écoles philosophiques indiennes, les Chârvâka rejetaient l'idée de la réincarnation ou du karma. Ils considéraient ces concepts comme dénués de preuves et les rejetaient.

Chiffre. - Caractère utilisé pour représenter les nombres. En base décimale, on peut écrire n'importe quel nombre à partir de dix caractères en base dix, dits chiffres arabes : 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9. En notation binaire (base 2), le 0 et le 1 suffisent. En base hexadécimale, on ajoute aux dix chiffres arabes les lettres A, B, C, D E et F. 

Dans un nombre écrit en chiffres arabes en base dix, chaque chiffre a deux valeurs l'une qui lui est propre et qui porte le nom de valeur absolue; l'autre qui vient de la place que le chiffre occupe dans le nombre et que l'on nomme valeur relative; elle sert à indiquer l'espèce d'unités représentées par le chiffre, en se fondant sur ce principe que tout chiffre placé à la gauche d'un autre représente des unités dix fois plus fortes (Numération).

On emploie aussi d'autres caractères appelés chiffres romains, ainsi que l'indique le tableau suivant :

I ... Un
II .... Deux.
III .... Trois.
IV .... Quatre.
V .... Cinq.
VI .... six.
VII .... Sept.
VIII .... Huit.
IX .... Neuf.
X .... Dix.
XL .... Quarante.
L .... Cinquante.
C .... Cent.
D .... Cinq cents.
M.... Mille.

Pour écrire un nombre, on met à gauche les plus fortes unités du nombre, en continuant ainsi de gauche à droite; ainsi mil huit cent cinquante-huit s'écrira : MDCCCLVIII, et Deux-mil-deux : MMII.

Chiffre. - Selon Karl Jaspers, manière dont l'objet est donné au sujet. Un chiffre est la façon dont un individu code ou interprète le monde, en utilisant un langage mental ou une structure de signification qui lui est propre. L'idée de chiffre suggère que chaque personne a sa propre manière unique de percevoir et de donner un sens au monde. Cette perception est influencée par son expérience personnelle, sa culture, sa conscience, sa subjectivité, ses croyances, etc. 

Chimie. - Branche des sciences physiques qui étudie les propriétés, les combinaisons et les transformations des corps. 

Choix (axiome du) ou AC. - Formulé au début du XXe siècle par  Ernst Zermelo, l'axiome du choix est l'un des principaux axiomes de la théorie des ensembles. Cet axiome stipule que pour tout ensemble non vide X, il existe une fonction appelée fonction de choix qui attribue à chaque élément de X un élément unique d'un sous-ensemble de X. En d'autres termes, l'axiome du choix permet de choisir un élément spécifique à partir de chaque ensemble non vide, même lorsque ces ensembles sont infinis. L'axiome du choix est souvent utilisé pour prouver l'existence de certaines structures  et est essentiel dans de nombreuses branches des mathématiques, telles que l'analyse fonctionnelle, la théorie des ensembles, la topologie, et d'autres domaines.

Choix social (théorie du). - Théorie qui étudie comment agréger les préférences individuelles pour parvenir à des choix collectifs ou sociaux. Elle vise à élaborer des règles ou des mécanismes permettant de prendre des décisions collectives à partir des préférences individuelles souvent divergentes.

Des théorèmes fondamentaux, tels que le théorème d'impossibilité d'Arrow, ont été développés pour montrer qu'il est difficile de concevoir un système de choix collectif qui respecte certaines propriétés souhaitables, comme la transparence, la non-dictature, la rationalité et l'universalité.

En combinant les concepts de l'économie du bien-être et de la théorie du choix social, on tente de créer des cadres et des mécanismes qui permettent de formuler des politiques publiques visant à améliorer le bien-être global en tenant compte des différentes préférences individuelles et des contraintes sociales.

Chose (Causa = cause, mais avec le sens de res = objet déterminé) : a) l'objet quelconque d'une pensée. - b) Le sujet, par opposition au prédicat. - c) Chose en soi : ce qui subsiste en soi-même sans supposer autre chose. Kant a appliqué cette expression aux noumènes-: ce qui subsiste en dehors de la représentation. - d) Ce qui ne s'appartient pas : chose opposée à personne.

Chrématistique (du grec chrémata, les biens, tout ce dont on use) :  mot employé par Aristote pour désigner l'art d'acquérir des biens et de les conserver, et qu'on a ensuite appliqué à l'économie politique, qui s'occupe de la richesse

Chronologie. - Branche de l'histoire qui s'emploie à associer aux événements une date sur un calendrier.

Cinématique (Kinèmatikos, de kinèma = mouvement)-: mot créé par Ampère. Il indique cette partie de la mécanique qui traite du mouvement, abstraction faite des forces. Leibniz et Kant l'appelaient phoronomie (de phora = déplacement, nomos = loi).

Cinétique (kinètikos = qui se meut, de kineô = mouvoir). - L'énergie cinétique est l'énergie actuelle qui se manifeste par du mouvement. Se dit par opposition l'énergie potentielle.

Circonférence. - Ensemble des points d'une courbe fermée. 

Circonscrit. - En géométrie, c'est une figure entièrement située à l'intérieur d'une autre figure.

Circonscrite (Présence) : être présent dans un lieu d'une manière circonscrite (de l'adverbe scolastique Circumscripte, d'une manière délimitée), c'est y être comme les corps, dont chaque partie occupe la partie correspondante du lieu, de sorte que le tout est limité, circonscrit par le lieu.

Circonstances. - Conditions ou  facteurs spécifiques qui entourent un événement, une action, ou une situation donnée. Les circonstances sont des éléments contextuels qui peuvent influencer ou modifier la signification, la moralité, la pertinence ou la compréhension d'un acte ou d'une situation.

Circuit. - En mathématiques, on appelle circuit, dans la théorie des intégrales définies prises entre des limites imaginaires, une ligne fermée composée d'une très grande ligne droite partant d'un point déterminé O, d'un cercle décrit du point O comme centre avec un rayon infini et d'une droite parallèle à la première infiniment voisine de celle-ci; un circuit est un contour d'intégration qui contient tous les points critiques de la fonction que l'on intègre, et qui alors n'admet pas l'infini pour point critique. Indépendamment des circuits que nous venons de définir et, que l'on appelle circuits de première espèce, on considère aussi des circuits de seconde espèce qui diffèrent de ceux  que nous venons de définir en ce que le point O est à l'infini et en ce que la circonférence ne contient aucun point critique. (H. Laurent).

Circulaire (argument). - Argument illusoire qui, tournant comme dans un cercle, revient à son point de départ et arrive à conclure l'hypothèse qui servait de majeure.

Circulaire (nombre). - Nombre d'un seul chiffre, dont le carré, et par conséquent toutes les puissances, ont ce chiffre même aux unités. Ce sont les nombres 1, 5 et 6, dont les puissances sont 1, 25, 125, etc.; 36, 216, etc. (Cette dénomination est aujourd'hui inusitée).

Circulaire (fonction). - Une fonction circulaire est une expression analytique d'une ligne trigonométrique quelconque ou de l'arc correspondant. Non générique des sinus, cosinus et autres lignes trigonométriques.  Les fonctions qu'on nomme circulaires ont été imaginées pour servir à noter les relations entre les éléments linéaires et angulaires d'une même figure. La géométrie élémentaire fournit des exemples de relations notées entre grandeurs linéaires ou entre grandeurs angulaires, mais on n'y voit formulée aucune relation directe entre des longueurs et des angles. La théorie des fonctions circulaires a reçu de ses applications à la résolution des triangles rectilignes ou sphériques le nom de trigonométrie.

Circulus . - Ancienne théorie qui enseignait que la matière organisée végétale et animale se forme aux dépens de la matière inorganique. - La chimie agricole s'est approprié ce principe et en a fait la base de ses enseignements. Liebig a démontré que la consommation des aliments ne détruit pas toute leur utilité, au point de vue de la reproduction, pour la végétation, si l'on sait employer les engrais qui en dérivent, ainsi que les détritus des hommes et des animaux disparus. Quelques sociologues, Pierre Leroux en particulier, reprenant l'idée religieuse sur l'humain : Pulvis es et in pulverem reverteris ( = Tu es poussière et tu retourneras en poussière), ont voulu fonder le droit de vivre de l'individu sur la puissance de reproduction de la matière.

Civilisation. -  Stade avancé du développement social, politique, économique et culturel d'une société. Société qui est parvenue à ce stade. - Les civilisations sont caractérisées par des institutions sociales et politiques plus formelles, telles que des gouvernements, des lois, des villes, des systèmes d'écriture, des technologies, etc. Alors que la culture est souvent spécifique à un groupe particulier, une civilisation peut englober divers groupes culturels. Par exemple, la civilisation grecque antique incluait diverses cités-états ayant leurs propres cultures.

Civilité. - On nomme civilité l'exacte observation des bienséances sociales.  Elle embrasse toutes les manières honnêtes d'agir et de converser dans le monde. Ôter son chapeau pour saluer, rendre le salut, céder le pas à une personne âgée, ne pas trop élever la voix en parlant dans une réunion, n'y pas chuchoter à l'oreille de son voisin, n'interrompre jamais ceux qui parlent, etc., voilà des actes de civilité. La civilité n'est pas une vertu, comme le pense Cicéron; elle ne fait pas la personne meilleure, mais elle la rend plus sociable; sous le poli qu'elle lui donne, elle lui laisse sa nature entière. La politesse est la civilité perfectionnée : non contente d'éviter ce qui peut déplaire, elle recherche ce qui doit plaire. La civilité, consistant en usages communs à un certain pays, à un certain temps, peut se concilier avec le manque d'éducation; la politesse est le fruit de l'éducation. L'absence de civilité nous blesse, l'excès de politesse nous importune.

Clair (Clarum = brillant) : a) pour Descartes : ce qui est « manifeste à un esprit attentif » (Principes, Part. I, § 45). - b) Pour Leibniz : idée telle qu'en distingue son objet de tout autre.

Clan (emprunté au gaélique Clann) : les sociologues désignent ainsi le groupe familial primitif, où le mariage entre membres de ce groupe (l'endogamie) était prohibé. L'extension du clan est moindre que celle de la tribu qui, d'ordinaire, admet l'endogamie.

Classe (Classis, peut-être de klèsis = appel, kaleô = appeler) : collection réelle ou idéale; genre plus ou moins étendu, ordonné par rapport à d'autres genres. Le mot classe présente par lui-même un sens un peu vague, mais qui se précise dans la langue technique de chaque science. - a) En Logique, l'idée générale, au point de vue extensif, représente une classe. - b) En Sociologie, c'est un ensemble d'individus que la loi ou l'opinion range dans la même catégorie sociale (Classe sociale, ci-dessous). De sa nature, une classe est ouverte aux individus de la classe inférieure qui en peuvent faire l'ascension (mobilité sociale), tandis que la caste est fermée. -c)  En zoologie et en botanique, la classe ne tient un rang plus subalterne : elle a au-dessus d'elle l'embranchement, qui est une subdivision du phylum. Chaque classe est divisée en ordres; chaque ordre en familles, etc. La cohorte, s'insère entre la classe et l'ordre. On peut également rencontrer l'adjonction des niveaux de la super-classe, de la sous-classe et de l'infra-classe. - d) En minéralogie, la classe est la première division du règne, le groupe supérieur au-dessous duquel on trouve successivement les ordres, les familles, les tribus, les genres et les espèces.

Classe sociale. - Catégorie sociologique qui sert à regrouper les individus en fonction de caractéristiques socio-économiques (revenu, richesse, profession, éducation, accès aux ressources, etc.), de positions sociales et de rôles au sein de la société. Les classifications varient d'une société à l'autre, mais on trouve souvent des catégories telles que la classe ouvrière, la classe moyenne, la classe supérieure, etc. Le concept de classe sociale est important pour analyser les dynamiques de pouvoir au sein d'une société. C'est aussi un moyen d'aborder la question des inégalités économiques et sociales. Les individus appartenant à des classes sociales différentes peuvent avoir des opportunités et des niveaux de vie très différents. Les inégalités de classe peuvent conduire à des tension, et aussi des conflits sociaux et économiques, qui, dans la terminologie marxiste, sont appelés la lutte des classes.

Classification (du latin scientifique classsificatio, de classis et facere = constituer une classe) : manière de répartir, d'une façon coordonnée, des objets ou des concepts.

Classer, c'est distribuer ou répartir les individus en groupes distincts d'après leurs caractères communs. Il y a des classifications dans toutes les sciences, mais ce sont surtout les sciences naturelles qui en offrent des exemples.

On distingue deux sortes de classifications : les classifications naturelles et les classifications artificielles. Les premières sont fondées sur les caractères essentiels des êtres et servent à faire ressortir leurs ressemblances et leurs différences, en un mot, leurs rapports; les secondes sont fondées sur des caractères qui peuvent être naturels et même importants, mais qui sont choisis arbitrairement en vue de faciliter l'étude ou d'aider la mémoire.

Les classifications déterminent les idées suivantes: règnes, embranchements, classes, ordres, familles, tribus, genres, espèces, variétés. 

On peut citer comme exemple de classification dite naturelle celle de Jussieu en histoire naturelle, fondée sur les principes de l'affinité générale, de la subordination des caractères, de la série naturelle. Celle de Linné, fondée uniquement sur le caractère sexuel des plantes, est une classification artificielle.

Les classifications des sciences de Bacon, d'Ampère, de Comte fournissent de bons exemples des différents points de vue auxquels on peut se placer pour classer les connaissances humaines.

Toute classification suppose comme conditions préalables l'abstraction, la généralisation et la définition.

Climatologie. - Etude du climat, c'est-à-dire des phénomènes météorologiques envisagés sur de longues périodes de temps.

Clinamen. - Concept philosophique étroitement associé à la philosophie épicurienne de la nature et de l'atomisme et qui a été popularisé par le philosophe épicurien Lucrèce dans son poème épique De rerum natura ( = Sur la nature des choses). Le clinamen, également appelé déviation ou déclinaison, est une idée selon laquelle les atomes, qui sont les constituants fondamentaux de la matière dans la philosophie épicurienne, ne se déplacent pas strictement en ligne droite, mais subissent une légère déviation aléatoire de leur trajectoire. Cette déviation aléatoire des atomes est considérée comme la source de la liberté dans un monde déterministe. Lucrèce a utilisé le clinamen pour expliquer comment les êtres vivants, à commencer par les êtres humains, pouvaient avoir une certaine autonomie et une capacité de choix, même si tout dans l'univers était soumis à des lois naturelles. Selon cette idée, c'est grâce à la clinamen que les atomes peuvent s'assembler de manière aléatoire pour créer la matière et les êtres vivants.

Coaction. - Violence, contrainte. Elle exclut la liberté corporelle, celle de la main, mais non la liberté intérieure, celle de l'esprit et du coeur. La liberté de coaction est donc la liberté extérieure : c'est la spontanéité laissée à elle-même.

Coeur. - Pris dans un sens figuré, le mot coeur a reçu de l'usage plusieurs acceptions. Dans ce vers de la Phèdre de Racine (acte IV, sc. 2)

Le jour n'est pas plus pur que le fond de mon coeur, 
le coeur est employé pour l'âme elle-même, pour la conscience; et les croyants disent de même que Dieu voit le fond des coeurs. Souvent le coeur est considéré comme le siège des sentiments et des passions; en ce sens Vauvenargues a dit : " Les grandes pensées viennent du coeur; " et le chapitre de La Bruyère intitulé Du coeur traite principalement de l'amour et de l'amitié. On recommande à l'orateur qui veut émouvoir de parler le langage du coeur. Le coeur tressaille de joie; on a le coeur navré; on éprouve des peines de coeur; on a le coeur sur la main. Comme les sentiments et les passions déterminent fréquemment nos actes, le mot coeur est devenu encore synonyme de courage et de volonté : ainsi l'on dit un homme de coeur, un coeur faible, etc.; on fait contre fortune bon coeur; et la locution un homme sans coeur signifie tout à la fois un homme qui manque de sensibilité et un lâche. Quand La Rochefoucauld formule cette maxime : " L'esprit est toujours la dupe du coeur", il exprime l'influence que la partie sensible et affective de notre être exerce sur la partie intelligente et raisonnable. Dire qu'un homme a bon coeur et mauvaise tête, c'est localiser, en les distinguant, les affections et l'intelligence. (B.).

Cogitative (du latin scolastique Cogitativus, de cogitatum, supin de cogitare, soit cum = avec; agitare = agiter) : la potentia cogitativa est, d'après les Scolastiques, une sorte de jugement instinctif, qui fait connaître à l'humain l'utile et le nuisible dans les choses sensibles. - La faculté correspondante chez les autres animaux est appelée estimative.

Cogito. - On désigne ainsi l'axiome que Descartes a pris pour point de départ de sa réflexion philosophique. Ce terme se réfère à l'expression latine utilisée par le philosophe : cogito  ergo sum, je pense donc je suis. C'est l'évidence dont on ne peut douter. Penser, c'est être. Ainsi, le cogito représente la première certitude indubitable qu'il a trouvée : la certitude de l'existence de soi en tant que sujet pensant. Cette idée a eu une grande influence sur la philosophie ultérieure et est devenue un point de départ fondamental pour l'épistémologie. Elle a également été interprétée de diverses manières par d'autres philosophes au fil des siècles.

Cognition (de l'anglais Cognition = connaissance, du latin cognoscere = connaître).  - Synonyme de connaissance, mais plus spécialement de perception, interprétation des données des sens ou représentations sensibles.

Dans la langue de Kant, les intuitions deviennent des cognitions quand elles sont rapportées à un objet par le moyen d'un concept qui ramène la multiplicité à l'unité. L'animal a des intuitions, mais il n'a pas de cognition parce qu'il ne pense pas par catégories.

Cognition située. - Cadre théorique en sciences cognitives qui s'oppose à la vision traditionnelle de l'esprit comme une entité isolée et universelle. Les tenants de la  cognition située insistent sur le fait que la cognition est étroitement liée à la situation, à l'environnement physique et social dans lequel elle se manifeste. Les processus cognitifs ne sont pas vus comme étant générés exclusivement par le cerveau, mais sont co-construits par l'interaction entre le cerveau, le corps et le monde extérieur. La cognition est ancrée dans des contextes spécifiques. Nos actions, nos perceptions et nos pensées sont façonnées par notre corps et notre interaction directe avec le monde qui nous entoure. La manière dont nous pensons, comprenons, résolvons des problèmes et prenons des décisions est profondément influencée par le contexte et l'environnement dans lequel nous nous trouvons. La connaissance est considérée comme étant incarnée dans nos expériences et nos actions corporelles. Elle n'est pas séparée du corps et de l'action, mais en est une partie intégrante. D'où l'importance l'importance de l'incorporation (embodiment) et de l'interaction avec l'environnement physique, social et culturel. Les processus sensoriels (perception) et moteurs (action) sont fondamentaux pour la cognition. La cognition située débouche sur la notion d'apprentissage ancré (anchored learning), qui est une forme d'apprentissage intégré dans des situations et des contextes concrets. L'apprentissage est ainsi lié à des expériences réelles et significatives. 

Cognitives (sciences). - Domaine interdisciplinaire réunissant des sciences et des champs d'études (psychologie, neurosciences, intelligence artificielles, linguistique, anthropologie et sociologie cognitives, divers courants de la philosophie, etc.) qui s'occupent de comprendre les processus mentaux et les mécanismes qui sous-tendent la cognition humaine et animale. Ces sciences étudient la manière dont les individus acquièrent, traitent, stockent et utilisent l'information provenant de leur environnement, ainsi que comment ils prennent des décisions et interagissent avec le monde qui les entoure. La psychologie cognitive se concentre sur l'étude des processus mentaux tels que la perception, l'attention, la mémoire, le raisonnement, la résolution de problèmes, le langage et les fonctions exécutives. Les neurosciences examinent les bases biologiques de la cognition en analysant le fonctionnement du cerveau, les réseaux neuronaux, les neurotransmetteurs, etc. La linguistique cognitive s'intéresse à la manière dont le cerveau traite et produit le langage, ainsi que les mécanismes cognitifs sous-jacents à la compréhension du langage, à la formation des mots, à la grammaire, etc. L'anthropologie cognitive est tournée vers la façon dont les influences culturelles, sociales et environnementales jouent sur les processus cognitifs et les représentations mentales. L'intelligence artificielle et l'informatique cognitive visent à créer des modèles et des algorithmes informatiques qui simulent des comportements cognitifs humains, comme l'apprentissage machine, la reconnaissance des formes, le traitement du langage naturel, etc. La philosophie de l'esprit et la philosophie cognitive abordent des questions philosophiques liées à la nature de l'esprit, de la conscience, de l'intelligence et de la compréhension, ainsi que leur relation avec le cerveau et le corps.

