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En
termes généraux, une application est un moyen d'associer
d'une manière unique tous les éléments d'un
ensemble donné, appelé son domaine de définition,
à des éléments de ce même ensemble ou d'un autre
ensemble ( Ensembles
et relations). Lorsque les éléments ainsi mis en relation
sont des nombres, ont donne généralement à l'application
concernée le nom de fonction.
Si
ce n'était cet usage, qui peut avoir ses exceptions, les mots fonction
et application sont synonymes. Il s'ensuit, que les différentes
propriétés attachées aux applications en général
peuvent se rencontrer avec les mêmes définitions, dans l'étude
des fonctions.
Une fonction de D dans
E (D et E étant donc des ensembles de nombres), est ainsi
un objet mathématique, que l'on peut noter f, et tel que
quel que soit x appartenant à D, il existe un élément
unique y appartenant à E, tel que y soit l'image de x par f
(on dit aussi que y est la valeur de f en x) :
f : x D, !
y E | y = f(x)
x est appelée
la variable indépendante, y est la variable dépendante.
L'intérêt
de cette classe particulière d'applications que sont les fonctions
est que certaines propriétés des fonctions ou certaines opérations
que l'on fait entre les fonctions résultent des propriétés
des nombres sur lesquels elles agissent et sur les opérations possibles
entre ces nombres. Ainsi les propriétés des opérations
telles que l'addition , la multiplication, la dérivation ou l'intégration
de fonctions, par exemple, sont-elles directement attachées aux
propriétés de l'ensemble
des nombres réels (ou, mieux dit, aux propriétés du
corps commutatif totalement ordonné ( ,
+, ., )).
Définitions
générales et notations.
Fonctions
réelles d'une variable réelle.
Dans ce qui suit
les diverses notions attachées aux fonctions seront introduites
à partir de l'étude de fonctions réelles d'une
variable réelle (= fonctions numériques) c'est-à-dire
de fonctions f associant de façon unique un nombre réel
x à un autre
nombre réel y. Il existe aussi des
s fonctions impliquant davantage de variables ou des variables qui ne sont
pas exclusivement des nombres réels.
Exemples
de fonctions qui ne sont pas des fonctions réelles d'une
variable réelle : une fonction telle que y = f(x1,
x2,.., xn) est une fonction de
n
variables; une fonction telle que y = f(x), lorsque x et y sont des nombres
complexes est une fonction complexe de variable complexe. Les vecteurs
ne sont pas des nombres, mais peuvent se définir à partir
de nombres (leurs coordonnées); on peut alors se trouver dans les
situations suivantes (entre autres) : lorsque l'argument x est un réel
et l'image y est un vecteur, la fonction telle que f(x) = y est une fonction
vectorielle; les champs scalaires se définissent comme des fonctions
dont l'argument est un vecteur et l'image un nombre (scalaire); dans le
cas de champs vectoriels, l'argument et l'image sont des vecteurs; etc.
Une fonction réelle
à une variable réelle est une application dont le domaine
de définition (= ensemble de départ de la fonction) et l'ensemble
image ( = ensemble d'arrivée) sont des sous-ensembles de l'ensemble
des nombres réels. Ces sous-ensembles (nécessairement non
vides) pourront être des intervalles de
ou des réunions d'intervalles.
Si l'on note D (ou
Df) le sous-ensemble de
des éléments x sur lesquels agit la fonction f
(autrement dit si D est le domaine de définition de f), alors
on appellera
ensemble image de f le sous ensemble de
de toutes les images des éléments x de D par la fonction
f.
On le notera f(D), Im(f) ou Imf.
Sauf
nécessité particulière, dans ce qui suit, on admettra,
pour ne pas avoir à se répéter, que lorsqu'on qu'on
parle d'une fonction f, celle-ci est définie sur un intervalle
D auquel appartiennent les nombre réels x, x0,
x1, etc.
Graphe
d'une fonction. Représentation graphique.
Le sous-ensemble
{(x, f (x)) | x
D} du produit cartésien D X f(D) est appelé le graphe
de f. Dans le cas de beaucoup des fonctions réelles d'une ou
plusieurs variables réelles, on peut représenter un tel graphe
sous la forme d'une courbe (éventuellement avec plusieurs composantes
disjointes) qui peut être tracée sur le plan où l'abscisse
est la valeur de la variable x et l'ordonnée la valeur f(x).
C'est ce qu''on appellera une représentation graphique
de la fonction, et l'on dira que la courbe a pour équation y = f(x).
Les éléments du graphe sont appelés points. Ils ont
pour coordonnées (x, f(x)).
-
Figure
1 - Représentation graphique
d'une fonction.
Df
est
le domaine de définition de f;
Imf
est
l'ensemble image de f.
Quelques familles
de fonctions.
Fonctions
algébriques.
Les fonctions
algébriques sont des fonctions dans lesquelles les différents
termes (variables numériques) sont liés entre eux par par
des symboles opératoires (+, x, etc.) ou peuvent se ramener à
des expressions n'utilisant que ces symboles. Par exemple, la fonction
f(x) = (x²+1)/(x-1) est une fonction algébrique. Figurent parmi
les fonctions algébriques :
Les
fonctions polynomiales. - Ce sont des fonctions f telles que, pour
tout x du domaine de définition, f(x) = anxn
+ an 1xn 1 + an
2xn -2 +
+ a1x
+ a0 , où n un entier positif et les coefficients
ai sont des réels (ou des nombres complexes),
avec an non nul. Le nombre n indique le degré
de la fonction polynomiale. Lorsque n = 3 on parle de fonction cubique.
La fonction f(x) = ax² + bx + c, (avec a 0),
par exemple, est une fonction du second degré. Sa courbe représentative
est une parabole.
f(x) = ax²
+ bx + c peut aussi s'écrire : f(x) = a(x+b/2a)² - /4a,
où -=
b²-4ac est appelé discriminant. Le mérite de
cette forme du trinôme; dite forme canonique, est de faire
apparaître des termes d'un intérêt particulier. Ainsi,
le point de coordonnées (-b/2a, - /4a)
correspond-il au point où la parabole (courbe de f) atteint son
maximum ou son minimum. Ces mêmes coordonnées permettent aussi
de décider (à partir d'une discussion sur le signe de )
s'il existe ou pas des valeurs de x (appelées racines de l'équation)
telles que f(x) =0, et de les calculer éventuellement.
Les fonctions
du second degré (aussi appelées trinômes du second
degré), sont un cas particulier (pour les fonctions d'une variable
réelle) des fonctions quadratiques qui sont des fonctions
polynomiales de degré 2 à un nombre quelconque de variables
(par ex., la fonction à deux variables : f(x, y) = x² + 2xy).
Une fonction puissance
de degré n est une fonction polynomiale de la forme : f(x) =
xn, où x est un réel non
nul et n un entier positif.
Les fonctions rationnelles.
- Ce sont des fonctions polynomiales définies par une relation de
la forme f(x) = p(x) / q(x) (où p et q sont des fonctions polynomiales
et où au moins un des coefficients de q(x) est non nul).
Les fonctions
irrationnelles. - Ce sont les fonctions qui font appel au symbole racine
: n
, avec n entier positif.
Fonctions
affines.
On appelle fonction
affine une fonction f telle que f(x) = ax + b (c'est donc
une fonction polynomiale de degré 1). La courbe représentative
d'une telle fonction est une droite : la constante a est son coefficient
directeur (= pente) et la constante b est son ordonnée
à l'origine (elle coupe l'axe des ordonnées au point
(0, b)). Lorsque a ou b sont égaux à zéro ou quand
a est égal à 1, on donne des noms particuliers aux fonctions
affines concernées :
Dans le
cas ou a = 0 (f(x) = b), f est une fonction constante.
Dans le cas ou
b = 0 (f(x) = ax), f est une homothétie.
Dans le cas où
a = 1 et b = 0, f correspond à f(x) = x. C'est la fonction
identique (sur le domaine de définition D) : IdD.
Dans le cas ou
a =1 et b 0, (f(x)
= x + b), f est une translation.
Les fonctions affines sont les fonctions les
plus simples, mais on verra plus bas qu'elles jouent un rôle central
dans la définition de notions aussi fondamentales que celles de
limite ou de dérivée.
Fonctions
spéciales.
Les fonctions spéciales suivantes
ont plus ou moins de parentés avec les fonctions affines.
Fonction
valeur absolue. - C'est la fonction, notée |x|, qui associe
x à x si x est supérieur ou égal à zéro
(|x| = x) et à -x si x est inférieur à zéro
(|x| = -x).
Fonction signe.
- C'est la fonction, notée sgn(x), qui associe à x les valeurs
-1, 0 ou 1, selon le signe de x : sgn(x) =-1 si x < 0; sgn(x) = 0, si
x = 0; sgn(x) = +1 si x > 0.
Fonction en
escalier. - Une fonction f définie sur un intervalle fermé
[a, b] est appelée fonction en escalier (ou fonction constante
par morceaux) sur [a, b] s'il existe une subdivision S = (x0,
..., xn) de [a, b] telle que f est constante sur chacun
des n intervalles ]x0, x1[,
... ]xn-1, xn[. On dit alors
aussi que f est étagée sur S . On donne le nom de
pas
(ou module) de la subdivision S, le plus grand des réels
strictements positifs x1-x0,
... , xn-1- xn-1 (autrement dit,
le pas ou module est la largeur de la plus large marche de l'escalier).
Ce nombre est aussi le pas de la fonction f.
On fera appel plus
bas à la notion de fonction en escalier pour introduire celle d'intégrale
d'une fonction.
Fonctions
transcendantes.
Lorsqu'une fonction
numérique n'est pas algébrique on dit qu'elle est transcendante.
Exemples, les fonctions exponentielles, logarithmiques, circulaires, etc.
:
Les fonctions
exponentielles sont définies par une relation de la forme f(x)-=
ax, où x, l'exposant,
est un réel, et a , appelée la base, est un
nombre réel strictement positif différent de 1.
On appelle
exponentielle
naturelle la fonction exponentielle dont la base est le nombre irrationnel
e
= 2,718281828..., appelé nombre d'Euler
ou constante de Néper.
Les fonctions logarithmiques
sont des fonctions définies par une relation de la forme f(x) =
loga(x) où a (base du logarithme)
est un réel strictement positif différent de 1. La fonction
log10 se note aussi log.
On parle
de logarithme naturel quand la base est le nombre e mentionné
ci-dessus. On note cette fonction Log ou ln.
Les fonctions circulaires
(ou
trigonométriques)
sont des fonctions définies à partir des fonctions sinus
et cosinus et dont largument est une valeur dangle, ou un angle de rotation.
Parmi les fonctions circulaires, on mentionnera, outre les fonctions sinus
(sin) et cosinus (cos), la fonction tangente (tg (x) = sin(x)/cos(x)),
la fonction sécante (sec(x) =
1/ cos
(x)), etc.
Ajoutons à
cela un certain nombre de fonctions apparentées aux fonctions circulaires
: les fonctions trigonométriques inverses (arcsin, arccos,
arctan, etc.); les fonctions hyperboliques (sinh, cosh, tanh, etc)
et les fonctions hyperboliques inverses (argsinh, argcosh, etc.).
Quelques qualificatifs
pour les fonctions.
Fonctions
monotones.
Si l'on considère
deux éléments distincts quelconques x1
et x2 appartenant au domaine de définition
de la fonction f, et tels que x1 <