Cognitivisme. -  Courant de pensée et paradigme théorique en psychologie et en sciences cognitives qui se concentre sur l'étude des processus mentaux internes, tels que la perception, l'attention, la mémoire, le langage, la résolution de problèmes et le raisonnement. Il propose une approche de l'étude de l'esprit en se basant sur des analogies avec le fonctionnement des ordinateurs : le cerveau humain est un système de traitement de l'information, qui traite et manipule des données. Le cognitivisme considère que le traitement de l'information se fait de manière séquentielle, étape par étape, et que ces étapes sont interconnectées dans un réseau complexe de traitements. Les chercheurs en cognitivisme développent des modèles informatiques et des simulations pour représenter les processus mentaux et les opérations cognitives pour mettre en lumière comment l'information est traitée, stockée et utilisée pour générer des comportements. ( Connexionnisme, Enactivisme).

Cognoscibilité (de Cognoscibilis, qui peut être connu, de co-gnoscere = apprendre, connaître) : qualité de ce qui est connaissable. L'intelligibilité a un sens plus restreint; elle s'entend plutôt de la possibilité d'une connaissance rationnelle.

Cohérent, Cohérence (Cohaereris, cohaerentia, de cum, avec; haerere = être lié) : un système cohérent est celui dont toutes les partie; sont bien liées. - La cohérence distingue : a) la perception de l'hallucination, du rêve; b) le souvenir de la fiction imaginative.

Cohérentisme. - Théorie épistémologique  dont le principe fondamental est que la justification d'une croyance est déterminée par son degré de cohérence avec le reste du système de croyances de l'individu. Une croyance est justifiée si elle s'intègre sans contradiction dans un réseau interconnecté de croyances. Plus une croyance s'harmonise avec les autres croyances, plus elle est justifiée. 

Le cohérentisme est l'une des principales alternatives au fondationalisme en épistémologie. Il a été développé, notamment par Quine, en réaction aux limites perçues de cette doctrine. Il offre, par exemple une solution au problème de la régression infinie souvent soulevé contre le fondationalisme. Le cohérentisme accepte la possibilité de circularité épistémique : certaines croyances peuvent contribuer à justifier mutuellement d'autres croyances. Cela permet un réseau de justification sans qu'il soit nécessaire de rechercher une croyance fondationnelle.

Différentes personnes peuvent avoir des systèmes de croyances cohérents différents. La justification peut ainsi varier d'une personne à l'autre en fonction de leur propre système de croyances, et le cohérentisme peut impliquer que, pour maintenir la cohérence, une personne doive réviser certaines de ses croyances lorsque de nouvelles informations ou expériences entrent en conflit avec le système existant.

Les critiques du cohérentisme portent souvent sur le fait qu'une cohérence pure ne garantit pas la vérité ou la justesse des croyances. De plus, il peut être difficile de déterminer quel est le bon système cohérent parmi plusieurs possibilités. Pour tenter de pallier ces difficultés, certains épistémologues adoptent des approches mixtes qui intègrent des éléments du fondationalisme et du cohérentisme. Quelques noms associés au cohérentisme :

Clarence Irving Lewis est souvent considéré comme l'un des fondateurs du cohérentisme moderne. Il a développé l'idée que la justification des croyances repose sur leur cohérence avec d'autres croyances du système.

 • Josiah Royce a formulé des idées sur la vérité en termes de cohérence et d'inclusion dans un système plus vaste de croyances.

Brand Blanshard a défendu une version du cohérentisme dans laquelle la vérité est déterminée par la cohérence du système de croyances avec certaines croyances fondamentales et auto-évidentes.

Hilary Putnam a contribué à la discussion sur le cohérentisme en formulant des critiques et des défenses du cohérentisme dans le contexte de la philosophie de la connaissance et de l'épistémologie contemporaine.

Bonnie Kent a travaillé sur le cohérentisme et ses implications pour la justification épistémique.

Cohomologie. -  Concept qui appartient à la topologie et à la géométrie algébrique, et sert à mesurer l'obstruction à la résolution d'équations différentielles et permet de caractériser les formes fermées sur des variétés ou des espaces topologiques. En topologie différentielle, la cohomologie concerne les formes différentielles sur une variété (ou un espace topologique) et les classes d'équivalence de ces formes. Une forme différentielle est dite fermée si sa dérivée extérieure est nulle. Elle est exacte si elle est la dérivée extérieure d'une autre forme différentielle. La cohomologie d'une variété X (ou d'un espace topologique) est représentée par une suite de groupes appelés groupes de cohomologie. Par exemple, Hk(X) représente le k-ième groupe de cohomologie de X. Ces groupes détiennent l'information topologique et géométrique de X de manière abstraite et invariante.  En géométrie différentielle, la cohomologie de de Rham correspond à la cohomologie associée aux formes différentielles exactes et fermées sur une variété différentiable. Développée pour des espaces topologiques généraux, la théorie de cohomologie singulière  généralise la cohomologie de de Rham. La cohomologie intervient dans la théorie des champs, notamment dans la théorie de jauge et les modèles topologiques de la matière condensée. En géométrie algébrique, la cohomologie algébrique généralise la cohomologie de de Rham pour des variétés définies sur des corps non nécessairement de caractéristique nulle.La cohomologie équivariante traite des actions de groupes sur les variétés et des propriétés géométriques invariants sous ces actions. Exemple : pour une variété M, la cohomologie de de Rham est calculée en considérant les formes différentielles sur M modulo les formes exactes. Par exemple, sur un cercle S1, le groupe de cohomologie H1(S1) est représenté par les classes d'équivalence des formes différentielles fermées qui ne sont pas exactes, souvent associées à des objets topologiques tels que les boucles non contractibles.

Colère. - Passion ou état émotionnel intense qui traduit un violent mécontentement est s'exprime généralement par de l'agressivité. La colère  a été étudiée et discutée en philosophie depuis l'Antiquité.  Dans sa Rhétorique, Aristote a examiné la colère en tant qu'émotion et a souligné son rôle dans la persuasion rhétorique. Il a également discuté des conditions sous lesquelles la colère peut être justifiée, par exemple, en réponse à une injustice réelle. Sénèque a abordé la colère dans ses lettres et traités philosophiques dans une perspective stoïcienne. Il considérait la colère comme une émotion destructrice et nuisible (les Stoïciens prônaient le contrôle des émotions par la vertu de la sagesse). Épictète, autre philosophe stoïcien, a enseigné que la colère est le résultat de jugements erronés sur les événements. Il a préconisé la pratique de la maîtrise de soi pour éviter de réagir de manière excessive à des situations contrariantes. Descartes, dans ses Passions de l'âme (1649), a discuté de la colère en termes de mouvements corporels et de réactions physiologiques. Il a également abordé la question de la maîtrise de la colère par la raison. David Hume a étudié la colère dans le contexte de sa théorie sur les émotions. Il voyait dans la colère une réaction naturelle à une menace perçue et a examiné les mécanismes psychologiques qui la sous-tendent. 
Albert Camus (1913-1960)  a examiné les aspects existentiels de la colère dans ses oeuvres, notamment dans L'Homme révolté. Il a réfléchi sur les révoltes individuelles et collectives et sur la réaction humaine face à l'injustice. Jean-François Lyotard (1924-1998) a réfléchi sur la manière dont les récits de la colère sont utilisés pour influencer l'opinion publique et la politique. Pour la philosophe contemporaine, Martha Nussbaum (née en 1947), la colère peut être justifiée dans certaines circonstances, mais il est essentiel de la maîtriser pour éviter la violence et l'injustice. Sa théorie des capacités centrales voit dans la maîtrise de la colère comme une compétence morale et émotionnelle importante pour mener une vie éthique.

Collectif (logique). - Un terme collectif diffère bien d'un terme général. On appelle nom collectif en logique celui qui désigne une somme d'individus composant tel tout d'assemblage ou de juxtaposition, par exemple la flotte grecque de Salamine, la forêt de Sénart, le 1er régiment de ligne français, le jury criminel de la Seine. Flotte, forêt, régiment, jury sont en eux-mêmes des noms généraux désignant chacun un genre entier de touts collectifs, desquels les exemples ci-dessus désignent l'un, et celui-là seul, pris en particulier. Le terme collectif est donc commun (au sens d'indivis) par rapport aux unités définies, prises ensemble, qui composent la collection nommée ; mais il est terme individuel ou singulier par rapport à la classe entière ou au genre des collections de même sorte.

Tandis que le nom général, homme, forêt, régiment, se dit de toute la classe des humains, des forêts, etc., et convient à chacun des cas ou individus (cet humain-ci, ce régiment-ci), au contraire, le nom collectif, par exemple, le 1er  régiment de ligne, ne se dit pas de chacun des individus composant la collection, il ne convient qu'à leur ensemble. Le nom collectif est l'appellatif indivis des parties ou unités en tant que rassemblées en leur tout, et n'est pas le nom des parties du tout ; il ne signifie pas quelque chose de commun, présent dans tous les individus de la collection, mais seulement leur présence en commun ou leur groupement. (P. Souquet).

Collectivisme (de Collectivus = collectif) : forme de socialisme substituant la propriété collective à la propriété privée pour les moyens de production.

Colligation (Colligatio, de colligatum, supin de colligare = cum-ligare = lier ensemble) : opération logique qui consiste à exprimer, dans une formule, une propriété dont la présence a été constatée chez un certain nombre d'individus. Elle ne s'étend pas, comme l'induction, aux cas qui n'ont pas été directement observés. - L'hypothèse est un moyen de colliger les faits dispersés.

Colonialisme. - Processus par lequel une puissance étrangère établit et maintient sa domination politique, économique et culturelle sur un territoire et ses habitants.

Combinatoire (analyse). - C'est la partie des mathématiques qui étudie les permutations et les arrangements, et qui joue un rôle notamment dans le calcul des probabilités.

Combinatoire (Art) (de Combinatum, supin de combinare = réunir). - Pour Leibniz, l'art combinatoire est cette partie de la logique, qui consiste à déterminer toutes les combinaisons possibles des différents concepts et à étudier leurs propriétés et leurs rapports. Il se confond avec l'art d'inventer.

Comme si. - Expression souvent utilisée en philosophie pour introduire une idée ou une hypothèse qui n'est pas nécessairement affirmée comme étant vraie ou réelle, mais qui est posée comme une supposition. Cela permet aux philosophes de tester des idées de manière hypothétique ou fictionnelle, des théories, ou d'ouvrir des voies de réflexion sans nécessairement souscrire à une croyance particulière.  Le comme si est un outil heuristique qui facilite la pensée. Il a un statut épistémologique de supposition ou d'hypothèse. - Hans Vaihinger (1852-1933) a défendu l'idée que les humains opèrent souvent avec des comme si plutôt qu'avec une représentation directe et exacte de la réalité.

Commun (Communis, de cum = avec, et de la racine qui a donné munus, = fonction) : ce qui appartient à plusieurs objets à la fois. S'oppose à Propre.

On appelle quelquefois notions communes les vérités universelles essentielles à toute intelligence humaine, principes premiers, jugements intuitifs, vérités du sens commun ou, comme disaient les anciens dans un sens un peu moins précis, anticipations et prénotions. Lees mathématiciens grecs disaient koinai ennoiai; ce sont  les axiomes, les principes rationnels.

Communautarisme. - Concept souvent controversé qui fait référence à l'identification et à l'engagement d'individus envers des groupes sociaux plus restreints, tels que des communautés culturelles, religieuses, ethniques ou sociales. Ces groupes partagent souvent des valeurs, des croyances, des coutumes ou des traditions communes. Le communautarisme peut favoriser la solidarité et le soutien mutuel entre les membres de la communauté, renforçant ainsi les liens sociaux. Les communautés cherchent souvent à préserver leur autonomie culturelle et à défendre leurs intérêts particuliers dans une société plus vaste. Cependant, le communautarisme peut également soulever des préoccupations. Dans certains cas, le communautarisme peut mener à une segmentation de la société en groupes distincts, entraînant ainsi une ségrégation et une fragmentation sociales. Les différences entre les communautés peuvent parfois conduire à des conflits, de la discrimination et de la méfiance mutuelle. Certains critiques affirment par ailleurs que le communautarisme peut entraver l'intégration sociale en mettant en avant les intérêts de groupes particuliers au détriment de l'harmonie sociale.

Communautarisme et universalisme. - L'opposition de ces deux concepts (pas nécessairement mutuellement exclusifs) pose les termes d'un débat philosophique et politique qui concerne la manière dont les individus s'identifient, interagissent et participent à la société. Le communautarisme met l'accent sur l'identité, les valeurs et les droits spécifiques à chaque communauté (culturelle, religieuse, ethnique, etc.) et considère l'appartenance à une communauté comme un aspect central de l'identité individuelle. Il accorde dès lors la priorité aux intérêts et aux besoins de la communauté à laquelle un individu appartient. (On voit ici que le nationalisme est un communautarisme particulier, dans lequel la communauté prend le nom de nation). L'universalisme quant à lui se concentre sur les droits et les valeurs communes à toute l'humanité. Il considère que ces droits et valeurs transcendent les appartenances communautaires, et que chaque individu, en tant qu'être humain, a des droits fondamentaux universels qui doivent être protégés. Ajoutons que le communautarisme reconnaît et soutient l'implication de l'État dans la préservation et la promotion des cultures et des identités communautaires, tandis que l'universalisme, préconise souvent un État laïc et neutre, qui garantit l'égalité des droits pour tous les individus sans favoriser aucune communauté spécifique. Ainsi, autant du point de vue de la place de l'individu dans le groupe social que du rôle attribué à l'Etat, il apparaît que le communautarisme défend plutôt des valeurs conservatrices, alors que les valeurs de l'universalisme sont plutôt progressistes.

Communauté (du bas latin Communalitatem, de communalis = communal, de communis =commun) : caractère de ce qui est commun. - Kant appelle communauté la troisième catégorie (Action et Réaction = Réciprocité) qui se rapporte à la Relation. Elle sert de fondement à la troisième des analogies de l'expérience, que Kant formule ainsi : Toutes les substances, en tant qu'elles peuvent être perçues comme simultanées dans l'espace, sont dans une action réciproque générale.

Communication. - Processus qui implique la transmission d'informations, de messages et de significations entre des individus, des groupes ou des entités. C'est un aspect essentiel de la vie humaine et de la société, ainsi que de nombreux autres organismes et systèmes complexes. 

Communisme (de Commun). - Forme de socialisme supprimant complètement la propriété individuelle, pour lui substituer la propriété commune. - Organisation sociale exposée par Platon dans la République. Si les partisans de ce système admettent que l'État doit en donner la jouissance égale à tous les citoyens, c'est un communisme égalitaire; s'ils veulent que l'État accorde à chacun selon ses oeuvres et tiennent compte des capacités (les Saint-simoniens), l'égalité qui semble détruite est rétablie en réalité.

Commutative (du latin scolastique Commutativus, de commutare, = cum-mutare = échanger) : a) Justice commutative : égalité dans les échanges, - b) Loi ou propriété commutative : propriété de l'addition et de la multiplication logiques, et plus généralement, de toute loi de composition (*) telle que pour tout couple d'éléments a et b d'un ensemble, on ait a*b = b*a.

Compatibilité, compatible. - a) En philosophie,  ces termes sont utilisés pour discuter de l'existence simultanée de deux ou plusieurs éléments, concepts ou positions philosophiques sans qu'ils ne soient en conflit les uns avec les autres. La compatibilité signifie que ces éléments peuvent coexister ou être harmonisés d'une manière qui ne contredit pas leurs principes ou leurs exigences fondamentales. - b) En mathématiques et en logique, le terme compatibilité se réfère généralement à la possibilité pour deux concepts, théories, systèmes ou propositions de coexister sans conflit, c'est-à-dire sans créer de contradictions logiques ou mathématiques.

Comparaison : acte de l'intelligence rapprochant et examinant simultanément deux où plusieurs faits, deux ou plusieurs idées, pour en apprécier les ressemblances et les différences, ou, plus généralement, les rapports quels qu'ils soient. La comparaison sert de préliminaires à d'autres opérations. Si, entre deux idées que l'on rapproche, abstraction faite de leurs différences secondaires ou simplement accidentelles, on trouve des ressemblances assez intimes pour les embrasser, avec beaucoup d'autres idées peut-être, dans une notion collective, et pour leur appliquer une qualification commune, on est conduit à la généralisation. Si l'on trouve seulement que l'une de ces idées convient à l'autre et peut en être affirmée, le résultat est une attribution de la première idée à la seconde, c'est-à-dire un jugement. Lorsqu'au lieu de comparer directement deux idées entre elles, on les compare à une ou à plusieurs idées intermédiaires destinées à en opérer indirectement le rapprochement, la suite de jugements liés entré eux qui se produit alors constitue un raisonnement.

Complémentarité. - Relation dans laquelle deux éléments ou aspects différents se complètent, renforcent mutuellement ou s'associent pour former un tout cohérent ou équilibré.  Le concept de complémentarité est d'abord associé à la physique quantique grâce aux travaux de Niels Bohr, qui en est le créateur, Werner Heisenberg, et d'autres. Dans ce contexte, il stipule que dans certains phénomènes quantiques, des propriétés telles que la position et la vitesse d'une particule ne peuvent être mesurées simultanément avec une précision totale. Ainsi, des paires de propriétés sont complémentaires et ne peuvent être connues qu'à des degrés de précision limités. La complémentarité vise ici à élucider la relation entre la physique classique et la physique quantique. Mais, selon le voeu même de Bohr, ce concept a également trouvé des applications et des interprétations dans d'autres domaines, mais sans avoir atteint (encore?) la profondeur philosophique et la portée ontologique que le physicien avait su lui donner.

Dans la philosophie contemporaine, la complémentarité est abordée en relation avec les dualismes, les antinomies et les contradictions dans la pensée. Elle est souvent utilisée pour évoquer l'idée que des perspectives différentes peuvent être toutes valides et complémentaires sans nécessairement être en conflit. Dans la psychologie, la complémentarité est utilisée pour décrire des traits de personnalité opposés qui se complètent et créent un équilibre. Par exemple, l'introduction des concepts d'introversion et d'extraversion par Carl Jung peut être considérée comme une forme de complémentarité psychologique. Dans le contexte des relations interpersonnelles, la complémentarité fait référence à des rôles, des comportements ou des compétences différents qui se complètent et contribuent à la stabilité et à l'équilibre de la relation. Par exemple, des styles de communication complémentaires peuvent améliorer la dynamique d'une relation. Les rôles complémentaires entre les individus dans une société peuvent créer un équilibre fonctionnel. Dans le domaine de l'économie, la complémentarité est utilisée pour décrire la relation entre des biens ou des facteurs de production qui sont interdépendants et qui se renforcent mutuellement. Par exemple, le travail et le capital sont souvent considérés comme complémentaires dans le processus de production. En biologie, la complémentarité est souvent utilisée pour décrire les relations symbiotiques où différentes espèces interagissent de manière bénéfique pour les deux parties. Par exemple, dans la relation entre les plantes et les pollinisateurs. On parle aussi de complémentarité en référence à la relation entre différentes parties, structures ou processus qui se combinent pour former un système fonctionnel. Par exemple, la complémentarité des bases azotées dans l'ADN, où l'adénine complémente toujours la thymine et la cytosine complémente la guanine.

Complet (Completus, de completum, supin de complere = cum-pleo = remplir, achever) : Leibniz appelle notion complète celle qui représente entièrement un objet individuel. Les notions abstraites sont donc incomplètes. - S'oppose à Incomplet.

Complétude. - a) En mathématiques et en logique, un système formel est dit complet s'il peut démontrer chaque énoncé vrai qui peut être exprimé dans ce système. En d'autres termes, aucun énoncé vrai ne peut échapper à la capacité du système à le prouver. Par exemple, la logique du premier ordre est complète, ce qui signifie qu'elle peut prouver toutes les vérités logiques exprimables dans cette logique (Incomplétude). - b)  En philosophie ou dans les sciences, la complétude peut être liée à la capacité d'un système conceptuel ou d'une théorie à rendre compte de tous les aspects d'un domaine donné. Par exemple, une théorie complète de la physique tenterait de rendre compte de tous les phénomènes physiques. Dès que l'on sort des systèmes formels, la complétude souvent une notion idéale, confrontée aux limites de la connaissance humaine, aux ambiguïtés du langage, aux défis de la logique, et aux complexités de la réalité. 