x2, la fonction est dite monotone si l'on a
toujours soit f(x1)
f(x2), soit f(x2)
f (x1). Dans le premier cas la fonction est de plus
dite croissante, dans le second, elle est dite décroissante.
Lorsque on a
f(x1) < f(x2) ou f(x2)
< f (x1), on dit que f est strictement monotone
(croissante ou décroissante).
La propriété
de monotonie (croissante ou décroissante) peut ne s'observer que
pour un sous-ensemble du domaine de définition. Il convient alors
de préciser explicitement sur quel(s) intervalle(s) la fonction
est monotone (croissante ou décroissante) .
Fonctions
réciproques.
Comme toute autre application, une fonction
f bijective admet une fonction réciproque, notée f
-1
.
(Attention : ici, f-1
est le symbole d'une
fonction, pas une puissance de f; pour éviter les confusions on
peut aussi noter f* la réciproque de f)). Pour trouver la fonction
réciproque de f, les variables x et y sont interverties dans la
formule de f, puis y est exprimé à partir de x = f (x) afin
d'obtenir y = f-1(x). L'expression
y = f (x) est équivalente à l'expression x = f-1(y).
Les égalités
suivantes découlent de cette relation :
f (f-1
(y)) = y et f-1(f (x)) = x
Autre écriture
:
(f o
f-1)(y)
= y et (f-1o f) (x)
= x
Le graphe d'une fonction
réciproque y = f-1 (x) est
obtenu par réflexion du graphe de y = f (x) par rapport à
la droite y = x.
Si une
fonction f est strictement monotone dans un intervalle de son domaine de
définition, alors il existe une fonction réciproque f-1
pour cet intervalle.
Si une fonction
non monotone peut être partitionnée en parties strictement
monotones, alors la réciproque correspondante existe pour chaque
partie.
Fonctions
bornées.
Une fonction est
dite bornée s'il existe une valeur b qu'elle prend, telle que quelque
soit x, f(x) est toujours soit inférieur ou égal à
b, soit supérieur ou égal à b. Dans le premier cas,
b est la borne supérieure de la fonction, dans le second, b est
sa borne inférieure.
Fonctions
paires et impaires.
Une fonction
paire est une fonction telle que f(x) = f(-x). Une fonction impaire
est une fonction telle que f(x) = -f(-x).
Sous réserve
que, pour tout x appartenant au domaine de définition D de la fonction
f, -x appartiennent aussi à D, la fonction f
peut être écrite comme la somme d'une fonction paire g
et d'une fonction impaire h. On a ainsi, pour chaque x appartenant
au domaine de définition de f :
f(x) = g(x)
+ h(x), où g(x) = ½.[f(x) + f(-x)] et h(x) = ½.[f(x)
- f(-x)].
Fonctions
périodiques.
Une fonction est
périodique
si elle satisfait la relation f(x) = f(x+T), où T est une constante
non nulle. De cette définition, il suit que la relation f(x) = f(x+n.T),
où n est entier relatif non nul, est aussi vérifiée.
T, plus petit nombre positif vérifiant ces relations, est appelée
la période de la fonction.
Limites et continuité
Limite d'une fonction.
On appelle limite d'une quantité
variable une quantité fixe dont cette variable s'approche indéfiniment,
de manière à en différer d'aussi peu que l'on veut.
La considération de cette notion de limite intervient constamment
dans l'étude des fonctions.
Limite
d'une fonction en un point.
Parler de la limite d'une fonction
réelle en un point revient à se demander ce qu'il advient
de la valeur f(x) d'une fonction f lorsque la variable x
tend vers une valeur x0 donnée.
Pour une variable réelle quelconque
x,
tendre vers une valeur donnée x0 signifie
que la valeur absolue
de la différence de x et de x0
(
=| x- x0 |) tend vers zéro. On écrit
cette situation : x
x0 (lire : "x tend vers x0"),
ou de manière équivalente 
0.
La limite de la valeur de la fonction f
quand x tend vers x0, se notera alors-:
lim f(x)
ou, de manière plus économique :
x
x0 |
lim f , voire : lim f
x0 |
Cette limite peut être
un nombre, quand f(x) tend vers une valeur butoir; mais elle peut aussi
être infinie (± )
quand la valeur absolue de f(x) tend indéfiniment vers +
ou vers - .
Limite
finie en un point.
Admettons, pour commencer, que cette limite
soit un nombre (on parlera dans ce cas de limite finie), et que
ce nombre soit noté A. La définition de la limite
est alors :
lim f(x) = A
[
> 0, 
> 0 / | x-x0| < 
|f(x)-A| < ]
x
x0
La limite d'une fonction en un point peut
être la valeur de la fonction en ce point ou être distincte
de cette valeur.
Limite
à droite et limite à gauche.
On a admis implicitement jusqu'ici qu'un
fonction a une même limite en x0 que l'on approche
x0 par des valeurs de x supérieures à
x0 ou par des valeurs inférieures. Mais il
peut arriver que les limites soit différentes selon que l'on approche
x0 par par des valeurs de x supérieures (limite
à droite) ou par par des valeurs de x inférieurs (limite
à gauche). On écrit : x
x0+ lorsque x > x0,
et l'on écrit x
x0 lorsque x < x0.
D'où les deux notations suivantes :
Limite à droite
: lim f(x) = P
x
x0+
Limite à gauche : lim f(x)
= M
x
x0
Où P et M sont des nombres réels.
On dit que la fonction f a une limite
en x0 si et seulement P et M existent et P
= M, dans le cas contraire, on devra toujours préciser "à
droite" ou "à gauche".
Limite
finie d'une fonction quand x tend vers l'infini.
On peut être
conduit à s'interroger sur ce que devient une fonction, non plus
seulement quand la variable x tend vers une valeur finie (x
x0), mais aussi quand cette variable tend vers ±
(x ± ).
Les notations
a) lim
f(x) = A et b)
lim f(x) = A
x +
x
-
signifient :
a)
si pour tout réel positif donné
il existe un nombre N > 0 tel que pour tout x > N, la valeur correspondante
f (x) est dans l'intervalle a-
< f (x) < A + ;
b) et, de
façon analogue, que A est la limite de la fonction f (x) quand x
tend vers -
si pour tout nombre positif donné
il existe un nombre positif N > 0 tel que pour tout x < -N la valeur
correspondante f(x) appartient à l'intervalle a-
< f (x) < A + .
Propriétés
des limites.
Toute quantité croissante
(ou décroissante) qui ne peut devenir plus grande (ou plus petite)
qu'une quantité donnée fixe, a une limite.
Si f(x) = k,
x [a, b]
lim f(x) = k, x0
[a, b]
x
x0
La limite d'une somme (ou d'un produit)
de quantités variables en nombre déterminé est égale
à la somme (ou au produit) des limites de ces quantités.
La limite d'un quotient est égale au quotient des limites du dividende
et du diviseur (si le diviseur est différent de zéro).
Si lim f(x) = A et lim g(x) = B,
on vérifie que
x
x0 x
x0
a)
lim [f(x)±g(x)] = A±B
x
x0
b)
lim [f(x).g(x)] = A.B
x
x0
c)
si B 0,
lim [f(x)/g(x)] = A/B
x
x0
d)
lim k.f(x) = k.A
x
x0
Limites
infinies.
On a admis jusqu'ici
que la limite d'une fonction en un point était un nombre réel.
Mais ce n'est pas toujours le cas. Il peut arriver que, lorsque x s'approche
idéfiniment de x0, la valeur absolue de f(x)
croisse indéfiniment. Lorsqu'une valeur tend ainsi à devenir
indéfiniment grande, on dit qu'elle tend vers "plus l'infini" ou
vers "moins l'infini". Ces situations se notent :
lim f(x)
= +
x
x0
lim f(x) = -
x
x0
Elles signifient que
M > 0,  ,
fonction de M/f(x) > M (ou < -M, dans le second cas) tant que
|x < x0| < .
Note
: on peut aussi se trouver dans des situations telles que, par exemple
:
lim f(x)
= - ,
lim f(x) = k , etc.
x
+
x
-
(Tous les cas de
figure sont possibles).
Formes
indéterminées.
Les propriétés
(somme, produit, rapport) des limites infinies sont analogues à
celles des limites finies tant qu'on ne se trouve pas dans les cas où
apparaissent certaines expressions, appelées formes indéterminées
(F. I.)
Ainsi, notamment, on ne peut pas conclure
directement à l'existence de :
lim (f+g), lorsque lim
f = + et lim g =
- . (indétermination - )
lim f.g, lorsque lim f = 0 et lim g =
± . (indétermination
0x )
lim f/g, lorsque lim f = ±
et lim g = ±
(indétermination / )
.
Donner la limite dans
ces situations s'appelle lever l'indétermination. Ce n'est
pas toujours possible.
Typiquement,
l'impossibilité de lever algébriquement l'indétermination
intervient quand on travaille sur des fonctions transcendantes ou sur des
fonctions mêlant fonctions transcendantes et fonctions algébriques.
Ainsi, par exemple, la limite quand x tend vers zéro de (e²x
-
1)/x aboutit-elle à l'indétermination 0/0. On peut alors
tenter, de résoudre le problème de manière algébrique
en réécrivant l'expression et en cherchant la limite quand
x tend vers zéro de (e²x/x)
- (1/x). Mais cela conduit à une autre forme indéterminée
( - ).
On verra plus bas, après
avoir étudié la notion de dérivée d'une fonction,
comment il peut être possible de sortir d'une telle impasse ( règle
de L'Hôpital).
-
Limites
infinies et formes indéterminées
Infinitésimaux.
Le terme d'infinitésimal
s'applique à toute quantité variable qui tend vers 0 (c'est-à-dire
aussi petite que l'on veut, sans jamais être égale à
0). On appelle fonction infinitésimale au point x0
toute fonction
telle que
lim (x)
= 0
x
x0
On est dans une situation similaire lorsqu'on
a (x)
qui tend vers zéro quand x tend vers un infini :
lim (x)
= 0
x ±
La fonction
peut être une fonction très banale :par exemple la fonction
sinus ou la fonction identique au point x=0, ou encore la fonction 1/x
quand x tend vers l'infini, etc.
On peut comparer les infinitésimaux
entre eux.
Deux infinitésimaux, (x)
et (x)
sont dits comparables lorsque
lim (x)
/ (x)
= A, et A est un nombre déterminé.
x x0
C'est à cette possibilité de
comparaison que renvoie la notion d'ordre d'un infinitésimal.
Lorsque A = 0, (x)
est d'ordre supérieur à (x).
Lorsque A 0
(et A ± ), (x)
et (x)
sont du même ordre.
Lorsque A = ± , (x)
est d'ordre inférieur à (x).
Lorsque A = 1, (x)
et (x)
sont équivalents.
Les infinitésimaux sont l'un des moyens
utilisables pour lever les formes indéterminées de type 0/0.
Continuité
d'une fonction.
Fonction
continue en un point.
Une fonction réelle f d'une variable
réelle est continue en x0 si et seulement
si sa limite en x0 est la valeur de la fonction en
ce point :
lim f(x)
= f(x0)
x
x0
Cela signifie que, dans le cas d'une fonction
f continue en x0, les valeurs que prend cette fonction
pour des points proches de x0 doivent aussi être
proches de f(x0).
De la même façon que les limites
d'une fonction en un point x0 peuvent être définies
à droite (x > x0) ou à gauche (x <
x0), il est possible aussi qu'une fonction ne soit
continue qu'à droite ou à gauche.
Continuité à droite,
si et seulement si lim f(x) = f(x0)
x
x0+
Continuité à gauche,
si et seulement si lim f(x) = f(x0)
x
x0
Fonction
continue sur un intervalle.
Une fonction f est
continue sur l'intervalle ouvert ]a, b[ si elle est continue en chaque
point de cet intervalle.
Une fonction f est
continue sur l'intervalle fermé [a, b] si elle est continue si :
1)
f est continue sur l'intervalle ouvert ]a, b[;
2)
lim f(a) = a et lim f(b) = f(b).
Continuité
uniforme.
Une fonction f est
dite uniformément continue sur l'intervalle I = [a, b] si sur cet
intervalle:

> 0, 
> 0 tel que pour tout couple x1, x2
d'éléments appartenant à I et vérifiant |x1---x2|
< ,
on ait |f(x1) - f(x2)| < .
Le nombre
associé à
ne dépend pas ici de x, alors que dans la définition de la
continuité tout court il peut en dépendre.
La continuité
uniforme implique la continuité tout court, mais la réciproque
est fausse.
Prolongement
par continuité.
On considère
un intervalle I auquel appartient le réel a et la fonction
f définie sur I-{a} (c'est-à-dire sur l'intervalle
I
auquel on a ôté le nombre a). Si f est continue sur
cet intervalle et a une limite finie A en a, alors la fonction
définie sur I et telle que, pour tout x de I-{a},
on ait (x) = f(x) et (a) = A, est continue en
a et sur I.
On appelle alors le prolongement par continuité de f en a.
Propriétés
locales des fonctions continues.
On peut attacher
aux fonctions continues les propriété suivantes :
La somme
de deux fonctions continues est une fonction continue.
Le produit de deux
fonctions continues est une autre fonction continue.
Le quotient de
deux fonctions continues est une fonction continue en
tout point ou sur
tout intervalle dans lequel le dénominateur ne s'annule pas.
Si f est continue
en a, f (a) = b et g est continue en b, alors la composée
gof (c'est-à-dire la fonction telle que g(f
(x))) est continue en a.
Théorème
de Weierstrass. - Si f est continue sur un intervalle fermé [a,
b], elle est bornée sur cet intervalle. De plus, si S est l'ensemble
des valeurs f (x) pour x appartenant à [a, b], et M = sup S, il
existe un point
appartenant à [a, b] tel que f ( )
= M et donc idem pour m = inf S). On dit alors qu'une fonction continue
dans un intervalle compact (= fermé et borné) [a, b] y atteint
un maximum et un minimum.
Calcul différentiel
Différentielles
et dérivées.
Approche
géométrique.
On peut donner un sens géométrique
aux notions de différentielle et de dérivée en considérant
:
1) le graphe d'une fonction f,
c'est-à-dire la courbe C d'équation y = f(x). On admet que
f est continue dans le voisinage de x0, c'est-à-dire
sur un intervalle V centré sur un point x0,
tel que V = ]x0 -
, x0 + [,
étant un réel strictement positif.
2) Deux points distincts de cette courbe
P et Q de coordonnées respectives (x0, f(x0))
et (x, f(x)), où x0 et x appartiennent
à l'intervalle V. Si l'on note h la différence de x et X0
(h =x-x0) les coordonnées de Q pourront aussi
s'écrire : (x0+h, f(x0+h),
où |h| < ,
et (puisque les points sont distincts) h 0.
3) Une droite D est sécante de la
courbe C au point P et au point Q de coordonnées (x = x0
+
h, y = f(x0 + h)), avec h 0.
Sa pente m peut s'écrire-: m
= [f(x0
+ h) - f(x0)]/h.
Figure
2. - Sécante et tangente en un point
d'une
courbe représentative d'un fonction continue.
La question est maintenant de savoir ce
que devient cette pente lorsque Q se rapproche autant que l'on veut de
P, autrement dit quand x se rapproche aussi près que l'on veut de
x0, ou encore lorsque h tend vers 0 (h
0). Dans notre exemple, il existe une réponse : la droite D tend
à se confondre avec la tangente de la courbe C au point P. Et l'on
peut exprimer cela de deux façons équivalentes :
1) Au voisinage de x0,
la droite D et la courbe C tendent à se confondre, autrement dit,
si plus une portion de C au voisinage de x0 est petite et plus elle
s'approche d'une segment de droite : la fonction f peut donc être
approchée autant qu'on le souhaite par une fonction affine. Cela
renvoie à la notion de différentiabilité.
2) lorsque h tend vers zéro,
la pente de D tend vers une limite finie, qui est aussi la pente de la
tangente en x0. Cette condition renvoie à la
notion de dérivabilité.
Dans le cas des fonctions réelles à
une variable différentiabilité et dérivabilité
coïncident : une fonction différentiable (en un point) est
dérivable (en ce point) et réciproquement. Cette équivalence
est utile pour choisir sous quel angle on résoudra tel ou tel problème
: l'un sera plus simple à aborder en termes de différentielles,
l'autre en termes de dérivées.
Différentiabilité.
Différentielle.
La fonction f est différentiable
en x0 si les conditions suivantes sont remplies :
a)
Il existe un intervalle V = ]x0 - ,
x0 + [
(on dit : "un intervalle V centré sur x0 et
de rayon ")
inclus dans le domaine de définition D, b)
il existe un réel m; c) il existe fonction
définie sur V, qui a la propriété de tendre vers zéro
quand x tend vers x0 (autrement dit :
est un infinitésimal); tels que d)
x V, f(x) = f(x0)
+ m.(x-x0) + (x-x0). (x).
On peut alors définir les fonctions
suivante :
La fonction affine tangente à f au point x0
est la fonction qui à tout x de D associe m.x + f(x0)
- m.x0
La différentielle
de f en x0 (ou fonction linéaire tangente
à f au point x0) est la fonction qui
à tout x de D associe mx, et que l'on note
dfx0; m étant le coefficient de
la différentielle f en x0.
Propriétés
des fonctions différentiables.
On considère des réels k,
x, x0, et deux fonctions réelles, f et g, définies
sur un voisinage V de x0 et différentiables
en x0. On a alors :
f + g
est différentiable au point x0 et d(f+g)x0
= dfx0 + dgx0
k.f est différentiable
au point x0 et d(k.f)x0
= k.dfx0
f.g est différentiable
au point x0 et d(fg)x0
= f(x0).dgx0
+ g(x0).dfx0
Si g(x)
0 pour tout x appartenant à V, f/g est différentiable au
point x0 et :
d(f/g)x0
= [g(x0)dfxx0 - f(x0)dgx0]/g²(x0)
Si f est différentiable
sur un voisinage V de x0 et g est différentiable
sur un voisinage W de f(x0), (avec f(V)
W) alors la fonction composée g o f est différentiable
au point x0 et on a : d(g o f)x0
= dg f(x0) o dfx0
Dérivabilité.
Nombre dérivé en un point. Fonction dérivée.
Si la limite du rapport f(x) - f(x0)
/ x - x0, quand x tend vers x0,
existe et est finie, on dit que f est dérivable en x0,
= lim [f(x) - f(x0)]/(x
- x0)
x
x0
est appelé le nombre dérivé de f en x0.
C'est
le taux de variation de f en ce point, ou encore la pente de la tangente
à la courbe représentative de f au point de coordonnées
[x0, f(x0)].
Dire
que "f est dérivable en x0 et de nombre dérivé "
est équivalent à dire que " f est est différentiable
en x0 et le coefficient de sa différentielle
est ".
On appelle fonction dérivée
de f (ou plus simplement dérivée de f) la fonction
, ordinairement notée f' (lire "f prime"), qui, à tout
x appartenant à un intervalle I (non vide et inclus dans le domaine
de définition de f) associe le nombre dérivé de f
en x.
Toute
fonction dérivable (différentiable) en un point est continue
en ce point. Mais la réciproque est fausse.
Dérivation
à droite et à gauche.
De la même façon que l'on
a défini plus haut une limite à droite et une limite à
gauche, on peut définir les notions de dérivabilité
à droite et une dérivabilité à gauche :
Une fonction f définie
sur [x0, x0+r,
avec r >0 [ (resp. sur ]x0-r, x0])
est dérivable à droite (resp. à gauche)
si et seulement si la fonction qui associe à x la valeur f(x)-f(x0)/x-x0
a une limite finie à droite (resp. à gauche).
Une fonction est dérivable
seulement si elle a une dérivée à droite, une dérivée
à gauche et que ces dérivées coincident en chaque
point.
Les dérivées d'une fonction
peuvent exister à droite et à gauche d'un point, mais être
différentes :
Exemple
: Considérons la fonction valeur absolue : f(x) = |x|, qui
est continue sur ;
pour toutes les valeurs de x supérieures à 0 (tous les points
à droite de zéro), la dérivée est f'(x) = 1,
mais pour toutes les valeurs inférieures à 0 (tous les points
à gauche de 0), elle est f'(x) = -1. Il n'y a donc pas une limite
unique selon que l'on considère x
0+ et x
0-. Bien que f(x) soit continue en 0, qu'elle soit dérivable
à droite de 0 et à gauche de 0, elle n'est pas dérivable
en 0.
On peut aussi se trouver
dans le cas où une fonction continue est dérivable en un
point d'un côté et pas de l'autre. Et, bien sûr, certaines
fonctions peuvent n'être dérivables ni à gauche ni
à droite d'un point donné. Il existe même des fonctions
continues sur tout leur domaine de définition (qui peut être
tout entier), mais qui ne sont dérivables nulle part. Karl
Weierstrass s'était fait une spécialité de la
recherche de telles fonctions : la première découverte, en
1872, porte le nom de fonction de Weierstrass-Hardy. Sa représentation
graphique est typiquement ce que les mathématiciens appellent une
fractale
: lorsqu'on zoome sur un fragment de courbe (irrégulier dès
le départ), le même motif irrégulier apparaît,
même chose lorsqu'on zoome encore et encore... jusqu'à l'infiniment
petit.
Dérivées
successives.
Lorsqu'une fonction
f est dérivable, sa dérivée peut être (ou ne
pas être) elle-même dérivable. Si elle est dérivable,
il sera possible de définir une dérivée de la dérivée,
qui sera appelée la dérivée seconde de f (la
dérivée tout court étant sa dérivée
première). La dérivée de la dérivée
seconde, si elle existe, s'appellera la dérivée troisième
ou dérivée d'ordre 3, etc. Tant que la dérivabilité
des dérivées successives sera assurée, on parlera
de dérivées d'ordre n de f. On les écrira f(n).
Si pour tout entier n strictement positif f est n fois dérivable,
on dira que f est indéfiniment dérivable.
Notations
de Lagrange, de Leibniz et de Newton.
Notation
de Lagrange. - C'est la notation,
employée jusqu'ici pour les dérivées : elle utilise
le signe ' (prime) ou, pour les dérivées d'ordre n, l'exposant
entre parenthèses
(n).
Notation de
Leibniz. - Avec cette notation, dite aussi notation différentielle
de la dérivée, la dérivée d'une fonction
f s'écrit df/dx . Si l'on pose y = f(x), on pourra aussi l'écrire
dy/dx.
La notation de Leibniz
est souvent utilisée conjointement à celle de Lagrange. Exemples
:
On
peut écrire : f'(x) = dfx/dx, ou de façon
équivalente (rencontrée dans le formalisme du calcul intégral)
:
dfx
= f'(x).dx.
A
partir de l'expression de la composée de deux fonctions différentiables
f et g (avec les mêmes conditions que celle mentionnées plus
haut), peut s'écrire :
d(g o
f)x /dx= = g'(f(x)). f'(x) = dg
f(x) / dfx. dfx/dx
En posant y = f(x) et
z = g(x), l'expression de la dérivée de g o
f prend une forme intéressante :
dz/dx =
dz/dy.dy/dx
Ajoutons que, dans la
notation de Leibniz, la dérivée seconde se note d²y/dx²
et la dérivée nème
: dny/dxn.
Il s'agit là d'une convention d'écriture et non pas d'un
vrai quotient comme dans le cas de la dérivée première.
Notation de
Newton. - On rencontre aussi parfois en physique (principalement en
dynamique) la notation de Newton, qui écrit
la dérivée sous la forme d'une lettre surmontée d'un
point-:
= f'(x). La dérivée seconde se note en surmontant la
lettre de deux points : .
Selon ces conventions, la vitesse (dérivée de l'abscisse
d'un mobile variant dans le temps) s'écrira : v = ,
et l'accélération (dérivée de la vitesse par
rapport au temps) : a =
= .
Fonctions
de classe C1.
Pour mémoire,
notons qu'on dit qu'une fonction numérique f d'une variable
réelle définie sur un intervalle donné est de classe
C1 si elle est dérivable sur
cet intervalle et si sa dérivée f' est continue sur cet intervalle.
Cette propriété est une condition nécessaire à
l'établissement de certains résultats du calcul intégral.
Extrémums
absolus et relatifs.
Le maximum absolu Ma
(respectivement minimum absolu ma) d'une fonction
sur son domaine de définition D, c'est-à-dire la valeur maximale
(resp. minimale) prise par f(x) pour tout x appartenant à D, est
telle que f(x) est toujours inférieur (resp. supérieur) ou
égal à Ma et il existe un élément
c de D tel que Ma = f(c). Les extrémums
(ou extrema si vous parlez latin) relatifs (maximum relatif
Mr et minimum relatif mr)
répondent à une définition analogue, si ce n'est qu'ici
on ne consière plus domaine de définition D dans sa totalité,
mais un sous-ensemble de D.
[Ma
(resp. ma) est un maximum (resp. minimum) absolu de
f sur D] [ x D,
f(x) Ma
(resp. f(x) ma)
et c D
/ Ma (resp. ma) = f(c)]
[Mr
(resp. mr) est un maximum (resp. minimum) relatif
de f] [ x E(x1) D,
f(x) Mr (resp. f(x)
mr) et Mr (resp. mr)
= f(x1)]
Bien sûr le sous-ensemble considéré
peut être égal à D lui-même, si bien que les
extrémums absolus ne sont, au final qu'un cas particulier des extrémums
relatifs.
Une manière
de considérer un extrémum consiste à examiner comment
se comporte la fonction f (définie sur un intervalle [a, b]) dans
le voisinage de cet extrémum : si elle est croissante à sa
gauche et décroissante à sa droite, on a affaire à
un maximum; si elle est décroissante à sa gauche et croissante
à sa droite, on a affaire à un minimum. Dans les deux cas,
l'extrémum définit le point pour lequel la fonction ne croît
ni ne décroît, ce qui signifie que; si elle existe, sa dérivée
y est nulle.
[f(x0
[a, b] est un extrémum et f'(x0) existe]
f'(x0) = 0
Points
d'inflexion.
Dans la représentation
graphique d'une fonction, les extrémums correspondent aux points
de rebroussement de la courbe. Lorsqu'on s'approche de ce point de rebroussement
la pente de la courbe diminue pour finir par s'annuler complètement
(c'est ce que signifie l'annulation de la dérivée).
Voyons maintenant
ce qui se passe, sur la portion de la courbe reliant deux extrémums
consécutifs. Lorsque x s'éloigne du premier extrémum,
la pente, initialement nulle, de la courbe augmente, pour diminuer lorsque
ensuite à l'approche du second extrémum. Dit autrement, la
dérivée qui avait une valeur nulle atteint ensuite maximale
(ou minimale) puis se rapproche de nouveau de zéro, pour l'atteindre
arrivée à l'extrémum. Dans l'intervalle, la dérivée
a donc aussi eu un extrémum, qui est défini par le point
ou la dérivée de la dérivée est nulle, c'est-à-dire
au point M0 où la dérivée seconde
de la fonction f s'annule (f"(x0) = 0) et change de
signe. On appelle M0, un point d'inflexion.
En termes plus mathématiques,
on aura la définition suivante : Si f est une fonction deux fois
dérivable sur un intervalle I de centre x0 et
si la fonction dérivée seconde f" s'annule en x0
en
changeant de signe, alors le point M0, de coordonnées
(x0,f(x0)) est un point d'inflexion.
Dérivées
partielles.
On n'a parlé
jusqu'ici que de des dérivées des fonction réelles
d'une variable réelle. Mais la notion de dérivée (comme
celle de différentielle) peut aussi s'appliquer à des fonctions
de plusieurs variables, telles, par exemple, que f : (x, y, z, ...)
u. On pourra alors définir autant de dérivées que
de variables, appelées alors dérivées partielles.
Chacune d'elle correspondant au taux de variation de la fonction quand
un seul de ses arguments varie.
Asymptotes.
Un asymptote
est une droite dont se rapproche indéfiniment une courbe (autrement
dit une droite tangente d'une courbe à l'infini).
Asymptotes.
Asymptote
oblique. - La droite d'équation y = ax+b est asymptote à
la courbe de la fonction f(x) si la différence f(x) - y tend vers
zéro quand x tend vers (plus ou moins) l'infini.
Asymptote
horizontale. - Si, lorsque x tend vers (plus ou moins) l'infini, f(x) tend
vers une valeur finie b, alors la droite d'équation y = b
est une asymptote horizontale de la courbe de f.
Asymptote verticale.
- Si lorsque x tend vers une valeur c, f(x) tend vers (plus ou moins)
l'infini, alors la droite d'équation x = c est une asymptote
verticale de la courbe de f.
Calcul des dérivées.
Règles
générales.
Les règles
à retenir (analogues à celles que l'on a dites à propos
des différentielles), sont les suivantes :
Si h(x)
= k.f(x) pour tout x, k étant une constante, alors h'(x) = k.f'(x).
Si h(x) = f(x)
+ g(x) pour tout x, alors h'(x) = f'(x) + g'(x).
Si h(x) = f(x).g(x)
pour tout x, alors h'(x) = f'(x).g(x)+f(x).f'(x). [dérivée
du produit]
Si h(x) = 1/f(x)
et f(x)
0 pour tout x, alors h'(x) = -f'(x).(f(x))². [dérivée
de la fonction réciproque]
Si h(x) = f(x)/g(x)
et g (x)
0 pour tout x, alors h' (x) = (f'(x).g(x)- f(x).g'(x))/(g(x))². [Dérivée
du quotient]
Si h(x) = (gof)(x)
= g(f(x)) pour tout x; alors h' = g'(f(x)).f'(x).
Exemples
de dérivées de fonctions usuelles.
Le tableau ci-dessous
donne quelques exemples de fonctions dérivées de fonctions
usuelles. Leur connaissance est utile pour le calcul de dérivées
d'autres fonctions.
Dérivées
de fonctions usuelles
Fonction
f(x) |
Dérivée
f'(x) |
c
(constante)
x
cx
1/x
xc
ecx
In
x
ax
(a>0) |
0
1
c
-1/x²
c
xc-1
cecx
1/x
ax
ln
a |
|
Fonction
f(x) |
Dérivée
f'(x) |
rac
(x)
sin
x
cos
x1
tan
x1
cotan
x1
arcsin
x
arccos
x
arctg
x |
½.
1/rac (x)
cos
x
-sin
x1
1/cos²
x1
cos²
x1
1/rac(1-x²)
-1/rac(1-x²)
1/(1+x²) |
|
Note
: rac =
(racine carrée).
Théorèmes
de Rolle, de Lagrange et de Cauchy.
Le théorème
de Rolle, le théorème de Lagrange et le théorème
de Cauchy concernent les fonctions continues et dérivables sur un
intervalle compact, et jouent un rôle important dans la démonstration
de nombreux théorèmes du calcul différentiel et intégral.
Ces trois théorèmes ont à voir avec les valeurs intermédiaires
que prend une fonction sur un intervalle. Le théorème de
Rolle est un préalable au théorème de Lagrange; le
théorème de Cauchy en est une extension.
Théorème
de Rolle.
Le théorème
de Rolle énonce que pour toute fonction
f continue sur un intervalle fermé, l'égalité des
deux bornes de cet intervalle implique l'existence d'au moins un point
de l'intervalle pour lequel la dérivée de f s'annule :
-
a) La
fonction f est continue sur l'intervalle [a, b]
b) f
est dérivable sur l'intervalle [a, b]
c)
f(a) = f(b) |
|