Complexe (Complexus, de complexum, complecti, de cum et plectere = plier avec, embrasser, assembler). - Un terme complxe est un terme, formé de l'assemblage de plusieurs mots, qui ne constitue cependant, dans la proposition considérée au point de vue logique, qu'un seul terme. L'addition, qui complique un terme simple, est : a) tantôt une explication;  (par ex. : l'homme, qui est un animal raisonnable; b) tantôt une détermination, (exemple :  l'homme, qui craint la loi). - Proposition complexe : celle dont le sujet, le verbe ou l'attribut sont des termes complexes (ex.:  l'homme, qui craint la loi, est sage). - Syllogisme complexe : celui dans lequel le grand ou le petit terme et complexe, ou dans lequel la conclusion est une proposition modale. - ll ne faut pas confondre complexe et composé. - S'oppose à Simple.

Complexe. - Employé substantivement, ce mot désigne un tout dont les éléments distincts ne sont pas seulement juxtaposés, mais sont organisés.

Complexe (nombre). - C'est un nombre c tel que c = a+ib, avec a et b qui sont deux réels et i qui est tel que i²=1. Si b = 0, c est un nombre réel. Si a = 0, c est dit imaginaire. Les nombres complexes peuvent s'additionner et se multiplier comme les nombres réels, selon les règles habituelles de l'algèbre. Il suffit de remplacer i² par 1 à chacune de ces occurences.

Complexité. - Concept qui fait référence à la nature interconnectée et diversifiée des phénomènes, systèmes, ou structures, composés d'une grande diversité d'éléments, chacun avec ses caractéristiques et son comportement spécifique, mis dont l'interconnexion, justement, empêche de les réduirer à des entités simples et isolées. Les nombreuses relations et interconnexions entre les éléments d'un système peuvent être linéaires ou non linéaires (dans ce dernier cas, l'effet d'un changement dans un élément peut avoir des effets disproportionnés sur d'autres parties du système). En raison de leur nature dynamique et interconnectée, les systèmes complexes peuvent être difficiles à prévoir et à comprendre entièrement. L'incertitude est souvent un aspect inhérent à la complexité. Dans les systèmes complexes, de nouvelles propriétés, comportements ou modèles, appelés propriétés émergentes, peuvent émerger du fonctionnement collectif des éléments du système, mais elles ne peuvent pas être réduites à la simple somme de ces éléments. Les systèmes complexes ont souvent la capacité de s'adapter et de s'ajuster à des changements internes ou externes. Cette adaptabilité est essentielle pour la survie et la durabilité du système. Certains systèmes complexes ont la capacité de s'auto-organiser, c'est-à-dire de générer des structures et des modèles ordonnés à partir de l'interaction des éléments individuels sans qu'il y ait un contrôle centralisé. Ajoutons que la complexité peut exister à différents niveaux d'une hiérarchie. Par exemple, un système complexe peut être composé de sous-systèmes, chacun étant lui-même un système complexe.

Complication, implication, explication. - Terminologie utilisée par Nicolas de Cues et qui fait partie de sa réflexion sur la compréhension de la connaissance et de la réalité.

La complication concerne la complexité inhérente à la réalité et à la connaissance. Cues a reconnu que la réalité et la compréhension des idées peuvent être intrinsèquement complexes et que la compréhension véritable implique de reconnaître et de travailler avec cette complexité. Le terme complication souligne que la réalité et la connaissance ne sont pas simplistes, mais plutôt nuancées et complexes.

L'implication, pour ce philosophe, se réfère à la manière dont les idées ou les concepts sont impliqués les uns dans les autres. Il pensait que chaque idée ou concept contenait des implications inhérentes, de sorte que la compréhension d'une idée implique la compréhension d'autres idées liées. Il a étudié la manière dont les concepts se rapportent les uns aux autres et comment ils sont interconnectés.

L'explication, dans ce contexte, se rapporte à la manière dont on peut expliquer ou rendre intelligible ces implications conceptuelles. Cues a cherché à élaborer des méthodes ou des outils pour clarifier et expliquer les relations conceptuelles afin d'approfondir la compréhension.

Complotisme = pensée conspirationniste. - Tendance à expliquer des événements complexes ou des phénomènes sociaux par l'intermédiaire de complots secrets, souvent impliquant des groupes puissants ou des organisations cachées qui manipuleraient la vérité ou agiraient dans leur intérêt propre, au détriment du public. Cela signifie aussi une remise en question l'intégrité et les motivations des élites, des institutions gouvernementales, des entreprises et d'autres organisations influentes, les présentant souvent comme manipulatrices et malveillantes. Les personnes qui adhèrent au complotisme cherchent des motifs cachés, souvent néfastes, derrière des événements ou des faits qui sont généralement considérés comme résultant de causes plus simples ou évidentes. Les adeptes du complotisme ont souvent un fort scepticisme envers les sources d'information conventionnelles, comme les gouvernements, les médias, les experts et les scientifiques, qu'ils considèrent comme peu fiables ou manipulés. Ils ont tendance à sélectionner et à accepter des informations qui confirment leurs croyances préexistantes, tout en rejetant ou en minimisant celles qui les contredisent. Ils construisent souvent des narrations alternatives basées sur des preuves anecdotiques, des interprétations subjectives et des corrélations causales non étayées. Internet et les réseaux sociaux ont facilité la diffusion rapide des théories du complot en permettant aux individus partageant des croyances similaires de se regrouper et d'amplifier leurs idées. En produisant de la désinformation, le complotisme peut avoir des conséquences néfastes sur la santé publique et la cohésion sociale. (Post-vérité).

Comportement. - Ensemble des actions, réactions et réponses observables d'un individu ou d'un groupe d'individus dans une variété de contextes.Le comportement englobe la manière dont une personne agit, parle, interagit avec son environnement, les autres personnes et elle-même. Il peut être influencé par divers facteurs, comme les traits de personnalité, les émotions, les motivations, les normes sociales, les valeurs, les croyances, et les circonstances environnementales. L'étude du comportement appartient à la psychologie, la sociologie et l'éthologie (étude du comportement animal).

Composé (de Composer, de componere = cum-ponere = mettre ensemble) ce qui est formé de plusieurs parties ou de plusieurs termes.  - Distinctions : a) Composé physique :  résulte de parties physiques : ainsi l'humain est composé d'organes, eux-mêmes composés de tissus, etc. - b) Composé métaphysique : résulte de parties métaphysiques : ainsi l'humain est composé de puissance et d'acte, d'essence et d'existence. - c) Composé logique résulte de parties logiques : ainsi l'humain encore est composé de genre et de différence, d'animalité et de raison. d) Composé substantiel : il est formé de parties réunies en une même substance : ainsi la plante, l'animal. e) Composé, accidentel : il est formé de parties unies seulement d'une manière accidentelle : ainsi les composés artificiels, une maison, un tas de pierres. f) Sens composé (sensus composatus) : pour Descartes,  représente l'ensemble de la perception, y compris la perception correcte et trompeuse, une fois qu'elle est intégrée dans notre esprit. Le philosophe a suggéré que notre esprit est responsable de la synthèse de toutes nos perceptions sensorielles pour former une image cohérente du monde. Même si les sens peuvent être trompeurs, l'esprit a la capacité de discerner les erreurs et de former une compréhension plus précise. S'opposes à Sens divisé.

Composantes. - Parties qui constituent un objet mathématique plus vaste. La manière dont ces composantes sont organisées, mesurées ou combinées dépend du contexte mathématique spécifique dans lequel elles sont utilisées. - Ainsi, une matrice est une structure rectangulaire d'éléments numériques. Les composantes d'une matrice sont les valeurs individuelles qui la composent. - Un vecteur est souvent défini par ses composantes. Par exemple, dans un espace tridimensionnel, un vecteur peut être décrit par trois composantes, généralement notées (x, y, z). - Un vecteur propre d'une matrice est un vecteur qui est multiplié par un scalaire (la valeur propre) lorsqu'il est transformé par la matrice. Les composantes d'un vecteur propre sont les éléments du vecteur. - Les composantes de coordonnées se réfèrent aux valeurs numériques qui décrivent la position d'un point dans un espace à plusieurs dimensions. Par exemple, dans un espace bidimensionnel, les composantes de coordonnées d'un point peuvent être (x, y). - Les composantes d'un polynôme sont les coefficients des termes individuels. - Dans la théorie des ensembles, un ensemble est constitué de ses éléments individuels qui sont ses composantes. - Dans la théorie des graphes, un graphe est constitué de sommets (ou nœuds) et d'arêtes (ou liens) qui les relient. Les sommets et les arêtes sont les composantes d'un graphe.

Composition. En logique, ce mot s'entend de l'art de disposer les idées ou les matières dans l'ordre qu'elles doivent garder entre elles, suivant leur nature, leur caractère et le but qu'on se propose. 

Le sophisme de composition consiste à affirmer, des choses jointes ensemble, ce qui n'est vrai que quand elles sont prises séparément, à confondre les uns avec les autres des objets divers par l'espèce, ou des faits distincts par le lieu ou par le temps.

En grammaire, la composition des mots consiste à fondre, à combiner deux ou plusieurs mots en un seul, terminé par une désinence unique qui appartient au mot tout entier et lui donne de l'unité (Mots composés), ou à joindre aux mots certains affixes qui en modifient la valeur ou le sens.

En littérature, la composition est l'ensemble des opérations qui constituent l'art d'écrire. (B.).

Composition (Compositio, de compositum, supin de componere = mettre ensemble). - Union de parties destinées à ne former qu'un tout. La composition suppose donc l'imperfection dans les parties prises isolément. - L'union, au contraire, peut exister entre des êtres parfaits en eux-mêmes avant tout rapprochement.

Composition (loi de). - En mathématiques, c'est une application qui à tout couple (a,b) d'éléments appartenant respectivement à deux ensembles E et F fait correspondre un élément de E. Si E = F, on parle de loi de composition interne; sinon, il s'agit d'une loi de composition externe. Les lois de composition peuvent avoir diverses propriétés (commutativité, associativité, distributivité).

Composition des applications. - Soit deux applications f et g  telles que f : E ' F et g : G ' H (l'ensemble F étant supposé inclus ou égal à G). Ce qu'on appelle la composition des applications f et g correspondra alors aux deux étapes suivants : 1°)  f associe à tout élément x de E un élément noté f(x) de F; 2° g associe encuite f(x) a un élément de H noté g(f(x)). Il résulte de là que la composition fait apparaître une nouvelle application, notée gof (lire "g rond f"), telle que gof : E ' H. 

Compossible (du latin scolastique compossibilis, de cum = ensemble; possibilis  = possible). - Pour les Scolastiques, c'est la simultanéité de plusieurs possibles. Leibniz dit que tous les possibles ne sont pas compossibles, pour signifier que tous les possibles ne sont pas simultanément réalisables dans le même monde.

Compréhensif. - Qui embrasse  ou « comprend » un ensemble d'élements ou de termes dans une même idée. 

 Compréhension (Comprehensivus, Comprehensio, de Comprehensum, supin de comprehendere = cum-prehendere = prendre avec). - Acte ou faculté de comprendre. La compréhension implique généralement la capacité d'appréhender, d'interpréter et de donner un sens à quelque chose, que ce soit une idée, un concept, un phénomène, un texte ou une réalité. Cependant, la compréhension peut dépasser la simple accumulation de faits ou d'informations pour inclure une appréciation plus profonde du sens et de la signification. Certains philosophes, comme Platon, ont soutenu que la vérité était la condition préalable à la compréhension. D'autres, comme les pragmatistes, ont fait valoir que la compréhension était une partie intégrante de la recherche de la vérité. De leur côté, les philosophes de l'herméneutique ont mis en lumière l'importance de l'interprétation dans le processus de compréhension. Ils ont insisté sur la manière dont les préjugés, les contextes historiques et culturels, et les interprétations influencent la manière dont nous comprenons. La compréhension est également étroitement liée au contexte. Comprendre quelque chose signifie souvent le situer dans un contexte plus large, que ce soit un contexte historique, culturel, linguistique ou conceptuel.

Comprendre (Comprehendere = prendre avec) : ce mot signifie, entendu a) largement : saisir le sens de quelque chose; - b) strictement : saisir la nature ou la raison de quelque chose.

Compromis. - Accord ou résolution de conflit dans lequel deux parties acceptent de renoncer partiellement à leurs positions, souvent opposées, afin de parvenir à un résultat accepté par les deux parties. Le compromis apparaît ainsi comme une réponse pragmatique aux conflits et aux dilemmes, qui implique la  reconnaissance que des solutions idéales ou parfaites peuvent être hors de portée. Dans le domaine de l'éthique, le concept de compromis s'aborde alors en termes de résolution de dilemmes moraux. De tels dilemnes surviennent lorsque des valeurs ou des principes éthiques entrent en conflit, obligeant une personne à faire des compromis en renonçant à certains principes fondamentaux pour prendre une décision. La philosophie politique aborde souvent la question du compromis en relation avec la gouvernance et la prise de décision politique. Les démocraties, par exemple, sont fondées sur le compromis, car elles impliquent que des groupes divers aient à trouver un terrain d'entente pour gouverner ensemble. Le contractualisme (V. ci-dessous), par exemple, se penche sur la question de savoir comment les individus peuvent négocier des compromis sociaux pour vivre ensemble dans une société. 

Computationalisme. - Perspective philosophique et cognitive qui suggère que les processus mentaux peuvent être expliqués en termes de mécanismes computationnels. En d'autres termes, que l'esprit peut être compris comme fonctionnant de manière similaire à un ordinateur, traitant l'information à travers des algorithmes et des représentations symboliques. Cette perspective a des implications importantes dans des domaines tels que l'intelligence artificielle et les sciences cognitives. Les partisans du computationalisme estiment que les fonctions cognitives humaines peuvent être modélisées ou simulées en utilisant des processus computationnels.

Comtisme. - Philosophie d'Auguste Comte., qui t considéré comme le fondateur du Positivisme, un courant philosophique qui met l'accent sur l'importance de l'observation empirique, de la science et de la méthode scientifique pour comprendre le monde. Ce qui caractérise le positivisme d'Auguste Comte c'est l'importance qu'il accorde à la primauté de la science et de la méthode scientifique comme moyen de comprendre la réalité. Comte a encouragé l'observation empirique, l'expérimentation et l'analyse des faits concrets. Il a cherché par exemple à appliquer la méthode scientifique à l'étude de la société et des phénomènes sociaux. Sa vision de la sociologie était basée sur l'idée de comprendre les lois et les régularités sociales de manière empirique. Cela l'a aussi conduit à énoncer la loi des trois états pour décrire l'évolution de la pensée humaine, qui passerait d'abord par l'état théologique ou fictif, puis par l'état métaphysique ou abstrait, et enfin par  l'état positif ou scientifique. Comte a, par ailleurs, développé la notion de la religion de l'Humanité en tant que système de croyance laïque qui servirait de base morale et sociale à la société. Il a proposé des rituels et des cérémonies pour promouvoir la solidarité et la coopération au sein de la société.

Conatif (de Conatum, supin de conari = s'efforcer) : caractéristique des faits volitifs d'après Hamilton.

Conation (de Conatio, de conari, conatum = s'efforcer). Mot usité chez les philosophes de langue anglaise. Certains voudraient l'employer en français pour signifier l'effort ou la tendance prise dans un sens indéterminé.

Conatus. - Concept développé par Spinoza dans son Éthique (1677). Pour lui, le conatus est l'effort naturel et intrinsèque de chaque chose à persévérer dans son existence. C'est un principe fondamental qui anime tous les êtres. Il représente l'impulsion qui pousse les êtres à maintenir leur existence, à se développer, à se reproduire et à éviter la destruction. Chaque individu, qu'il soit une plante, un animal ou un être humain, possède un conatus, c'est-à-dire cette force ou cette tendance innée à persévérer dans sa propre existence. ans la philosophie de Spinoza, le conatus est lié à sa conception déterministe de la réalité. Il soutient que tout ce qui se produit dans l'univers est déterminé par des lois de la nature, et le conatus lui-même est soumis à ces lois. Cela signifie que les individus agissent en fonction de leur conatus de manière prévisible et déterminée par des causes naturelles. Le conatus est également lié à des concepts tels que l'amour et la joie : les êtres humains éprouvent de la joie lorsqu'ils agissent conformément à leur conatus, c'est-à-dire lorsqu'ils persévèrent dans leur existence et poursuivent ce qui contribue à leur bien-être. À l'inverse, la tristesse survient lorsque les individus vont à l'encontre de leur conatus.

Concentration. - Expression figurée, employée en philosophie et en psychologie pour désigner l'effort par lequel, à un moment donné, nous appliquons exclusivement, à un objet déterminé, toute l'énergie d'une de nos facultés; ainsi l'on dit qu'il y a concentration de la conscience ou que la conscience se concentre sur les phénomènes de la vie intérieure pour en saisir le développement (autres expressions figurées) et en découvrir les lois. La concentration, en ce sens, est l'effet de la volonté et caractérise toutes les opérations de l'esprit dans lesquelles nous nous rendons attentifs. Jouffroy, dans une théorie ingénieuse de la sensibilité (Mélanges philosophiques : De l'amour de soi), a nommé concentration, par opposition au mouvement expansif, dit-il, qui suit la sensation agréable, « le mouvement réactif par lequel la sensibilité  désagréablement affectée se resserre en elle-même. » Sans condamner d'une manière absolue l'usage de ces métaphores, dont Aristote déjà reprochait à Platon d'abuser, mais auxquelles le langage philosophique, de même que le langage ordinaire, est contraint à chaque instant d'avoir recours, faute d'expressions propres et abstraites, nous avons à dire qu'il est bon de les éviter autant que possible, ou tout ou moins de se tenir en garde contre une interprétation trop littérale, de peur de prendre pour l'expression exacte des faits, ce qui ne les représente qu'en vertu d'une analogie plus ou moins éloignée. (B-E.).

Concept (Conceptus, de conceptum, supin de concipere = cum-capere = prendre à la fois, concevoir). - Lidée abstraite et général, l'idée, l'appréhension qui sert ensuite de matière au jugement. Dans la philosophie de Kant, le concept (Begriff) est une notion générale sans être absolue. Kant distingue : 1° les concepts purs de l'entendement, c'est-à-dire ceux qui, d'après lui, sont indépendants de l'expérience ; ce sont les catégories; 2° les concepts empiriques, qui doivent tout à l'expérience : ainsi les notions de couleur et de plaisir; 3° les concepts mixtes. - Distinction : Concept formel, concept objectif. Le premier, qui est le verbe mental, est l'idée en elle-même, considérée comme un principe et un moyen de connaissance. Le second c'est l'idée considérée dans ce qu'elle exprime. Les concepts formels sont l'objet de la logique; les concepts objectifs sont l'objet de la métaphysique.

Conception (Conceptio, de conceptum, supin de concipere = prendre, saisir, recueillir) : a) Opération intellectuelle par opposition à celles de l'imagination et des sens : la connaissance du monde est une conception de l'esprit. - b) Opération qui consiste à former ou à saisir un concept.

Conceptionnisme (de Conception). - 1) Façon d'expliquer la perception extérieure par opposition au perceptionnisme ou perception immédiate. Le conceptionnisme affirme que les idées, les concepts et la connaissance ne sont pas uniquement dérivés de l'expérience sensorielle, mais sont le produit d'une activité intellectuelle, d'une conceptualisation et d'une interprétation. Les conceptionnistes soutiennent que notre esprit joue un rôle actif dans la construction de la réalité et de la connaissance. Ils insistent sur le fait que les idées ne sont pas simplement une réflexion passive des impressions sensorielles. Cette perspective peut être liée à l'idéalisme ou au constructivisme, qui affirment que la réalité dépend de la manière dont elle est interprétée par l'esprit humain. - 2) Idée selon laquelle la réalité, en particulier les aspects ordonnés de la nature, est le produit d'un acte de conception ou de création intellectuelle. Le conceptionnisme est souvent associé à des croyances religieuses ou métaphysiques qui soutiennent que l'univers est le résultat d'une intention ou d'un dessein divin. 

Conceptualisation. - Processus de création de concepts, qui sont des idées abstraites ou des représentations mentales générales qui regroupent et organisent des informations, des expériences et des objets similaires en catégories ou en notions distinctes. C'est un élément clé dans la manière dont nous comprenons et interagissons avec le monde qui nous entoure, en nous permettant de simplifier et de donner un sens à la complexité de notre environnement. La formation de concepts implique d'identifier des caractéristiques communes ou des modèles récurrents parmi les objets, les idées ou les expériences. La conceptualisation consiste ainsi à abstraire des caractéristiques importantes des objets ou des expériences et à ignorer les détails spécifiques qui ne sont pas pertinents pour le concept en question. Les concepts résultent souvent de la généralisation, où des expériences individuelles sont regroupées en un concept plus large qui représente une classe d'objets ou d'idées similaires. La catégorisation apparaît alors comme un élément central de la conceptualisation. Le langage joue un rôle essentiel dans le processus de conceptualisation, car il nous permet d'exprimer et de communiquer nos concepts, de les affiner et de les enrichir à travers des interactions sociales et culturelles. La conceptualisation aide à adapter nos processus cognitifs en nous permettant de gérer des informations complexes, de résoudre des problèmes et de prendre des décisions. La culture et la société dans lesquelles nous vivons influent sur la manière dont nous conceptualisons le monde en nous fournissant des schémas, des normes et des valeurs spécifiques. Il s'ensuit que  les concepts, au même titre que les valeurs et les normes, peuvent évoluer et se modifier avec le temps en réponse à de nouvelles informations, à des changements sociaux et culturels, et à des avancées dans la compréhension humaine.

Conceptualisme (du latin scolastique Conceptualis, de Conceptus = concept). -  On appelle ainsi le système d'Abélard, qui essaya de trouver un moyen terme entre le nominalisme et le réalisme : nos idées générales ou universaux sont, selon Abélard, plus que de simples noms (nominialisme), sans avoir pourtant de réalisé correspondante hors de l'esprit (réalisme}; leur réalité, qui est indéniable, est toute subjective, car ce sont des conceptions très réelles de notre esprit. Sous les mots, il y a un sens, un concept. Le conceptualisme n'est qu'un nominalisme déguisé.

On a aussi appelé conceptualisme la doctrine de Kant sur la nature des idées générales.

Concevable, Concevabilité (de Concevoir, de concipere). - Est concevable ce qui peut être imaginé ou pensé de manière cohérente, même si cela ne signifie pas nécessairement que cette chose est réelle ou possible dans le monde réel. Par exemple, il est concevable d'imaginer une licorne, bien que les licornes n'existent pas dans le monde réel. La concevabilité est souvent utilisée dans le raisonnement philosophique pour étudier des possibilités et des limites conceptuelles. Descartes suggère par exemple que le simple fait de pouvoir concevoir quelque chose (même si c'est très improbable ou paradoxal) peut révéler des aspects de la connaissance et de la vérité. Il imagine ainsi l'existence d'un malin génie trompeur, bien que cela puisse sembler improbable, mais cela lui sert pour son élucidation des notions de certitude et du doute. Une question souvent abordée de nos jours en philosophie de l'esprit comme en épistémologie est celle de la relation entre la concevabilité et la possibilité. Est-ce que ce qui est concevable est nécessairement possible? En d'autres termes, est-ce que tout ce que nous pouvons concevoir dans notre esprit peut être réalisé dans le monde réel? 

Concevabilité (argument de). -  Argument reposant sur le principe selon lequel tout ce qui est concevable est possible. Chalmers a formulé l'argument de la possibilité concevable en mettant en avant que si nous pouvons concevoir mentalement un zombie sans contradiction, cela suggère que la conscience est potentiellement distincte de la matière et que les arguments physiques et fonctionnels ne suffisent pas à expliquer la conscience. Cette idée a conduit à la distinction entre les aspects matériels et phénoménaux de la conscience. Elle  a également des implications pour les discussions sur le problème difficile de la conscience, c'est-à-dire la question de savoir pourquoi et comment nous avons des expériences subjectives.

Conchyliologie (zoologie). - Science des coquilles; ce terme pris dans son acception la plus générale comprendrait non seulement les Mollusquesà coquille externe ou interne, mais encore un grand nombre de Protozoaires, d'Echinodermes, de Vers, etc., dont le test ou l'enveloppe protectrice a plus ou moins la consistance et souvent la forme d'une coquille. Employé sensu stricto, ce mot désigne simplement les Mollusques.

Conciliation (Conciliatio, de cocciliatum, supin de conciliare = réunir; de cum = avec; calare = appeler) : elle consiste à dégager de chaque système « l'âme de vérité » qu'il peut contenir. C'est ce que les Anglaisnomment une doctrine de « reconciliation », qui équivaut à un éclectisme tempéré.

Concluant, Conclusion (Conclusio, de conclusum, supin de concludere = cum-claudere = enfermer, terminer). - La conclusion est une proposition qui résulte de propositions posées comme prémisses. Conclusion se dit, dans un sens étendu, des conséquences de toute espèce de raisonnement, mais s'applique plus spécialement aux conséquences du raisonnement déductif et du syllogisme. Dans le syllogisme, la conclusion énonce le rapport trouvé entre un certain sujet (petit terme) et un certain attribut (grand terme) à l'aide du moyen terme. On ignore si C peut être attribué à A en totalité; mais on sait d'avance ou l'on peut s'assurer facilement qu'il peut être attribué à B, et B de la même manière à A; on en conclut que C peut être attribué à A : 

Tout A est B;
Tout B est C :
Donc tout A est C.
La conclusion dérive nécessairement des prémisses; et les rapports de ses termes, par suite la nature de la conclusion elle-même, varient suivant les rapports exprimés dans les prémisses. Ce serait une erreur de croire que n'importe quelles propositions rapprochées l'une de l'autre puissent toujours servir de prémisses et donner une conclusion. Ainsi, de ce que nul A n'est B et nul B n'est C, on ne peut rien conclure du rapport de A et de C. (B-E)

Concomitance, Concomitant(Concomitani, accompagner; de cum, avec; comitari = suivre; de comes, comitis, de cum-ire, -itum = aller avec), en termes de philosophie, réunion de deux phénomènes dont l'un accompagne l'autre en un même point de l'espace. Elle diffère de la simultanéité, qui est l'état de deux choses existantes dans un même temps. Dans la théologie de l'Église catholique, concomitance se dit de la coexistence indivise du corps et du sang de Jésus sous chacune des espèces eucharistiques. (B.).

Concordance (méthode de). - 1) Approche d'analyse textuelle qui vise à identifier des motifs, des thèmes ou des idées récurrentes dans un corpus de textes. Elle est souvent utilisée en recherche qualitative, en analyse littéraire, en herméneutique, en sciences sociales et dans d'autres domaines où l'analyse de texte est pertinente. - 2) En épistémologie, la méthode de concordance est une approche de la recherche qui consiste à examiner différentes sources, méthodes ou points de vue pour identifier des concordances ou des consensus en ce qui concerne une question ou un sujet donné. Cette méthode est souvent utilisée pour évaluer la validité, la fiabilité ou la crédibilité des informations ou des résultats en confrontant différentes perspectives.

Concordance et de différence (méthode de). - Approche épistémologique inductive développée par John Stuart Mill, notamment exposée dans son Système de logique déductive et inductive (1843). Elle est conçue pour évaluer la causalité en examinant les concordances (corrélations) et les différences (absence de corrélations) entre différents événements ou phénomènes. La première étape consiste à rechercher des cas où un phénomène A (par exemple, une cause présumée) est présent et où un phénomène B (par exemple, un effet présumé) se produit également. Si, à plusieurs reprises, la présence de A est suivie par la présence de B, on parle de concordance. Cette répétition de corrélation entre A et B suggère une relation potentielle de cause à effet. Ensuite, il faut examiner des cas où A est absent et vérifier si B est également absent. Si, à plusieurs reprises, l'absence de A est suivie de l'absence de B, cela indique une absence de corrélation, ce qui renforce l'hypothèse de la relation de cause à effet. On ajoute à cela la méthode de la variation concomitante qui consiste à vérifier si, lorsque A varie, B varie également de manière correspondante. Si une augmentation de A s'accompagne d'une augmentation de B, et une diminution de A s'accompagne d'une diminution de B, cela renforce également l'idée d'une relation de cause à effet. Une autre étape est la méthode des résidus. Celle-ci  implique de soustraire les effets de toutes les causes connues (C, D, E, etc.) sur B et d'observer s'il reste une variation résiduelle que l'on peut attribuer à A. Si cette variation résiduelle est cohérente avec l'effet attendu de A, cela renforce encore davantage l'hypothèse de la relation de cause à effet. L'objectif final de cette méthode est de construire une argumentation solide en faveur de la causalité entre A et B. Mill a également introduit la notion de "conjonction de conditions" pour expliquer que la cause est généralement une combinaison de facteurs et non pas un seul facteur isolé. La méthode de concordance et de différence n'apporte pas nécessairement une preuve définitive de causalité et est sujette à des limitations, notamment la nécessité d'examiner toutes les variables pertinentes et de prendre en compte d'autres causes possibles.

Concret (Concretus, de concretum, supin de concrescere = cum-crescere = s'accroître par réunion, se condenser) : c'est le réel, l'individuel. - Mot opposé à abstrait, et qui se dit, en logique, des idées que nous concevons à l'imitation des objets réels, sans opérer mentalement la séparation de la substance et des différents modes. Toute idée individuelle est concrète; car la réunion de divers attributs à une substance déterminée est nécessaire pour constituer l'individu, et cette réunion doit être maintenue dans l'idée que nous concevons de celui-ci. Au contraire, toute idée générale est abstraite, l'esprit, pour la former, étant obligé de séparer au moins de l'idée des attributs propres à chaque individu celle des caractères communs au genre tout entier et par lesquels on le définit.

En grammaire, le concret est la qualité considérée dans un sujet; la beauté, le beau, sont des termes abstraits; mais une belle ville, un beau jardin, sont des termes concrets. Quelques grammairiens appellent concrets les verbes attributifs, par opposition au verbe substantif, qu'ils appellent abstrait. Quelquefois un terme abstrait suivi d'un déterminatif joue le rôle du concret, surtout dans le style poétique grec et latinlabor Herculeus est équivalent de laboriosus Hercules. (B.).

Concrétion (Concretio = agrégation, de concretum, supin de concrescere = se condenser) : Opération pur laquelle l'esprit, à ses débuts et d'une manière généralement inconsciente, a construit le tout dit concret, que l'abstraction, et l'analyse décomposeront plus tard.

Concupiscence (concupiscentia, de concupiscere =- cum-cupiscere, de cupere = désirer ardemment, convoiter) :  a) les Scolastiques emploient ce mot pour distinguer les appétits sensibles ou passions qui s'opposent aux tendances raisonnables. - b) Désir ardent et égoïste. 

Concupiscible (du latin scolastique Concupiscibilis, qui peut être convoité) ce qui est le principe du désir, ce qui pousse à convoiter. 

Concurrence (de Concurrent, de Concurrens, de concurrere = cum-currere = courir ensemble) : lutte entre deux tendances qui s'efforcent de se supplanter l'une l'autre.

Condillacisme (deCondillacus, traduction latine de Condillac). - Système de Condillac, appelé encore système de la sensation transformée (Sensualisme). Condillac soutient que toute connaissance découle de l'expérience sensorielle, que la source de toute connaissance réside dans l'expérience et l'observation du monde extérieur. Il distingue ainsi entre deux étapes de la perception et de la connaissance. La première étape est celle de la sensation, où les données sensorielles brutes sont perçues. La deuxième étape est celle de la réflexion, où les impressions sensorielles sont transformées en idées, concepts et pensées. Condillac affirme par ailleurs que le langage est essentiel pour organiser et structurer la pensée. Selon lui, les concepts et les idées abstraites se développent à partir des noms de sensations et d'actions, et le langage est l'instrument qui permet de formuler et de communiquer ces concepts. Le philosophe a également discuté du statut des idées abstraites, affirmant que toutes les idées abstraites peuvent être réduites à des idées basées sur l'expérience sensorielle.En ce sens le condillacisme peut être considéré comme une forme de réductionnisme épistémologique.

Condition (Conditio, Condicio = convention; condition, de cum = avec; dicere) : a) Ce qui enlève l'obstacle à l'activité de la cause. - b) Ce dont la présence est nécessaire pour que quelque chose existe (pour Kant, par exemple, le temps et l'espace sont les conditions de l'expérience. - c) Assertion de laquelle une autre dépend, de sorte que, si la première est fausse, la seconde l'est aussi  (ex. : jugement conditionnel ou hypothétique : S'il est jour, il fait clair). - d) Manière d'être, situation : ex. : condition des femmes.

Conditionné (adjectif participe de Conditionner) : ce qui est soumis à certaines conditions, comme le relatif. - Pour Hamilton : le conditionné c'est « ce qui dépend de quelque chose d'autre quant à son être. » Il énonce ainsi la Loi du conditionné : « Penser, c'est conditionner-» ( « To think is to condition »). - D'après Kant, le conditionné c'est le conséquent considéré dans sa dépendance de l'antécédent. - S'oppose à Inconditionné.

Conditionnel (Conditionalis, Condicionalis, de conditio, condicio) : ce qui dépend d'une condition.

Conditionnel (syllogisme)  : espèce de syllogisme conjonctif qui a pour majeure une proposition conditionnelle : "Si l'âme est spirituelle, elle est immortelle; or, elle est spirituelle, donc, etc. ".

Conditionnelle (proposition). - C'est une proposition subordonnée exprimant dans quel cas ou à quelle condition a lieu ou aurait lieu ce qui est énoncé par la proposition principale. Ex. : "Si nous voulons jouir de la paix, il faut faire la guerre. - La mémoire se fortifie, à condition que vous l'exerciez. - Je refuserai son offre, dût-il se fâcher. » La proposition dont dépend la proposition conditionnelle a son verbe au conditionnel, lorsque celui de la proposition conditionnelle a le sien à l'imparfait ou au plus-que-parfait : « Je serais venu, si vous l'aviez ordonné :- J'accepterais ses offres, si elles étaient honorables. » Quelquefois la proposition conditionnelle prend le tour interrogatif : « Ils ne viendront pas? On agira sans eux. - Voudriez-vous nous tromper? Nos précautions sont prises. » C'est comme s'il y avait : « S'ils ne viennent pas ; si vous vouliez nous tromper. » (P).

Conditionnement. - En psychologie, c'est : a) la pratique qui consiste à obtenir un comportement particulier à partir d'un stimulus donné. - b) le résultat de cette pratique.

ConductismeBehaviorisme.

Conduite (Substantif participe de Conduire, de conducere = cum-ducere = mener ensemble). Manière d'agir ou de réagir de manière à s'adapter à une situation spécifique ou à des circonstances précises.

Cône. - Volume engendré par la révolution autour d'un axe d'un triangle rectangle.

Confiance. - Concept qui fait référence à la croyance ou à l'assurance envers la fiabilité, la vérité, la force ou l'intégrité d'une personne, d'un groupe, d'une idée, d'une entité ou d'un système. La confiance repose souvent sur l'expérience passée, la fiabilité démontrée, la réputation, l'intégrité perçue et les interactions précédentes avec la personne ou l'entité en question. Dans les relations personnelles et professionnelles, la confiance implique la croyance en la loyauté, l'honnêteté, la compétence et le respect mutuel entre les individus. La confiance peut être placée dans des institutions telles que le gouvernement, les médias, les organisations et les entreprises. Elle repose souvent sur la transparence, l'impartialité, la responsabilité et la légitimité perçue de ces institutions. La confiance joue un rôle important dans le contrat social qui régit la coopération et l'interaction entre les membres d'une société. Elle est cruciale pour le fonctionnement harmonieux de la société. La confiance en soi un autre aspect de la confiance. C'est la croyance en ses propres capacités, compétences et valeur en tant qu'individu. La confiance peut être brisée et nécessite parfois du temps et des efforts pour être reconstruite.

Confirmation. - Processus par lequel une proposition, une hypothèse ou une théorie est renforcée ou validée en fonction des preuves, des observations ou des données disponibles. La confirmation joue un rôle essentiel dans la méthode scientifique et dans la philosophie de la connaissance (épistémologie). L'un des problèmes classiques liés à la confirmation est le problème de l'induction. David Hume a notamment soulevé ce problème, qui remet en question la validité de l'induction pour confirmer des généralisations. Selon Hume, il est impossible de déduire des généralisations à partir d'observations individuelles, ce qui pose un défi majeur pour la confirmation inductive. Une approche contemporaine de la confirmation repose sur la théorie de la probabilité bayésienne (Théorème de Bayes). Selon cette approche, la confirmation est quantifiable et peut être calculée à l'aide du calcul des probabilités. La théorie bayésienne de la confirmation permet d'évaluer les preuves et d'ajuster les croyances en fonction des nouvelles données. La question de la confirmation est souvent liée au débat entre la vérification et la falsification. Elle est également est souvent liée à la révision des croyances. Lorsque de nouvelles preuves ou observations confirment une hypothèse, les individus sont généralement encouragés à maintenir cette hypothèse comme vraie. Cependant, si les preuves contredisent l'hypothèse, il peut être nécessaire de réviser ou de rejeter cette hypothèse.

Conflit (Conflictus, de conflictum, supin de confligere = cum-fligere = heurter). - Opposition et lutte entre deux pouvoirs ou deux principes à propos d'un même objet. - Conflit : a) des droits; b) des devoirs; - c) de deux pouvoirs, qui émettent sur nn même point des prétentions opposées. - Conflit « de la raison avec elle-même » : c'est pour Kant l'ensemble des contradictions où tombe la raison, quand elle s'efforce de rattacher les phénomènes à un inconditionné, d'où ils dépendraient tous comme conditionnés c'est le heurt des antinomies

Confucianisme. - Tradition philosophique chinoise, qui repose  sur les enseignements et les idées de Confucius (VIe siècle av. JC).

Confus (Confusus, de confusum, supin de confundere = cum-fundere, mélanger). - Concept, ou perception, dont le contenu est mal défini. - S'oppose chez les Cartésiens à Distinct. - Le terme est généralement utilisé pour décrire un état d'esprit dans lequel la compréhension ou la perception d'une idée, d'un concept ou d'une situation est trouble, imprécise ou ambiguë. Le concept soulève des questions sur la clarté, la compréhension et la formation de croyances justifiées et aussi sur la manière dont les croyances confuses peuvent influencer la prise de décision.

Confusion (Confusio, de confusum, supin de confundere = cum-fundere = mélanger). - Acte par lequel l'esprit confond en un seul deux concepts distincts. En philosophie de l'esprit, la confusion cognitive désigne un état mental où les croyances, les concepts ou les idées sont mal définis, incohérents ou ambigus.  - Les philosophes de la perception étudient la façon dont les sens et l'expérience influencent la compréhension du monde. En épistémologie, la confusion peut être liée à la question de la validité et de la fiabilité de la connaissance. Les épistémologues se demandent comment nous pouvons distinguer la connaissance claire et bien fondée de la croyance confuse et non fondée. Ils s'interrogent également sur la manière dont les erreurs cognitives et les biais de confirmation peuvent conduire à la confusion dans le processus de formation des croyances. Les philosophes moraux se penchent sur les situations où des choix moraux peuvent sembler confus, car ils impliquent des dilemmes éthiques difficiles. Les philosophes de l'éducation s'intéressent à la façon dont l'enseignement peut contribuer à la clarification de la pensée et à la réduction de la confusion chez les apprenants. Les philosophes du langage examinent comment la sémantique, la signification des mots et la logique peuvent contribuer à clarifier ou à embrouiller la communication. De façon générale, la question de la confusion est, pour les philosophes, celle de la possibilité et des moyens de surmonter  la confusion afin de parvenir à une compréhension plus précise et plus éclairée du monde qui nous entoure. 

Congénital (de Congenitus = cum-genitus = né avec) : se dit de tout caractère, qui existe chez un individu dès sa naissance, par opposition au caractère acquis dans le cours de son développement ultérieur.

Congruence (mathématiques). - Quand deux nombres sont tels que leur différence est un multiple d'un nombre donné, on dit qu'ils sont congrus; le nombre qui divise leur différence s'appelle module. Le signe de congruence est formé de trois traits horizontaux (); ainsi, AB veut dire que les deux nombres A et B sont congrus ou congruents entre eux. La théorie des congruents a été donnée par Gauss dans le célèbre ouvrage Disquisitiones arithmeticae.

Coniques (sections). - Figures formées par l'intersection d'un plan avec un cône. Ce sont le cercle, l'ellipse, la parabole, l'hyperbole.

Conjonctif (syllogisme) (Conjonctivus, de conjuctum, supin de conjungere = cum-jungere = atteler ensemble) : syllogisme où le moyen terme est joint aux deux autres termes, non pas seulement successivement dans la majeure et dans la mineure, mais simultanément dans la majeure, de telle sorte que celle-ci contient d'avance toute la conclusion

" Si un État électif est sujet aux divisions, il n'est pas de longue durée; or, un État électif est sujet aux divisions; donc il n'est pas de longue durée "
On distingue trois sortes de syllogismes conjonctifs : 
1° le syllogisme conditionnel, dont le précédent est un exemple;

2° le syllogisme disjonctif, qui a pour type le dilemme;

3° le syllogisme copulatif.

Conjonction. - Opération qui connecte deux propositions, indiquant que les deux propositions doivent être vraies pour que la proposition globale soit vraie.  La conjonction est généralement représentée par la particule connective (connecteur lognique) et, ou par les symboles ∧ ou . Par exemple, si A représente "Il pleut" et B représente "Il fait froid", alors A ∧ B signifie "Il pleut et il fait froid".