c [a, b], tel que f'(c)
= 0 |
Théorème
de Lagrange ( = théorème de la valeur moyenne).
-Si
f est une fonction est continue sur un intervalle fermé [a, b] et
est un nombre réel tel que f (a) <
< f (b), il existe un point c de l'intervalle ]a, b[ dans tel que
f (c) = .
-
a) f
est continue sur [a, b]
b) f
est dérivable sur ]a, b[ |
|

c ]a, b[, tel que f'(c)
= [f(b)-f(a)]/(b-a) |
Théorème
de Cauchy.
Le théorème
de Cauchy énonce que le quotient de diviseur
non nul de l'accroissement de deux fonctions continues sur l, un intervalle
fermé, et avec des dérivées uniques sur cet intervalle,
non simultanément nulles ni infinies, est égal au quotient
des valeurs de celles-ci en un point intermédiaire.
---
a) f
est continue sur [a, b]
b) f
et g sont dérivables sur ]a, b[;
f'(z) 0,
z ]a, b[ |
|
 |
|
c ]a, b[, tel que
g'(c)/f'(c) = [g(b)-g(a)]/[f(b)-f(a)] |
Deux
autres théorèmes.
Théorème
de Bolzano. - Si une fonction f est continue sur l'intervalle fermé
[a, b] et prend des valeurs de signes opposés aux extrémités
dudit intervalle, il existe au moins une valeur x appartenant à
l'intervalle l'intervalle ]a, b[ et telle que que f(x) = 0.
Théorème
de Darboux. - Si une fonction f est continue
sur l'intervalle fermé [a, b], et que que f (a)
f (b), alors, elle prend toutes les valeurs y telles que f (a)
y f (b).
Règle
de L'Hôpital.
On a dit plus haut
qu'il peut apparaître dans le calcul de limites des expressions dites
formes indéterminées (des types - ,
0/0, etc.). Dans certains cas, l'indétermination peut être
levée par des manipulations algébriques (= par l'application
de procédés ou d'opérations ordinaires de l'algèbre).
Dans d'autres cas, de telles manipulations ne suffisent pas. On recours
alors généralement à un théorème, appelé
la règle de L'Hôpital (ou de (Johann) Bernoulli-L'Hôpital),
qui, sous certaines conditions, permet de lever l'indétermination.
La règle de
De l'Hôpital concerne en propre la levée des formes indéterminées
0/0 et / .
Pour lever les autres formes indéterminées on devra
réécrire l'expression dont on cherche la limite de telle
sorte ces deux formes apparaissent.
---
*Avec
un changement approprié du domaine de définition.
Remarques :
La règle
de L'Hôpital est aussi applicable si x, au lieu de de tendre vers
une valeur finie c, tend vers ± ,
à condition que f et g soient dérivables sur ]k, +
[ ou ]- , -k[, où
k est un réel positif.
La règle
est encore applicable dans le cas où toutes les limites sont seulement
à droite (ou à gauche). Dans ce cas c peut être égal
à a ou à b.
L'indétermination
n'est pas toujours levée par une seule dérivation. Il convient
alors de réitérer la règle de L'Hôpital, c'est-à-dire
de dériver la fonction autant de fois que nécessaire pour
lever l'indétermination.
Principes de l'étude
d'une fonction numérique.
Etudier une fonction
signifie en déterminer le maximum de propriétés. On
doit, pour commencer en spécifier le domaine de définition.
Il est utile ensuite de chercher à identifier les symétries
(la fonctions est-elle paire ou impaire, périodique, etc.). cela
permet de réduire l'étude à seulement un sous-ensemble
du domaine de définition. On peut, à partir de là,
commencer l'étude proprement dite : la fonction est-elle continue
et sur quels intervalles? Si c'est le cas, quelles sont ses limites aux
bornes des intervalles où elle est continue? On étude ensuite
le sens de variation; l'outil principal ici étant une discussion
sur le signe de la dérivée. L'ensemble des résultats
obtenus à ce point peut se synthétiser sous la forme du tableau
de variation de la fonction. D'autres éléments peuvent être
ajoutés éventuellement à cette étude : l'étude
des branches infinies et des asymptotes, la détermination des points
remarquables tels que les points d'inflexion. On termine par la représentation
graphique de la fonction.
Calcul intégral
Le calcul intégral
a deux versants qui peuvent s'aborder au travers des notions d'intégrale
définie et de primitive.
L'intégrale
définie d'une fonction f n'est pas une fonction, mais un nombre
associé à cette fonction sur un intervalle donné :
ce nombre fait référence à l'effet total ou cumulé
d'un processus de changement, à ce que l'on appellera ici, faute
de meilleur terme, l' « accumulation» d'une certaine quantité
(définie par f) dans ledit intervalle.
Les primitives
d'une fonction, quant à elles sont des bien fonctions : elles
se déterminent par une opération inverse à celle de
la dérivation : on appelle primitive de la fonction f toute fonction
dont la dérivée est f.
Dans l'un et l'autre
cas, l'opération par laquelle on obtient le résultat cherché
s'appelle une intégration.
Par sa définition
même, la notion de primitive fait le lien entre le calcul intégral
et le calcul différentiel. Le lien qui existe entre une primitive
et une intégrale définie est plus difficile à appréhender.
On peut comprendre
intuitivement à quoi correspond le taux de variation d'une
fonction f en un point. Lorsque quelque chose change selon une loi donnée
par f, le calcul différentiel permet de déterminer à
chaque instant, en dérivant f, l'ampleur du changement : il est
donné par la loi f' (dérivée). Mais de quoi f mesure-t-elle
la variation? La réponse est que le calcul intégral porte,
lui, une idée d'accumulation : il sert à exprimer, en intégrant
f, la loi F (primitive) selon laquelle s'accumulent ces changements. Une
fois connue cette loi, il est possible de mesurer cette accumulation entre
deux points donnés, ce qui correspond, donc, à ce qu'on appelle
l'intégrale définie.
Une approche graphique
de l'intégrale définie donnera une meilleure idée
de ce dont on parle.
L'intégrale
définie.
Soit la courbe représentative d'une
fonction f à une variable réelle considérée
sur un intervalle [a, b]. (Dans cet exemple particulier, la fonction est
supposée continue et à valeurs positives sur l'intervalle).
La surface sous-tendue par cette courbe (en bleu) est l'ensemble des points
(x, y) tels tel que x appartient à l'intervalle [a, b] et y appartient
à l'intervalle [0, f(x)]. On appelle aire algébrique la mesure
de cette surface.
Figure
3. - Aire algébrique sous-tendue par la courbe y = f(x).
(y
est dans cet exemple toujours positif. Mais, dans le cas d'autres fonctions,
des
portions ou même la totalité de la courbe, pourraient aussi,
correspondre
à des y=f(x) négatifs : dans ces portions, on affecterait
l'aire
du
signe moins (-), contrairement à ce que l'on ferait
pour
calculer une aire géométrique).
Notre propos maintenant est, en s'appuyant
sur le graphique, de déterminer la valeur I de cette aire
à partir de la connaissance de f et de [a, b].
Détermination
de l'aire sous-tendue.
Une valeur approchée de l'aire
sous-tendue s'obtient en choisssant un point d'abscisse
entre a et b, pour ensuite calculer l'aire A sous-tendue par le segment
de la droite d'équation y = f( )
entre a et b. Ce calcul est simple, puisqu'on a affaire à un rectangle-:
A = f( ).(b-a),
mais cette approximation de I est très grossière.
On peut faire beaucoup mieux. Au lieu de
considérer l'intervalle [a, b] dans sa totalité, on le subdivise
en n sous-intervalles (ce qui revient à définir une subdivision
D = (x0,... xn) de [a, b]), et
l'on calcule l'aire sous-tendue pour chaque intervalle de la même
façon que précédemment. Cela revient à définir
une fonction en escalier
judicieusement «-calée»
sur f, est-à-dire étagée sur la subdivision D, et
dont la valeur sur tout intervalle ]xi-1, xi[
est i
= (i)
= f( i), i,
étant un réel quelconque de l'intervalle ]xi-1,
xi[. Une telle fonction en escalier est appelée
fonction
de Riemann relative à f.
On pourra ensuite calculer l'aire sous-tendue
par la courbe représentative de ,
qui est la somme des aires sous-tendues par chaque morceau de cette courbe.
Figure
4 - Approximation de f (en bleu)
par
une fonction en escalier (en vert).
Chaque
subdivision de la fonction en escalier est identifiée
par
un indice (un entier positif) i, compris entre 1 et n.
L'aire sous-tendue correspondant à
la subdivision i (la marche de notre escalier en vert sur le graphique)
est :
f( i).(xi-xi-1),
soit i.(xi-xi-1)
Et, en utilisant le symbole
(= somme), la somme I( )
des aires de chaque morceau peut alors s'exprimer comme suit :
I( )
=
Le réel I( )
défini comme la somme de tous les produits i.(xi-xi-1),
pour i variant de 1 à n, est aussi appelé intégrale
de
sur [a, b], ou somme de Riemann relative à f, ou encore,
intégrale
au sens de Riemann de la fonction en escalier
sur [a, b].
Note
: rien ne contraint la subdivision de l'intervalle [a, b], et, partant,
rien n'oblige à choisir une même largeur pour chaque marche,
c'est ce qui nous fait conserver l'indice i attaché à cacune
d'elle. Mais rien n'interdit non plus de considérer ces marches
comme égales. xi
peut
alors s'écrire x,
ce qui, sans rien changer au fond, allègera la discussion à
venir et, déjà, l'écriture. La formule précédente
pourra alors s'écrire :
I( ) 
A ce point, on ne dispose encore, avec I( ),
que d'une valeur approche de l'aire I sous-tendue par la courbe représentative
de f : I( )
I. Mais la solution est désormais à portée de main
: elle tient en un passage à la limite.
L'intégrale
définie. Définition et notation.
L'approximation de f par
est d'autant meilleure que le nombre de subdivisions n tend vers l'infini
(n + ),
autrement dit que la différence x
tend vers zéro.
On définit alors I , comme la limite
de la somme de Riemann relative à f (entre i=1 et n) quand x
0 (quand x
0, on convient de noter cette quantité dx) :