Connaissance (de Connaître) : 

a) Subjectivement : acte de la pensée qui prend un objet en tant qu'objet de représentation. 

b) Objectivement : ce même acte considéré en tant qu'il représente plus ou moins le contenu de l'objet. 

c) Contenu de la connaissance  (ex.-: l'ensemble des connaissances humaines).

La connaissance, en tant qu'acte propre de l'intelligence, peut donc se diviser comme les notions et les idées : connaissance abstractive, intuitive, discursive. Plus généralement on distingue la connaissance sensible et la connaissance rationnelle, c'est-à-dire la connaissance par les sens et par la raison.

Quand on joint au mot connaissance l'épithète intuitive, on veut désigner la connaissance immédiate, sans intermédiaires, par vue directe de l'esprit; quand on emploie l'épithète discursive, on veut indiquer la connaissance indirecte et démontrée; enfin l'épithète compréhensive ou adéquate s'applique à la connaissance complète de l'objet connu. Comme «-nous ne savons le tout de rien », il y a peu de connaissances adéquates.

On appelle théorie de la connaissance les recherches qui ont pour but d'expliquer l'origine de nos idées, la source première des principes directeurs de la faculté de connaître. Elle énumère nos idées premières et formule les principes de la raison; elle donne aussi le criterium de la vérité et les règles essentielles de la démonstration, sans se confondre avec la logique proprement dite. Elle a un caractère spécialement métaphysique et psychologique : la psychologie seule peut nous renseigner sur l'origine de nos idées.

Connaître (Cognoscere = cum-gnoscere) : terme générique, qui indique simplement qu'un objet est présenté, présent à l'esprit. Les espèces de ce genre sont : percevoir, concevoir comprendre, etc.

Connective (particule). - 1) En linguistique, élément grammatical ou lexical qui est utilisé pour indiquer les relations entre les éléments (mots et idées) d'une phrase ou d'un texte. Exemples : et, ou que, si, car, donc, malgré, avant, après, etc. - 2) En logique, opérateur logique ou mot qui est utilisé pour connecter des propositions ou des termes  dans une expression. Les particules connectives servent à construire des énoncés complexes à partir de propositions plus simples. Exemples : la conjonction (et), la disjonction (ou), l'implication (si...alors), la négation (non), l'équivalence (si et seulement si), etc. 

Connexe, connexité (Connexus, de connectum, supin de connectere = cum-nectere = lier ensemble). - Terme utilisé dans divers contextes mathématiques, philosophies ou logiques, pour décrire les propriétés de la continuité, de l'absence de lacunes, de la cohérence ou de l'unité. 

a) Mathématiques. - En topologie, un espace topologique est dit connexe s'il ne peut pas être séparé en deux ensembles disjoints non vides par des ouverts : il existe un seul composant connexe dans l'espace topologique, et tout autre découpage conduit à une situation incohérente. - En analyse mathématique, un intervalle est dit connexe s'il ne contient aucun point isolé, : il n'y a pas de lacunes entre les points de l'intervalle. - Dans la théorie des graphes, un graphe est dit connexe s'il existe un chemin reliant chaque paire de sommets : le graphe est un ensemble unique et cohérent, sans parties isolées. -  En géométrie, un espace est dit connexe s'il n'est pas divisé en parties distinctes (par exemple, dans la géométrie euclidienne, un ensemble est dit connexe s'il n'y a pas de points isolés et que chaque paire de points peut être reliée par un segment de droite à l'intérieur de l'ensemble). -  En théorie des ensembles, une partie d'un ensemble est dite connexe si elle ne peut pas être divisée en deux parties disjointes non vides : elle est unitaire et ne peut pas être décomposée en sous-ensembles séparés. - En théorie des ordres partiels, un ensemble partiellement ordonné est dit connexe s'il n'y a pas de paires d'éléments incomparables : pour chaque paire d'éléments de l'ensemble, il existe un chemin (dans la relation d'ordre) qui les relie. 

b) Logique et philosophie. - En logique, la notion de  connexité renvoit à la propriété de certains systèmes de logique ou de raisonnement qui garantit que toutes les propositions ou tous les énoncés peuvent être reliés par des règles de déduction, de manière à ce qu'il soit possible d'établir des relations logiques entre eux. La connexité est liée à la cohérence logique et à la validité des raisonnements. Cette notion est particulièrement pertinente dans le contexte de la logique classique, où les règles de déduction, telles que le modus ponens (si A alors B, A, donc B) et le modus tollens (si A alors B, non B, donc non A), permettent d'établir des relations logiques claires et incontestables entre des propositions (Modus ponens et modus tollens). Cependant, il existe des systèmes logiques non-connexes où toutes les propositions ne peuvent pas nécessairement être reliées de manière cohérente par des règles de déduction. Dans de tels systèmes, certaines propositions peuvent être indépendantes les unes des autres en ce qui concerne leur vérité ou leur fausseté, et les relations logiques entre les propositions peuvent être plus complexes. - La connexité est également liée à la logique propositionnelle et à la logique des prédicats, où les règles de déduction sont utilisées pour établir des conclusions à partir de prémisses. Dans ces systèmes, la validité des raisonnements dépend souvent de la manière dont les propositions sont connectées et de la structure des déductions. - La question de la connexité intéresse aussi la philosophie de la logique et la philosophie de la connaissance, car elle soulève des questions sur la nature des relations logiques et sur la manière dont les raisonnements sont construits. Certains philosophes de la logique ont étudié des systèmes non-connexes pour comprendre les implications de la non-connexité sur la logique et la connaissance.

Connexion (Connexio, de connexum, supin de connectere = cum-nectere = lier ensemble) : nécessité de la liaison entre le sujet et l'attribut. - Nécessité de la liaison entre les prémisses et la conclusion du syllogisme.

Connexionnisme. - Perspective philosophique et épistémologique qui se concentre sur l'étude des systèmes complexes, en particulier les systèmes cognitifs, à travers le prisme des réseaux de connexions. Elle s'appuie sur le paradigme des réseaux de neurones artificiels et sur l'idée que le comportement et la cognition peuvent être expliqués en termes de connexions et d'interactions entre de simples unités de traitement, analogues aux neurones biologiques.

Les modèles cognitifs sont conçus comme des réseaux de neurones interconnectés, où chaque neurone artificiel représente une unité de traitement élémentaire.  Les connexions entre les neurones sont ajustées et renforcées par l'apprentissage supervisé ou non supervisé à partir d'exemples fournis par l'environnement. Le comportement cognitif émerge des interactions  entre les unités de traitement et les connexions dans le réseau. Les propriétés du système global ne sont pas simplement la somme des propriétés individuelles des composants. Les informations et les représentations sont distribuées à travers le réseau, ce qui signifie que différentes parties du réseau contribuent à divers aspects de la représentation et du traitement de l'information.
Cette perspective trouve ses racines dans les travaux de chercheurs comme Warren McCulloch et Walter Pitts dans les années 1940, et elle a été grandement développée depuis lors.

Connotatif, Connotation, Connoter (du latin scolastique Connotare = cum-notare, Supin connotatum = indiquer avec) : la connotation est l'ensemble des caractères impliqués par un terme donné. - Les Scolastiques disaient d'un terme qu'il connote, pour signifier qu'il implique un ensemble de caractères. Stuart Mill leur a emprunté ce mot. - S'oppose à Dénotation.

Conscience '(Conscientia, de conscire = cum-scire = savoir avec). - Faculté qui permet de revenir sur soi-même et de connaître ses états intérieurs, dits états de conscience . - Distinctions :

a) Conscience sensitive : ce n'est autre chose que ce sens commun qui est compté par les scolastiques parmi les sens internes, et en vertu duquel l'humain et les autres animaux sentent qu'ils voient, qu'ils entendent, qu'ils souffrent, etc.

b) Conscience intellectuelle, psychologique, morale : la conscience intellectuelle, qui est la conscience proprement dite, n'est autre chose que l'intelligence en tant qu'elle se prend elle-même pour objet ou considère les actes des autres facultés.

Elle se divise en conscience psychologique (=  perception intuitive qu'a l'esprit de ses états et de ses actes) et en conscience morale. Cette dernière est la faculté qu'a l'humain de porter des jugements sur la valeur morale de ses actes, « l'instinct divin » dont parle Jean-Jacques Rousseau, la « raison pratique » de Kant.

De la différentes expressions ou entre le mot conscience : un examen de conscience est une méditation pratique sur nos actes et leurs intentions; la liberté de conscience est la liberté de se faire une opinion personnelle sur un dogme, une religion, une analyse politique.

On oppose quelquefois la science et la conscience pour marquer le conflit des lois fatales de la nature avec la liberté de la volonté.

Aujourd'hui, la philosophie de l'esprit et de la conscience se concentre sur la nature de la conscience, de l'intentionnalité, de l'identité personnelle, du libre arbitre et des relations entre le cerveau et l'esprit.

Consécutif (Consecutus = qui suit, de Consecutum, supin de consequi = cum-sequi = suivre de près) : les sensations consécutives ou rémanentes (de remanens, remanere = demeurer), sont celles qui persistent après que leur cause extérieure a cessé d'agir sur l'organe. . - Les images consécutives (il s'agit surtout des images visuelles) sont : a) positives, quand les clairs et les noirs de l'image correspondent aux clairs et aux noirs de l'objet (par exemple, si l'un ferme les yeux après avoir regardé un objet brillant, on le voit encore quelques instants). - b) négatives, quand aux noirs de l'objet correspondent les blancs de l'image et vice hersa (par exemple, si après avoir fixé un objet brillant, on regarde un écran blanc, on perçoit une image consécutive négative). Si l'objet fixé est coloré, les couleurs de l'objet sont remplacées par leurs complémentaires dans l'image consécutive négative.

Consensus gentium ( = consensus des peuples, consensus universel, en latin). - Expression est souvent utilisée en philosophie et en épistémologie pour se référer à l'idée qu'un consensus général ou universel parmi les différentes cultures, les peuples ou les sociétés sur un sujet particulier peut être un critère de vérité, de validité ou de crédibilité. En d'autres termes, si une croyance, une idée ou une proposition est largement acceptée ou partagée par différentes cultures ou sociétés à travers le temps, cela peut être considéré comme un argument en faveur de sa validité ou de sa vérité. Cependant, le consensus gentium ne peut en aucune façon être considéré comme une preuve concluante de la vérité.

Consentement (de Consentir, de consentire = cum-sentire = consentir) : acquiescement de la volonté. - Consentement universel (Omnium in consensus naturae vox est, Cicéron, Quaest. Tuscul. L. I, ch. 15) :  critérium de la vérité.

Conséquence  (Consequentia, de consequi = cum-sequi = suivre, s'ensuivre) : en termes de logique, liaison de la conclusion d'un raisonnement avec les prémisses.  C'est la forme du raisonnement déductif. - Ce mot signifie également la proposition qui découle des prémisses, c'est-à-dire la conclusion. Une conclusion peut être vraie, quoique la conséquence soit fausse : il suffit pour l'une qu'elle énonce une vérité, et pour l'autre qu'elle n'ait aucune liaison avec les prémisses. Une conclusion peut être fausse, quoique la conséquence soit vraie : c'est que la conclusion énonce alors un jugement faux, tout en ayant une liaison nécessaire avec les prémisses, dont l'une, au moins dans ce cas, est elle-même fausse.

Conséquent (Consequens, participe présent de consequi = cum-sequi = suivre, s'ensuivre) : a) employé substantivement, c'est la  seconde proposition d'un enthymème; conclusion, par rapport aux prémisses ou à l'antécédent. Se dit aussi du second terme d'un rapport. C'est le nom qu'Aristote, dans sa Logique (Premiers Analytiques), donne aux termes qui peuvent être employés comme attributs d'autres termes, ceux-ci étant les antécédentsde ceux-là. Les sujets individuels, Socrate, Cléon, Callias, ne peuvent jamais être qu'antécédents; les attributs les plus généraux ne peuvent être que conséquents; mais entre ces sujets et ces attributs se placent un grand nombre de notions intermédiaires, conséquents par rapport à certains termes, antécédents par rapport à d'autres. Ainsi humain est conséquent par rapport à Socrate, et antécédent par rapport à animal, etc. La recherche des conséquents et des antécédents est, selon Aristote, d'une grande importance pour la découverte du moyen terme dans le raisonnement, et, par suite, pour toute la démonstration. -b)  - Employé adjectivement, il signifie : 1) ce qui est conforme aux règles de la logique (ex. : raisonnement conséquent); - 2) s'oppose à Antécédent (ex. : volonté conséquente).

Conséquentialisme. - Approche éthique qui évalue la moralité d'une action en se basant principalement sur les conséquences de cette action. Selon le conséquentialisme, une action est moralement bonne si elle produit de bonnes conséquences, et elle est moralement mauvaise si elle entraîne des conséquences négatives. Parmi les théories conséquentialistes (théories de l'éthique des conséquences), on peut mentionner :

L'utilitarisme, la plus célèbre des théories conséquentialistes, qui affirme que la moralité d'une action est déterminée par le principe du plus grand bonheur pour le plus grand nombre. Le bien est mesuré en termes de bonheur, de plaisir, ou de satisfaction des préférences.

 • L'éthique conséquentialiste de la vertu affirme que la moralité d'une action doit être évaluée en fonction de la manière dont elle contribue au développement de traits de caractère vertueux. Les conséquences positives sont mesurées en termes de caractère moral plutôt que de résultats externes.

Le conséquentialisme fournit un cadre clair pour évaluer les actions. Mais les préoccupations éthiques peuvent être ignorées au profit du résultat global. La difficulté de prédire avec certitude toutes les conséquences possibles d'une action limite aussi la portée de cette approche.

Conservatisme. - Idéologie politique qui vise à maintenir et à perpétuer les institutions, les valeurs traditionnelles, les normes sociales, les hiérarchies et les coutumes existantes. Il met l'accent sur la stabilité, l'ordre et la continuité sociale, s'opposant généralement à des changements radicaux ou rapides dans la société.

Consilience. - Concept contraversé selon lequel différentes branches de la connaissance, en particulier les sciences naturelles et les sciences sociales, devraient converger pour former une compréhension unifiée du monde. Ce terme a été popularisé par William Whewell au XIXe siècle, mais il a été développé plus récemment par le biologiste Edward O. Wilson dans Consilience: The Unity of Knowledge (1998). La consilience implique également l'idée que les principes et les lois fondamentaux qui gouvernent le monde naturel devraient être applicables à d'autres domaines de la connaissance, y compris la sociologie, l'économie, la psychologie et la philosophie.

Consistance. - Qualité d'un système ou d'un ensemble de propositions qui ne contient pas de contradiction interne. La consistance garantit que les éléments d'un système logique ou d'une théorie sont compatibles entre eux. - En mathématiques, la consistance désigne le fait qu'un ensemble d'axiomes ou de propositions ne conduise pas à des contradictions logiques. En logique formelle, la consistance est une propriété d'un ensemble de propositions où il est impossible de dériver une contradiction, c'est-à-dire de prouver à la fois une proposition et sa négation. En philosophie, la consistance est liée à la cohérence logique des idées et des arguments. Une philosophie ou une théorie est considérée comme consistante si elle ne contient pas de contradictions internes. La consistance est une condition préalable à la crédibilité d'une philosophie.

Consistant. - Adjectif utilisé pour décrire quelque chose qui est cohérent, harmonieux, et qui ne contient pas de contradictions internes. Il indique que les éléments ou les parties d'un ensemble, d'un système, d'une théorie, ou d'un argument s'accordent les uns avec les autres d'une manière qui est logiquement conforme. Par exemple, un argument est dit consistant lorsqu'il ne contient pas de contradictions internes et que ses prémisses soutiennent logiquement sa conclusion sans créer de conflits logiques.

Consommation (société de). - Modèle économique et social dans lequel la consommation de biens et de services occupe une place centrale dans la vie quotidienne des individus. La société de consommation est critiquée pour ses implications sociales et environnementales, notamment en ce qui concerne la surconsommation, le gaspillage et l'épuisement des ressources naturelles.

Constance (Constantia, de constare = cum-stare = se tenir avec, être ferme) : qualité de celui qui ne cesse pas d'être le même.

Constante. - En mathématiques, c'est un paramètre qui conserve toujours la même valeur, indépendamment du contexte ou de la situation. Par exemple, le nombre pi (π) est une constante. - Dans les sciences physiques, une constante est une quantité qui reste invariable dans un contexte donné. Par exemple, la vitesse de la lumière dans le vide (c), la constante de Planck (h). - En programmation informatique, c'est une valeur qui ne change pas au cours de l'exécution d'un programme. En logique,  c'est un symbole qui représente une valeur de vérité fixe, soit vrai (V) soit faux (F).  - Dans la philosophie, le terme constante peut être utilisé pour désigner des idées ou des principes qui sont considérés comme universels et invariables, tels que les lois de la logique ou les principes moraux fondamentaux.

Constitutif (de Constitutus, participe passif de constituere = poster, établir de cum-stare = se tenir debout) : ce qui est essentiel dans une chose.

Constitution (Constitutio, de constitutum, supin de constituere = cumstatuere = établir, de cum-stare = se tenir debout) : manière dont une chose est établie dans son organisation essentielle.

Construction sociale. - Les normes, les valeurs, les croyances, les identités, les rôles et d'autres éléments de la société ne sont pas des réalités absolues ou naturelles, mais sont plutôt façonnés par les interactions sociales, les institutions, les langages, les cultures et d'autres influences collectives. On donne le nom de construction sociale au processus par lequel ces différents aspects sont créés, partagés, appris et intériorisés par les individus au sein d'un groupe social donné. La construction sociale, comme les normes sur lesquelles elle s'appuie, sont historiques et culturelles. Elles évoluent avec le temps en réponse aux changements culturels, aux mouvements sociaux, aux avancées technologiques, aux découvertes scientifiques et aux diverses influences externes.

Construction sociale de la réalité. - Idée que la réalité et nos conceptions de celle-ci sont influencées et construites socialement par des normes, des valeurs, des croyances et des institutions. C'est un thème important de la philosophie contemporaine.
La construction sociale est étroitement liée aux interactions et aux relations entre les individus au sein d'une société. Les perceptions et les significations des choses évoluent à travers ces interactions et sont influencées par les normes et les attentes sociales.  Les normes sociales, qui sont des règles implicites ou explicites régissant le comportement des individus dans une société donnée, jouent un rôle essentiel dans ce processus. Même chose pour la famille, l'éducation, la religion, le gouvernement, les médias et les autres institutions sociales, qui diffusent et renforcent les normes, les valeurs et les croyances qui contribuent à la création de la réalité sociale. Le langage et les systèmes de communication jouent ici un rôle particulier car ils permettent de partager et de transmettre des idées, des croyances et des normes au sein de la société. Le langage influence la perception et la compréhension du monde qui nous entoure.

Constructive (preuve). - Démonstration qui va au-delà de la simple existence d'un objet mathématique. Ce concept qui relève de la logique intuitionniste et des mathématiques constructives implique également la construction effective ou la présentation d'une méthode pour obtenir cet objet. En d'autres termes, une preuve constructive démontre non seulement qu'une proposition est vraie, mais fournit également un moyen pratique de construire la preuve. Cela conduit à renoncer aux méthodes de preuves par l'absurde et au principe du tiers exclu, qui sont souvent utilisés dans la logique classique.Cela conduit également à adopter le principe de Brouwer-Heyting-Kolmogorov, selon lequel la signification d'une proposition est équivalente à la spécification d'une méthode constructive pour prouver cette proposition. 

Constructivisme. - Terme servant de façon générale à qualifier toute doctrine mettant l'accent sur la notion de construction. On parle par exemple, à propos des mathématiques, de constructivisme, pour désigner l'approche qui considère les entités mathématiques comme le résultat d'une construction à partir d'axiomes et de règles, indépendamment de toute référence à la réalité concrète. Dans un cadre constructiviste, une preuve est plus qu'une simple déclaration de l'existence d'un objet mathématique. Elle doit également inclure une description ou une procédure permettant de construire cet objet. Les preuves mathématiques doivent être algorithmiques, c'est-à-dire qu'elles peuvent être effectuées mécaniquement par une procédure ou un algorithme. Cela contraste avec les approches non-constructivistes, qui peuvent admettre des preuves par l'absurde ou des preuves indirectes. Les mathématiques constructives rejettent le principe du tiers exclu, qui affirme qu'une proposition est soit vraie, soit fausse. En constructivisme, une proposition peut être vraie, fausse ou ni vraie ni fausse (indécidable) en l'absence d'une preuve constructive. 

Constructivisme social. - Théorie qui relève de la psychologie sociale et de l'éducation, et qui met l'accent sur le rôle actif et créatif des individus dans la construction de leur propre compréhension de la réalité sociale à travers l'interprétation des informations disponibles, en intégrant ces informations avec leurs expériences passées et en les reliant à leurs croyances et valeurs. Cette perspective soutient que la connaissance et la compréhension ne sont pas simplement  découvertes ou assimilées à partir du monde extérieur, mais qu'elles sont activement construites par l'individu à travers l'interaction sociale, le langage, la culture et les expériences personnelles.

Constructivité. - Idée selon laquelle pour pour qu'une assertion mathématique soit considérée comme vraie, il doit exister une procédure ou une méthode constructive permettant d'obtenir une preuve de cette assertion. Une vérité mathématique doit ainsi être démontrable de manière effective, plutôt que simplement prouvée par l'existence d'un objet mathématique sans donner de moyen concret de le construire. La notion de constructivité interroge certaines des bases traditionnelles des mathématiques classiques et propose une vision alternative de la nature des objets mathématiques et de la validité des énoncés mathématiques.

Contact (géométrie). - Deux courbes sont en contact en un point, lorsqu'à ce point elles ont une tangente commune. L'ordonnée de ce point est la même, et la dérivée de l'ordonnée y a la même valeur pour chacune des deux courbes. Si les dérivées d'ordre supérieur sont aussi égales, le contact devient plus intime, et il se mesure par l'ordre des plus hautes dérivées communes aux deux courbes. Ainsi le contact est du second ordre, si l'ordonnée et ses deux premières dérivées sont égales pour les deux courbes. Le cercle qui en un point de la courbe a avec elle un contact du second ordre est dit cercle osculateur : on l'appelle aussi cercle de courbure.

Contemplatif, Contemplation (Contemplativus, Contemplatio, de contemplatum, supin de contemplor = cum- templum, observer une partie du ciel; le carré tracé dans le ciel par l'augure pour observer les présages s'appelle templum) : attention sans effort. -
Pour Platon, Aristote et les Scolastiques, la contemplation est une activité intellectuelle intuitive, qui correspond à la pensée spéculative (theôrein) et s'oppose à une activité tournée vers la pratique (prattein) ou vers la réalisation d'oeuvres extérieures à l'agent . - Pour les Néoplatoniciens, c'est moins un acte qu'un état intuitif, dans lequel l'esprit jouit de la vue de son objet.

Contemporaine (philosophie). - Si l'on manque de recul pour caractériser vraiment la philosophie contemporaine, au moins peut-on en relever sa diversité, son interdisciplinarité et son engagement envers les problèmes du monde actuel. Elle se trouve aussi confrontée à la rapidité d'apparition de nouveaux enjeux et à la nécéssité d'intégrer les découvertes et les avancées dans divers domaines de la connaissance. Un certain nombre concepts et termes nouveaux reflètent les préoccupations, les idées et les développements intellectuels qui lui sont propres, ou qui en tout cas témoignent des nouvelles perspectives, des changements sociaux et des défis intellectuels auxquels elle est confrontée. En voici quelques-uns (accompagnés des noms de philosophes et intellectuels qui leur sont associés) : Pot-modernisme (Jean-François Lyotard, Jean Baudrillard, Michel Foucault, Jacques Derrida); déconstruction (Derrida); construction sociale de la réalité (Peter Berger, Thomas Luckmann); intersectionnalité (Kimberlé Crenshaw); Pragmatisme (William James, John Dewey, Charles Sanders Peirce, Richard Rorty, Hilary Putnam), écologie profonde (Arne Naess); éthique de la vertu (Alasdair MacIntyre, Martha Nussbaum); bioéthique (Tom Beauchamp, James F. Childress,  Peter Singer); altérité ( Emmanuel Lévinas).

Contenu (Contenir, du latin populaire contenire, pour continere = tenir de tous côtés) : ce qui est dans autre chose. Le contenu d'un concept c'est sa compréhension,. - Dans les opérations intellectuelles on distingue généralement : a) la norme; b) la matière ou contenu.

Contexte. - Environnement ou circonstances qui entourent quelque chose, que ce soit une situation, un événement, un texte, une conversation ou une action. Le contexte joue un rôle essentiel pour comprendre pleinement ce qui se passe et ce qui est dit. Il fournit des informations supplémentaires qui aident à interpréter et à donner un sens à ce qui est observé ou communiqué.

On parle de contexte temporel pour se référer au moment ou la période dans laquelle quelque chose se produit (par exemple, une déclaration faite pendant une réunion peut avoir un sens différent selon qu'elle a été faite au début ou à la fin de la réunion); de contexte spatialpour pointer lieu où quelque chose se déroule (les informations sur le lieu peuvent être cruciales pour comprendre ce qui se passe : le sens d'une scène dans un film, par exemple,peut dépendre du lieu où elle se déroule); de contexte social pour en appeler aux relations entre les personnes impliquées, aux normes sociales, aux rôles et aux attentes sociales (lee contexte social peut influencer la manière dont les gens se comportent et communiquent); de contexte culturel pour se reférer aux valeurs, aux croyances, aux coutumes et aux pratiques d'une culture donnée, qui toutes peuvent avoir  un impact sur la compréhension et l'interprétation de divers éléments; de contexte historique pour  parler des événements et des tendances historiques qui ont conduit à la situation actuelle; de contexte linguistique pour parler des mots ou les phrases qui entourent un mot ou une expression particulière dans un texte ou une conversation (le contexte linguistique peut changer la signification d'un mot ou d'une phrase); de contexte textuel pour désigner les phrases et les paragraphes qui entourent un passage donné, et qui aident à clarifier son sens; de contexte conceptuel pour se référer aux idées et aux concepts qui sont pertinents pour la discussion en cours.
Contextualisme. - Approche qui reconnaît que la signification ou la vérité d'une déclaration peut dépendre du contexte dans lequel elle est faite. - En épistémologie, le contextualisme soutient que la signification et l'évaluation de l'énoncé "S sait que P" dépendent du contexte dans lequel il est utilisé. Cela signifie que les normes de connaissance peuvent varier en fonction du contexte et des conditions entourant la déclaration. Certains contextualistes épistémiques étendent cette idée à la justification, affirmant que ce qui compte comme une justification suffisante peut varier en fonction du contexte. - Dans la philosophie du langage, le contextualisme linguistique propose que le sens des termes ou des énoncés dépende du contexte dans lequel ils sont utilisés. Par exemple, le sens d'un mot peut être différent dans un contexte informel par rapport à un contexte formel. - Le contextualisme de la vérité suggère que la vérité d'une déclaration dépend du contexte dans lequel elle est évaluée. Cela peut inclure des variations en fonction des normes de vérité ou des exigences de vérité selon le contexte. - Dans l'éthique, le contextualisme peut également jouer un rôle en reconnaissant que les évaluations éthiques peuvent dépendre du contexte culturel, social ou individuel. Ce point de vue peut être associé à des approches éthiques qui mettent l'accent sur la relativité des normes morales, bien que contextualisme et relativisme ne puissent pas être confondus : lLe relativisme affirme que la vérité elle-même peut varier en fonction du point de vue ou du cadre culturel, tandis que le contextualisme se concentre davantage sur la manière dont la vérité est évaluée dans un contexte particulier.

Contextualisme linguistique Théorie des indices.

Contiguïté. -  La contiguïté dans le temps et dans l'espace, c'est-a-dire la succession immédiate et le contact, est une loi de l'association des idées.

Contingent, contingence (Contengentia, contingens, de contingere = cum-tangere = toucher, atteindre, arriver). - Aristote dit : ce qui peut être) : a) Le contingent : ce qui peut être ou ne pas être. - b) En Logique : proposition contingente : celle dont la vérité est garantie par l'expérience et non par la raison. - Les futurs contingents sont les actes et événements futurs qui dépendent de la volonté libre des humains.

Contingence absolue. -   Idée selon laquelle tout ce qui existe est fondamentalement contingent, c'est-à-dire qu'il pourrait ne pas exister ou être autrement qu'il n'est. Cela signifie que rien n'a une existence nécessaire ou intrinsèque :  tout dans l'univers, y compris l'univers lui-même, est contingent, n'ayant pas d'existence nécessaire. Aucun élément de la réalité n'est inéluctable ou indépendant des conditions, des circonstances ou des causes qui le font exister ou prendre une forme spécifique. L'idée de contingence absolue est associée en particulier à l'existentialisme, et à des conceptions qui soulignent le caractère incertain et contingent de l'existence humaine et de la réalité en général. Selon cette perspective, l'individu et le monde sont  sujets à des changements imprévisibles.

Contingentisme (de Contingent) : On nomme quelquefois ainsi la « philosophie de la contingence » , telle qu'Émile Boutroux l'a exposée.

Continu (Continuus, de, continere = cum-tenere = tenir ensemble, s'étendre) ce mot s'applique à la quantité dont les parties ne sont pas séparées, de sorte que la fin de l'une est le commencement de l'autre. On distingue le continu a) permanent : celui dont toutes les parties sont données simultanément; b) successif : celui dont les parties sent données l'une après l'autre; c) formel : il serait constitué par des êtres étendus, dont l'unité ne comporte aucune distinction intrinsèque actuelle, mais qui sont cependant réellement divisibles. Telle est la continuité admise généralement dans la nature par les Scolastiques; d) virtuel : il serait constitué par des êtres simples, dont l'activité résistante serait le fondement de l'espace réel et impénétrable. Telle est la continuité imaginée par Leibniz, Boscovich, Palmieri.

Continu (hypothèse du). - Problème fondamental en mathématiques et en particulier en théorie des ensembles, qui concerne la taille ou la cardinalité des ensembles infinis et qui a été formulée par le mathématicien allemand Georg Cantor au XIXe siècle. L'hypothèse du continu pose la question de savoir s'il existe un ensemble infini, appelé "ensemble du continu," dont la cardinalité est la plus petite possible après celle de l'ensemble des nombres naturels (c'est-à-dire l'ensemble dénombrable). Plus précisément, l'hypothèse du continu se pose comme suit :

Si l'ensemble des nombres réels (les nombres décimaux) a la même cardinalité que l'ensemble des nombres entiers (dénombrable), alors il existe un ensemble infini qui a la même cardinalité que les nombres réels.
En d'autres termes, l'hypothèse du continu suppose qu'il n'y a pas d'ensemble d'ordre intermédiaire entre les ensembles dénombrables (comme l'ensemble des entiers) et l'ensemble des nombres réels. Cette hypothèse s'inscrit dans le cadre de la théorie des ensembles. C'est l'un des 23 problèmes non résolus présentés par David Hilbert au début du XXe siècle. En 1963, Paul Cohen a montré que l'hypothèse du continu est indépendante des axiomes de la théorie des ensembles de Zermelo-Fraenkel (ZF) avec l'axiome du choix (AC). Cela signifie qu'elle ne peut pas être prouvée ni réfutée à l'intérieur de ce cadre théorique. Cependant, en 2019,Hugh Woodin a indiqué une autre voie possible pour résoudre cette énigme.

Continuité (Continuitas, de continuus = continu) : liaison non interrompue. En mathématiques, cette notion concerne la manière dont les fonctions se comportent globalement ou au voisinage de chaque point de leur domaine de définition. 

Une fonction f définie sur l'ensemble E est continue en un point a de E si, pour tout ε positif, il existe un δ  positif tel que, pour tous les x appartenant à E, si |x - a| < δ, alors |f(x) - f(a)| < ε. En d'autres termes, la valeur de f(x) se rapproche de f(a) lorsque x se rapproche de a. Une fonction f est dite continue sur un intervalle donné si elle est continue en chaque point de cet intervalle. Une fonction f est dite globalement continue si elle est continue sur l'ensemble de son domaine de définition. Si une fonction ne satisfait pas aux conditions de continuité en un point donné, elle est dite discontinue en ce point. Les discontinuités peuvent être de différents types, notamment des discontinuités simples, des discontinuités évitables, des discontinuités infinies, etc.
La continuité des fonctions est essentielle dans l'étude de leurs propriétés et de leurs comportements. Elle permet de définir des notions telles que les dérivées, les intégrales et les limites.

Continuité (loi de la). - Loi posée par Leibniz, et d'après laquelle il existe un enchaînement continu des créatures, une échelle d'organisation successive depuis le minéral jusqu'au végétal, à l'animal et à l'humain. Cette loi, que Charles Bonnet devait développer plus tard, Leibniz l'a formulée en ces termes : Natura non facit saltus (= la Nature ne fait pas de sauts). Comme le plus stupide des humains est plus raisonnable que le plus intelligent des animaux, il supposait, dans quelque autre monde, des espèces moyennes entre l'humain et la bête, de même que, pour aller des humains à Dieu, il supposait des êtres raisonnables supérieurs à nous. En vertu de la loi de la continuité, Leibniz soutenait qu'il n'y a aucune interruption dans les actes de la conscience, qui pense toujours, comme le sang circule toujours, sans que l'homme s'en aperçoive. Transportée à l'espace, cette même loi lui faisait rejeter toute idée de vide; appliquée aux mathématiques, elle le conduisit à l'invention du calcul différentiel.

Continuité narrative. - Concept philosophique lié à l'identité personnelle. Elle se réfère à la manière dont nous donnons un sens et une cohérence à notre vie en racontant une histoire ou un récit sur nous-mêmes. Cette histoire crée un lien entre notre passé, notre présent et notre avenir, et joue un rôle central dans la construction de notre identité en reliant les événements de notre vie de manière significative et en leur attribuant des motifs, des thèmes et des significations. À travers la continuité narrative, nous interprétons nos expériences passées en les intégrant dans un récit cohérent. Cela nous permet de donner un sens à nos actions, émotions, succès et échecs. La continuité narrative implique un regard rétrospectif sur notre passé, ainsi qu'une projection prospective vers notre futur. Elle nous aide à comprendre d'où nous venons et où nous allons. En racontant notre histoire, nous avons l'opportunité de réfléchir à nos choix, nos valeurs et nos croyances. Cela peut nous aider à nous adapter, à changer et à évoluer en tant qu'individus. Mais on ne doit pas oublier ici que nos récits individuels sont aussi souvent influencés par les récits culturels plus larges qui entourent notre société, nos groupes sociaux et nos traditions. Ces récits ont aussi leur rôle dans notre vision du monde et la définition de notre identité personnelle.

Contractualisme. - Théorie politique et éthique qui repose sur l'idée que la société et le gouvernement sont le résultat d'un contrat ou d'un accord entre les individus. Cette théorie, apparue principalement à l'époque moderne, vise à fonder la légitimité du pouvoir politique et des normes morales sur le consentement des individus. Cependant, les variantes  existantes du contractualisme proposent des visions différentes de la manière dont ce contrat social doit être conçu et interprété. On peut y rattacher les noms, notamment, de Hobbes, Locke, Rousseau et Kant. 

Contradictio in adjecto : contradiction entre un terme et ce qui lui est ajouté : (ex. entre un substantif et son adjectif : cercle carré, voyage immobile).

Contradictio in terminis : contradiction que les termes mêmes manifestent (ex. : le déplacement d'un immeuble). 

Contradiction (Contradictio, de contradictum, supin de contra-dicere = contredire) : opposition de deux énonciations absolument inconciliables, telles que : Nul humain n'est parfait; quelque humain est parfait; d'où le nom de contradictoires donné aux propositions qui sont opposées à la fois en quantité et en qualité. Elles ne sauraient être toutes deux vraies ou fausses en même temps. On dit, aussi absolument, qu'il y a contradiction, qu'une proposition implique contradiction, qu'elle est contradictoire, lorsqu'elle est inconciliable avec des principes dont la vérité est solidement établie : ainsi, il y a contradiction à ce que, dans un triangle, des angles inégaux soient opposés à des côtés égaux. Tel événement est advenu sans cause est aussi une proposition contradictoire. Contradictoire, en ce sens, est synonyme d'absurde, et la démonstration par l'absurde n'est autre chose que la mise en évidence d'une contradiction flagrante. (B-E.).

Contradiction (principe de) : principe général dans lequel viennent se résoudre et par lequel sont condamnées toutes les contradictions particulières. On l'énonce ordinairement ainsi : Il est impossible qu'une chose soit et ne soit pas en même temps. Kant, trouvant que la valeur logique de ce principe ne doit pas être restreinte par les rapports de temps, attendu qu'une même chose peut successivement être et n'être pas, veut qu'on en modifie l'expression de la manière suivante : Un attribut qui répugne à une chose ne lui convient pas. Le principe de contradiction est encore susceptible d'autres formules; celles-ci, par exemple : Ce qui est vrai du genre est vrai de toute espèce contenue dans ce genre; Ce qui est vrai des quantités en général est vrai des nombres; autrement, étant vrai des quantités, et faux des nombres qui sont eux-mêmes des quantités, il serait vrai et faux tout à la fois; - ou bien encore : Si une idée est contenue dans une autre, et celle-ci dans une troisième, la première est contenue dans la troisième. C'est sous cette dernière forme qu'on applique le plus commodément le principe de contradiction à la théorie du raisonnement démonstratif (Démonstration), dont tout le mécanisme est fondé sur les rapports que présentent entre eux les termes dont il se compose. (B-E.).

Contradictoire (Contradictorius, de contradictum, supin de contra-dicere = contredire) : ce qui est relatif à deux termes ou propositions entre lesquels existe une contradiction.

Contraire (Contrarius, de contra = en face de, contre) : indique une opposition entre deux termes qui différent par l'affirmation et la négation d'un même élément spécifique ; - ou entre deux propositions universelles, de mêmes termes, dont l'une est affirmative et l'autre négative. Exemple : - Tous les humains sont, justes. Tous les humains sont injus tes. Si les deux propositions opposées en qualité étaient particulières, on les appellerait subcontraires. Exemple : - Quelques humains sont justes. Quelques humains sont injustes.

Chez les anciens philosophes, les contraires désignaient les éléments opposés des choses : le chaud et le froid; le pair et l'impair; l'amour et la haine, etc.

Contraires (propositions). - Des propositions contraires sont des propositions formées avec le même sujet et le même attribut, opposées en qualité, c.-à-d. l'une affirmative et l'autre négative, leur quantité étant la même. 

On les appelle proprement contraires lorsqu'elles sont toutes deux universelles (Tout nombre est exactement divisible; nul nombre n'est exactement divisible), et subcontraires lorsqu'elles sont particulières (Quelques nombres sont exactement divisibles, quelques nombres ne sont pas exactement divisibles).

Les propositions contraires ne peuvent jamais être vraies ensemble, mais elles peuvent être fausses toutes deux; c'est ce qui a lieu dans l'exemple ci-dessus; les subcontraires peuvent être toutes deux vraies, mais ne peuvent être toutes deux fausses. (Logique de Port-Royal, 2e partie, ch. IV). (B-E.).

Contraposition, Contreposition (Contrapositio, de contrapositum, supin de contra-ponere = poser en face, opposer) . - Cette expression, par contreposition, s'emploie dans la théorie du syllogisme pour désigner la conversion des propositions que l'on obtient en affectant d'une négation chacun de leurs termes, ce qui les rend indéterminés.

Contrat (Contractus, de contractum, supin de contrahere = cum-trahere = rassembler, lier) : « Le contrat est une convention par laquelle une ou plusieurs personnes s'engagent envers une ou plusieurs autres à donner, à faire ou à ne pas faire quelque chose » (Code civil). - Contrat bilatéral ou multilatéral : celui qui comprend une réciprocité d'engagements. - Origine de la propriété d'après Grotius, Pufendorf, etc.

Contrat social, d'après Hobbes et Rousseau. Termes de l'accord qui existe entre les membres d'une société, ou entre les gouvernants et les gouvernés. Le statut social s'oppose au contrat social. 

Contre-épreuve : c'est, dans la méthode expérimentale, une seconde opération, inverse de la première et destinée à la contrôler.

Conventionnalisme. - Approche philosophique selon laquelle certaines normes, règles, concepts, ou catégories sont le résultat de conventions humaines ou sociales, plutôt que d'être des réalités ou des vérités objectives et immuables, elles sont définies et acceptées comme telles en raison d'accords ou de conventions entre les individus, les groupes ou les sociétés, plutôt que d'être intrinsèquement déterminées par la nature ou la réalité. Le conventionnalisme est souvent opposé à des théories réalistes qui soutiennent que certaines normes, valeurs ou concepts sont objectivement fondées ou correspondent à une réalité indépendante. Il souligne le rôle de la société, de la culture et de l'accord humain dans la construction de nos catégories de pensée et de nos systèmes de croyances.