I , somme de a à
b de f(t).dt, est l'intégrale (au sens de Riemann) de la
fonction f sur l'intervalle [a, b].
--
Dans l'expression  |
|
a
et b sont les limites d'intégration.
est
l'intégrateur. (C'est l'opérateur associé à
l'intégration).
f(t)
est l'intégrande.
dt
est la différentielle de t et indique la variable
par rapport
à laquelle f est dérivée. |
Note
sur les variables muettes : dans l'expression ci-dessus la variable t (au
même titre que x dans l'expression précédente) est
appelée une variable muette. Elle est nécessaire à
la cohérence de l'expression de l'intégrale, mais aucune
valeur ne peut leur être assignée pour effectuer un calcul.
La valeur de l'expression dépend des limites d'intégration
et de la fonction, pas de t.
Interprétation
de l'intégrale définie.
On a utilisé plus haut le terme
vague et général d'accumulation pour interpréter la
signification d'une intégrale. C'est bien
cette même signification qui est sous-jacente à la manière
de définir une intégrale à partir d'une sommation,
qu'elle soit symbolisée par
(cas de la sommation de quantités discrètes) ou par
(cas de la sommation de quantités infinitésimales). Les intégrales
portent ainsi toujours en elles cette même idée, qui
peut se décliner de diverses manières. Voici quelques exemples-
:
Comment calculer une surface
ou le volume d'une figure géométrique, c'est-à-dire
d'une figure dont les contours peuvent être définis par une
fonction? De le même façon qu'on a calculé l'aire sous-tendue
par la courbe d'une fonction, le résultat cherché pourra
être obtenu par une intégration.
Il est à noter que, bien
avant l'élaboration du calcul intégral, Archimède
put calculer des aires de figures géométriques (par exemple
l'aire sous-tendue par une parabole), avec une approximation aussi grande
que voulue, en utilisant un procédé (la méthode
d'exhaustion, dont l'invention est attribuée à Eudoxe)
qui consiste à faire la somme d'aires de figures faciles à
calculer de plus en plus petites.
La dépense d'un ménage
pour ses courses peut être modélisée par une fonction
en escalier c(i) (chaque échelon correspondant à un acte
d'achat). A la fin du mois, quelle somme totale aura été
dépensée? La réponse sera donnée par le calcul
d'une intégrale.
Un véhicule se déplace
à une certaine vitesse, fonction du temps v(t). A un instant donné,
quelle distance L aura-t-il parcouru, combien de kilomètres aura-t-il
accumulé? La réponse sera aussi donnée par le
calcul d'une intégrale.
De l'eau se déverse dans un récipient
selon un débit qui est fonction du temps r(t). A un instant donné,
quel sera le volume V d'eau accumulée dans le récipient?
Ici encore réponse sera donnée par le calcul d'une intégrale.
L'énergie reçue du Soleil
par un panneau solaire varie en fonction des saisons, de l'alternance du
jour et de la nuit et de la couverture nuageuse. Au bout d'un an, combien
d'énergie, susceptible d'être transformé en électricité,
aura-t-il reçu? La réponse (qui en l'occurence n'aura qu'une
valeur statistique à cause des aléas météorologiques),
pointe une fois de plus vers un recours au calcul intégral.
Une culture de bactéries se développe
à un taux variable. Ici encore, le calcul intégral pourra
être utilisé pour calculer la quantité de bactéries
au bout d'une certaine durée.
Propriétés
des intégrales.
On dit qu'une fonction f est intégrable
au sens de Riemann sur un intervalle [a, b], si et seulement si il existe
un unique réel If tel que quel que soit
> 0, il existe
tel que quelle que soit ,
une fonction de Riemann relative à f, de pas strictement inférieur
à ,
la somme de Riemann correspondante diffère de If de
moins de .
Toute fonction continue ou monotone
par intervalles sur [a, b] (cela concerne aussi les fonctions en escalier)
sont intégrables au sens de Riemann sur [a, b].
Les fonctions (f, g, ...) intégrables
au sens de Riemann sur un intervalle [a, b] possèdent les propriétés
suivantes :
Somme
de deux intégrales de fonctions.