Dans le domaine de la sémantique, le conventionnalisme affirme que la signification des mots et des symboles linguistiques est le résultat de conventions sociales et linguistiques. Les mots n'ont pas de sens intrinsèque, mais ils obtiennent leur signification par consensus.  En épistémologie, le conventionnalisme peut être appliqué à la façon dont la connaissance est structurée. Par exemple, la classification des connaissances en disciplines académiques est souvent basée sur des conventions établies par les institutions éducatives. En éthique, le conventionnalisme moral suggère que les normes morales et les valeurs sont déterminées par des conventions sociales. Ce qui est considéré comme bien ou mal peut varier d'une société à l'autre en fonction des normes acceptées. Dans la philosophie politique, le conventionnalisme soutient que les systèmes politiques, les institutions, et les lois sont le résultat de conventions et de contrats sociaux. Les formes de gouvernement et les droits varient en fonction des accords sociaux. Certains philosophes ont également défendu l'idée que les mathématiques sont une création humaine basée sur des conventions. Les axiomes et les règles mathématiques ne sont pas des découvertes objectives, mais des choix conventionnels.
Convergence (de Convergent, de Convergens, de convergere = cum-vergere, tendre ensemble vers) : tendance à se réunir en un même point. - a) Convergence s'oppose à différenciation, quand un ensemble de transformations tend à produire une ressemblance croissante des éléments qui se transforment. - b) Loi esthétique de concentration ou de convergence. - c) En mathématiques, concept qui concerne le comportement des suites numériques, des séries et des fonctions lorsque l'on se rapproche d'une limite. 
Une suite numérique est convergente si ses termes se rapprochent de plus en plus d'une valeur limite unique à mesure que l'on considère des termes de plus en plus éloignés dans la suite. Formellement, une suite (an) converge vers une limite L si, pour tout ε positif donné, il existe un entier N tel que, pour tout n ≥ N, |an - L| < ε. En d'autres termes, les termes de la suite deviennent arbitrairement proches de L à mesure que n devient suffisamment grand.

 • Une série infinie est convergente si la somme partielle des termes de la série tend vers une limite finie à mesure que l'on prend de plus en plus de termes. La convergence des séries est étudiée en utilisant des critères tels que le critère de convergence de Cauchy ou le critère du rapport.

Une fonction est convergente en un point si, lorsque les valeurs de la variable indépendante se rapprochent de ce point, les valeurs de la fonction se rapprochent d'une limite spécifique. Par exemple, une séquence de fonctions fn(x) est dite convergente si, pour tout x, la limite de fn(x) lorsque n tend vers l'infini existe et est égale à une fonction limite f(x).

Conversion (Conversio, de conversum, supin de convertere = cum-vertere = tourner, changer). 
a) Procédé de déduction immédiate. 

b) Conversion morale : changement radical dans la conduite.

La conversion des propositions est le changement qu'on leur fait subir en mettant le sujet à la place de l'attribut, mais de telle sorte que la vérité de la proposition soit maintenue. Les logiciens en distinguent de plusieurs sortes : conversion simple, conversion par limitation, conversion par négation ou contreposition.

Convertible (Convertibilis, de convertere, changer) : une proposition est convertible quand elle peut être convertie simplement. c'est-à-dire sans changement d'extension. - L'être est convertible avec l'un, le vrai, le bien, le beau.

Conviction (Convictio, de convictum, supin de convincere = cum-vincere = convaincre, démontrer) : conviction s'oppose à persuasion. Elle implique, au sens rigoureux, la certitude rationnelle; mais, dans la pratique, on l'emploie comme synonyme d'adhésion de l'esprit reposant sur une très grande probabilité et suffisante pour nous déterminer à agir. - Kant appelle conviction le fondement sur lequel repose l'adhésion subjectivement et objectivement suffisante de la certitude stricte.

Coopératif, Coopération (Cooperatio, de cooperatum, supin de cooperari = cum-operari = travailler avec, aider) : part prise à une oeuvre.

Coopératisme (de Coopération) : forme de Socialisme.

Coordination (Coordinatio, de cum = avec, et ordinare = mettre en ordre): coordination de concepts : relation de concepts placés sur le même rang dans une classification (ex. : deux espèces du même genre)..

Coordonné (composé de la particule latine co = cum = avec et ordonner, de ordinare).

Coordonnées. - Nombres qui définissent la position d'un point par rapports aux axes s'un système de référence. Dans un plan, deux nombres suffisent : l'un de ces nombres est appelé l'abscisse, l'autre ordonnée.

Copenhague (école et  interprétation de). - L'Ecole de Copenhague est groupe de physiciens réunis autour de Niels Bohr dans les années 1920 à l'Institut de Physique théorique de Copenhague. Tous ces physiciens partageaient la même idée sur le sens à donner à la théorie quantique. Un point de vue que l'on a appelé  l'interprétation de Copenhague, et qui consiste à affirmer que le caractère probabiliste de la mécanique quantique rend compte de la réalité à l'échelle microscopique et n'est pas une insuffisance de la théorie. La physique classique s'est construite sur la conjonction du principe de causalité et de la présentation des phénomènes dans l'espace et dans le temps. Mais cela ne vaut plus pour la physique quantique qui reconnaît une disjonction entre ce deux aspects. Il s'ensuite que, selon cette interprétation, seules les grandeurs observables ont une réalité physique. Les propriétés non observables, telles que la trajectoire précise d'une particule entre deux mesures, n'ont pas de réalité physique. L'interprétation de Copenhague, bien qu'elle ait eu des opposants aussi éminents qu'Einstein,  a été largement acceptée par de nombreux physiciens et est toujours largement enseignée et utilisée en mécanique quantique. Elle soulève toujours des questions philosophiques profondes sur la nature de la réalité. Parmi les principaux représentants de l'école de Copenhague, on nommera :

Niels Bohr (1885-1962), le fondateur de l'école de Copenhague a joué un rôle clé dans le développement de la mécanique quantique et a formulé de nombreux principes fondamentaux de cette interprétation, tels que le principe de complémentarité.

Werner Heisenberg (1901-1976) est l'auteur de formulation matricielle de la mécanique quantique. Il  formulé le principe d'indétermination et a contribué de manière significative à l'interprétation de Copenghague

Paul Dirac (1902-1984) a réuni la mécanique quantique à la relativité restreinte. Cele lui a permis de prédire l'existence de l'antimatière. 

Wolfgang Pauli (1900-1958) est l'auteur du principe d'exclusion qui porte son nom 

Max Born (1882-1970) a lui aussi travaillé à la formulation mathématique de la mécanique quantique. C'est lui qui en a donné l'interprétation probabiliste.

 • Léon Rosenfeld (1904-1974),  qui a travaillé aux côtés de Niels Bohr, a aussi contribué à l'élaboration de l'interprétation de Copenhague.

Copulatif (Copulativus, de copulatum, supin de copulare, pour co-apulare = unir, du verbe archaïque apere = attacher) : ce qui unit. 

Copulatif (syllogisme) : espèce de syllogisme conjonctif, dans lequel on prend une proposition copulative négative, dont on établit ensuite une partie, pour retrancher l'autre.

Copule (Copula = liaison) : tout verbe joue, dans le jugement, le rôle de copule ou de lien, en tant qu'il exprime la relation que le jugement affirme entre ses termes.

Cornutum (Argumentum) : nom donné au Dilemme.

Corde (géométrie). - Droite qui joint les extrémités d'un arc de cercle . II existe pour les cordes d'un cercle différentes propriétés, dont voici les principales :

Le diamètre est la plus grande corde que l'on puisse mener dans un cercle.

Dans une même circonférence, des cordes égales sous-tendent des arcs égaux.

Dans une même circonférence, de deux cordes inégales la plus grande sous-tend le plus grand arc pourvu que les arcs soient moindres qu'une demi-circonférence.

La perpendiculaire abaissée du centre sur une corde la partage en deux parties égales; et réciproquement toute perpendiculaire menée par le milieu d'une corde passe par le centre.

Dans une même circonférence, deux cordes égales sont à la même distance du centre, et de deux cordes inégales la plus grande en est la plus rapprochée.

Deux cordes parallèles interceptent des arcs égaux, etc.

Corollaire (Corollarium, de corolla = petite couronne donnée en cadeau; supplément de salaire, d'où le sens figuré d'addition) : conséquence immédiate d'une proposition démontrée. Etant démontré le théorème de l'égalité des angles d'un triangle à deux droits, on en tire comme corollaires :
1° Tout angle d'un triangle est le supplément de la somme des deux autres; 

2° Dans un triangle rectangle, les angles aigus sont complémentaires, etc.

Dans un ordre d'idées auquel la méthode de démonstration géométrique a été appliquée à tort, il est vrai, Spinoza rattache de même des corollaires à ses démonstrations métaphysiques. Ainsi, de la proposition : "Il ne peut exister et on ne peut concevoir aucune autre substance que Dieu," il tire ces corollaires : "Dieu est unique; la chose étendue et la chose pensante sont des attributs de Dieu, etc." 

II n'y a pas, à proprement parler, de différence notable entre un corollaire et un théorème; tout théorème étant aussi la conséquence de propositions précédentes, démontrées ou évidentes par elles-mêmes, et certains corollaires n'ayant pas moins d'importance que les théorèmes sur lesquels ils s'appuient. 

Ce qu'on peut dire, c'est que, quand il s'agit d'un corollaire, le raisonnement nécessaire pour en établir la vérité est assez simple pour qu'on puisse le supprimer sans grand inconvénient. (B-E.).

Corporéité (du latin scolastique Corporeitas, de corpus = corps). - a) Etat d'être corporel. - b) Les Scolastiques donnaient le nom de corporéité à la forme substantielle, par laquelle un corps est constitué corps. Les uns, les Thomistes, soutenaient que la corporéité n'est pas réellement distincte du principe vital des êtres vivants, de sorte que ceux-ci doivent à leur principe vital et d'être corps et d'être vivants. Conséquemment, à la mort d'un vivant, la fonction de corporéité, que remplissait l'âme, principe vital, est exercée par une autre forme qui a été nommée forme cadavérique (forma cadaverica). D'autres Scolastiques ont admis au contraire la pluralité des formes substantielles : la corporéité et le principe vital étaient donc selon eux réellement distincts. - c) Dans une perspective contemporaine, on désigne sous le nom de corporéité l'nsemble des caractéristiques physiques et sensorielles qui définissent l'existence en tant qu'entité corporelle. - Ce terme est utilisé pour décrire l'expérience subjective de l'incarnation, la conscience et la présence du corps, ainsi que les interactions et la relation entre le corps et l'esprit. Cela peut impliquer la sensation et la perception consciente du corps,  le sentiment de présence corporelle, les sensations tactiles, proprioceptives  et kinesthésiques, la douleur, le plaisir, le confort, l'inconfort. La corporéité joue dès lors un rôle fondamental dans la cognition. La manière dont nous percevons, pensons, et traitons l'information est influencée par notre expérience corporelle, nos schémas moteurs et notre interaction sensorielle avec le monde. La corporéité est également liée à la conscience de soi, à la perception de notre propre existence en tant qu'entité corporelle distincte. Elle contribue à notre identité et à notre compréhension de nous-mêmes, tout en étant elle-même définie en partie à partir des facteurs extérieurs (normes sociales et culturelles,  attitudes, croyances et représentations collectives concernant le corps).

Corps (Corpus) : tout objet matériel que nous percevons comme étendu et stable. Ce mot s'emploie souvent comme synonyme de matière, mais il désigne proprement la matière unie à la forme qui la détermine.

Corps (structure de). - En mathématiques, un corps est un structure algébrique qui répond aux conditions suivantes.  Soit E  un ensemble muni des lois de compositions internes • et †; (E, †,•) est un corps si et seulement si :

1°) (E, •) est un groupe abélien;

2°) (E, • ) est un groupe;

3°) La loi •  est distributive par rapport à la loi † dans E.

Corpuscule (Corpusculum = petit corps, de corpus) : on entend par philosophie corpusculaire le système de ceux qui expliquent (par exemple, Gassendi, Descartes, etc.) les phénomènes physiques par certains groupements de particules que leur petitesse rend invisibles.

Corrélatif (du latin scolastiqueCorrelativus, de cum-referre, relatum = avoir rapport à) : ce qui implique des rapports mutuels.

Corrélation (du latin scolastique Correlatio, de cum-referre = relation, avoir rapport à). - Relation réciproque, constante, entre deux choses ou deux mots. - On appelle loi de corrélation des forces la loi physique en vertu de laquelle rien ne se perd et rien ne se crée, bien que tout se transforme. La même quantité de chaleur produit toujours la même quantité de mouvement et réciproquement.

Corrélationnisme. - Concept introduit et développé par Quentin Meillassoux (Après la finitude : Essai sur la nécessité de la contingence, 2006) pour décrire une approche philosophique qui met en avant la dépendance mutuelle entre la conscience et l'objet de connaissance, ce qui limite notre compréhension du monde à cette relation. C'est une caractéristique fondamentale de la philosophie contemporaine, en particulier dans la tradition phénoménologique et post-kantienne. Le corrélationnisme repose sur le principe selon lequel notre connaissance du monde est toujours médiatisée par la relation entre notre conscience (ou sujet) et l'objet de notre connaissance. En d'autres termes, la réalité telle que nous la connaissons est toujours interprétée dans le cadre de cette relation entre le sujet cognitif et l'objet connu. Ainsi, notre accès au monde se fait toujours à travers cette corrélation entre la conscience et ce à quoi elle est consciente. Dans cette perspective, la vérité, la réalité ou la connaissance sont définies dans le contexte de cette corrélation. Les concepts, les idées ou les objets n'ont de sens que par rapport à notre expérience subjective de ces concepts, idées ou objets. Il en découle que la vérité est relative au sujet connaissant et ne peut être comprise indépendamment de cette relation. Meillassoux critique le corrélationnisme en soutenant qu'il limite notre compréhension de la réalité en ne considérant que le champ des possibles défini par cette corrélation. Il plaide pour une philosophie post-corrélationniste qui envisage la possibilité d'une réalité indépendante de la conscience humaine, ce qu'il appelle le réel ou l'absolu.

Correspondance (règles de). - En mathématiques et en logique, ce sont des règles ou des principes qui décrivent comment les éléments d'un ensemble ou d'un domaine sont associés ou mis en relation avec les éléments d'un autre ensemble ou domaine. 

Corroboration. -  Processus de confirmation ou de vérification de la validité, de la véracité ou de la cohérence d'une information, d'une affirmation ou d'une hypothèse à l'aide de preuves, de témoignages ou d'autres moyens.

Corruption (Corruptio, de corruptum, supin de corrumpere = cum-rumpere = rompre, détruire) : les Scolastiques, après Aristote, opposent corruption à génération, comme les deux faces de toute transformation substantielle (Corruptio unius est generatio alterius). Aristote emploie les mots
phthora (destruction) et genesis (génération).

Cosmique (Kosmikos; de kosmos = univers) : relatif à l'univers pris dans son ensemble.

Cosmochronologie. - Branche de la cosmologie scientifique qui s'occupe de dater les événements dans l'histoir de l'expansion de l'univers.

Cosmogonie (Kosmogonia, de kosmos = monde et gignomai = se produira) : système explicatif de la formation du monde.

a) On a d'abord désigné par ce mot les plus anciennes théories sur la manière dont le monde s'est formé, par l'eau chez Thalès, par le feu chez Héraclite, etc. Les cosmogonies anciennes sont des rêveries de poètes et de philosophes; elles ont précédé les cosmologies et l'astronomie moderne comme l'alchimie a précédé la chimie, comme l'astrologie a précédé l'astronomie. Platon a sa cosmogonie (dans le Timée) aussi bien qu'Hésiode (dans les Travaux et les Jours), et il n'y a pas moins d'arbitraire et de fantaisie personnelle chez le philosophe que chez le poète. La même chose peut être dite de la cosmogonie indienne, de la cosmogonie mésopotamienne (celle qui apparaît dans l'Enuma Elish ou le Poème de la création), la cosmogonie biblique (celle de livre de la Genèse) ou de n'importe laquelle des cosmogonies mythiques produites dans toutes les civilisations.

b) Laplace, dans son Exposition du Système du monde (1797) a produit une première cosmogonie scientique, mais limitée seulement à la formation du Système solaire. Une cosmogonie scientifique concernant l'univers dans son ensemble n'a pu commencer à être élaborée qu'à partir des premières décennies du XXe siècle, grâce aux outils théoriques fournis par la relativité générale d'Einstein, aux concepts issus de la physique des particules, et aux observations de l'univers lointain (expansion cosmique). La théorie actuelle dite du big bang (avec ses divers amendements, comme la théorie de l'inflation), est ainsi la théorie cosmogonique la plus à même de rendre compte des procéssus qui ont conduit à l'univers tels que nous l'observons. 

Cosmographie. - Branche de l'astronomie spécialement dédiée à la description du Système solaire.

Cosmologie (Kosmologia, de kosmos = monde et logos = discours) : étude de l'univers dans son ensemble. - Kant entend par Cosmologie rationnelle l'ensemble des problèmes relatifs à l'origine et à l'essence du monde envisagé comme réel. Ces problèmes aboutissent aux antinomies kantiennes. -
La prétendue preuve cosmologique de l'existence de Dieu est fondée sur l'existence et la contingence du monde.

La cosmologie scientifique actuelle repose sur les mêmes bases que la cosmogonie scientifique données plus haut. Elle nous donne l'image d'un univers en expansion, processus commencé il y a 13 ou 14 milliards d'années par le big bang. Un univers dans lequel la matière ordinaire constitue une part minime, l'essentiel étant constitué par  des composantes dites sombres (matière et énergie) et de nature encore spéculative.

Cosmologique (argument). - Type d'argument philosophique qui vise à expliquer l'origine ou l'existence de l'univers, en se basant sur des principes logiques et métaphysiques. Il offre une perspective sur la question de savoir pourquoi il y a quelque chose plutôt que rien. Il existe plusieurs variantes de cet argument cosmologique, mais l'idée générale est que l'univers nécessite une cause ou une explication qui fait appel à l'existence d'une une cause première ou à un principe fondamental. 

Platon et Aristote considéraient que le réel apparaît comme une chose mobile et changeante, chose périssable, qui n'a pas en soi la raison de son existence, ni dans un autre réel qui lui ressemble; il ne peut s'expliquer que par un principe suprême (objet de la métaphysique, dira-t-on après Aristote). Aristote l'appelait premier moteur, ou cause première, ou l'être nécessaire que réclame tout être contingent, ou l'absolu que suppose toujours le relatif. 

Diodore de Tarse a tiré d'Aristote l'idée d'introduire cet argument dans la théologie chrétienne pour justifier l'existence de Dieu (on parle de la preuve cosmologique de l'existence de Dieu). Dans le kalam (= théologie musulmane rationnelle), l'argument repose sur la notion de causalité temporelle :  l'univers a eu un commencement dans le temps et  tout ce qui commence à exister doit avoir une cause. Par conséquent, il doit y avoir une cause première non créée qui a mis l'univers en mouvement.

Ce que Leibniz appelle preuve par la contingence du monde, et Kant preuve cosmologique se fonde sur la distinction entre ce qui est nécessaire (qui doit exister par sa nature) et ce qui est contingent (qui pourrait ne pas exister). Selon cet argument l'univers est composé d'êtres contingents, et doit donc y avoir une cause nécessaire qui explique pourquoi l'univers existe. 

L'argument cosmologique de la causalité est basé, quant à lui, sur le principe de causalité, qui stipule que chaque événement a une cause. Il affirme que l'univers est un événement ou une série d'événements et qu'il doit y avoir une cause première qui explique pourquoi ces événements se produisent. Enfin, l'argument cosmologique de la simplicité repose sur l'idée que l'univers est complexe et qu'une cause première doit être simple ou non composée. Il soutient que la simplicité de la cause première est nécessaire pour expliquer la complexité de l'univers.

Cosmopolitisme (du grec kosmopolitês (κοσμοπολίτης), qui se compose de kosmos (κόσμος) = monde et politês (πολίτης) = citoyen). - Perspective philosophique et éthique qui met l'accent sur l'idée que tous les êtres humains font partie d'une seule et même communauté mondiale, souvent appelée le « cosmos » ou le « monde ». En tant que tels, ils ont des responsabilités et des devoirs envers tous les autres individus, indépendamment de leur nationalité, de leur culture ou de leur origine. Le cosmopolitisme propose ainsi l'idée de citoyenneté du monde, où les individus sont considérés comme des citoyens de la planète avant d'être citoyens d'un État-nation particulier. Cette notion souligne la nécessité de dépasser les frontières nationales et de promouvoir une citoyenneté globale,

Le cosmopolitisme est un humanisme. Il n'a en vue que les intérêts du genre humain. Les cosmopolites prônent l'égalité des droits et le respect mutuel entre tous les individus, en mettant en avant que chaque personne a une valeur intrinsèque et des droits fondamentaux qui doivent être respectés. Ils tirent de là, qu'avec la citoyenneté mondiale vient la responsabilité de protéger les droits et le bien-être de l'ensemble de la communauté mondiale, ainsi que de contribuer à résoudre les problèmes mondiaux tels que la pauvreté, les conflits, le changement climatique et autres. Le cosmopolitisme, reposant sur des valeurs d'universalité, d'équité et de respect mutuel, cherche à établir un ordre mondial basé sur la justice, garantissant l'égalité d'accès aux ressources et aux opportunités, ainsi que la protection des droits humains à l'échelle internationale. Les cosmopolites embrassent la diversité et le pluralisme en reconnaissant la richesse des différentes cultures, perspectives et idées dans le monde. Ils encouragent le dialogue interculturel et la tolérance envers les différentes cultures, cherchant à promouvoir la compréhension mutuelle et la coopération entre les individus et les peuples. 

Le cosmopolitisme gagne à mesure que le patriotisme devient moins étroit et moins intraitable. La diffusion des lumières, la multiplicité et la rapidité des communications, la suppression des barrières élevées entre les peuples par des préjugés ou des intérêts aveugles, favorisent ses progrès. Cependant, on lui a reproché, de façon assez simpliste, de risquer de diviser à l'infini l'affection de l'humain pour ses semblables, et de la rendre ainsi inefficace : l'ami de tout le monde n'est que trop souvent l'ami de personne, mais cette affirmation pourrait tout aussi bien s'appliquer au patriotisme. L'un et l'autre créent aussi une apparence de vertu dont on s'accommode volontiers : tel homme, disait J.-J. Rousseau, confondant malencontreusement cosmopolitisme et goût de l'exotisme, fait profession d'aimer les Chinois, afin d'être dispensé d'aimer ses voisins. (B).

Cosmos : ce mot grec, qui signe primitivement ordre, en vint à signifier l'ordre dans l'univers, puis l'univers lui-même. Les Pythagoriciens l'avaient déjà employé en ce sens.

Cosmothétique (kosmos = monde; tithèmi = placer) : Hamilton admet que nous avons la conscience immédiate du non-moi, du monde extérieur. Il appelle Idéalisme cosmothétique (Lectures on Metaphysics, Lect. XVI) le système de ceux qui rejettent cette doctrine.

Côté. - En géométrie, c'est un segment de droite d'un polygone.

Courage. - Force morale face à l'adversité, le danger, la soufrance. C'est une des quatre vertus reconnues par les Anciens (sagesse ou prudence, justice, courage, tempérance). Les Stoïciens définissaient le courage  comme la vertu luttant pour l'équité. Il faut l'entendre le plus souvent dans le sens de grandeur d'âme.

Courbe. - Ensemble de points qui forment une ligne continue.

Courbure (géométrie). - L'idée qui s'attache dans le langage ordinaire au mot courbure est évidemment celle de déviation par rapport à la forme rectiligne. : plus cette déviaion est brusque, plus la courbure est prononcée. Quand on compare des cercles de différents rayons, on dit que leur courbure est d'autant plus prononcée, que leur rayon est plus petit. Si l'on considère, en effet, divers cercles tangents au même point d'une droite, on reconnaît que plus leur rayon est petit plus vite ils se séparent de la droite. On est ainsi naturellement conduit à prendre la fraction 1/R pour mesurer la courbure d'un cercle de rayon R. Mais s'il s'agit d'une courbe quelconque, la courbure change évidemment d'un point à l'autre; le cercle est la seule courbe plane où elle soit constante.

Coutume. - Le terme a plusieurs significations en fonction du contexte, mais en général, il se réfère à un comportement, une pratique ou une norme établie au sein d'une société ou d'une culture. Une coutume culturelle est une pratique ou un comportement traditionnellement suivi par un groupe de personnes ou une société donnée. Cela concerne les traditions, les rituels, les cérémonies, les fêtes, les habitudes alimentaires, les vêtements, les gestes de salutation, et d'autres pratiques spécifiques à une culture. Les philosophes examinent comment les coutumes culturelles influencent la manière dont les individus comprennent le monde, se comportent, interagissent les uns avec les autres et développent leur identité. Ils peuvent aussi examiner comment les coutumes influencent nos jugements moraux et la manière dont nous évaluons le bien et le mal. Ils peuvent également réfléchir sur la moralité des coutumes culturelles spécifiques. Les coutumes sociales sont des normes de comportement qui guident les interactions entre les individus au sein d'une société (règles de politesse, attentes sociales,  normes de conduite, etc.). Les philosophes politiques peuvent ainsi se pencher sur la manière dont les coutumes influencent la formation de la légitimité politique, les normes de comportement civique et les conceptions de la justice politique. Dans le domaine du droit, une coutume est une pratique qui a acquis force de loi en raison de sa longévité et de son application continue. Les coutumes légales peuvent varier d'un pays à l'autre et peuvent influencer les systèmes juridiques (Le Droit coutumier).

Craig (théorème de). - Résultat résultat fondamental en logique modale classique, développé par William Craig. En logique modale, les formules modales expriment des propositions sur la nécessité, la possibilité, l'obligation, etc., et sont étudiées en utilisant des mondes possibles ou des cadres sémantiques spécifiques. C'est dans ce contexte que le théorème de Craig a été démontré. Il énonce que l'ensemble des formules modales de la logique modale classique est décidable. En d'autres termes, il existe un algorithme qui, pour toute formule donnée dans cette logique, déterminera si elle est vraie ou fausse dans n'importe quel modèle sémantique de la logique modale classique. Ainsi, contrairement à de nombreuses autres logiques modales, la logique modale classique est décidable, ce qui facilite la vérification automatique des formules dans cette logique.

Créatianisme (de Creatio, de creatum, supin de creare = créer) : doctrine d'après laquelle l'âme humaine est créée par Dieu au moment de la conception ou quand le corps est suffisamment préparé. (Traducianisme).

Création (de Creationem, de creatum, supin de creare = créer) : a) Sens strict Est factio alicujus de nihilo (Albert le Grand,Summa de Creaturis, Tract. I,
Quaest. I, Art. 2). Acte par lequel Dieu a tiré du néant tout ce qui existe. La doctrine de la création est opposée à la théorie de l'émanatioh et aux autres formes de panthéisme. - Distinctions : Création, anéantissement, transformation, génération. La création est la production d'une chose sans ma tière préexistante (ex nihilo sui et subjecti); l'anéantissement est la cessation totale de l'existence d'un être, dans sa fore et sa matière; la transformation est le passage d'une forme à l'autre; la génération  est  une transformation substantielle propre aux êtres vivants. -  Axiome : Rien ne se crée, rien ne se perd, c'est-à-dire que rien de nouveau n'est créé dans le monde sensible, et rien n'est anéanti : il n'y a que des transformations.  - b) Création continuée, nom que donne Descartes à la conservation des choses par le Créateur. - c) Sens artistique : production de la forme d'une oeuvre d'art au moyen d'éléments préexistants. 

Créationnisme (de Création) : système qui explique l'origine du monde par l'action créatrice de Dieu.

Crédibilité (du latin scolastique Credibilitas, de credibilis = croyable, de credere = se fier) : ce qui rend une chose digne de créance. Les motifs de crédibilité sont les motifs qui donnent à la foi un fondement raisonnable.

Créditivité (de Creditum, supin de credere = se fier) : tendance naturelle qui nous porte à croire sur parole, sans preuves, ce que l'on nous dit. Elle tient le milieu entre l'incrédulité, qui refuse de croire malgré des motifs raisonnables de crédibilité, et la crédulité, qui ajoute foi à ce qui ne le mérite pas.

Crédulité (Credulitas, de credulus, de credere = se fier). - Penchant de l'esprit à admettre sans examen comme vrai tout ce qui est affirmé par autrui. Cette facilité à croire s'attache aux idées et aux faits qu'elles représentent; elle diffère donc de la confiance, qui est un élément essentiel des relations humaines. La crédulité représente, au mieux, un déséquilibre dans cette confiance. Les individus crédules peuvent être plus vulnérables aux manipulations, car ils sont enclins à accepter des informations sans évaluation rigoureuse. La crédulité peut ainsi influencer négativement la prise de décision en permettant à des informations erronées ou trompeuses de jouer un rôle important dans les choix personnels, les décisions financières, les choix de santé, etc. S'appliquant à des récits miraculeux et surnaturels, à des visions, à des apparitions, la crédulité s'appelle superstition. Le penchant à croire a pour corrélatif la véracité ou le penchant à dire vrai, et c'est sur ce double fondement que s'appuie l'autorité du témoignage des humains. La crédulité est un instinct d'après Reid. (B.).-

Crible d'Eratosthène(arithmétique). - Tableau comprenant tous les nombres entiers, depuis 1 jusqu'à un nombre déterminé et dans lequel on barre tous ceux qui ne sont pas premiers absolus, de manière à n'avoir à la fin que ceux-ci. Pour arriver à ce résultat, à partir de 2 non compris, on barre tous les nombres de 2 en 2, puis à partir de 3 on les barre de 3 en 3, et ainsi de suite en partant du premier non effacé.

Crise. - Période ou phase de bouleversement, de questionnement ou de conflit dans un domaine particulier de la pensée, de la société ou de la culture.

Critère, Critérium (Kriterion = ce qui sert à juger, de kritès = juge, krinô = discerner, juger) : caractère d'un objet qui permet de le juger. - Le criterium ou le critère est le signe, la marque distinctive de la vérité. On dit que l'évidence est le criterium de la vérité ou de la certitude.

Les scolastiques appellent critériologie la partie de la logique qui traite des critériums et en particulier de l'évidence.

Critériologie (de kritèrion = ce qui sert, à juger, de krinô, discerner; logos = discours) : partie de la logique qui traite de la vérité, de l'erreur et de leurs critères.

Criticisme (de Critique, d'après le type factice Criticismus) : 

a) au sens strict, le criticisme est la philosophie de Kant et de ses disciples. Kant, dans ses trois Critiques (de la Raison pure, de la Raison pratique et du Jugement), se propose pour but principal de déterminer la nature et les limites de nos facultés de connaître. 

La conclusion de la critique de la raison pure est que la raison ne peut pénétrer dans le monde des êtres véritables, des noumènes et qu'elle tombe dans des contradictions inévitables (antinomies) toutes les fois qu'elle veut spéculer sur l'absolu. Elle ne peut donc affirmer sur les objets transcendantaux ni le pour, ni le contre. 

Par conséquent, ce scepticisme provisoire laisse le champ libre à la raison pratique qui, par le moyen des postulats (c'est-à-dire des conséquences qu'implique la loi morale ou l'impératif catégorique), rétablit notre croyance à la liberté, à la vie future, à Dieu. Il n'y a donc pas, comme on l'a répété trop souvent, de contradiction entre les deux principales critiques : la seconde complète la première et vient au secours de la raison convaincue d'impuissance.

La critique du jugement est une étude d'esthétique (jugement du goût) et une théorie des causes finales (jugement téléologique.

Au criticisme de Kant (dont l'idée fondamentale se trouve dans David Hume qui eut le mérite, selon un mot bien connu, de réveiller Kant de son sommeil dogmatique) se rattache le mouvement philosophique de l'Allemagne et de tout le XIXesiècle : l'idéalisme subjectif de Fichte, l'idéalisme objectif de Hegel et le pessimisme de Schopenhauer.

Le néocriticisme est l'école française de Renouvier, qui a repris, en les corrigeant et en les complétant, toutes les thèses fondamentales de Kant et a exercé une grande influence sur le mouvement philosophique en France et même en Europe. 

« Quelque chose manque chez Hume, dit Pillon l'idée de loi. Quelque chose est de trop chez Kant : l'idée de substance conservée sous le nom de noumène [...]. Il fallait tenir au phénoménisme de Hume, l'apriorisme de Kant : ç'a été l'oeuvre accomplie, au commencement de la seconde moitié du XIXe siècle, par M. Renouvier. » 
Pillon ajoute qu'il suffit de joindre l'apriorisme au phénoménisme pour rendre ce dernier compatible avec les croyances morales et avec les croyances postulées par la morale.

b) au sens large, le mot criticisme s'entend de toute doctrine qui donne à la question de la nature de la connaissance une solution subjectiviste ou idéaliste, c'est-à-dire fait dépendre la connaissance de la nature de l'esprit connaissant;

c) au sens très large, ce mot  désigne la tendance à prendre, comme base de toute recherche philosophique, le problème de la nature de la connaissance, quelle que soit d'ailleurs la solution qui y soit apportée.

Critique (Criticus, kritikos = qui décide de quelque chose, de krinô = discerner , juger) : en général, c'est l'examen d'une chose au point de vue de sa valeur. - On en distingue une grande variété : Critique d'art : partie de l'esthétique, . - Critique de la vérité : c'est la logique critique, qui s'occupe des critères.  - Critique de la valeur de la connaissance : partie de la métaphysique, etc.

Critique (théoriel'Ecole de Francfort.

Croyance (altération de créance, dérivé de croire) :

a) Sens large : synonyme d'opinion.

b) Sens strict : confiance accordée à un témoin. 

c) c'est le mode général de connaître (Renouvier). 

d) science et croyance sont deux modes différents mais certains de connaître (Scolastiques).

Connaître ou savoir, c'est donner son adhésion à une vérité évidente ou démontrée; croire, c'est donner son adhésion à une proposition dont on affirme la certitude tout en reconnaissant l'impossibilité d'en donner une démonstration rigoureuse. La certitude morale implique toujours un élément de croyance. D'une manière générale, on peut dire que toute connaissance implique la croyance, mais si on n'emploie pas ce mot quand il s'agit d'énoncés rigoureusement démontrés, c'est qu'il semble que la croyance suppose toujours une certaine liberté d'adhésion.

Cruciale (expérience) (de Crux, crucis = croix) : Bacon désigne par l'expression d'expérience cruciale l'expérience qui, à elle seule, suffit pour entraîner l'adhésion et décider l'esprit qui hésite entre deux hypothèses.

Cryptographie. -  Technique permettan de correspondre secrètement au moyen de signes convenus entre les parties intéressées.

Cubature (géométrie). - Faire la cubature ou le cubage d'un solide, c'est en évaluer algébriquement ou numériquement le volume. Les méthodes générales pour la cubature des volumes constituent une des applications importantes du calcul intégral. 

Cube. - a) En arithmétique, c'est la troisième puissance d'un nombre, c'est-à-dire produit obtenu en faisant le produit de trois facteurs égaux à ce nombre, ainsi 343 est le cube de 7, parce que 343 = 7 X 7 X 7; on exprime cela d'une manière abrégée en écrivant 73=343. - b) En géométrie,  c'est un polyèdre compris sous six faces qui sont des carrés égaux, perpendiculaires les uns sur les autres. II peut facilement s'obtenir en prenant un carré quelconque, élevant par ses quatre sommets des perpendiculaires à son plan ayant même longueur que son côté, et joignant les extrémités de ces perpendiculaires par des lignes parallèles aux côtés du carré de base. Au point de vue de la géométrie, le cube est un cas particulier du parallélépipède rectangle.

Culpabilité. - Sentiment qui se produit lorsqu'on pense qu'on a fait quelque chose de mal ou ou qu'on a transgressé une règle, une norme ou une valeur personnelle. La culpabilité est spécifiquement liée à une action ou un comportement particulier et implique généralement un sentiment de responsabilité pour cet acte. L'anthropologue Ruth Benedict (1887-1948) a introduit l'idée que certaines cultures accordent une importance particulière à la notion de culpabilité (Etats-Unis, par exemple), alors que d'autres donnent un rôle analogue au sentiment de honte (Japon, notamment).

Culture. - Ensemble des aspects intellectuels constitutifs d'une civilisation, mais qui ne représente qu'une partie de l'ensemble des caractéristiques associées à cette civilisation. Parmi les manières possibles d'envisager la culture, on retiendra ici :

La culture comme ensemble de pratiques, de comportements, de coutumes et de traditions qui sont partagés au sein d'un groupe de personnes ou d'une société donnée. On considère ici la langue, la religion et les rituels, la cuisine, la musique, l'art, la danse, les normes sociales, et bien d'autres aspects de la vie quotidienne. 

La culture comme système de signification. La culture permet aux individus de donner un sens au monde qui les entoure, par la manière dont les symboles, les signes, les mythes et les récits sont utilisés pour interpréter la réalité et pour transmettre des valeurs, des croyances et des connaissances.

 • La culture comme identité collective. - La culture joue un rôle important dans la formation de l'identité collective d'un groupe de personnes. Elle contribue à définir qui nous sommes en tant que membres de ce groupe, en soulignant nos similitudes et nos différences par rapport à d'autres groupes culturels.

La culture comme ensemble de normes et de valeurs.  La culture établit des normes et des valeurs qui définissent ce qui est considéré comme acceptable ou inacceptable au sein d'une société donnée. Ces normes et valeurs influencent les comportements et les jugements des individus.

La culture comme apprentissage social. La culture est transmise de génération en génération par un processus d'apprentissage social. Les individus apprennent les pratiques culturelles, les croyances et les comportements par l'observation, l'interaction sociale, l'éducation et l'expérience.

 • La culture comme dynamique et changeante. La culture n'est pas statique, elle évolue avec le temps en réponse aux évolutions sociales, politiques, économiques et technologiques. Les cultures sont en constante transformation.

Curieux, curiosité (Curiosus, curiositas = soin à rechercher, de cura = soin) : désir, besoin de connaître.

Cybernétique (Kybernètikè, de kybernèr = pilote). - C'est Ampère qui a introduit ce terme en 1834 pour désigner la science qui s'occupe des modes de gouvernement. Norbert Wiener a repris ce terme en 1949 en définissant la cybernétique comme "la science qui étudie les systèmes de contrôle, et spécialement d'autocontrôle, tant des organismes que des machines".

Cycloïde. - Courbe tracée par le déplacement d'un point donné d'un cercle roulant sur une droite.

Cylindre. - Solide de révolution engendré par la révolution d'un rectangle BCDL tournant autour d'un de ses côtés CD, qu'on appelle axe du cylindre. La surface engendrée pendant le mouvement par la révolution du côté BL forme la surface latérale du cylindre. Les cercles décrits par CR et DL constituent ses bases et les circonférences décrites par B et L les circonférences des bases. BL se nomme le côté ou l'arête du cylindre; CD forme sa hauteur. - La surface latérale d'un cylindre a pour mesure le produit de la circonférence de sa base par la hauteur. - Le volume d'un cylindre est égal au produit de sa base par sa hauteur. - Le volume d'un cylindre est trois fois plus grand que celui du cône ayant même base et même hauteur. - On désigne d'une façon plus générale, en géométrie, sous le nom de surface cylindrique, toute surface engendrée par une ligne qui se meut parallèlement à elle-même, l'un de ses points étant d'ailleurs assujetti à suivre le contour d'une ligne donnée.

Cynique (Ecole), Cynisme  (Cynicus, kynikos, de kyôn = chien) : fondée par Antisthène. Elle fut nommée ainsi à cause du lieu,  le Cynosarge (Kynosarges), gymnase  d'Athènes situé près du temple d'Héraclès, où il enseignait, et du genre de vie adopté par lui, qui se qualifiait de vrai chien, aplokyôn (aplous = simple; kyon = chien), et par ses disciples, notamment Diogène, dit Diogène le Chien ou Diogène le Cynique.

Les cyniques professaient que la vertu est le seul bien et qu'en conséquence les richesses, les arts ne sont que des superfluités condamnables qui nous éloignent de la nature. Ils prenaient pour patron Héraclès, dieu de la force par cette idée de la force identifiée avec la nature ils eurent une réelle influence sur la philosophie stoïcienne qu'ils préparèrent. Antisthène avait été disciple de Socrate.

Le mot cynisme, appliqué d'abord à l'École cynique, signifie en général le dédain des convenances sociales et des lois de la morale.

Cyrénaïque (Ecole), Cyrénaïsme (de Kyrènaïkos, de Cyrène, ville de la Pentapole de Lybie, en Afrique). - L'école de Cyrène fut fondée par Aristippe, disciple de Socrate, mais disciple peu fidèle a la doctrine du maître. Il enseignait que le plaisir est le seul bien; qu'il faut passer, selon les circonstances, d'un plaisir à un autre plaisir, puisque ceux des sebs valent ceux de l'esprit.

Le cyrénaïsme prépara l'épicurisme, mais Epicure distingua les plaisirs en repos et les plaisirs en mouvement, c'est-à-dire, au fond, ceux de l'esprit et ceux des sens, en recommandant de chercher les premiers et de fuir les autres l'épicurisme transforma donc le cyrénaïsme en une morale presque austère. Ce sont néanmoins deux formes de la morale du plaisir. (Hédonisme).

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Dictionnaire Idées et méthodes
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