Produit
d'une intégrale par une constante réelle K.

Relation
de Chasles.
. ,
pour tout c [a, b]
Certaines conventions de notation reposent
sur cette propriété; ainsi, si on change les bornes d'intégration,
le signe de l'intégrale change :

Lorsque les bornes d'intégration sont
égales, l'intégrale est égale à 0 :

Comparaisons
d'intégrales. Monotonie.
Si f(x)
g(x), alors : 
Si f(x)
g(x), alors :
Si f(x)
g(x), alors : 
Théorème
de la moyenne.
Si f est continue
sur l'intervalle, alors
c [a,b]
tel que :
,
soit :

Primitives et intégrales
indéfinies.
Avec une intégrale
définie, on s'intéresse à un nombre, qui dans notre
exemple, est l'aire d'une surface sous-tendue par la courbe d'une fonction
entre deux constantes, a et b. Elle fournit ainsi une image statique de
l'idée d'accumulation. Mais l''idée d'accumulation peut s'aborder
aussi d'une manière plus dynamique en faisant varier une des bornes
de l'intégrale définie : disons que la constante b est maintenant
remplacée par la variable x, et que l'on fait varier celle-ci à
partir de x = a. Il apparaît alors que l'aire sous-tendue varie aussi.
En susbstituant la variable x à
la constante b, on changé la nature de l'intégrale
de la fonction f considérée. Celle-ci n'est plus une intégrale
définie, un nombre I dont la valeur dépend de deux constantes
a et b. C'est devenu une fonction intégrale indéfinie,
autrement dit une fonction F dont la valeur dépend de la variable
x.
Si f est une fonction réelle intégrable
sur [a, b], la fonction F : [a, b] 
définie par :

reçoit le nom
de fonction intégrale indéfinie ou fonction intégrale
de f correspondant au point a.
La fonction intégrale
indéfinie s'obtient à partir de l'intégrale définie
en rendant la limite supérieure de l'intégrale x variable,
tout en conservant la limite inférieure fixe.
Notez
bien ici que x est la seule variable sur laquelle agisse la fonction; comme
on l'a remarqué plus haut, t est une variable muette... et n'a donc
pas son mot à dire en l'occurence.
On va montrer f est
la dérivée de F. Il suffit pour cela de dériver
F, ou plus précisément de chercher la valeur F'(x0)
de la dérivée de F en x0. En revenant
à la définition de la dérivée, on pourra écrire
pour F' :
d'où :

Le premier et le troisième terme
de la somme s'annulent et le théorème de la valeur moyenne
assure de l'existence d'un nombre c dans l'intervalle [x0,
x0+h] si h >0 (ou [x0+h, x0]
si h <0] ) tel que :

(La démonstration
ci-dessus ne vaut en réalité que pour x0
appartenant à l'intervalle ]a, b[, mais, pour x0
= a ou x0 = b, il suffira de considérer respectivement
les limites quand h 0-
ou quand h 0+).
La dérivée de F est bien
f comme attendu. On dit que F est une primitive de f :
Soit une
fonction f : [a, b] 
, on donne le nom de primitive de f à toute fonction F :
[a, b] 
dérivable sur l'intervalle [a, b] et dont la dérivée
est f dans ce même intervalle. Autrement dit : F'(x) = f (x), x
[a, b] .
Toutes les fonctions
n'ont pas de primitives; seules les fonctions intégrables en possèdent.
On remarquera encore
que si F(x) est une primitive d'une fonction f (x), alors la différentielle
dF est donnée par dF = F'(x).dx = f(x).dx. Ce qui permet d'écrire
:

On retrouve ici l'idée
énoncée plus haut à partir d'une intuition graphique
que l'intégrale (symbolisée par )
correspond bien à une sommation d'un continuum de quantités
infinitésimales.
Théorème
fondamental de l'analyse.
Le paragraphe précédent
atteste de l'existence d'un lien entre différenciation et intégration.
Reste à voir comment exploiter ce lien pour calculer des intégrales.
Cela se fait à partir des méthodes fournies par le théorème
fondamental du calcul intégral. Avant de l'énoncer, il convient
de mettre en exergue plusieurs propriétés des primitives
et des fonctions intégrales définies.
Les primitives d'une
fonction remplissent les conditions suivantes:
Si F est
une primitive de f dans [a, b], alors elle admet comme primitives les fonctions
G(x) = F(x) + C, où C est une valeur réelle quelconque. (Cela
vient de ce que la dérivée d'une fonction constante est nulle).
Si une fonction
a une primitive alors elle admet une infinité de primitives. (C'est
la conséquence directe de la proposition précédente,
puis C peut prendre une infinité de valeurs).
Si F et G sont
des primitives de la même fonction f sur [a, b], alors il existe
une constante C telle que F(x) - G(x) = C, x
[a, b].
L'ensemble de toutes
les primitives de f est appelé l'intégrale indéfinie
de f et est noté
f (x).dx. Soit :
. f(x).dx
= F(x) + C.
Récapitulatif
du vocabulaire : l'intégrale définie est un nombre;
la fonction intégrale indéfinie est une fonction considérée
en tant que primitive d'une fonction donnée; l'intégrale
définie est une classe ou un ensemble de fonctions (toutes les
primitives d'une fonction données, qui ne diffèrent entre
elles que par une constante).
Les fonctions intégrales
indéfinies, quant à elles, ont des propriétés
importantes qui dépendent de la fonction à intégrer
:
Si f est
intégrable sur un intervalle compact, alors F est continue sur cet
intervalle.
Si f est continue
sur [a, b], alors F est dérivable sur [a, b] et sa dérivée
est F'(x) = f (x), x
[a, b].
Ce dernier énoncé
constitue le premier théorème fondamental de l'analyse
(ou
premier
théorème fondamental du calcul intégral).
Notez que quelle
que soit la valeur prise par a, on aura :

De plus, lorsque f est
continue (une condition requise par le théorème fondamental
du calcul intégral), les concepts de primitive et de fonction intégrale
indéfinie coïncident, bien qu'ils aient été définis
différemment.
Si f est
continue, elle admet des primitives mais si elle cesse d'être continue
à un moment donné de l'intervalle, même si elle continue
d'être intégrable (et admet donc une intégrale indéfinie),
elle peut ne pas admettre de primitives.
Une conséquence
immédiate du premier théorème fondamental du calcul
est qu'il nous fournit une méthode pratique pour calculer des intégrales,
c'est-à-dire pour trouver des primitives. Voyons un corollaire pour
lequel l'existence des primitives est supposée connue :
Règle
de Barrow. Si f : [a, b] 
est continue sur l'intervalle de définition et si G : [a, b] 
est une primitive de f sur ledit intervalle, alors on vérifie que
:
Remarque
: la différence G(b) - G(a) est ordinairement notée : 
Sous certaines conditions,
la règle de Barrow continue à être valable même
si f n'est pas continue. On peut alors dire que :
Si une fonction
f est intégrable sur l'intervalle [a, b] : et si G est une
primitive de f sur [a, b], alors on a :

Ainsi conditionnée,
cette dernière expression correspond au deuxième théorème
fondamental du calcul intégral ou théorème
fondamental du calcul intégral (ou de l'analyse) proprement
dit.
Méthodes d'intégration.
Le calcul intégral
est en règle générale beaucoup plus difficile que
le calcul différentiel et le calcul d'une primitive peut être
très laborieux. On donnera plus loin quelques méthodes permettant
de se tirer d'embarras dans de nombreuses siuations, mais il est déjà
possible de déduire plusieurs résultats des propriétés
déjà établies par le calcul différentiel entre
les fonctions et leurs dérivées et, partan,t entre les fonctions
et leurs primitives quand elles existent.
Opérations
sur les primitives.
On considère
dans ce qui suit deux fonctions f et g définies sur un même
intervalle J de , dérivables
sur J (avec pour dérivées f' et g'), un réel
et un rationnel r -1.
On peut déduire des règles générales énoncées
plus haut pour les dérivées, les règles suivantes
pour les primitives :
1°)
f+g primitive sur J de f'+g'
2°) f
primitive sur J de f'
3°)
fg primitive de f'g+fg'
4°)
f/g primitive sur J de (f'g-fg')/g² (si 1/g définie sur J).
5°)
(fr+1)/(r+1) est une primitive sur J de
f'fr (si fr
est définie sur J).
La
première règle permet de comprendre que si une fonction possède
une primitive alors elle en possède une infinité. Pour le
démontrer, il suffit de remarquer qu'une fonction constante C(x)
= k a pour dérivée C'(x) = 0, si bien que si F est
la primitive de f, alors toutes les fonctions de type F+C ont aussi pour
dérivée f et donc, corrélativement, si f a pour primitive
F elle a aussi pour primitives toutes les fonctions F+C. La valeur
k prend le nom de constante d'intégration.
Primitives
de fonctions usuelles.
Les fonctions dont on peut donner une
primitive sans presque aucun calcul sont celles que l'on connaît
déjà en tant que dérivées.
Il
suffit donc de reprendre un tableau de dérivées usuelles,
comme celui donné plus haut par exemple, et d'en changer les en-têtes
pour disposer à peu de frais de quelques primitives :
Primitives de
fonctions usuelles
Primitive
F(x) |
Fonction
f(x) |
k
(constante)
x
cx
xc
(1/c+1)xc+1
ecx
In
x
ax(a>0) |
0
1
c
cxc-1
xc
cecx
1/x
ax
ln
a |
|
Primitive
F(x) |
Fonction
f(x) |
sin
x
1/a
sin (ax+b)
cos
x1
tan
x1
cotan
x1
arcsin
x
arccos
x
arctg
x |
cos
x
cos
(ax+b)
-sin
x1
1/cos²
x1
cos²
x1
1/rac(1-x²)
-1/rac(1-x²)
1/(1+x²) |
|
Cela semble un résultat
excessivement modeste, mais il peut être très utile si l'on
parvient, par une manipulation algébrique, à ramener (en
partie ou en totalité) l'expression de la fonction dont cherche
une primitive à une combinaison de termes ayant une primitive déjà
connue. On a donc intérêt, quand on aborde le calcul
intégral, à connaître par coeur un maximum de dérivées
de fonctions usuelles.
Il existe de nombreuses méthodes
d'intégration qui permettent d'aller plus loin. Certaines concernent
certains types de fonctions (trigonométriques, exponentielles, polynomiales,
etc.), d'autres, comme les deux qui suivent, sont plus générales.
Avec un de la pratique, lorsqu'elles sont applicables, elles peuvent simplifier
considérablement le travail d'intégration.
Intégration
par substitution.
Soient f, une fonction intégrable
sur l'intervalle [a, b], et g, une fonction dérivable et de dérivée
continue sur l'intervalle [ , ],
avec
= g-1 (a),
= g-1 (b) et g([ , ])
= [a, b]. On peut écrire alors, dans
le cas de l'intégrale définie :

Si l'on s'en tient à considérer
l'intégrale indéfinie, cela devient :

A première vue,
il semblerait qu'on n'a fait qu'ajouter des complications à quelque
chose qui d'emblée n'était déjà pas très
simple. En réalité, cette formule permet de se tirer d'embarras
dans de nombreuses situations.
Exemple
(cas d'une ntégrale indéfinie) : On cherche à intégrer
:
. (sin
x)5.cos x.dx
1) On pose
sin x = t, dont il suit que cos x.dx = dt
2) Avec ce changement
de variable, l'intégrale devient : t5.dt,
qui est facile à intégrer (voir le tableau des primitives
usuelles).
3) Au final : (sin
x)5.cos x.dx = t5.dt
= u6/6 + C
On constate dans cet
exemple (mais c'est très général) que dans une intégration
par substitution, la principale difficulté réside dans le
choix judicieux qui doit être fait pour le changement de variables.
Exemple
(cas d'une intégrale définie). - On cherche à intégrer
:
1) On remarque que 2x est la dérivée
de x²+1. On a donc avantage à poser-
:
t = x²+1, dont il suit que dt=2x.dx.
2) Avec ce changement de variable, les
limites deviennent : 1 et 10, et la question posée revient à
intégrer :
. ,
soit : 
3) On déduit du tableau des primitives
usuelles, que la fonction F : t 2/3.t3/2
est une primitive de la fonction f : t
t1/2 .
4) Le théorème fondamental
du calcul intégral conduit alors à écrire :
.
Intégration
par parties.
L'intégration
par parties repose sur la règle de dérivation d'un produit
de fonctions.
Soient f et g deux
fonctions continues possédant des dérivées continues
sur l'intervalle [a, b]. Le produit f.g est une primitive de (f.g)'. On
a vu plus haut que : (f.g)' = f.g'+f'.g. Le poroduit f.g est donc une primitive
de f.g'+f'g. Cela est vrai aussi pour tout intervalle [a, x] inclus dans
[a,b]. Il est alors possible d'écrire, pour tout x appartenant à
[a, b] :

Autrement dit :

Lorsque x=b , la relation
exprime la valeur de l'intégrale définie :

On parle d'intégration par parties,
lorsque on applique cette relation pour calculer une primitive de f.g',
au lieu de calculer une primitive de f'.g. On peut chercher à utiliser
cette méthode chaque fois que l'on a à faire au produit de
deux fonctions et que le résultat n'est pas trivial; son l'intérêt
apparaît plus clairement quand les primitives de f.g' sont plus faciles
à trouver que celles de f'.g.
Exemple
: On cherche à intégrer x.sin
x dx.
1) On pose : f(x) = x et dg(x)
= sin x.dx (soit g'(x) = sin x).
2) D'où (d'après les tableaux
donnés précédemment) : f'(x) = 1 et g (x)
= -cos x.
3) Il suffit d'appliquer la formule de
l'intégration par parties pour obtenir :

Il est possible qu'une seule intégration
par parties ne permette pas de résoudre le problème posé,
et qu'il faille réitérer le calcul sur la partie restant
exprimée sous la forme d'une intégrale.
Exemple
: On cherche à intégrer x².ex.dx.
1) On pose : f(x)=x² et dg(x)
= ex.dx.
2) D'où : df(x)=2x.dx et g(x) =
ex.
3) Et donc, en appliquant la formule de
l'intégration, par parties :
=== x².ex.dx
= x².ex - 2. x.ex.dx.
4) D'où f1 = x1
et df1 = dx; dg1= ex.dx,
g1 = ex.
5) L'intégration par parties donne
:
. x.ex.dx
= x.ex - ex.dx
= x.ex - ex
+
C
6) Au final :
. x².ex.dx=x².ex-2(x.ex
-ex)+C=x².ex-2x.ex+2ex+C
soit, en factorisant :
. x².ex.dx
= ex. (x²-2x+2) + C.
Les deux exemples précédents
concernaint seulement des intégrales indéfinies. Lorsqu'on
a affaire à une intégrale définie, une bonne stratégie
consiste a d'abord évaluer l'intégrale indéfinie et
seulement ensuite à évaluer les limites.
Généralisation
de la notion d'intégrale.
Intégrales
au sens de Riemann.
Dans cette page on ne traite que de l'intégrale
au sens de Riemann. Comme on l'a vu plus
haut il s'agit de l'intégrale d'une fonction bornée et définie
sur un intervalle fermé et adossée à la définition
d'une unique fonction escalier dont elle est la limite.
Intégrales
au sens de Stieltjes.
Un autre type d'intégrale est définie
à partir de deux fonctions f et g définies sur un intervalle
fermé comme dans le cas de l'intégrale de Riemann. Mais ici
l'intégrale est construite à partir de la somme :
f( i).[g(xi)-g(xi-1)].
Si lorsque les sous-intervalles tendent vers zéro la limite existe
(indépendamment du choix des points xi et i),
alors cette limite est appelée intégrale au sens de Stieltjes
(ou intégrale au sens de Riemann-Stieltjes). L'intégrale
de Riemann correspondant au cas ou g(x) = x.
Intégrales
impropres.
Lorsqu'on a des intégrales avec
des limites d'intégration infinies ou des intégrales avec
des intégrants non bornés, on parle d'intégrales
impropres.
Intégrales
au sens de Lebesgue.
Mentionnons encore pour mémoire
l'intégrale au sens de Lebesgue, dont la notion relève
de l'étude générale de l'analyse fonctionnelle. Elle
est plus difficile d'accès et fait appel aux notions de la théorie
de la mesure. Le domaine d'intégration implique des sous-ensembles
de n
partitionnés en sous-ensembles mesurables. |
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